Alors que la bataille faisait rage sur le navire, un bourdonnement inhabituel s’éleva, au milieu des sifflements des projectiles, des détonations des canons, et des clameurs des combats. Un bourdonnement qui gagna rapidement en intensité, jusqu'à forcer plusieurs marines à lever les yeux dans le ciel. Les pauvres curieux se retrouvèrent alors nez à nez avec des abeilles géantes, d'une espèce inconnue sur North Blue. Ces dernières, loin d'être des butineuses inoffensives, ouvrirent le feu grâce aux mitrailleuses fixées dans leur dos. Elles tracèrent rapidement des sillons de mort dans leur passage, jetant la plus grande confusion au sein des rangs ennemis déjà perturbés. Au milieu du tumulte, alors que les sous-fifres couraient en tous sens, terrifiés, certains combattants restaient concentrés !
Commandant
Les passes d'armes se multipliaient. Le commandant parvenait à maintenir une pression dangereuse sur le criminel, mais sans prendre un avantage décisif. Hayato répondait de son mieux, parant, esquivant et bloquant les assauts successifs. Loin de contre-attaquer, l'épéiste décryptait calmement le style de combat du marine. Chaque combattant avait un rythme qu'il affectionnait particulièrement, une attaque qu'il chérissait, un angle d'approche qu'il maîtrisait plus simplement que les autres... Autant de petits détails qui pouvaient passer inaperçus, à l’œil d'un novice, mais qui pouvaient faire toute la différence, à mesure qu'un sabreur gagnait en expérience.
De son côté, le commandant usait à outrance des coupes horizontales, avant de tenter de briser le rythme par un autre artifice. En revanche, il n'arrivait pas à appuyer autant ses coupes en biais ou verticales, ses feintes manquaient de doigté et, enfin, l'estoc ne semblait pas faire partie de son vocabulaire. Peu à peu, un profil de combattant se créait dans l'esprit du chef de clan. Il arrivait à contenir l'officier sans perdre de terrain, grâce à son style au sabre qui alliait économie de mouvement et lecture de l'adversaire.
Hayato brisa soudain de rythme imposé.
Il avait besoin de placer un contre, afin de déterminer comment le marine allait répondre. L'épéiste laissa Kashuu rebondir sur la lame de son adversaire, avant de fuser vers son épaule directrice. Le métal du meitou sembla se tordre, sous les rayons du soleil, forçant l'officier à parer en extrême urgence avant de reculer d'un pas, sous le choc. C'était la première fois que le hors-la-loi attaquait ce qui, en soit, n'aurait pas dû le surprendre outre mesure. Néanmoins, le commandant ne comprenait pas pourquoi Hayato ne pressait pas son avantage, et restait planté au même endroit. Les abeilles semaient la mort autour d'eux, mais ni l'un ni l'autre n'y prêtèrent attention : ils n'étaient pas pris pour cibles.
- Ah ! Un amateur ! se moqua le marine.
Un coup de chance pareil ne se reproduira pas !- J'ai bien peur que si, commandant, répliqua Hayato d'une voix sereine.
L'officier, qui était reparti tout de go, frissonna devant le calme du jeune homme, à tel point qu'il manqua son attaque et laissa une ouverture à Hayato. Ce dernier s'y engouffra et plaça trois coupes en biais, dans des angles dangereux. Habile, le marine effectua des grands moulinets du poignet pour parer, avant de revenir en garde, circonspect. Un fin sourire étira le visage du bretteur. Cet homme basait sa puissance sur sa force et sur sa vitesse d’exécution supérieures, quitte à laisser la technique de côté. Une grave erreur. Si Hayato peinait pour l'instant à contenir les assauts furieux de son ennemi, l'écart de maîtrise du sabre finirait par faire pencher la balance en sa faveur.
Comme il s'y attendait, le commandant prit la mouche, de voir Hayato aussi détendu, et repartit à l'assaut de plus belle. Pour l'instant, le chef de clan subissait la fougue du marine. Il écopa de quelques estafilades mineures, mais réussissait in extremis à se protéger, encore et encore, des attaques plus dévastatrices. Lentement, il prenait l'ascendant psychologique. Il lui faudrait multiplier les contre-attaques, briser la supériorité physique du marine en l'épuisant, afin de laisser sa garde s'effriter de plus en plus.
Fort heureusement pour lui, Hayato était patient.
Adjudant
Les épées volaient, virevoltaient, se croisaient dans un déluge d'acier. Les deux épéistes se tenaient en respect, multipliant les échanges dans l'espoir que l'un d'eux ne montre le premier signe de faiblesse. Katrina esquiva une attaque verticale et se rapprocha pour placer un coup de pommeau au plexus, que son adversaire bloqua avec sa propre grade. Le marine recula d'un pas et tenta une feinte en haut, pour tenter de couper la cuisse de l'ancienne chasseuse de primes. Elle lut la manœuvre, para et tenta de poinçonner l'abdomen de son ennemi, en vain. Les deux bretteurs reculèrent, grognant de mécontentement.
- Tu te débrouilles bien... pour une pirate !- Je suis toujours par une pirate... T'es un peu bouché, pour un marine. On te l'a déjà dit ?- Sale petite peste !L'homme tomba dans le panneau et attaqua un rien trop vite, en déséquilibre. Dash fusa sur le coté, para pour accentuer le faux-pas du sous-officier. Elle l'aurait tranché de part en part, s'il ne s'était jeté à terre, d'un rouler-bouler désespéré sur le coté, pour échapper à la mort. En revanche, il écopa d'une vilaine blessure au thorax. Comprenant la situation, Dash lui envoya un clin d’œil et tapota de l'index son propre thorax :
- Touché ! minauda-t-elle.
- Au nom de la Justice, je vais te pourfendre, pourriture ! Shayou-giri !D'un bond en avant, le marine prit de vitesse la jeune femme et lui entailla son bras gauche. D'un juron, elle se retourna, se remit en garde et grimaça de douleur, avant de lancer :
- Ok. Un partout.Dash recula précipitamment, lorsqu'un tir de mitraillette troua le sol entre eux. Le marine jeta un coup d’œil apeuré aux monstres volants, avant de secouer la tête, et de revenir à son adversaire. Rien n'était joué !
Adjudant - Sergent chef
Les coups pleuvaient sur Adonis. Il fallait dire que le navigateur l'avait cherché... à harceler l'adjudant en face de lui, à se moquer de sa coiffure et à lancer, encore et toujours, des bourrasques sur ses cheveux. Il peinait à maintenir le rythme, et encaissa plusieurs coups dans les cotes, tandis que l'adjudant esquivait la plupart de ses contres. D'une formidable bourrasque d'Air Breath, le navigateur se donna un peu de temps pour souffler, avant que le marine ne lui retombe dessus. Les deux hommes se frappèrent en même temps au visage, et furent repoussés sur plusieurs mètres. Adonis s'ébroua comme un chien, avant de s'exclamer :
- Waouh ! Ça réveille ! Mais bon, j'ai pas que ça à faire, tu sais ? Faut qu'on termine ça vite fait, bien fait. On y retourne ?- Petite frappe de mes deux, j'vais te faire passer l'envie de rire !Alors que le marine se faisait craquer les phalanges, Adonis attrapa une gourde qui pendait à sa ceinture, avant d'en prendre plusieurs lampées. D'un air goguenard, il la reboucha avant d'esquiver le crochet du droit que lui réservait son opposant.
- Attends un peu, mec. On va se marrer, toi et moi ! Haha !De son coté, Tartys n'avait pas du tout envie de rire. Sans son arsenal de dials, il se sentait à moitié nu. La technologie des mers Bleues avait beau être particulièrement intéressante, il lui préférait ses chers coquillages ! Le savant soupira un instant, avant de se replonger dans le combat. Le sergent-chef faisait le tour de la bouche d'aération en le canardant, tout en envoyant une petite escouade de marines à ses trousses. S'il sortait, il pouvait dire adieu à la foultitude d'inventions qui vivaient en son cerveau, lorsque ce dernier exploserait. Jamais le monde ne pourrait s'en extasier ! Il ne pouvait pas supporter cette idée.
La solution à tous ses problèmes prit la forme d'une attaque aérienne, lorsque les abeilles volantes mitraillèrent les sous-fifres à ses trousses et forcèrent le marine à s'abriter à son tour. Immédiatement, le prêtre de la Science changea de cachette. Il fila derrière des caisses, où il trouva plusieurs cadavres d'homme de main, ainsi que leur équipement. Une idée émergea rapidement et, alors que le sergent-chef tentait toujours de prendre à revers la bouche d'aération, Tartys s'activa. Il confectionna rapidement un piège grossier afin de propulser, telle une baliste de fortune, un sabre dans la direction du tireur. Deux fusils attachés ensemble pour guider le sabre, une ceinture élastique sous tension et du fil lui avaient suffit à créer son arme. Le déclencheur ? Lorsque son adversaire tirerait sur le casque qui, pour le moment, trônait sur sa tête, le couvre chef tomberait et entraînerait un morceau de métal qui coinçait la ceinture. Celle-ci se déplierait et, si tout se passait bien, lancerait le sabre à pleine vitesse dans la direction approximative du marine.
Avec mille précautions, le prêtre plaça son casque pour qu'il dépasse juste au dessus de la caisse, de manière à être visible par l’œil observateur du sniper. De son coté, il se déplaça, de sorte à pouvoir tirer une balle à son aise, en profitant de la distraction ainsi obtenue.
Adjudant - Sergent chef
Les tirs de mitrailleuses séparèrent les deux combattants. Si l'adjudant chef grogna de mécontentement, devant le calvaire que lui imposait la jeune fille, celle-ci leva le poing en direction des abeilles, avant de vociférer :
- Mais... C'est pas des guêpes ça ! C'EST DES ABEILLES ! Ce qu'ils sont cons, on aurait pu avoir du miel ce matin.- Je... Est-ce bien le moment se s'inquiéter de ce genre de chose, jeune fille ? JUSTICE PUNCH !- Pas deux fois de suite, couillon !Cette-fois ci préparée, Rougui accueillit la charge bien campée sur ses appuis, les bras croisés devant elle. Si la force de frappe du marine la fit reculer, elle réussit à minimiser les dégâts. Elle abaissa ses bras, avant de lancer un sourire carnassier à son adversaire.
- Loupé, nullos !- Quelle grossièreté, pour une jeune femme...Après avoir levé les yeux au ciel, la rouquine repartit à l'assaut de plus belle. À présent bien au fait de la fougue de la criminelle, l'adjudant la reçut comme un roc. Les deux combattants échangèrent les amabilités à grands coups de poings et de coudes, tentant de faire mordre la poussière à leur vis-à-vis le plus vite possible !
De leur coté, Médusa et le sergent-chef se regardaient en chiens de faïence. Les attaques frontales ne fonctionnaient pas, les feintes non plus, et malgré son avantage grâce à ses crachats venimeux, Médusa peinait à prendre l'ascendant. Si on ajoutait à cela le caractère hautain et les remarques dédaigneuses du marine, la coupe commençait à se remplir dangereusement.
- Bon, la tête de radis, c'est quand tu veux que tu te couches.- Vous êtes bien sûre de vous, pour une gamine !- RÉPÈTE UN PEU ? J'SUIS PLUS ÂGÉE QUE TOI, LE BLANC BEC ! RESPECTE MON AUTORITÉ !Avant qu'il ne puisse lui lancer une réplique bien salée, le jeune marine vit la médecin cracher sur ses poings un liquide verdâtre aux allures peu engageantes. Le gratifiant d'un sourire démoniaque, Médusa repartit à l'assaut, cette fois ci les poings enduits de son venin.
Matsuri – Sous lieutenante
Obéissante et professionnelle, Matsuri avait profité du tumulte de la bataille pour s'éclipser dès le début des affrontements. L'attaque aérienne des abeilles avait terminé de semer le chaos au sein des marines, lui facilitant encore plus la tâche pour s'infiltrer. Comme les bâtiments étaient construits en série, ils possédaient tous le même plan, sans compter les éventuelles variations demandées par l'officier en charge. Ainsi, elle put s'orienter sans mal jusqu'à la salle des commandes. Elle tendit l'oreille, derrière la porte blindée entrouverte, mais n'entendit que les navigateurs qui tentaient d'éviter les icebergs. Elle sourit devant sa chance, juste avant qu'un sifflement ne la force à se jeter sur le coté.
- Je savais bien qu'il manquait un rat, en bas.La jeune marine décorée en face d'elle la fixait d'un regard froid, son épée au clair. Sans laisser le temps à Matsuri de répondre, elle lança de multiples estocs qui transpercèrent le corps de la kunoichi ! La marine retira sa lame, avec un sourire satisfait. Soudain, une minime explosion retentit et le corps de son adversaire disparut, dans une volute de fumée. Juste à temps, elle pivota et bloqua le ninjato de Matsuri, qui était censé la décapiter sans plus de formalité. La sous-lieutenante écarquilla les yeux, avant de reculer précipitamment. Elle jura en silence, devant le spectacle improbable qui se tenait devant elle : la jeune fille sembla se dédoubler de nouveau ! La kunoichi lui lança alors, d'un ton placide :
- Vous me gênez. Je vais devoir m'occuper de vous.- Pareillement, rétorqua-t-elle d'un ton mordant.
Immédiatement, les deux femmes se jetèrent l'une sur l'autre dans un déluge d'acier.