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Bienvenue chez les Dubal !

Chantonnant, une jeune fille d’une dizaine d'années se balance de droite à gauche sur son siège. Cette petite souriante est seule dans sa chambre. Une pièce de taille moyenne, comme un appartement d'hôtel, plutôt bien équipée. Il y a tous ceux qui constituent la chambre de la petite bourgeoise modèle. Des poupées parsemées ça et là, une coiffeuse dans un coin, un grand lit bien fait aux draps mauves et une penderie avec des robes chics, luxueux et pleins de froufrous. Les froufrous sont à la mode au grand désarroi de cette petite. L’enfant est assise sur son fauteuil au décoratif fleuri - style rocaille, très en vogue dans la noblesse locale.

Elle reluque un plateau quadrillé de noir et de blanc en marbre. Une œuvre d’art servant de jeu pour une jeune blonde. Le seul élément vraiment coûteux, avec les vêtements de cérémonie. A travers cette chambre, on comprend le projet de la mère de cette enfant. Cette petite est sûrement destinée à un rôle de second rang. Assez vive pour être une épouse avantageuse et assez apprêté pour être vu comme un assez bon, il n’y a rien d'extravagant ou d’investissements supplémentaires.  

Cette fillette se nomme Capulina, de la famille de parfumiers luxueux des Dubal. Peu de choses dans cette chambre ne correspondent pas à la réelle volonté de cette petite. Elle aime coudre, mais aucun objet à part un simple kit de couture le montre. Sa mère méprise ce métier de blanchisseuses et de servantes, cela ne fait pas assez noble. Il faut que cela reste une activité de distraction et rien de plus. La blonde préfère les vêtements de couleurs sombres et un style moins chargé et précieux que celui qui tapit sa chambre. Malheureusement, cela rapproche bien trop du style sobre des petits bourgeois pour la matriarche. Il faut totalement adopter l’apparence de la noblesse pour s’en voir octroyer les qualités. Finalement, il n’y a que cet échiquier qui offre un peu de satisfaction à cette pièce. S’occupant l’esprit, on lui reconnait bien cette compétence malgré sa réputation de petit démon.

En effet, Capulina est vu comme la plaie de sa fratrie. Dame Dubal s’y est entièrement désinvesti en la laissant dans son coin. Un rejet continuant à peiner cette enfant qui aimait tant sa mère dans sa petite enfance. Néanmoins, son caractère a commencé à déplaire jusqu’à créer toujours plus de ruptures. Leur relation ne se résume plus qu’à une haine viscérale. Qui gâchera le plus la vie de l’autre? Sa propre mère connaissant le vice, cela en fait un adversaire redoutable.

En ce moment, ces tentatives semblent avoir pris un temps d’accalmie. Capulina se pose beaucoup de questions sur l’avenir. Elle paraît plus calme et surtout très investie auprès des tisserands. Ses parents l’ont laissé s’y intéresser car le temps qu’elle passe là-bas, est du temps de répit pour beaucoup dans la famille. Ce n’est pas pour autant que sa mère le voit d’un bon œil. Elle semble laisser faire comme une carotte au bout d’un bâton, mais il est probable qu’elle sous-estime la passion de sa fille.

Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, on l’intègre pour la première fois dans une affaire familiale. Capulina se doute que cela a plus une allure de punition douce que d’une réelle confiance accordée. Elle reçoit son petit frère Alexandre pour des leçons d’échecs. Parmi ses frères, il est celui le plus conditionné par la matriarche. Espoir d'accès à la noblesse par une carrière militaire toute trouvée, il semble avoir fait l’erreur de ramener des jouets dans sa chambre. Divertissement futile pour une mère ambitieuse, le pauvre enfant est donc envoyé dans l’antre de la méchante sœur. La porte s’ouvre enfin, pendant que la jeune fille remet les pièces en place. Elle se lève pour faire une révérence.

Mon très cher frère, vous avez bien de l’avance. La route n’a pas été trop longue pour vos petites jambes. Hihi ! Je vous en prie, installez-vous.


Dernière édition par Agent Tarentule le Dim 23 Juil 2023 - 12:11, édité 2 fois
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Cette journée avait tout d'une journée ordinaire pour Alexandre. Après avoir passé toute la matinée à apprendre diverses notions historiques et concepts qui lui semblaient abstraits, le garçon de 8 ans avait quartier libre pour l'après-midi. Comme à son habitude, ils se rendirent, lui et sa mère, chez son cher ami Laurie. Sa mère copinait avec la maternelle, tentant de grapiller autant de potins que possible, tandis que les jeunes garçons jouaient à divers jeux à la mode.

Laurie avait la chance de bénéficier d'une éducation plus laxiste que le jeune Dubal. Il avait même plein d'amis en dehors du domaine familial, bien qu'Alexandre n'avait jamais pu les rencontrer. Le jeune noble connaissait donc les derniers jeux en tendances, qu'ils soient physiques ou nécessitant que ses parents mettent la main au porte-monnaie pour lui acheter un quelconque jouet. Si Alexandre ne lui avait jamais explicitement demandé s'il pouvait lui emprunter des jouets, Laurie comprenait bien le mal-être que le blondinet ressentait chez lui. Aucun jouet, aucun divertissement autre que celui passant par l'éducation ou l'entraînement.

Il n'était donc pas rare qu'Alexandre reparte avec un jouet pour s'occuper, qu'il cachait dans une poche ou dans le fond de son sac. Cependant cette fois-ci, il n'avait pas été aussi discret et précautionneux que les fois précédentes, sûrement une prise de confiance trop soudaine. Sa maternelle rentra dans sa chambre sans qu'il ne l'ait entendue. Il n'en fallait pas plus pour qu'une punition s'impose.

Une punition physique ? Non, ce n'était pas le genre de la maison, où l'ambiance n'était pesante que par l'oppression mentale que ressentait le jeune garçon. A la place, il devait passer un moment avec sa grande sœur. Malheureusement, il ne s'agissait ici pas de l'ainée, mais bien de la seconde sœur, Capulina. D'apparence toujours souriante et de bonne humeur, elle était dans la plupart des cas l'origine des conflits et des problèmes à la maison. Était-elle détestée de ses parents ou était-ce l'inverse, ce ressenti était probablement réciproque dans tous les cas.

Il était déjà passé quelques fois devant sa chambre, excentrée comparée à celle du jeune blondinet, mais il n'avait jamais cherché à en franchir la porte. Cette porte, beaucoup trop grande pour un enfant de 8 ans et que sa mère finit par pousser délicatement, marquant le début de sa punition. Poussé plus ou moins délicatement par sa génitrice, Alexandre entra alors là où Capulina était reine et seule au pouvoir.

"- Bonjour Capulina." enchaîna Alexandre suite à la révérence de sa sœur.

Suite à son invitation il prit place autour de la table, s'asseyant dans un fauteuil. Devant lui se trouvait un plateau dont l'apparence ne lui était pas inconnue mais dont il ignorait tout.

"- Qu'est ce que c'est, un simulateur de bataille ? Jouons-nous ensemble contre un ennemi commun ?" questionna Alexandre curieux de savoir ce que la malicieuse avait pu mijoter.
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Tiens donc. Vous voir aussi enthousiaste est surprenant, petit frère !

Capulina s’installe à son tour autour de la table avec un grand sourir. Elle semble de bonne humeur. Elle a l’occasion de partager ses passions avec bien peu de personnes, surtout dans sa famille. La blonde ne se l’avouera jamais, mais elle est ravie de voir la curiosité de son petit frère. Touchant les pièces du bout des doigts, elle fixe le petit blond avec malice.

Un simulateur de bataille, on peut dire cela. Sans le sang, les entrailles déchiquetées, les corps meurtris et la désolation, mais on peut toujours s’arranger. Hihi !

Les descriptions sont volontairement morbides pour instaurer une ambiance bien peu confortable pour un enfant de huit ans. Il aura sûrement pleins de questions à poser à sa mère à la fin de ce cours. Satisfaite, elle se redresse et positionne les pièces dans leur posture de début de partie.

Votre remarque me donne une formidable idée. Commençons simplement par le but du jeu. Il y a deux camps. Les blancs et les noirs, de tradition, ce sont les blancs qui commencent la partie. Chaque camp doit renverser le Roi adverse pour le mettre dans une posture, où il pourra plus fuir la mort ! Gnihihi !

Tout en riant, la jeune fille étend ses bras pour accentuer le machiavélisme. Elle aime surjouer de façon théâtrale ses mots devant des petits. Cela leur fait presque toujours de l’effet. Quoi de mieux qu’une bouille apeurée pour s’en moquer. Elle prend ensuite un élément du plateau, une figurine, plus grande que les autres.

Cette pièce est la pièce maîtresse. Le fameux Roi, lui que l’on doit à tout prix protéger. Il se déplace d’une seule case dans toutes les directions. Voyez cela comme un vieux croulant qui a beaucoup sacrifié pour son Royaume. Ses jambes s’usant sous sa surcharge pondérale, son foie à cause de tous les banquets bien arrosés, sa santé car il est maintenant atteint de la goutte, un illustre personnage dont l’intégrité est nécessaire pour ne pas voir le Royaume sombrer dans les tumultes de la violence, des massacres et des pillages.

Elle repose le roi noir, pour prendre la reine noire avec une expréssion témoignant d’un certain dédain.

Maintenant, sa femme, la Reine ! Elle n’a pas de limite de déplacements, et peut bouger dans les lignes et les diagonales. Considérée comme la pièce la plus forte, elle représente indéniablement un atout de poids. On pourrait la comparer à notre Mère, sans scrupule, redoutable par ses relations, toujours un œil partout et investit dans son Royaume. Mais sans le Roi, elle n’est rien. Comme on dit, l'orgueil précède la chute. Hihi !

Lâchant la reine, sa main s’empare d’une pièce plus petite avec une sorte de chapeau démodé sculpté sur la tête. Les yeux azurs de Capulina semblent briller avec cet objet en main.

Les Fous ! Ils ne se déplacent qu’en diagonale. Rien d’exceptionnel, allez vous me dire? Quelle grossière erreur ! La simplicité peut parfois nous prendre à défaut, si on a le malheur d’être négligeant. Derrière les masques des bouffons du Roi, il y a sûrement bien plus que des saltimbanques. Peut-être des ministres, des généraux ou des assassins.

Déposant délicatement le fou, elle met en lumière une tête de cheval façonnée avec grande qualité. Son ton se veut moqueur car elle a déjà vu des gamins médiocres s’extasier devant la forme de cette pièce oubliant le jeu même. Les petits garçons adorent jouer aux petits chevaux. Malheureusement pour celui qui fait fasse à Capulina, elle n’est pas du genre à lâcher du lest.

La pièce qui fait briller les yeux des jeunes garçons sans personnalité. Le Cavalier. Il y a un déplacement plus étrange. Il faut tracer un L sur trois cases dans n’importe quelle direction. Néanmoins, il est le seul capable de sauter par-dessus les autres pièces. La cavalerie a toujours été connue comme un atout pour une armée, mais il faut savoir bien les utiliser. Cela est bien plus délicat que l’on pense.

La jeune adolescente replace le cavalier noir après fait la démonstration de ses déplacements particuliers. Il vient aux pièces, ressemblant à des donjons de châteaux forts, d'être manipulées par la petite prodige.

Les Tours. Déplacement basique en ligne droite dans n’importe quelle case. Malgré leur forme, elles peuvent aussi bien être offensives que défensives. Dans une bataille, on les peut comparer à des engins de sièges ou des chars. Une fois que le terrain est idéal, ce sont des éléments redoutables si on arrive à les développer.

La tour est remise sur sa case. Capulina se penche sur le plateau, en prenant l’une des pièces les plus petites. Toujours souriante, elle met en place la démonstration des règles avec une certaine nonchalance mesurée. Tenant la petite figurine entre son index et son majeur, elle commence sa démonstration.

Enfin, les pions ! Sur leur position initiale, ils peuvent être déplacés jusqu’à deux cases devant eux. Ensuite, ils ne peuvent que se déplacer d’une case devant eux, et ne mangeant que sur les pièces en diagonale situé à une case devant lui. Il va sans dire qu’il représente la piétaille que l’on envoie mourir pour le Royaume, leurs familles et leurs terres. Ne pouvant reculer, ils combattent désespérément, pensant qu'au-delà de cette mer de fantassins, il y aurait la liberté. Mais il se trompe. Au-delà de cette vague de pions, c’est des plus grands ennemis qui les attendent. Tout est exactement comme leurs ancêtres avant eux. A votre avis, très cher Alexandre, s’ils abattent tous leurs adversaires devant eux, est ce qu’ils obtiendront enfin leur liberté ?
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Alexandre écoutait avec discipline les explications de sa sœur, en passant outre les remarques désobligeantes qu'elle tentait de lui adresser. Après avoir assimilé les différentes possibilités de mouvement, le jeune Dubal réfléchit à voix haute.

"- Pour gagner il faut donc avoir le roi qui vit le plus longtemps, ou plutôt qui se fait tuer en dernier. Il est la seule condition de victoire, mais il ne peut rien faire à lui seul. Les créateurs de ce jeu étaient terriblement provocateurs." chuchotait il.

Il lui semblait évident qu'envoyer les pions se battre était la première étape, ils étaient la chair à canon et avaient pour but de pousser l'ennemi à l'erreur. En revanche, lorsqu'il en venait aux pièces plus importantes, il n'arrivait pas à les classer selon un degré de puissance précis. La reine était la plus forte, évidemment. Mais qu'en était-il des tours et des fous ? Était-il plus favorable de se déplacer en ligne droite ou plutôt en diagonale, afin de perturber la vision de jeu de l'ennemi. Quadriller le camp adverse sans s'exposer, c'était donc cela la difficulté de ce jeu à première vue assez simpliste.  

"- Je vous laisse prendre les pièces blanches, on y discernera plus facilement les tâches de vos efforts que sur du noir. C'est donc à vous de commencer à jouer." déclara Capulina, en tournant délicatement le plateau de jeu pour que les pièces blanches soient face à l'enfant.

D'après sa précédente analyse il lui semblait donc évident de commencer par un pion. Une seule case ou deux, à quels risques pouvaient-ils se permettre d'exposer ses sujets. Il aurait aimé que sa sœur commence la partie, il aurait alors pu tenter d'apprendre en cours de route la manière dont se joue une partie dans sa globalité. Mais ici il était le décisionnaire, celui qui faisait le premier pas. Il avança son premier pion de deux cases, il dégagerait alors plus de place pour ses autres pièces. Du moins c'était sa première réflexion, bien qu'en ayant fait cette décision il comprit qu'elle n'était pas aussi intéressante qu'il ne l'avait imaginée. Il tenta de retoucher à la pièce pour la faire reculer d'une case, mais sa sœur lui jeta un regard qui en disait long. Si l'ordre avait été donné, il n'y avait aucun moyen d'y remédier, quitte à ce que ses soldats en pâtissent.

"- Je comprends, ce n'est donc plus un jeu maintenant que la guerre a été déclarée, n'est-ce pas ?" lâcha-t-il à sa grande sœur, n'ayant qu'un large sourire comme réponse alors qu'elle s'apprêtait à son tour à déplacer sa pièce.

Que pouvait il faire par la suite. Capulina n'avait pas encore réalisé son coup mais il tentait d'anticiper les différentes possibilités, bien que cela lui semblait un peu tôt pour réellement avoir une idée précise du rythme de la bataille. Sortir la reine et faire un carnage, était-ce la stratégie à adapter, quitte à passer pour un fou prêt à sacrifier sa meilleure pièce pour semer la zizanie dans les rangs ennemis ? Ou bien tout simplement sortir un cavalier et compter sur leur flexibilité pour pouvoir attaquer sous différents angles.
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Mine de rien, Capulina n’a jamais vraiment interagi avec ce petit frère. Elle se rend bien compte qu’il est moins aisé à déstabiliser que les autres membres de sa fratrie. Les deux aînés en sont bien plus faciles à taquiner. Celui-ci garde son calme, parvenant à faire naître une certaine frustration. Cette bouille d'élève modèle la rebute. Si les horreurs du monde ne l'atteignent pas, l’adolescente visera l’égo du fayot.

Très cher Alexandre, vous êtes plus éveillé que la plupart des débiles qui nous entourent. Hihi ! Permettez moi de vous faire redescendre de votre pied d’estale !

Malgré les longs moments de réflexion du garçon, Capulina ne lui laisse aucune chance préparant un fameux coup du berger. Sortant sa Dame au deuxième mouvement, le trouble se lit dans le regard d’Alexandre. Elle ose ainsi lui manquer de respect en s’emparant de son matériel de couture pour tisser une serviette de poche. Le regard hautain, du bout de son index, le roi blanc tombe. Le coup décisive venue, elle scande sa remarque piquante.

Echec et mat ! Voilà comment briser un colosse aux pieds d’argile. L’équilibre de la paix est un flux bien fragile, une seule négligence et couic ! Vous perdez vos jouets, vos amis et votre famille. Hihi ! Ce n'est sûrement pas la leçon que l’autre mégère veut vous enseigner. Regardez-vous, très cher. Vous me faîtes pitié. Si bien dressé que l’on se demande si je joue avec un chiot ou un bébé.

D’un sourire enfantin, l’adolescente replace ses pièces. Satisfaite de sa provocation, elle reprend en main son matériel de tissage. Capulina garde un œil, tout de même, sur ce que cette attitude détachée provoque chez son petit frère.

La prochaine, soyez plus attentif et ne prenez pas une éternité pour des coups si médiocres. Je n’ai pas besoin d’une sieste pour le moment. Un indice, les complots les plus ambitieux et redoutables sont souvent ceux que l’on peut contrecarrer de la manière la plus simple qui soit.


L’intention de la jeune fille est implicitement révélée. Continuer ce coup, jusqu’à que le fils à maman parvienne à le contrer par lui-même.
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Alexandre ne savait pas s'il devait considérer la première remarque de sa sœur comme un compliment personnel ou une insulte à sa famille. Ce genre de réplique, Capulina adorait en faire, mettant aussi mal à l'aise que possible son interlocuteur. Cependant après le coup de maître qu'elle venait de lui infliger, il comprit vite que ses paroles n'étaient composées que de mépris et de moqueries hautaines. Sur ce coup là, Alexandre n'avait pas été très malin, exposer son roi aussi innocemment, cela devait sûrement une erreur de débutant. Une erreur dont seule la défaite cinglante suffisait à ne plus la reproduire.

"- Aussi rapidement..." souffla l'enfant entre ses dents serrées.

Lui qui avait essayé d'assimiler aussi rapidement que possible les différents déplacements et stratégies, il perdait aussi vite. Pour une première défaite elle était cuisante. Il aimerait prendre sa revanche, mais il devait penser à d'autres failles que sa stratégie pourrait avoir. Était-il plus judicieux de charger initialement avec sa cavalerie ? Il lui restait encore tant de possibilités à entrevoir. Alors qu'il se perdait dans ses pensées, il se demandait si Laurie avait déjà pu essayé ce jeu bien qu'il n'avait pas pour qualité d'être très patient, une aptitude que ce nouveau jeu demandait.

Alexandre replaçait à son tour ses pièces, en copiant discrètement sur la disposition que sa sœur avait adoptée, prêt à prendre sa revanche. Cependant, avant même qu'il puisse prononcer son souhait de rejouer, Doctrovée, la gouvernante de la famille, toqua à la porte de la chambre, leur indiquant que le souper était prêt. Ils se dirigèrent naturellement vers la salle à manger, qui comportait une longue table en bois taillé, ornée de motifs grâcieux. Une chaise était disposée aux deux extrémités, tandis que trois chaises décoraient chaque longueur de la table.

Alexandre avait l'habitude de se tenir à côté de sa mère qui se mettait à une extrémité. Quant à Capulina, elle s'asseyait généralement sur l'une des deux places centrales, préférant être aussi loin que possible de ses parents, à savoir au centre de la table. Sans se préoccuper des autres, Alexandre s'assit en premier à table, à sa place habituelle.
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Capulina aurait dû s'en douter. Sa mère ne l'a jamais trop influencé son fils avec sa déviance, comme on lui dit. Pourtant, elle avait pris son rôle à cœur et le fait de ne pas pouvoir l'accomplir pleinement la frustre. Elle aura au moins pu lui apprendre les règles de base.

Suivant Madame Doctrovée, Capulina se montre plus hésitante dans son pas. Il se dit que les repas de famille l'ennuient mais, en réalité, c'est dans ce genre de réunion qu'elle se sent le plus rejetée. La jeune fille regarde sa fratrie prendre leur siège un à un comme des toutous bien dressés. Elle prend place la dernière sur l'incitation de Doctrovée. Sa mère ne lui offre même pas un regard. Cependant, une fois installé à ses côtés, elle dédie son attention à Alexandre lui remettant son petit col en place avec grande bienveillance.

Table bien dressé, les quelques serviteurs commencent le service. L'autorité de la matriarche se fait ressentir dans l'atmosphère. Comme un maître d'orchestre, tout semble s'organiser autour d'elle, Oriane Dubal. Cette femme est toujours celle qui ouvre les discussions au sein de sa demeure. Une pièce maîtresse qui ne doit sa position que grâce à son mari. La Reine de cette famille qui imite la noblesse de la manière la plus grotesque qu'il soit.

"Chéri, je regrette que vous n'ayez pas assisté au cours de rhétorique de votre fille. Elle a fait beaucoup de progrès.
-Ah oui? C'est qu'en cette période la parfumerie a reçu des gros clients…"

Le regard de sa femme lui fait comprendre la futilité de ses mots. Il sait ce qu'il doit faire comme toujours, le père, du doux nom de Pierre-Emmanuel, s'y plie comme la dernière des larves.

"Arum. Je suis fière de vous, Alice. Qu'avez vous donc appris?"

La plus grande des sœurs, et la plus docile, jette un regard timide à la mère qu'elle idolâtre. Ce n'est que d'un geste de la tête qu'elle lui accorde la parole. Alice se lève donc, les mains jointes devant elle. Cela promet d'être pathétique.

"Père. Un homme mûr est assis autour d'une grande table à laquelle est disposée une série de plats, de bougies et de décorations. Devant lui, une assiette encore fumante de la viande qu'on lui a servi. Des rides aux coins des yeux, il me regarde et m'esquisse un doux sourire. Sa chemise blanche serre ses formes et son veston encadre ses larges épaules. Ses cheveux blonds plaqués en arrière, un brin de fatigue dans le regard, il reste droit au côté d'une grande femme.
-S’agit-il de moi?
-Oui. Nous avons approfondi la maîtrise de l'ekphrasis et de l'enargeia.
-Comment ?
-La description vivante et détaillée des choses. À mi-chemin entre la description et la narration, en réalité, toute la difficulté est d'en saisir la définition d'un procédé rhétorique aussi large. Contrairement à son usage littéraire, où la nature de l’objet décrit, souvent des œuvres d'art, prime sur l’effet recherché.

Nous cherchons à mettre le sujet sous les yeux de l'auditeur, lui provoquer des images mentales accroissant les émotions de l'auditeur. Cet entrelacement de la mémoire et des images mentales est le socle de l'enargeia, l'ekphrasis en plus narrative. La figure repose sur l'évidence en exploitant l'esprit de l'auditoire pour créer un simulacre de la perception elle-même.

-Je vois."


Pierre-Emmanuel n'a absolument rien compris au cours que vient de lui déballer sa fille. Il joue néanmoins le jeu. Le visage de sa fille s'illumine, fière d'avoir récité sa leçon à la perfection. Quelle triste mascarade. Un peu plus et Capulina ne pourra s'empêcher d'intervenir pour interrompre ce calvaire.

"Alice, dites-nous quelles ont été tes difficultés ?
-Le plus complexe est la justesse de l'exercice. Je me suis souvent perdu dans l'éloge, le blâme et la description object…
-Barbante !"

Il y a certaines limites que Capulina ne peut supporter. La jubilation de sa pimbêche de grande sœur de déballer ses cours en est une. Lui provoquer autant d'ennuis devrait être criminel. Oriane ne lève même pas un sourcil de cette intervention inopinée. Elle l’ignore royalement alors que la sage adolescente attendait une réaction.

"Continuez.
-Le… le mélange des styles a été ma plus grande difficulté. Aujourd'hui encore, l'équilibre me reste fragile…
-Et aujourd'hui encore, je m'endors devant vos discours."


Une nouvelle interruption dont la mère ne relève pas, Alice semble comprendre qu’il ne tient qu’à elle de se défendre pour montrer sa valeur à son modèle. Son ton sévère montre une inimitié.

"Capulina. Personne ne vous a donné la parole.
-Dois je m'exercer à décrire l'évidence pour pouvoir donner mon avis, ma chère sœur?
-Euh… calmez-vous…"


La médiation faiblarde du paternel ne parvient pas à calmer la situation. Son manque d’assurance n’a jamais inspiré le respect. Sa médiocrité semble convenir aux personnes qui le côtoient. Ils se sentent grandis et valorisés par le contraste. La petite peste commence donc sa tirade bafouant d’un soupire l’avertissement de son père.

"Que vois-je? Une fille droite comme un piquet, fermant sa posture de ses bras, les mains posées sur son ventre. Elle contrôle chaque expire et inspire camouflant les battements de cœur résonnant dans sa poitrine. Ses pupilles fixent le reflet des yeux de sa mère tel un miroir de son existence. Lorsqu'elle détourne son regard, sa confiance s'affaisse. Perdue dans les regards des autres, elle se ferme et se vide comme si elle n'était que le pantin…
-Cela ne va pas. Vous mélangez les styles. Vous avez toujours eu l'esprit trop excessif pour ce genre d'exercice. J'en ai assez entendu. Rasseyez-vous.
-Mère, laissez lui répondre…
-On ne vous rendra pas cet honneur, Capulina. Restez à votre place si vous voulez continuer à voir vos blanchisseuses.
-Les tisserands.
-Peu importe."

Les poings serrés, la blonde se rassoit. Ses yeux s’humidifient par toute la colère qu’elle contient en elle. L'humiliation lui est comme un coup de massue. Elle tourne dans sa tête toutes sortes de pensées sordides en se défoulant sur le morceau de viande devant elle jusqu’à en faire de la bouillie. Le silence lourd qui suit cette esclandre met toute la famille dans un malaise. Pierre-Emmanuel tente maladroitement de rompre cette atmosphère trop pesante pour la limace qu’il est.

"Arum. Sinon, à la parfumerie, notre fils a réalisé son premier mélange.
-Passionnant.
-Oui, Mère, j'ai écrasé les fleurs moi-même.
-Bien. Continuez ainsi. Alexandre, à votre tour. Racontez-nous ce que vous avez appris aujourd'hui, mon trésor?"

Le plus grand des frères vient de recevoir l’indifférence de sa mère en pleine face. Bastien se calme en se ruant sur son repas alors que son père lui tape l’épaule avec compassion. Le centre de l’attention d’Oriane Dubal se concentre sur son deuxième fils, Alexandre. Elle a de grands projets pour lui. L’espoir de toute sa vie pouvant éclipser les autres membres de la fratrie. Cette attitude n’améliore pas l’état émotionnel de Capulina que personne n’ose regarder.

Sources:


Dernière édition par Agent Tarentule le Lun 8 Jan 2024 - 13:36, édité 1 fois
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Les voix s'élevaient alors que le repas suivait son cours, rien qui ne sorte de l'ordinaire pour un souper chez les Dubal. L'aînée qui racontait sa journée, sa sœur qui s'en moquait à voix haute et l'autre frère qui passait à la trappe. Alexandre aimait sa famille, vraiment, mais il avait parfois l'impression qu'ils s'entendraient tous mieux si ils pouvaient ne plus jamais partager un repas tous ensemble. Pour preuve, il se détachait déjà des propos qui pouvaient être échangés tant que ceux-ci ne le concernaient pas directement. En apparence, il restait cependant un enfant attentif qui hochait gentiment la tête à chaque information.

Voilà que venait son tour habituel, toujours en dernier comme pour enfoncer le dernier clou qui clôturerait le cercueil que représentait ce repas. Il n'avait pour autant que rarement des choses concrètement intéressantes à raconter, de par son jeune âge.

"- Capulina m'a appris à jouer à un nouveau jeu aujourd'hui, les échecs. C'est une discipline très demandante tant en concentration qu'en anticipation. J'ai encore beaucoup à apprendre, en témoigne ma défaite cuisante que ma soeur m'a infligée, mais découvrir les règles était déjà un exercice très stimulant en soi. J'aimerai poursuivre cette activité avec Capulina si cela ne vous importune pas, mère." demanda alors le blondinet à sa mère.

Lui même n'en revenait pas de faire une telle demande à sa génitrice mais il avait vraiment aimé passer du temps au côté de sa sœur, lui qui n'avait jusqu'à maintenant aucun bon souvenir à ses côtés.

"- C'est une requête pour le moins intriguante mon petit Alexandre. Nous verrons si nous parviendrons à agencer votre emploi du temps en fonction..." soupira Oriane, laissant clairement comprendre à tout le monde que sa demande n'aboutirait jamais et qu'il ferait mieux de se trouver un autre partenaire de jeu.

Alexandre tourna le regard vers Capulina qui ne lui renvoya qu'un haussement d'épaules blasé. Alexandre aurait voulu protester, mais il se rappela que son séjour chez sa sœur était à l'origine une punition, et qu'à part Capulina, personne dans cette famille ne demandait à être à nouveau puni après une première sentence.

"- En dehors de cela, j'ai passé un certain temps chez Laurie à observer les peintures accrochées aux murs, et j'aurai aimé suivre un cours dans ce domaine, si cela entre en accord avec mon emploi du temps." ajouta Alexandre.

"- Oh mais voilà une idée charmante, je ferai venir une connaissance dès la semaine prochaine, je suis sûre que vous saurez vous épanouir et nous impressionner très rapidement !" s'exclama toute heureuse sa mère.

Étonnamment son emploi du temps lui permettait de prendre des cours de peinture mais pas de jouer aux échecs avec sa sœur. Comme ce repas pouvait se montrer révélateur.

En sortant de table, Alexandre rattrapa Capulina qui avait filé en ligne droite vers sa chambre. Il voulait lui dire qu'ils pourraient tout de même voir pour se retrouver et jouer de temps à autre, mais celle-ci l'interrompit avant qu'il ne puisse ouvrir les lèvres.

"- Vous feriez mieux de vous en tenir à ce que mère vous a prévu, petit frère. Prendre goût aux conflits c'est prendre le risque de ne plus pouvoir en sortir. Restez dans votre château, peut être entendrez-vous une souris gratter sous la porte quand vous chercherez le sommeil..." murmura-t-elle avant de fermer la porte de sa chambre aussi vite qu'elle était sortie de table.

Le jeune Dubal ne savait pas vraiment comment interpréter sa dernière phrase. Serait elle là pour jouer avec lui la nuit tombée, ou plutôt celle qui l'empêcherait de dormir ; seul l'avenir le lui dirait.
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