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Retrouvailles endiablées


Retrouvailles endiablées

Hayato parcourait les étendues sauvages de l'ilot flottant. Exténué par ses aventures dans cette jungle, le sabreur progressait lentement, ses sens en alerte. Il avait laissé derrière lui les hommes poissons, Natsu et son camarade mais, surtout, il espérait ne pas retomber sur un mort-vivant. Ces zombis lui avait donné du fil à retordre et, s'il n'avait pas reçu l'aide de multiples aventuriers de tous bords, il ne serait peut être plus de ce monde. Malgré neuf années de dur labeur, de pérégrinations et d'améliorations continues, il lui restait un long chemin à parcourir. Au lieu de le déprimer, la nouvelle le stimulait : il suivait sa Voie au jour le jour.


Ses sandales s'enfonçaient, avec des bruits spongieux, au sein des mangroves et du sol marécageux. Il avançait bonnant malant, son bokken à découvert. Ses pas le ramenèrent au niveau du cimetière qui, à présent, avait retrouvé une morne apathie. Le silence inquiétant qui s'était abattu sur la place, tranchait avec le capharnaüm sans nom qui avait eu lieu, un peu plus tôt dans la journée. Il se remémora bien vite ce qu'il était venu faire ici. Natsu n'était pas la seule personne qu'Hayato avait reconnue. Le destin avait choisi d'amener Jessica et Jaina sur cette île de malheur, deux femmes aux caractères bien trempés qu'il avait croisées sur North Blue.

Il chassa d'un geste négligent un nuage de mouches qui s'approchait un peu trop. Ces dernières avaient envahi le carnage et s'en donnait à cœur joie, du fait de tous les cadavres qui s'éparpillaient pelle mêle. Avec un petit effort de visualisation, Hayato retrouva la zone approximative où il avait vu Jaina et Jessica s'enfuir. Il suivit leurs traces du mieux qu'il put. N'étant ni un chasseur ni un fin traqueur, il ne put compter que sur la chance : leurs empreintes s'était lourdement enfoncées dans la glaise et le sol humide. Ainsi, en quelques dizaines de minutes, l'épéiste remonta leur piste jusqu'à atteindre la côte.

Devant lui, la mer s'étendait dans toute sa beauté et son immensité. Sous un soleil de plomb, l'épéiste continua sa traque. Les traces bifurquèrent et le conduisirent, peu à peu, vers des échos de voix et des bruits d'un navire qui commence à être manœuvré. Enfin, il repéra un bateau avec, à son bord, plusieurs têtes connues. Avec un sourire, Hayato aborda les pirates :


- Et bien, c'est un drôle d'endroit pour que nos chemins se croisent de nouveau, Jaina, Jessica. Pourrais-je abuser de votre gentillesse, et vous demander de me déposer sur une île un peu plus hospitalière ?


*
**


Quelques heures plus tard, l'épéiste voguait sous un pavillon pirate, sur la mer gelée de North Blue. Le vent frais fouettait son visage, faisait virevolter sa crinière sauvage et vivifiait son corps meurtri par les affrontements. Il attrapa une ficelle et se confectionna un catogan de guerrier. Le regard perdu dans le bleu de l'océan, le bretteur réfléchissait. À présent, son voyage touchait à sa fin. Il avait hâte de retrouver sa famille, sur le royaume de Luvneel ! Pour autant, il n'en oubliait pas ses bonnes manières. Il chercha donc du regard Jaina, avant de s'approcher d'elle :


- Je vous remercie d'avoir accédé à ma requête. Mais dites moi, je ne savais pas que Jessica et vous voguiez sous le même drapeau pirate. Depuis quand faites vous partie du même équipage ?


L'expression « le monde était petit » prenait finalement tout son sens.


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Retrouvailles endiabliées

Suisou Hayato



"Je l'observais au loin, elle était assise sur le sable à observer l'étendue de la mer. Bien qu'elle pleure en silence, je pouvais entendre sa tristesse ainsi que son désespoir. C'est en voyant ma mère dans cet état que j'ai compris à présent que l'amour n'était pas aussi doux. Aveuglant ses proies, elle griffait impitoyablement le palpitant de ces derniers afin de les dévorer..." —Wanda


Depuis déjà quelques heures, les Ravengeuses prirent la fuite après une histoire pas comme les autres. Qui pourrait se vanter d'avoir rencontré et battu de terrifiants zombies ? Pas énormément de monde sur les Blues. Ce conte pour effrayer les enfants fut assez douloureux pour l'albinos. Si Jaina récolta de nouveaux bobos pour garnir son corps très efféminé et sculpté de quelques muscles, son cœur quant à lui s'émiettait un peu plus. Si on passait outre son récit sur la mort de sa petite sœur tuée accidentellement par Wanda, les griffes de la vie fit saigner un peu plus son organe battant. Sa nouvelle retrouvaille d'Éléonore Grey fut le coup de trop...

Assise sur le sable de la plage, désireuse d'être seule, les larmes gâchaient le maquillage autour des yeux de la pistolera. Son cœur réclamait encore cette femme se trouvant dans le camp opposé. Rien que d'avoir entendu une fois de plus sa voix, de se battre à ses côtés et de lui offrir une autre danse, Jaina était torturée par cet amour impossible, irréalisable et cruel. Pourquoi fallait-elle que son palpitant s'unisse à cette Chasseresse ?! La Louve Blanche n'avait aucune réponse à donner...

Elle entendit au loin sa fille l'informer que l'équipage était prêt à partir. Jaina allait enfin pouvoir s'évader de cet endroit maudit tout en espérant de ne pas croiser Éléonore Grey sur son chemin. Rien que de penser à devoir se battre contre elle...une vive douleur poignarda le cœur de l'amoureuse. Séchant ses larmes avec la manche de sa veste, la Reine des tireurs rejoignit sa fille tout en lui offrant un faux sourire. Wanda comprenait parfaitement la détresse de sa mère, car elle-même s'était attachée à cette merveilleuse Lune que Jaina rêvait chaque nuit, à lui chanter sa sénérade amoureuse debout sur un rocher.

Souhaitant gagner la capitainerie, son attention se tourna sur un spécimen sortant de la jungle morbide. Croyant à un nouveau zombie, qui aurait survécu -bien qu'il soit déjà mort- à l'extermination de tout à l'heure, Jaina sortit discrètement Lilith du holster. Ce ne fut pas un mort-vivant qui s'approcha du brigantin, mais une connaissance. Suisou Hayato, l'homme à la queue de cheval croisé dans une église avec un culte de drogués. Le monde fut bien petit, sachant que Jaina avait complètement zappé d'avoir aperçu ce brave homme dans l'affrontement contre le sorcier zombie. Les crois croisés et accoudés sur la balustrade en bois du navire, Jaina forma un sourire en coin sur son visage blanchâtre.

« Je ne sais pas Suisou. Le mérites-tu vraiment depuis notre petite mésaventure religieuse ? » plaisanta la cow-girl qui se souvint avoir affronté un Pacifista dans sa fuite pendant que monsieur devint le héros de la serveuse du bar. « Je plaisante ! Dépêche-toi de monter, nous ne comptons pas rester une minute de plus dans les environs. »

Après un long moment, lorsque les Îlots Flottants disparurent au large de la mer, Jaina termina sa cigarette en continuant de fixer l'endroit exact où se trouvait le lieu cauchemardesque. Le temps devint plus clément, assez calme et nettement plus ensoleillé au malheur de l'albinos. Descendant ses manches pour éviter de cramer à cause des rayons horribles du soleil, elle remit ses lunettes de soleil sur son nez et poussa un très long soupir. Arrachant son mégot de ses lèvres envoûtantes, préférant placer le reste dans une boîte métallique prévue à cet effet au lieu de jeter le déchet dans la mer, la Louve Blanche entendit des pas se rapprocher de sa position.

En attendant de prendre la parole, Jaina se tourna face à son interlocuteur. Elle s'assit sur la balustrade, un violent coup de vent pouvait la faire basculer par-dessus bord.

« Suisou, je vais être claire avec toi. » gronda la prédatrice qui n'était absolument pas contente, pas heureuse, ses yeux l'exprimaient très clairement. « Tu emploies encore le vous pour me parler et je te fais goûter à la planche où des requins t'attendront pour de bouffer ! » Elle fut très irritée, car parler sous cette forme lui faisait penser qu'elle était vieille. Hors...Jaina détestait être traitée de femme âgée, surtout à cause de ses cheveux blancs comme la neige. « Tu insinues que je suis une mamie c'est ça ? » Son comportement frisait le ridicule, la faisant ressembler à une pauvre gamine dans sa crise d'adolescence. Elle croisa ses bras sous sa poitrine généreuse et roula des yeux. « Bref...Jessica est ma timonière. Nous comptons accomplir nos objectifs ensemble. Nous sommes les Ravengeuses. Comment connais-tu la blonde ? Vous avez semé le chaos dans une église ? Les matelots qui s'occupent du brigantin marchand...sont en quelques sortes...nos employés. Ils n'ont pas eu leur mot à dire. Je compte former un équipage composé uniquement de femmes. Des demoiselles fortes qui n'ont pas froid aux yeux. »

Elle finit ses explications et en profita pour sortir une petite bouteille de son ceinturon remplit de whisky. La louve prit plusieurs gorgées pour éviter que son esprit succombe aux douces pensées de la charmante Marine.

« Et toi ? » La louve détourna son visage pour lâcher un rot absolument pas féminin. « Toujours un chevalier au grand cœur ? La dernière fois tu repartais avec la serveuse pendant que moi je récoltais les gentils soldats au cul. Mon départ d'Inari ne fut pas de tout repos. Au fait, tu veux qu'on te dépose où ? »


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Retrouvailles endiablées

Un fin sourire s'étira sur le visage du guerrier. Jaina n'avait rien perdu de son mordant ! Pourquoi l'aurait-elle fait, en réalité ? Effectivement, le vouvoiement n'était pas au goût de tout le monde, il le savait. Pour autant, la raison profonde de cette formulation prenait racine dans l'enfance d'Hayato. Son père, Suisou Jinro, l'avait modelé à son image, et ce dans un seul et unique but : faire de lui un homme d'honneur. Aussi, fidèle à lui-même, l'épéiste inclina la tête et éclata de rire, avant de répondre à la tireuse :


- Haha ! Je m'excuse, Jaina. C'est une vieille habitude qui, en aucun cas, ne cherche à faire de toi une grand mère. Je pars du principe qu'il est bien plus simple de descendre d'un cran, en terme de politesse, que de courir après un respect perdu par manque de délicatesse.


Avec un regard espiègle, le sabreur se permit même une pointe d'humour, malgré l'irritation évidente de la capitaine :


- Et puis... après tout... J'ai apparemment quelque chose à me faire pardonner, non ?


Il repartit d'un petit rire, en se rappelant leur échauffourée sur Inari. Pour autant, courageux mais pas téméraire, il leva les mains en guise d’apaisement, afin de clairement signifier qu'il s'agissait d'une boutade. Il aurait été particulièrement ennuyé de devoir nager jusqu'au royaume de Luvneel ! Il écouta alors les explications de l'albinos, plissant peu à peu les yeux à mesure que son sourire s'étirait face à l'ironie. Mordante. Décidément, cette femme avait un caractère bien trempé ! Il préféra fermer les yeux sur la réquisition des marins. Ces derniers ne semblaient ni maltraités ni réduits en esclavage. Ils étaient simplement forcés de travailler pour elle, après une prise de pouvoir comme tout pirate qui se respectait. Après tout, il s'agissait de son navire, de son toit et, donc, de ses règles.


- Des demoiselles fortes qui n'ont pas froid aux yeux, hein ? Ma foi, ça va tout à fait avec l'image que je me fais de toi.


Un instant, il s'imagina un équipage entier de Jainas... et frémit rien qu'à cette idée. Il reprit ses esprits bien vite.


- Pour répondre à ta question, la rencontre avec Jessica fut un peu moins mouvementée que la notre. Nous avons traité de philosophie,  plutôt que laisser parler nos armes. Nous nous sommes d'ailleurs revus il y a peu, sur Zaun, alors que je recrutais une médecin de talent pour mon clan. Mais, c'est une autre histoire.


Alors qu'elle l'écoutait, la jeune femme se mit à boire à même une flasque. À l'odeur, elle ne cherchait pas à s'hydrater, bien au contraire. Hayato s'appuya au bastingage pour écouter la pirate. Son hilarité mua en un sourire torve, à mesure qu'elle le qualifiait presque de saint. Lorsqu'elle lui demanda où il souhaitait qu'elle le dépose, le vagabond laissa un instant les mouettes et les vagues répondre, avant de tourner la tête en direction de Jaina. Elle put voir l'éclat de ses yeux redevenir sérieux un instant, juste avant qu'il ne reprenne la parole :


- Tu te fourvoies à mon propos, Jaina. Je ne suis pas un chevalier au grand cœur. Je suis un homme d'affaires avec un code d'honneur. En ce sens, j'avais besoin que le gouvernement mondial me laisse tranquille pendant que je parcourais le monde. Mais, à présent que j'ai exploré toutes les Blues, je me suis fait une idée du potentiel de chacune d'entre elle.


Après un court instant, il sourit de nouveau à Jaina, avant de lancer :


- Bien que nos méthodes et nos principes diffèrent, nous sommes tous les deux des criminels. Tu fais parler la poudre de tes armes, tes dynamites et tu attires immanquablement l'attention, tel un grand brasier prêt à consumer le monde. De mon coté, je me tapis dans les ombres. J'use de mes mots, de mes relations et de mes connaissances et, si je n'ai nul autre recours, mon sabre tranchera le différent. Mais il est naturel que nous ne nous ressemblions pas. Tu es une pirate, Jaina, alors que je suis un membre de la pègre.


Pour relâcher l'atmosphère, le vagabond glissa alors :


- Sinon, la serveuse se porte bien. Elle a eu le droit à une autre belle frayeur, à cause d'une jeune femme mink... vous devriez d'ailleurs très bien vous entendre, toutes les deux.


Il se racla la gorge un instant, avant de regarder l'océan. Les vagues restaient petites, la brise légère et le ciel bleu n'était entaché que de rares nuages. Théoriquement, leur voyage devrait se dérouler sans encombre.


- Tu peux me déposer sur le trajet que tu avais choisis pour ton navire. Je te remercie de m'avoir pris sur son bateau, je ne vais pas en plus te demander de faire un détour. Je cherche juste à atteindre la première île avec un service de navette que nous croiserons.


Le bretteur laissa Jaina digérer toutes les informations qu'il lui avait révélées, de but en blanc. Il n'avait pas vraiment tenté de les lui cacher, il n'avait tout simplement pas eu la possibilité d'en discuter avec elle ! Enfin, il reprit la parole d'une voix calme :


- Et toi, Jaina ? Quels sont tes projets sur North Blue ? Nous n'avons pas vraiment eu le temps de faire connaissance, la dernière fois. Je vois que Wanda a l'air de bien grandir, et de te ressembler de plus en plus. J'imagine que tu souhaites toujours la protéger toutes griffes dehors ? Va-t-elle devenir une pirate comme toi ?


Le but de ses interrogations étaient double. Il souhaitait en apprendre plus sur cette femme au charisme certain, mais à la violence tout aussi évidente. Par ailleurs, pour le bien de ses futurs opérations, il était capital de se tenir au courant des desiderata des pirates sillonnant la même mer que lui.


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