Fureur Drognar

Loin de la ville ayant connu la fin du Wyatt Gang, la meurtrière porteuse du prénom de Jaina Rosenberg pionça tranquillement, assise sur le dos d’Orphée. Ses rudes épreuves qui eurent commencé avec l’apparition de Pierce, le cow-boy aveugle, vint changer considérablement la vie de l’albinos. Une simple femme majeur qui n’avait aucunement pressée la détente de ses jouets pour ôter la vie d’une malheureuse victime. À combien était-elle déjà de victimes ? Une dizaine ? Ou plutôt une cinquantaine ? Comment allait-elle se présenter devant sa famille à présent ? Jaina préférait ne pas y penser, mais plutôt de rattraper des heures de sommeil. Son prochain objectif ? Rencontrer ce fameux grand-père vivant au Royaume de Luvneel qui désirait la tuer...

Le soleil, comme à son habitude frappait la malade atteinte de la maladie de l’albinisme. Ses rayons destructeurs pour la peau fragile de Jaina, commencèrent à brûler ses avant-bras dénudés. Lorsque la température sur les parties de son corps exposées furent bien trop douloureuse, la femme se réveilla en sursaut et tomba de son cheval. Mordant la poussière, gueulant à cause de son bras droit nullement guérit, le réveil de Jaina Rosenberg devint extrêmement brutal. Jurant en employant un nombre incalculable d’insultes, la desperada se releva et bondit légèrement en arrière en découvrant un scorpion qui allait user de son dard contre cette dernière. L’arachnide bronzait tranquillement et ne se doutait pas d’être gênée par une mauvaise cavalière. Malheureusement pour lui, l’albinos sortit son pétard pour fumer ou plutôt exploser le pauvre être vivant.

« Fichu bestiole. » grommela la cow-girl qui remit une cartouche dans son revolver et cracha un mollard à côté de la douille vide qui venait de tomber sur le sable du désert.

Attrapant la corne de sa selle pour remonter sur Orphée, la demoiselle claqua sa langue pour ordonner à son ami de reprendre la route. Elle en profita pour attraper une gourde et boire quelques gorgées d’eau afin de se désaltérer un peu. C’est en ce moment précis, qu’un symptôme de son foutu handicap vint sonner à sa porte. Sa vue. Oui sa vision parfaite qui lui joua tout à coup une petite surprise. Le cactus au loin sur sa route, matière première pour la Bière-Hat devint difficile à voir. Sa forme commença à être floue puis se remit correctement lorsque Jaina plissa ses cristaux rubis. Etais-ce la chaleur et le manque d’eau qui lui présentaient un tel numéro ? Dans les tous les cas, Rosenberg n’en était pas fan.

Jaina était désormais bien au courant que son albinisme attaquerait prochainement sa remarquable vue. Déjà chanceuse de voir correctement depuis ses dix-huit ans, sa maladie semblait se réveiller d’un lourd sommeil et sans tomber de manière ridicule de cheval. La femme soupira lourdement et se posa des questions sur son rêve d’être la meilleure tireuse. Cela allait être très compliqué si sa vision devenait un défaut. Ses pensées se tournèrent alors sur Pierce. Cet homme aux yeux crevés arrivaient à tirer comme un Dieu. Son secret, il l’avait bien gardé, ne disant même pas à la demoiselle comment il se débrouillait. L’instinct ? Les tripes ? La chance ? Jaina demeurait sans réponse et obtenait beaucoup plus de questions au sujet du tireur aveugle.

Sa rêverie prit fin lorsqu’une flèche siffla dans les airs et se planta dans le sable, tout proche des sabots d’Orphée. Relevant sa tête et calmant son canasson, Jaina se raidit de terreur en constatant une grande troupe d’indigènes. Elle voulut rebrousser chemin, tenter de s’enfuir, hélas en reculant la cow-girl se rendit compte que des membres de la tribu Drognar l’encerclait. La main gauche à quelques centimètres de son holster, Rosenberg se prépara au pire…

Encerclée, seule contre une bande d’indigènes, la jeune hors-la-loi n’en menait pas large. Si Jaina souhaitait ouvrir le feu, elle n’aurait tout d’abord pas assez de cartouches et la mort l’accueillerait très vite dans son royaume. Du mieux qu’elle puisse, l’albinos garda son sang-froid. Une chose extrêmement difficile. Ses mains tremblaient, son cœur battait extrêmement vite et des gouttes de sueur froide perlaient le long de ses tempes. Soudainement, sa vision qui arrêta de lui faire défaut, repéra deux flèches lancées par des arcs qui s’approchèrent très dangereusement de sa position. Sortant son pétard, la desperada tira deux fois pour anéantir les projectiles venant sur elle.

Sa performance augmenta la colère des Drognars. Ils agitèrent depuis leurs chevaux leurs lances et chantèrent un cri de guerre. Deux guerriers sortirent des rangs pour foncer sur l’albinos. Ils furent déterminés à éliminer la cow-girl. Rangeant son révolver à nouveau chargé, Jaina Rosenberg attrapa son mini fusil à canon-scié. Ordonnant à sa jument de galoper sur les deux indigènes, l’albinos se rapprocha suffisamment d’eux pour éliminer ou plutôt exterminer ses opposants. Une balle de Hutch suffisait à mettre en charpie les corps de ses adversaires.

Pliant son arme pour éjecter les douilles vides, l’albinos qui était bien trop stressée et surtout concentrée pour tuer ses agresseurs de tout à l’heure, ne remarqua pas un Drognar juste derrière sa position. Bien silencieux, il sauta sur Jaina et la fit tomber une fois de plus de son cheval. Elle cogna l’arrière de son crâne sur le sable et bien que le sol soit moins dur que du roc, Jaina fut tout de même sonner. Ayant presque des étoiles tournant autour de son visage, elle revint très vite à la réalité à l’instant où son agresseur tenta d’abattre son tomahawk contre la face de Jaina.

La crosse de Hutch lui servit à repousser l’arme contondante. La tireuse en profita pour sortir Annie de son holster et trouer le corps de l’homme à califourchon sur elle. Jaina aurait préféré avoir une femme et dans une situation bien plus plaisante…

Tâchée du sang de ses victimes, la cow-girl posa un genou à terre pour reprendre correctement sa respiration. Pour le moment, elle gérait la situation. Elle espérait que ces idiots attaquèrent en file indienne et sans mauvais jeu de mots.

« Les yeux rouges, les cheveux blancs. Le démon t’habite. Qui es-tu visage-pâle pour être si différent des tiens ? » gueula un Drognar possédant une coiffe remplie de plumes d’oiseaux.

« Jaina Rosenberg ! » hurla à son tour la femme qui remplissait le magasin de ses armes pendant que ses petits copains cessaient d’attaquer. Encore une fois, on osait critiquer son physique…

« Ton nom ne me dit rien. Mais j’aime ta combattivité femme ! » reprit le membre de la tribu de Drognar. Il réduisit légèrement la distance qui le sépara de Jaina. « Je te propose de devenir mon épouse. En échange je te laisse la vie sauve. Notre union fera naître une génération plus forte pour Drognar. »

Plissant ses iris sanguins, tournant sa tête sur le côté, Jaina ne savait pas si l’homme était sérieux sur sa proposition. Ce dernier gonfla ses pectoraux et ses abdominaux pour sans doute charmer la pistolera. Il osa s’approcher encore plus, poser sa main sur la joue de l’albinos et affronter son regard de braise. Jaina répondit aussitôt en calant le canon de son revolver contre le menton du dragueur et appuya sur la détente. Le coup de feu élimina la nuisance…

Frissonnant grotesquement de dégoût tout en accompagnant son geste par une grimace, Jaina Rosenberg attisa la colère des guerriers. Tous attaquèrent en même temps et réussirent à assommer la hors-la-loi…

Se réveillant par un bon mal de tête, Jaina Rosenberg découvrit que ses mains furent attachées par un cordage. Elle était toujours au même lieu, là où un indigène venait de l’assommer. Ses liens autour de ses poignets la tira devant elle, son corps se fit trainer sur le sable aride et chaud du désert. Jaina compris très vite que cette dernière se faisait emmener comme un chien par ses ravisseurs. Elle pesta tout en réussissant à se relever. Sans ses pétards, la tireuse se retrouvait nue et sans défense. L’albinos était obligée de suivre son nouveau maître pour éviter d’être trainée à cause de la force du cheval.

Un cavalier Drognar sortit de sa sacoche en peau une longue tignasse blanche. Jaina devina qu’il s’agissait de ses propres cheveux. Les guerriers venaient de lui couper une bonne partie de sa longueur en guise de trophée.

« Toi ! » gronda Jaina en foudroyant de ses billes de sang le détenteur de ses cheveux morts. « Quand je pourrais me libérer je me ferais un plaisir de te faire la même chose. À toi et toute ta famille ! » poursuivit sur le même ton la louve qui manqua de chuter lorsque son maître tira sur la corde de sa laisse. « Même chose pour toi espèce de laideur qui fait fuir une buse d’un chariot à boyaux ! »

Ses ravisseurs se mirent à rire et poursuivirent leur route. Les heures passèrent, Jaina était à bout de force, trainant ses santiags dans le sable tout en souffrant du manque d’eau. Ses lèvres furent sèches, l’air qu’elle respirait devenait de la fournaise pour le gosier de l’albinos. Son corps la supplia de céder, de ne plus marcher et de se laisser traîner. Sauf qu’il était hors de question pour Jaina Rosenberg de céder à la facilité. Alors, elle serra les dents, souffrit en silence tout en réfléchissant à un plan pour se sortir de ce foutoir.

Les Drognar arrivèrent enfin à une destination, un camp parsemé de tipis. À l’intérieur y vivait femme, enfant et vieux débris. À la venue des cavaliers, plusieurs habitants s’empressèrent de retrouver leur mari, frère et autre adjectif qualifiant les indigènes. Malheureusement, pour ces sauvages la plupart apprirent que Jaina était responsable de la mort des défunts guerriers.  

S’en suivi des pleurs, des mécontentements et des tentatives de tuer la cow-girl ligotée. Des réactions basiques, normales envers une massacreuse de peau-rouge. Des gamins balancèrent des cailloux sur la cow-girl et une veuve frappa sur le visage de Jaina par le biais de son poing. Rosenberg cracha une gerbe de sang et passa sa langue entre ses dents qui venaient de recevoir le choc. Elle fut soulagée de constater que sa dentition n’eut aucun problème.

« Attaché là au poteau de torture ! » ordonna le Drognar qui tenait la laisse de Jaina. « Ce soir, elle servira d’entraînement pour le lancer de tomahawk. » se mit à rire l’indigène qui s’amusait à balancer et rattraper sa hache de guerre dans les airs.

En un rien de temps, la cow-girl fut attachée sur un poteau en bois recouvert de sang séché et d’emprunte de tomahawk. La situation pour Jaina devint de plus en plus compliqué. Si son ravisseur disait vrai, sa vie ne tiendrait plus qu’à un fil durant la soirée à venir. Elle allait devoir trouver une solution pour se dégager du poteau et s’enfuir. Hélas, le manque d’eau et la fatigue furent deux nouveaux ennemis contre la pistolera.

Elle tenta tout de même de forcer sur ses liens au moment où les sauvages se rassemblèrent plus loin pour pleurer leurs morts par des rites étranges tout en priant un certain MacNessca. Celui nommé par les chants des ennemis de Rosenberg ne semblait pas être présent, du moins pas dans ce village.

Soudainement, Jaina se rendit compte qu’un gamin l’observait curieusement. Elle reconnut que ce môme faisait partie de la petite bande de bambins qui lui avait jeté des pierres. Il sortit un couteau de son étui en peau et découpa un morceau de viande.

« Je peux avoir de l’eau petit ? » demanda la renégate qui suppliait de son regard carmin à boire. Le gosse possédait dans son attirail une petite gourde. « S’il te plaît… » Sortir cette formule de politesse lui assécha encore plus la gorge.

Le petiot attrapa sa bouteille pleine et s’approcha de la cow-girl. Lorsqu’il allait la tendre à la femme, ce dernier s’amusa à jeter le début du contenu sur le sable. Prise d’une frénésie colérique et succombant à son instinct de survie, Jaina posa ses deux pieds non attachés contre les oreilles du gamin. D’un geste rapide, brusque, la meurtrière brisa la nuque du farceur. Le corps sans vie s’effondra, Jaina soupira de soulagement en constatant que les Drognars n’avaient pas entendu l’effondrement du garçon.

Ramenant le couteau de sa victime vers elle par plusieurs mouvements de sa santiag, la louve récupéra l’arme blanche pour couper ses liens. Libre, Jaina s’empressa de récupérer la gourde pour étancher sa soif. De sa vie, jamais ô grand jamais la desperada s’est jetée de la sorte pour de l’eau. Chaque gorgée lui redonna des forces et l’éloigna de la mort. Jetant ensuite le récipient vide sur le sable, Jaina rejoignit un tipi où ses armes y avaient été emmenées. Une grande surprise la pétrifia en découvrant une gatling automatique sur trépied. Il suffisait simplement de tourner la manivelle pour éjecter les balles qui reposaient dans de longs chargeurs rectangulaires. Les magasins s’emboîtaient en haut de l’arme, comme des legos.

« Ils vont voir de quel bois je me chauffe. » marmonna l’albinos dans sa barbe invisible.

Découpant les attaches du tipi afin de retirer la tente et d’avoir un excellent champ de tir, Jaina Rosenberg ne prit aucune pincette pour tourner la manivelle afin de faire chanter la gatling. La mitrailleuse s’attaqua à toutes les personnes osant s’approcher un peu trop près de la visage-pâle. Femmes, enfants, vieux croutons et guerriers devinrent des magnifiques gruyères. En quelques minutes, le petit camp d’indigènes loin du village se nommant Drognar fut entièrement décimé par cette arme de l’enfer qui a dû être volé par les défunts sauvages…

Sifflant sa jument et se réjouissant que son amie est échappée à la fusillade, Jaina s’apprêta à monter sur la selle, mais se retint en entendant les râles de douleur d’un Drognar. Il s’agissait de celui qui l’avait à moitié scalpé. Heureusement que son agresseur s’est contenté de quelques cheveux…

« Notre divinité MacNessca nous…vengera…visage-pâle. » Il hurla lorsque l’albinos commença à scalper ce dernier. « Va en enfer…démone… ! »

« C’est déjà le cas depuis que je suis née. » répondit la prédatrice qui jeta le scalp de son ennemi près de lui. « La prochaine fois, attache mes pieds au poteau. »

Rebroussant chemin, montant sur sa fidèle amie, la cow-girl reprit sa route en direction de la ville portuaire la plus proche afin de quitter ce trou perdu.