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[FB - Duo] Crasse et casse

Las Camp. Ville misérable, cancer de West Blue, la merde, quoi. Et quand on m'envoie là-bas, je peux être sûr que c'est un coup fourré ou une mission dans le même genre. J'aime pas ce coin, ça pue la poisse, les pots de vin et compagnie, et les magouilles en tout genre... Le paradis pour les criminels! J'aurais bien fait le ménage, mais le hic, c'est qu'il y a des honnêtes citoyens qui s'entassent ici. Qu'est-ce qu'ils attendent pour foutre le camp et trouver mieux ailleurs? Non, mais sans déc' Quand tu vois que c'est la pagaille depuis des lustres, tu cherches pas à comprendre et tu te casses! Ou alors, faut être de taille pour affronter tout ce petit monde de mafieux.

Non, y'a pas à dire, mes missions de CP me rendent pas la vie facile, surtout quand je dois traîner à Las Camp. Je viens d'en terminer une et ça me suffit. Trop de souffrances, trop de victimes. J'ai envie de crier parfois, mais qui m'écouterait? Tout le monde s'en fout. Alors, moi je cherche pas, j'avance et je me fiche des autres. C'est comme ça, c'est la vie. Je pensais trop changer d'ambiance, mais au final, CP ou Marine, t'es le même. Merde. Bref, faut que j'arrête de déprimer, ça va me tuer aussi clairement qu'une lame dans le bide. Je bois pour oublier, oublier ces merdes qui te collent à la peau. Et je parle pas des erreurs de mission qui restent fichées pour toujours sur ta tête comme un signal lumineux. Vivement que je retourne à Marie-Joie.

Je suis dans les petites ruelles bien lugubres à en faire pâlir le plus mal aimé de ce monde. Classique, quoi. Je suis encore couvert de sang, sang des criminels qui m'ont attaqué. Plus bornés qu'eux, tu meurs. Z'étaient cons comme pas deux. 'Fin bon, légitime défense et hop, terminé. J'aime pas tuer. Vraiment. Ça m'insupporte. Mais quand l'autre en face veux te faire la peau, t'as pas le choix. Tu le dégommes ou c'est lui qui te zigouille. Tu vois?

Je titube sur des caisses alors que j'ai même pas encore bu une seule goutte d'alcool. Sans doute un reste de mes blessures... Quelques passants me regardent avec des gros yeux, d'autres, préfèrent m'éviter et m'ignorer complètement. L'ambiance est morbide, c'est sombre et ça schlingue. J'ai aucune notion du temps, mais je sais qu'il est tard. Je trouve enfin un bar pour pouvoir me caser et être tranquille. Pour ce soir, je bouge plus et je fais plus rien jusqu'à ce qu'on me fasse déguerpir de l'établissement en me traînant. Je retiens même pas le nom de l'enseigne tellement je m'en fous. Je suis vraiment pas dans mon assiette. Un bon repas et un bon breuvage et je retrouverais peut-être la force de continuer. J'ouvre alors la porte maladroitement, j'ai failli la déglinguer. Mon entrée est évidemment spectaculaire, tout le monde me dévisage. 'Doivent pas avoir vu des gars de 2m50 recouvert de sang tous les jours, ça se remarque. Sans compter l'odeur nauséabond qui me colle à la peau. Ouais, je pue la mort. J'ignore les clients et je vais prendre ma commande au comptoir. Ni bonjour, ni merde, je demande un verre.

Un Vodka Martini.

Le barman me fixe en se demandant si je suis une blague ambulante, mais après réflexion, même une blague ambulante qui prend une commande est une blague ambulante qui a de l'argent. Et le blé, c'est toujours le bienvenue. Logique de merde au passage. Il hésite un peu, mais me demande finalement comment je veux mon cocktail.

Au shaker ou à la cuillère?
Qu'est ce que j'en ai à foutre!

Impassible à mon comportement, le mec me sert le verre en me regardant d'un air perplexe. Même si mon look donne pas envie, le gars s'en contente. De toute manière, il a sûrement déjà vu venir dans sa taverne des hommes aux apparences bizarres et aux attitudes douteuses plus d'une fois. Je bois cul sec mon Vodka Martini. Je peine à sourire pour lui dire que je suis pas un fouteur de merde. Craignant quand même pour son auberge, le serveur me pose une question.

Vous comptez prendre une chambre?
Peut-être... Je sais pas trop. Puis, là, tout de suite, je m'en fous.

Je me tourne après lui avoir balancé les pièces sur le comptoir. Ce bar paie pas de mine. Les ivrognes m'ont déjà oublié et poursuivent leur jeu alcoolisé comme si j'existais pas. Tant mieux. Je cherche du regard un coin pour me caser. Je me rends à une table étrangement libre et je m'y assoie. Le cul sur la chaise, tu peux être sûr que je vais plus y bouger. Une jeune serveuse aux airs innocentes s'approche et me demande ce que je veux manger. Dingue, elle est même pas étonnée de voir l'horreur que je suis. Comment peut-on être une pucelle dans lieu aussi mal famé qu'ici sans craindre pour ses robes? Boarf, de toute manière, je m'en fiche. C'est pas mon affaire.

Bonjour. Bienvenue au "Moi je m'en fous, je m'amuse". Ce soir, la maison propose un bœuf bourguignon aux légumes.
Je vais prendre ça. Et filez moi une bouteille de rouge. Peu importe laquelle, du moment que j'oublie pourquoi je suis là.
Euh... Très bien, je vous apporte ça toute de suite.

La pauvre, elle ose pas poser la question si je vais bien ou non. Elle sait déjà la réponse. Puis, bon, elle sait aussi que les personnes comme moi dans ces moments de déprime, veulent pas parler et restent dans leur grotte de solitude. Je pose alors Sombracier, mon bras mécanique, sur la table. C'est histoire de relâcher les muscles, me détendre physiquement. Mon canon est volumineux, il prend toute la place. 'Faut dire qu'il en jette. Alors forcement, ça fait frémir plus d'un pseudo-mécano. Un mec à une table voisine se tourne alors vers moi pour me taper la discut'.

Woauh! C'est un vrai? Putain, c'est trop la classe!! J'adore!!

Le gars est jeune. C'est peut-être le blondinet le plus sobre de la taverne, mais sûrement le plus idiot aussi. Son camarade lui fout une mandale sur le sommet du crâne de manière à clamer ses ardeurs et il le réprimande.

Occupe-toi de tes oignons, banane! Ce n'est pas le genre de gars qu'on embête. Je ne sais pas ce qu'il a fait, mais crois-moi, ce n'est pas le moment de parler technologique et mécanique.

Et c'est pas qu'une expression. Dans son assiette y'a des oignons. La petite tape gentillette manque presque de lui claquer le nez dans son potage. Mais rien à faire, le jeunot semble adorer les cyborgs. Et merde... Il se retourne quand même malgré la réticence de son collègue plus vieux et plus saoul aussi.

Je peux te parler?

Je dis rien. Mon regard pénètre dans le sien. Il a des étoiles pleins les yeux, il capte même pas que je suis pas du genre à parler ce soir. Le mec se lâche et raconte sa vie.

Tu l'as eu où? Moi aussi je veux le même! Depuis tout petit, je bricole plein de choses. J'adore la méca'. Tu peux m'apprendre deux trois tuyaux? Dis, s'il te plait? Je te vaudrais ça. Regarde.

Le gars me sort de sa poche un engin que je connais pas. Je jette un œil négligeant. Mouais. Son pote à côté se tape une main contre son front en se disant que je vais m'énerver, et tout, et tout.

Ça s'appelle un "Dorikiseur" Tu frappes dedans et pouf, ça donne ta force. Marrant, non?

Marrant, ouais. Mais je m'en fous. On fait pareil au Cipher Pol et sans bidule de ce genre. Je parle toujours pas, il a pas l'air de se rendre compte qu'il s'adresse à un mur.

Et voilà, monsieur. Bon appétit.

Ça, c'est la serveuse qui revient. Mais c'est pas elle qui va faire taire le jeune excité. Je commence alors à manger, je regarde bien mon assiette histoire de montrer à l'autre que je suis pas intéressé. Au moins, la bouffe est bonne ici. Il va me falloir beaucoup d'alcool pour non seulement oublier ma misère et le mec qui me braille à non plus finir. Il cessera peut-être de me casser les couilles tout seul.

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D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'Acier, le Briseur de Rêves.
©odage by Hathor
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