Voler aux riches pour vendre à d'autres riches...

- « On a essayé de faire au plus vite. Après tout, vous n’êtes pas n’importe qui ! »

Ma voix avait retenti derrière la fameuse Loskitu qui avait ravi le cœur de notre tout nouvel amiral. 1615 était définitivement l’année de sieur Shiro. En plus d’avoir été promu au grade le plus prestigieux de notre faction, le voilà qui allait passer la bague à une femelle. Une sirène qui plus est. Le choix était assez étonnant surtout pour un humain, mais en voyant la jeune femme devant moi, je pouvais aisément deviner pourquoi il s’était entiché d’elle. Une vraie beauté comme on en voyait plus –à l’exception bien entendu de mon épouse, bien plus belle, faut pas déconner ! A tous égards, cette union serait surement un symbole fort pour les différentes races, ce qui contribuerait certainement à amoindrir le racisme… Tout du moins c’est ce que je croyais vraiment… Sauf que j’étais loin de me douter que les choses prendraient une tournure étonnante dans le futur. Dire que j’étais jeune, naïf et plein d’idéaux ne serait pas mentir. A cette époque-là, j’étais ce qu’on pouvait appeler un jeune humaniste aspirant à être un héros comme son modèle…  Quelle vie…

- « Lieutenant Alheïri Salem Fenyang, pour vous servir. Heureux de vous rencontrer enfin mademoiselle ! J’espérais pouvoir échanger avec vous de vive voix, mais je n’ai pas osé vous déranger. Vos travaux ont bien avancé au moins ? »

Naïf hein ? C’était le mot ou presque. Il faut dire que je n’avais pas encore connu les déconvenues avec les révolutionnaires qui allaient faire de moi le haut officier que je suis aujourd’hui ; ce pourquoi je croyais en mon prochain et surtout à mes collègues ! J’étais donc débonnaire, plein de bonne volonté, frais comme un gardon et prêt à défendre la veuve et l’orphelin ! Marié depuis un an maintenant et jeune lieutenant aspirant au plus hautes sphères comme son père, autant dire que j’avais la vie devant moi et un avenir plein de promesses. La plupart des officiers me respectaient déjà beaucoup du fait que je n’avais jamais profité du statut de mon père : pas de passe-droit, pas de promotion due à un népotisme puant... Rien que des efforts d’un authentique officier subalterne prêt à faire ses preuves et à gravir les échelons à la seule force de ses poings. Mon air solaire, mon sourire éclatant et ma dégaine de sex-symbol (torse nu) faisaient de moi l’une des jeunes pousses les plus en vues de la faction. Et dire que j’aurai pu officier sous Shiro…

- « Autant vous le dire tout de suite : on n’est pas doués pour l’espionnage et la filature. Qui plus est, je vous promets rien pour le matériel volé. Ma priorité sera d’arrêter les enflures qui nous jouent des sales tours depuis bien trop longtemps… »

Etant donné que je n’avais pas pu échanger avec elle de toute la durée du voyage, je profitai de cet instant pour mettre rapidement les points sur les i avec la jeune femme. Mon navire, dépourvu de tout signe distinctif appartenant à la marine rentrait déjà dans le petit port d’Egranard. Affublé d’un pantalon à l’apparence sale et ayant vissé un bandana rouge sur la tête, j’avais presque l’air d’un forban, ce qui allait certainement passer inaperçu dans le coin pour que je puisse retrouver nos voleurs facilement. Etant donné que ma gueule n’était encore connue que sur East Blue, je passerai incognito et mes hommes également. Restait la future de Shiro… « Voulez-vous également venir sur le terrain ? Ça risque d’être dangereux pour vous… » Je préférais personnellement qu’elle reste à bord du navire pour nous attendre, mais les gens de la scientifique étaient plutôt bizarres ; d’autant plus qu’avec son grade et son futur statut marital, elle pouvait décider de rester coute que coute. Manquerait plus qu’elle crève dans cette opération…

En attendant, mon petit navire avait fini par accoster et nous permettait de rejoindre enfin la terre ferme.

- « Ça peut vous sembler paradoxal vu ce que j’ai dit tout à l’heure, mais on va quand même éviter les mentions les plus évidentes comme nos patrons et nos grades… »

C’est un peu distraitement que je lui répondis en scrutant les environs de gauche à droite en espérant que personne n’ait entendu mon grade. Foncer dans le tas ne voulait pas non plus dire que j’allais me vendre comme étant un marine au premier venu. Dans l’idée, je voulais tout simplement taper fort une fois les quelques cibles identifiées et puis de toute façon, mon style ne me permettait pas le luxe de la discrétion. C’est dans ce genre de situation que le Cipher Pol aurait eu toute sa raison d’être ; et c’était même à se demander pourquoi ils n’étaient pas dans le coup. Un coup de mon père ou de l’amiral Shiro lui-même ? Enfin bon… Pas le temps de s’en plaindre ! C’était à moi de faire mes preuves, d’autant plus que si j’arrivais à faire les choses correctement, y’avait moyen que la future épouse de Shiro me mousse auprès de lui ! Après tout, c’était mon héros et travailler sous ses ordres ne serait pas de refus, à terme. C’est mon père qui allait soupirer, mais qui ne pourrait qu’approuver. Et puis, qui ne voulait pas servir une personne aussi pure et noble hein ? C’était l’un de mes objectifs en tout cas, d’autant plus que je voulais faire mes armes sur Grand Line. Clairement le meilleur endroit pour progresser et se faire un nom -en dehors de celui de mon père.

- « Sinon, avez-vous des matériels spécifiques à récupérer ? Pour être honnête… »

Je laissai ma phrase en suspens, avant de faire un signe de main à tous mes hommes qui nous avaient suivi. L’équipage se scinda alors en quatre groupes. L’idée était de couvrir l’endroit par ses points cardinaux et ratisser au fur à mesure jusqu’à progresser au centre du fameux marché noir. Par la suite, je sentis un regard sur moi, avant de tourner ma tronche vers la direction qui m’avait donné un frisson, mais rien. Sans le haki de l’empathie, j’étais tout de même intuitif, mais il semblait que je me sois inquiété pour rien sur le coup. C’est d’ailleurs nonchalamment que je pris la direction qui nous faisait face, pendant que les autres contournaient les lieux par d’autres voies, armés de den-den-mushi au cas où. « Pour être honnête, je ne pense pas qu’on pourra tout récupérer, mais on pourra toujours essayer de remonter la piste de quelques potentiels acheteurs si on attrape les fameux robins machin là… » Ouais. Je n’avais même pas pris la peine de retenir le nom de leur gang. A quoi bon de toute façon ? Je ne comptais pas les laisser filer ! Il en allait de ma montée en grade et d’une potentielle mutation chez l’amiral ! Pas question de laisser filer cette chance de bien me faire voir ! Calculateur hein ? Et comment !

- « Ceci étant dit, difficile à croire que ce coin regorge de contrebandiers… »

Effectivement, l’environnement ne donnait pourtant pas l’impression qu’elle abritait des pirates ou encore un marché noir. On aurait dit une bourgade toute simple qui n’avait rien pour elle. Le constat était sans mépris, mais il fallait avouer qu’à cette époque, j’étais encore jeune, un peu trop idéaliste et j’avais du chemin à parcourir pour ne pas me fier aux apparences. D’ailleurs, c’est quelques temps plus tard qu’un homme me donna rapidement tort puisqu’il passa près de la promise de l’amiral et lui chopa ce qui semblait être sa bourse en un tour de main avant de commencer à sprinter comme un dératé vers un je ne sais où. Pantois devant ce qui semblait être un pickpocket, je restai un moment immobile avant de pointer l’homme du doigt qui s’éloignait à l’horizon à mesure que les secondes s’égrenaient : « Il vient de vous voler, là, non ? » Non parce qu’en plus, il y avait des voleurs dans ce coin paumé ? Ouais… J’avais encore pas mal de choses à apprendre. Et le plus fabuleux dans tout ça, c’est qu’avec les planètes alignées comme jamais auparavant, le voleur n’était autre qu’un sbire des robin marins qui fonçait droit vers leur planque, située non loin de l’unique auberge du coin. Comme si les dés étaient jetés et que le destin était en marche…

- « Poursuivez-le !! Qu'est-ce que vous attendez ?! »

Les hommes qui étaient à nos côtés se mirent alors à le courser à mon signal.

Pour ma part, je n’allais bouger que si la médecin se mettait elle aussi en branle. La surveiller faisait également partie de mon devoir, après tout.