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Bien mal acquis profite parfois !

1625 – quelques semaines après les évènements de Drum.

***

Plan large sur la côte d’Alabasta. On fait ensuite un zoom sur un point précis de cette côte où se trouve amarré, flottant tranquillement sur une eau calme, le Lady Million. Ce n’est pas le genre de navire que l’on peut fixer longtemps, et pour cause : les plaques d’or qui recouvrent sa coque reflètent les rayons du soleil avec une telle force qu’à certaines heures, on a l’impression de voir un deuxième soleil ! C’est un bon prétexte pour continuer le zoom jusqu’à l’intérieur du navire.

On descend un escalier, traverse un couloir,  s’arrête d’abord sur une porte richement ornée, au dessus de laquelle trône l’inscription "Capitaine". Personne n’y a touché depuis des semaines. Parce que même avec le soi-disant décès de son propriétaire, chacun dans l’équipage sait qu’y pénétrer sans autorisation, et y prendre quelque chose, est le crime le plus grave qui soit à bord ! Et même quelqu’un comme Ange, cambrioleur expérimenté et possédant le fruit le plus adapté qui soit à ce genre de travail, n’est pas assez fou pour ne pas écouter la rumeur selon laquelle la moindre serrure, le moindre tiroir, est garni de pièges mortels !

Après une hésitation, la caméra poursuit donc son chemin et s’arrête sur une seconde porte, plus simple, ou trône cette fois l’inscription "Second", et juste en dessous "Capitaine". Bien sûr, personne ne remet en question le fait que l’objectif traverse la porte sans rencontrer aucune résistance, pour montrer ce qui se trouve à l’intérieur.
La cabine d’Ange est une petite pièce, avec un lit sur balancier pour moins souffrir des roulis du bateau, d’un coffre épais, d’une chaise, ainsi que d’une petite table qui occupe a elle seule la moitié de l’espace. Il y a aussi un tas de vêtements en chiffon dans un coin. Le réalisateur étant un fanatique obsessionnel des zooms, on grossit cette fois la vue sur une partie du lit, duquel émerge, sous un tas de couvertures, le crâne pâle du capitaine autoproclamé des Truands. Par le hublot, un rayon de soleil entre dans la pièce et vient frapper le pauvre endormi. Comme il ne bronche pas, le rayon frappe un peu plus fort, avec l’air de dire "hé, il faudrait peut-être penser à se lever !". Le sauvage poussa un grognement, cligna des yeux, et tira sa couette sur sa tête de manière à la recouvrir intégralement.

***

Dès son réveil, Ange avait eu le pressentiment qu’aujourd’hui, il ferait mieux de rester couché. Mais déjà, il sentait qu’il allait perdre la bataille entre lui, ses couvertures qui devenaient de plus en plus étouffantes, et le rayon de soleil qui se faisait de plus en plus insistant ! Finalement, à contrecœur, il se leva.

***

Depuis leur arrivée à Alabasta, les Truands redécouvraient les plaisirs de la civilisation. Ange n’ayant pas l’autorité ni le charisme de son prédécesseur en tant que capitaine, l’équipage, d’un commun accord, avait décrété un quartier libre dès leur arrivée. Dès lors, la plupart passaient leur temps à se faire bronzer sur le pont, ou à dilapider leur argent dans les bistrots ou les bars de la ville la plus proche -Katorea, près de laquelle le Lady Million avait accosté.

Comme tous les matins –ou midis, vu son heure de réveil parfois très tardive-, le sauvage se rendit en ville à la recherche d’un quelconque mauvais coup à faire, histoire de bouger ses hommes et de renflouer leurs caisses. Il avait pu constater qu’Alabasta était un pays riche, très riche même, mais aussi bien défendu et l’inspiration lui manquait. Et il n’osait pas trop faire des remous, à cause de sa situation assez floue vis-à-vis du reste de monde...

A Katorea, les Truands s’étaient rapidement fait remarquer, mais en dépit de quelques altercations avec les gardes ils étaient plutôt bien acceptés par la population, principalement parce qu’ils soutenaient activement l’économie locale, principalement celle de la nourriture, de la boisson, et des activités réservées aux adultes (on parle bien entendu de regarder du sport entre amis avec une bière à la main).

Le capitaine des Truands était maintenant connu, et surnommé avec un peu d’ironie, le "Corsaire d’occasion". Son secret n’avait pas fait long feu : d’abord, quelques bouteilles d’alcool avaient suffi pour que certains de ses camarades enivrés ne se vantent d’appartenir à un équipage qui serait surement –enfin peut-être -, -ou dans un avenir plus ou moins proche-, -mais sans certitude-, immunisé par le gouvernement. Et effectivement, lorsque la garnison de la ville avait fait une descente pour expulser les pirates, le sauvage avait fièrement exhibé, un grand sourire carnassier à ses lèvres, le papier qui, sous les traces de sang et de mucus de crabe séché, portait tous les signes du document officiel dont avaient parlé les journaux lors de la nomination de Krabbs. Depuis, on regardait avec un mélange de suspicion et d’amusement ce drôle de "Corsaire d’occasion", qui semblait loin de rivaliser en puissance et en prestige avec ses futurs collègues ; et, en dépit de son allure exubérante, on l’imaginait mal ressembler aux fous psychopathes qui constituaient la majeure partie de l’ordre.

***

Le sauvage flânait le long des quais en se remémorant ces derniers évènements, lorsque deux hommes lui barrèrent le passage. C’était assez inhabituel, sachant qu’en tant que pirate primé à la réputation surfaite les gens s’écartaient généralement devant lui. Cependant, ces deux-là n’avaient pas les têtes de gens qui s’écartent devant qui que ce soit. Le plus grand des deux était un gars d’une quarantaine d’années, le teint sombre, avec un bandeau sur un œil et des cicatrices lui barrant le visage à plusieurs endroits. Et puis… il était vraiment laid ! Le manteau à épaulettes qu’il portait à la manière d’une cape indiquait clairement son statut de capitaine pirate. Le deuxième était globalement taillé de la même manière : borgne, le teint basané, et il n’avait pas dû voir de rasoir depuis au moins aussi longtemps que son chef ; en revanche, il avait probablement fréquenté moins souvent les salles de muscu’. Le premier prit la parole d’une voix rude :

- Hé, TOI, le mal coiffé... Tu es Ange Del Flo, pas VRAI ? Primé à… -un regard à son acolyte, qui marmonna deux mots- … cinquante-cinq millions de berrys, HEIN ?!

Hé, ça craint ? Qui c’est, ces types ?
Ils ont des sales têtes en tout cas. Essaie de savoir rapidement ce qu’ils veulent, et dépêche-toi de filer d’ici !
Peut-être qu’ils veulent rejoindre le… enfin "mon" équipage ?
Mon coco, si tu crois ça,  tu es vraiment très optimiste ou très naïf!


Un silence suivit la déclaration du borgne. Voyant que le sauvage ne réagissait pas, et se contentait de le fixer avec un air hagard, il poursuivit :

- Je SUIS Jojo "l’Affreux",… ou "L’affreux Jojo", comme on m’appelle,… capitaine de l’équipage des BORGNES. Moi et mes gars, on a débarqué ici il y a deux jours, et on a entendu parle de TOI.

Sentant qu’on attendait quelque chose de lui, le Capitaine par push des Truands esquissa un sourire qui se voulait aimable, mais qui donnait plutôt l’impression qu’il trouvait L’affreux Jojo appétissant.

- Et DONC, on a entendu dire que tu… -nouveau regard appuyé vers son second-… que tu possédais une LETTRE. Une lettre qui nous intéresse BEAUCOUP. PAS VRAI ?!

Eh zut ! Voilà les ennuis qui commencent !
Je le savais ! J’aurai dû garder cette lettre secrète, au moins pour le moment.
Si tu n’en avais pas parlé, tu aurais eu bien plus de mal à prendre le contrôle de l’équipage.
Euh…oui, c’est vrai.
Et puis rien ne dit qu’autrement, le gouvernement n’aurait pas considéré la lettre comme perdue à Drum, et l’aurait rendue caduque.
Euh… "caduque" ?
Périmée, si tu préfères. Ignare !
Ah. D’accord. C’est vrai que je n’y avais pas pensé… Et donc, je leur réponds quoi à ces deux gusses ?
Tu pourrais, par exemple, les trucider, et trainer leurs cadavres ensanglantés dans toute la ville pour faire un exemple !
Je pourrais aussi prendre mes jambes à mon cou et fuir ? Non ? Bon…


Devant le manque de réaction de son interlocuteur, le borgne insista :

- Vu que TU n’as pas l’air de comprendre, je vais être plus CLAIR. Ma tête est mise à prix à… coup d’œil à son collègue … soixante-trois millions de BERRYS. Et tu vois, MES gars et moi on pense que je ferai un bien meilleur Corsaire que toi !

Nouveau regard à son collègue, comme pour lui dire "ça va, j’ai géré, là ?". L’autre acquiesça. Ange sembla hésiter un moment, se gratta la tête avec un air gêné, puis finalement, eut un grand sourire, comme celui de quelqu’un qui s’apprête à faire une sale blague un peu nulle dont il est très fier.

- Bon, d’accord… Mojo…
- Jojo.
- …Jojo, puisque tu l’as cherché, euh… tant pis pour toi ! Tu vas voir !
- Ha ha ! Ah ouais ?! Et je vais voir QUOI ?!
- Tu vas voir… comme je cours vite !!!

Sur ces mots, le sauvage tourna les talons et détala à toute vitesse ! Les deux borgnes poussèrent un juron, et se lancèrent à ses trousses ! Les trois hommes coururent un moment le long du quai, criant, hurlant, s’insultant, bousculant les passants et renversant ce qui traînait sur leur route ! Et finalement, sans qu’ils n’y comprennent rien, Ange disparut subitement sous les yeux de ses poursuivants. Les deux pirates s’arrêtèrent, jetant des coups d’yeux suspicieux aux alentours. Ils tournèrent un moment, interrogeant brutalement les passants, mais sans résultat. Finalement, le capitaine posa un regard interrogatif sur son acolyte, celui-ci hocha la tête, et les deux hommes rebroussèrent chemin.

***

Un détour de rue plus loin, le nouveau capitaine des Truands referma la porte d’air qui lui avait servi à s’échapper. Encore haletant, il s’adossa contre le mur d’une maison pour souffler un peu. Puis, par crainte de ses poursuivants, il alla se réfugier dans une taverne à proximité. Il pourrait y prendre un verre pour se remettre de ses émotions, et prendre le temps de récupérer de sa course.


Dernière édition par Ange Del Flo le Lun 8 Juil 2013 - 12:28, édité 1 fois
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Champ étroit sur ton visage penché au dessus d’un verre déjà à moitié vide,  comme pour souligner le fait que tu est là depuis un petit moment ; visiblement seul si on en juge le dé-zoom qui exhibe les chaises t’entourant.

D’ailleurs, si à ton arrivé la taverne obscure ne débordait déjà pas d’activité, tu peux remarquer par la magie du cadrage qu’à part toi et un barman qui n’en mène pas large, il n’y a carrément plus personne. Dégun. Pô d’zob. Et à vue de nez, depuis au moins un ou deux verres.

Enorme silence qui semble même occulter les bruits des ruelles environnantes, voir les couinements des rats qui ont en fait eux aussi pris la tangente. Ta réputation est elle donc devenue si grande ? A moins que… Depuis quand la lumière est-elle aussi tamisée ? Un nuage qui aurait caché le peu de rayon du soleil qui arrivait jusque là à passer au travers des carreaux sales de l’échoppe ?




Pas un bruit donc.
Clingcling… Sluuuuuuuur….

Bam, l’ingénieur son sort brusquement de sa léthargie et rattrape son retard en poussant à fond les boutons de sa console ; ce qui n’a d’autres effets que de faire surgir au travers du silence ambiant l’entrechoquement de glaçons et une paille qui aspire d’ultimes gouttes. Evidemment, il ne s’agit pas là d’un bruit de fond comme un autre, et le cadreur te le fait subtilement comprendre en se rabattant sur un coin d’ombre après un bref zoom sur tes sourcils intrigués (voir intrigants).

Puis tandis que tes yeux scrutent la pénombre, tu peux enfin apercevoir en variant les gamma deux jambes parfaitement mises en valeur dans un pantalon de grand luxe. Mais deux jambes seules se décroisent rarement sans un bon marionnettiste ; ce qui par contre expliquerait aussi la main qui sort de l’ombre pour poser sur une table un verre vide encore empli de glaçons.
Puis comme le scénariste à encore des choses à dire, les deux jambes se lèvent de concert, avant de s’avancer vers toi d’un pas lent et calme. Petit à petit, un buste apparaît, puis une paire de bras…  Mais par contre toujours pas de tête, puisqu’elle a pour sa part décidé de rester dans la zone d’ombre avec une précision millimétrée.


- Bonjour monsieur Del Flo.

Etrange voix ; et encore plus étrange l’intonation respectueuse sans être pour autant veule qu’on peut y desceller. Rare que des gens te parlent avec ce ton la. Du jamais vu/entendu même ? Le silhouette enchaîne avant que tu ne puisse plonger plus loin dans tes pensées.

- Inutile que je me présente, mon nom ne vous dira rien.

Cependant, il est possible que vous connaissiez de réputation mon employeur. Celui-ci vous porte d’ailleurs une grande attention depuis peu.


Un figurant entre dans le champ, apportant un grand verre d’eau glacé  à ton interlocuteur, qui lui remet en échange une petite carte de visite sortie avec naturel d’une de ses poches de veston.
Sans oser la regarder, le barman te l’apporte donc ensuite en tremblant, avant de sortir vite fait de la scène afin de se faire au plus vite oublier des lecteurs comme des protagonistes. Marrant comme il semblait suer à grosses gouttes, tu dois vraiment être une sacrée terreur.

La vue se recentre donc aussi sec de la carte passant dans tes mains à l’individu toujours bien droit devant toi, qui renchérit sans s’émouvoir.

- Pour tout dire, mon employeur semble porter bien plus d’attention à quelque chose en votre possession actuelle qu’à votre propre personne ; quoiqu’il m’ait confié le soin de prendre à cœur vos plus secrètes ambitions.

Pouvons-nous discuter un instant ?





Gros zoom sur ton visage ; les lecteurs tout comme lui guettent ainsi avec d’autant plus d’attention ta réponse.
    Si la face d’Ange avait affiché une expression carrément ahurie quand l’étranger était sorti de l’ombre pour lui parler, il se reprit vite, de manière à montrer un air sérieux, le regard droit et la bouche légèrement entrouverte pour dévoiler les pointes de ses dents, quand la caméra s’intéressa de nouveau à lui.

    Un drôle personnage, qui venait d’apparaître la. A la fois par son physique, car bien qu’il se dissimulait dans l’ombre on avait aucune envie de voir à quoi il ressemblait vraiment, mais aussi par son attitude. Lorsqu’ils parlaient au sauvage, les gens le faisaient soit avec réticence, soit avec mépris, ou encore avec crainte, mais très très rarement avec politesse ! S’il avait eu plus d’expérience, le sauvage aurait supposé que l’autre avait un service à obtenir de lui, ou qu’au moins il voulait dans ses bonnes grâces. Mais comme il s’agissait de quelque chose de nouveau pour lui, il se contenta d’être flatté. Ensuite, il y avait cette manière d’apparaitre à une table ou seule sa place était dans l’ombre, de manière à qu’on ne puisse pas le reconnaitre, tandis que le cambrioleur était en pleine lumière ! Probablement grâce à de savants calculs d’anges et de réglages. Peut-être même avait-il éteint une des lampes pour obtenir ce résultat. Ou alors, c’était une histoire de classe naturelle que certaines personnes ont.

    Ange prit la petite carte que lui avait donnée le barman tremblant, et commença à déchiffrer ce qu’il y avait dessus. Après quelques secondes, il fronça le sourcil : il n’y avait pas beaucoup de mots, mais c’étaient des compliqués ; et il n’était pas un grand lecteur.

    Il m’a appelé "monsieur Del Flo"…  ça ne m’arrive pas souvent ! Hé hé ! Mais ça sonne bizarre je trouve.
    Dans ce cas, tu devrais peut-être se trouver un nom de corsaire qui en jette… un truc qui impressionne quand on le prononce !
    Du genre "Alligator", ou "Caïman" ? Ça claque comme nom : "Alligator le corsaire" ! C’est original en plus, et ça devrait plaire aux gens d’Alabasta ! Avec ça, ils vont m’apprécier…
    Hum, on verra. Bon, et tu arrives à lire ?
    Euh… son fameux patron, il s’appelle… m… monsieur… A… rrrgh !


    Ange se tenait au courant des nouvelles, depuis peu. Depuis qu’on pouvait y parler de lui, en fait. Ce n’était pas très compliqué, il suffisait d’avoir les oreilles baladeuses dans les bistrots. Et ce nom, écrit sur cette carte, il l’avait déjà entendu ! On pouvait dire qu’il avait fait parler de lui, et même un ignare –classe dans laquelle le nouveau capitaine des Truands pouvait être rangé sur bien des sujets- savait qui il était ! Et ce qu’il avait fait ! Le pirate écarquilla les yeux, et la bouche s’ouvrit en grand. Il sursauta, et se cramponna à la table pour ne pas tomber !

    Je suis mal ! Je suis mal ! Je suis mal ! Je le savais, j’aurai du rester discret ! J’ai attiré les puissants, et ils vont  me faire la peau !
    Tu as été imprudent : tu sais bien que tu dois toujours rester près d’un mur, au cas où tu aurais à t’échapper !
    Mince ! Je…euh… je pourrais toujours passer par le sol ? En espérant qu’il y ait une cave…
    Non, reste calme et réfléchis. D’abord, il n’y a personne a part vous deux dans cette pièce.
    Et ? Peut-être que son…employeur, me sait assez nul pour ne pas avoir besoin de se déplacer en personne ?
    Si c’est ça, il risque d’avoir une surprise. Il faut de l’accorder, tu es au moins bon pour une chose : la fuite !
    Alors… il serait juste venu pour me parler ?
    Sans doute. Sinon, il ne prendrait pas la peine d’être si aimable, ou de faire semblant de l’être. Il te parlerait comme le faisait tout le monde avant que tu ne fasses semblant d’être important.
    Euh… ce n’est pas très gentil, ça.
    Essaie de voir ce qu’il veut ; et si ça devient trop délicat, ou si tu ne comprends plus rien, enfuis-toi !
    Ahem...d'accord.
    Et ne te fais pas plumer ! Soit exigeant !


    L’homme aux dents pointues se ressaisit tant bien que mal. Difficile d’avoir l’air naturel quand on vient de bousculer la table, de renverser son verre, et d’afficher une tête digne de figurer à une position honorable du top 50 des tronches les plus ahuries de l’année (classement dans lequel il faisait régulièrement de bons scores, il faut l’avouer). Le mieux pour dissiper le gène, c’était sans doute de commander un nouveau verre. Et le faire juste en claquant des doigts, ça pouvait rendre encore plus classe ! Mais, le barman étant parti se cacher par terre derrière son comptoir en attendant que ses deux encombrants clients ne partent, personne ne vient apporter la commande. Bon, tant pis. Ange venait de ruiner toute sa crédibilité, mais il ferait sans.

    Ce que ce fameux homme lui voulait, par le biais de son drôle de représentant, ça ne pouvait être qu’une chose, d’après Ange. Une chose très précieuse, qu’il avait acquis récemment, et, dont il fallait l’avouer, qu’il ne serait pas si mécontent de s’en débarrasser finalement, vu son encombrement ! Il avait la une occasion de paraitre intelligent, en devançant son interlocuteur et en relançant le débat avant d’essuyer un commentaire désobligeant, ou un air mi-satisfait mi-moqueur de l’homme dans l’ombre.  
    Le moment semblait opportun pour le régisseur du son de lancer une musique classe et entrainante !

    - Ahem…

    Bon, forcément, ça aurait mieux marché avec un protagoniste compétent.

    Je formule ça comment, moi ? C’est que je ne suis pas habitué à ce genre de discussions !
    Tu n’as qu’à prendre un ton autoritaire, comme quand tu commandes à l’équipage. Et prends bien ton temps pour réfléchir. Garde un air sérieux, et si tu ne comprends pas ce qu’il te dit, ne réponds pas au hasard !
    Euh… je… bon.

    - … je vois. Ça… vous… vous avez bien réussi votre petit effet. Hum. Eh bien je pense qu’il y a moyen de se mettre d’accord. Pour être honnête, je le trouvais un peu  trop encombrant pour quelqu’un comme moi.
    Le capitaine putschiste des Truands essaya un air engageant, mais qui rendait mal sur son visage.
    - Vous, enfin votre chef… il veut le Lady Million, hein ? Je le comprends,… un beau bateau en or,… comme ça. Et qui a de l’expérience derrière lui ! Bref, vous m’en proposez combien ?

    Un silence gêné suivit la déclaration. Parce qu’il sentait qu’on attendait ça de lui, le régisseur du son envoya le bruitage "hululement de hibou".
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    Etrange garçon... Le destin serait-il si joueur qu'il lui faille miser sur de telles énergumènes ? Pourtant, mieux vaut éviter de prendre tout cela trop à la légère, pour ce qui est des monstres cachés en agneaux il vaut mieux se montrer trop prudent que pas assez. Surtout face à quelqu'un capable d'usurper des choses si convoitées...

    Sans se laisser démonter bien que le visage lui faisant face pourrait remettre en kit tous les meubles de North blue d'un simple regard, l'homme sans tête poursuit. Le cadreur reprend donc ses esprits et arrête de fixer le responsable du casting qui ne sait plus où se mettre ; pour orienter un gros plan digne d'un entomologiste sur les ténèbres où on peut maintenant voir deux petites lueurs funestes.

    -Hum... il est peu probable que mon employeur ai quoique ce soit à faire de navires. Vous devez comprendre que nous visons bien plus haut que tout ce genre de petits détails. L'or n'est plus un problème depuis bien longtemps pour nous... Seul importe le "vrai" pouvoir.

    Et hop, le dialoguiste te fait passer subtilement que le type qui est face de toi et surtout celui qui se cache encore plus loin semblent riches. En tous cas suffisamment pour ne pas sourciller à la vision d'un navire plaquer or, même en plein soleil.



    -Puis-je m'assoir ?

    La tournure n'est que rhétorique, puisque devant ton silence même infinitésimal l'homme tire la chaise qui te fait face pour s'y installer confortablement. Ainsi, il te dévoile son visage enfin sorti de l'ombre, ce qui par contre ne le rendra pas forcement moins inquiétant pour autant ; voir même plus à vrai dire. Mais comme la prod' t'a à la bonne et que le lecteur lui n'a rien payé pour lire ça, il est de bon ton de faire du favoritisme. Le cadrage passe donc instantanément aux mains de ton interlocuteur, sans jamais plus les lâcher avant même qu'on ai pu voir ledit visage. Toi t'es juste en face, du coup ça te gène moins. Quand on est hors cadre on peut faire ce qu'on veut, même se gratter les mollets en toute discrétion.

    Une main se lève ensuite, claque des doigts... Et un grand verre d'eau glacée se voit apporté presque instantanément sur la table avant que le barman ne reparte finir sa partie de cache-cache plus vite encore. Décidemment le climat d'Alabasta semble un tantinet trop sec au gout de ton interlocuteur... Sluuuurp fait la paille goulue.



    Et comme les meilleurs effets sont parfois les plus courts, on en revient à nos moutons avant qu'un loup ne les croque.

    -Il se dit que vous auriez en votre possession un certain document encore vierge de nom. Voyez-vous de quoi je veux parler ? Est-ce bien de vous dont parlent tous les bruits de couloir ?

    Mon employeur et moi-même avons fondé de grands espoirs sur ces rumeurs. Et je m'en voudrais de ne revenir qu'avec de mauvaises nouvelles. Vous connaissez surement sa réputation et ce qu'il réserve à tous ceux et celles qui le déçoivent ?...

    Ou lui font perdre un temps précieux.
      Ce visage, Ange n’était pas près de l’oublier. Ou en tout cas, il lui faudrait un certain nombre de verres pour ça. Après l’avoir dévisagé sans gêne, il préféra fixer son regard sur les mains de son décidément bien étrange interlocuteur.

      Bon, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris…
      Dis toujours ?
      En gros, il bosse pour un employeur riche et puissant, j’ai bon ?
      Faut croire…
      Et alors, c’est à cause que c’est pour ça que le barman vient le servir lui, et pas moi ?!
      Mais on s’en fiche de ça !!
      Non, non, je crois que c’est important. Est-ce que quand je serai riche et célèbre… ?
      Tais-toi !! Tu n’as pas écouté ce qu’il t’a dit ?
      A propos du fait qu’il s’est assis sans attendre ma permission ?
      Non, qu’il n’aimait pas perdre son temps. Alors tu ferais mieux de réfléchir sérieusement à une réponse !


      Tout en cogitant, le sauvage lança un autre regard à l’homme dans l’ombre. Probablement qu’il savourait l’effet de ses paroles, et surtout de sa menace qu’il n’avait même pas pris la peine de voiler. En tout cas, à sa place, Ange aurait été très fier d’avoir sorti des phrases pareilles ! Surtout si elles étaient vraies ! Gêné, il joua avec son verre, vide, grimaça, et se replongea dans ses pensées.

      Mais finalement, ce qu’il veut, son truc avec l’histoire de couloirs,… si ce n’est pas le bateau, c’est quoi ?
      T’es vraiment lent à la détente, hein ? Ce…euh… gusse, il te parle de ta lettre.
      Hm… et je peux être sûr  Je ne vais pas encore passer pour un boulet, si je dis ça ?
      Et ça pourrait être quoi d’autre, à ton avis ? Andouille. Il y a peu de chances qu’il soit venu de demander comment avoir la même coiffure que toi.
      Ben…euh… c’est que… c’est ma lettre, quoi ! La mienne ! Je ne vais tout de même pas m’en débarrasser comme ça ! Et puis je fais comment, moi, maintenant que tout le monde sait que j’existe, si je n’ai même plus de lettre pour être immunisé ?!
      D’un autre côté, ce n’est pas une immunité même pas encore acquise qui te permettra de survivre à tous les types qui t’en veulent. Y compris ton acheteur.


      Le visage d’Ange illustrait la panique. Ce n’était même pas la menace de l’autre qui l’effrayait, mais l’imminence d’une surchauffe cérébrale provoquée par un trop grand apport d’informations !

      C’est ma lettre, quoi ! Mon immunité !
      De toute façon, personne n’a l’aire d’aimer les corsaires ici.
      C’est grâce à elle que je tiens l’équipage !
      Il a dit, qu’il avait les moyens, et qu’il voulait, euh… prendre à cœur tes ambitions, ou un machin comme ça.
      Mais ce n’est pas son or qui va me sauver de la prison, ou d’un groupe d’ "Affreux Jojos" -ou de types de son acabit- qui voudront me faire la peau !
      Hum, tout dépend de ce qu’il est prêt à t’offrir.
      Du genre énormément d’argent ? Ou un gros casino, encore plus que celui de Satoshi ? Et de quoi me protéger de mes ennemis, ou de leur casser la figure ?
      Pourquoi pas. Imagine un petit peu ce que tu pourrais faire en réinvestissant l’immense fortune qu’il pourrait te donner ! Tu les entends tinter, les pièces ?! Tu serais riche et puissant beaucoup plus rapidement qu’en jouant avec un titre de corsaire que tu n’as même pas les moyens de faire valider.
      Et…  ça vaut combien une lettre comme celle-là ?
      Lui, il va bien le savoir.


      Le capitaine des Truands se remit droit sur sa chaise, naturellement, comme s’il ne venait pas de se donner en spectacle. Il leva la tête vers la tête de son interlocuteur, imité par la caméra, mais préféra baisser les yeux sur son torse.

      ***

      Gros plan sur les yeux d’Ange. Par derrière la confusion, pointe une petite lueur de malice : ça y est, il a une idée. Pour la première fois depuis le début de l’entrevue, il sait à peu près quoi faire. Rapide plan sur ses lèvres qui s’ouvrent sur un léger sourire, puis la vue s’élargit à Ange tout entier. Il passe sa main aux ongles longs sur le devant de sa veste. Puis, son sourire s’élargit lorsqu’il ouvre la doublure de celle-ci, comme si une petite porte s’y était toujours trouvée. C’était le meilleur abri qu’il avait trouvé : pas à l’intérieur une poche, mais dans son vêtement, de manière à ne pas se faire voler par le premier venu. Il en tira une enveloppe froissée, recouverte de ce qui ressemblait à de la colle, ou à du mucus séché. Cependant, on ne pouvait ignorer le gros symbole «Marine» écrit en gros dessus.

      Durant un bref instant, la lettre d’Ange occupe tout l’écran, avant d’être remplacée par la tête souriante de son propriétaire.

      - C’est elle. C’est… la lettre que j’ai –hm- arrachée à Krabbs.
      Inutile de préciser que Krabbs était déjà mort à ce moment-là. Inutile aussi de rappeler qu’il ne l’avait même pas retirée lui-même du cadavre.
      - Vous me dites que vous… enfin votre –euh- patron, il est riche, c’est ça ? Est qu’il est prêt à exaucer mes souhaits ? Eh bien en échange de la lettre, je veux que votre… chef me procure amour, gloire et beauté ! Et richesse ! Et puissance !
      La classe hein ?
      C’est quoi ces bêtise ?! Tu veux vraiment de l’amour et la beauté ?
      Euh… ben…

      - Ahem, bon,… en fait, si j’ai déjà les deux derniers points ça sera déjà bien. Mais en grosse quantité, car j’ai de grands projets moi aussi !
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      Bien bien bien... Nous revoilà en terrain connu.
      Une fois l'hameçon planté, il ne reste plus qu'à tirer avec doigté sur la ligne. Le tout est d'avoir suffisamment investi dans un fil de qualité bien entendu. Et en matière d'investissement, tu n'allais pas tarder à voir que ton interlocuteur n'est pas du genre à prendre des risques ou à faire dans la demi-mesure.

      -Pour ce qui est de l'amour et de la beauté... je ne pense pas être le mieux placé pour vous seconder. Quant à la gloire, on ne récolte jamais autant que ce que l'on sème soit même n'est-il pas ?

      Voilà, ça c'est fait, les choses au moins sont claires maintenant : les miracles ne sont pas à vendre. Et l'homme qui est en face de toi n'a -à n'en pas douter - ni le regard ni les pensées d'un saint.

      -Mais je ne doute pas que vous y parviendrez sans mal avec la logistique que je suis autorisé à mettre à votre disposition. Car pour ce qui est de la richesse et de la puissance, nous allons bien nous entendre.

      Serait-ce un sourire mauvais qui s'affiche hors cadre ? Difficile à dire vu la gueule de son auteur...

      -Nous ne vous ferons qu'une seule offre ; que voici.

      Le type lâche son quatrième verre pour griffonner d'une jolie écriture toute en courbes sur une deuxième petite carte aussi vierge qu'une enfant de nonne ; avant de la faire glisser sur la table dans ta direction. Moment capital comme le soulignent les efforts des techniciens son et lumière qui s'acharnent à détailler jusqu'au bruit et à la texture du papier sur le bois rugueux de la table au verni usagé. Gros zoom sur ton propre regard perdu dans les yeux emplis de malice de celui qui attend tes prochains gestes.

      -Vous constaterez que financièrement elle est fort généreuse ; il serait folie pure que de vouloir refuser. Ou négocier.

      Pour le reste, mon employeur met à votre disposition plusieurs de ses hommes de mains de confiance pour votre prochaine entreprise. Ils évolueront en marge de vos activités actuelles, mais se tiendront près à intervenir au besoin. Vous verrez, ce sont des garçons charmants et pleins de qualités.




      Tu remarques à peine le bruit de la porte de l'auberge qui s'ouvre et d'une discussion étouffée, tes yeux comme hypnotisés par le montant qui ne cesse de tourné dans ta tête. Puis la porte se referme juste assez fort pour te tirer de ta léthargie.  Le barman -qui décidément ne pensait pas avoir signé pour autant d'apparitions- refait alors son entrée dans le champ ; ou plutôt ses deux mains qui déposent sur un pan de la table un grand carton tout ce qu'il y a de plus banal mais sur lequel la caméra migre depuis la carte que tu tenais jusque là. La caméra bascule alors lentement vers l'intérieur du carton tout comme ta propre vision...
      Pour se fixer sur une paire de mains gauches ensanglantées. A l'une d'elle, tu reconnais l'étrange chevalière que tu jurerais avoir vu pas plus tard qu'il y a dix minutes à la main gauche d'un certain Jojo.


      Sa voix te sort alors de l'étrange silence qui s'était emparé de toute la pièce, montée dans la graves par une plateforme de mixage maniée d'une main de maître. On y sent ainsi toute la présence d'un homme qui se sait du bon côté de la chaine alimentaire.

      -Pleins de qualités, oh que oui...
        Le zoom sur l’intérieur de la boîte montrait à quel point la main coupée fascinait Ange. Il s’était attendu à quelque chose d’un peu morbide, histoire de le menacer un peu, peut-être même la tête d’un de ses compagnons, ou à une remarque du genre "la prochaine pourrait être la vôtre". Au contraire, tout ça ressemblait à un cadeau bonus, en plus de la somme inscrite sur le papier. Pour tout dire, le sauvage n’avait jamais vu autant de zéros à la suite ! Le champ s’arrêta cependant un peu plus longtemps qu’il ne l’aurait fallu pour que ça reste naturel, sur la chevalière.

        Ça représente une fortune ! Sans parler de ses gros bras prêts à découper en morceaux un capitaine pirate plus fort que toi sur simple commande !
        Je la veux.
        "Les" veux, tu veux dire ?
        Non, la bague. Je la veux !
        Ahem… tu te rends bien compte que tu es en train de conclure la plus grosse affaire de ta vie ?
        Elle doit au moins valoir… à vue de nez, plusieurs dizaines de milliers de berrys !
        Bon. Alors tu n’as qu’à tenter de détourner son attention, le temps que tu la fauches. Essaye de prolonger la discussion pour gagner du temps.
        Mais… il a dit qu’il ne voulait pas négocier !
        Il va bien falloir ! Il n’aurait pas fait tous ces efforts s’il n’y tenait pas un minimum ! Et puis tu la veux, la bague ?!


        Ange laissa nonchalamment sa main droite trainer dans le carton, tandis qu’il avançait la gauche, tenant la lettre, celle-ci ayant bien plus de raisons d’attirer l’attention.
        La caméra eut le tact de suivre son mouvement, tout en gardant suffisamment de largeur de champ pour laisser percevoir un léger mouvement du bras droit.

        - Je ne le cache pas, c’est –euh- une offre intéressante que vous –enfin votre patron- me faites.
        Vas-y doucement… délicatement… Et remue un peu la lettre, histoire d’occuper les regards ailleurs.
        Euh… d’accord.
        Et ne regarde pas vers le carton
        .
        - … en particulier vos hommes, qui m’ont l’air plus que compétents.
        Ils feraient même passer les Truands pour des fillettes. Bref.
        Je crois que je la touche. Je sens la main !

        - Cependant, il y a un détail qui… qui… qui ne va pas.

        Cette dernière remarque entraina un rapide plan rétréci sur le visage –ou plutôt l’espace d’ombre où se trouvait le visage- de l’inconnu amateur d’eau fraîche. Un peu comme pour souligner qu’il fronçait les sourcils. Ange, bien que mal à l’aise, profita de cette diversion pour avancer encore plus la main.

        - … qui… euh… En fait, je dirais qu’il –hum- manque quelque chose, pour que ce soit une bonne affaire. Glups.
        Ne te laisse pas déconcentrer ! Tu y es presque !
        Oui, je… je la sens !

        - Parce que… si j’apprécie beaucoup que votre employeur s’assure de ma sécurité…
        Essaie de la faire glisser du doigt. Sans trop brusquer !
        - … Finalement, la somme que vous proposez, elle est élevée, mais pas si faramineuse non pl…

        La caméra passait d’un visage à l’autre, avec des champs de plus en plus resserrés. C’était suffisant pour que le capitaine usurpateur se rende compte qu’il s’aventurait sur un terrain glissant. Un craquement se fit entendre dans un coin de la pièce. Ange repensa aussitôt aux brutes qui devaient toujours trainer à proximité.

        - Aargh, heum… Enfin ce n’est pas vraiment un souci, si… si on arrange un autre détail…
        Arrête de jeter des coups d’œil vers le carton !
        Pardon ! Euh, j’y suis presque, je touche le bout du doigt.

        - …Voilà : il y a un objet que j’ai toujours voulu posséder, sans pouvoir le commander moi-même…
        Bon, glisse la bague sur un de tes doigts.
        D…D’accord.

        - Et d’ailleurs, mon problème, c’est que sans lui… je ne peux pas –euh- contacter vos mercenaires.
        Attention, tu vas la faire tomber !
        Hm… c’est bon, je l’ai !

        - Bah oui, parce que… je n’ai pas de… vous savez, les machins à coquille, qui parlent…
        C’est bien. Maintenant, retire discrètement la main du carton…
        - C’est ça, les escargophones !
        Mais non, pas la main coupée ! La tienne !
        Ah, zut.

        - Euh… donc… j’accepte votre offre –enfin celle de votre patron-, mais je veux un escargo…truc personnalisé, à mon effigie, comme on en voit sur le catalogue de la Plup Plup Corp ! Euh… Pulu Pulu Corp, oui.

        Tout en lui faisant un sourire qu'il croyait aimable, le sauvage se pencha en avant, et tendit sa main -où, l'espace d'un instant, brilla une chevalière-, vers son interlocuteur, l'invitant à la serrer pour sceller leur accord. Parce qu'il avait déjà vu des gens le faire, et qu'il trouvait ça plutôt classe.
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        Est-ce que tu vois le genre de silence qui ne mérite aucune musique de fond pour boucher l’espace ? Le genre de silence que même une mouche hermétique à toutes les règles de politesse élémentaire ne pourrait perturber ? Le genre de silence qui est juste là pour te signifier que tu es passé très près d’un ravin ; et que tu as d’ailleurs peut être encore un talon pas si loin du vide. T’imagines ? Ben non en fait tu le vis.

        Puis avec lenteur ton interlocuteur se décide enfin à rompre la pause sur image pour tendre une main caoutchouteuse vers toi. Et si son visage fermé présentait alors tous les signes de la patience malmenée, c’est maintenant un grand sourire amical qui te fait face. Mais est-ce seulement un sourire ou plutôt un piège à loup ? D’ailleurs, un tel homme peut-il seulement vraiment sourire ? La magie du hors cadre suffira à faire l’impasse sur la réponse.

        Poignée de main officielle à défaut d’être chaleureuse donc, et l’homme se l’essuie avec tout le tact nécessaire pour ne pas vexer un auditoire vindicatif. Tu surprends alors un regard en biais pour vérifier si sa montre est toujours là ; puis avec une voix au combien plus chaleureuse mais pas forcement rassurante pour autant, le voilà qui s’adresse de nouveau à toi.

        -Affaire conclue mon bon ami, vous aurez tout ça.
        Cependant reste à gérer quelques détails. Pour commencer, nous ne voudrions pas que vous répandiez la rumeur de cette transaction. Continuez à prétendre avoir la lettre et jouissez de ses avantages tant que nous ne vous en informerons pas du contraire.




        Tout en discutant, l’homme sort un escargophone tout ce qu’il y a de plus banal et commence à composer un numéro que tu ne verras pas faute qu’un assistant ait pensé à l’intégrer dans le script. Signe du doigt pour te demander le silence… L’homme semble discuter avec une compagnie officielle… une histoire de commande, de mimo den den, tu ne comprends pas tout… puis il te tend le combiné.

        -Dites votre nom je vous prie. Juste votre nom. […] Merci.

        L’homme raccroche le combiné, et revient à ses moutons avant que ne prenne l’envie de les compter et que tu ne t’endormes d’ennui. On ne sait jamais avec les pirates lunatiques, Morphée n’est jamais bien loin.

        -Nos amis communs prendront bientôt contact avec vous, et vous remettront alors votre cher den den une fois celui-ci reçu.



        Sans prendre le temps d’attendre de toi le moindre signe d’intelligence, l’homme poursuit tel un inventaire dont on cocherait case à après case. La marque des hommes organisés et habitués à gérer leur monde et celui des autres.

        -Maintenant revenons au cœur du sujet : la lettre je vous prie.


        Gros plan brusque et suffisamment zoomé pour ne prendre qu’une paire d’yeux jaunes et mauvais, dans lesquels tu peux te rendre compte que l’affaire n’a jamais été aussi sérieuse.
          Ange ressentit une vague de soulagement quand l’autre lui serra la main, et l’appela "mon ami", détail conventionnel et sans importance auquel il fut pourtant sensible. Le long silence avait suffi à faire comprendre, même un inconscient comme lui, qu’il avait un peu exagéré. Pour le reste, il n’écouta pas vraiment ce que raconta son interlocuteur lors de sa conversation escargophonique, se contentant de faire ce qu’on lui demandait sans trop réfléchir.

          Le sauvage attendit par politesse que l’homme ait fini de régler ses affaires pour vouloir quitter la pièce. Pour lui, la poignée de main avait conclu l’affaire, et il allait pouvoir quitter cette taverne sans avoir plus de questions délicates à régler ! Mais avant qu’il n’ait pu esquisser le moindre mouvement, l’autre, avec son naturel habituel, lui ramena les pieds sur terre.

          Oups, la lettre ! J’ai failli oublier ! C’est bête, je serai parti avec !...
          Hm, ou alors il est probable qu’"ils" ne t’auraient pas laissé faire plus de trois pas.
          Bon bah… je n’ai plus rien à en faire, de toute façon.
          Non,  tu as assez négocié comme ça. Et puis… il n’a pas l’air de quelqu’un qui veut patienter plus.


          Les traitres sont les premiers à redouter d’être eux-mêmes trompés, et le capitaine des Tuands avait suffisamment abusé de la confiance des gens récemment pour être méfiant ! Cependant, il avait aussi pris assez de risques avec son mystérieux interlocuteur pour ne pas en rajouter. D’ailleurs, celui-ci lui avait fait suffisamment de démonstrations de sa bonne volonté… et se du danger que le sauvage encourait s’il faisait trop le malin ; et puis il l’avait appelé "mon ami"…

          ***

          Le voleur renonça à faire un sourire aimable. De toute façon, il n’arrivait pas à ressembler à autre chose qu’un cannibale sur le point de consommer son repas lorsqu’il ouvrait la bouche. On arrivait au point crucial de l’histoire, et l’on avait sorti pour l’occasion quatre caméras différentes pour ne rien manquer de la scène ! Les différentes prises de vue se succédaient à une vitesse folle, au rythme d’une musique dramatique, soulignant ainsi toute la tension de la scène ! Car, mine de rien, c’était presque un crime contre l’humanité qui était en train de se commettre, en remettant un tel document à un tel homme ! …Quoiqu’en y réfléchissant, c’était aussi, d’une certaine manière, criminel de donner une telle fortune à un inconséquent comme Ange ! Serrant toujours le papier entre ses doigts, il le posa sans la main de l’autre.

          C’était quoi déjà, l’expression qui fait bien ?
          Euh… ‘devait y avoir "marché", dedans.
          "Ne m’fais pas marcher" ?
          Non, crétin !
          Ou alors… ah, oui : conclu !
          Bon… alors tu dis ça sans bégayer, d’accord ?
          Bien sûr ! Comme d’habitude.
          Non justement ! Tout à l’heure, tu avais juste à dire ton nom, et tu as trouvé le moyen de caser un "euh" et un "…" dans ta phrase.
          Bah… c’est pas si grave, non ?
          Mh, ça dépend. Après, il ne faudra pas te plaindre si la lettre est adressée à un certain "Euhange Del Flo" !


          - Bon… marché conclu ! Donc, jusqu’à preuve du contraire, je continuerai à… euh… jouer, au présentant corsaire. Enfin tant que ça ne mettra pas ma vie en danger. Hm, ensuite, vous ne devriez pas avoir trop de mal à me retrouver,… il suffira de suivre la file mes poursuivants, j’imagine.

          Hein ?! Mais c’est de l’arnaque ça !
          Mais non ! Tu es soutenu par des coupeurs de mains, maintenant !
          Ouf.
          Enfin… faudra quand même être prudent.


          - Maintenant, j’attends avec impatience de pouvoir profiter de mes cadeaux ! Et… -hm- je souhaite à votre patron de bien s’amuser avec ma lettre ! Vous pourrez toujours lui transmettre de ma part.

          Et la, dans un gros plan sur leurs deux mains, Ange lâcha la lettre, l’abandonnant aux sombres projets de son mystérieux acheteur, - dont, puisqu’il était le seul ici à en connaitre l’identité, il pouvait se permettre de narguer les spectateurs en imaginant lesdits projets ! Ha ha !
          Dom.
          Tout de suite, le pirate paraissait moins puissant. Moins… classe, mais ça il ne l’avait jamais été. Moins… lumineux. Tout le monde pouvait à nouveau voir qu’il n’était qu’un pouilleux. Oui,… mais un pouilleux bientôt riche !

          - Au fait, vous êtes sûr que vous ne voulez pas aussi acheter mon bateau ? Non ? Tant pis…
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          -Vous êtes sûr de ne rien oublier ?

          Le ton est presque amusé pour une fois.

          -Votre argent peut être ?


          Et tandis que la caméra donne aux spectateurs toute la mesure de ton visage et de ses multiples expressions si fascinantes, ton interlocuteur en profite pour visiblement se lever et aller chercher dans un coin d’ombre une mallette qu’il pose délicatement sur la table. Gros plan sur les attaches qui sautent de deux coups de pouces habitués à la tâche, puis sur la mallette elle–même qu’on tourne vers toi grande ouverte. Gros plan qui se transforme alors en zoom vertigineux sur les vingt millions qui en tapissent le fond en larges liasses alléchantes.

          -Vous n’avez là qu’un acompte de la somme totale décidée ; mais que voulez vous, vous jouissez encore de la notoriété de la lettre et donc d’une partie de ses avantages. Le reste de la somme vous sera donc remise par nos amis communs lorsque ceux-ci vous remettront votre den den et se placeront à votre service.

          De la lettre déjà plus de trace.

          -Sur ce, mon ami, je vous laisse prendre congé de moi. Heureux d’avoir eu le plaisir de vous rencontrer.


          Sa main ouverte se tend ainsi avec une certaine forme de bienveillance toute impérative vers la sortie, que le caméraman et l’ingénieur lumière te désignent avec insistance voir un brin d’inquiétude.
            En tout cas, toute cette histoire a permis de mettre en évidence un truc dont on était presque sûr : on sait qui est le roi des boulets !
            Oh ? Moi je l’ai trouvé plutôt bien ce –euh- gars…
            Non, il ne s’agit pas de lui ! On parle de quelqu’un de vraiment stupide, qui est habillé comme toi, et qui est en ce moment dans tes chaussures.
            Euh… c’est-à-dire qu’en ce moment une personne très bête est en train de fouiller ma cabine et d’essayer mes vêtements ?!
            Non, ça veut dire que tu mérites officiellement ton titre de roi des andouilles.
            Boulets. C’était "roi des boulets".
            Hum. Si tu préfères…


            Le pirate s’empara délicatement de la valise, avec un sourire plus que satisfait. Il était comme hypnotisé par les liasses de billets. Sans se soucier de la réaction de l’autre, il s’amusa à la refermer, puis à la rouvrir, pour le plaisir d’entendre le "clac" des attaches qui s’ouvrent. En plus, la production avait mis les moyens sur cet effet sonore ! Ange savait qu’une fois dans sa cabine, il jouerait pendant de longues minutes à faire "clac" "clac" avec la valise.

            D’ailleurs… la valise… elle est offerte avec, hein ?
            Dans le doute, ne demande pas, et file avec !
            Ça marche !
            Ah, et essaye de partir avant que le tavernier ne te réclame la note.


            Cette dernière question réglée, le sauvage prit congé de son "ami", comme celui-ci l’invitait d’ailleurs à le faire. Sauf qu’il n’allait pas passer par la porte. Ça, c’était pour les autres. Quand on a des capacités comme les siennes, et que par-dessus le marché on a une importante somme à transporter, on essaie de réduire les trajets !
            La valise à la main, le capitaine des Truands s’approcha de la porte, mais ne la toucha pas. Il étendit sa main devant lui, et poussa simplement dans le vide. Habituellement, on aurait simplement l’air bête en faisant ça, et ça n’aurait pas détonné pour le sauvage, mais pour lui, un passage s’ouvrit. C'était une drôle de porte, apparemment faite d'air, et qui menait vers une destination aussi vague que l'ombre dans laquelle se cachait l'étrange personnage. Après un sourire satisfait à la caméra, il s’y engouffra.

            Peu après, une porte similaire s’ouvrit sur le pont du Lady Million, d’où émergea Ange. Bon, en fait, elle ne communiquait pas directement avec celle de la taverne. La première ne l’avait emmené qu’à quelques rues de là, et il avait dû faire le reste du trajet en courant, avant de refaire deux portes communicantes une fois en vue du bateau. Mais enfin, pour ceux qui ne savaient pas ça, c’était vraiment la classe !

            ***

            Réalisant la manœuvre inverse à celle du début, la caméra s’éloigne peu à peu de l’ex-prétendant corsaire pour englober le pont, puis le bateau en entier. Il embrasse ensuite une large portion de côte, qui rapetisse de plus en plus au fur et à mesure que le zoom diminue. On voit alors apparaître au milieu de l’écran, comme le réalisateur sait comment fidéliser la clientèle, la mention "A suivre…".
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            On voit alors apparaître au milieu de l’écran, comme le réalisateur sait comment fidéliser la clientèle, la mention "A suivre…".


            (...)


            Puis une fois le générique passé, le réalisateur se décide à récompenser comme il se doit les spectateurs qui ont eu la patience de le regarder sagement jusqu'au bout, ainsi que les endormis bienheureux. C'est donc sur un épilogue qui ne manquera pas de laisser espérer une suite -dans le cas où les chiffres d'entrée en vaudrait la peine- qu'il enchaine.

            Le fond noir se coupe donc d'un bloc pour laisser apparaitre en gros plan le plancher miteux du bar où le sauvage a laissé son étrange interlocuteur, dont on peut d'ailleurs lorgner en zoom XXL les superbes chaussures de marque sur lequel se concentre la camera.
            Puis, une autre paire de pieds apparait depuis l'ombre, pour s'avancer jusqu'au même niveau que leurs homologues. Cette fois, pas de chaussures mais des gros doigts aux griffes acérées, cependant endimanchées de guêtres tout ce qu'il a de plus dandy. Les quatre pieds finissent donc par s'immobiliser... laissant les spectateurs seuls avec deux respirations profondes amplifiées par un ingé' son qui compte sur ses heures sup'.

            Finalement...

            -Alors ? Qu'est-ce que tu en penses ?
            -*Soupire* Soit ce type est le plus bel imbécile-heureux que la terre ai jamais porté, soit...
            -Soit ?...
            -Oublie ça.
            -Ah. Tant que ça ?
            -*Soupire*


            -Des problèmes avec les deux rigolos ?
            -Pfff tu plaisantes j'espère ? Si ces deux guignoles valaient plus de 5 millions j'veux bien m'faire humain !
            -Je vois...


            -Du coup, pourquoi ne pas l'avoir tout simplement prise de force cette fameuse lettre ? J'veux dire ce gars sens la peur à 10 miles, j'n' ai eu b'soin que d'un coup d’œil sur son épaule pour voir ça.
            -Parce que notre ami semble avoir des compétences pour le moins... imprévues. Et que nous ne pouvions nous permettre de prendre le risque de le voir s'enfuir avec ses précieux documents.
            -Même si ça doit nous couter 20 millions ?
            -100.
            -Ne m'dis pas que tu comptes le payer ?
            -Le PATRON compte bien lui payer son du. On se doit de toujours honorer nos engagements, notre réputation est en jeu. Qui nous ferait encore confiance sinon ?
            -Grommelemleu...
            -Et puis...
            -...
            - ...Qui sait sur quoi pourra nous faire déboucher les pérégrinations de notre ami, héhéhé.
            -Ahaha, pas faux.
            -Héhéhé.
            -Ahahahaha !



            Et sur ses rires de mauvais aloi l'écran s'éteint pour de bon, sans pour autant que notre héros n'en ai eu conscience, tout pressé qu'il était de faire sa remarquable sortie.