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Ballade de Santé dans le Désert

J'ai jamais eu aucun reproche à faire à la soupe au chou de ma femme. Même froide, même accompagnée avec du chou, même sans chou. Le seul réel souci que j'avais avec, c'était les quantités, bien trop faibles pour nourrir mes deux bambins et ma femme lasse. Alors je faisais comme je pouvais. Pour ramener des sous. Pour ramener du chou. Pour aromatiser un peu plus ce bouillon du soir. Hé. On menait une vie paisible et la nourriture était le seul problème auquel nous devions faire face. Je bossais dur pour ça. Je bossais toute la journée pour ça. Je voyais pas mes gamines laissées aux soins de ma promise. Et quand je rentrais le soir, il était pas rare qu'elle prenne le relai et sorte se tuer à la tâche pendant trois heures de plus. J'l'ai toujours su, ça n'avait jamais été un secret et à un époque antérieure, elle le faisait par plaisir. Et après la naissance de la seconde, c'était devenu une nécessité. On n'en parlait pas, ou peu, et on se rattrapait le dimanche entre nous.
Une vie de travailleur éreintante, mais nécessaire pour toucher du doigt le bonheur auquel j'aspirais alors. Au point d'accepter n'importe quel rajout sur les horaires.

Ce main, je fus appelé dans un dock du port. Avec une dizaine d'autres charpentiers. Seul signe distinctifs : nos ceintures. Ça me faisait marrer de nous voir tous ainsi, debout à attendre dans le silence et la curiosité, le pourquoi on nous avait fait venir. Et de me rendre compte qu'on avait tous la ceinture semblable. Y'a des détails à la con qui marquent. Comme la couleur des cheveux de ce type qui se pointa devant nous. Ouais, j'fais la version rapide pour vous épargner tout ce qui peut ne pas vous intéresser pour arriver à ce moment clé de l'étranger armé d'un sabre qui apparut à nos yeux. Et juste derrière lui, notre contremaître général : un grand type trapu avec les bras d'un géant et la peau mate. Seul ses longs cheveux blonds contrastaient avec cette silhouette et faisaient mal aux yeux. Son nez carré restait le côté comique de ce bon monsieur. Il se leva face à nous et s'entretint un instant avec le type à sa gauche. T'as raison, gamine pas loin, ça doit pas être une bonne nouvelle.

-Messieurs !...
Et mademoiselle ducon.
-...Comme vous le savez, nous avons un client spécial cette semaine au chantier naval...
Sûr qu'on sait. Les heures supp' m'ont fait bouffer des carottes avec le chou.
-...Et par spécial, j'entends exigent. Il veut protéger ses voiles et tout ce que l'on pourra avec un produit ignifugé.
Ben voyons.
-Dés lors, il m'en a fait part. Et vous le savez également, il n'est pas aisé d'en trouver. Nous partirons donc tout à l'heure pour le désert pour le récolter ! Vous tous en êtes. Ainsi que Monsieur Makiavel ici présent. Pour votre sécurité à tous.
Et surtout celle de la sève.

Ouep. On allait partir récolter une putain de sève de cactus dans le désert. Pour protéger les voiles de monseigneur trucmuche des coups de soleil. Et nous même en attraper. Tout le monde se dispersa en sachant que dans une demi-heure nous serions partis. Je gardai la pose en prenant mon temps pour m'en griller une. La demoiselle s'en fut et je croisai le regard du type de la sécurité. Je lui fis un grand sourire, heureux qu'il ne sache pas dans quoi il s'embarquait. Nous, nous savions. Et pour ça nous serions payés une fortune. Enfin, manière de parler. Je lui souhaitai silencieusement qu'il toucherait un beau cachet et me détournai.



Je m'en fus préparer mon barda. Un turban, ma scie, mon marteau, ma gourde de la taille d'un sac à dos, mes clopes et un paquet d'allumettes, un haut en coton et des chaussures ouvertes. Puis j'allai rejoindre la caravane. Enfin, manière de parler. Nous n'avions pas les chameaux qui allaient avec. J'y retrouvai tout le monde. Et beaucoup obnubilés par la gente demoiselle qui en bon personnage féminin de Shonen, n'avait de couvert que ce que la pudeur lui obligeait de couvrir. Je soupçonnai le contremaître faisant partie du voyage de ne l'avoir choisie que dans cette idée. Il faudrait la garder à l’œil, la pauvre, au milieu de tous ces hommes. Moi, rien à foutre, j'avais ma femme, et j'étais sûre qu'elle aurait même pu faire fondre cette gamine d'un regard.

Nous nous mîmes en route. Nous traversâmes la ville et débouchâmes de l'autre côté. Tout simplement. Mais avec regret. La chaleur nous prit à la gorge, asséchant presque immédiatement nos larynx. Pour la plupart, nous étions habitués, mais nous dûmes tout de même boire une bonne gorgée d'eau tiède. Pour la forme. Devant nous, seules les dunes s'offraient à nos yeux. Je m'immobilisai tandis que la caravane continuait sur sa lancée, guidée par le contremaître et deux hommes lambdas aux épaules carrées. Suivis d'un troisième bien plus petit. Un gringalet. Je tirai une dernière fois sur ma cigarette complètement consumée et leur emboitai le pas. J'avisai le protecteur un peu devant moi et remontai mon barda sur mes épaules. Je le rattrapai alors que la chaleur me faisait verser les premières larmes de sueur.

T'as une bonne assurance, étranger ? 5% de pertes par expédition. T'y es préparé ?

Ouais, je m'amusai à mettre ses nerfs à l'épreuve. Je doutais fort pouvoir le faire craquer comme ça, mais la pensée que ça fonctionnerait m'arracha un sourire. La journée risquait d'être longue. Si notre voyage ne durait qu'une journée.

J'espère que tu touches un bon prix de tout ça.

A perte de vue, des dunes. Des dunes à pertes de vue. Et cette chaleur resterait suffocante durant les dix prochaines heures. Au bas mot. Je ne devrais pas être insupportable tout ce temps. Normalement.



Spoiler:


Dernière édition par Diele Timberwhite le Mar 11 Juin 2013 - 23:53, édité 2 fois
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Depuis ma brillante idée de partir de Shimotsuki en quête d’aventure et de chasse aux criminels, je passais le plus clair de mon temps à chercher du flouz qui me permettrait de payer les frais de voyages durant lesquels je chercherai à me faire encore plus de fric pour pouvoir m’offrir l’étape ou île, ville, suivante, c’est au choix. Un choix de vie aussi. Ma foi, j’rencontre plein d’gens, j’bois des milliers de boissons alcoolisées différentes et j’tape sur des types ou bestioles que j’avais jamais vu avant. Ouai je sais, Shimo' est pas réputée pour ces gentils furets joueurs d’ocarina mais bon quand on a vu un Tripatosorus Rex géant, on les a tous vu. Enfin bon, excusez moi j’m’égare. D’ailleurs en parlant d’égarement.

Nous avions trouvés par le plus grand des hasards/bazars un job d’escorte la veille, bien que nous soyons à Hinu Town depuis plusieurs jours. Alors que j’sirotai un alcool local, ouai j’aime bien m’essayer aux autres cultures, mon futur employeur discutait avec un type dépourvu de tif, j’en ai conclus qu’à la base le job était pour lui… Ah’ah pauvre con.

Tu vas nous cracher le morceau là ? On aimerait bien passer à la suite.

Ahan. Donc un moment mon verre se vide, la dépression me gagne et mon bras se dresse, dans un ultime souffle de vie j’hurle au tavernier de m’apporter un autre breuvage du terroir, le hic c’est que le chauve en fit de même exactement au même moment et c’est à ce moment que le truc le plus génial du siècle se produisit… Un malade dans la pièce beugla « Elle veut un autre diabolo citron la belle aux cheveux soyeux ? » La boule de billard s’offusqua directement et lança son tabouret en direction de la voix, ni une ni deux je sautai debout sur ma table en pointant mon poing vers la foule.


« C’est moi qu’il a insulté connard ! Il est à moi ! »

En me voyant, crâne d’œuf ne put qu’aller dans mon sens et osa un :

« Sympa la teinture. »

Je sais pas si il a voulu être cool avec moi ou si il se foutait clairement d’ma gueule, de toute manière c’était ma vraie couleur de cheveux et puis c’était trop tard, le temps qu’il se retourne pour m’apercevoir et m’interpeller mon corps ivre avait déjà traverser la salle et mes deux tongs vinrent s’écraser au milieu de son visage.

« Drop’kick ! »

STOP ! STOOOP ! Y’a plagia la y’a… hmmm
hmmhmh !!

Bon après c’est un peu flou, c’est partie en mêlée générale tout l’monde tapait sur tout l’monde, savent être festifs dans cette ville. Enfin pour le coup le colosse à la chevelure dorée décida de m’engager faute de candidat. Bon pis y’a le CV qui fait. D’après ce que j’avais pigé, ma mission se résumait à me promener au milieu du désert avec une bande d’ouvrier pour récupérer une saloperie de sève, rare et chère et blah et blah et blah. J’enregistrai donc tout ceci en trois mots clés à l’intérieur de ma mémoire : Marcher, Baston, Argent.

Le lendemain, Melo m’a jetée en bas du lit en m’expliquant gentiment qu’il ne me restait qu’une vingtaine de minute pour me rendre au rendez vous. Un sérieux problème quand son talent d’orientation en domaine urbain passe en négatif, je savais où se situait les docks mais pas le moyen de m’y rendre et ça c’est l’genre de truc génial. Ma nounou m’ayant proposée d’aller me faire voir et de me démerder tout seul je décidai donc d’utiliser la vieille technique des toits, quitte à faire un trait sur la discrétion, et le trajet devint tous de suite moins compliqué et mon retard vite rattrapé.


« Mouhahaha’ j’ai encore dix minutes devant moi ! J’suis un big boss ! »

*Big boss, t’as dix minutes pour aller à l’autre bout, c’est pas l’bon dock.*

« Bordel ! »


Et c’est repartit !! J’te jure j’suis un chanceux, enfin déjà plus que l’pêcheur que j’ai poussé à l’eau en voulant éviter un chariot blindé de tonneaux, je m’excusai sans m’arrêter de courir et il ne devint plus qu’un point noir au milieu de la flotte. Bon ça va j’ai pas trop l’air en retard.

Après un petit briefing et le temps aux ouvriers de rattrouper leurs affaires et nous étions enfin loin. Le désert, c’est beau mais c’est comme les Tripato’Rex, enfin j’vais pas vous refaire le topo, du coup je fus vite lassé du spectacle et ne fixai plus l’horizon que pour regarder où nous avancions. Mélo elle avait le bon plan et continuait à dormir dans ma besace de tissu, j’allais donc devoir faire la conversation avec quelqu’un d’autre et les dieux m’entendirent et exaucèrent mon vœux.
C’était un binoclard aux airs de premier d’la classe avec un côté rebelle et peut être une once de courage, enfin rien concordait c’était un picasso vivant. Je ne pu m’empêcher de lui lâcher un sourire amusé qui s’élargit quand il énonça les 5% de perte et me questionna sur ma mutuelle.


« Les assurances ? Une compagnie de voleur pour tarlouse. J’m’assure moi-même pour pas cher. Quant au 5%, fallait qu’ils m’écoutent ! »

Je le prenais de court en soutenant fermement qu’il n’y aurait pas de victime si on écoutait mes consignes. Pas forcément faux, pas forcément vrai, tout dépendra de mon humeur et de l’attitude des chercheurs de sève – je sais même pas si ça a un nom s’boulot – je suis pas mauvais, j’aime pas qu’on m’emmerde c’est là toute la nuance !
J’ôtai ce sourire malsain de mes lèvres et ricanai bêtement, un bras dissimulé dans mon kimono noir et l’autre main posée sur le pommeau d’un de mes katanas.


« T’inquiètes, occupes toi d’la sève, j’m’occupe d’éviter à tes miches de s’faire mordre par une taupe des sables à dents de scies… Quoi que… Y’en a ici ? »

Evidemment je n’avais aucune connaissance de la faune et flore de North Blue et encore moins d’Hinu Town, je partais toujours dans l’optique que tout était moins dangereux que sur mon île. Des fois, ça payait. Des fois.

On avait pas vraiment l’impression d’avancer, tout se ressemble ici et seul les rares souffles du vent me permettaient de repérer notre position cardinal, si j’peux m’permettre d’utiliser ce terme. Je soupirai longuement devant se spectacle monotone et lâchai une remarque pleine d’espoir mais sans véritable destinataire.


« J’espère qu’on va pouvoir fritter du monstre ! »
  • https://www.onepiece-requiem.net/t5589-scan-sur-zegai-makiavel#95
  • https://www.onepiece-requiem.net/t5523-zegai-makiavel-le-ronin-a-la-fleur-de-cerisier
[center]Je ne détourne pas mon regard du mec. Il me répond avec une assurance et une décontraction qui m'étonnent. Ou alors, c'est sa manière de parler, d'être, de se tenir qui me gène. J'aurais presque pu le penser amical. Ses paroles respiraient la dérision derrière ce que j'analysai malgré moi comme un masque de supériorité. Quoique les mercenaires étaient souvent trop sûrs de leurs capacités. Il aurait très bien pu tous nous brutaliser. Tout comme il pourrait être le premier à mourir de déshydratation. En clair, et je réalisai que ça m'agaçait, je ne savais rien de lui. Il aurait pu être l'un comme l'autre, un entier et son inverse. Mais l'avantage que j'avais sur lui pour l'instant, c'est que j'avais déjà participé à l'une de ces expéditions. Et visiblement, à l'entendre parler de taupes des sables, le contre-maître ne l'avait pas mis au courant du parcours et de ce que nous risquions. Je laissai un silence s'installer. Pas vraiment pesant, mais comme j'avais omis de répondre à sa question, plus il durait, plus le mercenaire pouvait imaginer les pires réponses.

Moi ? Je crois que c'est à ce moment là que j'ai pris un grain de sable dans l’œil. Tout le monde continua de marcher tandis que je pestais et jurais dans mon coin. Ils prirent de l'avance. Et lorsqu'enfin je m'en débarrassai, le convoi avait déjà près de cent mètres d'avance sur moi. Seul un mec avec deux ceintures de charpentier s'était arrêté pour vérifier que je suivais bien. Merci mec. Ce sont des détails qui énervent. Qui font que ta journée plutôt sympa va en fait être une suite d'emmerdes sans nom. C'est aussi pour ça que je ne répondis pas à sa question sur les taupes aux dents de scie. De toute façon, la chaleur, le vent et le grain de sable m'avaient énervés, alors il aurait la surprise. Faut pas pousser. On nous avait pas rencardés la première fois. La première fois qu'on avait atteint le canyon.

C'est vrai que c'était bizarre la première fois. On marchait sur des dunes qui jouaient à nous entraîner vers les pentes les plus abruptes, on escaladait presque des monts de sables, déjouant les divers pièges que mère Nature et dame Chance mettaient sur nos pas, pour qu'en haut d'une dune plus haute encore, se dévoilât soudain à nous un canyon. Et c'est sans surprises que le contre-maître nous annonça que ce serait le début des difficultés.
C'est vrai que c'est bizarre, la première fois. Mais même ma deuxième ne fut pas rassurante pour autant. C'était mon œil toujours larmoyant qui me le disait. Je rattrapai le mercenaire qui s'était arrêté un instant, visiblement aussi dérouté que nous le fûmes tous la première fois. La beauté soudaine des roches rouges dans une mer de sable. La stupéfaction d'y voir pousser des touffes de verdures. L'appréhension de savoir que nous allions devoir y passer. Par en bas. Si je m'étais écouté, et si je savais voler, j'aurais suivi la solution de Marin. Passer au-dessus. Pas en bas.

Ton vœu sera exaucé. Tu seras pas déçu du voyage. Parce qu'on a pas de taupes des sables.

Et puis, il devait bien le voir, mais dans un tel endroit, les larges manœuvres seront à proscrire, nous serons en position de faiblesse, à découvert de tous côtés, et surtout prévisibles. Non pas que les monstres qu'attendait le mercenaire soient intelligents. Mais qui savait les surprises que ce second voyage nous réservait encore.

Nous descendîmes donc la dune jusqu'au canyon de roche rouge. Aussi accueillant que si Dieu y avait déversé le sang de mile voyageurs pour en inonder la pierre poreuse. C'était d'ailleurs la légende de certains marins, en ville, enfants des flots et effrayés par la terre ferme, qui racontaient que c'était quelques tribus autochtone qui avaient peint le canyon du sang des autres tribus. Et qu'à force, elles avaient finies par s'entre-décimer, ne laissant que ces monts pourpres comme témoins de leurs propres carnages. Je n'y ai jamais cru. Mais ce qui y vivait actuellement, j'avais appris à m'en méfier autant que les marins se méfiaient de ces anciennes tribus disparues. D'ailleurs, plus on approchait de l'entrée de l'isthme local, plus les charpentiers aux gros bras, aux tronches carrées -et aux hanches agréable pour la dernière- s'inquiétaient de ce qu'ils allaient y trouver. Et étaient aux abois.

J'en profitai pour regagner la tête du cortège juste avant de passer les portes d'Argonath. Enfin presque. J'allais pas pleurer devant des rois, moi. Je savais me tenir. Surtout que les rois que je soupçonnais vivre dans ce coupe gorge ne devaient pas nous apprécier.

Ne t'en fais pas. Il n'y a rien de vivant sur le chemin. Ça a déjà été dévoré.

Je lui dit ça, pas pour l'effrayer, mais pour qu'il ne s'acharne pas vainement comme je l'avais fait sur la première vipère qui m'était tombée dessus. Il n'y avait que sa mue et je m'étais débattu avec pendant cinq bonnes minutes. Le moment le plus honteux de ma vie, où mes collègues se sont marrés jusqu'à ce que le squelette d'un fennec les attaque. Ça avait alors été à mon tour de rire.

Mais t'en fais pas gars. Trouve les lianes, ça t'aidera sûrement. Elles aiment pas qu'on vole leurs bourgeons.

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