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[Quête ] Le Crime ne paye pas

[Quête ] Le Crime ne paye pas Marc-santana-cenario-2

海 軍

∆ feat. Agent d'Isigny ∆


Penchée sur la rambarde de la proue du Béluga, Ambrosias avait le regard fixé vers l'horizon. Au loin, les contours d'une petite île commençaient à se dessiner. D'ici un peu plus d'une heure, la militaire foulerait à nouveau le sol de Kikai no Shima. Elle connaissait assez peu l'endroit même si elle y était déjà venue quelque temps auparavant. La jeune femme en avait gardé un mauvais souvenir et n'avait rien oublié de la corruption effarante qui y régnait. Le colonel chargé de faire régner l'ordre était en réalité le plus grand pourri de l'île. Envoyée sur place pour traquer un criminel, Ambrosias était entrée en conflit avec l'officier qui avait volontairement fait de la rétention d'informations en plus de lui mentir délibérément. Il s’était avéré qu'il était à la solde de l'homme qu'elle traquait mais le corrompu n'étant pas le dernier des idiots, il avait brouillé les pistes menant à lui avant de faire tomber un bouc émissaire à sa place. Malgré le témoignage de la lieutenant-colonel auprès du Commodore Epinondas, rien n'avait fait.


Le karma ayant sa volonté propre, il avait visiblement décidé de rattraper Pancho Shima. Un matin, le colonel avait été retrouvé mort dans son bureau. Tout indiquait qu'il avait été assassiné. L'enquête qui avait été menée semblait incriminer la mafia locale. Les Chinamire Kitsune, menés par leur terrifiant chef, King Bradley, avait selon toute vraisemblance décidé de régler un conflit non réglé avec le militaire dans le sang. En un sens, le monde était bien fait et il était tout à fait normal qu'un homme aussi misérable ait un jour la monnaie de sa pièce. Cependant, Ambrosias trouvait absolument intolérable que de vulgaires criminels s'arrogent le droit de tuer un officier de la Marine. La vétérinaire aurait voulu qu'il tombe et soit jugé au grand jour avant de finir en prison. La mort était une trop douce punition pour une personne comme lui ayant si longtemps souillé de ses actes le prestige du Gouvernement Mondial.


Partagée, la capitaine du Béluga releva légèrement la tête. Au loin, l'immense arène de l'île grandissait à vue d’œil. Elle n'était pas ravie d'être là, bien au contraire. Suite à la mort de Pancho Shima, son poste se retrouvant vacant, il avait été nécessaire de lui trouver un remplaçant. Depuis Marineford, la Vice-Amirale Harnam avait pris la décision, conjointement avec le reste de l'État-Major, de trouver un remplaçant au colonel décédé en plus de lui confier la difficile mission de traquer et éradiquer les responsables des récents événements. La liste des jeunes officiers en devenir était longue et Ambrosias était loin d'être la seule personne talentueuse de la Marine. Malgré tout, c'était bien à elle qu'on avait finalement pensé. Ses récents états de service, particulièrement les captures de l'ancien amiral Gerritzon et du second de l'ancien Glutonny avaient joué en sa faveur. De surcroît, les avis favorables des Commodores Epinondas et de Saint Just avaient permis de la démarquer un peu plus du reste des candidats. S'il était vrai qu'une telle promotion était un honneur, Ambrosias ne désirait pas spécialement être bloquée sur une île. Plus que Colonelle, c'était Commodore qu'elle avait souhaité devenir. Malheureusement pour elle, les événements en décidaient autrement et elle n'était pas du genre à entrer en conflit avec sa hiérarchie. Si le Gouvernement avait besoin d'elle sur Kikai no Shima, alors c'est bien là qu'elle irait. Une fois sa prise de position officiellement terminée, elle se lancerait corps et âme dans la bataille contre les Chinamire Kitsune.


Son cigare fumant aux lèvres, la militaire laissa la manœuvre d'accostage à sa seconde et resta dans un coin, assez détachée. Perdue dans ses pensées, elle prit congé dans sa cabine pour enfiler ses habits de cérémonie. Remettant finalement sa coiffe en place, elle prit une longue inspiration avant de revenir sur le pont. À terre, sur les quais, les hommes de la 149ème division formaient une haie d'honneur pour leur nouvelle cheffe. Professionnelle, la jeune colonelle descendit la coupée et se présenta aux officiers venus l’accueillir. Après quelques minutes, les soldats furent dispersés et une petite délégation prit la direction du QG local. Revoir cet endroit en sachant qu'elle en était dorénavant responsable faisait une drôle de sensation à la militaire. Éradiquer le crime et la corruption allait déjà s'avérer difficile, apprendre dans le même temps à gérer une île compliquerait plus encore les choses. Dorénavant, ce n'était plus seulement de militaires dont la vétérinaire avait la charge. Les civils de l'île étaient également sous sa protection. Plus personne ne se trouvait au-dessus d'elle, du moins pas sur Kikai no Shima. Le fait d'évoluer dorénavant sans le moindre filet de sécurité était aussi stressant que grisant. Arrivant finalement dans son nouveau bureau, elle se souvenait des lieux. La dernière fois, le pourri était assis, la regardant avec mépris et agacement. Aujourd'hui il n'était plus et c'était à elle d’assurer les fonctions dont jamais il ne s'était montré digne. Prenant place dans le fauteuil mauve, qui s'avérait être très confortable, elle écouta les rapports de ses nouveaux hommes sur la situation de l'île. Elle avait beaucoup à apprendre, énormément à faire et bien trop peu de temps. Avant de se lancer corps perdu dans l'inconnu, elle demanda à ce que le dossier de l'enquête concernant la mort de son prédécesseur lui soit remis. Congédiant ses hommes après l'avoir reçu, elle commença la lecture pour en apprendre plus sur ce qui s'était passé...




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[Quête ] Le Crime ne paye pas Wko9

Même cigare, autre fumeur, quelques semaines plus tôt…


Assis derrière son bureau, un cigare à demi consumé dans la bouche et un verre de bourbon à moitié vide devant lui, le colonel Pancho Shima est en train de passer une mauvais moment. Comment se fait-il qu’un homme de son rang ait autant de tracasseries administratives à gérer ? Le privilège du grade, ce ne serait justement pas de pouvoir déléguer aux autres les tâches ingrates ?!
Ce ne sont en tout cas pas les sujets de contrariété qui manquent, et chacun des nombreux rapports empilés sur son bureau, et triés avec soin par ses secrétaires, lui apprend une mauvaise nouvelle supplémentaire: un navire de patrouille endommagé, une diminution de son budget pour l’année 1629, l’arrivée d’une nouvelle sous-lieutenante un peu trop zélée qu’il va falloir mettre au pas, et un chargement d’œuvres d’art appartenant à un riche notable volé en pleine nuit dans un entrepôt sécurisé. Ce dernier point le contrarie d’autant plus que c’est lui le riche notable en question, et que ces œuvres d’art il les avait achetées sous un nom d’emprunt pour blanchir son dernier pot de vin !
Enfin pour finir, et comme si cette accumulation de désagrément ne suffisait pas, il y a ce brouillard qui ne quitte pas sa fenêtre depuis plusieurs jours, qui l’empêche de voir quoi que ce soit dehors, et qui assombrit d’autant son humeur.

L’officier tapote impatiemment son cigare dans son cendrier en relisant le rapport de l’évènement : aucune trace d’effraction, aucun témoin, les sentinelles retrouvée bâillonnées, et le butin volatilisé. Il grommelle :

« - Bradley, cet enfoiré de mafieux, ça ne peut être que lui… »

Son cigare est vidé de sa cendre depuis longtemps, mais il le secoue de plus en plus fort contre la porcelaine :

« - Tous les voleurs de la ville lui mangent dans la main, il sait forcément… »

De petites morceaux de cendre volent un peu partout sur son bureau.

« - … C’est le seul qui pourrait revendre ce genre de butin… »

Il finit par écraser méticuleusement son cigare, comme si cela pouvait être la tête dudit Bradley qu’il écrabouillerait avec beaucoup de satisfaction en cet instant.

« - Espèce de traitre… »

Shima reste un moment pensif, cherche machinalement l’inspiration dans le ciel bleu et la mer magnifique, mais ne rencontre que la grisaille parfaitement opaque de la brume, ce qui augmente d’autant son mécontentement.

« - Arango ! »

Le sergent-aide de camp José Arango fait prestement irruption dans la pièce :

« - Oui mon colonel ?
- Mon escargophone, vite.
- Voilà mon colonel.
- Déguerpissez maintenant.
- Bien mon colonel. »

L’officier compose son numéro, attends quelques instants, et lance finalement à l’interlocuteur qui lui répond :

« - Oui. C’est Shima. Passez-moi votre parton.
- Pshtpschtpshct ?
- Evidemment que c’est urgent ! Vous croyez que je l’appelle pour parler vacances et enfants ?
- Pshtpschtpshct.
- C’est ça ! »

Passent une dizaine de secondes, peut-être une minute, que Pancho met à profit pour vider son fond de bourbon. Il hésite à faire venir son aide de camp pour qu’il lui apporte un autre verre mais se ravise : même lui n’a pas à entendre le genre de conversation qu’il s’apprête à tenir.
Le liquide lui laisse un arrière-goût… inhabituel dans la bouche. Comme si il y avait autre chose que son alcool préféré dans le verre. Bizarre. Mais Shima n’a pas le temps de s’interroger davantage puisque l‘escargophone s’anime de nouveau.

« - Pshtpschtpshct.
- Bonjour à vous aussi. »

La voix du colonel s’est radoucie d’un coup, et malgré lui. C’est un effet que King Bradley, chef des Chinamire Kitsune, la mafia de l’île, produit sur beaucoup de gens. C’est conscient de s’adresser à quelqu’un qui a le pouvoir de vie et de mort sur n’importe qui (et ce même si son ego le persuade presque que c’est bien lui, Pancho Shima, l’homme le plus puissant de Kikai), qu’il poursuit :

« - M-Merci d’avoir répondu si vite.
- Pshtpschtpshct.
- Ami, ami… ça va dépendre de votre réponse ! Quel genre d’ami ferait le coup que vous venez de me faire ?
- Pshtpschtpshct ?
- Non, pas ici. Les murs ont des oreilles.
- Pshtpschtpshct.
- Au casino, parfait. Ce soir. Oui. Oui, vous aussi. Parfait. »

Pancho Shima se décrispe un peu. King Bradley a le don d’impressionner les gens, mais pas lui. Du moins s’en convainc-t-il. En revanche il est normal de marcher sur des œufs quand on s’adresse au grand chef de la mafia de Kikai no Shima, n’est-ce pas ? Surtout pour l’accuser de nous avoir doublé en nous volant une cargaison d’investissements en objets d’art.

***

Quelques minutes plus tard à peine, on frappe à la porte. Le sergent Arango entre, un paquet recouvert de papier kraft entre les mains :

« - Un colis pour vous, mon colonel. De la part d’un admirateur, m’a-t-on dit. »

Le colonel hausse les sourcils :

« - Ah oui ? Posez le sur mon bureau. Et apportez moi un autre verre de bourbon. Avec deux glaçons. »

Etrange colis, étrange timing, mais Pancho Shima est prêt à saisir le moindre prétexte pour éviter de se replonger trop vite dans sa pile sans fin de rapports barbants, tous plus annonciateurs de mauvaises nouvelles les uns que les autres ! Le paquet est assez lourd, contenant visiblement un objet en métal épais. Un objet qui, quand on colle l’oreille contre l’emballage, fait un petit bruit : « tic, tac, tic, tac… ».

Tic tic tic tictictictic…
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« - Arango ! »

Le sergent passe la tête par l’ouverture de la porte. Le colonel lui désigne une volumineuse horloge de style Marijoan toute neuve, qui fait tinter ses aiguilles sur le bureau dans une litanie sans fin de "tic tac" tonitruants.

« - J’ai déjà deux pendules ici, allez faire déposer celle-ci chez moi.
- Oui mon colonel.
- Arrangez vous pour que ma femme la fasse installer dans une pièce où je ne vais pas trop souvent, j’ai horreur des objets qui font du bruit.
- Bien mon colonel.
- Et vous avez pensé à apporter mon verre de bourbon ?
- Bien sûr mon colonel : cuvée prestige 1622 avec deux glaçons.
- Alors filez maintenant. »

♦♦♦♦

Le soir venu.

Le colonel Shima prend place dans un élégant cabriolet noir et rouge. Le sergent Arango est à l’avant, prêt à conduire. Tout en s’installant, le colonel lève la tête et grommelle :

« - Fichu brouillard.
- Ah oui ! il est tombé juste avant que vous ne sortiez. Quelle plaie ! Dire qu’il a fait beau toute la journée…
- Vous êtes complètement à la masse mon pauvre garçon ! Ça fait au moins trois jours qu’on y voit pas à deux pas devant mes fenêtres ! »

Le sergent Arango se garde bien de le contredire ou d’émettre le moindre commentaire. Que ce soit à  que ce soit à propos de ce brouillard imaginaire qu’il attribue plutôt à sa surconsommation de cigares de son supérieur, ou bien de ses fréquentations, ou encore du motif de cette rencontre de ce soir à propos duquel il n’est absolument pas dupe. Peu lui importe : après tout, tant qu’il touche sa commission habituelle pour son silence et sa diligence…

Deux personnes viennent les rejoindre et prennent place à bord du cabriolet : un soldat aux allures de golgoth qui s’installe à côté du cocher, faisant dangereusement pencher le véhicule sur le côté et mettant la suspension à rude épreuve, et une caporale qui grimpe à côté de Shima, et qui est équipée de tellement de fusils, sabres, pistolets et même de deux petites bombes, qu’elle pourrait aussi bien avoir planifié de commettre un attentat en ville ! Tous les deux affichent une mine patibulaire, typiquement le genre d’atout dont on a besoin quand on va à une négociation musclée.
A vrai dire, ils ont même plus une tête de bandits que les bandits qu’il s’apprête à aller rencontrer…

Le fouet claque au-dessus des chevaux, et le cabriolet quitte la caserne à petite vitesse. Après un moment perdu dans ses pensées, le colonel finit par demander à sa voisine de siège :

« - Dites-moi caporale, je ne vous ai jamais vue ici avant il me semble ?
- Ah oui, vraiment ?
- Et pareil pour votre… compagnon costaud.
- Nous sommes arrivés avec la dernière fournée de nouvelles recrues il y a une semaine ! Je suis la caporale Meringrid, et voici le seconde classe Raviolaaric.
- Grumpf » ajoute ce dernier en posant sa main sur la tempe, en un salut à peine réglementaire.
« - Je vois… »

Pancho Shima grommelle au fond de lui : il a déjà fait savoir à Arango qu’il ne voulait pas de nouveaux pour ce genre de sorties ! Plus il y a de monde dans la combine, plus les secrets s’éventent vite… En plus, ces deux là ont une tête qui ne lui reviennent pas.

Le brouillard est de plus en plus opaque, et on y voit à peine à quelques pas devant.  Ce qui n’était jusque là qu’une contrariété devient un véritable danger alors que le véhicule s’engage sur le chemin côtier qui relie la caserne à la ville.

« - Faites attention Arango, je n’ai pas envie que vous nous écrasiez sur les rochers !
- Je suis désolé mon colonel. Je vais tout doucement, mais les chevaux son agités.
- En plus mes bombes sont un peu sensibles aux chocs » murmure Meringrind.
« - Si c’est de l’humour, ce n’est pas drôle du tout caporale ! » Il grommelle : « arrangez-vous pour nous amener à destination en un seul morceau Arango, c’est tout.
Et puis arrêtez de me fixer comme ça caporale, c’est très dérangeant. Et rangez ce couteau ! »

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Les roues du cabriolet miraculeusement intact crissent sur le pavé. Shima, prêtant à peine attention au salut impeccable du sergent qui lui ouvre la portière, descend et lance à ses trois subordonnés :

« - Restez ici. Je vous siffle si j’ai besoin de vous. »

Puis il s’engouffre dans le casino d’où émane un discret brouhaha.

Le colonel parcourt d’un regard blasé l’intérieur extrêmement chic du bâtiment, bien plus que ne l’est son austère caserne, et même que son bureau qu’il a pourtant fait aménager avec soin. Tout ici sent le luxe. Un luxe en toc, parfaitement artificiel mais plus vrai que nature, et issu d’une immense fortune qui n’a rien de toc, elle. Il ne connait cet endroit que trop bien, pour y avoir passé beaucoup trop de ses soirées à engranger et à perdre des fortunes, parfois par dizaines de millions en une seule nuit.
Parfois, Pancho se dit qu’il aurait peut-être été plus heureux en tant que riche bourgeois, patron d’un fructueux établissement comme celui-ci, à plumer les autres plutôt qu’à les engraisser et à ensuite devoir faire affaire avec eux et régler leurs problèmes pour se renflouer.
Il aurait eu moins d’ennuis en tout cas…

En parlant d’ennuis, ces derniers l’accueillent les bras ouverts avec un grand sourire dévoilant deux dents en or, agitant avec d’amples mouvements son chapeau haut de forme qu’il tient dans ses mains trop grandes.

« - Pancho Sima mon cher ami, quel plaisir de vous voir, héhéhé !
- Monsieur Thompson. »

Titanic Thompson, gérant de pas moins de huit casinos répartis sur toute l’île, n’est pas seulement un petit bonhomme antipathique coiffé d’un chapeau haut de forme prétentieux, d’un complet qui lui donne un air de pingouin, et d’un gros nez qu’il a la sale manie de mettre partout. C’est aussi une canaille, un mafieux de la pire espèce qui étend son emprise sur toute l’île, et l’un des principaux bras droits de King Bradley. Et donc, malheureusement, un des principaux partenaires du Colonel Shima.
Ce dernier se pare de son sourire le plus artificiel, que des années de pratique ont réussi à rendre presque chaleureux même si, de l’avis de beaucoup y compris de lui-même, il lui donne surtout l’air parfaitement hypocrite. Il hoche la tête avec une amabilité parfaitement factice tandis que celui que l’on surnomme le pingouin l’invite :

« - Venez donc, je nous ai fait préparer un bon repas dans la suite privée ! Et puis… nous avons des choses importantes à discuter vous, moi, et vous savez qui, héhéhé. »

Le petit homme se frotte les mains en le poussant gentiment devant lui. Le colonel remarque les deux gorilles qui leur emboitent discrètement le pas, et dont la carrure n’a rien à envier à celle du soldat Raviolaaric. Tout compte fait, il commence à regretter de ne pas avoir emmené ses gardes du corps avec lui…

***

Il fait nuit noire lorsque Shima sort enfin du casino. José Arango est là à l’attendre devant le cabriolet, toujours aussi professionnel quoique ne semblant pas mécontent de le voir enfin revenir. Mais ce que remarque tout de suite Shima, c’est que les deux autres ont disparu.

« - Où sont… ?
- La caporale a dit qu’elle ne se sentait pas bien, j’ai pris la liberté de lui donner congé. Et le soldat Raviolaaric est parti… se soulager. »

Il hésite, embarrassé d’évoquer des choses aussi inconvenantes devant son supérieur.

« - Ça fait un moment d’ailleurs.
- Tant pis pour eux, on y va. Et vous penserez à me rappeler de faire muter ces deux incapables aussitôt que possible ! Je n’ai pas besoin de bons à rien sous mes ordres.
- Bien mon colonel. Oh, revoilà Raviolaaric ! »

Effectivement, le golgoth émerge des ombres et revient auprès d’eux. S’avisant que le colonel est revenu, il lui adresse un vague salut militaire avant de reprendre place dans le cabriolet. Alors qu’il s’installe à son tour, Pancho Shima en vient à se demander si il ne se serait pas senti plus en sécurité sans son garde du corps. Oh bien sûr, il n’est pas du genre à avoir peur d’un simple soldat ! Il n’est pas né celui qui osera braver son autorité d’officier supérieur, et même sans ça il est un excellent bretteur ! Mais… il faut avouer qu’avec sa carrure, on l’imagine tout à fait capable de lui briser la nuque avec une seule main. Sans parler de son attitude dérangeante et de son mutisme malésant…
Le colonel frissonne. Vivement qu’il rentre à la caserne, et qu’il oublie cette sale histoire ! Au moins l’autre folle avec ses bombes n’est plus avec eux. Et…

« - Arango ! Elle a laissé ses bombes dans le véhicule ?!
- Je… ah oui ?! » Même le sergent aux manières de majordome semble avoir du mal à conserver son sang-froid. Le colonel soupire :
- Eh bien… j’imagine qu’il vaut mieux les rapporter avec nous de toute manière, on ne va pas les abandonner ici. »

Les rênes claquent, les chevaux démarrent, et l’élégant cabriolet s’élance vers la sortie de la ville. La petite route côtière qui les conduit vers la base de la marine est déserte à cette heure de la nuit, et le trajet est plutôt agréable. Le vent pousse une légère brise du large, la lune éclaire une plage immaculée où se déversent les vagues, et seuls le trot régulier des chevaux et le clapotis des vague rompent le silence. Le brouillard -qui s’était dissipé pendant que Shima était à sa réunion, aux dires d’Arango- fait son grand retour, et entre en concurrence avec la nuit tombée pour les empêcher de nouveau d’y voir plus loin qu’à quelques pas devant eux. A ce train-là, se dit le colonel , c’est un miracle si je rentre en vie …

Les trois hommes restent muets pendant cette partie du trajet : le golgoth toujours aussi silencieux qu’à son habitude, Arango occupé à réfléchir de ce qu’il pourra faire des cent mille berrys qui apparaitront miraculeusement en supplément dans sa prochaine paie, et Shima à réfléchir à la très longue conversation qu’il vient d’avoir. Un diner en tête à tête avec King Bradley et Titanic le pingouin n’est pas ce qu’il appellerait une soirée agréable, mais au moins il n’a pas fait tout ça pour rien. Le chef des Chinamire Kitsune a été très correct avec lui : il lui a… fermement fait comprendre qu’il n’était pas dans son intérêt de le soupçonner de chercher à le duper, mais il l’a également assuré qu’il n’était pour rien dans le vol de ses œuvres d’art. Mieux encore, il lui a promis de mener sa propre enquête discrète et, si il retrouve le coupable -qu’il s’agisse d’un membre de son gang ou d’un étranger qui ignore les coutumes de l’île-, de lui faire passer l’envie de recommencer. Voire de lui faire passer l’envie de vivre tout court.

Soudain, Shima est tiré de ses pensées par le sursaut de la calèche qui s’arrête brusquement. Il jette un regard surpris à Arango qui s’exclame :

« - …
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… Nous voilà arrivés ! » Et le sergent poursuit joyeusement : « voulez-vous que je vous dépose à votre maison, mon colonel ?
- Non, ça ira. Prenez votre fin de service, j’ai quelques affaires à déposer à mon bureau avant de rentrer.
- D’accord. Passez une bonne nuit mon colonel. Vous aussi soldat Raviolaaric.
- Grumpf. »

Pas question de laisser quiconque déposer à sa place la serviette en cuir pleine de billets que Bradley lui a remise « en guise de compensation et en gage de leur amitié ». Et puis pas question non plus de continuer à voyager dans cette calèche de l’enfer avec un brouillard pareil ! Il ira aussi vite à pieds, sa maison n’est qu’à quelques minutes de marche à peine.

De retour à son bureau, Pancho ferme à clé derrière lui ; puis, il se rend devant le mur opposé à la fenêtre, déplace l’un des cadres, et déverrouille le coffre-fort caché derrière. Ce dernier abrite quelques documents soigneusement triés, certains presque aussi anciens que sa mutation à Kikai no Shima. Pas d’argent en revanche, et même ceux qu’il vient de recevoir n’y restzront pas longtemps : juste le temps de leur trouver un placement intéressant. Alors qu’il range la serviette en cuir entre deux chemises en carton, l’homme ne peut retenir un bâillement à s’en décrocher la mâchoire ; la nuit a été longue il faut dire, et il est plus que temps pour lui de…
Il bâille à nouveau. Est-ce normal d’être soudainement si fatigué au point de peiner à garder les yeux ouverts ? Il devrait peut-être se servir un petit verre de bourbon avant de repartir, pour se donner du tonus. Ou bien s’asseoir dans son fauteuil, juste un instant, juste le temps que sa fatigue lui passe. Rien que quelques minutes. Il ne faudra pas non plus qu’il oublie de refermer le coffre-fort avant de repartir…

♦♦♦♦

Le colonel Pancho Shima est mort dans son sommeil, paisiblement avachi dans son fauteuil. Il n’a même pas senti que je lui ouvrais le crâne avec le pied de sa lampe en bronze ; une mort bien en dessous de ce à quoi il aurait pu prétendre. Mais que veux-tu journal, mon chef a été très clair sur les circonstances dans lesquelles il devait être tué : dans son bureau, sans témoins, en laissant assez de preuves pour qu’on puisse penser qu’il s’agit de l’œuvre de la mafia. Si ça n’avait tenu qu’à moi il aurait disparu dans une magnifique exposition, peut être juste après sa réunion avec les deux autres crapules du casino ! Ça aurait donné un truc un peu sympa avec des nuages de couleur, un cabriolet qui se disloque dans les airs et retombe en petits morceaux sur la plage, un bouquet de senteurs... Enfin, que veux-tu journal: la créativité est toujours bridée par des décideurs cachés derrière leur bureau, loin du terrain !

Si je n’ai pris aucun plaisir à accomplir cette sale besogne, je n’éprouve pas non plus beaucoup de scrupules: mes journées passées sous la forme d’un nuage de gaz semblable à un brouillard, à l’épier à sa fenêtre et pendant ses déplacements, ont suffi à me convaincre que c’était un pourri. Avec sa disparition, la corruption moyenne de la marine vient certainement de chuter de plusieurs points !

Une fouille rapide et minutieuse me permet de récupérer tous les documents que l’ "on" m’a demandé de rapporter. Apparemment, "on" tient à ce que certaines personnes ne soient pas éclaboussées lorsque les affaires pas très nettes de M. Shima éclateront au grand jour. Bien qu’un peu tentée, je laisse cependant à sa place la serviette pleine de billets, partant du principe qu’un mafieux venu lui régler son compte et rien d’autre n’y aurait pas touché.
Je prends ensuite le temps de chasser par la fenêtre toute trace de mon gaz soporifique, puis je m’éclipse par le même chemin. Je ne perds pas de temps, j’ai encore un peu de travail à effectuer cette nuit. Notamment aller déposer dans la cave de la demeure personnelle de feu M. Shima les œuvres d’art que je lui ai moi-même volées, et qui ont provoqué toute la pagaille espérée !

Reprenant la forme de ce brouillard qui n’a cessé de contrarier le défunt maître des lieux, je m’envole et disparais dans l’air de la nuit…
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Avec un soupir, Ambrosias jeta sur son bureau la photo de la scène de crime. Un coup vif et sec sur le haut du crâne avec un objet contondant était la cause de tout cela. Une simple lampe avait suffit à mettre fin à ses jours. Pancho Shima était un misérable officier corrompu et sa mort était on ne pouvait plus méritée, mais pas de cette manière, pas ainsi. Rien de tout cela n'était normal. Ajoutant les cendres de son cigare à celles de l'ancien militaire en charge, la jeune colonelle posa sa tête contre sa main libre. Elle n'avait rien, mais le moindre début d'une piste pour la mener au meurtrier. La seule chose dont elle était sûre, c'était qu'il s'agissait d'une exécution sommaire et planifiée. Il n'y avait pas le moindre signe de lutte, l'homme avait été surpris et tué sur le coup. Même si tout accusait sombre maître de Kikai no Shima, la vétérinaire n'avait rien de concret. Cela l'empêcherait-elle d'agir ? En aucun cas.


Durant presque toute la nuit, bien incapable de dormir, l'officière éplucha les innombrables dossiers en cours de son prédécesseur. Elle chercha à en apprendre le plus possible sur l'état des lieux dont elle avait dorénavant la charge. Tout n'était pas rose, c'était le moins que l'on puisse dire. Ce qui l'inquiétait le plus était l'état de sa garnison. La corruption y avait plongé si loin ses racines qu'il allait certainement qu'elle fasse un gros ménage avant de pouvoir commencer à avancer sur des bases saines. Lisant jusqu'au petit matin, Ambrosias avait de large cernes lorsque l'on toqua à la porte de son bureau. Faisant irruption avec un sourire, le sergent-chef Paracchini siffla pour signifier qu'il trouvait l'endroit à son goût.



« Pas mal. Monter en grade a du bon on dirait.

- Hum, si on veut.

- Je me verrai bien finir mes vieux jours sur une base tranquille des blues.

- La nuit a été longue et je n'ai pas fermé l’œil, venez en au fait.

- Va falloir bosser sur votre côté diplomate boss.

- Colonelle.

- Oui, c'est ça, colonelle. Bref, je voulais savoir si vous vouliez laisser vos amis les rongeurs à bord ou leur aménager un endroit ici.

- Je m'en occuperai moi-même.

- Franchement, je suis pas sûr que vous en ayez le temps.

- Bien. Si vous insistez, je veux bien que vous aménagiez dans mon bureau le même genre d’armoire qu'à bord du Béluga.

- Pas de soucis, je m'en occupe. Courage.

- Dario.

- Oui ?

- Merci.

- Ha ha, de rien. »



Refermant la porte derrière lui, le militaire laissa sa supérieure face à la pile de dossiers en cours de son bureau. S'enfonçant à l'arrière de son dossier, la jeune femme regarda le tout d'un air dépité avant de bailler longuement. Elle avait besoin d'un peu de café. Se levant pour aller chercher une tasse elle sa frappa les joues pour se donner du courage avant de s'y remettre.



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