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Raid

Malheureux en affaires comme en amour ; les affaires lui dictant en effet ses amours du fait que ceux-ci se monnayaient chèrement, un chasseur de primes, dans les avenues de Karnutes, traînait les pinceaux le long des pavés. Déçu et peut-être dépité, Inu Town fut sur son parcours une escale pour rien. Une autre.
Des pinceaux, il en traîna trois. Ses jambes qui le convoyaient mollement, lui qu’on savait d’habitude si survolté, côtoyaient alors de près ce pinceau – littéral celui-ci – dont la taille avoisinait le mètre et demi et dont il laissait présentement traîner les poils brossés sur son sillage. Il n’avait pas d’heures fixes cet homme-là, voguait à vue d’une île à l’autre en quête de subsistance et, quand le criminel se faisait nouvellement primer, celui-ci ne faisait que rarement long feu. Ce bon garçon qu’il était venu cueillir après un long trajet en pédalo, Alegsis le vit, de ses yeux, se jeter dans les filets de la Marine avant qu’il ne le captura. Justice avait été rendue, quoi qu’assaisonnée amèrement.

Ce n’était pas non plus aujourd’hui qu’il ferait fortune.

La route fut longue et, celle qui le mènerait au prochain forban à portée de ses coups le serait sans doute davantage. Sans le sou et donc, sans matière à flâner, le malheureux chasseur de primes – qui ne le resterait pas longtemps tant il avait bonne nature – se contenta d’envisager quelques modestes emplettes avant que son séjour ici ne laissa pas même la trace d’un songe en témoignage.

Peu familier des lieux, North Blue n’était en effet pour lui qu’un terrain de chasse des plus occasionnel. Aussi eut-il l’indélicatesse de rendre son ignorance notoire, la communiquant insouciamment au premier venu et cela, à la seule fin de quêter auprès de lui un point de ravitaillement. Regrettable fut son erreur.

- Excusez-moi monsieur, bien que de basse extraction, écharde parmi les échardes du Cimetière d’Épaves, celui-ci,  pour idiot qu’il était, avait au moins quelques rudiments d’éducation, est-ce que vous sauriez où je peux trouver de la peint..

Prestes et abruptes furent alors les mains venues se saisir de lui par le col de sa tunique. Un œil exorbité, en nage et le souffle court, ce curieux samaritain à qui Alegsis avait quémandé sa route suintait la suspicion. De toutes les braves gens qui circulaient – et qui maintenant détournaient le regard pour feindre de ne pas apercevoir l’empoignade – Alegs avait, sans jugeote aucune, adressé la parole à l’individu le plus louche qui puis se trouver à portée. Sa malchance, il n’en était jamais réellement victime en ce sens où il s’en trouvait systématiquement responsable.

- T’es du G.M ?! Bégaya le défiant dont la paupière ne clignait qu’à moitié. T’es un Marine ?! T’es un bâtard de Marine, hein ! Avoue !

Des comme lui, Alegsis pouvait même en décalquer par mégarde. Cela, à condition que la prime fut toutefois de circonstance. Désavoué s’il usait du pinceau sur un innocent – du moins supposé comme tel – ce n’est que désemparé qu’il put faire face à l’algarade. Tout en se protégeant maladroitement le visage, son arme dans une main, la trogne renfrognée de crainte qu’une phalange ne s’abattit sur son nez, Alegs se défendit du mieux qu’il put ; c’est-à-dire bien mal.

- Je suis pas Marine monsieur, je le jure ! Geigna-t-il alors énergiquement. J’ai foiré tous les examens d’admission, promis. Ils ont même dit que j’étais pas assez bête pour les rejoindre. Ou trop, je sais plus.

L’âpre étreinte se décrispa alors afin que l’étoffe lui glissa d’entre ses doigts. Personne, à moins d’être véritablement innocent, ne put en effet inventer un prétexte aussi bidon à moins qu’il fut dans le vrai. L’honnêteté payait parfois.

- Excuse… reprit toujours haletant ce qui se présentait comme un homme de mauvaise vie aux cheveux gras et sombres, on est un peu nerveux par ici. Nerveux, on ne l’était en effet que davantage quand l’éthanol se distillait à flot dans le sang. Ce qui, à n’en point douter, fut présentement le cas. Tu veux de la peinture, c’est ça ? Rajoutait-il ensuite, ce grossier personnage alors qu’il s’essuya le nez d’un rapide revers de manche.

- Je… je sais plus. Admit Alegsis, osant ouvrir un œil puis même un deuxième alors que l’hostilité s’en allait déjà vers les sentiers de la désescalade. Je crois ? Ah oui ! C’est bien ça. Quelle mémoire. Reprit-il en lui mettant un petit coup de coude complice, comme si soudain les deux hommes eurent été des amis de longue date.

Il n’avait pas la rancune tenace ce chasseur de primes-ci, une humeur se substituant toujours à la précédente sans qu’il n’en subsista une trace dans son esprit.

- Si je te comprends bieeeen…, car rien n’était effectivement plus sagace qu’un ivrogne à demi édenté passé la trentaine, tu veux de… « La pein-ture ». Il avait alors suspicieusement décortiqué chaque syllabe en clignant d’un œil ; donnant l’impression par ce biais qu’un accident vasculaire lui avait dévasté la moitié du visage.

Circonspect quoi qu’ingénu, son interlocuteur se figura que cette curieuse propension à cligner de l’œil était de coutume. Aussi, préférant s’en remettre au mimétisme – car il avait à cœur de bien s’intégrer à la culture locale – Alegsis cligna à son tour de l’œil après s’être penché vers lui. La concorde, de là, ne s’accomplît que mieux.

- Ouais, je vois exactement ce que tu veux dire. Assura le poivrot tandis qu’il se fourvoyait dans les grandes largeur. Écoute… c’est un secret pour personne ici, mais y’a le fourgue de la Guilde des Usuriers qui peut t’obtenir ce que tu veux. Y compris ta « Pein-ture ». Il avait cette fois joint le geste à la parole pour mieux appuyer les guillemets de ses doigts, se montrer ainsi subjectif pour évoquer ce dont l’un et l’autre, aux milieu d’allusions absurdes, n’avaient finalement aucune idée.

Des honnêtes hommes, il n’en manqua pourtant pas à Inu Town pour désigner à Alegsis le premier dépôt de bricolage qui fut à sa portée. Ayant toutefois recours à son adresse légendaire, celui-là s’était laissé conter l’itinéraire en droite descente vers les bas-fonds de la criminalité organisée. Et vers ces contrées austères, il s’y rendit jovial, ayant déjà tout oublié de ses déboires du jour.
Ne sachant pas lire entre les lignes – car il était analphabète pour lire les lignes en elles-mêmes – il n’avait trop prêté garde aux allusions et autres sous-propos lorsque son indicateur, entre deux regards suspicieux adressés autour de lui, avait lourdement laissé entendre qu’un Empereur de la flibuste avait sa main bien au-dessus de cette affaire.

Les locaux en eux-mêmes, déjà, suggéraient la nature du propriétaire. Eut-on mis des Jolly Roger plein les murs que l’établissement, déjà suspect au dernier degré, n’aurait su mieux crier « piraterie » à qui s’y égarait. Du reste, on ne s’égarait jamais en de pareils endroits, excentrés que ceux-ci étaient des quartiers résidentiels. Ce n’était en effet jamais par mégarde qu’on s’en allait pénétrer le repaire ombrageux de la Guilde des Usuriers. Du moins, ce ne le fut jamais avant ce jour funeste de l’année 1628.

- Salut, salut ~ ! S’écria grossièrement un individu qui, grossier, ne l’était pas moins. C’est vous les Zuzurieux ? C’est un beau brin de quincaillerie que vous avez ici.

Peu au fait des coutumes locales, il ignorait que parler si haut et si inconséquemment – ce qu’il ne faisait que trop au quotidien – pouvait être interprété comme une provocation. On l’eut bien vite dans le collimateur, cet original, alors qu’il se répandait déjà dans les lieux, expansif et curieux, à fureter innocemment quoi qu’avec insistance, le nez dans la marchandise de contrebande.

L’un des grouillots laissés là pour tenir l’affaire, d’un regard acerbe dont on ne sut trop s’il exprimait le mépris ou l’inquiétude, fixa l’olibrius sans en démordre de l’avoir dans les prunelles. Du fait qu’il fut un homme avisé des risques du métier qu’était le sien, informé des choses du mondes, il pouvait, au milieu d'une nuée de hannetons gravitant autour de lui, distinguer le plus urticant d’entre eux. Ce client-ci, même s’il avait une dégaine pas croyable avec sa tunique et son pinceau ; sans compter le chapeau et la trombine improbable qui se situa en-dessous, tenait plus du traqueur des mers que de la basse flibuste.

- Dis voir, s’adressa-t-il alors discrètement à un de ses confrères, c’est pas l’autre chasseur de primes là, avec sa gueule de péquenaud pas croyable ?

À si bien œuvrer et à multiplier les catastrophe dont il était le perpétuel épicentre, Alegsis avait renconté un jour les escargocaméras du Marie-Joan Herald, celui-ci trop heureux de placarder une gueule si niaiseuse dans ses pages  au terme d'une affaire de voie de fait stupide.

- Je crois bien. Souffla son compère avant de reprendre, soudain plus énergique. Qu’est-ce que je raconte, moi ; bien sûr que c’est lui. Des types pareils, avec un pinceau géant à la main et une tronche de benêt comme celle qu’il se traîne… je crois que je prends pas de risque en disant que c’est lui.

L’état d’urgence fut alors décrété à bas bruit et entre quatre oreilles seulement.

- C’est quoi son nom déjà ?

Bien qu’on l’eut trouvé un jour à la quinzième page d’un journal, Alegs n’était pas pour autant si haut personnage qu’on mérita de se souvenir de son nom. Ses parents eux-mêmes peinaient à s'en souvenir, s’étant contentés, depuis plus de vingt ans déjà, à l’appeler « Oh, toi, là ».

- Qu’est-ce que ça peut te foutre comment il s’appelle ? L’invectiva sèchement ce qui devait être le mieux gradé du duo. Tu comptes l’inscrire sur le plan de table à ton mariage ? Y’a pas de présentation à faire ; faut lui montrer la sortie avant qu’Ernest revienne, point barre.

Ernest, subalterne fidèle à Red et rigoureux, tenait si bien son fourgue qu’aucun incident ne fut jamais à déplorer. Il y avait toujours eu parfois quelques clients difficiles, bruyants et parfois armés pour venir leur chercher querelle. Mais à l’aide d’un brin de diplomatie d’abord et d’un coup de surin discret ensuite, tout se réglait le plus aimablement du monde. Les mers de North Blue étaient en effet pleines de ces quelques importuns acariâtres venus les empêcher de tourner en rond. Mais un qui porta une licence de chasseur de primes put potentiellement attirer l’attention sur l’affaire. Aussi considéra-t-on que cet indiscret nigaud fut éconduit poliment pour le bien de tous. Ernest, après qu’il s’en soit retourné d’un recouvrement de créance, ne devait en effet pas savoir que pareille engeance roda dans ses pénates.

- Il est pas finaud celui-ci de ce qu’on m’en a dit, mais paraît qu’il utilise de la peinture pour contrôler les gens. Une truc comme ça.

- De la peinture, pour…. incrédule et circonspect bien que ce monde fut pourtant plein de surprises improbables, le mieux bâti des deux trouva motif à douter. J’aimerais bien voir ça, tiens.

- Eh bah pas moi.

Moins curieux, peut-être plus inquiet aussi, c’est un pirate assez peu disposé aux risques indus qui, sans se concerter davantage avec son binôme, alla à la rencontre d’Alegsis.
Assez rustre il est vrai, il annonçait alors à ce client indésirable que la peinture ne figura pas dans ses stocks et encore moins dans ses comptes.

- Y’a pas ce que vous voulez ici mon p’tit monsieur. Désolé, tout ça. Je vous raccompagne à la porte.

L'interaction s'était ainsi amorcée sans un « Bonjour », préludant de là quelques haussements de ton si faciles à éviter.

- Mais vous avez même pas cherché.

Alegsis, moins qu’un chasseur de prime indolent, était avant tout une malédiction itinérante. De cette affliction à forme quasi-humaine – car il n’était franchement pas très beau – on ne s’en exorcisait pas sur une injonction seulement.

- Allez, fais pas d’histoire et dégage. S’impatientait déjà un loup de mer peu réputé pour sa fibre diplomatique.

- Vous avez pas le droit d’être désagréable comme ça, se plaignait Alegsis qui, décidément, n’avait pas compris là où il avait mis les pieds, je suis un client honnête.

Cette insistance à ne pas vouloir partir bien que tout lui commanda qu’il fut de trop, ne concourut que mieux à excéder le petit personnel. Le gaillard venu à sa rencontre, d’une de ses grosses pognes caleuses, se saisît alors de l’Épavien à l’avant bras pour mieux le raccompagner.

- Ouais bah on n’a pas ta peinture, donc tu gicles, allez.

Ses exhortations, chaque fois, étaient alors proférées avec davantage de décibels venues lui sortir de la gorge en renfort.

- Pourquoi vous êtes méchant comme ça ? S’imposait ainsi comme victime un irréfragable malappris, ne suggérant que mieux à son interlocuteur quelques indispositions à retenir ses coups. C’est parce que je viens du Cimetière d’Épaves, c’est ça ? Vous avez des préjugés ? Vous pensez que je suis un sale pirate ?

S’il avait su, alors, à qui appartenait l’établissement dans lequel il excédait la bienvenue qu’on lui concéda.

- Mais non… mais non, se fatiguait un peu plus le bougre, une veine épaisse gonflant au sommet de son front, allez, tire-toi.

- C’est parce que je suis chasseur de primes alors ? Persistait l’imbécile avec un aplomb presque éblouissant tant il était excessif. Vous aimez pas les professions libérales, hein ?

Il sembla que la clientèle toute entière jeta un œil par-dessus son épaule à la seule évocation de son titre. Profession libérale était alors un euphémisme bien convenable pour laver la purulence de son activité professionnelle.
Le petit personnel, confronté qu’il fut à cet aveu outrecuidant, eut en tout la confirmation de ses craintes : c’était bien lui et ce, quel que fut son nom.

- Mais non… mais non, allez, dégage. Continuait alors à le traîner péniblement vers la sortie ce boucanier qui avait bien du mérite à contenir sa fureur.

- C’est parce que je j’ai fait pipi dans votre cafetière pendant que vous parliez à votre collègue ? Récidiva Alegsis alors qu’il chercha toutes les raisons du monde de se présenter en victime de l’arbitraire. D’un arbitraire qu’il avait cependant provoqué par désinvolture.

- Mais non… mais n… T’AS FAIT QUOI ?!

Alors, enfin, le préposé de la Guilde lâcha le bras de ce client difficile, soudain presque tassé sur lui-même tel un ressort compressé qui n’attendait que de lui bondit à la gorge. La clientèle, comme réagissant à un signal, se déroba en glissant le long des murs.
Conscient qu'il fut de sa bévue, ayant regretté ses aveux aussitôt après les avoir proférés, Alegsis fut alors dans ses petits souliers, ayant en plus le culot de chercher à justifier son geste. Les mœurs du Cimetière d’Épaves, en dépit d’une politesse de façade, étaient en effet très solidement ancrés dans son A.D.N. Tandis qu’il se protégeait le visage pour la deuxième fois en ce jour, il miaula :

- Y’avait pas de petits coins, puis, se redressant, soudain exubérant et bourré de vigueur, quitta sa posture de craintif pour adopter celle de sermonnaire outrancier. Tiens, j’y pense, c’était alors une tournure de phrase, car rarement celui-ci pensait, pas de toilettes dans un établissement de vente… c’est pas aux normes, ça.

Pensant alors avoir reniflé une piste, ses yeux ronds ridiculement plissés, le visage se rapprochant de celui d’un pirate rendu furieux à son endroit, Alegsis ajouta, avec toute la jobarderie du monde réunie en un seul homme :

- Vous seriez pas des gens malhonnêtes vous, des fois ?

S’il  avait su. Si seulement il avait su. Peut-être eut-il alors décarré plus vite et, dès lors, tant de choses déplorables auraient pu êtres prévenues.
Mêlant le culot à sa bêtise, il poussa alors le vice jusqu’à exiger qu’on lui apporta une feuille d’imposition attestant qu’il avait affaire à un commerce sérieux. L’inféodation au Gouvernement Mondial, pour ceux persuadés d’appartenir au camp du bien, était en effet considéré comme un gage de « sérieux ».
Son bluff était d’autant plus culotté qu’il était illettré et proprement incapable de lire quel que document qu’on lui fit parvenir.

- C’est important de payer ses taxes ! Jura-t-il lui qui ne s’en acquittait que lorsqu’un fusil était braqué sur lui. Parce que sans les taxes qu’on verse au Gouvernement Mondial, ils pourraient pas rémunérer les Marines qui viennent vous tabasser quand vous payez pas vos taxes.

Professoral le temps de son docte sermon, un sourire de petit malin en bandoulière le long de ses lèvres, ses poings sur les hanches, légèrement penché en arrière les yeux fermés, comme si le poids de son pédantisme sot le faisait plier, il ouvrit soudain les yeux, ceux-ci presque exorbités alors qu’il réalisait tout le paradoxe et l’arnaque de la manœuvre fiscale. Son raisonnement parachevé par une désillusion, il remit presque en cause sa foi inébranlable investie dans le Gouvernement Mondial. Puis, passant à autre chose car incapable de garder une idée fixe plus d’une minute, il s’en retourna à ses reproches initiaux.
Il fallait alors rappeler, à ce stade des événements, que la présente escalade était partie d’une histoire de peinture.

- Vous savez ce que vous êtes ? Poursuivit Alegsis en cherchant à prendre de haut un homme qui n’était lui que trop encouragé à l’envoyer par le fond. Vous êtes un filou. Oui. Ajoutait-il avec conviction. J’ai pas peur des mots. Puis, alors qu’il déglutît, se ravisa à voix basse. Par contre j’ai très peur de votre regard de fou, alors si vous pouviez arrêter de me fixer comme ça, ce serait chouette.

De loin, le deuxième forban de garde observa la scène, ne sachant trop quoi faire, car trop habitué à toujours laisser l’initiative à Ernest.
S’essayant à une démarche conciliante – parce qu’il y tenait à sa peinture – Alegsis, glissant à côté du forban, eut l’outrecuidance de lui passer un bras au-dessus des épaules. La solidarité prolétarienne lui suggéra en effet cet élan de familiarité déplacé.

- Écoutez, moi aussi je sais que c’est dur de faire son travail dans les clous. Bien des dégâts et des fractures avaient en effet été sillonnées sur le long parcours de ses errements professionnels, Je suis un gars honnête, comme vous, « Honnête » au sens reconnu par les critère du Cimetière d’Épaves, alors vous me trouvez de la peinture et je dis rien au Gouvernement Mondial.

Le loufiat ne sut alors si cet improbable chasseur de primes parlait par allusions en le faisant chanter ou s’il fallait prendre au premier degré les inepties ingénues d’un spécimen d'abruti dont il n'avait jamais eu vent auparavant.
Encore une fois dans sa triste carrière, on interpréta l’idiotie démesurée de ce fabuleux gêneur comme une provocation délibérée. Personne en effet ne parvenait à se résoudre à ce qu’on put être stupide.
Il n’était jamais alors trop tard pour faire de nouvelles rencontres.
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Tu penses qu’elle vaut quoi?
-Hum… Difficile à dire, elle n’est pas très appréciée des coordinateurs car elle joue la maligne. Par contre, cette femme a un grain, ça c’est certain. Elle aime être sur le terrain d’après les rumeurs.
-Donc, on a moins de chance de mourir. Y a encore un pote qui s’est fait exploser la tête par un pirate enragé. Je comprends pourquoi on nous envoie au casse pipe, la marine est là pour ça, non?
-Doucement, tu veux. Tu parles à un vétéran.
-Pourquoi tu t’es engagé ? Tu aurais pu te la couler douce dans un petit commerce.
-Le salaire, mon ami. Le salaire. mais tu sais ce que c’est toi, le gratte-papier des procureurs.
-C’est payé une misère pour une charge de travail et un stress permanent. J’ai redécouvert la joie de vivre en le quittant. On m'a offert cette opportunité, mais je suis fait avoir. on m’avait dit bureaucrate, et ils m’ont fait signer en sbire, ces crapules ! Donc, je sers de chair à canon dans les missions de terrain, comme beaucoup avant moi. Alors que dans la Marine, tu peux être promu avec un peu de coffre.
-Ah ah ! Oui, c’est ça. Pour une promotion, c’est mille morts en combat. Et je ne parle que des sous-off’ ! Si tu es pas fou, tu ne vise pas de promotion. Même si tu survis contre un dégénéré de pirate, tu n’es pas sûr si c’est toi ou un autre chanceux qui prend le poste. Bref, il vaut mieux viser la petite vie tranquille et espérer qu’il n’y pas trop de bastons. J’ai eu cette chance mais l’argent me manquait. Le Cipher Pol me semblait être une opportunité.
-Eh beh. Et tu le penses toujours?
-Quand je vois les énergumènes qui nous pilotent parfois, je me questionne. mais bon, au moins on est pas mis en service constamment. Je peux voir mes enfants grandir, ma femme vieillir, tout ça quoi.


L’un des deux sbires sort une cigarette de sa poche. Il pose son large dos sur le mur d’une auberge. Les deux compères attendent dans un coin sombre depuis un bon moment. De sa veste, il y prend une boîte d’allumette. Allumant sa tige, il enivre ses poumons de fumée pour libérer d’un expire un brouillard devant ses yeux.

Elle en met du temps par contre. Il ne faut pas dix ans pour se repoudrer le nez. Héhé.

Son collègue reste étrangement silencieux malgré sa vanne. Lorsque la fumée se dissipe, des yeux bleux perçants et un sourir blanc perce l’obscurité juste devant lui. Le sbire trébuche après un sursaut. Il tombe à la renverse sous les rires moqueurs de cette dame.

Hihihi ! Et il en faut moins pour vous surprendre, mon cher !

Honteux, il se redresse rapidement et s’incline pour s’excuser aux yeux de l’Agent de IIIe catégorie qui lui fait face.

Un moment d’inadvertance. Cela ne se reproduira plus. Excusez mon insolence, Agent Tarentule !
-Redressez-vous. Nous avons beaucoup à faire.


Le sbire le plus mince reluque les alentours l’air de chercher quelque chose. Le regard interrogateur, il pose sa question avec une pincée d’inquiétude.

Euh… il devait pas y avoir des renforts avec vous?
-Totalement. Messieurs, voici les renforts !

La blonde montre tout sourir un baril qu’elle avait déposé au milieu de la ruelle. Elle s’en approche pour poser fièrement sa main dessus.

Une véritable arme de destruction massive bon marché. Ce subtile mélange d’huile, de graisse et de fumier promet de nous offrir un spectacle fabuleux pour tout le port. Hihi !
-Attendez ! On va pas débarquer dans un nid à truand à trois?
-Que veux-tu, mon cher. L’administration ronge les coûts sur mon joli dos en ce moment.
-Non, non. C’est pas possible. Pitié, je ne veux pas mourir.
-Vous vous plaindrez à la garnison qui, visiblement, n’en a que faire de ce genre de nids à vermine.
-Oui, voilà ! Demandons une intervention dans un rapport et attendons leur support!
-On risque d’attendre bien trop de temps. Il nous faut capturer ce révolutionnaire en contact avec le traître Red avant qu’il est la moindre suspicion.
-Ce n’est qu’une rumeur, on n’a pas pu la vérifier.
-Roh ! Que vous manquez d’ambition.
-Je le savais ! L’idée vient de vous.
-Hihi ! Validé par notre coordinateur, messieurs. Si vous voulez garder votre boulot, portez moi notre formidable allié.


Les épaules tombantes, les sbires finissent par obéir. Ils s'échangent un regard peiné, puis se lancent dans des messes basses.

Je comprends pourquoi tout le monde craint d'être associé à elle.
-Je savais que j’aurais pas dû flirter avec la copine d’un coordinateur.
-Tu as fait ça? Moi j’ai simplement renversé un café sur l’assistante du nôtre…
-Qu’est que vous chuchotez là?
-Rien, madame.


Son sourire poli reste collé à son visage lorsqu’elle leur ouvre la voie. L’agent Tarentule a repéré les lieux. Posant ses repères, elle utilise les recoins les moins fréquentés du port. Son plan est sans détours. A son grand désarroi, elle n’a ni le temps et l’occasion d’une infiltration ou de poser des pièges. Son effectif réduit l’oblige à prendre quelques risques. Une fois le bâtiment en visuel, le groupe repère les premiers mécréants guettant la zone.

Je m’en charge. Préparez-vous.

Une certaine confiance dans la voix, la jeune blonde sort à découvert de sa cachette. Les hommes louches la remarquent. Elle se promène comme un poisson rouge dans un bocal. Son air paumé et son joli minois ne manque pas d’attirer comme des mouches sur un fruit sucré.  

Qu’est ce qu’on a là?
-Une minette comme toi ne devrait pas venir ici seule, tu sais.
-On peut s’occuper de toi.


L’un d’eux commence à lui prendre le bras. D’un geste brusque, elle se libère de sa poigne, lui mettant une gifle par la même occasion. Elle ricane.

Ah, parce que vous croyez que des miséreux comme vous ont la moindre chance. Hihi !
-Tu vas voir si on va pas la forcer, la chance, petite merdeuse !


Une course-poursuite commence soudainement devant la boutique. L’agent les guide dans la ruelle où ses sbires sont prêts à les accueillir. Armes de fortune en main, le plus maigre casse une planche sur la tête du premier. Le plus musclé éclate un gourdin de bois sur le crâne du second. Le dernier truand recule de stupéfaction. Comprenant le piège bien trop tardivement, les fils de pêche de l’agent Tarentule agrippe déjà ses membres, le traînant dans les profondeurs du coin sombre, où il se fait gentiment passer à tabac.

Gnihihi ! Un jeu d’enfant. vous voyez, il n’y a pas de quoi avoir peur.

Les deux hommes s’échangent un regard perplexe. Ils ne savent pas quoi répondre à ce ton plaisantin particulièrement provocateur de leur supérieure de circonstance. Les subalternes restent penauds pendant que l’agent ligote les agresseurs dans les vapes.  

Ne nous relâchons pas. On enchaîne plus rapidement, messieurs. Nous prendrons le thé plus tard. Enfin, si nous sommes encore en vie. Hihi !

La blonde a encore beaucoup à apprendre dans la gestion de subordonnés, car, pour motiver les troupes, elle est bien la dernière. Les sbires du Cipher Pol ont très envie d’une retraite tant qu’il est encore temps. Mais c’est la Mort ou la Misère comme on dit. Ils portent péniblement le baril jusqu’à l’entrée. Capulina couche le tonneau après l’avoir débouché. L’huile ruisselle sur le plancher. D’un coup de pied, l’objet roule en fracas dans la pièce. Un filet dégouline sur son chemin. Le trio débarque dans ce commerce illicite. Un silence se démarque. L’agent Tarentule tapote le coude de son sbire.

Arum !
-Ah… Ceci est… N’est pas un hold up, mais une saisie gouvernementale ! Restez tranquille, ou tout brûle.
-Et vous avec. Hihi !


Les deux sbires au chapeau melon et en costume trois pièces dégaine leur pistolet. Le fumeur tend ensuite une allumette en feu, pendant cet avertissement.

Amenez le gérant sans faire d’histoire et vous serez libres de vous casser sans soucis.
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L’entrée en matière de ces percepteurs gouvernementaux zélés, pour qui était en charge des lieux, constitua la cerise empoisonnée sur un gâteau à la merde. Tant et si bien que les pirates en présence en vinrent à suspecter une complicité entre ce trio de gêneurs et le chasseur de primes qui, à avoir été si agaçant, aurait bien pu en réalité avoir fait diversion. La suspicion lui incombant, toutefois, s’évanouît quand, apparemment décontenancé lui aussi de cette arrivée soudaine, Alegsis s’exclama :

- Des pirates !

Il y avait eu dans sa voix un mélange d’ahurissement et de jubilation tandis que, par réflexe, il avait retroussé une de ses manches. Les réflexes professionnels, en effet, étaient parfois imprégnés jusque sous l’épiderme même de qui en était tributaire.

- Alors... non. Le corrigea-t-on un brin gêné. Notre crèmerie à nous, c’est le G.M, On vient de le dire en plus. En fait les pirates, techniquement, ce serait plutôt eu... l’agent-ci, il n’eut pas le temps d’instruire Alegsis – vaste programme s’il en était – que ce dernier, déjà lancé au pas de course, son pinceau martial en main, partait avec la résolution franche d’en découdre. Il ne s’embarrasserait à analyser la situation qu’a posteriori, quand le mal serait fait.

Dans cette démonstration d’impétuosité – car le courage chez lui se confondait avec l’insouciance -Alegs, au beau milieu de sa charge intrépide, glissa sur l’huile ainsi libéralement répandue au sol, une giclée trissant alors de sous la chaussure qui se déroba dans sa chute. Celle-ci, sans compter l’éclaboussure qui survînt quand il s’affala, se versa plus loin, jusqu’à s’étaler dans un recoin de pénombre de la boutique où, du fait des volets condamnés après que des carreaux aient été brisés, on y avait entreposé quelques bougies afin d’y éclairer les lieux. C’était là qu’on y parquait les œuvres d’art entre autres livres rares que s’arrachaient les révolutionnaires à prix coûtant. Tout cela, peintures de contrebande, sculptures de maître et autres trésors de littérature, ne tarda pas à prendre feu après que l’huile fut si bêtement étalée au terme d’une chute imbécile. Bien qu’il traînait avec lui un pinceau de combat laissant parfois suggérer qu’il fut artiste, Alegsis restait cependant irrémédiablement hostile à tout ce qui se rapportait à la culture. Assez en tout cas pour immoler malgré lui une partie du patrimoine de l’humanité. Action spectaculaire et déplorable s’il en était qui, après qu’il en constata les conséquences, ne lui arracha qu’un « Bigre » mornement énoncé tandis qu’il se frotta l’arrière du crâne.

- C’est malin ça ! Vociféra-t-il ensuite après le trio comme s’il n’eut aucune part de responsabilité dans un désastre annoncé. Vous auriez pu apporter de la peinture à la place !

Il n’en démordait pas de ses obstinations stériles. Après qu’il se redressa, et cela, non sans omettre de s’aider du mobilier environnant afin de mieux se hisser, il administra un coup de pied dans l’huile – cette fois volontaire – maculant ainsi les trois stipendiés gouvernementaux afin de venger son dépit. De la sorte, il n’y aurait alors pas de jaloux maintenant que tous étaient logés à la même enseigne.
Du reste, sa prestation ne l’empêcha pas de glisser une nouvelle fois pour atterrir à nouveau sur les dos.

Surpris qu’ils avaient été de cette réplique burlesque, couverts en partie du contenu même de la barrique qu’ils étaient venus déverser, l’un des trois importuns chercha à tempérer les âneries de ce client improbable.

- On…. On t’a dit de rester tranquille. T… tu veux qu’on tire ou quoi ?

Il avait naturellement balbutié. Rien, en effet, ne se passait comme prévu quand l’imprévisibilité même, celle-ci présentement incarnée en un seul homme, fit montre de ses œuvres spontanées. Flamboyantes celle-ci.

- Te gênes pas, tire, c’est une journée pourrie de toute façon, y’a même pas de peinture pour moi. Répliqua Alegsis avec une nonchalance quelque part perdue entre l’indifférence et la pitrerie. Et puis, c’est pas comme si un tir de mousquet était enflammé et que vous étiez un peu aspergé d’huile, après je dis ça...

La saisie gouvernementale, dès lors, fut compromise par un plan qui s’était déjà retourné contre eux. Le budget qui leur fut alloué ayant péché par avarice, la mission, en usant des moyens du bord seulement, les avait justement faits improviser plus que de rigueur, au point qu’assaillant comme assaillis se trouvèrent subitement dans la panade. La chienlit, pour catastrophique qu’elle fut après avoir si prestement dégénéré, n’empêcha pas Alegsis de fanfaronner. Celui-ci était en effet rarement conscient du danger trop habitué qu’il était à le semer partout autour de lui. Se tournant vers les tauliers – éclaboussés d’huile eux aussi après qu’il plongea piteusement dans la flaque à deux reprise – toujours au sol, le chasseur de primes brandit le pouce dans leur direction, un air fier en bannière tout du long de sa trogne.

- Malin, hein ? Commenta-t-il sa mesure consistant à rendre les armes à feu inopérantes.

- MALIN DE QUOI ABRUTI ?! T’AS FOUTU DE L’HUILE PARTOUT !

Jetant finalement quelques regards autour de lui, il sembla en effet que le combustible avait été répandu partout aux alentours, diffusé ici et là en petites tâches éparses et inflammables que le brasier, parti d’une bougie à peine, venait à présent lécher portions après portions pour mieux gagner en influence.

- Ah. Oui. Effectivement

Se sachant fautif, bien qu’assez peu enclin à l’admettre au vu du chaos naissant, Alegsis ne manqua évidemment pas de ce culot juvénile dont il était apparemment intarissable dès lors où il s’agissait de justifier ses âneries.

- Oui bah…, de toute façon ça serait pas arrivé si vous aviez eu de la peinture.

Le raisonnement n’aurait alors pu être plus spécieux. Toutefois, maintenant que les flammes grandissaient au point de se confondre parfois avec le mobilier qu’elles dévoraient, l’heure ne fut pas à la dialectique ou au débat d’idées. Chacune des forces en présence se trouvait désormais piégée par le contenu d’un baril initialement versé pour crédibiliser une menace qu’on souhaita latente. Menace qui ne fut alors que plus crédible maintenant qu’elle se concrétisa si chaleureusement autour d’eux.

Un des loufiats gouvernementaux, terrorisé que le déroulé des évènements leur échappa si bien, se tourna en désespoir de cause vers ce qui apparaissait être sa supérieure.

- Le… le rapport a jamais parlé d’un pirate avec un balai. C’est qui ce dingue ?!

Se renfrognant les sourcils froncés, vexé qu’on le tînt pour boucanier et, plus encore, qu’on confondit son pinceau de combat pour un balai, Alegsis se redressa à nouveau, vacillant toutefois quelque peu sur ses appuis. Puis, bras croisés avec son arme en main, les jambes légèrement écartées il chercha à paraître imposant pour que le malentendu fut aussitôt corrigé bien que, pour l’heure, quelques autres priorités plus pressantes eurent en principe dû le concerner davantage.

- Je m’appelle Alegsis, je viens du Cimetière d’Épave et je chasse la prime. Puis, par réflexe, bien qu’il chercha originellement à se montrer magistral, il ne put résister à glapir un léger, enchanté, qui fit s’effondrer toute la solennité de son introduction.

Derrière lui, un des deux forbans de garde frappa sa paume gauche en y laissant tomber son poing droit avant de clamer bien fort :

- Voilàààà ! C’est ça ! « Alegsis » ; c’était ça son nom. Je le cherchai depuis tout à l’heure ha-ha-h…

Sa réjouissance fut cependant de courte durée alors que son partenaire lui éclata son poing sur le crâne afin de le ramener à la dure réalité qui s’imposait à eux. Une qui leur serait imputable du fait qu’on leur avait confié les lieux en l’absence du tenancier.
Le feu, déjà, crépitait assez fort autour d’eux pour qu’on n’entendit presque plus que lui et, la fumée, noire comme l’humeur des propriétaires, s’élevait déjà mollement jusqu’au plafond. Quand Alegsis Jubtion merdait, jamais il ne commettait son entreprise à moitié.

Plus loin, longeant la rive qui conduisit aux bureaux de la Guilde des Usuriers, Ernest, de retour de sa cueillette aux créances, resta un instant immobile alors qu’il apercevait flammes et fumées grignoter le pré-carré qui lui fut jadis confié par Red.
Il s’était alors trouvé soudain terrassé d’une stupéfaction sourde, se murmurant à lui-même :

- Mais... qu’est-ce que c’est que cette merde ?…

Cela Ernest, était ce qu’on appelait une convergence de catastrophes. Le plus triste dans l’affaire étant que cette catastrophe-ci ne s’exhibait présentement qu’à son stade initial. Il resta en effet de la marge pour que le chaos ambiant empira encore.
Revenu de son effarement, Ernest cavala soudain afin de retrouver sa tanière et d’y débusquer les sales bestioles venues la mettre en pagaille.

- Merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde, merde…. Continua-t-il tout du long du parcours qui le sépara de ce début d’incendie.

À en juger le commentaire qu’il faisait de la situation, il sembla qu’Ernest eut une idée précise de la nature incombant à cette dernière : merdique.

S’il y avait eu une leçon à tirer de cette péripétie incendiaire, c’était que le Gouvernement Mondial, à force de ne pas donner les moyens à ses agents, pouvait conduire à des dérapages incontrôlés. Au fond, le problème était administratif, voire même fiscal si on remontait à la source des financements. Il n’empêche que la Guilde des Usuriers commençait à flamber avec, à l’intérieur, la flibuste ambiante, trois agents très subalternes du Cipher Pol, et un abruti de chasseur de primes qui fut si opiniâtre à trouver de la peinture que cela fit des étincelles.
Ernest était à plaindre, mais ces intrus l’étaient plus encore alors qu’il s’en venait les semoncer avec une fureur qui n’aurait su être mieux légitimée que par les circonstances actuelles.
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On peut dire que le plan de l’agent Tarentule tombe sous le coup des imprévues. Aspergé d’huile, la menace du Cipher Pol a moins de prise. Sans oublier leur sous-nombre, Capulina tique quelque peu qu’un chasseur de prime aussi ridicule puisse mettre à mal sa mission. Cet Alegsis ne mérite pas sa considération. La robe trempé, la jeune femme la retire d’un seule geste ample, dévoilant une tout autre tenue plus adéquate pour le terrain. Elle porte ainsi une brassière noir et un bas noir assez moulant. Ses bottes cassent ce style de sportive, mais habituellement, aucun ne l’a jusqu’à lors poussé dans ce dernier retranchement. Les deux sbires écarquillent les yeux. Jetant son habit plein d’huile au sol, elle ricane.

Peu importe, votre licence, mon cher. Votre débilité m’est plus gênante que n’importe quel de ses brigands. Il y a toujours un prix à payer, en ma compagnie. Hihi !

De son rope Action, l’agent étend ses fils de pêche pour s'entremêler dans les coutures des costumes de ses sbires. Dans coup sec, leurs vêtements sont arrachés. Mis à nue, ils restent bouche-bée par la tournure qu’a prise cette situation.

Hein?!
-Eh!


Les subalternes se retrouvent en calçons devant des usuriers et un idiot. L’humiliation n’est pas des moindres, seule leur supérieur ne semble pas s'inquiéter de la réputation qu’ils renvoient dans cet accoutrement. Ils entendent déjà les coordinateurs les surnommés les sbires nudistes. Capulina se débarrasse de ces pièces de tissus de la même façon, ne sauvant que la boîte d'allumettes qu’elle a attaché à un de ses fils. Il lui tombe dans les mains. L’agent Tarentule allume sa première allumette en la pointant vers ses ennemis et l’autre imbécile.

Que le feu purifie la vermine et le débile. Gnihihihi !

L’allumette est lâché, tombant vers le tas de vêtements imbibés d’huile. D’un coup d’un seul, un homme pénètre en furie dans le bâtiment bousculant la jeune femme. D’un saut plongé, il parvient à attraper inextrémice l’objet amenant le désastre. Il atterrit ensuite sur le tapis d’huile préparé par Alegsis, l'entrainant dans une longue glissade qui termine en fracas au fond de la boutique. La tête en bas, sa voix retentit tout de même dans la pièce.

Merde ! Vous foutez quoi, les gars ! Éteignez-moi ce feu et arrêtez ces salauds !


La blonde reprend un peu de consistance après cette intervention miraculeuse. Elle s’empare à nouveau d’une allumette.

Oh, oh ! Mais vous croyez vraiment pouvoir m'arrêter. Comme c’est mignon. Maintenant que vous savez que j’en suis capable. Dernier avertissement, livrez le gérant de ce commerce, ou je n’aurais aucun scrupule.
-Le port risque d’en prendre un coup aussi. Préve...
-C’est le dernier de mes soucis. Tic Tac, les enfants, le petit feu risque de me voler la vedette. Hihi !

Les sbires n’osent plus en rajouter. Ils ne veulent pas voir leur caleçon arraché pour une faute ou une objection qui lui déplaît. L'imprévisibilité de leur supérieur les décontenance peut être même plus que les malfrats présents.
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Usant de ses méninges – entreprise laborieuse s’il en était – Alegsis, en fin pisteur, avait su déceler et assembler une série d’indices qui, parce qu’ils avaient coulé du long de lèvres de la demoiselle, lui pavèrent le juste chemin jusqu’à la révélation. « Il y a toujours un prix à payer, en ma compagnie », avait-elle dit. Pour qui était littéraliste et doté d'un trop plein d'imagination, la phrase ne sonna alors pas comme une menace, mais un aveu. Un qui porta le rouge aux joues de ce chasseur de primes dont on put estimer bien vite qu'il fut atypique.

- Toujours un prix à payer en sa…. Avait-il murmuré interrogatif d'ici à ce qu’il ne s’empourpra.

Sa conclusion, sans appel, le frappa comme la foudre ; il avait affaire à une gigolette. Entreprenante qui plus est à en juger l’alacrité dont elle fit admirablement preuve le temps qu’elle dévêtît ses michetons.

- C’est chaud. N’avait-il pu s’empêcher de commenter alors qu’effectivement, tout autour d’eux, crépitait un brasier gourmand parti pour engloutir tout ce qui fut prompt à se consumer.

Lunaire fut l’imbroglio. Entre les flammes, les caleçons et le pinceau, on ne sut trop à quel diable se vouer. La situation échappait à la décence autant qu’à la cohérence, et pas une victime en présence ne fut à même d’interpréter le phénomène. D’autant que celui-ci, en dépit de la catastrophe, gagna encore en complexité.

À imprévisible, imprévisible et-demi ; Alegsis, car il ne souhaita pas être en reste désormais qu’il fut invité dans dans cette déferlante d’absurdité, prit dès lors le parti de surenchérir. Dépité furent les uns, quand les autres, interloqués, le virent se contorsionner dans sa tunique avant qu’il ne s’en départît pour, dans un geste sec et assuré, la jeter au feu. Ce remarquable coup d’éclat accompli – bien qu’on ne sut trop non plus quelle fut sa portée ou son intérêt – Alegsis croisa les bras, son pinceau en main. À cette gourgandine-ci – quel fut le prix à payer pour s’arroger ses bonnes grâces – maintenant qu’il la savait une adversaire à sa auteur, l’Épavien ne lui céderait en rien.
Il sembla que le temps qu’il consacra à la jauger d’un regard pénétrant dura des heures. Après avoir ainsi offert du répondant au déballage de loufoqueries incandescentes qui sévissait alors, il lui dit, avec un fond de roguerie dans la voix.

- Pas mal. Pas mal du tout même.

Personne dans l’assistance, si ce n’est-elle peut-être la gourgandine, n’aurait été franchement en mesure d’évaluer ce qu’il sembla apparemment considérer avec tant d’estime. Son sérieux de pitre, en tout cas, ne présumait rien de bon.
Cipher Pol et chasseur de primes s’adonnaient alors à un duel informel, un de ceux où le contresens et l’illogisme y régnaient en maîtres incontestés. Une confrontation au sommet s’amorçait dès lors dans un registre qui leur était propre. Et il avait fallu que la Guilde des Usurier, coincés qu’il furent entre un marteau malhabile et une enclume tordue, en fassent les vrais.

- Mais qu’est-ce qui est en train de se passer ici, en fait ? Gémît Ernest, éberlué de ce dont il avait été le témoin depuis qu’il fit irruption.

Pas un esprit sain, que ce fut celui de ses subalternes ou encore des acolytes de la demoiselle, n’aurait alors pu l’aiguiller vers quelques horizons à même d'éclaircir ses incompréhensions. La raison comme le bon sens, n’étaient décidément plus partie prenante à l’équation ; on les aurait cru eux aussi dévorés par les flammes.
Persuadé qu’il fut d’être l’homme de la situation, se présentant comme l’incontestable sauveteur d’une « quincaillerie » dont il prenait pourtant l’allure du bourreau, Alegsis, grandiloquent dans la bataille qui s’orchestra, brandit une main ouverte en direction du taulier.

- Vous inquiétez pas, je suis là pour vous aider.

Eu pourtant, on s’inquiéta. À commencer par les deux pirates qui, derrière lui, soufflés par son aplomb, furent asphyxiés dans la seconde, restés la bouche ouverte sans qu’un son ne put s’échapper entre leur mâchoires crispées. Il y avait des héros dont on se passait bien.

- Nous aid…. Putain vous deux ! Reprit le tenancier quelque peu bougon que tout partit en flammes. Vous pouvez pas m’expliquer ce qui se passe ? Essayez au moins d’éteindre l'incidendie ! Emportez les trucs qui ont de la valeur dehors. Bougez-vous.

Extirpés d’une torpeur induite par la sidération, les deux bougres, tandis que des camarades à eux s’activaient aux étages supérieurs du dépôt, s’essayèrent à un brin de rangement au milieu de l’Armageddon. Quand l’un d’eux soutînt qu’ils n’arriveraient jamais à tout sauver, Alegs, une fois encore, leur porta son secours.

- Brush Crush : Le Rire Jaune !

À l’un comme à l’autre, s’en remettant à une célérité spectaculaire, il leur avait dessiné en un instant un Colors Trap jaune dans le dos. De là, la chromatique fantasmatique suggéra chez eux un rire soudain et inextinguible.
Avec gravité, l’artiste qui les avait ainsi souillés de sa gouache déclara :

- On peut surmonter toutes les épreuves dans la bonne humeur.

À peu de choses près qu’ainsi en proie à une hypnose euphorique, les deux gugusses furent simplement rendus dans l’incapacité flagrante d’accomplir quoi que ce soit. Trop occupés qu’ils étaient à présent à s’esclaffer, il leur était même devenu difficile de reprendre leur souffle. Reportant ensuite son attention sur la demoiselle, après s’être magistralement acquitté d’un tout nouveau « bienfait » de son cru, Alegsis, enfin, passa aux choses sérieuses.

- Quant à vous… je vous laisserai pas détruire le travail d’honnêtes commerçants, tas de vauriens !

Il leur serait en effet difficile d’agir en ce sens si l'on considérait que, dans ses illustres maladresses, leur adversaire avait en effet déjà répandu l’Enfer par mégarde partout autour d’eux. Faisant vivement tournoyer son pinceau de combat par-dessus son chapeau afin de souffler les flammèches environnantes – ne se privant alors pas de briser un lustre au passage – Alegsis frappa au front les adversaires qu’il venait de se désigner, plongeant trois fois en estoc afin de les toquer du sommet de son pinceau. Au revers de son arme, là où n’y trouva aucun poil, y avait en effet été sculpté un petit symbole du Colors Trap sur lequel il y avait disposé une de ses capsules de peinture. Frappés qu’ils furent l’un et l’autre entre les arcades sourcilières, les acolytes de la présumée gigolette laissèrent tomber leurs épaules nues, la tête penchant en avant, écrasés soudain par le poids d’une démoralisation irrésistible.

- De toute façon j’aurais jamais dû quitter la régulière…

- J’ai l’air stupide avec mon caleçon à canards. Tellement stupide…

À ce coup de tampon qui, sur leur front, avait laissé une curieuse estampille bleutée, la blondinette y échappa habilement dans un bref mouvement d’esquive.
Ses Colors Trap, à Alegsis, désormais qu’il les prodiguait si libéralement à présent que les hostilités furent entamées, gagnaient en efficacité s’il les apposait au plus proche de la cervelle de ses cibles ou si les sceaux colorés s’avéraient de taille conséquente. Ses estocs, ainsi, pointées en piqué depuis l’envers de son pinceau, à moins qu’elle ne touchèrent à la tête, étaient généralement bégnines à qui en faisait les frais.

- Sacrée souplesse. Attesta l’artiste-pitre alors que son troisième coup avait atterri dans le vide. C’est sûrement grâce à son entraînement de dame zizi.

Il avait ses termes, Alegs, pour désigner ces demoiselles quand celles-ci bradaient la vertu à vil prix.  Alors qu’il s’apprêta à jouter plus intensément, la brosse de son pinceau cette fois plus en avant, ce ne fut que de justesse qu’il esquiva le coup de poing plongeant venu faire irruption d’entre les flammes.
Reculant d’un bond, mais d’un seul, car les flammes les entouraient maintenant de très près, il ne comprit trop pourquoi le tenancier des lieux s’était lui aussi jeté dans la bataille.

- Mais non. Argua le chasseur de primes avec une légèreté insolente si l’on considérait l'absolue gravité des circonstances. Moi je suis de ton côté. Jura-t-il bien qu’il fut pourtant l’étincelle la plus fautive dans au milieu de la poudrière. Il comprend vraiment rien celui-ci. Avait en plus ajouté Alegs à l’intention de la demoiselle comme requérant amusamment son plébiscite.

Si Ernest avait plongé dans un mur de feu, ce ne fut alors pas avec les idées les mieux attentionnées qui furent à l'endroit de ses invités indésirables.

- Bon… j’ai pas compris qui vous étiez ou ce que vous foutiez ici… donc je vais vous casser la gueule. Ça sera plus clair ensuite.

Homme de synthèse et de calculs courts, il avait fait au plus pressé après avoir estimé la menace que constituèrent les intrus. Peu lui importait au fond leur C.V ou leur état civil à ces deux improbables zigotos ; il châtierait les messeants, sinon pour le bien de son commerce, au moins pour le salut de ses nerfs.
Rythmés par un orchestre incongru, là où le rire compulsif de ses sous-fifres se confondait au milieu du crépitement des flammes, une bien étrange bataille s’agençait alors, opposant trois partis en présence. Restait à savoir qui d’eux trois ou des flammes auraient alors le dernier mot dès lors où l’incendie, sans cesse plus infernal, se concrétisait un peu mieux à chaque minute qui s’écoula.

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Pour ajouter à son désavantage numérique, l’Agent Tarentule se retrouve avec deux hommes à terre. Visiblement, la nature des attaques de cet énergumène dénudé préserve une certaine dangerosité. Le combattant sortant des flammes offre à la blonde une occasion idéale pour organiser son replis. Ayant miser sur une intervention éclaire, elle se sent bien frustrée de buter sur un obstacle aussi ridicule. Ses fils tirent ses sbires démoraliser vers la sortie.

Dehors, devant l’entrée, elle se résigne à changer ses plans. Capulina donne un petit coup de pied à un de ses sbires recroqueviller en position foetale sur le quai.

Appelle la Marine. Toi qui voulait tellement les voir. Dis leur qu’un incendie démarre sur une extrémité du port. Ils devraient intervenir. Nous cueillerons leur chef, je pense avoir repéré de qu’il s’agit. Ce vaurien se bat avec le débile. Hihi !
-La garnison. Oh non, je veux pas qu’on me voit comme ça.
-Comment? C’est un ordre.
-Non, laissez-moi ! J’ai déjà assez honte.


Il enfonce un peu plus sa tête dans ses genoux, refusant l’autorité comme un enfant capricieux. L’agent pose ses doigts sur ses paupières de dépit. On lui a encore envoyé des sbires douteux pour l’assister. Les coordinateurs sont vraiment des plaies. Elle se ravise sur l’autre avec un mince espoir.

Vous aussi vous ne voulez pas entendre parler de la garnison.
-A quoi bon? Sbire est un métier horrible, renvoyez-moi.


Dos à un tonneau vide, le sbire cherche de quoi fumer en vain. La mine déconfite, elle plonge un peu plus dans le désespoir. Les bras tombants, l’homme en caleçon rale à haute voix.

J’ai besoin d’une cigarette mais un agent a brûlé mon paquet. Ça ne serait jamais arrivé à la régulière.

L’espionne soupire, affligée par ce spectacle. Prenant le bras de celui-ci, elle utilise son mini-escargophone attaché au poignet. Le sbire se laisse faire la tête baissée, ne laissant qu’un gémissement las sortir de sa bouche. Puisqu’il faut qu’elle fasse tout elle-même, l’Agent Tarentule ne se laisse pas démoraliser pour autant.

Purururu.
-Ici, la 316e. Qui a l’appareil?
-Ici, une humble et quelconque travailleuse. Hihi ! Il y a un incendie qui a démarré dans un bâtiment du port.
-Ah oui? C’est encore un canular, c’est ça? Je ne vois rien d’où je suis.
-Non, je vous assure ! Il prend tout l'intérieur, proche des auberges portuaires. Envoyez une cinquantaine de soldats.
-Oui bien sûr ! On va envoyer carrément le Colonel Mortimer tant que j’y suis.
-Je ne m’attendais pas à une telle réaction, mais ce serait parfait. Hihi !
-Allez emmerder d’autres personnes. Si on vous trouve, vous passerez un mauvais quart d’heure !
-Ecoutez, c’est l’Agent Taren…
-Oui, et moi c’est l'évêque Jean Nérien-Afoutre de l'Église de la Juste Violence. Tu crois que je ne connais pas vos blagues. Au revoir, glandeuse !

La communication s'interrompt subitement. Le plan B a lamentablement échoué. Voilà pourquoi il fallait que ce soit quelqu’un d’autre qui prévienne la marine. Ses rires provoquent toujours des malentendus surtout avec les marines qui ne vont pas plus loin que le bout de leur nez. Il ne lui reste plus qu’à attendre que l’un des deux combattants sortent vainqueurs pour sauter l’un et capturer l’autre.

En réfléchissant à un piège astucieux, elle aperçoit un groupe d’une cinquantaine d’individus  s'approcher au loin. Plissant les yeux, Capulina ne reconnaît pas l’uniforme de la marine. Ils transportent avec eux des barques et du matériel douteux. Le sang de l’Agent ne faut qu’un tour. Ce sont des hommes de main des Usuriers revenant d’une affaire juteuse de toute évidence. L’un d’eux aperçoit la fumée sortant de leur comptoir. Tous unis accourent repérant trois gusses, dont deux en caleçons et une avec une mallette en main.

L’Agent Tarentule étend ses fils sur le toit, emportant avec elle les deux loques qui lui sert de sbires. La situation est critique. Encerclée, elle ne peut qu'espérer que le feu et le débile crée assez de distraction pour qu’elle reprenne l’avantage. Certains malfrats entrent dans le commerce, d’autres commencent à escalader pour les attraper. Le premier a y parvenir témoigne d’une grande incompréhension.

“Je sais pas ce que vous faites là, les pervers. Mais on va vous faire parler, je vous le dit m..”

Capulina ne daigne même pas lui répondre. Un coup de pied bien placé fait chavirer l’usurier du toit, tombant en fracas sur d’autres assaillants. Seule à défendre sa position, l’agent Tarentule entend soudainement une grosse détonation. Un feu dévoreur consume une partie de la toiture derrière elle. Son arme de destruction massive, le tonneau de fumier vient d’exploser comme prévu. Néanmoins, cela ne l’arrange pas le moins du monde. Ses sbires toujours apathiques, la blonde commence à râler.

Je ne vais pas sauver vos petites fesses, constamment. Il va falloir bouger ou je me sert de vous pour les ralentir. Hihi !
-Vas-y. Cela ne peut pas être pire de toute façon.
-Mourir en sous-vêtement, on me retiendra pour quelques choses au moins.
-Quel bande de bon à rien.
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Ça venait d’en bas et, dans une soudaine éruption de tuiles, ça avait franchi la charpente dans un fracas strident. Tout ça, avant de s’écraser platement sur le toit. La masse était humaine ou, peut-être l’avait-elle été, en tout cas avant qu’un monde parut lui tomber dessus pour la broyer. Ce qui, devant le trio gouvernemental, s’était si bellement échoué, se trouva couvert d’ecchymoses entre autres meurtrissures de la tête au chapeau. Si on le reconnut, ce curieux bougre, ce ne fut justement que grâce à son couvre-chef. Peut-être aussi à son caleçon qu’il porta pour seule parure.

L’artiste, ayant surgi cette fois sans son pinceau, présenta un visage bardé de couleurs. Les nuances de bleu, de violet et de rouges maculaient alors une gueule bouffie par les boursoufflures. Il y avait eu de la dérouillée dans l’air. Copieuse celle-ci. Ernest, sans doute artiste lui aussi à ses heures perdues, avait, de ses poings seulement, entrepris de dessiner une nature morte sur la figure d'Alegsis.

- Ve vous laifferai pas vous venfouir, félérats… ouïe. Geignit péniblement le chasseur de primes alors qu’il se présenta devant eux à plat ventre, manifestement trop endolori pour qu’il se dressa afin de leur faire face.

La branlée qui lui fut administrée le fut si sévèrement qu’Alegsis pondéra son débitoire à âneries. Fallait-il donc l’avoir frappé fort celui-ci pour qu’il cessa de se confondre en inepties.
Son bourreau – sans doute déterminé à achever ses œuvres – fit à son tour irruption par la même ouverture d’où avait jailli son adversaire. La Guilde des Usuriers, jamais, n’abandonnait son pré-carré au premier venu.
Cependant, pour doué qu’il fut dans l’art de faire grimper plusieurs étages à ses ennemis d’un coup de pied seulement, les compétences en gestion des infrastructures d'Ernest restaient perfectibles. En dépit de la cinquantaine d’hommes qui, en contrebas, chercha à éteindre un incendie que jamais la Marine ne s’embarrasserait à calmer – flibuste oblige – Ernest eut ce qu’il fallut de discernement pour se rendre à l’évidence.

- Bravo… vous avez foutu en l’air un de nos comptoirs. Hargneux – car il avait de quoi – il posa un pied sur le dos du pauvre chasseur de primes étendu sur les tuiles, s’adressant aux trois autres compères qu’il s’en était allé retrouver. Sincèrement, bravo. Parce que quand le grand patron aura une idée de vos noms et de vos gueules, le revers sera cinglant, j'aime autant vous le dire.

Sous lui, bien que martyrisé, Alegsis trouva cependant la force de faire preuve de ce qu’il fallut de rectitude afin de se montrer urbain à l’endroit de son hôte.

- Comment ? Ve me fuis pas préventé ? Alegfis Vubtion, ve fuis du Fimetière d’Épaves, enfanté… urgh. concluait-il alors que la semelle posée sur ses lombaires se fit plus pressante.

Un anévrisme au bord de la rupture, Ernest se sentait défaillir un peu plus à chaque nouvelle réplique de ce parfait crétin.

- Mais tu la fermes donc jamais ?! Ça vous a pas suffi, à toi et tes petits copains d’avoir foutu en l’air ma crédibilité et mon dépôt ?! Faut en plus que vous la rameniez !

Et précisément parce qu’il la ramenait systématiquement, fidèle à ses habitudes et empêtré dans ses sales manies, Alegsis ne se priva pas d’une réplique supplémentaire ; dussent ses lombaires en pâtir davantage.

- Alors techniquement, f’est toi qui m’a balanfé à travers le toit et caffé des tuiles. Du regard, il chercha à interpeler les trois spectateurs de la scène afin d’obtenir d’eux un semblant d’approbation, hein que f’est vrai ? Mais jamais en reste, car même la plus sordide des tortures n’aurait su le faire taire bien longtemps, Alegsis eut en plus le toupet d’ajouter : Ve penfe que les torts font partavés.

Aussitôt son plaidoyer accompli, la semelle d’Ernest vînt cette fois s’abattre sur son crâne afin de lui encastrer la gueule dans la charpente.

- Maintenant que monsieur GRANDE GUEULE, cria-t-il excédé à l’endroit de ce vilain larron qu’il pensa évanoui, l'a mise en veilleuse, je crois que c’est à notre tour de faire connaissance.

Toisant le petit comité du toit, Ernest, sincèrement outré, leur demanda, presque dégoûté :

- Et puis c’est quoi votre problème à tous à toujours être en caleçon comme ça ?

- Ah ça ! Le relança l’un des sbires. Croyez-nous bien que c’est pas notre idée.

Jouant lui aussi au malin dans une situation pour le moins fâcheuse, son compère le suppléa aussitôt.

- Pour les réclamations, vous voyez ça avec notre supérieure. Puisque MA-DAME l’agent assermentée a toujours des bonnes idées.

- Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’agent assermenté ? Ne put s’empêcher de rebondir le taulier maintenant que l’affaire prit à ses yeux une toute autre ampleur.

Le vent balaya le toit tandis que, plus bas, le cri des hommes affairés à éteindre un incendie indomptable se faisait lancinant.

- Oups.

Ne pouvant contenir un soupir plus longtemps, Ernest, après qu’il eut ainsi expiré les mauvais airs qui lui bouffaient l’esprit, ressortit calmé de ce court exercice méditatif.

- Vous savez quoi ? Me dites rien. Les aveux, je préfère les arracher à chaque mandale qui vient.

Logés qu’ils étaient si haut sur l’édifice bâti le long d’un immense récif, la triplette gouvernementale, cette fois, n’aurait pas le luxe de déguerpir où que ce fut. La sala de aux oignons, eux aussi en mangeraient bientôt à satiété.
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Deux sbires ayant perdu toute combativité, encerclée par les flammes et l’ennemi, l’agent Tarentule se retrouve dans une bien mauvaise posture. La fumée lui prenant les poumons, la chaleur sous ses pieds, sa condamnation dans l’au-delà semble sans surprise avoir été jouée d’avance. Comme un avant-goût des Enfers qu’il l'attend, les signes de la fin de course de sa destinée se dessinent au travers de la silhouette du bourreau. Prise de court, la jeune femme utilise ses fils pour utiliser ses sbires inutiles comme projectiles. Ernest les esquive sans mal, quoi qu’un peu décontenancé par une telle réaction.

Les deux pauvres subalternes finissent dans la mer après avoir voltiger au-dessus du bâtiment en flammes. Ils flottent en étoile de mer comme si rien ne leur importait.

Tu penses que je suis viré?
-Je sais pas, mais je m’en fiche.
-Ouais, moi aussi. On est pas si mal ici.


Un pan entier de cet agrégat d’épaves s'échoue devant eux. Les flammes consument les jointures qui maintiennent la cohérence du bâtiment.

Malgré cette petite secousse, le gérant de ce commerce se rue sur l'agent du Cipher pol. Il feint un jab du gauche. Capulina utilise sa malette noir pour se protèger. L’usurier lui assène rapidement un premier direct droit dans le bide. Le poing fait mouche. La blonde se plie en deux en reculant de quelques pas.

La blonde toussotante et déstabilisée, Ernest profite de l’ouverture. Son pied enclenche un mécanisme stoppant son enchaînement net. Des dents métalliques se referment brutalement sur son mollet. Un cri de douleur retentit dans le port. Le stratagème a fonctionné et l'agent Tarentule se redresse en ricanant.

Gnihihi ! La brute est prise au piège. kof… il faut regarder où l’on marche, mon cher !
-Tu vas pas rire longtemps, connasse !


Le bougre n’en démord pas. La rage et la détermination dans son regard en dit long sur le genre d’hommes qu’elle est en train d’affronter. Heureusement, que la propagation du feu ralentit grandement les malfrats qui tentent de grimper, cependant, l’espionne ne tiendra pas sur la durée dans cette situation.

Pendant qu’Ernest force sur le piège à loup qui l’entrave, Capulina étend ses derniers fils pour l’immobilité. Un duel de force commerce, avec la blonde tirant sur ses fils pour faire plier son adversaire et celui-ci qui résiste.

Le dénouement finit sur un laché prise soudain de l’usurier, surprenant la blonde, puis un rapide mouvement de force attirant l’agent à sa portée. Un coup de coude percute le visage de la pauvre femme. Sonnée, elle titube sur le côté. Perdant ses derniers fils des mains, l’agent est désarmé.

L’ennemi en a plus qu’assez de cette peste, ne daignant plus décrocher la grippe du piège, il l’arrache sur toit où il était planté. Bottant maladroitement, mais libre, il s’approche dangereusement de la source de tous ses soucis.

Capulina n’a plus le choix. Il ne lui reste qu’une technique pour obtenir une issue favorable à cette mission désastreuse. Lâchant sa mallette, elle fonce brusquement sur l’homme blessé. Bougeant comme une feuille au vent, ses mouvements épousent le puissant direct droit du chef du comptoir. Telle un serpent, elle l’enlace le torse pour finir accrocher à son dos. Son bras glisse sous sa gorge. En position d'étranglement, l’agent Tarentule active le Tekkai.

Malgré ses tentatives, la brute ne parvient pas à la déloger. Progressivement, la couleur de sa tête prend une teinte bleuâtre. Le manque d’oxygène se fait ressentir. Quelques alliés parviennent enfin sur le toit. Spectateurs de cette scène, ils se précipitent pour porter assistance à leur chef. Néanmoins, sous leurs pieds, des craquelures déjà provoqués par la tête enfoncée du débile, grandissent sous leur poids.

Les flammes et le combat a eu finalement raison de la totalité de la structure. L'entièreté du commerce s’effondre sur lui-même accompagnant tout ceux sur le toit au sol, dans un nuage de soufre et de poussière brûlante.
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Sous les tuiles, outre les décombres et les vestiges de ce qui fut grand, on y trouva le fossoyeur incident d’un avant-poste du recel. La Marine était venue, finalement. Elle avait attendu les éclaircies, qu’enfin les rangs des Usuriers furent dégrossis.
En dépit des efforts, même les volontés les plus farouches se laissaient consumer par les flammes. La Guilde des Usurier d’Inu Town, réunie en assemblée plénière pour l’aubaine ; pour une veillée funèbre au flambeau, avait groupé tout ce qu’elle eut d’effectifs afin que l’incendie trouva son terme. Celui-ci cependant, irrésistible et impérieux, ne stoppa son carnage que lorsqu’il ne trouva plus de quoi se délecter.

Pusillanime jusqu’aux confins de la veulerie, la Marine n’intervint que lorsque les suppôts des Usuriers, à présent qu’ils furent en position de faiblesse, se propagèrent sur l’île toute entière. À présent sans repaire ni guide – Ernest comptant parmi les disparus – ils s’étaient dispersés le long du littoral afin que chacun se trouva une embarcation de fortune.
Sans jamais trop oser attaquer frontalement à pareil bastion flibustier, la Marine, parce que l’opinion public avait contemplé la chute d’un bureau de la Guilde, fut contrainte de faire bonne figure. Pour s’en prendre frontalement à pareils adversaires, ils avaient prudemment attendu que ceux-ci furent en fuite afin de ne trop accuser de pertes. L’affaire, de toute manière, fut rendue sans que la Justice soit requise.

Deux heures après que le brasier en eut terminé de lécher jusqu’à la dernière masure du dépôt, on retrouva un survivant sous les décombres. Un qui, bien qu’il recouvrait à peine ses esprits, fut agoni d’injures par les quelques malheureux pirates passés devant après avoir eu le malheur de se faire administrer les menottes. Sans peine, quoi qu’estomaqués qu’un pareil loustic eut apparemment mis à genoux la bâtisse, les sous-officiers mobilisés tancèrent le survivant au lever pour l’accabler de questions.

- La blonde… avec les fils… balbutia hagard le chasseur de primes dans ses divagations endolories.

- Mon salaud, était venu le saluer un sergent, les deux fumiers qu’on a interrogé nous ont dit ce que t’avais fait. Franchement… je pensais que du mal des chasseurs de primes, mais là pour le coup, je dis chapeau.

Alegsis fut héros malgré lui pour avoir maladroitement pataugé dans l’huile après qu'il s'en alla acheter de la peinture. Certaines vocations naissaient drôlement.
Convalescent, sur une civière au sol d’ici à ce qu’on ne le transporta, Alegsis, toujours dans le coaltar, fut bien dérangé pas une vingtaine de matelots venus lui témoigner leur admiration. Ce qu’ils avaient désiré accomplir durant leur carrière, sans trop oser toutefois braver la trouille qu’ils avaient eu au ventre, il s’en était fallu d’un chasseur de primes seulement pour le concrétiser. Alors qu’ils saluaient son courage à ce blessé, ils célébraient en réalité son insouciance et sa gaucherie insane.

La presse, évidemment, se mobilisa pour l’occasion. On avait, après tout, littéralement réduit en cendres un dépôt de la Guildes de Usuriers. La prouesse fut considérée comme méritoire en ce sens où cela était revenu à mordiller un Empereur au mollet. De l’abnégation ou un sens prononcé pour le suicide, il avait alors fallu en avoir à foison pour se risquer à pareille entreprise. Et tout cela, Alegsis y était parvenu bien malgré lui.
Bien qu’on eut juré qu’étendu là, inerte et bosselé, il fut à l’article de la mort, le simple fait d’apercevoir un escargocaméra brandi dans sa direction le fit sursauter de sur sa civière. En caleçon, avec un seul chapeau pour l’habiller, il avait bandé les muscles le temps qu’on le photographiait en position héroïque.

- C’est pour le Marie-Joan Herald, précisa la reporter devant ce curieux miraculé,  est-ce que vous avez une déclaration à adresser à l’intention de Red ?

Hébété et circonspect, fronçant un sourcil afin qu’il marqua mieux son incompréhension du moment, Alegsis fut comme décontenancé par la question qu'on lui adressa. À le voir aussi dubitatif, la presse lui apprit dès lors qu’il venait d’oblitérer rien moins qu'une possession du petit père Désiré. Ce fut à l’instant même où on lui transmit la nouvelle que le flash de l'escargocaméra s’illumina.
Le journal parut le lendemain même, à raison d’un tirage étiré jusqu’aux confins du Nouveau Monde. Dans la rubrique North Blue, un article y mit en scène un héros qu’on avait trouvé là, à Inu Town, pour l’occasion.

En guise d’illustration – car rien n’était plus évocateur qu’une image perdue au milieu d’un texte dithyrambique – il y figura un drôle de gugusse. Celui-ci, n’ayant sur le cul qu’un caleçon et sur le chef qu’un chapeau, alors qu'il gonlait misérablement des muscles finement ciselés, avait aussi laissé perler les larmes à torrent sous deux yeux ronds et voilés par la pénombre de son chapeau. L’auteur de l’article crut en effet bon de mentionner qu’Alegsis Jubtion – car il avait en plus écrit son nom – était ému aux larmes d’avoir si gracieusement servi la cause du Gouvernement Mondial. La remarque fit son effet auprès du lecteur qui, jamais, ne sut que ce si brave chasseur de primes avait en réalité chialé de trouille qu’on fit de lui la cible de représailles flibustières.
Le plus triste, maintenant qu’il se savait un potentiel sujet de conversation dans les faubourgs les moins bien famés d’Armada, était que de cette regrettable mésaventure, il n’en retira même pas un seau de peinture.

Bien qu’à la garnison locale, le « héros » chercha plus tard à incriminer une « blonde rigolarde » et ses complices, aucune trace de ceux-ci – ou même d’Ernest d’ailleurs – se figura dans le compte-rendu des victimes. C’était à croire qu’ils s’étaient évanouis comme un songe, un murmure… où l’intervention feutrée du Cipher Pol.


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Jeu 25 Mai 2023 - 18:08, édité 1 fois
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Dans la pénombre d’une pièce humide et lugubre, une simple bougie éclaire cette pièce insipide. Sur un fauteuil en ruine, l’agent Tarentule, les bras couverts de bandage, pose un sac de glaçons sur sa joue d’une main, jouant avec une petite araignée de l’autre. Elle s’était visiblement rhabillée avec une nouvelle robe de citadine.

En face d’elle, il y a une table bancale où y est déposée quelques feuilles et l’unique bougie. Puis un homme ligoté sur une chaise, un carton sur la figure, totalement à la merci de la terrible blonde du Cipher Pol. D’un geste de la main, les deux sbires sortent de l’ombre en portant un saut d’eau. Toujours dénudé visiblement, l’un d’eux retire le carton de sa figure. Ernest est toujours inconscient et couvert de brûlures.

Le saut d’eau froide est renversé brutalement sur sa figure pendant qu’un sbire lui met une claque. Il se réveille en sursaut dans une panique atroce. Sa respiration s’affole.

Où je suis, putain !
-Pas encore en prison, mais cela ne saurait tarder. Hihi… ouille.
-Et merde !
-A moins que vous…
-Ne divulguez des informations. Je connais le disque. Mettez des vêtements à la longue, vous là !
-Je leur avais bien généreusement proposé certaines de mes robes mais ils ont refusé.
-Même pas en rêve.
-Plus ridicule, tu meurs.
-Ils sont si coincés. Hihi !
-Bon, vous travaillez pour le gouvernement, donc j'ai rien à vous dire. Bandes de tarés.


L’agent Tarentule se redresse difficilement. Sa tête balance de droite à gauche en signe de refus. Libérant la bestiole de sa main, elle pose la glace sur la table, puis s’empare d'une feuille et d’un stylo avec peine. Elle tente un bluff pour troubler l'interroger.

Ouch... On commence très mal. Qui te dit que nous sommes pour le gouvernement.
-Mais j’en ai rien à foutre, moi. Gouvernement Mondiale, Révolution, Chasseur de prime, Pirate, c’est la même merde. Je roule pour moi, maintenant. Qu’ils aillent se faire foutre et, vous aussi. Après chasseur de prime c’est quand même pire, j’admets.
-Cela a le mérite d'être claire. D'ailleurs, mon cher, je ne pensais pas  le dire un jour, mais je dois vous féliciter d’avoir botter les fesses à l’autre idiot au chapeau. Hihi !
-Calme toi, j’aurais fait la même sur ta gueule.
-Vous voyez ! Je le savais, il n’a plus aucun lien avec la révolution. On a risqué nos vies pour des informations périmées !
-Donc, j’avais raison, vous êtes des salauds du Cipher pol.
-Nous avons vérifié l’information. Nuance, mon cher. N’oublie pas qu’il m'incombe de rédiger le rapport. Au vue du déroulement de cette mission, je peux mettre fin à votre carrière.
-Ah ouais, les gars. Vous avez bien merdé, jamais vu des agents aussi éclatés.
-Oh ! N’en rajoute pas toi.
-On peut le descendre maintenant.
-Comment? Après autant d'efforts pour l'attraper. Hihi ! Hors de question ! Il sera envoyé au bagne. Il mourra là-bas, ne gaspillons pas de poudre.
-Oh, vous êtes trop bonne, madame la CP…
-Je sais. Gnihihi !


Le carton est remis sur la tête d’Ernest. Un interrogatoire synonyme de déception pour Capulina qui n’a pas pu prendre plus d’informations. Seulement le lien supposé entre le comptoir des Usuriers et la révolution locale est réfuté.

Dans son rapport, L’agent Tarentule rapporte bien des discrédits au certain Alegsis, le chasseur de prime, mais elle s’octroie le mérite de la destruction du commerce. Partie pour des soins sur ses nombreuses blessures, elle a livré Ernest au main de la marine qui l'a directement envoyé au bagne le plus proche sous les recommandations de l’Agent. Ses deux sbires quant à eux sont rentrés sain et sauf de leur mission, avec une petite réputation de nudistes. Au moins, leur carrière est indemne.
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