Demi tour c'est un cul de sac !

J’aurais préféré que l’on rentre directement à Clock Work Island, mais le Manta se déplaçant uniquement grâce à ses hélices risquait de tomber en panne d’essence. Enfin de colarburant ou de tout autre chose que mon ingénieur, Viktor avait trouvé bon d’utiliser pour propulser nos sous-marins. Le Divergence, lui aurait pu finir le trajet exclusivement avec sa voile, mais le deuxième engin de ma flotte n’en avait pas. Et apparemment d’après les explications de Viktor, actuellement le Manta était tellement chargé qu’il consommait près de trois fois ce qu’il aurait dû. Voilà, du coup nous sommes obligés de faire escale sur Dead End pour nous procurer du… et aussi du…, sans oublier un peu de… Bon, je vous avoue que j’ai pas du tout retenu ce qu’il fallait exactement, mais c’est la faute de Viktor il m’a parlé chinois pour le coup.

Vu que nous considérions notre cargaison trouvée au fond de l’eau comme très précieuse, nous ne voulions prendre aucun risque. Du coup, je voulais qu’on jette l’ancre loin de cette ile ou seule la loi du plus fort règne. Puis Bouly, mon artilleur, me fit remarquer que ça allait être compliqué à venir voler, deux tourelles et un morceau de coque et ce d’autant plus qu’ils pendaient sous l’eau. J’étais peut-être bien trop paranoïaque. Personne ne voudrait voler ça et rare était ceux qui seraient capable de repartir avec ça sous le bras, en plus. Je consentis finalement à jeter l’ancre dans le port, mais loin de l’agitation et des risques de collisions, quand même.

Je voulais que les deux navires soient capables de se défendre. C’est pourquoi, un seul groupe pu venir avec moi, Viktor et une petite dizaine de moussaillons pour porter les courses. Les autres devaient rester sur les ponts pour faire nombre et ôter l’envie aux voleurs de s’approcher trop prêt. Oui, normalement personne n’ose faire ça, mais il y a plein de chose qu’on ne fait pas normalement et que j’ai eu l’occasion de voir. Du coup, je suis parano. J’ai peur qu’il arrive quelque chose aux gens sous ma responsabilité.

Ils eurent beau faire la tête et bouder, je restai ferme et seul le groupe trié sur le volet pu mettre pied à terre.

« Combien de temps il te faudra pour trouver les ingrédients ? »
« En soit, ce ne sont pas spécialement des articles très rares. Ils sont plutôt communs, c’est pour ça que je préfère cette recette-là. Il y en a d’autre plus exotique, avec un meilleur rendement, mais elles sont chiantes à faire. Du coup, il faudra juste trouver des magasins spécialisés. Genre une tannerie ou une boutique d’arme à feu. Deux heures ça devrait être plier. »
« Et pour faire le mélange ? »
« Une petite heure, le temps que tout se mélange bien. »
« Ok, c’est parfait dans quatre heures maximums on reprend la mer. »
« Tu es vraiment tendu depuis Parisse ! »
« Toi tu ne l’es pas ? L’homme que je devais protéger est quand même mort sur notre pont. »
« Si je l’ai été, mais vivre dans la crainte et dans le passé ça nous bloque. J’ai compris ça en bossant sur le Manta. Je me concentre sur ce qu’on peut apporter la révolution pour continuer à avancer. »
« Tu as raison, mais les différentes batailles qu’on a menées depuis m’ont apprises que la vie de nos compagnons peut nous être retirée si facilement. »
« Oui, mais il n’y a pas de raison que l’on se retrouve dans une aussi grosse bataille que l’attaque de Treize, ici. Il faut relativiser pour voir la situation clairement et sereinement. A être trop prudent, tu pourrais finir par faire une erreur de jugement malgré tout. »
« Tu as raison, mais j’ai de plus en plus de personnes sous mes ordres. Leurs vies sont entre mes mains. Je veux bien faire. »
« Je comprends, ça ne doit pas être facile, mais il faut que tu délègues. Tu ne peux pas tout faire tout seul. D’ailleurs le capitaine du Manta m’a l’air de quelqu’un de bien et de capable. »
« Nush ? Oui, je l’aime bien. Son équipage l’écoute. Il est sympa et semble avoir la tête sur les épaules. Je devrais peut-être lui faire un peu plus confiance. Mais, il n’a pas encore beaucoup voyagé. J’ai peur qu’il se laisse embobiner bêtement. »
« Oui, mais ce n’est pas en le laissant toujours à bord qu’il prendra de l’expérience. »
« Oui, tu as raison. »

Ailleurs et bien plus tôt. Sur une ile connue que des initiés, dans un bâtiment discret, dans une pièce secrète faiblement éclairée, se tiennent deux hommes nerveux.

« Qu’est-ce que l’on fait pour le dossier 12 352 ? »
« C’est quel dossier encore ? On ne l’avait pas clos ? »
« Si, mais apparemment il est plus important que prévu. »
« Comment est-ce possible ? Tes hommes sont donc des bons à rien ? »
« J’aimerais t’y voir. On gère plus d’un dossier. Puis, ce sont tes hommes également. »
« Moi, je ne gère que les nettoyeurs. Tu me refais le point sur le dossier ? »
Bbzzzz, bzzzz
« Agent coquelicot ! Venez, je vous prie. Faite nous le topo du dossier 12 352 ! »
« Bonjour Messieurs ! Rapport complet ? »
« Oui, je vous en prie. »

« Alors, il y a un mois d’ici, un homme à réussi à s’infiltrer sur G11. Il était sous haute surveillance, mais libre. Le but des instances de G11 était de se servir de lui pour essayer de faire sortir d’autres éventuelles taupes. A l’arrivée de nos agents, quelqu’un l’avait prévenu et il avait commencé sa fuite. »
« Fuir de G11 ? Mais c’est une base qui résiste aux attaques depuis des temps immémoriaux. Elle abrite les secrets du granite marin. On ne lésine pas avec les moyens là-bas, pourtant. »
« Oui. Elle est prévue pour les attaques depuis l’extérieur pas depuis l’intérieur. Puis un concours de circonstance à fait que la base était privée de son colonel et de plusieurs commandants. Soit, passons les détails. Dans sa fuite, il est aidé par deux traitres et en libère un troisième. Ce troisième traitre connaissait le secret pour forger le granite marin. »
« Ha oui ! C’est pour cela que l’affaire est si grave ! »
« En effet ! Dans leur fuite deux taupes murent sur G11. Celui possédant les connaissances, arriva à monter à bord d’un sous-marin avec l’intrus. Il fut cependant gravement blessé. »

« Nous perdons sa trace sous l’eau, mais nous les retrouvons sur Parrisse. Là, un de vos agent snipe la taupe. »
« Affaire réglée alors ?!? »
« Je le pensais aussi, mais le dossier a été rouvert. Continuez, je vous prie. »
« Il nous a fallut un peu de temps, mais nous avons fini par identifier l’intrus. Il s’agit de Yukikurai, un révolutionnaire bien connu. Enfin, sa prime est haute, mais il a l’art de se faire oublier. Il faut bien souvent fouiller dans les dossiers pour se souvenir de lui. Le fait que ce soit un révolutionnaire pose un gros problème. Bien que peu probable, il y a une chance qu’il ait eu le temps d’apprendre la recette secrète. Les agents de Parrisse avaient fouillé son submersible sans trouver de trace de la fameuse recette. Ce qui avait mené à la clôture du dossier et à l’augmentation de sa prime. Cependant, quelqu’un dans les hautes sphères est tombé sur le dossier et a considéré que le risque bien que minime était inacceptable. »
« C’est donc pour ça que je suis-là. Ils veulent donc ce Yukipourave mort ou mort. »

« Yukikurai… Oui.
Après avoir quitté Parrisse, il a refait surface sur Treize lors de la guerre contre le Malevoulant. Ensuite nous perdons sa trace. Il n’a été vu nulle part dans le nouveau monde. Les agents sont sur le pied de guerre dans cette partie du monde. C’est pourquoi, nous pensons qu’il est parti se cacher sur GL. Voilà, les dernières informations en ma possession. »

« Parfaite ma petite, vous pouvez disposer ! »
« Bien monsieur ! »
« Tous les services de renseignement sont à sa recherche. Il ne manque plus qu’une de tes équipes pour suivre la piste et faire disparaitre un révolutionnaire de plus. »
« Ok, je m’occupe de ça. Dossier suivant ? »
« Apparemment, il n’y a pas de dossier suivant tant que celui n’avance pas. »
« Ils sont chiant là-haut. Je déploie mes agents un peu partout. Mission top prioritaire tuer ce type. »

C’est ainsi qu’un groupe de trois CP9 est charger de remonter la piste de ce révolutionnaire avec l’appui de toutes les autres sections. La chasse à l’homme est lancée.

Quelque temps plus tôt, alors que le Divergence faisait son premier arrêt sur Dead End, il était repéré par un agent gouvernemental. Comme plus tôt dans le mois, il avait reçu une note lui disant de notifier tout sous-marin passant par Dead End, il le fit. Surtout s’il avait l’air de posséder des prototypes. Le Divergence avec son mât rétractable n’était pas très discret dans le genre et plutôt reconnaissable en vrai. Et comme avec la fabrication de sous-marin par la base révolutionnaire de Clock Work, il y avait plus de trafic de submersible qu’ailleurs, les agents du CP9 n’était pas loin quand ils reçurent l’information. Certes, Yukikurai et les autres était déjà reparti lorsqu’ils arrivèrent. Mais le problème était qu’ils étaient encore là quand ils revinrent faire les courses pour le colarburant. A croire qu’imaginer le pire, le fait se produire.

Le trio du CP9 était rester sur l’ile pour chercher des indices. La recherche n’avait pas été fructueuse, mais ils comptaient bien rester là. En effet, l’indic était sûr que le sous-marin suspect n’était pas resté assez longtemps pour que leur logpose se recharge. Sur qu’avec un temps de recharge de 20 jours, arriver à cette conclusion n’était pas trop difficile. Bon le seul problème était le postulat qu’il naviguait en suivant un logpose. Et c’est vrai que la manière dont ils avaient disparu mettait en péril cette hypothèse. Mais bon, si leur proie voyageait autrement ils ne pouvaient pas savoir où il était parti. Du coup attendre ici, ne coutait rien. Si, un peu d’ennui et d’alcool, mais c’était ça la vie d’agent gouvernemental un peu d’action entre coupée de parties d’échec.

D’ailleurs Riri et Fifi était entrain de faire une partie serrée comme toujours quand Loulou qui lui était de garde au port vit les deux sous-marins accoster dans le coin le plus reculer du port. Il sortit sa longue vue et observa longuement les deux engins. La description faite par les agents qui avaient fouillé le Divergence sur Parrisse semblait correspondre. Même si on leur avait demandé ces informations longtemps après leur mission. Après tout, un bon agent avait une bonne mémoire et remarquait les petits détails.

Lorsque Yukikurai et son groupe sorti pour aller faire les courses, Loulou avait préparé l’avis de recherche du révolutionnaire. Il regarda plusieurs fois l’un puis l’autre. Oui, ça devait être lui, mais ce n’était pas aussi flagrant que pour d’autre. L’angle de la photo de l’avis de recherche était bizarre ou bien il avait pas mal changé depuis que l’image avait été prise. Il finit par ranger sa longue et se sortit son mini Den Den de sa poche, tout en se préparant à lui filer le train.

Loulou était le plus grand et le plus fort des trois. Il devait faire dans les deux mètres trente. Sa voix était riche et profonde venant de ses entrailles.
« Mushi mushi ! »
« Oui ! Qui a-t-il, Loulou ? »
« Je pense qu’on a touché le gros lot sur ce coup. J’ai localisé la cible. Elle quitte le port. Je la suis. Venez me retrouver ! »
« Très bien. Et de quoi elle a l’air ? »
« Il a l’air plus vieux que sur son affiche. »
« Il a l’air fort ? »
« Difficile à dire comme ça. »
« On te rejoint. »

Celui qui était tout penché, c’était Riri, le plus petit, le plus jeune et le plus nerveux des trois. Quant à celui qui restait droit, c’était Fifi, il n’était ni le plus grand, ni le plus rapide, mais le plus complet et le plus chef des trois du coup.

Lorsque Rifi et Fifi rejoignirent Loulou, Yukikurai faisait toujours ces courses tranquillement.

« Où est-il ? »
« Ils viennent de rentrer dans ce magasin. C’est déjà le troisième qu’ils font. Si c’est comme pour les deux autres, ils devraient ressortir d’ici cinq, dix minutes »
« C’est un gros groupe ? »
« Ils sont un peu plus de dix, mais personnes qui ne semble être une gêne dans le tas. »

Pour ce trio, pas de plan tarabiscoté, ils étaient efficaces et se moquaient de la discrétion. Après tout un meurtre sur une ile de pirate où était le problème. Pas besoin de tenter d’attirer la proie dans un endroit discret, en plein milieu de la rue ça ferait totalement l’affaire. Puis surtout, ils n’étaient pas des marines, pas de sommation, jamais, toujours le coup de grâce en guise de préambule.

Lorsque leur cible ressortit du magasin, ils étaient en position. Riri d’un côté de la rue, Loulou de l’autre et Fifi qui continuait d’observer du toit. Le groupe tourna vers le nord et se dirigea donc vers Riri. L’homme était détendu et discutait au milieu du groupe. Il semblait loin de se douter que des assassins étaient à ses trousses. Riri se mit à marcher dans leur direction. Il se glissa dans le groupe et une fois à portée visa le cœur d’un Shigan. Il se retrouva cependant derrière sa cible sans l’avoir touchée. En effet, cette dernière venait de s’arrêter et de lancer le sac qu’il avait sur l’épaule. La manière dont il s’était retourné, l’avait soustrait de l'attaque.

« Viktor attrapes ! Rentrez au bateau sans moi ! »

Riri cherchait encore à comprendre comment il avait pu rater son attaque surprise, malchance ou technique adverse, que Yukikurai ponctua sa phrase par un uppercut dans son ventre. Bien que surpris, ils étaient prêts à réagir si le plan A ne marchait pas. Fifi se propulsa d’un Geppou, puis d’un Soru et fut sur leur proie avant qu’elle n’ait pu frapper une deuxième fois. Ayant sorti son sabre il fit cinq coups d’estoc devant lui. Sword Shigan Pistol ! Ce qui obligea le révolutionnaire à battre en retraite et à dégainer une arme avec laquelle il para toutes les balles d’air.

Tout alla très vite. Loulou qui était un peu plus loin arriva à fond de balle propulsé par son Soru. Par pur réflexe il utilisa son Haki et son Tekai pour se protéger de la corde à linge tendue par un solide bras métallique. Sonné par sa propre vitesse, il mit quelque seconde à retourner dans la partie. Pendant ce temps, leur cible bondit à l’écart de ses compagnons. D’un Kami-E Loulou, qui était pourtant le plus imposant membre du Cipher Pole présent, passa dans le dos du second de Yukikurai qui tentait de lui barrer la route. Il se propulsa alors dans les airs pour atterrir sur leur adversaire du jour. Car, oui, aujourd’hui il y aurait combat. Alors qu’il se trouvait à la verticale de celui qui devait mourir et que ses collègues lui fonçaient également dessus, ce dernier en profita pour parler.

« Viktor, non ! Ils n’en ont qu’après moi. Prends les provisions, l’équipage et fichez le camp. Il n’y a pas de mais, personne ne doit mourir pour moi. J’aurai déjà bien assez de mal à sauver mes fesses comme ça. »

Bien qu’il ait tenté d’esquiver leur triple attaque, le révo subit une estafilade sur le flanc. Ce qui ne l’empêcha pas de continuer sa tirade.

« C’est toi le chef tant que je ne suis pas revenu. Sauve tout et tout le monde. C’est un ordre. »

Comme leur unique cible était l’homme aux cheveux bleus, ils laissèrent partir le géant aux cheveux mauves ainsi que les autres membres d’équipages.

Bien que n’ayant pas de scrupule, les agents du CP9 travaillaient malgré tout de manière propre. Les attaques dévastatrices et non ciblées n’étaient pas dans leur habitude. En effet, s’il y avait des victimes ou trop de dommages collatéraux, ils devraient en répondre et ils n’aimaient pas la paperasse.

Passons, ces états d’âme, car bien qu’ils soient parfaitement habitué à travailler ensemble, leur cible s’en sortait plutôt bien. Il était doué et ils n’avaient presque plus aucun doute qu’il devait posséder l’haki de l’observation comme Riri et Fifi. En effet, il s’arrangeait toujours pour esquiver les lourdes attaques de Loulou chargées de l’armement. Il parait systématiquement celle de Fifi et s’il devait prendre un coup il choisissait instinctivement de prendre ceux de Riri qui était de loin celui qui frappait le moins fort.

Puis, il fallait avouer qu’on ne surnommait pas leur cible No-Body pour rien. Il était un expert dans l’esquive. Il soustrayait son corps à la dernière seconde, donnant l’impression qu’ils venaient de le traverser. C’était une technique différente du Kami-E, mais le résultat était le même, peu d’attaque le mettait réellement en danger et ce malgré leur surnombre.

Le combat était intense et malgré leur synchronisation, les trois agents gouvernementaux se gênaient à certains moments, tant leur adversaire bougeait bien et semblait lire leur mouvement. Seul Riri suivaient aussi bien les déplacements, mais il était moins rapide et moins puissant. Il se fit d’ailleurs repousser sur ses alliés. Cela créa une ouverture et leur cible fila sur les toits.

Mais à quoi pouvait bien penser ce révolutionnaire ? Avec le Geppou et le Soru, ils étaient impensables de pouvoir les distancer durablement. Ce fut effectivement le cas, la course poursuite dura environ une minute, mais ils parvinrent à le coincer et un nouveau combat s’engagea.

Ce schéma se répéta plusieurs fois, à chaque fois l’un des CP prenait un solide coup, mais rien de trop handicapant. Alors que Yukikurai, lui, prenait plusieurs coups relativement légers. Mais pour lui les dégâts commençaient à s’accumuler.

A peu prêt au même moment Viktor et les autres membres d’équipage arrivaient au port. En les voyant arriver en courant, essoufflés et paniqués, ceux qui gardaient les sous-marins s’agitèrent. Bouly, l’un des plus ancien vint à sa rencontre.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi vous revenez en courant ? »
« On s’est fait attaquer à la sortie de la dernière boutique. Yuki les retiens, pendant qu’on met les voiles. »
« On part sans lui ? Tu es fou ! Je vais l’aider ! »
« Non, c’est un ordre qui vient directement de lui. De ce que j’ai pu voir ce sont des assassins du gouvernement. C’est pour ça qu’il veut qu’on fuie. Il m’a bien précisé qu’il ne voulait pas de mort inutile. »
« Pfff ! C’est nul. »
« Je sais ! Fait sortir le Divergence du port. Moi, je vais m’atteler à fabriquer le colarburant directement dans le Manta. J’ai tous les ingrédients qu’il faut. Aller, ne traine pas, il y en a peut-être d’autre. Tu veux encore voir quelqu’un mourir sur notre pont ? »
« Non, bien sûr que non. J’y vais. »

« Tout monde à bord ! Les ingrédients à bord du Manta. On quitte le port au plus vite ! »
« Des agents gouvernementaux nous attaquent ! »
« Pas d’inquiétude, pour la propulsion, je m’en occupe. »

Viktor étant le bras droit de Yukikurai, il était respecté des autres. Tous obéirent et se mirent à faire les manœuvres pour quitter le port. Il faut aussi dire que sa taille et sa carrure, lui offrait une prestance naturelle quand il donnait des ordres. Les amarres furent larguées prestement, puis doucement ils naviguèrent hors du port.

Lorsque les manœuvres les plus périlleuses pour le Manta furent passer, Nush, le capitaine du Manta vint trouver Viktor qui s’affairait avec les ingrédients.

« Viktor, dis-moi, je n’ai pas vu Yukikurai revenir avec toi. C’est quoi le plan ? »
« Yuki les ralentis puis, il nous rejoint. »
« Il n’a pas besoin d’aide ? »
« Il ne joue pas dans la même cour que nous. J’ai dû me faire à l’idée que j’étais plus souvent une gêne qu’autre chose. Il faut avoir confiance et ne pas risquer la vie de nos camarades. »
« Je comprends. Même si c’est difficile à admettre. »

Nush retourna superviser la sortie du port. Le Manta était un sous-marin qui n’était pas vraiment fait pour voguer en surface. Ce fut donc avec soulagement qu’ils plongèrent au large du port pour attendre la suite. Maintenant que la tension retombait, Nush fit un tour du Manta pour voir si tout le monde était là. Rapidement, il se mit à la recherche de Derrick et Melvin deux hommes poissons comme lui. Son instinct lui disait qu’ils avaient encore fait une bêtise. Il était pourtant pratiquement sûr des les avoir vu à bord en quittant le port. Mais bon, rejoindre la terre en nageant pour des hommes poissons était un jeu d’enfant. Ils étaient sous ses ordres, il allait les ramener par la peau du coup s’il le fallait.

Il laissa une note pour Viktor et sortit à son tour par un des sas aquatiques. Ça allait barder pour ces deux espèces d’alevins.

Le pseudo statu quo semblait pouvoir duré longtemps. J’étais plus fort qu’eux individuellement, mais leur travail de groupe faisait que je n’arrivais pas à leur faire de dommage. A trois, eux, ils avaient plus d’ouverture et me touchaient plus souvent, mais comme il y avait une certaine différence de puissance, j’encaissais plutôt bien. J’allais devoir ruser pour arriver à m’enfuir. Première étape, me rapprocher de la côte, mais bien sûr pas en direction du port. Enfin pas top loin quand même. Aie, merde. Si je réfléchis trop, je me fais toucher.

On se déplaçait constamment, semant la pagaille un peu partout. Là, on venait d’atterrir sur une placette. C’était toujours un peu chiant pour mon empathie, il y avait plein de gens qui criaient qui s’enfuyaient et avaient peur. Les émotions fortes étaient toujours difficiles à ignorer. Bizarrement, j’eus l’impression que dans ce chaos que j’essayais d’ignorer, il y avait deux auras qui fonçaient droit sur nous. Je n’eus pas le temps de réfléchir plus que cela, le freluquet me rattrapa encore le premier. C’était le plus chiant. Il était rare que j’arrive à esquiver ces attaques. Une fois encore, je dus parer. Les deux autres nous rattrapèrent encore. C’était repartis pour une nouvelle danse.

Soudain, je pus lire clairement les deux auras que j’avais senti en arrivant. Ils voulaient clairement taper les hommes en blanc. Ils étaient un peu trop déterminés et trop concentrés leurs intentions étaient trop claires. Mais cela me créa une ouverture. Je me concentrai et frappai rapidement. Icy ! Je réussis à planter mon wakizashi à la base de l’épaule de celui qui n’était ni rapide, ni balèze. La lame passa juste sous la clavicule et grâce au froid émis par mon Ice Heart, son épaule ne devrait pas tarder à s’engourdir. J’avais enfin pu porter un vrai coup.

Après mon attaque, la bataille s’immobilisa quand le corps d’un des assaillants surprises s’effondrait au sol. Je pus enfin regarder qui venait de foncer dans le tas, comme cela. Au sol gisait un homme poisson requin marteau. Et merde, mes soupçons furent confirmés quand je vis que le deuxième assaillant était un requin scie.

« Derrick et Melvin! Mais merde, fichez le camp ! »

Trop tard, Derrick gisait face contre terre et un cercle rouge grandissait au niveau de son cœur. Shigan au cœur, oui c’était le premier réflexe de court sur patte. J’avais mis Melvin dans la merde en criant son nom. Il était maintenant retenu en otage une lame sur la gorge.  Ces deux hommes poissons étaient deux des nouvelles recrues du Manta. J’avais eu l’occasion d’échanger un peu avec eux pendant la chasse sous-marine. Ils étaient plein d’ardeur et de fougues quel gâchis. Une seconde je m’apitoyai sur moi-même, encore un mort par ma faute. Mais je chassai rapidement ce sentiment pour laisser place à la colère. C’était eux qui avaient tué l’un des hommes que j’avais sous mes ordres.

« Du calme, où l’on tue le deuxième ! »
« Je suis calme ! »
« Heu, non pas vraiment ! »
« Que voulez-vous ? »
« Rends-toi sans faire d’histoire et on l’épargnera ! »
« Me rendre ? Mais vous voulez me tuer ? »
« Si tu te rends, on te capturera. »

J’étudiai une seconde les possibilités. Me rendre ? Après les avoir combattu, j’étais sûr que c’était des assassins. Ils ne faisaient pas de prisonniers. Ils me tueraient et ensuite Melvin y passera également. M’enfuir ? Ils le tueront. Mourir ? Ils le tueront. N’y avait-il pas de possibilité pour le sauver.

« Yukikurai, ne vous souciez pas de moi. Je refuse que vous mouriez pour moi ! »
« Toi, ta gueule ! »

Il a raison, mais je dois essayer de le sauver malgré tout.

« Ok, je vais me rendre. »
« Non, ne faites pas ça. »
« Je n’ai pas le choix. »

J’attrapai ma lame par la pointe comme pour la poser par terre, mais au dernier moment la lançai comme on lance un couteau. Le pommeau vint percuter le crâne de Melvin qui perdit connaissance et s’effondra. De surprise petit le lâcha. Je m’étais déjà précipitai et je le ramassai avant qu’il ne touche le sol. C’était la seule idée qui m’était venue. Si j’avais visé l’un d’eux, ils auraient esquivé sans soucis.

Bon, je n’avais plus d’arme et je devais protéger quelqu’un en plus de moi-même. Ça n’allait pas être de tout repos. En effet, dés leurs attaques suivantes je dus prendre un Shigan dans le dos pour protéger Melvin. Ces enfoirés faisaient exprès de le viser sachant que j’allais le protéger.

Heureusement, il reprit ses esprits rapidement et se remit debout. Ce fut alors plus facile mais à peine plus que lorsque je le tenais sur mon épaule.

La situation s’enlisa. L’espèce d’équilibre qui régnait était maintenant rompu. Avec Melvin a protéger, j’étais vraiment désavantagé. Si je ne le bousculais pas constamment, il aurait été incapable d’esquiver la moindre attaque. Grâce à mon mantra j’arrivais à me mettre entre lui et les attaques, mais également à lui faire éviter des coups mortels. Par contre moi, je prenais de plus en plus de dégâts. Melvin n’était d’ailleurs lui non plus pas intact. Ça allait se terminer bientôt d’une manière ou d’une autre.

Soudain l’homme poisson posa sa main sur mon épaule et me glissa à l’oreille.
« Je vais assumer mon erreur, Yukikurai. J’aurais dû écouter vos ordres. C’est ma faute. »

Grâce à mon empathie, ces intentions étaient parfaitement claires. Une seconde, je voulus l’en empêcher, mais une petite voix en moi me dit que c’était la meilleure chose à faire. Il ne fallait pas gâcher tant de détermination. Cette petite voix était sans doute encore mon instinct de survie qui voulait que je vive à tout prix.

Melvin fit alors un pas en avant et se jeta sous les lames et les coups des deux rapides. Les coups qu’il prit étaient mortels, je le savais, il le savait, mais il avait immobilisé deux de mes adversaires. Cela ne durerait pas longtemps, je ne devais donc pas hésiter. C’était donc résolu que j’avais commencé à me tourner face au gros avant même qu’il ne se fasse embrocher. J’armai mon poing en arrière et avec tout ma résolution et la colère de dépendre de son sacrifice, je frappai. Samegawara Seiken ! Mon poing percuta le ventre adversaire qui s’était recouvert de l’armure noire du Haki. Cependant, la vague du requin marteau que je venais d’apprendre frappait directement l’eau du corps. L’impact passa outre sa puissante défense et fit pas mal de dégâts en lui. Il recula même de plusieurs mètres, avant de tomber à genoux.

J’en profitai pour reprendre ma course vers la côte. Le sacrifice de Melvin me permit d’atteindre l’eau sans me faire rattraper. Sa présence me rappela également que le seul endroit où j'étais plus rapide que les agents du Cypher Pole était dans l’eau. Je sautai dans les airs, puis me propulsai plus haut et plus loin. Yukishiki Wing De ce point culminant, je repérai un petit bateau de pèche à voile, plus loin, à mi-chemin du large. Je pris appuis sur l’air et bifurqué dans cette direction, plongeant comme une torpille dans l’eau. Je frappai l’eau comme une balle et la morsure de l’eau salée sur mes nombreuses plaies me fit voir des étoiles une fraction de seconde.

Alors que je nageai, je fis le point sur mes poursuivants. Mon Haki, me permit de voir que Mr gros était toujours en train d’essayer de reprendre ses esprits. Alors que celui que j’avais touché à l’épaule était bien ralenti, sûrement à cause de l’engourdissement qu’il ressentait. Par contre Mr rapide enchaînait les Geppou pour tenter de me suivre. J’espérais que j’arriverais rapidement trop loin pour qu’il puisse me suivre. Que sa fatigue l’empêcherait de me rattraper.

Frappant l’eau comme un sauvage, je me propulsai directement sur le pont de la coque de noix. A mon plus grand désarroi. Mon poursuivant étant encore là, se rapprochant inexorablement. Malheureusement pour lui, je savais comment fonctionnait le déplacement aérien. Concentrant mon empathie pour anticiper l’endroit où il allait poser son pied, je balançai un poing d’air pour venir balayer son point d’appuis. Yukishiki Breath ! L’air n’étant plus solide sous son pied, il chuta. Je recommençai l’opération deux fois pour lui souffler l’air sous le pied. Et finalement une dernière fois, il prit mon souffle en pleine poitrine avant de s’abîmer dans la mer. La voie était maintenant libre.

Je levai l’ancre, dépliai la voile et mis le cap vers le large. Je fis une dernière vérification avant de bifurquer vers le Divergence. Grand bien m’en pris, car si seul l’un des trois gaillards m’avaient suivi, c’était parce que les deux autres se procuraient un bateau pour me suivre. Bordel, je n’étais pas encore sauvé d’affaire. Je regardai partout avec mes yeux et mon Haki à la recherche d’un détail salvateur. Là, mes yeux aperçurent une masse de nuages noires. Je me dirigeai droit vers eux. Rapidement, le vent devint violent, la houle augmenta. Je fus secoué de plus en plus fort et la pluie vint réduire la visibilité à néant. Après, je ne fis que me cramponner le plus fort que je pus et la tempête réussit à décramponner mes poursuivants.

Sauver par une tempête, l’ironie de la nature. Enfin, sauvé par une tempête s’était vite dit, il fallait encore faire le compte des dégâts qu’elle était en train de causer.


De son côté Nush arriva sur le lieu du drame. Il n’y trouva que les corps sans vie de ses deux subordonnés au milieu de curieux. La colère qui s’empara de lui, fit fuir les badauds. Il était en colère tant sur lui-même, qui les avait laissé échapper à sa surveillance que sur leur bêtise qui venait de les conduire à la mort. Il ne pouvait les laisser là. Il passa donc chacun des corps sur une épaule. Il fut surpris de voir que le corps de Melvin serrait contre lui Mizuseisaku le wakizashi de Yukikurai. Il ramena donc aussi vite qu’il le put les deux corps et l’arme. Il était temps de partir.

De retour sur le Manta, Viktor qui avait fini de faire le mélange de collarburant, l’attendait de mauvaise humeur.

« Qu’est-ce que c’est que ce mot ? Où étais tu partis ? Tu es le responsable ici, tu n’as pas à… »
Voyant les corps qu’il ramenait, il garda son savon pour lui. Nush était déjà bien assez secoué comme ça. Il ne ferait plus la même erreur c’était sûr.
« Bon ? On met les voiles. Tu me déposes sur le Divergence et le Manta plonge directement vers CW25. Avec le Divergence on va se cacher ailleurs. Tout le monde déguerpit. Et on obéit ce coup-ci ! »