Aucune pitié pour les braves !

Sortant de son wagon, une femme en robe noire scrute une horloge sur le quai. Elle est arrivée à sa destination, Hand Island. Malette en main, elle se dirige d'un pas déterminé vers la ville. La Paume, cité du Cercle d'or, plus prospère que l'on ne l'imagine. Malgré l'agitation des événements récents, l'aura protectrice du Vice-Amiral sur place fait bonne figure. Toisant du regard les différentes rues, la blonde à la mallette place ses repères et progresse toujours plus déterminé vers la caserne de la ville.

Devant des hommes de cette caserne, elle montre son badge d'agent du Cipher Pol numéro 4. Un pol habitué à faire autant quelques inspections de routine que des opérations secrètes contre la corruption ou les abus dans divers garnisons à travers le monde. Cependant, ici, c'est pour une affaire sérieuse. De son nom de code, l'agent Tarentule est envoyé interrogé une grande ponte de l'amirauté pour une histoire délicate. Le genre de nœuds dérangeants que le CP4 se doit de traiter pour préserver sa réputation, avant de le laisser au fond d'un tiroir. Néanmoins, l'agent envoyé est connu pour ne jamais prendre ses missions à la légère. N'ayant pas froid aux yeux, cette femme ne baclera rien. Pour le meilleur, ou pour le pire. Lorsque l'on la guide jusqu'au bureau du Vice-Amiral, elle se présente avec une simple révérence.

“Mes salutations les plus respectueuses, Vice-Amiral Shoga. Agent Tarentule, mais vous me connaissez déjà. Je me permet donc de passer sur les civilités pour aller droit au but.”

En effet, l'agent Tarentule l'a rencontré lorsqu'il était en charge du QG de la mer de l'Est. Elle y formait l'un de ses poulains pour une promotion très spéciale. Malgré tout, les circonstances sont bien différentes à ce jour. Le regard fixe de la blonde le témoigne. Elle s'installe sans attendre sur un siège, les jambes croisées, un dossier sur les genoux.

“Mon service a mis le nez dans une affaire bien embarrassante. Je dois dire que votre dossier me paraissait immaculé de tout défaut. De Sanderr à Orange Town, vous avez brillé sur les mers bleues. Votre efficacité vous a même mené au côté de la Contre-Amirale Ambrosias Gentry sur Grandline. Sans compter votre contribution dans la défense de Marineford, l'exigence pallie votre différence raciale. Un sujet que nombreux semblent refuser de mettre sous le tapis, mais dont certains n'en pensent pas moins. Hihi !”

Passant en revue la carrière du mink, la jeune femme n'hésite à asséner quelques piques pour scruter quel genre de réactions il lui donnera à voir. Les méthodes de l'agent Tarentule n'ont jamais été connues pour leur bienveillance.

“Dites-moi, vous n'avez pas l'impression d'attirer beaucoup trop de problèmes depuis votre affiliation? Vous êtes souvent souvent cibles d'attaques en tout genre. La poisse semble vous suivre jusqu'à Hand Island, qui n'avait rien vécu de tel avant votre mutation. Cela pourrait en devenir suspect. Hihi!”

Ses lèvres se ferment, dessinant toujours un sourire qui ne laisse plus aucune dent apparaître. L'agent Tarentule s'incline en avant, accoudé sur le dossier, un main sur une joue pour tenir sa tête. Elle laisse quelques secondes de silence tenir en longueur. L'atmosphère devient pesante. Son ton baisse et sa voix semble plus monotone.

“Savez-vous pour quelle raison le Cipher Pol vous rend visite, aujourd'hui, cher Vice-Amiral ?”

Le Mink est dans son bureau, il s'occupe des différents dossiers qu'il a traités pendant la semaine, pas moins d'une centaine de dossiers est sous sa responsabilité. Étant un bureaucrate efficace, c'est d'ailleurs aussi pour cela qu'il a opté pour la voie du sous-amiral au lieu de celle du contre-amiral, il a déjà entamé une trentaine de paperasses depuis huit heures ce matin. La matinée est déjà bien entamé, mais la journée ne fait que commencer, il y a d'autres choses importantes à faire que de s'occuper des différents dossiers. Le Mink doit aussi participer à l'entraînement des recrues, la patrouille sur l'île, prendre des nouvelles du cercle d'or, à savoir s'il n'y a aucun souci sur les autres îles qui le compose. Mais, le plus important est une inspection du Cipher Pol. Le Mink sait déjà qu'un agent ne tardera pas à passer, en fin, ce sont des bruits de couloirs qui traînent dans l'amirauté. Shoga n'a jamais prêté l'oreille à ce genre de ragot, certains osent dire que Monkey D Garp serait encore vivant et mieux, qu'il serait un être immortel dirigeant la marine dans l'ombre. Vous trouvez que c'est osez ? Il y a pire, selon certains bruits de couloir, il paraîtrait que l'ancien corsaire Crocodile aurait été une femme… Qui peut dire si c'est faux ? Pour en revenir à l'inspection, lorsqu'une jeune femme passe la porte de la base où le Mink s'est installé pour traiter ses dossiers, car oui, il y a deux bases sur Hand Island. Mais actuellement, le renard est dans ce qu'on appelle « La Paume », la ville principale de l'île. Donc, lorsque la belle blonde s'aventure dans la base, le Mink reçoit un coup d'Escargophone lui signalant un agent du Cipher Pol Number Four. Shoga remercie son soldat pour l'avoir prévenu, puis il raccroche le combiné.


- Hm... Les rumeurs étaient donc fondées, peut-être que le vice-amiral Garp est encore vivant ?


La blonde se présente au renard, ce dernier la reconnait, il l'a déjà vu au G-2. Elle est directe, le Mink aime les gens directs. Elle récapitule la carrière du renard, pendant que ce dernier lui finit de traiter le dossier qu'il avait en cours, tout en l'écoutant. Elle termine, comme le renard qui met le dossier dans la pile de dossiers traités. Le Mink lui propose un petit café, quelque chose à boire et même à manger.


- Vous prendrez bien quelque chose, un petit café, du thé, du soda ? Vous voulez manger, je commence à avoir faim, pas vous ?


Le Mink écoute sa réponse, puis il en prend note. Tarentule continue ses questions, elle soulève un point intéressant. Le Mink croise les pattes entre elle, il s'adosse contre son fauteuil. Avec ses deux index, il se touche le menton, tout en regardant au plafond, signe qu'il réfléchit.


- C'est une question pertinente, pour être honnête, je ne me suis jamais posé la question. Mais, maintenant que vous en parlez, il semble que partout où je passe, j'attire les ennemis. Sans vouloir me vanter, les ennemis assez puissants. Je ne sais pas si c'est de la poisse ou une sorte de résonance, une sorte d'appel mutuel. J'attire des gens à moi. Si je devais prendre position, sans prétention, je citerais un vieux dicton Bushido : « Que les guerriers se préparent, car la destinée appelle au combat. » Je pense que les forces s'attirent, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi il y a tant de personnage puissant sur la route de Grand Line ? Ou peut-être que j'ai une tête sympathique, c'est pour ça que j'attire beaucoup de monde.


Dit-il en plaisantant. L'agent pose une dernière question, celle qui intéresse le renard, celle qui explique sa présence sur Hand Island.


- J'ai une vague idée. Il s'agit de mon échec à ramener Aquila Risenkaul, je suppose. J'ai échoué, je l'admets. Je suis prêt à payer ma dette, la marine m'a tant donné, au de-là de ce que j'avais espéré.


Le Mink se lève, puis il retire le haut de son Kimono noir pour laisser apparaître son torse velu. Il tend ses pattes devant la blonde avec un air déterminée.


- Je suis prêt à recevoir ma punition, je crois que cent coups de fouets suffiront... Non, vous avez raison, c'est peu. Je propose cinq-cent, c'est la moindre des choses. J'ai échoué dans ma mission, j'en porte la responsabilité.


Son corps velu laisse apparaître des cicatrices que le Mink a obtenues en combattant pour la justice, si Tarentule est observatrice, elle remarquera de longues balafres sur son torse, ainsi que plusieurs coupures dans le dos et sur le ventre. Son buste est rempli de souvenir laissé par une bataille. Le Mink comprend qu'il ne s'agit pas de punition corporelle, et en soi, rien ne lui est vraiment reproché. D'ailleurs, la tentative d'assassinat sur la personne du vice-amiral de la part de certaines personnes haut gradé de la marine, qui est lié à cette histoire, n'a pas vraiment intérêt à être ébruité. Après avoir écouté la réponse de Tarentule, le renard s'habille.


- Excusez-moi, une vieille habitude que j'ai gardée de durant de ma formation avec mon maître à Shimotsuki. Une bêtise, un coup de Katana en bambou, ça ne rigolait pas. Autant, vous dire, qu'après ce genre de vie, la formation au sein de la marine était une partie de plaisir.


Le Mink rigole en pensant à cette époque.


- Shushushu... ! Excusez-moi, excusez-moi, mais penser à mon passé me fait rire. Donc, parlons d'un sujet plus professionnel. Vous voulez donc faire une inspection, c'est le motif de votre présence. Je connais bien les méthodes du CP 4, vous êtes réputée pour être de fin inspecteur. Je n'ai rien à cacher, et nous commencerons notre visite dès que vous le voudrez.


Shoga propose qu'il commence l'inspection. Une fois celle-ci commencé, le renard conduit son invité dans les lieux de vie. Le renard laisse le choix à Tarentule. Si elle désire visiter les dortoirs, elle ne trouvera personne, car tous les hommes et les femmes sont déjà à leur poste depuis le premier rayon de soleil qui a illuminé Hand Island. À la rigueur, elle pourrait trouver l'équipe de nuit endormie. Mais aussi, le jeune Soma, un ninja se cachant dans l'ombre pour perfectionner ses techniques. Si elle choisit les douches, elle tombera sur quelques soldats en train de se laver, et Shujin, un immense Okama presque aussi velu que le renard en ce qui concerne le buste, qui en train de prendre sa douche. Si elle décide de se diriger vers la cantine, elle trouvera les cuisiniers en train de préparer le repas du midi, ainsi que Colombus, un vieil homme ayant presque la centaine d'années en train de boire son café et un grand radoteur. Dans tous les cas, l'agent devrait en apprendre beaucoup plus sur la base et la division du Mink que ce que racontent les rapports.

La jeune femme ne cache pas son etonnement. Il est bien rare que l’on soit si chaleureux, ouvert et accueillant lorsque l’on reçoit la visite du Cipher Pol. Encore moins si c’est au sujet d’inception exceptionnelle, qui sont simplement une pudeur administrative pour ne pas braquer les officiers de la Marine par le terme d’interrogatoire surprise. La blonde répond avec un sourire poli.

“Une tasse de thé ne serait pas de refus, en effet. On m'avait pourtant dit que la courtoisie est trop élaborée chez les personnes comme vous. Quelle agréable surprise. Hihi !”

Derrière cette mesquinerie raciste, l’agent Tarentule est curieuse de savoir combien de va tenir l’amabilité et la légèreté du comportement du mink. Est-ce une duperie pour camoufler son malaise ou bien pour détourner l’attention? Quoi qu’il en soit, l’inspectrice ne le laissera pas détendre l’atmosphère.

“Mon cher Vice-Amiral. Vous comprendrez à vos dépends que toutes mes questions sont pertinentes. Je connais un autre dicton de Saint-Urea qui dit qu'à changement de bouc met la chèvre en chaleur. Je constate par vos mots qu'il vaudrait mieux vous muter dans la surveillance d'une prison si vous attirez autant les criminels. Après tout, votre second connaît déjà les rouages. Et puis au-delà des combats, vous pourriez y trouver un frère d'arme, qui sait ? Hihi !”

Une allusion à sa relation avec le criminel Aquila, ajoutée à une première menace de mutation là où personne ne se réjouit d’être affilié, amorce le ton de cette entrevue. Maintenant qu’elle a saisi comment le Vice-Amiral se comporte et agis en situation neutre. Il est temps de véritablement placer les véritables enjeux de cette affaire.

“J’ai comme l'impression que vous ne nous prenez pas au sérieux, Vice-Amiral Shoga. Vous avez le droit de garder le silence, si vous voulez aggraver la situation. Les zones d'ombres de cette affaire peuvent vous coûter votre poste. Je ne quitterai pas ce bureau sans les avoir élucidés. Et quand bien même la proposition de vous châtier m’est alléchante, ce n’est pas moi qu’il faudra convaincre. Je ne serais ni votre juge, ni votre bourreau, simplement la main la plus habile du Cipher Pol numéro 4. Tout ce qui sera entendu et tous les témoignages ou éléments retrouvés, ici, pourra être retenu contre vous.”

Malgré son sourire fier, sa voix est plus grave. Elle vient implicitement de réciter les droits que l’on dicte au suspect que l’on interroge. Aucun rire ne s'échappe à présent. Fixant les gestes et le moindre frissonnement sur le pelage du mink, Capulina se lance au cœur de l’interrogatoire.

“Au-delà du ridicule qui pèse à présent sur la Marine par votre initiative, tout dans ce dossier transpire le conflit d'intérêt et la maladresse. Un vrai bazar indigne de l’Amirauté jusqu’à ce jour. Nous allons simplement reprendre les bases. Vous arrive-t-il souvent de recevoir des appels de criminels primés pour une entrevue ? Et au-delà de ça, qui est Aquila Risenkaul pour vous, à présent ?“

Shoga écoute attentivement les paroles de l'agent Tarentule, il se rend compte qu'il agit bien comme un agent du Cipher Pol, le sourire amical, mais des intentions malveillantes. Elle envoie une vanne raciste au Mink, ce qui le laisse de marbre. Si elle savait le nombre de fois où il a été confronté au racisme au sein de la marine, jusqu'à récemment avoir évité une tentative de meurtre, elle serait surprise. Lorsqu'elle parle de mutation en milieu carcérale, cela fait doucement sourire Shoga. Il sait fort bien qu'elle n'en a pas le pouvoir et si tous les marins qui ont un criminel dans leur famille ou qui connaissent un hors la loi finissent en prison, il y aura une surcharge carcérale. Il reste calme et pondéré, il trouve cela ironique qu'un agent du Cipher Pol ose faire une enquête sur la fidélité. Après, le Mink sait qu'il faut relativiser, ne pas confondre rumeurs et faits, l'ancien chef d'équipe du Cipher Pol Number 9, Alaaric Minaro, est un de ses plus fidèles amis, une personne droite et sans malveillance.


Malheureusement, les faits sont les faits. Ce n'est pas un secret que la plupart des agents qui sont envoyés en infiltration dans les rangs révolutionnaire finissent par devenir eux-mêmes révolutionnaire et trahir la marine. Même sans ce détail, Shoga sait pertinemment que dans une organisation telle que le Cipher Pol, qui valorise l'individualité et les faux-semblants, la fidélité est difficile à maintenir, et que parfois, il faut poignarder ses alliés pour progresser. Lorsque Tarentule fait allusion au fait que le renard se ferait un frère d'armes en prison, cela le fait légèrement pouffer, même s'il se retient. Si cette hypothèse devait arriver, la nature bienveillante et amicale de Shoga pousserait les taulards à adopté une bonne conduite, et il se ferait des amis parmi eux. Le Mink se demande s'il était envoyé dans une prison, est-ce qu'il parviendrait à faire changer des prisonniers pour qu'ils rejoignent la marine, comme avec Shujin ?


Le renard s'adosse au fond de son fauteuil en cuir, il se détend les muscles en les faisant craquer légèrement. L'agent rentre dans le vif du sujet, elle demande à Shoga quelle est sa relation avec Aquila et s'il reçoit des appels de criminels. Le Mink regarde le sourire de Tarentule, mais avec son Haki de l'observation, il perçoit une certaine régularité en elle, comme si elle voulait connaître les moindres détails de cette affaire. Même si lorsqu'il lui a proposé de recevoir un châtiment corporel, elle n'a pas semblé être dérangée par cette option. Shoga aime et respecte son professionnalisme, peut-être fait-elle partie des agents respectable ? Shoga n'en doute pas, en fin, il l'espère. Car, c'est ce genre de personne qui parviendra à redorer le blason du Cipher Pol, ce qui serait une bonne chose. Le Mink se concentre sur l'agent, il affiche un sourire bienveillant et sincère.


- Ce dicton de Saint-Urea, il est intéressant, je ne le connaissais pas. En ce qui concerne mes relations avec des criminels, non, je n'ai jamais reçu d'appel de hors-la-loi, vous pouvez vérifier et je suppose que vous l'avez déjà fait. Pour ce qui en est de ma relation avec Aquila Risenkaul, c'est quelque chose de complexe. Il y a les faits, c'est un criminel renommé, personne ne peut le nier, mais il n'en demeure pas moins vrai qu'il est mon frère de Saké. Il y a deux réponses à votre question. Si vous posez la question au soldat de la marine, qui a prêté serment d'appliquer la justice et de combattre les inégalités. Ce soldat, qui a frôlé la mort et vu des amis mourir à de nombreuses reprises pour les symboles que représente la marine, considère Aquila Risenkaul comme ce qu'il est, un criminel. Il a lui-même fait ses propres choix. Si vous posez la question au Mink, il vous dira qu'Aquila, malgré qu'il soit devenu un hors-la-loi, est et restera son frère. Mais, je peux vous assurer qu'aucunes de ses deux personnes ne trahiraient les idéaux en quoi elles croient. C'est-à-dire la fidélité et l'honneur. Jamais, je ne trahirai, ni nuirait volontairement à la marine. Après, je reste un homme, je ne suis pas parfait, il m'arrive de faire des erreurs, comme tout le monde.


Soudainement, le regard du Mink, qui était plongé dans celui de l'agent, se tourne vers la fenêtre. Il se lève, puis se dirige vers celle-ci. Il l'ouvre délicatement, puis il créer un nuage de pluie qui s'élève dans les cieux. Il retourne s'assoir, puis il décroche son combiné d'Escargophone, tout en prenant un air sérieux.


- Excusez-moi, cela ne prendra que quelques secondes, pas plus… Dr. Morel, un incendie s'est déclaré dans le quartier ouest. Il y a trois blessés, le feu est géré, vous n'avez plus qu'à envoyer une équipe médicale sur place. Terminé.


Le Mink raccroche le combiné, il retrouve son air décontracté et serein.


- J'espère avoir répondu à vos attentes, comme vous le voyez, j'ai des vies sous ma responsabilité, si un événement grave se produit durant notre entretien, je serais forcé d'intervenir. Si, de n'importe quelle manière que ce soit, vous m'empêchez de faire mon travail, je serai sans pitié à votre égard. Il est hors de question d'abandonner ceux qui sont sous ma responsabilité. Puis, l'amirauté serait contrariée si vous gêniez un de ses représentants dans l'exercice de ses fonctions, ce ne serait ni favorable pour votre service, ni pour les civils. Ce n'est pas une menace, mais une mise en garde. Je veux bien me prêter à l'interrogation, sauf si cela met la vie de mes civils en danger, nous sommes dans le nouveau monde, pas sur Paradise. Nous sommes sur le terrain de jeux des Empereurs, tout peut arriver. Laissez-moi faire mon devoir, et je vous laisserais continuer le vôtre. Maintenant que ce détail est éclairci, nous pouvons continuer. Avec votre Thé, vous prendrez un peu de sucre ?


Shoga quadrille l'entièreté de la ville avec son Haki de l'observation. C'est comme cela qu'il a réussi à découvrir le feu, avec la fumée et ses sens de canidé, aussi. Il constate que l'équipe médicale se prépare à se rendre au quartier ouest, le Mink envoie un second nuage à l'extérieur par la fenêtre. Il crée une grande plateforme où les médecins posent le pied, puis, le Mink contrôle le nuage pour l'envoyer à pleine vitesse en direction du quartier ouest, les médecins atteignent rapidement les lieux pour secourir les blessés. La pluie générée par le premier nuage s'abat en abondance sur la maison en flamme, le feu meurt progressivement sous la pluie jusqu'à disparaître.

Techniques:

L’agent Tarentule change de posture, à l’écoute de la défense du Vice-Amiral. Les jambes croisées, le torse incliné vers l’avant, elle réduit la distance entre elle et son interlocuteur. Patiente et attentive, elle contient de toute réaction, malgré la matière que lui offre le pauvre mink. Avec un sourire grandissant, la jeune femme accepte volontiers la boisson.

“Un sucre, je vous prie.”

Sirotant le thé que l’on lui offre, elle analyse la texture en bouche. Sa langue ne s’engourdit pas. Aucun poison. Un agent du Cipher Pol est toujours prudent, surtout dans ces conditions. Cependant, le liquide manque de tonus. Le mink n’a pas assez infusé le tout, à son goût. Malgré sa préférence pour le thé fort, elle continue de siroter. Capulina reprend ensuite en main ses fiches en prenant de jolies notes. Elle a bien compris que le marin veut jouer de sa charge de travail pour écourter cet entretien. La jeune dame ne retient donc plus ses mots.

“Je suis la seule à apprécier entendre vos élucubrations depuis le début de notre entretien, mon cher Vice-Amiral. La brièveté de ce dialogue ne repose que sur vos propres épaules. Me blâmer pour vous empêcher d'intervenir sur un feu dans une cuisine à une centaine de mètres ou un chaton coincé dans un arbre à un kilomètre en dira plus long sur l'inefficacité et la paresse de vos subordonnés.”

D’un soupir condescendant, la douceur dans son attitude est remplacée par un ton aussi acerbe que méprisant.

“Revenons au cœur du sujet. J'ai bien saisi votre grande fidélité, votre sens de l’honneur exemplaire… et cetera, et cetera. Le soldat de la Marine considère Aquila comme un criminel. Néanmoins, le mink continuera de l'estimer comme sa famille, aussi ridicule ce fait soit-il. Pour ainsi dire, pour l'honneur vous êtes autant capable de laisser filer un criminel que de composer avec. Je dois vous avouer que la Marine à toutes les raisons de douter de cette fidélité à deux facettes. Le serment que vous avez prononcé en entrant dans les rangs est pourtant clair à ce sujet : Je jure de servir, avec honneur et fidélité, pour le bien du service et le succès des armes du Gouvernement Mondiale. Dans cette phrase, je ne vois aucune mention d’un frère de Sake pour y déroger.”

L’agent Tarentule continue de gratter du papier bruyamment. Elle ne lève les yeux que pour reprendre ses conclusions à voix haute.

“Finalement, je peux résumer vos arguments par votre jugement et le suivi de votre propre système de valeurs. Vous vous montrez donc disposé à la trahison de celles de notre Sérénissime Gouvernement. Et en relation avec les événements récents, cela n'arrange absolument pas votre cas. Je comprends à présent que l’Amirauté vous ait mis sur écoute.”

Son air sérieux se dissipe lorsqu’elle finit de composer sa dernière ligne. Satisfaite de son rapport, la blonde s’adosse au fond de son siège, sa tasse dans ses mains. Le sourire caractérisque de la jeune femme refait surface de plus belle.

“En réalité, rien que cela suffit à vous faire tomber. Si je me plais souvent à plaisanter, ce n'est absolument pas une farce de mauvais goût. Vous venez de creuser votre propre trou, Vice-Amiral Shoga. Ou devrais-je dire terrier? Hihi !”

Buvant une nouvelle gorgée de son thé peu infusé, Capulina continue de fixer les réactions de ce Mink attentivement. Taquine, elle continue d’enfoncer le clou.

“Que fait-on à un soldat de la Marine qui en fait qu'à sa tête sous prétexte d'un lien de famille imaginaire? En ce qui me concerne, j'ai ma petite idée du verdict que prononcerait une Cour martiale. Qu’en est-il de vous?”

L’agent Tarentule ne veut pas forcément la chute de cette ponte de la Marine, néanmoins, elle a rarement vu quelqu’un foirer à ce point un entretien avec un agent du Cipher Pol numéro 4. En tout cas, si le dialogue est coupé court à cet instant, le mink ne devra plus répondre qu’à un simple agent du Cipher Pol mais à une assemblée composée de ses supérieurs et du Directeur du CP4. Cette enquête va probablement lui offrir un plus grand écho qu’elle ne l’imaginait. Un Vice-Amiral maladroit lui offrira enfin la promotion qu’elle attend depuis tant d’années.

Shoga regarde Tarentule déblatérer, il garde son calme, il a déjà été dans des situations plus délicates qu'un simple interrogatoire d'un agent du CP. Lorsqu'elle ose se moquer de Shoga, ce dernier relâche un soupir. Lui, qui d'ordinaire garde son calme, ne peut pas laisser passer un outrage pareil. Il plonge son regard dans celui de l'agent, ce n'est pas un regard amical, ni même froid, c'est juste un regard presque sévère.


- Je n'apprécie pas qu'on déforme mes paroles, agent. Je n'ai jamais dit que je trahirai le gouvernement. En revanche, vous, vous me le faites dire. Connaissez-vous la hiérarchie de notre gouvernement ? Évidemment que vous le connaissez. Je ne suis pas étonné que nos valeurs, à nous, les marines, vous soient étranger. Dois-je vous rappeler à qui vous parlez, je ne suis pas un colonel, ni même un sous-amiral, je suis un vice-amiral. D'un claquement de doigt, je peux exiger votre mutation au fin fond du nouveau monde directement auprès de votre chef. Les raisons, je n'en manque pas : outrage à un supérieur, racisme, déformation de mes propos, menace, manque de respect. Ne serait-ce que la moitié de ce que je viens d'énumérer, vous ferez renvoyer du gouvernement.


Shoga garde un ton calme.


- De plus, sauver des chatons et éteindre les feux de cuisines est aussi important que de terrasser des pirates, tant que cela sauve des vies civiles, car nous sommes ici pour les protéger et non pour nous tourner les pouces… N'est-ce pas ? En ce qui concerne les compétences de mes hommes, ne vous inquiétez pas, ils sont bien plus efficaces que vous ne le pensez. D'ailleurs, je confierai mille fois ma vie à un simple mousse que j'ai formé plutôt qu'à une personne qui ignore les valeurs de la marine.


Le renard ressent ce que Tarentule ressent grâce à son Haki de l'observation. Lorsque l'agent lui pose une question, le Mink sourcille.


- Sérieusement ?


Il se met à légèrement pouffer, tout en essayant de reprendre son calme.


- Cela faisant bien longtemps qu'on ne m'avait pas fait rire autant, je dois, au moins, vous concéder cette emprise à mon égard, agent de troisième catégorie. Plus sérieusement, ce que vous appelez lien imaginaire, nous, les marines, nous appelons cela la fraternité. Mais, je ne vais pas m'épuiser à expliquer quelque chose d'aussi important et sacré à une personne ayant choisi le Pôle le plus détestable de tout le Cipher. Je pourrais citer la relation familiale de beaucoup de légendes de la marine, ne serait-ce que Monkey D. Garp et sa famille. Dans la marine, nous confions nos arrières à nos compagnons, peu importe d'où ils viennent ou quelle que soit leur génétique.


Le Mink soupire.


- En ce qui concerne mon serment, je ne l'ai en aucun cas, jamais, ne serait-ce qu'une seule fois, rompu. Ce que vous apportez n'est que spéculation, vous n'avez aucune preuve et je suis certain que vous n'avez fait aucune enquête. Apportez-moi une preuve qui stipule que le vice-amiral Shoga a trempé dans des malversations avec des pirates, qu'il a fourni des armes et des informations à des Pôles révolutionnaires, qu'il a lui-même abusé de son autorité. Je vais vous épargner la recherche, vous n'en trouverez jamais. Pas que j'ai fait disparaître les témoins et les preuves, non, c'est juste qu'elles n'existent pas. Vous pouvez interroger Ambrosias Gentry, Ethan R.Levy, Alheïri Salem. Fenyang. Même votre ancien supérieur, Alaaric Minaro, ne serait-ce que pour citer ces quatre-là avec qui j'ai combattu et qui m'ont confié leur arrière.


Le Mink esquisse un sourire.


- Soyez sérieuses, agent. Vous n'avez aucun pouvoir, ni celui de me faire tomber, ni celui d'avoir une audience avec l'amiral en chef. Puis, dans tous les cas, même si par miracle si aviez ce pouvoir, que diriez-vous à l'amiral en chef qu'il ne sait déjà ? Vous croyez que le CP4 est le seul à être au courant de l'affaire, vous croyez que l'amirauté n'a pas déjà statué sur celle-ci ? Vous pensez que l'amiral en chef laisserait un vice-amiral au parcours sans tache tombé parce qu'un agent de troisième catégorie l'a décidé ? Juste à cause d'un échec dans toute sa carrière ? De plus, j'ignore comment ça fonctionne dans le CP4, mais dans le gouvernement, plus précisément dans la marine, on est réaliste et on se serre les coudes.


Le renard garde un œil sur la ville.


- Je trouve cela assez amusant que vous veniez chez moi, pour me menacer, me manquer de respect et tout cela avec le sourire. Je me demande comment réagirait votre chef ou même le mien s'il apprenait qu'un agent de troisième catégorie, certes accomplissant très maladroitement son devoir, est venu dans le bureau d'un vice-amiral pour l'insulter et le menacer… J'ai déjà ma petite idée sur ce que je vais mettre dans mon rapport, car oui, vous n'êtes pas la seule à juger. C'est une chose que le CP oublie constamment, vous n'êtes pas immunisé contre vos propres erreurs.


Shoga tape fort et juste, s'il fait un rapport sur le comportement de Tarentule, notamment sur son racisme et son manque de respect contre un haut gradé, cela fera mal. Même si Shoga n'est pas dans la même branche qu'elle, cela reste un outrage à un supérieur. Les conséquences de son interrogatoire pourraient être bien pires que l'affaire Aquila, qui, d'ailleurs, a déjà été traité par l'amirauté. Puis, même si le dossier est de nouveau ouvert, il sera très vite oublié. L'affaire n'est pas propre, jamais l'amirauté ne prendrait le risque que cette enquête n'aille plus loin. Il faudrait remonter à la source de qui a donné l'ordre de mission au Mink, d'expliquer la venue des pirates sur le lieu de rencontre uniquement connu de l'amirauté, de convoquer le chef de Shoga. Cette personne, celle qui à l'origine de la mission, serait une proie plus gratifiante que le renard.


- Je suis bien gentil d'écouter vos questions, mais elles ne sont que subsidiaire. Sachez que j'ai déjà répondu de mes actes à mon supérieur, et je me trouve encore gentil de ne pas vous avoir jeté hors de ma base et d'appeler votre supérieur pour me plaindre de votre comportement. De plus, si je peux me permettre de vous donner un conseil, vous menez cette enquête comme une amatrice. Je suppose que vous n'avez lu que le dossier, cherché dans mes états de services, mais vous n'avez jamais interrogé mes collaborateurs. Vous ne vous êtes jamais renseigné sur nos relations, je doute que vous ayez fait passer un entretien à Ambrosias Gentry ou encore même votre ancien supérieur, Alaaric Minaro. Il serait ridicule de me punir pour une seule erreur commise dans ma carrière, si cela doit se faire, croyez-moi que l'entièreté du gouvernement mondial recevra une punition. Car, je ne connais personne qui n'ait jamais failli à sa tâche. Si je cherchais dans vos états de services, je suis persuadé qu'au premier dossier, je trouverais de quoi vous faire plonger pendant une décennie. Je parierai ma queue sur le fait que vous n'avez jamais interrogé ne serait-ce qu'un civil ou un officier sur les bases où j'ai servi, ni même un des pirates que nous avons capturés durant la mission pour l'intérroger.


Le renard en a marre de cet interrogatoire futile.


- Vous n'avez aucune autorité sur moi, cette enquête n'ira pas plus loin, car elle a déjà été traitée. Vous pouvez faire une demande de réouverture à votre chef, qui lui-même fera la demande à l'amiral en chef, qui lui-même fera la demande au Gorosei, pour finalement qu'il classe l'affaire comme étant déjà réglé. Vous feriez perdre du temps à beaucoup de gens pour rien, même si actuellement, je suis le seul à en pâtir. Votre carrière pourrait en souffrir, à vouloir trop faire de zèle, on s'attire les foudres de ses supérieurs. Si vous aviez été plus professionnelle et consciencieuse, vous auriez directement été voir celui qui m'a confié la mission. Saviez-vous qu'on en apprend plus en questionnant le commanditaire que le messager ?


Shoga commence en avoir assez, discuter avec l'agent lui a fait prendre du retard dans ses papiers.


- Avez-vous d'autres questions ? Si vous n'avez pas d'autres questions, l'interrogatoire est fini. Si vous n'êtes pas satisfait, contactez un amiral pour la suite des événements. Puis, la prochaine fois, faites bien votre enquête. La marine sauve des vies, pendant que vous en détruisez, ne l'oubliez pas. Moi, je ne vous oublierai pas, mon rapport sur votre professionnalisme sera à l'image de votre compagnie : sec et désagréable. La prochaine fois, si une enquête est ouverte sur mes états de service, envoyé un chef de section ou un agent compétent, ça m'éviterait de perdre du temps avec des questions inutiles.


Le Mink retourne à ses dossiers, indiquant la porte à l'agent avec sa patte gauche, pendant qu'il écrit avec la droite.