Par pure bonté d'âme

- Si tu as faim mange du poisson !
- Mais je n'aime pas le poisson !
- Mais le chat lui, il doit aimer ! Et puis ça te nourrira !
- Non... Moi je veux des gâteaux, ou de la viande !
- Mais on en a plus ! J'ai essayé dans pêcher mais y'a que du poisson !
- Mais j'en veux paas !
- Tu avais qu'à rester sur ton île ! C'était suffisamment dure comme ça de devoir te quitter mais devoir finalement te retrouver et tout recommencer...!
- Encore une fois c'était pas mon île ! C'était un bateau avec un petit homme ! Et je suis sûre qu'il m'aurait tuée en même temps qu'ils auraient tué le chat !
- Peut être mais...
- Et tu aurais pas eu ton argent ! Tu veux toujours ton argent non ? Tu as dis 200 millions c'est ça ?
- Tu as intérêt de me les donner !
- Mes parents le feront, dès que je serais libre ! Mais pour ça il faut trouver Gluttony ! Et tu dois me nourrir parce que si je meurs, tu auras pas ton argent ! Et en plus tu auras tué un pauvre chaton !
- C'est bon là ! Je fais ce que je peux !

Les larmes aux yeux sous tant de potentiel culpabilité, le débile au chapeau et au pinceau s'apparentant plus à un plumeau continuait de pédaler sans véritablement savoir où nous allions... Car oui, cela faisait maintenant plusieurs jours que nous étions en mers lui et moi, après notre rencontre plus que mouvementée sur Poiscaille où cet idiot d'Alegsis Jubtion s'était mis en tête que si j'étais capable de parler, c'était évidemment parce que le chat que je suis avait mangé une princesse Tontatta.
De là s'était alors déroulée une course poursuite de tous les diables où il a fini par m'attraper malgré tous mes stratagèmes pour le fuir... Mais une fois que ce fut fait, le pauvre cœur fragile du chasseur de prime fut incapable de malmener un pauvre petit chaton aussi mignon que moi...

C'est alors qu'il s'est mis en tête de me ramener lui même sur mon île natale de Tontatta. Je dis "mon" parce que j'ai finalement réussi à le convaincre que la soit disant princesse tontatta dévorée avait pris le contrôle du chat. Seul soucis, c'est que sa stupidité n'a d'égale que... sa stupidité en fait, et qu'il a tenté de m'abandonner aux mains d'hommes dès plus étranges dont j'ai bien crus qu'ils aillaient eux aussi me découper.
J'ai donc du faire un choix rapide : continuer de manipuler cet être stupide incapable de me faire du mal ou tenter ma chance ailleurs ?

Mais ce qui m'a finalement motivé dans mon choix est simple : c'est un chasseur de prime et il m'a déjà emmener dans une caserne de la marine. Et les casernes de la marine doivent pouvoir me mettre en contact avec mon ami d'enfance Toru qui est devenu le nouveau Gluttony et qui semble être responsable de mon état de chat...
Et comme ce chasseur semble trop sensible pour me faire du mal...

- Tu sais où on est ?
- Bien évidemment ! Au milieu de West Blue.
- Et on va où ?
- Tout droit. Cette tontatta est vraiment pas futfut quand même...

Des remarques comme ça, j'en ai le droit à longueur de journée mais vu la personne qui les prononce, ça ne me fait plus ni chaud ni froid. Alors roulant simplement des yeux vers le ciel, mes deux pattes avant sur le bord du pédalo en regardant l'horizon, j'hume l'air marin profondément pour essayer d'oublier les vilains gargouillis de mon estomac.

Un geste qui, bien qu'anodin me fait soudainement éternuer, comme s'il y avait un truc dans l'air qui venait de me chatouiller les narines.

- Si t'es malade, je te préviens, je t'accroche à une corde et tu me suis dans l'eau ! Hors de question que je sois malade à cause d'un chat...
- Je suis pas malade ! C'est juste un truc qui m'a chatouillé le nez !
- Un truc qui te chatouille le nez au milieu de la mer... Allez c'est bon, tu passes par dessus bord !
- Non ! Fait pas ça !

Et voilà que ça recommence. Armé de son plumeau, ou plutôt pinceau, Alegsis tente de m'attraper en gigotant sur son pédalo qui se met à tanguer dangereusement. Moi, vive comme l'éclair j'esquive ses assauts, passant entre ses jambes tandis qu'il se retourne et surpris, prends une grande inspiration qui le fait lui même éternué !

- AH ! Tu vois ! C'est quelque chose dans l'air !
- Tu m'as contaminé !
- Raaah mais non ! C'est pas moi ! C'est l'air !
- Menteuse !

Et alors qu'il profère cette abjecte insulte, j'aperçois alors une île se dessiner devant nous, comme apparu de nulle part.

- Oh ! Regarde, regarde ! On est sauvé ! On va pouvoir manger autre chose que du poisson !

Car oui, l'île qui apparait sous nos yeux n'est qu'à quelques dizaines de mètres de distance et semble tout à fait florissante...
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Car il s’en était remis à une technique de navigation expérimentale, pionnier de l’exploration nautique d’un nouveau genre, Alegsis et la bête – la sale bête – s’en étaient allés aborder l’île par le sud. Celle-ci, bien qu’il eut maintes fois arpenté les Blues sous toutes ses latitudes et longitudes, le chasseur de primes ne la reconnut pas. La ville qui, par-delà le port, se livrait à eux – à moins que ce ne fut l’inverse – présentait à chaque sentier qui venait des murs si blancs qu’Alegsis se sentit de les barioler à la gouache. Le bon sens, toutefois, le prévînt d’une initiative aussi créative que celle-ci. À moins que ce ne fut les coups du griffe du minou s’étant jeté à son visage dès qu’il eut brandi son pinceau d’un mètre et demi. Pour princesse qu’elle fut, Rori s’avéra en effet suffisamment au fait des usages diplomatiques pour savoir qu’on ne peignait pas les murs d’une ville sans y avoir été invité.

Sans trop qu’on leur accorda non plus une attention des plus particulière, il sembla cependant que des œillades fugaces et dubitatives se portèrent occasionnellement sur eux. L’étranger, en ces dédales d’ivoires, se toisait apparemment tel une bête curieuse.

- Dix minutes qu’on marche et j’ai pas vu l’ombre d’un Marine… Marmonna Alegs tandis qu’il réprimait au mieux son besoin irrépressible de dessiner sur les murs immaculés venus le narguer à chaque coin de rue, ces gens-là sont vraiment pas en sécurité, moi je te le dis.

Le raisonnement – si tant est qu’on put le qualifier ainsi – s’avéra alors si fallacieux qu’un regard strict porté sur la réalité environnante suffît à l’infirmer dans l’instant même. Dans cette ville somptueuse, où l’opulence se dégageait du moindre arpent qu’ils furent amenés à parcourir, on ne trouva nulle part le moindre soupçon de crime. C’était à croire que la sécurité n’était finalement pas l’affaire d’hommes armés en uniformes qu'on aurait disséminés partout à travers un territoire donné.
En l’absence de Mouettes, Alegsis se résigna à héler le premier pigeon qui se trouva à sa portée.

- Monsieur, interpela-t-il le premier venu en se saisissant de lui par la manche, vous savez où qu’elle est la garnison de Marine ?

Alpagué si gauchement qu’il crut presque qu’on l’agressa, le blondin en vadrouille, après avoir été contrarié qu’on l’arrêta de la sorte, adressa un regard d’abord circonspect, puis franchement éberlué à l’intention de l’importun. Pas un mot ne lui sortir d’entre ses lèvres pourtant à demi ouvertes et ce, jusqu’à ce qu’un sourire rassuré lui tordit la mâchoire.

- Une garnison de… oh la vache, t’as faillir m’avoir. Le rire quelque peu forcé qu’il exprima alors s’annonça pareil à un de ces souffles de joie qui échappaient après qu’on ait échappé de peu à la mort. Très drôle. Franchement… pas mal. Mais par contre… évite quand même ce genre d’humour par ici. Y’en a qui deviennent chatouilleux quand on leur parle de ça.

Puis, alors qu’il leur faussa compagnie, s’étant alors cru victime d’un canular potache, le passant passa. Au loin, tandis qu’il ruminait ce qu’il venait d’entendre, il répétait encore :

- Une garnison de Marine qu’il me dit l’autre… vraiment… pas mal.

N’ayant pas trop pu – ou même su – comment placer ne serait-ce qu’un seul mot tandis qu’on l’éconduisit si curieusement, Alegsis tordit légèrement son visage de benêt en une moue d’incompréhension patente. Cela, non sans toutefois se laisser abattre, puisqu’il sollicita cette fois un vieil qui, non loin de là, se prélassait sur un banc.
Quand, auprès de lui, on requit à nouveau le chemin pour la garnison la plus proche, le vieillard maigrelet les regarda un peu plus en biais à mesure que ses yeux s’écarquillèrent. Bien qu’on le pensa amorphe du fait de son grand âge, il bondît finalement de son siège d’ivoire, détalant au loin comme s’il s’était soudain trouvé la mort aux trousses.

- Mais qu’est-ce que c’est que ces gens-là encore ? S’interrogea légitimement Alegsis tout en se grattant la tempe avec le revers de son gigantesque pinceau.

Les indices, déjà pléthoriques à l’issue de deux interactions seulement, s’amoncelaient devant eux comme autant de raisons de ne plus évoquer la Marine sous aucun prétexte. C’est donc le plus naturellement du monde qu’Alegsis, après avoir subit deux revers cinglants, se mit en tête d’appeler le Q.G de la Marine à West Blue. Décision brillante s’il en était, heureusement tamisée par l’absence d’escargophone parmi ses effets personnels.
La princesse qui l’accompagna, pas plus dégourdie qu’il ne l’était apparemment, l’encouragea à trouver de quoi perpétrer son forfait dans un lieu de vie. Dans ce spectaculaire dédale d’ivoire, on ne trouvait cependant ni taverne ni autre vulgaire débit de boisson malfamé ; à la place, on se contenta d’un salon de thé. Les standings, en ces lieux, étaient autrement plus huppés que partout ailleurs où Alegsis avait pu y traîner son pinceau.

Il fallut naturellement que le chat lui fit la lecture de la devanture pour analphabète qu’il était afin qu'il trouva où faire irruption.

Plus nacré au dedans qu’au dehors, l’établissement dans lequel ils pénétrèrent s’avéra rutilant sans qu’il ne s’agît d’être tapageur pour ce qui se rapporta à sa décoration. On trouva en effet ici une sobriété clinquante où la teneur immaculée des lieux, jamais, ne fraya avec le m’as-tu-vu.
Installés à une petite table, laissant le chat s’installer sur un des sièges, les deux clients, de si bon matin, attirèrent à eux le tenancier. Celui-ci, corpulent sans être graisseux, avec, au beau milieu du visage, une moustache fine contrastant avec son épais visage rondouillard, leur souhaita la bienvenue dans son salon de thé. Il se braqua toutefois quand, sur un de ses sièges, il aperçut un félin venu y abandonner ses poils.

- Monsieur, je suis au regret de vous annoncer – et je m’en veux de ne pas l’avoir précisé – que les animaux ne sont pas tolérés à l’intérieur. Vraiment, je suis désolé.

Tant de componction ne suffît cependant pas à taire l’inépuisable réservoir d'idées stupides dont Alegsis ouvrit soudainement les vannes.

- C’est pas un chat, c’est ma marionnette. Je suis ventrilo… machin, là.

- Une marionnette, vous dites ?

Les mains jointes, ses paupières closes et son sourire étendu tout du long de sa grosse bouille, il sembla que le maître des lieux fut dubitatif quant à la thèse qu’on lui énonçait.

- Je l’ai pourtant vu bouger. Tenez, à l’instant, il a même remué la queue. Ça ressemble drôlement à un chat vu d’ici.

- Non, non, insista outrecuidamment le chasseur de primes comme s’il eut cru à ses propres mensonges. C’est ma marionnette, je peux la… la manipuler à distance. Parce que j’ai plein de force mentale dans ma tête.

Et, pour mieux assurer qu’il disait vrai, il acquiesça les yeux fermés à ses propres boniments. Son crâne, jusqu’à ce que preuve soit faite du contraire, était manifestement plein de vide. Débonnaire plus que de raison, Alegsis poussa même le vice jusqu’à demander avec entrain :

- Vous voulez que je l’enfile à ma main ?

Rori, bondissant sur le coussin de la chaise, feula aussitôt Alegsis. Eut-elle conservé apparence humaine qu’elle n’aurait alors pas agi autrement.

- C’est vous qui avez fait hérisser le chat, là ? S’ébaudit le propriétaire qui se refusa à croire qu’un animal ait pu comprendre ce qu’ils se disaient. Ma foi, c’est drôlement bien foutu votre histoire hahaha.

Cet hôte qui fut le leur, affable et remarquablement bien élevé, adressait un rire à chaque fin de phrase, attestant d’une honnête et franche bonhommie. Il s’empressa d’ailleurs de leur servir le thé – Rori allant aussitôt laper dans sa tasse – non sans manquer de leur faire remarquer qu’il ne les avait jamais croisés auparavant. Remarque judicieuse qui réveilla Alegsis quant à ses intentions initiales – en tout cas celles que lui commanda le chat – l’amenant aussitôt à réclamer qu’on lui prêta un escargophone afin qu’il effectua un appel urgent. Requête à laquelle le tenancier se fit un plaisir de souscrire, appréciant tout particulièrement ce ventriloque improbable. Le numéro fut vite composé et, sans trop d’attente, un combiné dans une main et sa tasse de thé dans l’autre, Alegsis entama la conversation.

- Salut troufion, c’est Alegsis Jubtion… non, pas « l’autre débile », non... Alegsis Jubtion : le chasseur de primes

Il avait alors presque épelé son état civil de sorte à ce que celui-ci ne put échapper à son interlocuteur. Du reste, cette évocation ostensible ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Le visage avenant et souriant du tenancier, en effet, se figea dans un rictus qui, sans qu’il n’eut à varier d’un iota, sembla perdre toute chaleur humaine en un instant seulement.

- Passe-moi voir un supérieur mon petit bonhomme, Alegs avait à cœur d’impressionner ses auditeurs en prenant de haut le matelot à l’autre bout du combiné, j’aurais besoin qu’on me rencarde sur Glue Tonique.

- Glutonny. Intervint par réflexe Rori, escomptant bien que ce « miaulement » impromptu fut placé sur le compte déjà chargé du ventriloquisme.

- Glutonny, ouais. C’est un capitaine cancer. Non ! C’est pas un canular cette fois. Juré. Que…, la tonalité lui sembla soudain hasardeuse, pour ne pas dire résolument absente, vous m’entendez ? Ça répond plus.

Puis, alors qu’il se tourna vers leurs hôte, Alegsis prit avec bonne humeur ce qu’il tînt pour la cause de l’interruption.

- Monsieur ! Vous avez laissé tomber votre main sur le récepteur sans faire exprès.

- Ah. Oui, effectivement. Il semblerait hahahaha.

Ses rires, alors, paraissaient autrement moins naturels que ceux précédemment exprimés en leur compagnie.

- Oh le maladroit ! Renchérit Alegsis en y allant à son tour d’un ricanement de son cru ; sincère celui-ci.

- Oui… oui… c’est vraiment fâcheux, hahahahaha.

- Surtout que vous avez encore la main dessus en plus ! Jeri-hi-hi-hi-hi ! Alors ça, pour être cocasse alors !

- Olalala, oui, je vous le fais pas dire, hahahaha, poursuivait inlassablement le propriétaire des lieux, son gros visage souriant un peu plus imprégné de sueur à chaque tirade qui lui venait.

Ce chasseur de primes, décidément trop ingénu pour son bien, ne remarqua pas ce que sa « marionnette » comprit bien assez tôt. L’ambiance s’était en effet considérablement tendue, et il s’en était fallu d’un imbécile de la trempe d’Alegsis Jubtion pour ne pas y être réceptif.

- Et puis maintenant, reprenait-il plus péniblement alors que son rire lui fendait la gueule, vous me reprenez l’escargophone pour le ranger ! La chose lui parut si burlesque qu’il frappait du poing sur la table, rythmant ainsi l’hilarité qui le fit s’esclaffer jusqu’aux larmes. Avec ça, hi-hi-hi… j’arriverai jamais… hiiii-hi-hi-hi-hi, j’arriverai jamais à appeler le Q.G de la Marine.

- On dirait bien, hein ? Hahahaha. Répliqua le gros bonhomme d’un rire sans cesse plus crispé.

Rori daigna mettre fin au malentendu alors que celui-ci se prolongea plus que de raison.

- Alegs… je crois pas qu’il plaisante le monsieur.

- Ah… ah oui ? Lui répondit-il les larmes aux yeux, ses zygomatiques toujours autant sollicités, alors pourquoi je me marre autant, hein ?

Tout abcès, pour aussi sale et purulent pouvait-il être, se devait un beau jour d’être percé, quitte à ce que l’ouvrage fut douloureux et salissant.

- Je sais pas. Peut-être parce que... t’es débile ? Peut-être. 

Il fallut en tout cas qu’elle descendit de sa chaise pour le tirer par la tunique avec ses dents. Quelque chose ne tournait décidément pas rond. Ainsi entraîné par l’animal – ne pouvant se résoudre à le calmer d’un coup de pied – Alegs suivit le mouvement jusqu’à se trouver au dehors du salon de thé. Là, il y retrouva une douzaine de gaillards, ceux-ci réunis en un arc de cercle devant l'établissement, le vieillard qu’ils avaient interpellé précédemment planqué derrière la troupe.

- Alors comme ça… tu cherches le Q.G de la Marine, hein ?

- Eh bah quand même, se réjouît Alegsis dans un profond soupir de satisfaction, enfin des gens serviables. Tu vois princesse, faut jamais désespérer, ça finit toujours par s’arranger.

Autour de lui, on entendait le chien des mousquets s’armer et les lames qui, furtivement, glissaient hors de la gaine d’où on les extirpa. Tout portait à croire que c’était eux qu’on finirait par arranger.
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Mais POURQUOI ?! POURQUOI ILS SONT COMME ÇA LES GENS LA ?!

Et POURQUOI JE ME RETROUVE AVEC UN IDIOT PAREIL QUI COMPREND RIEN A RIEN ?!

Alors qu'autour de nous, les gens se rapprochent et deviennent de plus en plus menaçant bien que soudainement douteux du fait de la dernière réplique de ce qui me sert malheureusement de chevalier servant, il me faut maintenant faire un choix et ce, le plus vite possible.

Et dans des circonstances pareil, la douce voix de ma maman résonne à mes oreilles. "Tu sais, il arrivera des fois où, en temps que Princesse, tous sembleront contre toi. Dans ces cas là, tu devras être courageuse et te montrer honnête et bienveillante pour faire entendre ta voix."
Je crois que là, on peut dire que tout le monde est contre moi ! Je souffle alors un grand coup sec pour me donner du courage et me placer debout sur deux pattes devant Alegsis en écartant mes pattes avant pour le protéger même si ainsi placée c'est à peine si je lui protège un tibia.

- Écoutez moi ! Je suis une princesse de... Non, non. Je peux pas parler de Wano, il serait capable de me ramener chez moi ou pire, Alegsis pourrait me traiter de menteuse et encore essayer de me tuer. D'un royaume lointain du nouveau monde ! Oui, tout est vrai. Et ça ne dément pas la version d'Alegsis ! J'ai été... enfermée ! Dans ce corps de chat ! Là aussi, c'est vrai et ça colle au mensonge du demeuré. Mais je ne veux plus être un chat ! Je veux redevenir moi ! Et pour ça, j'ai besoin de Gluttony ! S'il vous plait ! Aidez moi !

Alegsis derrière moi semble tout à fait satisfait de la tournure des événements. Après tout pour lui les gens en face de nous étaient déjà prêts à nous aider en ayant compris notre requête. Et maintenant qu'ils m'ont vu et entendu, ils semblent suffisamment séduit par mon apparence de petite boule de poils innocente pour baisser légèrement leurs armes. On peut alors entendre quelques murmures, quelques questionnements. Après tout, un chat qui parle c'est pas courant et si en plus ce chat est une princesse enfermé dans le corps d'un chat, c'est vraiment bizarre.

- Tu as eu raison de taire ton royaume Tontatta, vu comme ils ont eu du mal a comprendre qu'on cherchait la marine, ils auraient rien compris.

Retombant sur mes quatre pattes, je tourne la tête d'un air agacée vers Alegsis qui n'en manque pas une pour dire n'importe quoi. Est ce qu'il le remarque, bien sur que non. Et c'est même pire que ça. Soudain mon visage affiche une expression de terreur quand je vois celui ci ouvrir la bouche pour parler à l'assembler. Je le connais assez maintenant pour savoir que quoi qu'il dise, cela ne peut qu'empirer la situation !

Heureusement, le serveur ouvre soudainement la porte violemment dans le dos d'Alegsis qui percute alors son pinceau et le déstabilise assez pour le couper dans son élan de parole. Moi, rapide comme un chat, j'esquive l'idiot qui a bien failli me marcher dessus d'un bond et fait alors face au serveur.

- Ce chat n'est qu'une peluche et cet homme est un chasseur de prime ! Ne vous y méprenez pas ! Il veut tous nous avoir ! On ne doit pas le laisser s'enfuir d'ici !

Finalement, l'intervention n'était peut être pas une si bonne chose...

Mon regard se noircit alors de terreur tandis que je sens l'atmosphère changer. Bon, maman, je suis désolée, j'aurai essayé mais là, faut que je me débrouille en oubliant tes conseils et dans ces cas là, le mieux à faire c'est encore de hurler.

- KYYYYYYYYYYAAAAAAAAAA

Mon cri résonne si fort qu'il fait exploser les vitres du salon de thé et oblige tous les citoyens du coin à se plier en deux pour se boucher les oreilles. Même Alegsis semble légèrement remuée mais moins que les premières fois où j'ai utilisé ce pouvoir sur lui. Et profitant de cette distraction, je saute alors jusqu'à la cheville de mon idiot de serviteur, attrape le bas de son pantalon dans ma bouche et le force à le suivre en courant le plus vite possible loin de ces affreux !

Et une fois le mouvement initiée, je me tourne vers lui, ma voix encore une fois cassée et presque inaudible à cause de mon cri.

- On doit se cacher !


Dernière édition par Rori le Jeu 13 Juil 2023 - 10:17, édité 2 fois
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Jamais, même s’il se fut trouvé dans les ténèbres les plus opaques qui soient, Alegsis n’aurait pu passer inaperçu. Il y avait un quelque chose chez lui qui, irrésistiblement, attirait aussi bien l’ire que l’attention du tout venant. Peut-être était-ce sa grande gueule ; celle qu’il fut infoutu de taire même à présent qu’ils se trouvèrent poursuivis et sommés de se cacher.

- T’inquiètes pas, princesse, annonça-t-il à mot couvert, quoi que bien assez fort toutefois, la Marine elle sait justicer tous ses gens-là comme il faut. Ils vont venir nous aider.

Vaine et illusoire s’avéra son espérance.
Le verbe « justicer » était par ailleurs de son cru. Le néologisme, alors, si l’on se fia au contexte, recouvrait apparemment le concept même d’iniquité dans la répression et l’application d’une hégémonie impériale par des moyens armés. Alegs aimait quand les choses se « justiçaient », car ainsi en allait-il du bon ordre des choses. Du moins, le lui avait-on dit.

- Moi je dis, un petit Buster Call, BOUM ! PAAH PAAAH ! PAPAPAPAPA ! BAAOUM ! PrrSshHhh, les bruitages étaient de lui, et tout le monde est sauvé.

- Tout le monde… sauf ceux qui sont dessous.

Sans doute son altesse sut-elle qu’il fut vain d’attendre de lui qu’il se tut. Aussi, confrontée à de pareilles insanités, avait-elle préféré lui porter une objection sur le fond plutôt que sur la forme. La réplique, bien que miaulée du bout des lippes, fut néanmoins assez stridente pour que son interlocuteur en ressortit soufflé, sans trop trouver à y redire. C’est sans peine, toutefois, qu’Alegsis trouva en lui les ressources afin de bricoler en vitesse un argument aussi fondé qu’il parut extrait d’un fondement.

- Bah... ils avaient qu’à pas être là.

Le raisonnement se tenait pour peu qu’on prit la peine d’arrêter de réfléchir. Alegsis, comble de l’idiotie, avait en plus énoncé sa répartie avec un petit air fier, s’étant imaginé très malin de l’avoir si bien formulé.

Rori eut ainsi droit à l’élaboration sommaire de la profession de foi d’Alegsis Jubtion. Tout son sens politique s’était ainsi dévoilé à elle en une version résumée pour mieux qu’elle savoura l’ineptie dont il semblait être fait. À l’écouter – et quel supplice que celui-ci – le Gouvernement Mondial, en tout temps, en tout lieu et en toute chose, était en droit – si ce n’est en devoir – de s’adonner à toutes les exactions possibles et imaginables et cela, parce qu’il était le Gouvernement Mondial. Les imbéciles, cela se savait, étaient les plus sensibles aux arguments d’autorité. Leur suffisait, à ceux-là, qu’une autorité désignée comme compétente leur souffla une injonction pour que chacun obéît avec le sentiment d’avoir accompli son devoir civique. Peu importa à ces gens-là les notions de Justice ou de légitimité du moment qu’un ordre ; ou plutôt une parodie d’ordre, leur permit de prospérer comme un ramassis de cafards. Alegsis Jubtion, contrairement à la plèbe bêlante, avait au moins l’excuse d’être suffisamment abruti pour croire sincèrement en ce qu’il proférait. Son loyalisme, contrairement à tant d’âmes en ce bas monde, ne lui servit pas à maquiller sa lâcheté. Personne en effet ne pouvait faire le procès de sa bravoure ; son inconséquence étant telle qu’on le crut intrépide.

- Y’a des gosses qui ont entendu quelque chose là-bas. Les interrompit la voix d’un de leurs traqueurs, ceux-ci venus remuer jusqu’à la moindre parcelle d’ivoire afin de les retrouver.

Du tintamarre, après la représentation son et lumière du Buster Call bruitée bouche, il y en eut en effet un de si perceptible qu’on put s’étonner qu’Alegsis et le minet ne furent pas déjà retrouvés. Désemparé car surpris, à moins que ce ne fut l’inverse, agissant alors plus irrationnellement qu’il n’en était capable au naturel – ce qui n’était pas une mince affaire – Alegsis avait réagi avant même que le moindre influx nerveux ne lui parvint jusqu’au ciboulot. Par réflexe – il avait de drôles de réflexes Alegsis – il s’était emparé de la princesse par la peau du cou et, tandis qu’on s’approcha d’eux, s’était écrié, hagard et hébété :

- Je… euh… Brush Crush ! Le chat dans la gorge !

Et de cette technique si superbement improvisée sur le tas, malgré les « Non… non ! Non. Nononononononon…. ! » de protestation émanant du projectile auquel il fut résolument sourd, l’artiste balança la princesse et visa au cou du premier assaillant qu’il aperçut dans la ruelle. Sur cette diversion aussi stupide que superflue, il courut aussitôt dans l’autre sens, utilisant son pinceau de combat comme d’une perche afin que l’appui de son saut lui permit de passer par-dessus le cul de sac d’ivoire et de disparaître derrière. Ce ne fut qu’une fois sa course accomplie qu’il réalisa enfin, le visage stupéfait et ahuri :

- Mais, attends… Elle est passée où la princesse ?

Il avait de mauvais réflexes Alegsis. Le genre irréfléchis. Ça lui jouait des tours ; à lui et à tous ceux qui, de près ou de loin, en faisaient malencontreusement les frais. Sans le savoir, à présent qu’elle se trouva hors d’atteinte de ses maladresses, la petite chatte fut plus en sécurité entre les mains de révolutionnaires qu’à ses côtés. Ce qui ne l’empêcha pas de vouloir impérativement voler à son secours.
À lui, tout petit, on lui avait trop lu les histoire ridicules de pirates venus sauver princesses et royaumes en danger. Ce genre de récits, aussi navrants qu’ils étaient mal inspirés, avaient en tout cas eu une suffisamment mauvaise influence sur lui pour qu'il s'en retourna batailler contre plus forts que lui.
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Souffle coupé par le choc contre la gorge du type qui souffre alors du même syndrome que moi, me voilà alors attirer par la gravité et, heureusement, malgré ma mauvaise posture, je retombe sur mes pattes. Oui, être un chat à pas mal d'inconvénient, comme par exemple le fait de pouvoir servir de projectile sans réussir à l'en empêcher... Mais heureusement il y a au moins cet avantage qui compense la chose.

Un avantage un peu trop léger cela dit parce que l'homme n'était pas seul et que d'un regard vers celui qui aurait du me ramener à Gluttony, je ne trouve plus qu'un vide tandis que de dans mon dos je sens une nouvelle main m'attraper par la peau du cou et me soulever du sol. Franchement... Le corps d'un chat est quand même mal foutue ! Dès qu'on l'attrape de cette manière, hop, la queue et ses pattes se replient, devenant presque incapable de bouger.

- On en fait quoi de ça ?
- Jérémy à dit que c'était une marionnette non ?
- T'en connait beaucoup des marionnettes qui court toi ?
- Mais du coup ce serait un chat qui parle ?
- Un utilisateur de fruit du démon ?
- Mais c'est pas une coéquipière de Tempérence qui à le fruit du chat ?
- Y'en a peut être d'autre ? Un fruit du chat nain ?

Et voilà que la grosse brute qui me tient se met à me secouer.

- Hé ho, tu sais parler ou pas ?

Ouvrant grand les yeux vers lui, je le fixe un instant en réfléchissant. Jusque là, parler ne m'a apporté que des problèmes, surtout depuis que je connais Alegsis. Et puis, finalement, depuis que je suis avec cette idiot de chasseur, la seule fois où quelque chose s'est bien passé pour moi, c'est quand j'ai miaulé alors...

- Ronronronronronron.

Forçant sur mes pattes avant pour faire des petits mouvements de patounage en ouvrant et fermant mes coussinets dans la direction de la grosse brute sans sortir les griffes, bien évidemment, je lui fais mon plus beau regard de pauvre petit chat innocent.

- Ohh... Trop mignon !.. Disent-ils tous en cœur.

L'homme alors m'approche de son buste et me pose sur son avant bras pour pouvoir me faire des gratouilles dans une bien meilleure position tandis que je continue de ronronner. Ça aussi, j'avoue, c'est un avantage des chats. Le ronronnement qui fait craquer n'importe qui. Quand j'étais encore princesse à Wano, je me souviens que ma mère parlait de la ronronthérapie qui aidait à se calmer et s'endormir, surtout quand on était triste parce que ces idiots de parents avaient vendu l'ami de leur fille à un marchant d'esclave juste parce qu'il était différent... Ah, pauvre Toru... Enfin, il aurait quand même pas du me transformer en chat celui là ! Quand je le retrouverai, il va m'entendre !

- Bon, maintenant qu'on sait que ce chat est inoffensif, faut qu'on retrouve son maître qui doit surement l'utiliser pour piéger ses proies !
- User d'une si mignonne créature... Ce doit être un être abject pour oser faire cela !

Abject ? Non, juste idiot, mais je vais bien me garder d'ouvrir ma bouche moi... Dès qu'ils m'auront lâchée, je retourne au pédalo en espérant que mon chauffeur en face de même.

- Je vous laisse le poursuivre. Moi je vais m'occuper du chat.
- T'es vraiment le pire Fred.
- Hé, c'était un esclave d'un vil chasseur au service du Gouvernement Mondial qui a tenté de nous vendre à la marine. Lui aussi à le droit au secours de la révolution !
- C'est ça ouais... Bref, Kévin, avec moi, faut qu'on choppe cet ordure !

Et tandis que deux des hommes s'en vont le troisième me garde dans ses bras et m'emmène ailleurs... Mais mais mais... C'est pas DU TOUT ce que j'avais prévu moi. En plus si c'est des révolutionnaires, comment je vais faire pour les convaincre de retrouver Gluttony ?! Non non non ! Ce plan marche pas du tout !

Alors, dès l'instant où les deux autres sont partie, j'attends que le troisième relâche un peu sa vigilance tandis qu'il me susurre des paroles à la fois gaga et rassurantes et d'un bond surprise, je me jette au sol et cours, cours, cours !

- Hé mais reviens ! Je ne te veux aucun mal !

Raahh mais c'est pas possible, il va pas me lâcher celui là ! Bon, puisque j'y suis obligé ! Nuage de poils !

M'ébouriffant d'un coup, un nuage de poils se décolle de mon corps et me permet de me jeter dans l'ombre d'un pot de fleur à l'abri des regards. Et là, bien roulée en boule, j'attends que mon poursuivant me dépasse avant de grimper sur les toits et de revenir sur nos pas pour tenter de retrouver Alegsis... Une chose assez facile normalement : il suffit de tendre l'oreille et de suivre les cris...


Dernière édition par Rori le Jeu 13 Juil 2023 - 10:18, édité 1 fois
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- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaAAaaaA
*kof* AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !


Strident et remarquablement audible fut ce cri-ci. Un qui manqua de réserve, de tact et de discrétion. Aussi, pareil bruit – si l’on suspecta qu’il jaillît des tripes d’un Homme et non de celles d’une bête curieuse – ne pouvait dès lors qu’être le fait d’Alegsis Jubtion. Un haut-fait. Un autre à son actif.
Pour le moins déchirant – en tout cas assourdissant pour qui ne serait tenu trop près de l’animal – on  lui devina un quelque chose de terrible à ce hurlement. Alegsis avait-il été trouvé par les révolutionnaires mis en branle pour sa capture ? Ceux-là, l’avaient-ils perforés par la poudre et le glaive afin de lui arracher l'agonie depuis les cordes vocales ?

Que dalle. Le chasseur d'hommes en vadrouille, il était sain, sauf et décidément trop bien portant considérant les circonstances. Dans son indolence infinie, bien qu’en proie à une course-poursuite, il s’en était retourné dans les dédales de la ville nacrée d’ivoire. Sans doute estima-t-il que l’attention dont pouvaient faire preuve ses poursuivants n’excéda pas sa capacité à rester concentré plus de dix secondes. Aussi l’avait-on trouvé là, bruyant et insupportable, fidèle à lui-même, son visage aplati contre la devanture d’un commerce.

- De la peinture à moitié prix ! Mais c’est pas possible, je suis… je suis au paradis !

De là seulement lui était venu son cri, et de nulle part ailleurs. C’était un garçon expansif, Alegsis. Expansif, et très franchement impressionnable. Excepté, bien entendu, lorsque la nécessité lui imposait de l’être.
À seulement constater les prix de la gouache en vente, il s’était senti transporté vers les cieux. Mais d’avoir, par pure mégarde, effleuré et esquinté les rivages d’Aeden ; de cela, il n’en fut pas impressionné le moins du monde. Et pour cause : il n’en était même pas conscient. Toutefois, l’imbécile heureux qu’il était ne s’était pas totalement fourvoyé quant à ses hypothèses géographiques.
Il était vrai qu’au Paradis, là où il supputa s’être trouvé, les simples d’esprits y avaient effectivement un sauf-conduit garanti. Toutefois, si de Paradis il était effectivement question en ces lieux, ce n’était que celui d’un Paradis révolutionnaire.

Vautré contre le vitre du commerce qu’il toisa si avidement jusqu’à en baver, Alegs fut décollé de là d’une poigne preste et solide venue presque le soulever du sol. Il s’agissait, à nouveau, du petit contingent de concitoyens zélés venus plus tôt lui chercher querelle. Déclamer si haut sa surprise d’avoir découvert un commerce qui bradait si bien ses prix, vraisemblablement, avait porté malheur à ce malheureux chasseur de primes.
Haut de bien trois mètres, le premier de peloton, si musculairement doté, s’imposa de facto comme le chef de meute. Il avait alors, à la force d’un seul bras à peine, décollé Alegsis de trente bons centimètres par rapport au sol. Le bougre, ainsi saisi, eut alors beau marteler pareil golgoth à coups de son pinceau martial, qu’il s’y serait usé les bras en vain.

- Comme on se retrouve.

Il fallait bien une réplique pour marquer le coup, le costaud avait opté pour celle-ci. Il n’était, cet homme-là, que peu versé dans les arcanes de la répartie. Rien qui ne fut dommageable à son quotidien cependant, puisque le verbe était effectivement dispensable dès lors où l’on savait magner le poing.
Si Alegsis, dans l’instant présent, ne trouva trop quelle technique emprunter à son répertoire pour s’émanciper de sa capture – tout geste vif conduit par le pinceau appelant à une réaction brutale de ses adversaires – il piocha dès lors dans les techniques de ses proches. Notamment de celle qui, ces jours donnés, fut la plus proche de lui.

- Ronronron, avait-il soudain « bataillé » après avoir pris son ravisseur dans ses bras et s’être lové la tête contre ses pectoraux. Stratégie subtile s’il en était.

- Oh ~ ♥ trop mign…. NAN MAIS POUR QUI TU NOUS PRENDS ! S’était bien vite ressaisi son adversaire bien qu’un instant pris au dépourvu.

C’est de peu, en effet, que tous ces caïds venus l’entourer avaient manqué de se laisser attendrir, après qu’ils eurent toutefois découvert que, sous la pelure de ce félin-ci, on n'y trouvait qu'un gros blaireau.

Bien qu’il parut très en colère de cet attentat ronronné tel que celui qui perpétré à son endroit, le grand gaillard ne put toutefois réprimer un sourire avant de se laisser aller à un rire jovial. À la grand stupéfaction de ses compères, il posa même Alegsis sur le sol, lui tapotant son chapeau d’un de ses battoirs au point de lui enfoncer son couvre-chef sur les yeux et le sonner.

- Sacré toi, va. S’amusait-il de la présente altercation avant de très franchement choquer ses acolytes. Allez, file. Et qu’on t’y reprenne plus.

- À la revoyure roulures, le salua alors  Alegsis à présent qu’il leur faussa compagnie sans se faire prier.

La remarque ne s’était voulue en aucun cas agressive – en attestait le petit « coucou » qu’il leur adressa de la main alors qu’il les quittait. C’était simplement ainsi, en des lieux bien précis et fournis en éthanol, qu’au Cimetière d’Épaves, les piliers de bar se disaient au revoir. Alegsis, trop de fois dans sa prime jeunesse, avait en effet accompagné qui son père, qui son maître, en ces lieux si curieusement famés.

- Mais… on l’arrête plus alors ? S’étonna Kévin, à moins qu’il ne s’agît de l’autre.

- Oh, il faut bien que jeunesse se passe, hahaha ! Rétorqua aimablement le grand type comme s'il ne s'était agi que de broutilles. Ne soyons pas trop sévères avec lui. On a tous été jeunes et chasseurs de primes que je sache.

Cette tempérance dans le propos, ce laxisme dans la doctrine ; ses camarades ne le reconnaissaient plus. Du reste, cette dernière phrase les amena à se jeter quelques coups d’œil légitimement inquiets. Quelque chose ne tournait décidément pas rond. Pas aussi rond en tout cas que ce qu’un des sbires ambiants découvrit sur la nuque de leur meneur.

- Mais attends, c’est quoi de la tache jaune que t’as sur le cou ?

Sans trop qu’il n’espéra une réponse à sa question, le curieux passa aussitôt l’index dessus, étalant le motif jaune qui parut dessiné à la peinture. Un de ceux qu’aurait par exemple pu dessiner Alegsis du bout du doigt tandis qu’il s’était jeté dans les bras de son poursuivant, les mains qui plus est croisées derrière son cou.
Alors, ce sentiment de légèreté béate qui s'était si soudainement emparé du colosse s’annihila dans l’instant. Revenu à lui, furibond, il attrapa deux des hommes les plus proches de lui à la gorge et les souleva jusqu’à son visage rendu rouge et crispé par une rage qu’il n’exprima qu’entre ses dents.

- Qu’est-ce qu… pourquoi vous l’avez laissé s’échapper bougres de couillons ?!

- Mais c’est toi qui…

La discussion, dont les enjeux laissèrent entendre une gueulante en devenir, tourna court cependant. Non loin derrière eux, à même pas cent mètres, Alegsis avait continué à vaquer à ses occupations comme s’il les eut considérés comme une affaire classée. L’artiste-pitre, après s’être adonné à un discret Color Trap du bout du doigt, s’imagina sans doute hors d'atteinte à jamais.
Manifestement trop peu au fait de ce qui avait cours par ici – ignorant même tout des tenants dudit « ici » - Alegs n’avait en effet jamais tenu les vigilants révolutionnaires que comme une troupe de voyous se plaisant à indisposer les touristes. Il avait, à l’entendre vociférer si haut et si bruyamment comme il ne le faisait que trop souvent, retrouvé son chat. À moins que ce fut l’inverse, cette dernière ayant sans doute eu à cœur de s’assurer qu’il ne commît aucune énormité lorsqu’il ne fut pas sous sa garde. C’est d’ailleurs elle, quand elle vit les gaillards s’approcher à nouveau d’Alegsis, son dos nonchalamment tourné à eux, prévînt ce dernier du risque encouru considérant ce que celui-ci avait d’imminent.

- Attention, les revoilà !

À nouveau, les réflexes entrèrent en piste ; mais domptés cette fois- ci. Car une fois de plus, le chasseur de primes s’était emparé du chat par la peau du cou – la peau du COU. Mais, précisément car un chat échaudé craignait l’eau froide et que, ce chat-ci qu’il tenait en main, Alegsis le chiffrait à 200 millions, il se contenta cette fois de le brandir devant eux plutôt que de le leur jeter à la gueule.

- Brush Crush : Chaquarelle !

Comme le héros antique qui, jadis, avait brandi la tête de Méduse afin de pétrifier qui porta son regard dessus, Alegs avait ainsi astucieusement trouvé la parade afin qu’il expédia promptement les affaires courantes. Sa partenaire, les yeux larges et humides, maintenant qu’elle fut brandie sous leur nez à ces révolutionnaires vindicatifs, les attendrît tous au point où ceux-ci, trouvés si soudainement en proie à l’émoi, demeurèrent figés et béats devant créature si mignonne. Il sembla qu’au terme de cette démonstration de force atypique, la féline, de ses yeux seulement et de son petit museau renfrogné, avait fait fondre et dégouliner la masse humaine devant elle comme de la gouache à l’eau le temps d’une aquarelle.

Profitant qu’ils furent ainsi rendus à cet état navrant d’impuissance, Alegsis eut tôt fait de s’enfuîr en courant, sa deuxième « arme » cette fois toujours en main.

- Faut vraiment qu’on la trouve la Marine, là. Comprit-il bien tard alors que tout ce que la ville nacrée compta de vivant autour d’eux commença à s’investir à son tour dans la traque qui les concernait au premier chef. Parce que, persistait-il tout en courant, des gens qui vendent de la peinture à ce prix-là, moi je dis, c'est criminel. C’est pas possible autrement.

On avait les déductions qu’on pouvait. Les siennes, en tout cas, ne l’avaient pas encore conduit à admettre que, sur cette île où l’air embaumait la révolution jusqu’au moindre parterre de fleurs, de casernes estampillées « Gouvernement Mondial », il n’en trouverait pas des masses. Resta à espérer, pour leur salut commun, qu’il se trouverait au moins un encéphale dans une de leur caboche pour enfin tirer ce constat élément et agir conséquemment.

En foutant le camp, par exemple. C’étaient en effet des choses qui se faisaient quand, en féal ardent du Gouvernement Mondial, on atterrissait au beau milieu d’une ruche à révos.
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Pas possible autrement non... Je me demande si cette déduction lui ai vraiment venu grâce à la peinture ! Et tandis que nous courrons à travers la ville, il me semble de plus en plus évident que nous ne trouverons pas de marine ici.

Ce qui m'a mis moi la puce à l'oreille ? A priori ces hommes sont des révolutionnaires qui le crient sur tous les toits. J'ai beau pas connaitre grand chose du monde, j'ai quand même appris que si je voulais pouvoir chanter tranquille sur le maximum d'île possible, il valait mieux pour moi ne pas trop fréquenter les gens de ce groupe là... C'est du moins ce que disait mon agent quand j'étais chanteuse !

- Alegsis ! On doit quitter l'île ! Y'a pas de marines ici !
- Mais qu'est ce que tu racontes comme bêtises encore ?! La marine est partout enfin !
- Oui bah elle est partout sauf ici ! C'est pour ça que les gens nous en veulent tous !
- Hm... Alors c'est ça ! C'est une île de criminel utilisant les mêmes techniques que moi ! Les Enfoirés !

Je... Je me demande si je fais bien de rester encore avec lui... Oui il est benêt, oui, j'arrive à le manipuler mais... Mais c'est dur quand même. C'est dur et surtout dangereux ! Y'a qu'à voir comme il m'a jeté ou utilisé comme arme pour fuir !

- Tu ne nous échapperas pas !

Et une nouvelle fois, des poursuivants sont toujours sur nos talons et nos côtés. Et un détail me frappe soudainement. En fait, ils n'en veulent qu'à Alegsis.

Je ralenti alors l'allure et fini par m'assoir tandis que nos poursuivants me passent à côtés en regardant le chasseur de prime s'enfuir à toute jambe en continuant de me parler alors que je ne suis plus à côté de lui. En y réfléchissant bien... Peut être que je trouverai des révolutionnaires capable de vouloir s'en prendre à Gluttony et donc de m'amener jusqu'à lui ? Où alors, il suffit juste que je me cache sur un de leur navire pour aller sur une autre île où j'irai moi même voir la marine...

Finalement, pourquoi je m'embête à rester avec cet idiot, hein ?

- Oh ! Tu es là ! Je t'ai enfin retrouvé !

Je tourne alors ma tête de petit chat vers le révolutionnaire de tout à l'heure qui a décidé de m'appâter avec un morceau de poulet pour gagner mes faveurs de félins. Bon choix ! Il me plait bien finalement. En plus, j'avais faim avec toute cette cavalcade.

- Mia.
- Oh, trop mimi

Et tandis que je mange mon bout de poulet, j'entends au loin les cris du chasseur de primes qui vient de se rendre compte que je ne suis plus prêt de lui. Alors, rapidement, je me frotte aux jambes de l'inconnu pour m'offrir des vacances bien mérité dans un environnement où je n'aurai pas à lutter pour manger pour quelques jours.

Et quand ça ira mieux, alors je me trouverais bien un bateau pour reprendre la mer tandis qu'Alegsis sera loin, très loin. Ou mort. Ça dépendra de ses prouesses pour fuir cette île...
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