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Retour aux sources et nouveau départ


Retour aux sources et nouveau départ



Plus de deux années avaient passées.

Deux années à parcourir West Blue de fond en comble. Deux années à voyager et à découvrir un monde toujours plus complexe, toujours plus violent et sombre. Si Hayato avait vécu l'expérience hideuse de la vie, lors de son périple, il avait pu aussi – et fort heureusement – rencontrer de belles personnes. Son voyage de retour à Kanokuni marquait un pas de plus dans son initiation. À présent rodé, il n'était clairement plus le jeune homme hésitant quant à la marche à suivre. Bien qu'il lui reste encore un long chemin à parcourir, le futur criminel sentait avoir passé un cap. La raison en incombait notamment à sa formidable volonté et à son indéfectible foi en l'avenir vu par son défunt père. Mais il aurait été aussi égocentrique qu'injuste, d'exclure des louanges une certaine personne.

C'était pour cette raison qu'il l'avait contacté, à peine quelques jours auparavant.

Comment remercier un homme qui avait su voir en vous un potentiel unique ? Comment rendre la pareille, face à une main tendue qui détient déjà tout, alors que vos poches sont simplement emplies de belles promesses ? Voilà l’énigme que le vagabond avait tenté de résoudre, durant ces deux années. Les simples possessions matérielles semblaient bien futiles, pour un notable de l'empire aussi haut placé. Quelle expérience un homme sans le sou pouvait il bien proposer à un noble, qu'il ne puisse s'offrir lui-même ? Il avait beau manquer de sagesse et d'expérience, l'épéiste espérait que son approche saurait toucher du doigt un début de réponse.

Alors qu'il accostait tout juste dans la baie de Jing, le bretteur salua le petit navire de pêcheurs et les remercia de leur bonté. Ils étaient bien les premiers depuis des mois, à lui avoir proposé de le transporter sans contrepartie. De ses sandales abîmées, il foula le plus grand port de l'île. Capitale commerciale de Kanokuni, la cité s'étendait à perte de vue, regorgeant de commerçants et de battisses à l'architecture locale si typique. Le vent porta les fragrances d'épices lointaines, les cris des mouettes et les échos des marchands en pleine négociation. Si Hayato avait changé, le port, lui, n'avait pas bougé d'un iota. Son paquet soigneusement emballé en mains, le guerrier se dirigea de sa démarche souple au travers de la foule.

Alors qu'il souhaitait passer sur South Blue, pour débuter la suite de son voyage initiatique, il tenait à faire ce détour. Ou plutôt, son sens moral le poussait à retourner aux sources de son épopée, afin de remercier comme il se devait Feng Han. Il eut été parfaitement impoli et inconvenant, de voir rester comme lettre morte sa bonté. En usant d'un denden mushi prêté pour l'occasion, ils avaient pu se donner rendez-vous, dans un temple attenant à la cohue de la baie de Jing. Car si cette dernière regorgeait d'étals et de boutiques, la beauté des temples attirait également le touriste et, donc, faisait fructifier les affaires. Une façon habile de mettre en avant la culture du pays et, naturellement, d'en faire payer le prix aux curieux étrangers, dépaysés devant leur architecture splendide.

À force d'arpenter les rues, le vagabond finit par trouver ce qu'il cherchait. Il arriva devant un édifice religieux, dont l'enceinte était frappée du sceau de la famille Han. De multiples statues aux reflets d'or gardaient les murs du temple, contre les esprits malins autant que les familles ennemies, disait on. Avec un sourire aux lèvres, l'épéiste entra par une arche massive, son cadeau à la main. Il traversa une cour impeccable, laissant ses sandales crisser sur le sable fin, tandis qu'il appréciait les multiples arbres et arbustes floraux, taillés à la perfection, qui égayait le passage et dégageait une douce fragrance. Bientôt, il arriva à un escalier massif conduisant au bâtiment principal qui culminait à plus de cinq mètres de haut. De chaque coté de l'impressionnante porte d'entrée trônait deux gigantesques statues, sans doute sensés représenter d'importants personnages de la famille Han mais dont, à sa grande honte, il ignorait l'identité. Il salua un moine en tenue orange et rouge, qui inclina son crane rasé en guise de réponse.


- Bonjour, je m'appelle Suisou Hayato, déclara-t-il. Je cherche messire Feng Han, nous avons convenu d'un rendez-vous ici.
- Certainement, répondit le moine d'un ton neutre. Néanmoins, je vais devoir vérifier le contenu de votre paquet, jeune homme.


Après une brève hésitation, l'épéiste lui remit le présent. Avec des gestes rapides et précis, son hôte déballa rapidement le papier, sans en déchirer un seul centimètre, afin de découvrir une boite en bois simple. Il en souleva le couvercle et, bien malgré lui, laissa échapper un murmure appréciateur. Sous un écrin en bois d'une simplicité presque décevante, se cachait un petit bijou. Peu de temps après leur rencontre, Hayato avait passé des semaines entières, sur une île reculée de West Blue, à collecter l'argile, les pigments naturels et les feuilles de thé nécessaires à la conception de l'objet. À force de nombreuses tentatives et d'efforts, il avait surtout réussi à modeler lui même, puis sublimer, ce qu'il comptait offrir un Feng.

Aux yeux non initiés, il s'agissait d'une simple théière aux reflets carmins. Mais pour des connaisseurs, la beauté de la pièce ne résidait pas dans ses courbes, ou sa coupe simple et délicate, mais dans l'âme que l'on y ressentait sans mal. Des mois durant, chaque jour, Hayato avait effectué une cérémonie du thé avec cette même théière, partout sur West Blue. Peu à peu, les pigments du thé avaient créé cette magnifique patine que seuls le temps, ou une patience démesurée, pouvaient créer. Or, puisque la pièce était signée à même l'argile par son créateur, elle ne laissait nul doute quant à l'origine de sa beauté. Religieusement, le moine remballa le précieux cadeau, avant de s'incliner de nouveau :


- Par ici, je vous prie.


Sans un mot, le vagabond le suivit.


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1622
Jing
Sanctuaire familial des Han


Feng était d'humeur joyeuse. Depuis ce matin, toutes les nouvelles qu'ils recevaient étaient favorables à l’avancée politique du parti de la Tradition et voilà qu'une ancienne connaissance reprenait contact avec lui. Cela faisait près de deux ans qu'il n'avait pas eu de nouvelles d'Hayato. Le jeune escorte avait dû évoluer depuis sur ses ambitions. Désirait-il toujours prendre une revanche sur ceux qui avaient sali son honneur ? Le kanokunien n'en doutait pas une seconde. Souhaitait-il son soutien pour une entreprise risquée ? C’était possible. Les informations qu'il avait suite à leur reprise de contact n'étaient pas très fournies mais avaient suffi à ce que les deux hommes conviennent d'un rendez-vous. Le sanctuaire familial de la famille Han, instauré dans un discret quartier isolé de Jing, suffirait sans peine à la rencontre. La bâtisse était discrète quoique richement décorée, pleine de moines dévoués et assez grande pour que personne ne les dérange. De quelques ordres efficaces, le Han avait fait en sorte que le lieu permette de recevoir discrètement l'épéiste. Dans l’attente de sa venue, il tenait même sa cour et ses réunions dans la grande salle du sanctuaire, fermée aux pèlerins et aux visiteurs pour la journée.

La révolution gangrénait la ville depuis peu et, étant donné ses fonctions officielles, Feng était une cible d'espionnage de choix pour obtenir des informations. Malgré les liens que son sifu avait avec eux, les deux factions se nourrissaient l'une de l'autre sans pour autant parvenir à une réelle alliance. Tout le monde se doutait que la situation allait dégénérer. Il ne restait qu'à savoir quand. Le jeune Suisou pourrait peut-être l’aider à ce sujet. Ils verraient en temps voulu. Pour l’heure, Feng était en train de terminer une réunion avec ses conseillers en vue de la prochaine session extraordinaire du parti de la Tradition. Certaines vieilles carnes, arborant aisément le double de son âge, avaient décidé de glisser à l’ordre du jour de la session des articles à voter pour modifier le règlement du parti et les subventions des élus. En résumé, ils tentaient de tirer la couverture pour eux comme si de rien n’était. Cela avait le don de l’agacer mais ses conseillers étaient là pour ça. Trouver des solutions.

« Le maire Meng ne votera pas la résolution 38.2 du règlement général. J’en mets ma main à couper.
- Ce serait idiot de finir manchot si jeune mon cher Luyin, ricana Jinye Yu, en charge des relations publiques de Feng. Il est dans la poche du héraut Chen pour une affaire de charges non-réglées à une de ses concubines. »

La jeune femme de vingt-deux ans irradiait dans un habit de soie traditionnel intégralement noir. Son visage était fardé d’une craie blanchâtre et seules ses lèvres détonnaient d’un rouge carmin. Une beauté à n’en pas douter. Et elle s’en servait comme d’une arme des plus efficaces. Combien d’informations avaient malencontreusement fuité en faveur du patriarche des Han grâce à elle ? Un nombre non-négligeable à n’en pas douter. Pourtant, en face d’elle, Luyin, chef de cabinet de Feng, n’était pas dupe. Âgé de trente ans à peine, il était un des plus éminents théoriciens politiques que le Han ait eu la chance de connaître. Son approche scientifique du légalisme impérial et son statut d’avocat de haut rang étaient respectés même à la cour impériale. Il était en pleine montée de régime et prenait de l’aspiration dans le sillage de Feng. Un jour pas si loin viendrait où il demanderait à Feng de pouvoir se présenter à un poste officiel. La stratégie était écrite à l’avance et, pas dupe, les deux hommes se contentaient de ne pas en parler, préférant ne pas attiser les tensions.

Peng, assis dans l’ombre de son maître, toussa. Le vieil homme, affublé de son traditionnel complet à col mao noir et blanc, venait de leur faire signe de prendre congé. De manière raffinée et à peine perceptible. Du Peng tout craché. Feng arbora un sourire satisfait et offrit un signe de tête à ses conseillers en guise de remerciements. Il intervenait peu dans ces réunions et se réservait le droit de trancher les points bloquants. Celui-ci n’en serait pas un. Laissant ses deux interlocuteurs se retire, il déclara à l’attention de Peng :

« Je te laisse le soin de faire escorter mon invité jusqu’ici. Pour ce qui est du présent à lui transmettre, nous nous adapterons en fonction.
- Bien maître Feng. »

Le majordome sortit sans un bruit de la pièce. Remplaçant le bâtonnet d’encens qui venait de s’éteindre devant lui, le patriarche s’accorda un moment de répit en inspirant la douce odeur de fumée parfumée et en fermant les yeux. Il exhala lentement l’air rempli dans ses poumons en laissant retomber la tension qui parcourant ses membres supérieurs. La méditation l’aidait beaucoup à ne pas se laisser submerger par l’anxiété dernièrement. Dès qu’il avait cinq minutes devant lui, il s’y adonnait avec une rigueur ascétique. A la fin de sa courte séance, une porte s’ouvrit dans son dos tandis que Feng se relevait lentement. Derrière lui, le jeune Hayato lui était amené par le moine Jung, courbé en la présence du patriarche. Découvrant un sourire de circonstance, Feng s’empressa de raccourcir la distance entre eux tandis qu’un regard fit déguerpir le moine, habitué à ce genre de signaux.

« Hayato, ravi de vous revoir. Cela fait un bon moment que je n’avais pas eu de vos nouvelles. Ces dernières sont bonnes j’espère ? »



Dernière édition par Feng Han le Sam 17 Fév 2024 - 18:10, édité 3 fois
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Hayato suivait sans mot dire son guide. Il menait la marche, d'un pas assuré, au sein de l'immense temple arboré. Ils passèrent devant plusieurs petits jardins, impeccablement arrangés, ainsi que des arches magnifiques. L'architecture fine, les couleurs harmonieuses aux tons rouge-orangés, les statues majestueuses... tout, en ces lieux, représentait la puissance de la famille Han. Enfin, les deux hommes arrivèrent devant une double porte, dont les lourds battants s'ouvrirent sous la poussée du moine. Hayato découvrit une vaste pièce, au milieu de laquelle trônait une large table. Des chaises et des coussins encerclaient cette dernière. Une subtile odeur d'encens fleuri inondait les sens. Mais le plus important se tenait, dos à lui, à l'autre bout de la salle.

Immédiatement, la silhouette de Feng le ramena deux ans en arrière. Si, lors de leur précédente rencontre, Hayato avait été surpris en pleine méditation, il lui semblait que les rôles s'étaient inversés, aujourd'hui. Malgré tout, leurs places respectives en ce monde n'avaient que peu bougé. Han Feng restait un haut dignitaire du pays, à qui il devait le respect inhérent à son rang. Bien qu'il ait foncièrement progressé tant physiquement que mentalement, le monde considérait toujours Suisou Hayato comme un simple vagabond. Pour le moment, tout du moins. Comme dans ses souvenirs, son hôte se montra franc et courtois, mais également un meneur respecté et obéi. Il ne lui fallut pas plus qu'un simple regard pour congédier son guide.


- Je suis, mon cher Feng, très heureux de vous revoir également, lui répondit le bretteur. N'ayant pas d'escargophone, je suis contraint de m'en remettre à la générosité des personnes que je croise, pour donner des nouvelles.


Avec un bref sourire, Hayato lui tendit respectueusement le paquet qu'il transportait :


- En guise de remerciement, pour votre bonté passée, je vous prie d'accepter cet humble présent. J'espère qu'il sera à votre goût.


Laissant tout le loisir à son obligé de contempler le paquet cadeau, Hayato lui confia la simple boite, avant de réfléchir à sa prochaine prise de parole. Lors de leur dernière rencontre, il était affamé, épuisé, encore choqué après l'horreur qui avait accablé son clan. Pourtant, cet homme avait su voir au delà des apparences et lui tendre une main secourable, lui signifier par ses mots et ses actions qu'il croyait en son développement futur. Un geste intéressé, ou un élan de bonté ? À dire vrai, peu importait au vagabond que Feng soit réellement un modèle de vertu, un être doué d'une compassion hors norme, ou un saint parmi les hommes. Lui même n'était pas exempt de tout reproche.


- J'ose croire que cette offrande marquera notre amitié d'un jour nouveau. Vous avez su m'aider à me remettre sur les rails du devoir, alors que j'étais perdu. Ce voyage vers la nouvelle Ohara a grandement marqué mon futur. J'aimerais, en juste retour, vous prêter assistance pour vous aider à dessiner un avenir radieux.


Après un bref instant, le temps d'accrocher le regard de son hôte, l'épéiste reprit d'une voix calme :


- Nous nous sommes à peine entrevus, lors de notre précédent voyage. Pourtant, je gage que vous êtes un homme d'honneur, Feng. Les valeurs de votre maison sont, sans aucun doute, à la hauteur des vôtres. Que ce soit dans un jour, un an ou plusieurs décennies, je vous offre le poids du clan Suisou, pour peser dans la balance du destin. Si je me présente seul devant vous, aujourd'hui, soyez assuré que ma famille renaîtra de ses cendres. Alors, si d'aventure vous nécessitez que nous vous prêtions main forte, je serai heureux de répondre à cet appel.


En deux ans de pérégrinations sur West Blue, Hayato était rapidement arrivé à un constat sans appel. Sur les mers, la solitude ou l'isolement, rimaient souvent avec la mort. La plupart des pirates, des criminels et même des soldats de la Justice évoluaient en groupe, et ce pour une bonne raison. Ainsi, à l'image de feu son père, le futur leader du clan Suisou entendait bien se créer un réseau de braves, de sages et de guerriers en qui il pouvait avoir confiance.

Sans nul doute, Feng entretiendrait pareille pensée.


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Hayato restait égal à lui-même. Heureux de revoir Feng, il lui tendit respectueusement un joli paquet emballé avec soin. Avec une minutie toute mesurée, Feng ouvrit le colis et en sortit une théïère légèrement rouge à la conception artisanale. D'instinct, il sut que le jeune homme avait conçu l'objet lui-même et l'estime qu'il avait de ce dernier bondit en un instant. L'objet était sans aucun doute vierge de toute utilisation et le temps qu'avait dû passer son modeleur pour l'amener à la vie laissait le Han perplexe. Sans le savoir, le Suisou venait de lier les deux hommes avec quelque chose de bien plus puissant que des mots.

« Je suis plus que touché par votre attention et le temps précieux que vous avez consacré dans cet objet. A vrai dire, je crois qu'il y a bien longtemps qu'on ne m'avait pas fait preuve d'une telle affection. Merci. Sincèrement. »

Laissant un court silence s'installer, il laissa le samouraï expliquer la raison de sa venue. Sous des propos bien choisis, l'invité de Feng venait de lui offrir quelque chose de similaire à une alliance. Il répondrait à un appel aux armes du Han si le besoin s'en faisait sentir. Là encore, l'intention était grandement appréciée. Lissant sa moustache d’un air plus chaleureux que d’habitude, il frappa des mains et Peng, le vieux majordome, surgit d’un coin de la pièce, les bras chargés de présents qu’il déposa en silence devant les deux hommes. Trois objets avaient été sélectionnés. Peng avait bien choisi. Comme à son habitude. A la droite du Han figurait une somptueuse amulette de jade représentant une tortue. Dans leur culture, c’était un symbole de protection et d’amitié puissant. Ensuite, à sa gauche, venait un tombé de soie bleu azur d’une qualité digne de la cour impériale. Le tissu valait une petite fortune à lui seul et nombre de concubines se le seraient arrachées si Peng n’avait pas racheté en sous-main tout le stock du marchand le plus en vue du palais. Enfin venait la pièce maîtresse. Une pièce de bois laqué de plus d’un mètre finement sculpté et laqué sur laquelle les symboles de l’honneur et de la justice étaient gravés sur chacun des côtés. C’était un fourreau conçu par le meilleur ébéniste de l’île à n’en pas douter ceint d’un ruban de laine tressée rouge sur lequel était accrochée une petite clochette d’argent, symbole de bonne fortune.
Feng expliqua modestement la nature de ces présents tandis que son majordome se plaçait derrière lui. Le vieil homme avait toujours eu un goût exquis et un sens du détail inné. Le Han se demandait souvent quelle bonne étoile veillait sur lui pour avoir la chance d’avoir un tel serviteur. Invitant le Suisou à inaugurer la théïère, il poursuivit leur dialogue.

« Je ne vous cache pas que cet étalage de présents n’est rien à côté de la marque d’amitié dont vous venez de me faire preuve. Je parle en mon nom et en celui de mon clan. Les Han ne vous oublieront pas. »

A ces mots, le quarantenaire ajouta une courbette de salutation rarement employée au vu de son statut. L’honneur témoigné à son invité devait être au moins égal à l’estime qui lui était portée et il comptait bien respecter la tradition en ce sens. Laissant un couple de serviteurs d’âge équivalent à Peng venir servir le thé, il interrogea l’épéiste sur son périple en se régalant du breuvage chaud et chargé en feuilles.

« J’espère que votre quête a avancé depuis l’année de notre rencontre. Avez-vous pu mettre un… terme à votre périple ? Ou puis-je vous aider de quelque manière que ce soit ? »


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Alors qu'Hayato recevait les remerciements de Feng, il sentit une chaleur englober son corps. Un doux frisson d'apaisement, de bien être, qu'il n'avait pas ressenti depuis bien longtemps. Cet homme qui devait avoir deux fois son âge, semblait comprendre le vagabond autant que feu Jinro-san. Que dire, alors, face à la réponse du notable ? Il semblait qu'en cet instant de grâce, aucun mot n'était nécessaire aux deux guerriers pour déchiffrer l'autre. Feng frappa soudain des mains, ordonnant à un vieux majordome d’apparaître. Ce dernier se présenta les bras chargés de présents, qui firent rougir de honte Hayato. L'opulence qu'on étalait devant lui le mit mal à l'aise. Il était honoré d'être traité ainsi, lui qui vivait sans le sou, de la plus humble des façons. Il s'inclina de nouveau, face au commentaire de son ami. Les Han et les Suisou étaient, dorénavant, intiment liés. Néanmoins, il se trouva bien dans l'embarras, face à tant de générosité. Comment allait-il réussir à refuser poliment les cadeaux luxueux, sans paraître pour un rustre et un impoli ?

En effet, son périple n'était pas de tout repos, loin s'en fallait ! Pirates, criminels en tous genre, monstres, conditions de vie précaires... tout laissait à penser que de tels objets de valeurs n'avaient pas leur place, entre les mains du dernier membre du clan Suisou. Il laissa son regard glisser sur la somptueuse tortue en jade, le tissu céruléen d'une qualité fantastique et, bien sûr, l'oeuvre d'art digne d'un des plus grands meitous : le fourreau en bois laqué, drapé d'un ruban rouge et ceint d'une clochette en argent. Il le savait, recevoir ces offrandes était un insigne honneur ! Feng eut beau minimiser leur valeur, face à l'oeuvre offerte par Hayato, ce dernier savait à quoi s'en tenir. Son hôte inaugura la théière, lors d'une cérémonie du thé, à l'image de leur première rencontre. Tandis que le noble s'inclinait, Hayato lui rendit la pareille, le feu aux joues.


- Cher Feng... commença Hayato. Vous me voyez comblé. Je ne puis exprimer ma gratitude, devant votre prévenance et le respect dont vous me gratifiez, malgré la déchéance dans laquelle j'ai été plongé. Loin de moi une quelconque volonté de me montrer irrespectueux, mais je ne puis accepter vos merveilleux présents.


Bien vite, le vagabond expliqua la raison de son refus :


- La raison en incombe à la suite de ma quête. Vous êtes observateur, j'en suis certain, aussi avez-vous dû noter les changements opérés sur ma personne. En deux ans, j'ai grandement avancé sur la voie du sabre et celle de l'esprit. Grâce à vous, j'ai pu accéder à la fantastique bibliothèque de la nouvelle Ohara. J'y ai acquis les bourgeons d'un savoir que j'espère voir grandir. Par la suite, j'ai sillonné West Blue de part en part, mais il me reste tant à voir ! Je compte passer par la Flaque, me rendre sur South Blue, puis East Blue et, enfin, North Blue. Ce sera sur cette mer glaciale, que je reforgerai le clan Suisou. Un voyage long, difficile... et dangereux.


Il lança un regard de circonstance aux trois fins objets qui lui étaient présentés. Le bretteur eut la bonne grâce de courber l'échine, les yeux fermés, avant de revenir à son interlocuteur :


- Emporter de tels merveilles avec moi, risquerait de me plonger dans la honte. Je n'ai pas la prétention de pouvoir, présentement, les protéger et les chérir comme il se devrait. Face à des adversaires supérieurs en force et en nombre, ils pourraient tomber entre des mains mal intentionnées. Or, je préfère les savoir avec vous, plutôt qu'entre les mains de crapules qui me les auraient ravies. J'ose espérer ne pas vous insulter, en réagissant de la sorte. Il ne s'agit nullement de rejeter votre amitié, ou un gage de considération dont je vous suis infiniment reconnaissant. Voyez-y, plutôt, le témoignagne du respect que je porte à votre générosité.


Le vagabond espérait sincèrement ne pas froisser son hôte, en réagissant de la sorte. Néanmoins, si rejeter un présent était déjà assez embarrassant, jamais il n'oserait se représenter devant Feng, s'il venait à perdre ces pièces remarquables lors de son voyage ! Tentant, bon gré malgré, de relancer la conversation sur un sujet plus léger, Hayato reprit bien vite la parole :


- Mais dites-moi, Feng, comment se portent vos affaires et celles de l'empire ? J'ai cru découvrir un pays riche et plein de vie, lors de mon arrivée. Votre famille se porte-t-elle bien ?


Hayato attrapa des deux mains une tasse de thé fumant, qu'un vieux serviteur lui présentait. Il le remercia d'un signe de tête, avant de souffler sur le liquide brûlant. Tout en prêtant une oreille attentive à son vis-à-vis, le guerrier huma le thé aux arômes de jasmin. Voilà des mois qu'il n'avait pas pu profiter d'un bon thé.


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Alors comme ça, il refusait ses présents ? Feng resta impassible tandis que le jeune homme lui expliquait les raisons de son refus. En des temps reculés, il se serait vexé de l’affront qui lui était fait. Refuser des cadeaux n’était pas quelque chose de concevable dans son univers. Pourtant, les justifications du Suisou l’apaisèrent assez rapidement. Il avait senti son interlocuteur mal à l’aise devant un tel étalage de richesses. Chacun des cadeaux était chargé d’une empreinte financière non-négligeable au regard de la théière. Feng, à la différence d’Hayato, n’avait pas le temps ni le loisir de faire des offrandes lui-même. Là résidait la différence entre les deux hommes. Leur estime mutuelle n’était pourtant pas factice.

Aussi, les récits des voyages passés d’Hayato le firent sourire et sa quête à venir impliquait en effet maints dangers. S’entraîner au sabre et entraîner son esprit, deux résolutions louables. Et voyager. L’appétit pour le voyage de celui-ci intrigua Feng. Il n’avait jamais quitté son île au-delà de ses missions et il est vrai que parfois cela lui manquait. Découvrir de nouvelles cultures, faire de nouvelles rencontres. Descendant quelques gorgées de thé, il s’oublia un instant et rêva d’une autre vie dans laquelle le poids de ses fonctions ne l’aurait jamais accablé. Haaa. Rien de mieux qu’un bon périple pour s’endurcir en tout cas. Les années de guerre politique que menaient Feng n’avaient fait que le rendre meilleur et ce n’était pas près de s’arrêter. De ses mains, le patriarche lissa les plis de sa tenue et pinça ses lèvres en écoutant attentivement la fin des propos qu’on lui servait.

« Je vois. Et je comprends. Alors cela vous laissera une raison de revenir les chercher. »

Pour relancer la conversation, Hayato lui demanda ensuite des nouvelles de sa famille. Par pure politesse sans doute. Aussi se résolut-il de lui répondre le plus honnêtement possible.

« La situation du pays est contrastée. Et pour ce qui est de ma famille, elle se porte bien merci. J’espère que la nouvelle génération prendra vite la relève. Le rôle de patriarche n’est pas de tout repos et essayer de conserver un climat d’harmonie demande une… énergie considérable. Et une certaine force de caractère. »

Une flamme rieuse s’alluma dans son regard tandis qu’il resservait une rasade de thé à son invité. Ils dégustèrent le breuvage en silence dans un échange de partage silencieux. Feng préférait s’adonner à quelques instants de contemplation plutôt qu’à des discussions pleines de vide. Déposant sa tasse d’un mouvement de main lent, il se redressa devant son invité, apparemment surpris. Lissant une nouvelle fois sa moustache, il contempla l’aventurier d’un regard serein.

« Pour en revenir à vos propos sur le poids du clan Suisou. Je préférerais m’assurer de la qualité de cet engagement moi-même. Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre. »

Derrière eux, Peng ouvrait un grand mur coulissant, découvrant une cour intérieure agrémentée d’un jardin. En son centre, un cercle de sable encadré de galets trônait fièrement. Feng s’entraînait ici plus souvent qu’il ne voulait se l’avouer. Dans le fond de la cour, un ratelier d’armes était accroché à un des murs. Déposant sa tenue dans les bras d’un Peng parfaitement positionné, le Han découvrit alors une chemise noire sous son riche accoutrement et troqua son pantalon pour un vêtement d’exercice plus adapté. Ses pas l’entrainèrent ensuite vers le long manche de bois et d’acier d’une guandao d’exercice. C’était son arme favorite même si l’usage voulait qu’elle soit plutôt utilisée à dos de cheval. Et elle allait sans doute causer quelques bleus à son nouveau partenaire d’entraînement s’il ne faisait pas attention.

Se retournant pour se diriger vers le cercle, Feng eut le loisir d’observer Hayato qui semblait apparemment surpris mais satisfait de la proposition. Le temps était venu de voir de quel bois il se chauffait. Et mieux valait pour lui qu’il soit plus robuste qu’un morceau de magnolia.



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Comme le vagabond le redoutait, Feng sembla prendre la mouche. Même s'il était resté impassible, il sentit le noble relâcher une pression psychique, à mesure de ses explications. Comme s'il s'était roidi initialement, pour se détendre peu à peu face aux arguments d'Hayato. Il finit même par sourire, à l'évocation de ses futures péripéties, signe qu'il lui pardonnait sans doute cet affront. Le jeune voyageur s'inclina devant la sagesse de son hôte. Ce dernier lui fit part des démons qui étaient les siens, pour diriger la famille Han avant de, soudain, changer de sujet. Il souhaitait donc mesurer la force du bretteur ? En d'autre terme, « faire confiance, mais vérifier ». Rien d'étonnant de la part d'un homme de sa stature. Le guerrier y voyait même une nouvelle marque d'expérience. Il le suivit donc jusqu'au cercle d'exercice, devant lequel il s'inclina avant d'en franchir la limite en galets. Hayato découvrit alors son adversaire. Il fut surpris, mais presque satisfait, de se mesurer à Feng.

Le patriarche avait revêtu une tenue d'entrainement, puis s'était ceint d'une arme semblable à une naginata. Pour s'être entraîné des années durant face à divers adversaires, il connaissait le problème inhérent à ce genre d'arme. Elle conférait une allonge ennuyeuse, du point de vue d'un fantassin maniant le sabre. L'astuce de tout le combat résidait en un seul point : nullifier l'avantage de cette arme, pour insister sur son point faible. Si la hampe de plusieurs mètres permettait de porter des coups à grande distance, elle devenait encombrante, au corps à corps. Paradoxalement, la solution la plus simple demeurait de se munir d'un wakizashi ou tout autre arme courte, de rentrer dans le maai le plus vite possible et ne plus jamais en ressortir. Néanmoins, encore fallait il pouvoir prendre de vitesse le manieur, et profiter d'une ouverture. En ce sens, la pratique se révélait souvent bien moins glorieuse que la théorie.


Tandis que les deux combattants entraient dans l'arène de galets, l'atmosphère changea peu à peu. Les deux guerriers se faisaient face, mus par un respect mutuel et une curiosité propre à tous les artistes martiaux. Cette soif insatiable, qui les poussaient tous à se mesurer les uns aux autres. Peu à peu, la légèreté et la jovialité qui avaient animé cette rencontre fondirent comme neige au soleil, pour laisser place au plus grand sérieux. Les deux hommes s'estimaient bien trop pour retenir leurs coups, pour se laisser aller à la complaisance ou à la mansuétude. Peu importait leurs liens et l'estime qu'ils se portaient... ni l'un ni l'autre n'étaient homme à salir l'honneur de son adversaire, en ne se donnant pas au maximum.

Dans ce cercle de pierres, ils étaient ennemis.

Le regard d'Hayato se durcit, tandis qu'il se préparait au combat. Le serviteur de Feng s'improvisa arbitre et les salua. L'épéiste s'inclina respectueusement devant son adversaire, avant de relever son buste. Détendu, il recula sa jambe droite, tout en dégainant son bokken. D'instinct face à une naginata, il se mit en garde neutre, prêt à réagir à toute attaque. Le majordome leva lentement la main, avant de l'abattre brutalement.

Loin de foncer tête baissée, Hayato jaugea la garde de Feng, la position de ses pieds et son regard, afin de déterminer le type de combattant qu'il était. Lentement, l'épéiste entreprit de réduire la distance, pas après pas. Sans se presser, tout en gardant ses sens en alerte, le bretteur avança vers Feng. Si ce dernier lançait la moindre escarmouche, il tenterait une parade avant de réduire la distance. La manœuvre était prévisible, en soi, mais révéler toutes ses cartes dès le début d'un combat était stupide. Mieux valait commencer par des échanges simples, afin d'estimer le niveau de son ennemi et, si besoin, corser son jeu en conséquence.


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Affronter une personne en combat singulier était une expérience qu'affectionnait particulièrement Feng. De la même manière qu'avec des mots, cela lui permettait de découvrir petit à petit son adversaire au détour d'un mouvement, d'un regard, d'une feinte. Les prochaines passes d'arme lui offraient donc la possibilité d'entrevoir le talent du clan Suisou par le biais de sa guandao. Dans sa main, la longue lance ne pesait pas plus qu'un fétu de paille. Habitué à manier cet objet depuis son adolescence, ce dernier était devenu le prolongement du bras du Han. Et il allait botter le cul d'Hayato sans coup férir dans quelques instants. Mais pour l'heure, le temps était suspendu aux pas du jeune homme qui pénétrait dans le cercle de galets. En théorie, l'arme de Feng lui donnait un désavantage certain s'ils se restreignaient à rester dans le cercle. En théorie.

Lèvres pincées, regards froids et déterminés, positions martiales, ports altiers. Ils étaient fin prêts à se bastonner à grands coups de bois et de métal. Malgré l’intensité d’Hayato, Feng ne se leurrait pas. Il y avait peu de chances que le jeune homme ne prenne le dessus sur lui avec aussi peu d’années d’expérience. D’autant plus qu’il ne semblait pas avoir été débarqué de la Route de tous les Périls. Et à part les individus de cet endroit-ci, peu de personnes pouvaient surprendre Feng Han en cette année. Peng profita du silence pour venir démarrer le combat et l’arbitrer, égal à lui-même et plein de l’équanimité qui lui était propre. Presque aussitôt, l’adversaire du Han commença à avancer vers lui lentement, bien décidé à rompre la distance entre eux. Scolaire. L’approche était des plus scolaires et elle aurait pu tirer à Feng un soupir d’ennui s’il n’était pas d’humeur joueuse. Au fond de lui, il allait faire payer à l’impertinent le refus des cadeaux en lui donnant une leçon martiale.

Pointant sa lance vers le bas, il prit un air suspect et fit glisser ses pas en arrière, prenant la hampe de son arme en son centre et mimant un coup de lame oblique de haut en bas. Par une habile feinte de corps, son bras imprima un mouvement assez élastique sur le bas de la lance qui racla le sol de graviers dans un crissement sourd. Un instant après, une pluie de graviers fendait la distance entre eux tandis que d’un savant coup de poignet, le dit coup oblique se déclenchait avec une fraction de seconde de retard. La ruse était un peu grosse mais sur un champ de bataille, elle avait eu le mérite de décider entre la vie et la mort de nombreux combattants. Si son opposant réussissait à parler le coup, sans doute verrait-il aussi venir le pied botté de Feng fuser vers lui. Profitant de l’ouverture créée à la suite de sa frappe diagonale, il s’était lancé sur cette idée de coup de pied sauté en se propulsant d’un appui arrière avec sa lance. En quelques instants, le Han venait de passer de la position de chassé à chasseur. Grisé par l’enchainement qu’il venait d’effectuer, il n’attendit pas de voir si ses frappes avaient porté et lança d’une longue traction du bras l’extrémité de sa lance vers son adversaire dans un puissant coup d’estoc. La violence derrière ce coup était notable mais il était certain que ce coup ne porterait pas car trop téléphoné.

Laissant le temps à son adversaire de se remettre, il le toisa d’un air arrogant :

« Il va falloir faire mieux que répéter des leçons apprises dans des livres pour réussir ce que vous compter entreprendre jeune homme. Montrez-moi ce dont vous êtes réellement capable. »

A la manière de son sifu, Feng baissa d’une main la pointe de sa lance vers le sol et, de l’autre main, invita son adversaire à lui répondre en secouant ses quatre doigts de bas en haut deux fois. Le combat n’allait pas se finir de sitôt. Hayato allait devoir muscler son jeu s’il voulait limiter la casse. Et les bleus.





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Le jeune homme s'était douté que son ainé serait plus coriace que lui ; néanmoins, il n'avait pas imaginé que la différence de niveau serait si grande. Après presque trois ans à sillonner West Blue, à se battre et à s'endurcir chaque jour, il s'était imaginé devenir diablement plus fort. Si cette assomption semblait valable pour la plupart des adversaires qu'il avait rencontrés récemment, force était de constater que Feng ne rentrait pas dans cette catégorie. Le sursaut d'ego d'Hayato le rattrapa bien vite !

Son adversaire utilisa l'élasticité de sa lance pour frapper le sol et lui envoyer une pluie de gravats, avant d'attaquer de manière oblique. Malgré la vitesse très supérieure de Feng, l'enchainement était prévisible, à partir du moment où la lance s'était déformée. L'épéiste esquiva les galets vers l'intérieur de la garde de son ennemi, para in extremis le coup vicieux, avant de s'élancer pour une contre-attaque. Il s'appretait à le taillader à son tour, lorsque le quadragénaire le foudroya d'un coup de pied retourné éclair ! Pris de court, le vagabond fut projeté en arrière. Il rétablit son équilibre tant bien que mal d'un rouler bouler maladroit, avant de se relever à moitié. La douloureuse sensation de broiement dans ses abdominaux le distraya une fraction de seconde. Il écarquilla les yeux devant le coup d'estoc. Il était totalement dépassé ! Ses réflexes le sauvèrent. Sur le fil, il réussit à bouger la tête et, de son bokken, à dévier légèrement la course de l'arme pour ne pas se faire transpercer de part en part. Alors que son obligé le sermonait, l'épéiste déjà haletant, se releva avec un sourire contrit.


- Il semblerait, effectivement, que je me repose un peu trop sur les ouvrages martiaux. Mon père me disait toujours qu'un homme qui ne lit pas des livres de qualité, n'a aucun avantage par rapport à un homme qui ne sait pas les lire. J'ai pris la mauvaise habitude de jauger mes adversaire de manière trop académique, apparemment. Vous ne m'y reprendrez pas.


Laissant là les palabres, le bretteur se replongea corps et âme dans le combat. Face à un adversaire plus expérimenté et plus rapide que lui, ses chances demeuraient extrêmement faibles. Néanmoins, il voyait en cette altercation l'occasion rêvée de progresser. Encore et toujours, le guerrier arpentait la voie du Sabre, en quête de la perfection. Il prit une grande inspiration et se concentra. Cette fois-ci, Hayato avança en biais, cherchant à forcer Feng à changer sa prise pour ne pas être attaqué sous un angle inconfortable à gérer. Prêt à réagir au moindre mouvement, Hayato s'approcha en multipliant les changements de trajectoire, tentant de prendre à contrepied le patriarche des Han. Alors qu'il allait changer de garde pour l'induire en erreur, il reçut de nulle part un coup à la tête qui le fit vaciller. Avant qu'il ne puisse réagir, le bretteur fut fermement repoussé d'un coup de hampe qui lui fit mordre la poussière.

Instantanément, l'épéiste se releva et fronça les sourcils. Cette fois-ci, il n'avait même pas vu le coup venir ! Il serra les dents mais, sans aucune animosité, repartit à l'assaut. Brutalement, il utilisa son pied arrière pour projeter des gravats au visage de Feng. Contrairement à lui, il n'attaqua pas en deux, mais en trois temps. De son pied avant, il frappa le vide et envoya sa sandale dans la direction où son adversaire esquiva. Alors, il se lança à l'assaut pour profiter de cette double distraction. Il esquiva le coup d'estoc par l'intérieur mais, cette fois-ci, pivota immédiatement en descendant au maximum sur ses appuis. Il passa sous la lance et continua son trajet, pour passer sur le coté. Alors, il serra son bokken, et lança une attaque oblique avant de scander :


- Tai Saba...


Un retour de bois en plein front le renvoya au sol.

Sonné, pris d'un vertige soudain, Hayato ne resta pas immobile pour autant. Il effectua une roulade arrière et, bonnant malant, se releva. Il se remit en garde et réceptionna un autre assaut surhumain de Feng, qui le renvoya au tapis aussi sec. Des tambours résonnaient douloureusement dans sa tête et ses oreilles sifflaient, à présent, mais il tint bon. Le souffle de plus en plus court, il se releva plus difficilement. Malgré toutes les protestations que son corps commençaient à émettre, le vagabond se remit en garde et cligna plusieurs fois des yeux, afin d'éclaircir sa vision. Il crut voir un éclair et, par pur réflexe, descendit sur ses appuis en parant. Il sentit le coup être dévié, mais la lance sembla rebondir et il eut à peine le temps de bouger son bras qu'il reçut une nouvelle touche aux côtes. Le guerrier vacilla, plia, mais ne rompit pas. À l'aveugle, il effectua un rouler bouler pour se mettre hors de portée du prochain coup qu'il ne pouvait apercevoir. Il tenta de se ménager une ouverture, en projetant sa deuxième sandale à la tête, tout en attaquant de bas en haut. En vain.

Feng était trop rapide. Sa technique était supérieure à la sienne, son agilité et son expérience du combat plus poussées... en un mot comme en cent : Hayato était totalement dominé. Plus d'un homme aurait immédiatement baissé les bras. Après tout, il s'agissait simplement d'un test auquel il était sensé échouer. À évidence, le patriarche des Han savait parfaitement à quoi s'attendre. Selon toute vraisemblance, il avait d'ores et déjà pu évaluer le gouffre qui séparait les deux combattants, tout comme Hayato l'avait fait. Pourtant, ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir céder. Ego ? Honneur ? Opinatreté ? Exutoire ? Quelle qu'en fut la raison, l'épéiste refusait de rester au sol. Il avait beau être roué de coups, contré avec aisance et défait sans que Feng ne montre la moindre baisse de régime... Le vagabond refusait de rester la tête contre le sol.

Les bleus s'accumulaient. Plusieurs impacts avaient laissés des plaies d'où le sang du jeune homme perlait et souillait le sable qu'ils foulaient. Les contusions s'accumulaient. Ses muscles lui cuisaient. Ses jambes flageollaient. Son souffle court et la douleur l'empêchaient presque de réfléchir correctement... mais, encore et toujours, Hayato se relevait. Impassible, imperturbable, le futur chef du clan Suisou avait depuis longtemps admis son infériorité. Pourtant, il ne s'avouait toujours pas vaincu. Abandonner ainsi, même face à un adversaire qui le dépassait en tout, sans même chercher à se surpasser. C'eut été jeter un gant au visage de toute sa famille. Alors qu'il levait un regard déterminé, où nulle trace d'animosité n'avait éclos, le vagabond se remit en garde. Le sifflement de la naginata s'éleva. Ses muscles endoloris réagirent trop tard. Il fut projeté au sol dans un ultime râle. Tandis que ses paupières devenaient de plus en plus lourdes, il se sentit peu à peu glisser dans un nuage cotonneux.


- Je pense qu'il est inconscient, maître Feng, lança le majordome.


Alors que des bruits de pieds crissant sur le sable s'éloignaient, Hayato trésaillit.


* « Sept fois à terre, huit fois debout, Hayato. » *, résonna la voix de Jinro-san en son for intérieur.


Instantanément, le vagabond ouvrit les yeux. Ses articulations protestèrent, ses muscles hurlèrent, son corps tout entier se rebella... mais le vagabond n'en avait cure. L'épéiste subissait un combat à sens unique, où il n'avait pas réussi à toucher Feng une seule fois. Il avait beau savoir que se relever dans son état ne changerait rien, il lui était strictement impossible de bafouer un enseignement de son père adoptif. Savoir que, même dans l'au delà, son bienfaiteur serait perclus de honte s'il ne se montrait pas digne de lui... Cette sensation était bien plus douloureuse encore que son corps meurtri. Lentement, à force de moults grognements, Hayato finit par retourner sur ses deux pieds. Sa vision trouble et son souffle haletant ne lui permettaient même plus d'être lucide. Une dernière fois, il se remit en garde, prêt à recevoir un ultime assaut. Prêt à rendre fier Jinro-san.


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La PNJsation de Feng a été vue entre nous.
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Le combat, qui commençait à être bien avancé en nombre de passes d’armes, n’avait cessé d’être à sens unique pendant tous les échanges , et ce malgré les récentes expériences du jeune Suisou. S’endurcir et se battre régulièrement permettait certes de s’améliorer mais seuls les combats à mort ou avec de réels enjeux faisaient progresser. Sur cet aspect-là, Feng en avait vécu un certain nombre et, au vu de la situation sur l’île de Kanokuni, n’était pas au bout de ses peines. Hayato eut cependant le courage de se relever après chaque assaut ou frappe un peu trop lourde et sans doute reçut-il plus de coups que de raison à force de vouloir se relever après chaque chute. Feng prenait un malin plaisir à le cabosser en alternant les assauts de lame, de hampe et de pied et se laissait porter par la pugnacité du sabreur qui, bien que largement moins expérimenté que le Han, continuait de persévérer.

Après plusieurs allers-retours que le Han considéra comme divertissants, son adversaire se mit en tête de lui lancer une attaque qui semblait plus dangereuse que de raison. Sans doute une technique apprise quelque part et nécessitant un peu plus de finesse que les rugueux coups qu’ils se portaient. Quelque chose de dangereux donc. Réagissant à l’instinct, Feng retourna la hampe de son arme dans le front de son adversaire avec un peu plus d’entrain que précédemment, percutant celle-ci dans un bruit mat. Peng sembla s’inquiéter de la situation en signalant que son opposant venait d’être mis hors-combat mais le Han n’en crut pas un mot. La prévenance du majordome était bien trop poussée pour entrevoir les détails de la condition du Suisou. La détermination de l’homme était rare et le Han pouvait désormais jurer sans rougir que cet opposant entrait au panthéon de ses adversaires les plus résolus car, d’un ultime effort, ce dernier se hissa une nouvelle fois sur ses deux jambes, prêt à un ultime assaut, après avoir passé quelques longues secondes à terre au milieu des galets.

Un spectateur enjoué aurait pu s’attendre un grand final, à une sorte d’apothéose donnée à cet affrontement sincère. Cela aurait été malavisé et la preuve, il n’en fut rien. Feng se contenta de se déplacer vers son adversaire en baissant sa garde et de pousser au sol Hayato d’une pichenette sur le front. Le choc, bien différent de ce qui était attendu, foudroya littéralement le système nerveux bien entamé du Suisou qui s’écroula comme une masse. On aurait dit une marionnette à laquelle on venait de couper tous les fils. La fatigue avait eu raison de lui. Or, selon un proverbe Han bien sage mais non exempt de simplicité, tous les corps malgré leur volonté étaient soumis à des limites physiques. L’adversaire n’y faisait pas exception. Massant son bras endolori, le patriarche regarda son majordome et lui lâcha d’un air content :

« Occupez-vous de lui. Il sera notre invité ce soir au domaine. »

Son pourpoint était légèrement abimé au niveau de l’avant-bras, révélant une entaille dans le tissu. Un fin sourire vint parcourir les lèvres du Han. Ainsi avait-il été touché lors d’une des passes ? Intéressant. Il lui tardait de voir l’évolution de ce nouvel allié dans le futur. Il ne devrait pas se reposer sur ses lauriers mais continuer toujours plus loin à exercer son art du sabre. Légèrement piqué dans son orgueil sans se l’avouer, Feng reposa sa guandao sur le râtelier et entreprit de rentrer dans le sanctuaire. Une bonne douche lui ferait du bien et il avait de nombreuses consignes à donner pour recevoir son invité avec les marques de respect qui lui étaient dues. Ce soir, on dinerait en grande pompe au domaine familial des Han.




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Jinro-san et Hayato se promenaient dans la forêt. Ils avançaient sur un chemin de terre battue et, partout où se portait leur regard, la nature les entourait. De son pas calme et souple, son père adoptif menait la marche tandis que l'épéiste avançait dans son ombre, un pas en arrière. Il devait avoir quatorze ans, à l'époque, mais s'en rappelait comme si la scène s'était tenue hier. Alors qu'Hayato progressait sur la voie du Sabre et au sein de la famille, le patriarche du clan Suisou l'avait emmené en voyage d'affaire, dans une contrée sauvage. Il souhaitait rattacher cette terre fertile aux territoires du clan, afin de la faire fructifier. Ce faisant, il avait profité de l'opportunité pour approfondir l'enseignement de son fils adoptif. Déjà à cette époque, Hayato avait montré une propension marquée à s'émerveiller devant la nature. Aussi, le vieil homme en avait profité pour tisser une métaphore, afin d’aiguiller son protégé  :


- Dis moi, Hayato, tu t'instruis depuis des années et tu as choisi de respecter le Bushido... mais, as tu déjà entendu cette phrase : « Le but n'est pas le but ; le but, c'est la voie. » ?
- Non, Jinro-san.

- Que t'évoque-t-elle ? lui demanda-t-il avec un sourire malicieux.


Après un intense moment de réflexion, le jeune bretteur baissa la tête, incapable d'y trouver une explication. Son bienfaiteur sourit, avant de s'avancer vers un arbre. Il attrapa une feuille qui pendait et la confia à son fils, avant de reprendre son chemin vers le sommet de la montagne. Alors qu'ils avançaient sur la pente escarpée, une brise printanière leur apporta les odeurs de sève, de terre et de végétation dense. Jinro-san respira à plein poumons, avant de reprendre :


- Considère cette feuille comme la vie d'un homme. Les nervures centrales représenteraient alors le chemin de la vie. Un guerrier peut le parcourir de bout sans jamais se poser de question, et il finira toujours par arriver au bord, droit devant lui. Néanmoins, chaque choix pris dans une vie, peut faire bifurquer son chemin, il arriverait également au bord, mais peut être d'une autre manière où à un tout autre endroit.

- Je vois, répondit Hayato en suivant les nervures de son doigt.
- Si chaque feuille est un homme, chaque branche est une génération, chaque arbre... une famille. La feuille peut parfois se décrocher mais, toujours, retombera aux pieds de l'arbre, pour retourner à la terre et la nourrir. De la terre, naîtra un autre arbre qu'il faudra protéger, jusqu'à ce qu'il devienne assez grand et fort, pour que des feuilles y poussent de nouveau.


Comme le jeune homme ne savait pas où il voulait en venir, il regarda son père d'un air perdu. Ce dernier sourit de plus belle. Toujours d'un pas tranquille, il avança vers le sommet. Après quelques minutes de silence, il reprit son explications sinueuse :


- Il est important, lorsque tu arpentes le Bushido, de connaître cette vérité : tes choix dictent ton chemin. Se concentrer sur le but est une ligne droite mais, paradoxalement, tu peux te perdre en cherchant à aller trop vite. Prendre des raccourcis, céder à la facilité, oublier pourquoi tu as choisis cette voie en ne cherchant qu'à remplir ton objectif, sans profiter du chemin à parcourir... C'est perdre de vue son but et sortir du chemin. Rester fidèle à ses valeurs, patiemment avancer, apprendre de ses erreurs pour grandir et mûrir... La voie du Sabre peut parfois faire prendre des détours qui te sembleront insensés. Mais, Hayato, sois certain qu'il s'agit là de la seule voie possible.



Alors que le couple père-fils arrivait au sommet de la falaise, Jinro-san s'approcha du bord et invita Hayato à le rejoindre. Une fois que l'adolescent fut à ses côtés, le patriarche lui plaça délicatement une main sur la tête, avant de reprendre d'une voix vibrante :


- La feuille peut parfois sembler cacher l'arbre. L'arbre peut parfois sembler cacher la forêt. Mais tu n'es pas, et tu se seras jamais, le seul à parcourir cette voie. Regarde, mon fils. Voilà la plus belle représentation du Bushido que je puisse t'offrir.


De sa main libre, il invita le jeune homme à embrasser du regard le paysage. Majestueuse, indomptable, immense, la forêt recouvrait toutes les montagnes, les collines et les plaines environnantes. Chaque arbre poussait plus haut que son voisin, plus forts et plus grandioses les uns que les autres. Chaque feuille se tournait vers le soleil et tentait, inlassablement, d'atteindre les cieux, sans jamais pouvoir y parvenir tout à fait. Au loin, la forêt semblait se fondre dans l'horizon, se perdre au sein du ciel bleu azur. S'il devait considérer chaque bourgeon, chaque feuille comme un guerrier sur la voie du Sabre, chaque nervure comme un choix sur le chemin de la vie... Lorsqu'il repensa aux paroles de son père, le jeune homme fut pris d'un vertige insondable. Jinro-san lui ébouriffa les cheveux, en remarquant l'expression sur le visage de son fils : il commençait à toucher du doigt la réponse.


- Le but n'est pas le but...
murmura Hayato. Le but, c'est la voie.


D'un sursaut, l'épéiste ouvrit soudain les yeux. Il maugréa lors que son corps endoloris lui rappela où il se trouvait. Allongé dans un lit, le corps lavé et bandé, le guerrier reprit peu à peu contenance. Il soupira, affecté par le rêve qu'il venait de faire. Puis, avec un rire de nez, se mit à sourire d'une oreille à l'autre. Peu importait le temps ou les progrès réalisés, il était toujours bon d'être rattrapé par la Voie, afin qu'elle donne une leçon d'humilité à un voyageur un peu trop confiant. Avec un grognement douloureux, l'épéiste se rassit et découvrit une simple chambre du temple dépourvue de toute décoration. Combien de temps avait il passé dans l'inconscience ? Des volets sur sa droite laissaient entrevoir un ciel étoilé. La réponse était donc évidente : il avait passé toute la journée alité. Il s'assit au bord du lit et testa ses articulations et ses membres. Bien qu'engoncé dans des pansements gênant ses mouvements, il n'avait rien de cassé. Après un bref vertige, il se releva et se ceignit de son kimono qui attendait sur une chaise. Il avait été lavé et reprisé. Il s'habilla, face au mur, en repensant à l'affrontement qui venait d'avoir lieu. Feng était décidément un adversaire redoutable. Il se demandait s'il aurait l'occasion de s’entraîner avec lui à nouveau ? Loin d'être blessé dans son ego, le jeune artiste martial appréciait presque d'avoir été défait de la sorte. Après tout, il lui restait un long chemin à parcourir et quelle meilleure manière, pour progresser, que de se frotter à plus fort que soi ? Alors qu'il s'apprêtait à sortir, une voix s'éleva dans son dos :


- Maître Feng vous attend au domaine familial, monsieur.


Le vagabond se retourna et tomba sur le vieux majordome, qui le regardait en clignant des yeux. Hayato s'inclina et le remercia de s'être occupé de lui, ainsi que de ses vêtements. Il emboîta ensuite le pas de son guide, d'une démarche un peu plus lente qu'à son habitude. Le combat semblait avoir prélevé son dû. Tant la fatigue que les douleurs dans son corps gênèrent l'épéiste, sans qu'il n'en laisse rien paraître. Tout du moins, essaya-t-il de faire bonne figure, malgré la cuisante défaite que lui avait infligée le maître de maison. Ils parcoururent de multiples couloirs, empruntèrent de nombreuses portes et il vit défiler un nombre insensé de serviteurs... Enfin, il arriva devant une grande double porte que son hôte ouvrit d'une poussée maîtrisée, avant de l'inviter à entrer d'une courbette impeccable.


- Je vous remercie,
s'inclina à son tour le bretteur.


Hayato pénétra dans une immense salle richement décorée, aux couleurs de la famille Han. Portraits géants d'éminents membres, peintures exquises relatant leur histoire, bustes sculptés... Apparemment, Feng disposait de fonds impressionnants. Le jeune homme s'avança en direction de la gargantuesque table centrale, avant de saluer le patriarche :


- J'espère ne pas vous avoir fait attendre, cher Feng. Où souhaitez vous que je m’assoie ?


Hayato ne connaissait pas réellement le protocole local. Aussi, de peur de réaliser un impair, il préféra laisser Feng prendre la décision à sa place.


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Les préparations du festin annonçaient quelque chose de fastueux. Depuis la récente promotion de Feng au sein du parti, son aura s’était accrue de manière considérable et il pouvait désormais inviter les membres du gotha kanokunien à ses réceptions sans avoir à se plier en quatre. Pour autant, la réception de ce soir était sensiblement différente. En limitant le nombre d’invités à sa famille, son cercle proche et quelques intimes du parti, il s’assurait de créer la sensation demain matin. Les gens s’arracheraient les potins de la soirée et l’on ne parlerait que d’eux. Pour lui, c’était un coup politique alors que dans la réalité, il se contenterait de diner en bonne compagnie. D’autant plus qu’Hayato serait présent. Au vu de son épuisement, Feng avait craint qu’il ne puisse se joindre à eux mais son majordome avait piqué la tête dans la chambre de l’invité et l’avait rassuré à son sujet. Ce dernier allait donc pouvoir découvrir l’immense domaine de campagne du Han, niché sur les hauteurs périphériques de la côte Nord-Est de la Péninsule des Tigres. Bâti sur les vestiges de la ferme des ancêtres de la famille, le lieu imposait par son opulente simplicité. Rien de ce qui y était présenté ne semblait de trop malgré la richesse des mobiliers, les symboles impériaux et le nombre effarant d’œuvres d’art exposées. Un véritable temple du bon goût inspiré des plus belles vanités du palais.

Laissant ses serviteurs s’occuper des préparatifs et de la venue de chaque convive, Feng profita du reste de la journée pour se délasser et recevoir son cercle restreint : Jinye et Luyin comme dans la matinée mais aussi Neghao, son chef de la sécurité, et Umji, l’intendant de ses propriétés. Les heures filèrent sans qu’il ne s’en rende compte et, très vite, il se retrouva paré d’un long kimono bleu et or orné de discrets et délicats motifs de tortues, assis à la plus grande table de la salle de banquet. Le gouverneur s’était fait marquer absent, sans doute pour pouvoir avancer leurs projets communs du moment, se laissant remplacer par le jeune Hayato à sa droite. Du moins c’était ce qu’indiquait son porte-nom. Quand ce dernier fit son entrée dans la salle, tous les regards se braquèrent sur le jeune premier qui faisait sa venue. Qui était-il ? Quel âge avait-il ? Où allait-il s’asseoir ? De quelle île était-il originaire ? Quels étaient ses liens avec Feng ?

« Par ici, fit Feng en accueillant son invité d’un grand sourire et en prenant la peine de se lever de son siège pour déplacer la chaise à sa droite en retrait. »

L’annonce fit grande impression. Le seigneur Han recevait un autre invité que le gouverneur à sa droite. Demain, cette information serait répétée et amplifiée à outrance, sans doute même tordue. Les papelards avides d’argent signaleraient sans doute la rencontre entre le Han et un riche émissaire d’une île étrangère piochée au hasard. Hmpf. S’ils savaient… Alors que chaque invité était accueilli avec le protocole d’usage et par rang et ordre de séniorité, les cartes venaient d’être rebattues. Cette simple action contribuait à prêter à Feng des intentions qu’il n’avait pas. Il souhaitait juste dîner en bonne compagnie et la plupart des gens ici n’étaient pas de réelles perles de conversation. Elles faisaient même pâle figure devant le Suisou.

« Asseyez-vous. Pardon, assieds-toi. Après ce matin, on devrait pouvoir se tutoyer non ? rajouta-t-il d'un clin d'œil »

Jinye, à sa gauche, râcla discrètement sa gorge pour être introduite auprès du nouveau venu. Après tout, elle aussi devait en avoir marre de jouer avec ses apparences et sa plastique et Hayato lui permettrait sans doute de discuter un peu sans avoir à jouer un rôle. Ou peut-être lui plaisait-il ? Feng s’amusa à cette idée tandis qu’il ordonna, d’un signe discret de la main à Peng, de démarrer le repas. Quelques instants après, une douzaine de serviteurs en livrée bleue et or se présentèrent dans la salle, les bras chargés de victuailles. En entrée, ce serait du bouillon de céréales au boeuf et aux cinq épices, suivi d’un plat de canard laqué à la broche et farci de légumes. Puis un plat de poisson, deux entremets accompagnés d’une démonstration culinaire et enfin… Le dessert. Mais pas de hâte, ils n’étaient qu’au début du repas.

Sifflant le bol de saké devant lui après avoir porté son toast d’accueil, Feng lorgna sur son invité.

« Pas trop gêné par l’étalage ? fit-il en regardant la pièce décorée et les lustres au plafond. »



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Hayato venait de pénétrer dans une salle alliant luxe et simplicité. Loin des lieux à la richesse aussi ostentatoire que déplacée, la famille Han avait su rester juste dans la décoration. Il en ressortait une impression d'opulence, de force et, paradoxalement, d'humilité. Dès son arrivée, le vagabond fut interpelé par Feng pour s'asseoir à sa droite. Loin d'être né de la dernière pluie, il reconnut la marque de respect dont il faisait l'objet. Il s'inclina donc en direction du patriarche, avant de remonter la longue table de convives. Évidemment, la nouvelle n'était pas forcément au goût de tout le monde, surtout lorsque l'on découvrait l'apparence négligée du nouveau venu. Son style vestimentaire tranchait fortement avec celui de l'assemblée, et c'était peu de le dire ! Faisant fi des messes basses sur son passage, il arriva au niveau de sa place et remercia Peng de l'avoir escorté jusqu'au bout.


- Effectivement, abonda l'épéiste. Il me semble également que nous avons dépassé le stade du vouvoiement.


Alors qu'Hayato prenait place, un ostensible mais gracieux raclement de gorge lui fit tourner la tête. À la gauche de Feng se tenait, droite sur sa chaise, une femme de toute beauté. Telle une Geisha, son visage était maquillé de blanc. Elle avait rehaussé ses lèvres pulpeuses d'un rouge éclatant, et pâmé ses paupières d'une fine ligne rosée. Ses cheveux noir de jais étaient retenus par une broche fleurie, tandis que deux mèches s'en échappaient pour encadrer son visage aux traits fins et délicats. Ses yeux d'un noir profond se posèrent sur le vagabond et l'examinèrent en un instant, tels ceux d'un chat qui tomberait sur un objet dont il ne savait encore que faire. Instinctivement, Hayato sut lire au delà de la plastique enchanteresse de cette dame de haute naissance, pour y voir un potentiel danger. Lorsqu'elle s'inclina pour le saluer, son kimono de soie blanche bruissa légèrement. Le guerrier lui rendit son salut, tandis qu'elle prenait la parole d'une voix claire et chantante :


- Il est rare de découvrir un invité de marque, autre que le gouverneur, s'asseoir à la droite de Feng. Vous me pardonnerez, mais je suis curieuse d'en découvrir la raison... monsieur ?
- Suisou Hayato, madame, répondit diligemment Hayato. Je suis désolé, mais je n'ai pas saisi votre nom ?
- Vous pouvez mappeler Jinye.
- Et bien, Jinye, disons que Feng et moi-même entretenons une relation qui se base sur le respect mutuel et l'amitié, depuis plusieurs années maintenant. Vous me voyez confus de me présenter à un événement mondain en guenilles, mais mon voyage actuel ne m'autorise guère mieux.
- Si nous nous arrêtions à la présentation des invités, nous aurions invité un paon à notre table, ironisa son interlocutrice. Je gage que, si notre estimé patriarche à jugé bon de vous conférer un tel honneur, il a ses raisons.
- À ce propos, cher Feng, je ne saurais assez te remercier concernant tous les égards dont je fais l'objet.  J'en suis réellement honoré.


Alors que les serviteurs amenaient le début du repas, l'épéiste attrapa trois coupes qu'il remplit de sake. Respectueusement, il en tendit une à chacun de ses interlocuteurs, avant de reprendre la parole :


- Dans ma famille, trinquer avec son hôte était non seulement une marque de respect, mais également une manière de resserrer les liens. J'espère que vous n'y verrez aucune présomption de ma part, mais plutôt un témoignage de ma gratitude.


L'épéiste leva sa coupe et inclina sa tête, en direction de Feng :


- À notre amitié.


Hayato vida sa coupe et laissa le breuvage lui réchauffer le gosier. Son estomac criait famine, aussi entreprit il d'humer le bouillon avant de le déguster. Un doux fumet de boeuf, de céréales, de coriandre et de citron lui parvint. Lorsque Feng lui demanda s'il n'était pas trop gêné par l'étalage de richesse, le vagabond sourit avant de lui répondre :


- Moins que par les mines austères de certains des convives.


En effet, à mesure qu'il avait remonté la salle quelques instants auparavant, il avait laissé traîner ses yeux et ses oreilles. Cette vieille habitude, prise lors de ses voyages, lui avait sauvé la mise plus d'une fois. Il était parfaitement compréhensible qu'ils se questionnent quant à son identité et à la raison de sa présence. En revanche, il trouvait pour le moins curieux que certains invités fassent montre d'un ressentiment évident. Il ne put s'empêcher d'en demander la raison :


- À moins que mes yeux ne me jouent quelques tours, il semblerait que l'ambiance ne soit pas totalement à la fête. J'ai l'impression de ressentir des tensions, en provenance de plusieurs personnes attablées. J'espère ne pas t'attirer les foudres de certains conservateurs, en raison de l'honneur que tu me fais à me placer à ta droite ? Certaines personnes sont, parfois, un peu trop sensibles sur le sujet. Elles en oublieraient presque qu'un chef de famille est avant tout un Homme.


Bien qu'il se doute de la réponse, son éducation lui imposait d'aborder le sujet. Si Feng était le patriarche d'une famille aussi puissante qu'étendue, il était possible que sa position attise les convoitises et les intrigues. Après tout, la chose n'était pas si insolite en ce monde. Hayato l'avait d'ailleurs appris à ses dépends, voilà déjà deux ans.


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Décidemment, les surprises allaient bon train. Cette petite impertinente de Jinye faisait un sacré numéro de charme au jeune Hayato qui, malgré ses aspirations à devenir un grand homme, se laissait mener à la baguette sans vraiment s'en rendre compte. Laissant la discussion se poursuivre, Feng se contenta de discuter avec quelques des convives de moindre rang et de placer quelques rires bien sentis pour alléger l'ambiance. Il savait très bien que certains de ses rivaux ne manqueraient pas de créer des rumeurs et c'était tant mieux. Surtout que cela ne pourrait mener qu'à un mauvais retournement de situation pour eux.

Et là, sortant quasiment de nulle part, le Suisou décida de porter un toast à l'honneur de Feng et de Jinye.
Le procédé était le bienvenue et ils toastèrent tous les trois, sous le regard ravi de Jinye qui, par cette occasion, gagnait en crédit auprès de la cour d'invités ici présents. Certains invités se prêtèrent même au jeu et firent de même, scellant et descellant ainsi des amitiés de circonstance. Pendant ce temps, Hayato le questionnait sur l'ambiance étrange de la situation. Il n'avait pas tort. Pour un étranger, l'atmosphère devait sans aucun doute être un tant soit peu pesante. Mais ici, à Kanokuni, cela faisait partie de la norme. Tant que personne ne perdait la face, tous les ressorts et artifices pour gonfler son image étaient de mise. Quitte à paraître un peu trop grossiers pour les personnes et membres d'autres institutions étrangères à l'île.

« Nulle inquiétude à avoir, le rassura Feng en balayant la salle d'un geste de la main. Tout ceci n'est qu'une grande comédie. Vois-le comme une pièce de théâtre finement rôdée. Tu n'en comprends juste pas les codes. Cela n'est rien cela dit. Sois juste toi-même. Je t'ai invité parmi les miens. Tu seras donc traité comme tel. Pour autant, le bois dont tu es fait reste bien meilleur que la grande majorité des gens à cette table.

- Et moi seigneur ? déclara Jinye d'un air espiègle. »

Un soupçon d'agacement traversa l'esprit de Feng. Malgré toutes les qualités et artifices dont savait finement faire usage la jeune et belle Jinye, l'espièglerie dont elle faisait preuve manquait par aspects d'une certaine finesse. D'un raffinement qui ferait qu'un jour elle puisse siéger plus haut. Il avait décelé cela chez elle et sans doute le savait-elle en partie mais il ne pouvait rien y faire. Le temps améliorerait-il cela ou fânerait-il la fleur ? Il était curieux de le savoir. Pour autant, il ne la laisserait pas lui montrer ses épines. Ravissant les derniers raviolis de boeuf à son bol d'un coup expert de baguette, le Han déglutit avec grâce avant de repousser légèrement sa chaise en arrière et de se lever d'une traite.
Regardant la salle d'un air pensif, Feng se leva d'une traite et invita Hayato à le suivre. Lui seul. Jinye eut une lueur jalouse dans le regard mais n'en dit rien. Être ignorée par son seigneur n'était que la marque de son excès. Elle inclina la tête doucement tandis que le jeune Suisou semblait un peu décontenancé par la tournure des évènements.

« Viens. Il est temps d'avoir une discussion un peu plus profonde que la plupart des babillages qui ont lieu ici. »

Dans la salle, un certain tumulte agita les convives tandis que, d'un coup, de grands éclats de rire émanèrent d'un groupement sur la gauche du Han. Le tribun Jilung faisait des siennes. Âgé de plus de soixante-dix ans, il avait le sens du service et une délicatesse toute prononcée pour surgir au bon moment. Un peu à la manière de Peng parfois. Sans même regarder Feng, il continua à discuter avec les personnes autour de lui en prenant soin de garder une certaine intensité dans la voix. Cela laissait largement le temps à Hayato et Feng de s'éclipser. Parcourant en silence l'immense domaine, ils arrivèrent à une petit salon discret, caché dans un des nombreux renfoncements du lieu. L'endroit était à peine décoré et le sol couvert d'un immense tatami. Posée sur celui-ci, une table de bois laqué dont chacun des pieds représentait une des créatures gardienne de l'île supportait la présence d'une bouteille d'alcool de la réserve personnelle de Feng ainsi que celle de quelques assiettes remplies de divers mets sucrés.

« Nous serons plus à l'aise ici, souffla Feng. Pour parler franchement. Que veux-tu réellement ? »


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Il aurait du s'y attendre.

Son maître et défunt père avait beau avoir dirigé un clan prospère, les faux semblants n'avaient jamais fait partie de leur quotidien. Louvoyer, planifier, intriguer et ruser étaient des armes courantes, chez les hommes du clan Suisou, mais là s'arrêtait toute conduite discutable. Pour autant, pouvait on en attendre autant des autres familles de West Blue et, a fortiori, du globe ? Loin s'en fallait. Ainsi donc, la vaste pièce n'était que le théâtre d'une délicate comédie, où tous les acteurs jouaient un jeu de dupe sempiternel ? La raison en était toute trouvée : s'arroger une part plus importante du gâteau, Kanokuni. Si les facondes des courtisans et des intriguants l'intéressaient, Hayato n'était pas adepte des flagorneries. Jinro-san ne l'avait guère élevé ainsi ! Le guerrier n'appréciait ni les vaniteux, ni les penses-creux. Or, selon toute vraisemblance, Feng partageait son point de vue de bout en bout. Il en voulait pour preuve la réaction du patriarche face au sursaut d'ego de la si belle Jinye.


« Belle comme une fleur mais, malheureusement, encore un peu trop imbue de sa personne, semble-t-il. », pensa en aparté l'épéiste.


Tout à ses analyses, Hayato dévorait les plats devant lui. Il gardait autant que faire se pouvait un certain savoir vivre mais, après les différentes péripéties de ses voyages, le vagabond savait qu'une aussi bonne chère ne se représenterait pas de sitôt. Aussi, lorsque Feng l'invita à s'éclipser en sa compagnie, l'homme vorace avait pratiquement terminé ses assiettes. Bien élevé malgré tout, l'invité du clan Han s'essuya la bouche, remercia son hôte, puis se leva. Avec un dernier mot d'adieu en direction de la jeune femme, il emboîta le pas à son hôte. Les deux hommes laissèrent derrière eux le verbiage incessant de la cour, pour s'enfoncer dans la demeure seigneuriale silencieuse. Sans un mot, Feng le conduisit jusqu'à un petit salon dissimilé aux yeux de tous. Sobre, minimaliste même, l'endroit fit sourire Hayato : il était tout à fait similaire à celui de son défunt père. Se retrouver en un tel lieu le ramena des années en arrière, alors qu'il n'était encore qu'une jeune pousse, ignorant la complexité et la profondeur du monde. À présent qu'Hayato avait touché du doigt l'envers du décor, qu'il explorait cette facette cachée aux yeux de tous, il put sans mal le comprendre : Feng était de la même trempe que feu son père.


- Nous serons plus à l'aise ici. Pour parler franchement. Que veux-tu réellement ?


Certains y auraient vu une remontrance, une provocation peut être, comme si le chef de famille soupçonnait le vagabond d'avoir dissimulé ses intentions. Pourtant, il suffisait d'étudier un instant le regard de son vis-à-vis pour comprendre le fond de sa pensée. La question n'était pas tant de savoir ce qu'Hayato souhaitait présentement, mais d'explorer ses ambitions futures et la trempe de son âme. Une question ô combien vaste et précieuse, pour cerner un homme. Le vagabond, un fin sourire aux lèvres, s'inclina devant son hôte, avant de s'asseoir en sa compagnie.


- Ce que je veux... commença-t-il d'une voix placide. Ma foi, mes ambitions sont fort simples mais, pour autant, vertigineuses. Je peux les énoncer de manière intelligible, mais la majeure partie du monde me prendrait pour un sot, un fou... ou un monstre.


Il ne s'agissait nullement d'une rodomontade, d'une tournure d'esprit pour se faire mousser, ni même d'une tentative d'esquiver la question. Pour avoir vu son père procéder ainsi un nombre incalculable de fois, Hayato savait parfaitement ce qu'il faisait. Il déplaçait les expectatives de Feng tout en haut de son échelle de valeur, afin que la suite le surprenne moins :


- En l'honneur de mon défunt père, Suisou Jinro, j'aspire au sommet. Je suis un homme d'affaires, et j'entends bien créer et étendre un empire sur tout le globe. Je ne te ferai pas l'injure de chercher à dissimuler ce que tu as déjà du comprendre, ou suspecter tout du moins. Sinon, pourquoi m'aurais tu posé cette question ?


Hayato planta ses yeux dans ceux de Feng, sans se départir de cet aura de sérénité qui le caractérisait. Il déclara alors d'une voix paisible, telle une brise d'automne glissant un nuage sous le soleil :


- Je vais devenir l'empereur de la pègre mondiale, Feng.


Un bref instant, le silence retomba sur le petit salon. Loin d'être pesant, il sembla salutaire au contraire, comme s'il voulait souligner les propos invraisemblables qui venaient d'être prononcés. Cependant, le regard inflexible de l'épéiste ne trahissait aucun doute. Il était habité d'une conviction inébranlable qui, si elle se montrait insuffisante pour concrétiser ses propos, finirait par jouer en sa faveur. Ce fut donc avec une certitude non feinte, que le jeune homme reprit la parole :


- Mais cela, tu l'avais déjà deviné, n'est-ce pas ? Si tu nous as isolés, n'était-ce pas pour me laisser te l'avouer ? Et si tel est le cas, mais que je respire encore, j'imagine que mon dessein pourrait servir tes intérêts et ceux de nos deux familles.


Avec un sourire amical, le futur criminel inclina de nouveau la tête.


- En quoi puis-je me montrer utile, mon ami ?


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Ils pouvaient enfin décider de manière sérieuse et posée. Cela faisait longtemps que Feng attendait ces quelques moments. A vrai dire, depuis qu'il avait catégorisé le Suisou comme une personne spéciale. Un bien grand mot pour peu de choses mais il avait quelque chose en lui qui avait incliné Feng à lui faire confiance. Et ça, c'était déjà une chose rare. Un sens de la droiture peut-être. Une détermination et un calme d'apparence qui tranchait avec la plupart des kanokuniens qui l'entouraient sans doute. Toujours est-il que le jeune homme faisait maintenant partie du cercle restreint de ses amis. Aussi ne se complairait-il pas à le détailler comme un menu sans répondre à ses paroles.

Il souhaitait créer un Empire hein ? Vaste tâche. Et peu nombreux étaient ceux qui l'avaient fait sans reprendre le travail de plusieurs vies avant eux. Le Han n'était pas dupe et n'avait aucun doute quant au type d'activités que comptait mener Hayato. Il se demandait juste quelles étaient les vraies motivations derrière cela. Qu'est-ce qui animait réellement le jeune homme ? La soif de revanche pour punir ceux qui avaient défait ou trahi son père Jinro ? la volonté d'assouvir quelque chose de plus grand encore ?

« Une grande ambition donc., déclara Feng en fixant son interlocuteur les yeux dans les yeux. Je voyais bien quelque chose comme cela et si je t'ai fait venir ici, c'est bien en effet pour parler plus librement. »

Posant sa main sur l'un des grands flacons en verre disposés sur la table, il en déversa le contenu dans un des deux verres et le porta à la hauteur du visage d'Hayato, sa manière à lui de toaster une fois de plus. Avalant la rasade de feu liquide et la laissant se déverser dans sa gorge, il reprit.

« Si tu veux te monter utile, rassures moi sur tes motivations réelles. Sur ce qui t'anime. Tu veux devenir l'Empereur de la Pègre Mondiale. Bien. Je respecte cela et c'est tout à ton honneur. Mais pourquoi ? Dans quel but ? Et après ça ? Que recherches-tu vraiment ? »

La férocité avec laquelle Feng décocha ces quelques mots ne lui était pas coutumière. Il voulait juste comprendre. Et il serait fort déçu de voir ses espoirs réduits à néant en apprenant que le jeune Hayato n'avait pas encore réfléchi à la suite. En un sens, il s'agissait d'un test. Il souhaitait éprouver ses convictions jusqu'à en entrevoir l'essence. Percevoir l'être derrière le corps, l'âme. Et si celle-ci était pure, ce qu'il espérait de tout coeur, il l'accompagnerait. Sinon... Une lueur de flammes passa dans son regard et il regarda la lune. Il faudrait entreprendre de nouveaux efforts et trouver de nouvelles âmes dignes d'être guidées.


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Ainsi donc Feng l'avait effectivement percé à jour. Depuis combien de temps le patriarche des Han avait-il deviné la nature profonde d'Hayato ? Leur discussion dans la grande salle ? Leur entraînement de ce jour ? Ou bien, en un sens, avait-il entrevu la vérité depuis leur première rencontre ? À dire vrai cela importait peu, en définitive. La seule donnée importante demeurait la perspicacité du chef de famille. Ce dernier se servit un verre d'alcool, depuis la bouteille ostensiblement placée en milieu de table. Était-ce là une invitation à se servir, lui aussi ? De peur de froisser de nouveau son hôte, Hayato l'imita et trinqua de nouveau avec Feng. Un entraînement lui suffisait amplement pour cette journée. Son corps endolori le lui rappela une énième fois. La chaleur de l'eau de vie lui inonda la poitrine et l'estomac en un instant. Pour autant, devant la qualité du breuvage, il ne put qu'émettre un murmure appréciateur.

L'épéiste revint à la situation présente lorsque Feng le questionna de nouveau, et que son regard changea un bref instant. Après quelques instants de tergiversations, Hayato comprit qu'il s'agissait sans doute d'un autre test. Feng était décidément prudent et sage, de n'accorder sa confiance qu'avec parcimonie. Le voyageur avait appris à ses dépends cette leçon inestimable. Loin de vouloir lui seriner des fariboles ou lui servir ce qu'il voulait entendre, Hayato prit le parti de la vérité. Comme il l'avait toujours fait, entre hommes d'honneur, la démarche était d'intrinsèquement se lier à son vis-à-vis. Dans une telle démarche, le mensonge n'avait pas sa place. Il sourit un instant, avant de déclarer :


- « Le but n'est pas le but. Le but, c'est la voie ». Mon père m'a confié cette phrase, il y a de ça plusieurs années. Ma motivation profonde n'est pas tant le trône que je convoite. Il serait plutôt une conséquence de mes choix, une manière de prouver que j'ai choisi le bon chemin.


Comme ses paroles pouvaient sembler abscons, le vagabond reprit :


- Je souhaite honorer mon défunt père, en devenant un homme dont il pourrait être fier. Ma voie est celle de l'amélioration continue, de la recherche de la perfection dans mon art, au sabre et aux affaires. Ne rechercher qu'un but, quitte à employer toutes les méthodes au monde, ne peut résulter qu'en deux fins : se perdre en route, ou péricliter. Il est bien trop facile, une fois son but atteint, de se complaire dans sa propre suffisance et d'être récompensé, plus ou moins vite, par un coup de poignard dans le dos.


Hayato regarda un instant par la fenêtre, son regard empli de nostalgie en repensant à toutes ces années passées sur Las Camp. Il continua avec un fin sourire :


- Jinro-san était un grand homme. Il a fait de moi ce que je suis et, même depuis l'au delà, continue de me guider. J'aurais de la chance si je peux ne serait-ce que lui ressembler. Pouvoir, puissance, argent, femmes, gloire... tout ceci ne m'intéresse pas plus que cela. Ce que je veux, c'est recréer le clan Suisou, celui dans lequel mon père adoptif m'a accepté, et perpétuer ses valeurs. Une famille sur qui compter, qui pourra se targuer de suivre un code d'honneur et d'imprimer sa marque sur le monde. Voilà ce à quoi il aspirait. Voici ma Voie.


Avant de devenir trop sentimental, le futur criminel se racla la gorge, avant de se tourner vers Feng. Après tout, il n'était pas le seul à vouloir assouvir sa curiosité :


- Et toi, mon ami ? Que recherches-tu, exactement ? Il n'est pas courant de voir un notable s’acoquiner avec un homme de ma trempe. Tout du moins, pas si ouvertement. Je ne peux m'empêcher de penser que cela sert déjà tes desseins, bien que je ne comprenne pas encore comment.


Après s'être autant ouvert à Feng, il était tout à fait naturel d'explorer les motivations et la nature profonde d'un potentiel allié. Car si le noble de Kanokuni cherchait à jauger le vagabond, le future chef du clan Suisou entendait bien faire de même.


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La Voie hein ? Entendre ces mots ramena Feng près de trente ans en arrière, au moment où il avait reçu les premières bribes d'enseignements traditionnels kanokuniens. Le principe de Voie. Le Dao comme certains anciens l'appelaient ici était ce qui régissait toutes choses. Sans vraiment y croire de manière fervente, Feng était légèrement influencé par cette philosophie ou plutôt ce mode de pensée. S'accomplir en suivant la Voie devenait quelque chose de nécessaire pour les croyants. Et cela justifiait bien des choses, peu importait leur fondement moral d'ailleurs. La Voie était toute autre. Qu'un étranger lui parle en termes si profonds ne faisait que conforter l'opinion de Feng auprès du jeune Hayato.

Honorer son père et faire preuve d'une piété filiale exemplaire lui tenait à cœur. Il recherchait la perfection sur sa voie. Celle du sabre, celle des affaires. Il semblait plutôt clair sur ses désirs en réalité. La concrétisation matérielle et physique de son but ne représentait qu'un élément, un jalon sur la Voie. Laissant le jeune homme continuer à discourir, le Han l'écouta expliquer la finalité de sa Voie. Ce n'était pas en effet quelque chose de bien. La pègre impliquait souvent des actions discutables et de verser le sang des innocents. En ça, Feng se sentait supérieur moralement au fait qu'il représentait l'autorité sur son île. Il s'en voyait une légitimité plus concrète. L'avenir lui donnerait tort certes mais à date, il valorisait l'Etat et la Nation bien plus que toutes les sous-entités qui vivaient au sein de ceux-ci. La pègre en faisait partie. Ce n'était pas forcément un mal mais elle était nécessaire à rééquilibrer le rapport entre le peuple et l'Etat. Comme les syndicats et autres groupements sociaux politiques à dire vrai. Feng avait juste choisi de jouer en suivant les règles. Pour le moment cela lui réussissait.

Laissant le Suisou finir sa tirade, il reprit une gorgée du liquide qui ne manqua pas de lui brûler la gorge une nouvelle fois et se lissa la barbe d'un air pensif.

« Ce que je recherche hein ?, dit-il le regard commençant à se perdre dans le lointain. Je ne saurais pas te le dire clairement. Pour le moment, je suis un homme que je crois être promis à de grandes choses. Nous partageons la même vision sur le monde, sur la vie, sur l'Empire. Et nous aimons profondément notre pays. Assez pour voir le changer et trop pour laisser quiconque d'autre le faire. Je ne sais pas ce que tu sais de cette île mais notre tradition remonte à loin et porte des valeurs que j'estime suprêmes. C'est un retour à cela que nous voulons. »

Ces propos, tenus en la présence d'un ami, étaient cruciaux pour comprendre le distant et poli seigneur Han. Peu de gens avaient même eu l'honneur de le questionner si loin sur ses convictions et ceux qui avaient tenté de le faire par des moyens détournés avaient connu des fins tragiques.

« Un retour ou du moins une restauration. Nous allons faire renaître l'Empire. Permettre à tous les citoyens de vivre dans la paix et l'harmonie. Et sans les ingérences de l'extérieur. La longueur d'avance que j'ai par rapport à toi, ce sont les rides que je porte et les cals sur mes mains. J'ai donc en ma possession un soupçon de plus de la chose que tu te tardes d'acquérir. »

Il regarda autour de lui. Tout le faste, tout le decorum, toute l'autorité qu'il avait acquise au cours de ces années était le fruit de son dur labeur. Il ne les appréciait pas pour ce que cela lui apportait. Tout cela n'était qu'un outil pour convertir ses convictions en réalité. Il les aimait sincèrement car ils représentaient le travail d'une vie. Donner un ordre, se faire obéir, recevoir des invités de marque et passer la nuit à boire et manger des réjouissances coûteuses. Ce n'était pas un dû, ce n'était pas naturel. Il avait œuvré de manière à convertir son environnement pour qu'il lui convienne. Pour qu'il réponde à son besoin. En était-il réellement sûr à la réflexion faite ? Ces années n'avaient-elles pas uniquement été investies pour servir le gouverneur ? Car il avait représenté pour lui et sa famille un moyen d'évoluer dans les hautes sphères de la société kanokunienne ? Il se pourrait qu'il se voile la face depuis des années très honnêtement. La simple pensée de cela le fit frissonner un instant. Et si...
En cet instant d'échange, quelque chose au fond de son être se brisa. Quelques chose de petit, d'infime. Et d'important. Le puissant seigneur Feng Han venait de vivre une fugace épiphanie qui aurait de grandes conséquences dans le futur de l'île et celui de sa famille. Cependant, toutes ces mêmes années de labeur vinrent noyer la révélation et la masquer à travers un épais vernis d'orgueil et d'étiquette. Peu désireux d'identifier cette sensation étrange et amère qui s'était emparée de lui, il descendit une nouvelle rasade d'alcool, moins mesurée cette fois-ci, et laissa son regard se brouiller.
Abruptement, le Han cessa de parler et retourna fixer ses yeux dans ceux d'Hayato. Un feu intense remplit son regard tandis qu'il lâchait ses deux mots en faisant preuve d'une équanimité égale à nulle autre.

« Le pouvoir. »


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Alors qu'Hayato exposait à Feng toute sa philosophie, son mode de vie et ses aspiration, ce dernier l'écouta posément. Le kanokunien reprit une gorgée d'alcool, en fin de tirade, avant de se lisser la barbe d'un air pensif. Enfin, il répondit à la question posée par le jeune épéiste. Ainsi donc, le trentenaire était un traditionaliste et, loin de s'opposer au changement, souhaiter l'accompagner pour y garder une place centrale à la Voie du pays. Comme le vagabond l'avait suspecté, Feng et lui-même se ressemblaient beaucoup. Ils entretenaient des aspirations similaires et suivaient des Voies attenantes qui, forcément, les avaient amené à se croiser. Il n'existait que peu de hasard, dans la vie, bien que la chance puisse jouer un rôle décisif dans la Voie. En ce sens, Hayato remercia silencieusement la bonne fortune qui leur avait fait se rencontrer. À n'en point douter, les deux hommes étaient amenés à réaliser de grandes choses, pour reprendre l'expression de Feng.


- Restaurer l'Empire en suivant les traditions, en assurant la paix et l'harmonie, mais en accompagnant le changement inexorable du monde, résuma Hayato avec un sourire. Un programme d'ampleur considérable mais, à n'en point douter, à ta portée. Tu disposes en effet d'un pouvoir considérable par rapport à moi, et je suis heureux de te savoir en bonne voie.


Avec un nouveau sourire, l'épéiste se servit un autre verre et le leva vers Feng, avant d'en boire le contenu. Son œsophage et son estomac se réchauffèrent instantanément, tandis que ses muscles se détendaient peu à peu. Dans un bruit mat, il reposa son verre sur la table, avant d'attraper son menton d'une main habile. Il réfléchit un instant, avant de reprendre la parole d'une voix mesurée :


- C'est donc pour cela que tu cherches à jouer à leur jeu, alors qu'il ne t'intéresse pas. Les intrigues de cour te permettent de tisser des relations, afin que ta famille devienne tentaculaire et gagne en puissance, en renommée et te facilite les réformes que tu souhaites imposer. Plus tu auras de partisans se ralliant à ta cause, plus tu auras de poids dans les négociations à venir.


Après un court instant, le bretteur laissa son sourire s'élargir, avant de continuer d'un air espiègle :


- Tout du moins, officiellement. De manière tout à fait discrète, j'imagine qu'en parallèle certaines oreilles traînent dans cette salle, comme dans tant d'autres, pour te rapporter des informations cruciales. De même, des langues bien pendues savent colporter des informations, prêcher le faux pour obtenir le vrai... En un mot comme en cent, un double jeu est nécessaire, dans ce nid à serpents.


Avec un petit rire de nez, Hayato s'amusa de leurs similitudes, encore une fois :


- Nos situations sont bien plus similaires que je ne l'aurais cru, tout compte fait. Je comprends mieux ce que je pourrais t'apporter, à présent. Tu pourrais douter de ma morale, aussi je vais te confier un secret : mon clan suit un code d'honneur proche du Bushido. Si les « accidents » chez des adversaires gênants sont fâcheux mais monnaie courante, les civils sont hors limite.


Il leva une main apaisante, avant de, bien vite, compléter sa phrase :


- Je ne te prête aucunement ce genre de pensée, rassure toi. Mais il est toujours bon de te rassurer, si jamais tu entretenais le moindre doute à mon égard. Je serai sans doute estampillé « criminel » à l'avenir, peut être même écoperai-je d'une prime nécessaire, aux yeux du gouvernement mondial. Pourtant, je puis te l'assurer, je resterai fidèle à mes valeurs.


Après un court instant, l'épéiste posa les mains sur ses genoux, avant de questionner Feng :


- Et donc, as tu déjà des idées pour t'approcher de ton but ? Puisque je vais me rendre sur South Blue, as tu déjà repéré des points d'intérêt sur cette mer, que tu aimerais que j'explore discrètement pour toi ? Après tout, il n'est jamais trop tôt pour commencer à s''entre-aider, n'est ce pas ?


Il était curieux de connaître les plans de Feng, ainsi que sa réponse concernant la mer inconnue qu'il allait découvrir. Une longue et prospère amitié semblait débuter, en cette belle soirée sur KanoKuni.


KoalaVolant
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Retour aux sources et nouveau départ


Le jeune homme avait bien perçu le bois dans lequel était fait le Han. L'honneur hein ? Il en avait fait une des vertus capitales malgré son métier. Ses paroles avaient la douceur du velours et la saveur du miel. Il ne connaissait pas l'oyabun du jeune Suisou mais celui-ci avait définitivement bien oeuvré. Hayato était un diamant brut et peu pourraient s'y méprendre parmi les gens de pouvoir. Il fallait juste le tailler ou laisser la vie le faire. Pour autant, le Han était désireux de partager sa vision des choses avec lui, ne serait-ce que pour lui ouvrir l'esprit et lui montrer la multitude de choix qui s'offraient à lui.

« Pour mon but ?, dit Feng d'un air surpris. J'ai choisi de le réaliser au travers de quelqu'un d'autre. Le Gouverneur en l'occurrence. C'est plus simple comme ça dirons-nous. Il sert de front à toutes nos ambitions communes. A lui la lumière, à moi l'ombre. A lui les scènes, à moi la paperasse. On dirait que c'est déséquilibré mais tu n'imagines pas le poids d'être tout devant, ajouta-t-il. »

Nouveau verre d'alcool oblige, le Han laissa sa vue se brouiller et resservit de manière déraisonnable les deux verres. Les langues se déliaient et ils entraient désormais dans la phase totalement désinhibée de la conversation. Celle qui ne permettait plus aux hommes de cacher ce qu'ils étaient réellement. Au-delà du but avoué de Feng, il se fit interroger sur la Mer du Sud, que le Suisou envisageait de voyager. L'endroit n'était clairement pas la tasse de thé de l'impérial. Pour autant, il avait quelques contacts là-bas à entretenir auxquels il pouvait bien envoyer des courriers. Rien de bien important mais surtout de la correspondance formelle avec des représentants de l'Empire dans des lieux étrangers.

« South Blue ? Pourquoi donc cette Mer ?  Je ne suis pas expert du coin mais les trois royaumes, à savoir Bliss, la Veine et Saint Urea me semblent des points de passage obligatoires pour quiconque souhaite mener des activités commerciales. Rhétalia semble des plus dépaysantes aussi malgré leurs coutumes saugrenues qui y perdurent. A part cela non, je ne connais pas grand chose. Mais je suis ouvert à toute suggestion si tu trouves des intérêts pour moi là-bas. »

Ses intentions étaient des plus claires. Si un contact favorable à l'Empire ou à minima aux intentions de Feng se manifestait, Hayato avait les coudées franches pour le diriger vers lui. Se levant pour ouvrir un panneau donnant sur un jardin extérieur, Feng profita de l'arrivée d'air frais pour rassembler ses esprits. Décidemment, l'alcool ne lui rendait pas honneur. Les joues légèrement rougies, il aperçut dans le jardin Peng qui lui jeta un regard discret suivi d'un signe de tête avant de continuer à se diriger vers une autre partie du domaine. Le signal était là aussi limpide. Le Gouverneur venait d'arriver. Son timing n'était pas idéal car il coupait court à toute la suite de cette discussion. Lee Yan n'était pas homme à attendre. Et s'il était là ce soir, c'est que quelque chose se tramait. Refermant le panneau sans un bruit, Feng se tourna vers son interlocuteur et, d'une mine contrite, l'informa que la situation avait légèrement changé.

« Hayato, loin de moi l'idée de t'interrompre mais le devoir m'appelle. J'en suis navré mais, au moins, tu peux déjà voir une des contreparties au pouvoir. Tu ne seras plus maître de ton temps. Ou du moins tu auras l'impression d'en manquer. Je suis vraiment désolé mais je vais devoir m'éclipser pour le reste de la soirée mon ami. A charge de revanche comme on dit. Mon majordome Peng te conduira à tes quartiers, tu peux rester parmi les miens le temps que tu le souhaites, tu es mon invité. »

Tapant de la main sur l'épaule du Suisou, il descendit en vitesse son verre. La porte de la pièce s'ouvrit quelques instants plus tard avec Peng, impeccablement paré et muni d'un plateau rempli d'une décoction ancestrale censée prémunir les buveurs des retours de baton liés à l'alcool. Comme toujours, le Han était subjugué par cette capacité à ce que tout soit parfait au moment venu avec lui. Laissant Hayato aux bons soins de l'homme qui l'avait vu grandir, le Han se dirigea d'un pas décidé vers la partie opposée du domaine où devait l'attendre son Sifu.


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