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Opium, crime et antiquités

Alpha, Bravo, Tango, Charlie vous me recevez ?
Roger
Cinq sur cinq
Parfaitement
Ici aussi
Vous avez pu établir le contact visuel avec la cible ?

Caché habilement dans la charpente d’un immeuble en réfection, le marin d’élite Clarke se positionne et ajuste la mire de son fusil de précision en direction d’une ancienne aciérie désaffectée. La boule au ventre et les mains moites, le jeune enrôlé retient son souffle pour obtenir une image nette du théâtre des opérations. Dans son réticule, Clarke aperçoit, au milieu des cuves, des fours et des imposantes machines outils qui servait autrefois à fondre le métal en fusion, le trafiquant Lope Fistelo Galiani flanqué d’une batterie de porte-flingues. La quarantaine passée, les cheveux poivre et sel, lunettes de soleil à verres ronds et fumés, le costard trois pièces taillé sur mesure agrémenté de mocassins légèrement patinés par le temps et d'un brolic à la ceinture, le signalement concorde en tous points au poseur prétentieux qui se dessine dans l'objectif de Clarke.


Lope Fistelo Galiani

Opium, crime et antiquités Pnj1


Affirmatif, le colis est sur place, il vient d’arriver. Aucun signe de vie des autres.
Roger, le lâche pas d’une semelle Tango

Galiani, le nouvel arrivé sur le marché de l’opium de West Blue il y a à peine deux ans de ca, s’imagine déjà prétendant au trône et se préfigure être en mesure de pouvoir s’asseoir à la table des pontes. Les assassinats fomentés contre la famille Tempiesta sur fond de vendettas personnelles et de conflit ouvert avec les familles mafieuses ont donné des idées de grandeurs à un bon paquet de petits arrivistes à l’effigie de Galiani qui se sont empressés d’arpenter les océans pour faire la nique à l’empire tentaculaire des sept familles et de leurs très nombreuses ramifications. Opportuniste, Galiani a su prospérer et nouer des relations privilégiées pour aujourd’hui s’imposer comme un acteur de poids dans le trafic d’opium de la Blue et cette soirée doit marquer une nouvelle étape vers son ambition.

Aux abords de l’aciérie, l’effectif de l’escouade Jenkins attend l’heure fatidique et le signal du caporal d’élite prénommé pour fondre sur les protagonistes et tous les coffrer dans un coup de filet monumental. Ce qui n’était initialement qu’une simple enquête de recel d’antiquités s’était peu à peu mué en une vaste opération de filature lorsque le commando fut à même de relier les saisies de cargaisons d’opium transitant dans toute la Blue à ce trafic d'antiquités qui ne servait en réalité que de couverture pour en blanchir les recettes illicites. Quatre mois durant, l’escouade a remonté un à un les maillons de la cellule en en étudiant les réseaux de distribution, prenant en filature les clients puis les refourgueurs de came, répertoriant les allées et venues de tout ce beau monde sans procéder à la moindre arrestation, pour enfin arriver à la grande messe de ce soir : une rencontre triangulaire entre trois caïds de l’Underground. Un évènement suffisamment singulier pour que les gros poissons décident eux-mêmes de venir en personne pour tailler le bout de gras au lieu d’envoyer les intermédiaires d’usage par mesure de sécurité.

L’escouade Jenkins bénéficie du support d’une section de l’Élite pour quadriller la zone placée sous étroite surveillance par les mafieux. Rien n’a été laissé au hasard, les détails de l’intervention millimétrée ont été soigneusement peaufinés des jours durant pour palier à tout aléa incongru de dernière minute et capturer tous les impliqués pour leur soutirer des renseignements sur d’éventuelles complicités. Le marin d’élite Clarke sert de vigie et retrace tous les déplacements, Flynn et Johns et quelques hommes triés sur le volet couvrent en renfort l’arrière du bâtiment. Coleman et Weston sont postés en appui aux façades est et ouest pour prendre en étau les mafieux avec la colonne qui mènera l’assaut principal par le pan nord qui est le plus exposé mais dont la probabilité de réussite grâce à l’effet de surprise reste la plus élevée. En base arrière, Jenkins supervise l’opération et rejoindra aussitôt le cordon d’élite dés que le contact aura été établi entre Galiani et ses associés du soir.  

Stationné à l’avant, Tetsuya n’aurait pu rêver d’une meilleure entrée en matière dans la marine d’élite. C’est son baptême du feu et si tout se passe comme escompté ce soir, il pourra se targuer d’avoir mis sous les verrous trois pontes présumés et d’avoir porté un coup retentissant au trafic d’opium de West Blue. Il fait partie du groupe de tête qui conduira l’offensive pour en découdre directement avec les gangsters. Trois heures déjà qu’ils sont calfeutrés et immobiles autour de l’aciérie, trois longues heures d’une attente insoutenable pour tout marin d’élite soucieux de faire ses preuves et de montrer patte blanche face à la hiérarchie. Comme de nombreux élites avant lui, l’index posé sur la gâchette de son fusil le ronge d’une excitation qu’il peine à contenir. C’est un gros coup pour l’escouade Jenkins et l’aboutissement d’une traque de plus de quatre mois, l’intervention de ce soir comporte beaucoup d’enjeux et tout-un-chacun connaît le devoir qui l’incombe.

Restez concentrés surtout, il nous est capital d’établir des preuves irréfutables avant de lancer l’opération. Galiani est un paranoïaque invétéré, il ne faut pas éveiller le moindre soupçon au risque qu’il s’éclipse aussitôt.  Prenez votre mal en patience.
Tango, Galiani a combien de porte-flingues pour l'épauler ?
J'en apercois quatre, en formation diamant autour de lui. Ca a l'air d'être des pointures de métier.
Foutus mafieux, toujours à se pointer avec des types armés jusqu'aux dents pour dessouder tout ce qui bouge.
Ils ont le complexe de celui qui détient le plus gros flingue. Tu connais l'ada-
Charlie, Charlie, Eh ca bouge, ca bouge !


Dernière édition par Tetsuya le Ven 18 Aoû 2023 - 17:53, édité 2 fois
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Une colonne peu rassurante pour les locaux qui l'avaient aperçue venait d'arriver aux abords du lieu de rencontre. Il était question de pas loin d'une trentaine de mafieux armés jusqu'aux dents avec à leur tête, Zahir Ibana, l'un des parrains de l'opium d'Hinu Town. Un homme dont le physique était étonnamment en accord avec son caractère. Un nez aquilin, des petits yeux sinistres et un rictus moqueur. Le cou allongé, ni cheveux, ni barbe et, pour couronner le tout, il était d'une taille peu commune. Ce n'était pas pour rien qu'il avait naturellement était surnommé "le vautour". Son regard ne semblait briller que lorsqu'il était prêt à s'engraisser.

— Bienvenue Boss. Galiani est arrivé avec quatre gars en premier et Reily vient à peine de pointer sa sale gueule avec deux de ses mercenaires d'Hat Island. Ils sont rentrés dans l'aciérie.
Parfait, beau boulot les gars.

Un garde manquait néanmoins parmi les trois gardes qui devait filtrer les allées et venues vers le point de rencontre. Seul des taches de sang au sol et les couteaux rougeoyant des deux autres laissaient supposer le destin de l'absent. Tout se passait comme prévu.

Ça faisait des mois que Zahir marchait dans le sens des autres pontes. Il avait lui-même initié des conversations pour les inciter à s'organiser. Il leur avait vendu toutes les opportunités inimaginables et avait mis en place plusieurs marchés prouvant l'efficacité de ce qu'il leur proposait. Il prônait un marché partagé où chacun aurait une tâche précise à effectuer. Chaque famille devait agir uniquement dans une étape du processus. Et ce, dans le but de réduire les risques de fuites et d'augmenter la productivité.

Tout le monde y avait cru, même les hommes de Zahir. Tous, jusqu'à ce que la décision d'une rencontre directe entre les parrains soit prise. À ce moment, Ibana se dévoila à ses plus proches hommes de main et commença à se payer les services d'un tueur à gages. Une mise en scène qui n'avait que pour seul but de prendre le contrôle total du marché d'opium et de se débarrasser de la concurrence. Voilà l'objectif qu'il nourrissait.

Bon, on fait comme prévu. Dispersez-vous autour de l'aciérie. En silence. Je voudrai pas que les deux autres aient la frousse.

Le plan était bien ficelé. Des hommes des trois factions s'étaient associés pour assurer la sécurité du lieu de rendez-vous. En réalité, il y avait dans chaque groupe un ou plusieurs hommes d'Ibana ayant pour mission de tuer leur partenaire dès le signal. Le seul problème, c'était la supposée présence de la marine, mais ça, seul Stephen avait des raisons d'y penser. Il avait fait appel à un informateur du quartier après avoir été embauché par ce vautour de Zahir. Ça faisait partie du boulot. Il alignait les berrys et savait soudainement tout des mouvements des autres familles criminelles. Il ne lui restait plus qu'à transmettre ce qu'il venait d'apprendre à Ibana. L'inconvénient avec ces marchands d'informations, c'était qu'il n'était loyal qu'à l'argent. Ce que Stephen apprenait, d'autre le savait probablement aussi. Les informations exclusives n'étaient réservées qu'à ceux qui étaient prêts à lâcher leurs secrets les plus monnayables.

Alors la veille de l'opération, le tueur balança tout sur les plans de Zahir pour le sommet du jour, en échange de l'info la plus secrète de son contact. Un accord qui lui permit d'apprendre que la marine préparait un coup de filet. Évidemment, Stephen n'avait jamais eu l'intention de laisser fuiter les projets du vautour et il remercia son informateur d'une balle dans la tête. À l'avenir, certains archéologues auraient peut-être la surprise de découvrir un corps en parfait état dans un sarcophage millénaire.

Sean, t'as tes 600 000 berrys d'acompte et ton fusil. Va mériter le rester de ta paye en allant te positionner pour buter ces enfoirés. J'te laisse deux gars, pour couvrir tes arrières.

Une façon pas si subtile de faire sous-entendre au balafré qu'on pouvait toujours lui coller une balle dans le dos s'il n'honorait pas ses engagements. La routine. Malgré l'éventuel présence de la marine, Stephen ne comptait pas se défiler. Son contact avait peut-être menti, les marins avaient peut-être un autre criminel en vue ou peut-être qu'ils allaient tous y passer aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, c'était un contrat à plus d'un million de berrys, et des contrats comme ça, il ne fallait pas les louper. Et puis, il fallait bien justifier le fait qu'il se couvre sous une fausse identité. Même s'il admettait volontiers qu'à visage découvert, ce n'était pas d'une grande utilité.

J'y vais. Tu gardes que trois gars pour entrer dans l'aciérie ?
Ouais. Galiani en a quatre. J'aurai l'air con si je me pointe avec autant de types que lui.
À un flingue près...
Mon quatrième gars, c'est toi. Oublie pas ça. Ton tir sera le signal pour que tous les gars passent à l'action, moi y compris.

Le fusil sur l'épaule, le tueur se contenta d'acquiescer en se séparant de Zahir. Il n'y avait qu'un endroit depuis lequel il pouvait se placer. Le vautour avait payé les ouvriers d'un bâtiment en travaux pour qu'ils évitent de trop toucher à la charpente. L'emplacement avait été étudié minutieusement et c'était là le meilleur endroit où s'installer si on voulait avoir une vue sur ce qu'il se passait dans l'aciérie. Sans trop de soucis, Stephen monta les étages accompagnés de ses deux gardiens. Une fois arrivé au dernier, ils cherchèrent un accès pour atteindre le nid de sniper. Un des gars chercha tout seul de son côté et fini par trouver quelque chose.

Une détonation, puis une autre, et encore une. Le balafré et son acolyte se dirigèrent vers le lieu de la fusillade en se couvrant mutuellement. Ils n'étaient pas seuls ici, mais ils ne trouvèrent que le cadavre de l'autre malfrat. Dos-à-dos, ils commencèrent à subir des tirs. L'acolyte fut blessé à l'épaule, mais il parvint à trouver un abri derrière un tas de briques servant à la construction.

— Il est en haut, dans le nid !

Stephen l'avait dans son viseur, tout autant que l'autre tireur. Les deux hommes retinrent leur souffle. Ils pouvaient chacun voir le regard de l'autre, impassible. Mais un seul d'entre eux souffrait déjà d'une blessure et c'était la seule différence, le seul élément qui fit pencher la balance.

Personne d'autre que ceux concernés n'entendirent cette détonation. Le brouhaha que le premier tir, prit pour le signal de Zahir, avait déclenché dehors couvrait absolument tout. On aurait dit qu'un orage avait éclaté autour de l'aciérie alors que le corps du tireur inconnu tombait tranquillement de son perchoir pour s'écraser au sol.

— Merde... Il bossait pour qui lui ?
La marine.
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Une sueur âcre glisse le long de la colonne du marin d’élite Flynn qui raffermit la prise sur la crosse de son fusil en écho à l’agitation soudaine de Clarke. Si son expérience lui suffit à anticiper tout geste brusque ou prise de décision hâtive, sa position à l’arrière de l’aciérie n’est en rien idéal pour avoir une vision globale des évènements. Si l’imprévu est une constante des missions de l’Élite, le rôle de la vigie revêt une importance capitale pour garantir la coordination et l’efficacité des actions simultanées. Les yeux de l’escouade Jenkins sont les mires du marin d’élite Clarke et son inexpérience de terrain peut rendre inopérant chacun des membres du commando qui le compose. Évincer la sentinelle reviendrait à priver le groupe d’une partie de sa capacité opérationnelle en plongeant dans l’obscurité chacun des rouages qui en assure l’action. De par son rôle, Clarke est le maillon faible et si le marin d’élite Flynn l’a bel et bien compris, l’ennemi peut naturellement en avoir fait autant. La cendre de sa cigarette finit de se consumer avant qu’il ne l’écrase du plat de la semelle d’un geste vif qui trahit son agacement. Clarke ne l’enverra pas au casse-pipe impunément.

Qu’est ce que ca veut dire Tango ? Dévelop 
C’est Zahir Ibana ! Il rapplique avec la cavalerie. Je vois..dix...vingt...une trentaine de types avec des gros calibres !
Garde ton sang-froid Tango, tout se déroule comme prévu. Hinu Town, c’est le fief du Vautour. Il était prévisible qu’un gros bonnet de sa trempe sorte l’artillerie lourde pour faire forte impression et passer le loisir à ses comparses, si l’envie leur en prenait, de marcher sur ses plates-bandes. T’aperçois autre chose ?
Ils transportent des caisses vers le point de rendez-vous. Mais qu’est ce que ? Ils se séparent Delta, je répète, ils se séparent en petits groupes et se dispersent à proximité de l’aciérie ! 

Zahir Ibana, l’une des têtes de pont du trafic de stups de West Blue, était un truand notoire qui avait posé ses valises à Hinu Town il y a dix ans de ca avant d’évincer la concurrence locale avec une brutalité telle qu’elle avait dissuadé les rares irréductibles à intenter quoi que ce soit à son insu. Pour les plus récalcitrants, les cadavres de ceux qui s’étaient opposé à ses méthodes, les pieds coulés dans des parpaings de béton au fond de la rade, avaient valeur d’exemple. Il y avait fort à parier qu’il était l’instigateur du réseau de recel d’antiquités et qu’il était était également à l’origine de la petite sauterie de ce soir.  Si le caporal Jenkins s’était bien gardé de faire part de ses craintes, la probabilité d’un règlement de compte en bonne et due forme pouvant dégénérer dans un bain de sang généralisé était réelle. Ibana devait son sobriquet à son rang de prédateur, de charognard flairant le goût du sang et attendant patiemment son heure pour fondre sur sa proie, porter l’estoc avant de la déchiqueter lentement entre ses serres acérées. On prêtait au Vautour de nombreux liens présumés avec les grandes familles de North Blue, liens qui lui auraient prétenduement permis de nouer des contacts privilégiés avec les partenaires d’affaires des sept pour s’ériger rapidement comme l’un des ténors du trafic d’opium de la Blue. Vassalisé comme tant d’autres, Ibana connaissait trop bien cette position de sous-fifre indésiré pour escompter reproduire le même schéma avec de nouveaux venus aux dents longues guettant la moindre occasion pour le supplanter. La trentaine de porte-flingues mobilisés ce soir constituait une occasion rêvé pour tuer dans l’œuf toute velléité sous-jacente à son encontre et lui permettre d'éradiquer la concurrence d'une pierre deux coups. Qui sait réellement quelles étaient les desseins de Ibana mais quel que soit la teneur réelle de la réunion, Ibana en incarnait la pièce maîtresse et détenait un ascendant singulier sur ses associés.


Zahir Ibana
Opium, crime et antiquités Ibana


Ibana vient d’arriver sur le site d’intervention avec trois hommes de main, les caisses suivent.
Mitraille ce que tu peux avec ton den den photo Tango. Attendons l’ouverture des caisses pour lancer l’assaut.
Delta, Reily vient d’arriver sur le versant est, épaulé par un duo de pistoleros avec ponchos et santiags, visiblement tout droit en provenance de Hat Island.
Parfait, préparez-vous. Ce n’est plus qu’une question de
Bordel mais qu’est ce que !

Un vacarme assourdissant de planches et de métal résonne dans le combiné avant qu’une première détonation, une seconde et enfin une dernière ne brise le silence somme toute relatif de la position de Clarke.

Tango qu’est ce qui se passe putain ? 
Il s’est fait abattre ?  Notre position est compromise ? 
Clarke, répond bordel ! 
Maintenez vos positions pour le moment, je me rends à celle de Tango !

Après une trentaine de secondes, la respiration saccadée et entrecoupée de râles profonds du survivant filtre finalement à travers le haut-parleur du den den mushi, traduisant la situation précaire du marin d'élite après son altercation.

Delta, deux assaillants ont ouvert le feu dans l’immeuble, je..je les ai liquidé mais après un premier bilan préliminaire, il semblerait que je sois touché au buste et à l’aine. Plusieurs projectiles ont traversé. Je vais avoir besoin d’une assistance. 

Deux balles avaient perforé le poumon droit avant d’aller se loger dans le parement du mur au derrière S’il avait réussi à s’en tirer, l’état de Clarke était critique et pouvait se détériorer cruellement en l’affaire de quelques minutes. Il fallait impérativement le stabiliser pour ne pas risquer l’insuffisance respiratoire ou l’embolie pulmonaire.

Roger, reste où tu es, je suis presque rendu sur place. Essaye de garder un visuel sur l’échafaudage au cas où d’autres rappliqueraient. On t’envoie Alpha avec un cordon d’hommes en appui. Tiens le coup Clarke, on va te sortir de là. Charlie de ton côté, tu peux te ménager un point d’observation ? 
Compliqué, il y a bien une fenêtre mais c’est du verre dépoli, j’ai les silhouettes au mieux. Les caisses sont là et j’entends leurs voix déformés par la paroi. 
On fera avec ! Les lâche pas d'une semme ! 

Changement de plan pour Tetsuya Grinko qui s’éclipse au pas de course pour rebrousser chemin avec le marin d’élite Weston et deux autres hommes, couvrant tour à tour leurs arrières respectifs vers les coordonnées de Clarke. L’immeuble n’est plus qu’à un seul pâté de maison lorsqu’ils doivent se dissimuler à l’angle d’un mur de briques face à quatre mafieux qui font le pied de grue à proximité. L’unité privilégie une approche discrète pour les neutraliser et éviter de rameuter les renforts. Tetsuya élimine le premier d’une clef d’étranglement jusqu’à le faire plier et perdre connaissance pendant que Johns, Weston et Riggs profitent de l’ouverture pour mettre hors d’état de nuire les hommes de main restants et poursuivre leur route.

Rendu en bas du poste d'observation, la détonation sans équivoque d’un canon longue portée perce l’éther et fait mouche sur l’infortuné. Abasourdis pendant un laps de quelques secondes, l’esprit de corps reprend le dessus sur les pires scénarios qui se meuvent au sein des esprits qui grimpent nerveusement l’échafaudage pour prêter main forte à Clarke avant qu’il ne passe définitivement l’arme à gauche. Le sort, impitoyable, en a malheureusement décidé autrement et le quatuor ne peut que constater son échec face à la dépouille inanimée du marin d’élite tombant à la verticale dans la ruelle attenante.

Delta, Clarke...il est...mort. Une balle dans la tête, propre et sans bavure, c'est l’œuvre d’un professionnel. Quelqu’un a eu vent de notre présence ici. 
... 
Delta, on a un problème majeur ici ! Ca tourne au massacre ! Ils ont sorti leurs glocks juste après la détonation et se sont mis à canarder à tout va ! Putain ! lança Flynn qui venait d'échapper in extremis à une balle perdue qui ricocha sur la cuve d’acier inoxydable dérrière lui avant de se loger dans une dalle au sol.  

 Charlie, Bravo, lancez l’offensive sur l’aciérie ! Que la mort de Clarke n’ait à minima pas servi à rien et que l’on puisse le regarder dans les yeux dans lorsque notre heure viendra ! Alpha, récupérez le den den photo et rejoignez l’assaut ! On va s’occuper de notre coté des guetteurs et des sbires en faction pour les prendre en étau.

Le feu vert donnée, l’escouade Jenkins se met en mouvement et enfonce la porte du versant est au bélier avant de pénétrer à l'intérieur dans un nuage de fumée tout en essuyant le feu nourri des mafieux sur place. Rompu aux opérations tactiques, Flynn effectue un dérapage contrôlé avant de cribler de balles deux hommes de main, le premier à la jugulaire, le second en pleine mâchoire, pris au dépourvu par la manœuvre.

Espèce de ... maudit le premier en s’efforçant de maintenir la pression de sa paume sur la plaie pissant l’hémoglobine.

Tu paies rien pour attendre, sale petit enfoiré. Tu vas voir  renchérit un nouveau et son acolyte avant de dégainer des fusils à pompe pour s’offrir le scalp du marin d’élite un peu trop présomptueux. Les cartouches de chevrotine fendent l’air avec vélocité en emportant dans leur sillage les éléments de décor qui s’ébrèchent devant la puissance déployée. Le bois rompt et brise, l’acier se tord et se déforme sous le coup des cartouches. Seul la fonte permet encore à Flynn de se prémunir de la menace délétère que fait pleuvoir le tandem à l'encontre. Le marin peut entendre les bastos siffler près de ses oreilles derrière le pylône qui lui sert de refuge de fortune tandis qu'il appâte progressivement ses vis-à-vis vers un coin plus dégagé. Encore un peu, juste un tout petit peu plus et voilà que le marin d’élite Jones saisit l’occasion pour effectuer un tir groupé de couteaux dans le flanc droit du premier ennemi avant que Flynn ne profite de l’effet de surprise pour prendre le relais et les aligne avec des tirs chirurgicaux qui ne laissent aucun doute possible sur l'issue létale de l'affrontement.

Derrière un laminoir, Jones bat le rappel pour faire avancer le reste du détachement qui se sépare avant de se diriger vers ses positions. Le combat reprend de plus belle, les balles filent et suivent des trajectoires difficilement prévisibles pour le commando, perturbant de fait son avancée vers les entrailles de l’aciérie et les étages supérieurs. Derrière une console en fonte le marin d'élite Coleman examine ses options. Dans un corridor étroit, trois mafieux calfeutrés à une quinzaine de mètres et armés de fusils mitrailleurs ne lui laissent que peu d’espoir de réchapper vivant dans une confrontation directe. Un fumigène reste une option risquée de par l'imprévisibilité et la proximité de l'adversaire. La grenade, elle, demeure une alternative létale de dernier recours. Il va lui falloir innover. Miroir de survie en main, le militaire oriente l’inclinaison de l’ustensile qui entre ses mains expertes devient un instrument de précision  pour dénicher les porte-flingues dissimulés. Le reste n’est plus que formalité pour le tireur d’élite chevronné dont le premier projectile ricoche sur une plate-forme avant d’exploser la rotule de l’un d’eux.

Dégommez moi cet enfant de putain. Bordel ! 

L’agitation crée la brèche nécessaire pour tirer avantage de la situation et se créer l’ouverture propice pour désarmer le second d'un tir lui faisant perdre son arme avant d’éliminer le dernier d’un salve de balles en plein thorax.
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Prudemment, Stephen rejoignit le poste de tir peu après l'avoir débarrassé de son occupant. Le fusil à lunette de ce dernier et son escargophone, prêt à chuter à l'extérieur, étaient encore présent et semblaient attendre que le balafré en fasse bon usage.

— Y a un truc qui vaut le coup là-haut ?
On peut dire ça.

Et sur ces mots, le tueur déchargea discrètement son propre fusil de ses munitions et commença à échafauder un plan pour se sortir de ce guêpier. Il fit demi-tour et jeta son fusil vide au larbin.

Surveille mes arrières avec ça. Je vais utiliser le fusil du marin pour observer la situation.

L'homme acquiesça, ignorant que son arme était vide, tandis que Stephen reprenait position. Il tenait à éviter de se prendre bêtement une balle dans le dos. Pourtant, lorsqu'il posa son regard dans la lunette de son arme, il ressentit sa tension monter et son cœur palpiter plus vite. Des marins. Si les affrontements ne les avaient pas forcés à s'éloigner, ils auraient pu atteindre le sommet de l'échafaudage avant que le tueur ne se retourne. Lui, qui avait pris ses précautions avec l'homme d'Ibana, n'avait même pas songé à l'arrivée des alliés de la vigie en bleu !

Sans même s'en rendre compte, il détourna le regard et se passa une main dans les cheveux. Il reprit son calme en secouant brièvement la tête et procéda à nouveau à un tour d'horizon. Il aperçut les marins se séparer en deux groupes. L'un s'orienta vers les guetteurs, l'autre vers l'aciérie. Quant à Stephen, il s'arrêta là pour confier des instructions à ce larbin embêtant.

Je vais couvrir Zahir d'ici, comme prévu. Toi, part ralliez les hommes au nord, prêt de la Crypte. Le boss aura besoin de renfort.
— Je ferai pas mieux d'aller le rejoindre ?
Tu crois que je vais louper mes tirs ? On a déjà assez de gars sur les lieux, tu ne feras pas la différence en alliant seul. Garde mon fusil.
— ...D'accord.

La Crypte était en fait un vieux bar situé à la bordure nord du vieux quartier industriel où se trouvait l'aciérie. Il avait été mis en vente des mois durant, jusqu'à ce que le propriétaire des lieux soit retrouvé pendu. Après ça, des membres de sa famille jusqu'alors inconnus reprirent l'affaire. C'était évidemment un coup du Vautour qui s'était assuré là un premier point de chute après la rencontre de l'aciérie. On devait y trouver des vivres, des médicaments et des munitions. De plus, l'endroit possédait une cave suffisamment vaste pour stocker opium et berry. Ça avait été un lieu clé pour le montage de cette opération. Et c'était désormais un bon endroit pour mettre en cage l'oiseau de malheur qu'était devenu Ibana. Le larbin qu'il avait collé à Stephen allait servir à mettre en place le plan de sortie du tueur.

En reposant un regard sur l'aciérie à travers sa lunette, le balafré observa l'affrontement. Il ne vit pas directement l'entrée des marins, mais il vit leur prouesse militaire. Ils étaient effrayants. Bien loin du matelot lambda qui sait à peine tenir un fusil. Eux, ils paraissaient experts dans l'art de tuer. Les porte-flingues du Vautour n'avaient que pour avantage leur nombre. Et ce ne serait pas suffisant. Il fallait que Stephen localise Zahir au plus vite. Il orienta donc son attention vers l'étage de l'aciérie.

Malheureusement, le chaos provoqué par l'arrivé des bleus avait changé la donne entre les trois mafieux. Galiani s'était retranché dans une pièce étroite, probablement un ancien bureau. La salle disposait de deux entrées. Une donnait vers des escaliers permettant d'atteindre le cœur de l'aciérie et l'autre vers une passerelle traversant le centre du bâtiment. Deux gars étaient postés à chaque entrée, tenant en respect quiconque approcheraient. Quant à Zahir et Reily, ils se faisaient face dans un coin du bâtiment. Les deux boss échangeaient quelques coups-de-poing sur une passerelle de commande. L'un des cowboys de Reily pendait mollement par le pied à la dite passerelle, son poncho troué et rougit de sang tandis que le second canardait avec ses deux revolvers les hommes du Vautour.

L'heure était donc aux décisions. Stephen ne pouvait pas se permettre beaucoup de tirs avant de devoir quitter sa position. Il alla alors à l'essentiel. Dommage pour Galiani, il y avait une grande fenêtre dans la pièce qui lui servait de refuge. Première détonation. Galiani s'effondra. Le tueur n'attendit pas de voir une réaction. L'affrontement de son employeur retenait désormais son attention. Reily avait dorénavant une barre en fer et prenait grandement l'avantage, tout comme son mercenaire. Deux des hommes de l'escorte d'Ibana étaient tombés sous ses balles. Supposant que le Vautour s'en sortirait mieux que le dernier combattant, Stephen ajusta sa visée et fit feu. Seconde détonation. La main du pistolero s'évapora en une gerbe de sang, le laissant désormais sans défense. Son adversaire ne se fit pas prier pour le cribler de balles avant de venir au secours de son patron. Cependant, Reily était du genre tenace. Une grosse brute très tenace. Alors que la surprise avait permis à Zahir de le déséquilibrer, il se reprit assez vite pour réagir. Il repoussa son rival d'un coup de pied et jeta son arme vers le porte-flingue de ce dernier. Aussitôt fait, il sauta pardessus la rambarde et Stephen le perdit de vue.

Le tueur ne perdit pas de temps non plus. Il balaya les lieux pour repérer Reily, sans succès. Il se reporta naturellement vers les marins. Celui qu'il repéra venait d'exploser le genou d'un type en faisant ricocher une balle avant d'en profiter pour éliminer deux autres types. Typiquement le genre d'adversaire qu'il valait mieux écarter. À nouveau, le balafré ajusta sa visée et retint son souffle. Sa fenêtre de tir était restreinte et l'homme se déplaçait vite, mais il pensait pouvoir l'abattre. Troisième détonation. Des étincelles sur une paroi. Si Stephen ne voyait plus sa nouvelle cible, il le sentait. Il avait loupé son tir. Il était temps de décamper.

Il prit le fusil et l'escargophone puis quitta sa planque. Une fois dehors, il se mit en mouvement. Des affrontements avaient éclatés dans les environs. Les guetteurs devaient être en train d'éliminer les membres des bandes rivales, présent au même poste. Cela n'inquiéta pas le tueur. Il était encore en terrain allié. Bien que, par précaution, il évita au maximum de se faire voir et se déplaça autant que possible à couvert. Il s'arrêta le dos à un vieux muret et fit la conversation à l'escargophone.

Galiani est mort. Reily est au cœur de l'aciérie, probablement blessé. Ibana va quitter le bâtiment. Je peux vous aider à en finir. Allez près d'un bar au nord du quartier. La Crypte. On pourra négocier. Et avec un peu de chance, vous trouverez l'assassin de votre camarade en chemin. Il est blessé à l'épaule et utilise un fusil typique de ceux d'Hinu Town. Dommage pour lui qu'il n'ait plus la moindre balle. Voyez ça comme un gage de bonne volonté.

Qu'une réponse vienne ou non, Stephen abandonna l'escargophone aussitôt l'hameçon lancé et reprit sa route vers la Crypte.
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