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Quinze ans, ça se fête !

Rappel du premier message :


_____Sirup. Je suis née sur cette petite île, un coin paumé paradisiaque emprisonné par de gigantesques montagnes qui se dressent telles l’immense mâchoire de quelque monstre mythologique s’apprêtant à détruire le ciel. J’aime cette île. C’est un endroit calme et paisible où toutes les journées se ressemblent et où il ne se passe rien, jamais… Mais c’est mon chez-moi. Et comme je n’ai pas grand-chose à moi, je peux vous dire que je l’aime. J’aime tout ce qui me rattache à mon enfance, à ma famille – non pas que je sois nostalgique mais plutôt que j’aime me souvenir d’où je viens et de qui je suis… Cette île, c’est beaucoup de souvenirs, c’est les interminables parties de cache-cache dans le manoir de papi, les jeux de trappe-trappe à travers champs, des après-midi entiers à courir après un ballon introuvable et une proximité sans failles avec mes quelques amis d’enfance. Cette île, c’est là où tout commence, là où j’ai grandi. Quoi qu’il arrive, ce sera toujours quelque part d’infiniment beau et accueillant, quelque part où je peux revenir.

_____Sur les quais, quatre personnes. Elles attendent au bout de la jetée, nous faisant de grands gestes de bienvenue. Je m’accroche au bastingage et prends une grande inspiration, je ne sais pas, je me sens toute émue, là, dans ce port ridicule construit sur une baie improbable, une des deux portes qui ouvrent Sirup sur le monde extérieur. Cette baie, c’est un véritable miracle : on dirait qu’un géant a écarté les falaises pour nous la construire. C’est une petite étendue de sable encerclée de reliefs impraticables, des constructions de roche bien verticales qui s’élèvent très haut pour aller chatouiller les nuages. Sur la droite, une petite cabane en bois a été construite à même la pierre, offrant son toit en chaume en guise de refuge aux marins épuisés. À l’intérieur, une cuisine et un dortoir peuvent accueillir tout un équipage, fait surprenant tant la cabane parait minuscule aux pieds de ces à-pics démesurés. Au-devant, la baie se prolonge en entonnoir par un petit chemin de sable qui devient vite rocailleux et s’élève en pente raide sur le flanc des monts, chemin qui mène aux vertes vallées de Sirup et à ses grands manoirs.

_____Je ne sais pas quoi dire. Il n’y a pas besoin de mots, juste de simples gestes, juste d’une main passée entre ses cheveux, d’un baiser déposé sur sa joue, d’une longue embrassade et de quelques larmes versées sur ses épaules. Je leur souris. Je suis si contente d’être avec eux, si contente que j’en oublie tout le reste. Les gens qui s’agitent autour de moi n’effleurent qu’à peine ma conscience, moi je suis contre lui, lentement bercée par quelques mots chuchotés en secret, des mots qui font du  bien, des mots qui m’apaisent. Je plonge dans ses pupilles pétillantes et lui sers un simple sourire :

_____ Tu as grandi, lui dis-je simplement.

_____Je me souviens d’un temps où il se hissait sur mes genoux pour blottir sa tête dans le creux de mon cou ; maintenant il est nettement plus grand que moi. Sa bouille s’est affinée, ses muscles se sont développés, son ossature s'est allongée mais il reste mince, il reste mon petit frère, un garçon fragile que je dois protéger. Il me tapote le dos et je me tourne vers elle.

_____Elle, c’est Mélanie. Même si je la connais depuis la nuit des temps, je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit ici. Mélanie, on ne la voyait qu’une fois par an, durant deux ou trois semaines. C’est la fille d’une des nombreuses familles nobles qui possèdent un manoir à Sirup et s’en servent comme résidence d’été… Mélanie, c’est une compagne de jeu, des nuits entières à se raconter des histoires et veiller sur les étoiles ; c’est une fleur solitaire ayant grandi sans soleil, une perle rare aussi changeante que la Lune, aussi insaisissable que le ciel : elle a toujours été là mais je n’ai jamais pu la saisir. Mélanie, c’est une énigme souriante et doucereuse, une jolie blonde aux beaux yeux d’azur qui transpercent tout ce qu’elle touche, qui analysent, saisissent et comprennent à une vitesse folle. Me dépassant de quelques centimètres, elle me fait face d’un air gêné mais moi je l’accueille avec un sourire aussi sincère que stupéfait.

_____ C’est gentil d’être venue, dis-je en l’embrassant.

_____Elle me répond d’un sourire silencieux et amusé, épaississant encore le mystère qui l’entoure. Sur son visage, une multitude de taches de rousseur dessinent de curieux motifs sur sa peau hâlée pour lui donner un charme parfaitement adorable : elle est à croquer ! Ses cheveux lisses et soyeux sont impeccablement coiffés et positionnés de façon recherchée, maintenus en place par une simple pince noire qui ressort impertinemment sur sa coiffure dorée. Elle porte une légère et courte robe verte au décolleté discret qui fait des plis sophistiqués et particulièrement fascinants… Je ne savais pas qu’on pouvait être aussi belle !

_____Maman aussi, elle est monochrome : sa robe est claire, d’un beige qui tire un peu sur le jaune… Elle me fait cette caresse dont elle a le secret et qui me fait tant de bien… Maman, elle doit être magicienne : elle me console d’un sourire, me réconforte d’un regard. Elle peut calmer toute douleur d’un baiser et effacer la tristesse d’un revers de la main ; maman, c’est la tendresse incarnée, l’amour aveugle à l’état pur. Il lui suffit de me prendre dans ses bras pour que tout disparaisse… et tout disparaît.


Dernière édition par Anatara le Ven 26 Aoû 2016 - 9:19, édité 2 fois
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_____Au bout d’un moment, Liam s’est levé. Il a commencé à faire les cent pas puis est revenu vers nous, plusieurs fois. Sans doute n’a-t-il pas abandonné son idée de sortir d’ici, faire demi-tour avant que quelqu’un nous retrouve. Surtout qu’ici c’est une impasse donc nous serions coincés si quelqu’un nous tombait dessus. Mais personne n’a eu envie de reprendre la course… Jusqu’à ce que l’inévitable se produise. D’abord, une lumière, une lueur et quelques jurons, des insultes et des rires hilares. Nous sommes sur le qui-vive. Liam se met à couvert et tient son révolver fort contre lui dans ses mains tremblantes, et moi je suis de l’autre côté, à serrer Steeve de la même manière. Joe s’est réfugié derrière une grosse pierre qui se situe au centre, et nous avons éteint un maximum de lumières : c’est à peine si je peux me voir moi-même. Ainsi, nous espérons être invisibles et nous attendons, tapis dans l’ombre et pris au piège. Les ombres se précisent, les voix se rapprochent. Nous apercevons des paires de jambes entrer dans la cavité. Les hommes discutent, ils plaisantent, ils sont nonchalants mais ce qui semble être leur chef est très énervé. Visiblement, ils se sont perdus.

_____ Oy, on ne l’aurait pas déjà vue, cette pièce ?
_____ … Je ne crois pas ?

_____Nous sommes tendus. Nous retenons notre respiration. Les hommes continuent d’entrer : deux, quatre, ça n’en finit pas. Nous avons peur. D’un moment à l’autre, ils vont commencer à inspecter les lieux pour savoir s’ils sont déjà venus ici et alors, alors ils nous trouverons. J’en tremble de peur. Je sens la sueur perler sur mon front, mes mains sont moites et lâches, c’est limite si je peux encore sentir Steeve. Mais nous attendons. Tant qu’ils ne seront pas tous entrés, tant qu’il restera des hommes derrière, ce sera très compliqué de s’échapper puisqu’il y aura des ennemis de tous les côtés, non : il nous faut attendre, attendre qu’ils se soient tous engouffrés dans cette impasse pour pouvoir surgir de nos cachettes, courir courir et leur passer sous le nez pour rejoindre la sortie. Je m’imagine le faire, j’en rêve, j’en tremble, je frissonne, je me vois les bousculer, me frayer un chemin entre leurs épaules mais plus j’y réfléchis, plus ça me semble impossible et plus je me trouve immobilisée par la peur. Soudain, Joe pousse un grand cri de guerre et tire une pierre dans l’œil de quelqu’un qui hurle à son tour. Les torches se précipitent, les bras se bousculent, les lanternes volent. Dans la confusion, un pirate en fait tomber un autre qui crie très vite et très fort parce qu’on lui marche dessus. Joe en profite pour bondir et se faufiler entre deux personnes. Il en pousse une autre, assène un caillou sur la tête de la suivante, et disparait dans la sortie. Là-bas retentissent de nombreux cris de douleur offusqués et surpris de gens qui ne comprennent pas ce qu’il vient de se passer... et que les pirates s’agitent pour partir à sa poursuite :

_____ Attrapez-le ! Crie le grand homme.

_____Et alors, tout le monde se rue à la poursuite de Joe, bien maladroitement parce que les roches sont trop étroites pour laisser deux personnes courir de front, ce qui fait que de nombreux pirates se retrouvent à terre. Ils perdent un temps précieux, se chamaillent, se tapent dessus puis finissent tous par partir. Nous attendons, longtemps, nous hésitons à rester le temps que Joe revienne ou à le rejoindre quelque part mais c’est lui qui sait, c’est lui qui a la carte ! Où le rejoindrions-nous, et comment ? Nous sommes perdus, sans lui ! Je ne me souviens pas du chemin que nous avons suivi pour arriver jusque-là mais c'est sûr qu’il était bien tortueux… Je ne pourrais jamais le faire dans l’autre sens. Je regarde dans la direction de Liam mais il reste immobile et invisible et je suis prise d’un effroyable doute : est-il encore là ? Pas de bruit, pas de signe, pas de mouvement, pas de respiration, rien ! Il est peut-être parti en même temps que mon cousin… Tout s’est passé si vite, je ne sais pas, moi ! Je, j’ai peur ! Ne me laissez pas seule ! Je serre une lanterne dans ma main et j’hésite à l’allumer pour rejoindre la cachette de mon frère parce que je suis obsédée par ce doute, par cette peur panique d’avoir été laissée dernière mais j’ai peur, je ne veux pas qu’on me voit, j’aimerais pouvoir devenir invisible, ne pas faire de bruit et disparaître, j’aimerais avoir la force, le courage de bouger ! Mais j'ai bien trop peur, et la perspective que Liam soit effectivement parti me paralyse d'effroi et m'empêche de prononcer le moindre mot.

_____Je reste comme ça plusieurs minutes, ou peut-être que ce sont des heures, je ne sais pas. Mes jambes me font mal, j’ai des crampes partout à force de rester immobile, j’essaie de frotter, de me remuer mais je ne suis pas du tout dans une position confortable ; je me redresse.

_____Rien, bien sûr, rien que le silence et le noir, à peine perturbé par l’écho de mes mouvements paniqués. Je serre ma lanterne contre moi, j’hésite, je m’étire et finalement je n’en peux plus et je fais la lumière sur ce que je pense être la cachette de Liam.


Dernière édition par Anatara le Mar 30 Aoû 2016 - 11:27, édité 1 fois
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_____Comme je ne vois rien, je m’approche discrètement, pas à pas, à tâtons pour ne pas me cogner contre quelque chose de dangereux. Rien, le vide intersidéral. J’en laisse tomber ma lanterne qui se casse. Nooon ! Mon cri étouffé retentit timidement dans ma tombe oubliée, je fouille mes poches pour sortir une seconde lampe, la fais tomber, me met à tâtonner fébrilement pour la ramasser mais je ne la trouve pas, je m’agite, je m’avance à quatre pattes, je suis à l’affût du moindre bruit, la moindre odeur, n’importe quoi qui pourrait m’indiquer la présence d’un autre être humain dans cet univers de solitude ténébreuse et finalement, finalement je retrouve ce petit cylindre qui m’a échappé, ma lampe de poche que je m’empresse d’allumer en priant pour que ça marche et des larmes coulent de mes joues parce que je ne sais pas pourquoi et après je vois ce faisceau qui m’éclaire et je suis tellement rassurée, je ne sais pas : j’en pleure de joie ! J’avais si peur de me retrouver seule dans le noir, au milieu des méchants, mais au moins j’ai ça, ma lampe et Steeve, je, j’inspecte toute la cavité à la recherche d’une trace de mon frère mais il ne semble pas là, c’est fou, ça ! Je ne l’ai pas entendu partir, j’aurais juré que seul Joe a fait une percée !  Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai… telle une incantation, je marmonne des paroles rassurantes pour moi-même, je tourne en rond, j’éclaire des endroits au hasard, je me dis qu’il vaut mieux que j’attende, qu’ils viendront me chercher : ils viendront forcément me chercher !

_____ Hé, qu’est-ff’tu fais là, f’toi ?

_____Je me retourne en sursaut. C’est le gros baraqué qui était très énervé et semblait être leur leader. Apparemment, il s’est perdu et est revenu sur ses pas sans faire exprès. Il semble seul. Je tremble de partout. Méfiant, l’homme s’approche lentement, il brandit un long bâton qu’il dirige vers moi, comme une canne d’aveugle mais je pense que c’est plutôt une lance, oui, une lance parce que le bout luit à la lumière de sa lanterne qu’il tient maladroitement entre ses dents, c’est marrant, ça l’oblige à faire la grimace. Comme sa lampe est juste sous son menton, je ne peux pas voir son visage qui reste plongé dans des ombres terrifiantes, je ne vois que son double menton, ses bras obèses, son ventre dodu habillé de tissus blancs et noirs et, surtout, son arme mortelle qu’il brandit dangereusement.

_____ Qui ff’va là ?

_____Il agite sa lance mais il est juste ridicule à cause de la lanterne qu’il tient entre ses dents. Pour l’instant, il bouche le passage et me bloque la sortie. En plus de ça, il m’a vue : je suis juste devant lui, paralysée de peur, tremblante et à sa merci. Il tend le menton pour mieux m’éclairer et constate que je ne suis pas un membre de son équipage. Sur son visage, un sourire sinistre se dessine. Alors, tout se passe très vite. Il se rapproche mais je pars sur le côté, il donne un coup de lance dans le vide et moi j’agite Steeve. L’homme constate que je suis armée mais n’est nullement impressionné, et pour cause : un minuscule couteau contre une lance disproportionnée ! Il agite sa lampe dans tous les sens, la heurte contre un rocher, pousse un juron, fait tomber sa lanterne, jure de plus belle, la ramasse, me couvre d’insulte et commence à courir vers moi. Par deux fois, je me jette vers la sortie mais il me bloque de son corps et tente de m’attraper mais je donne des coups de couteau, il mord, Steeve. Je pense que je l’ai coupé une ou deux fois et qu’il est très énervé.

_____ Aller : viens par là, toi !

_____Il tient désormais sa lance d’une main et sa lanterne dans l’autre. Je me dis que je peux me précipiter du côté où il a la lanterne, je cours droit vers l’ouverture mais elle se referme aussitôt. Il me saisit la robe de sa main gauche et la tire vers lui, manquant de déchirer mes vêtements. Je me débats, je brandis mon couteau mais cette fois-ci, il pare le coup en se saisissant de mon poignet. Je mords, je frappe, je crie, je proteste, et pour seul résultat le mec se met à ricaner ! Il me tire très fort avec ses deux mains grasses et puantes, je sens la lanterne chaude reposer contre mon dos, il me manipule comme une poupée, me plaque contre le sol et, tout d’un coup, pousse un cri de douleur étouffé : on dirait qu’un de mes coups de pieds est atterri là où il faut. J’en profite pour me dégager, lui plante mon couteau quelque part mais, quand je veux le retirer, je sens que je suis coincée !


Dernière édition par Anatara le Lun 5 Sep 2016 - 21:37, édité 1 fois
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_____L’homme ne bronche même pas : mon coup ne lui a fait ni chaud ni froid. À croire qu’il a tellement de muscles ou tellement de graisse que je peux toujours lui mettre des coups de couteau, ça ne fera que rajouter une cicatrice à sa collection. Furieux, il m’envoie sa lanterne dans la poire et je suis propulsée en arrière. J’essaie de me cramponner à mon arme mais mes faibles doigts me font défaut et je tombe en arrière. Super. Me voilà seule, aveugle et désarmée contre un gros plein de soupe insensible aux coups de couteau. L’homme se précipite vers moi, agite sa lance qui se prend à nouveau une roche, pousse un juron et finit par abandonner son arme. Avec un sourire sadique, il se rue sur moi et tente de me saisir mais je me dérobe, je roule sur le côté, je me relève, je tente de fuir mais quelque chose me tire, je tombe en avant. Je me retourne, je me redresse mais il est déjà sur moi, je le frappe, il tire encore, il balance son poing, avance sa lanterne parce qu’il ne me voit pas et ça m’aveugle, je frappe, je vise l’entre-jambes mais pas de réaction. Mes pieds et mes poings rebondissent vainement sur son corps invulnérable. Il me frappe, frappe encore, je me prends un coup qui me sonne, j’ai l’impression que ma tête va exploser, je vois des étoiles. Alors je ne me débats que plus fort, que plus rageusement, je m’engage entièrement dans ce combat perdu d’avance.

_____Maintenant, l’homme est sur moi, je sens ses mains moites me saisir les bras et serrer très fort, comme des étaux, je ne peux plus bouger, il ricane. Je mords, je crache, je peste mais il me plaque sur le sol et m’immobilise en posant un genou sur ma hanche. Pendant que je fouille le sol à la recherche de quelque chose, il me lâche l’épaule droite et me donne un coup de poing. Moi-même je ne savais pas que j’étais aussi souple : je parviens à éviter le pire en me contorsionnant sur le côté. Ses phalanges me frottent les oreilles et c’est terrible parce que j’ai l’impression qu’il me les a arrachées, je sens même du sang en sortir et j’ai peur qu’il m’ait explosé les tympans, j’ai peur d’être devenue sourde et que je ne pourrai plus jamais entendre, je… Ma main empoigne une stalagmite que je tire, que je pousse et finalement il finit par se détacher. Alors je m’en sers pour le frapper au visage, le frapper encore. Il me lâche l’épaule. D’une main, il se protège de mes coups et contre-attaque de l'autre. J’essaie d’esquiver tant bien que mal mais il est rapide et ma souplesse a ses limites, surtout qu’il m’écrase la hanche, c’est insupportable ! Heureusement, il a peur que je le frappe au visage alors je le fais reculer et je sens son étreinte peu à peu diminuer. J’en profite pour me dégager le plus vite possible, ce qui lui arrache un bref couinement de déception. Il se précipite sur moi pour me saisir de nouveau mais je shoote sur sa lanterne, ce qui l’aveugle momentanément et me permet de lui fausser compagnie. Là, je pense pouvoir m’en tirer mais ma petite lampe de poche éclaire trop mal et je me rends compte que je suis partie dans la mauvaise direction ! Je me retourne le visage horrifié parce que l’autre est déjà sur moi.

_____Je bondis, il me saisit, je me retrouve sur ses épaules je ne sais comment, il me tient les jambes et commence à courir, me plaque contre le mur, bam ! Explosion de douleur. J’en ai le souffle coupé. Par réflexe, je me cramponne sur son dos et je sens quelque chose de dur et froid qui dépasse. Sonnée, je tâtonne avant de trouver ce qui va me sauver la vie : Steeve. Je prends la manche, trouve la gâchette, me contorsionne et appuie. Malheureusement pour lui, il ne sait pas que mon couteau fait aussi office de pistolet, alors j’imagine bien sa surprise. Une douloureuse surprise. Il me lâche et je m’effondre sur le sol, complètement paralysée par la souffrance. Ma tête me fait mal, mon dos me fait mal, ma hanche me fait mal. J’ai l’impression que je vais mourir tellement j’ai mal. Juste au-dessus de moi, mon adversaire se tord de douleur, multiplie les cris et les hurlements et se contorsionne pour en arracher le couteau, ce qui est vraiment la dernière des choses à faire. Il retire mon arme qu’il envoie voler au loin et se cramponne à sa blessure d’où sort une inquiétante fumée. Odeur de sang, sueur et chair brûlée. Il crache, se recroqueville sur lui-même et c’est presque touchant de voir une personne aussi musclée vous exposer toute sa fragilité mais je n’ai pas le temps pour être attendrie. Je me relève du mieux que je peux et je pars à la recherche de Steeve que je finis par retrouver alors que l’homme s’effondre. Sans lui prêter plus d’attention, je m’en vais en boitillant.


Dernière édition par Anatara le Ven 23 Sep 2016 - 23:40, édité 1 fois
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_____Pour l’instant, il n’y a qu’une seule voie donc je la suis lentement, je finis par tomber sur Liam ou Joe, voire les deux, et bizarrement je ne redoute plus les pirates. Quelqu’un m’aide à marcher. J’ai mal partout, je crois que je perds du sang mais je ne pourrais pas trop vous le dire puisque je ne sens plus mon bras gauche, c’est comme s’il n’existait plus. Alors parfois je le tâte, je le touche pour vérifier qu’il est encore là puis j’essaie de le bouger mais là ça fait vraiment, vraiment mal et heureusement que Liam me retient de trop tripoter mes blessures. Joe, qui a un kit de premier secours, a fait ce qu’il a pu mais il n’y a pas de miracle, malheureusement. La carte en main, il me demande d’avancer, d’avancer encore quand je ne sais même pas pourquoi je marche ni où est-ce que je vais, et surtout quand j’ai autant mal à la hanche. Tout se déroule dans la confusion. Nous rencontrons un homme dont nous nous débarrassons je ne sais plus comment, je crois que je lui ai mis un coup de couteau dans la main, ou alors c’était à la joue, je ne sais plus. Je crois que les pirates sont partis au secours de leur chef qui en a grand besoin, donc ils ne font pas trop attention à nous, ou alors peut-être que je délire complètement et que je me mets à imaginer des trucs, je ne sais pas, peut-être que je me suis effondrée avec le gros baraqué et que je suis juste en train de rêver, qui sait ? J’ai l’impression qu’on se déplace au hasard dans les méandres des boyaux de la terre mais toujours est-il que nous progressons. Lentement, mais nous progressons. Nous faisons quelques pauses, nous nous reposons, Liam me masse partout où j’ai mal, c’est-à-dire partout tout court et par endroits ça fait vraiment du bien, par d’autres c'est juste horriblement douloureux. Nous reprenons la route et là, elle me tombe dessus d’un seul coup, sans prévenir.

_____Elle se saisit de tout mon être, de toute ma personne, de tout mon corps. Elle me parcourt les fibres et me remonte au cerveau. Je la sens remonter du bout de mes doigts de pied jusqu’au bout de mes cheveux. La lucidité. Je ne sais pas pourquoi elle choisit ce moment pour venir à moi ni pourquoi elle m’a laissée tranquille tout ce temps mais toujours est-il que je me rends compte de plusieurs choses. La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que j’ai vraiment retrouvé les garçons ! Ҫa ne m’a pas fait broncher, sur le coup, mais maintenant que je peux mesurer la portée de ce miracle, je me sens profondément rassurée, je ne sais pas : c’est comme un poids, une incertitude qui disparaît, je me sens légère. D’un coup, j’ai l’impression que tout est encore possible, mes blessures me font moins mal, je me sens heureuse tellement je suis rassurée. J’ai boitillé pendant quelques minutes et il n’y avait qu’un seul chemin, et pendant ces quelques minutes ils m’ont retrouvée. Ils ont eu le temps de courir, de feinter leurs poursuivants et de revenir. La seule chose à laquelle ils n’avaient pas pensé c’est que quelqu’un d’autre pourrait revenir avant eux et que je ne les suivrais pas. J’ai dû m’asseoir quelques instants et cauchemarder de rencontres malencontreuses, j’ai quelques souvenirs flous où j’ai couru très vite après avoir rencontré un homme mais, finalement, j’ai fini par les retrouver. Ils m’ont embrassée, m’ont assaillie de questions, ils m’ont rassurée, se sont excusés, ils m’ont soignée, chérie et on est reparti. Ma hanche me fait moins mal, désormais. On dirait que la douleur a fini par se résorber. Mon bras me fait légèrement moins souffrir quand j’essaie de le bouger et au moins je peux courir et me déplacer plus facilement. Bon, c’est déjà une bonne chose !

_____Malheureusement, je ne suis pas aussi mobile que je l’aurais voulu et on a de plus en plus de mal à semer nos poursuivants. Les rencontres se font de plus en plus fréquentes, nos options de plus en plus limitées. Joe a beau déployer toute sa connerie, il ne parvient plus à trouver de nouveaux chemins qui ne soient pas eux-mêmes synonymes de mauvaises rencontres. Nous sommes cernés, nous sentons que l’étau se resserre et que ce n’est qu’une question de temps avant que notre petite partie de cache-cache prenne fin. Je me rends bien compte de ça maintenant qu’on est obligé de faire demi-tour pour fuir un groupe de pirates. Pris en tenaille, nous sommes contraints de prendre une sortie sur la gauche mais elle ne figure même pas sur la carte. Joe en est perturbé, il essaie de courir et de la consulter en même temps mais ça ne marche pas très bien et, au bout de plusieurs minutes de course-poursuite, alors que nous nous retrouvons pour une énième fois dans un cul-de-sac, nous devons nous rendre à l’évidence : nous nous sommes perdus.


Dernière édition par Anatara le Sam 24 Sep 2016 - 18:04, édité 1 fois
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_____Je ne sais pas ce qui me fait le plus frissonner entre la perspective d'être perdus et la certitude d’être pris au piège. Le tunnel qu’on a pris est long et sinueux mais il n’avait aucune sortie de secours, aucune échappatoire. Or ceux qui sont à nos trousses nous ont emboité le pas et maintenant nous sommes dans un cul-de-sac. Nous sommes coincés. Je me serre contre Liam, sentant la fin venir, je, je n’ai pas envie d’un nouvel affrontement, je n’en ai pas la force, je ne veux pas ressentir cette douleur, je ne veux plus qu’on me frappe au visage, j’en ai encore la tête qui me lance, c’est horrible ! Liam aussi est couvert de bleus. Sa lèvre inférieure est enflée, ses yeux sont injectés de sang, son bras fait un angle bizarre et il boitille, sans parler de son problème au poumon. J’espère que ce n’est pas grave, c’est forcément pas grave sinon il n’arriverait pas à respirer, à bouger, à courir comme il le fait, enfin je crois. Mais je me souviens de la douleur qu’il a éprouvée et de la manière dont il s’est recroquevillé dans son coin et, je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadée que sa blessure est on ne peut plus grave.

_____Pendant ce temps, Joe garde son calme et inspecte les lieux avec aplomb. Il faut dire que les pierres ici dégagent une étrange lueur qui suffit pour éclairer tout. Je distingue des pierres, bien sûr, et au milieu le sol est lisse, étrangement lisse, même. Il y a une encoche carrée suspecte au beau milieu. Je croise le regard de Joe. Alors, je suis prise d’un éclair de génie : et si…

_____ Joe, il servait à quoi le petit carré déjà ?
_____ Ah, ça ?

_____Joe me tends le petit cube qu’on avait trouvé dans le matelas. Je regarde l’encoche. Il suit mon regard et secoue la tête, négatif :

_____ On peut l’ouvrir grâce à une clef qu’il y avait dans le coffre. Je crois que c’est un médaillon à l’intérieur.

_____Effectivement, le cube les trop grand, mais si on le met dans ce sens… Non, ça ne marche pas. Mince ! Pourtant, tout cela ressemble à s’y méprendre à l’entrée d’un passage secret, je suis sûre qu’il y a moyen d’enclencher un antique mécanisme qui nous permettra de nous échapper !

_____ Ils sont là !
_____ Les mains en l’air ! Lâchez vos armes !

_____La partie est finie. Pris par surprise, fatigués et encerclés, dos au mur, nous obtempérons. Un homme s’avance lentement, profitant de cette occasion pour savourer sa victoire.

_____ Alors les mioches, on joue à cache-cache ?

_____Les autres se sentent obligés de rire grassement. Apparemment, ils se sont bien amusés pendant qu’on courait dans tous les sens. Parmi la dizaine d’hommes qui figure ici, je reconnais le Vieil Arbre qui me regarde avec des yeux noirs de mépris et de haine. Oh, je sens que ça ne va pas être drôle s’il me met la main dessus ! Bizarrement, je suis soulagée de savoir qu’il est encore en vie, c’est vrai : je lui ai tiré dessus et même si c’était parfaitement légitime, j’ai eu sa mort sur la conscience pendant tout ce temps et je me suis inquiétée pour lui, je m’en suis voulue. Maintenant que je le vois sur pieds et bouillonnant d’énergie, ça me rassure en même temps que ça me met mal à l’aise, mal à l’aise parce que je ne peux pas supporter la rancœur qui habite ses yeux, rancœur dirigée vers moi qui lui ai tiré dessus. Manifestement, ce type me déteste et il a bien raison mais, bizarrement, ça m’emplit d’une joie mauvaise : je me mets à le détester, à souhaiter qu’il n’ait pas survécu et à me détester moi-même pour m’être inquiétée pour cette raclure, c’est… très désagréable.

_____ C’est quoi, ça ?

_____Quelqu’un s’avance et me tire le poignet sans ménagement. Une odeur de sueur se dégage de ses aisselles pendant que sa main dégoulinante et gluante se referme sur moi. Il m’arrache le petit cube et l’inspecte. Bof, ce n’est jamais qu’un jouet, je suppose. Mes yeux vagabondent dans le vide, se posant de temps en temps sur une personne, détaillant un visage, un sourire, un rictus. Je me surprends à imaginer les relations qu’il y a entre ces hommes : la complicité, la peur, la méfiance. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n’ai plus peur, enfin, si, mais c’est différent. La pression est retombée. Je suis toujours crispée, je tremble encore mais je sais qu’il n’y a plus d’espoir, je suis comme abattue. L’apparition de ces hommes m’a soudainement vidée de mon énergie et je n’ai plus qu’à attendre de savoir ce qu’on va faire de moi… Ce qu’on va faire de moi… Et là, je me mets à imaginer des choses et j’en pleure, j’en pleure. Mon sourire se fane. Je me mets à chercher frénétiquement une échappatoire, un miracle, n’importe quoi mais c’est trop tard. Il est là.

_____ Tiens, tiens, voyez-vous ça…

_____Celui qui semble être leur chef se fraie un chemin entre ses acolytes et se rapproche de moi tant bien que mal. Ses subordonnés lui disent de se ménager, ils veulent l’aider à marcher mais il se débarrasse d’eux d’un revers de bras pour venir se pointer juste devant moi. Maintenant qu’on est parfaitement éclairé, je peux le voir. Et, doucement, les frissons de terreur s’emparent de moi toute entière.


Dernière édition par Anatara le Sam 24 Sep 2016 - 18:11, édité 1 fois
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_____Au début, je ne le reconnais pas parce que c’est la première fois que je le vois vraiment, mais ce n’est pas la première fois que je le rencontre. Grand, il porte un justaucorps beige qui fait ressortir ses volumineux muscles saillants et un short sombre et malodorant. Son visage est figé dans une grimace de douleur, une mimique impressionnante qui ferait reculer un démon. Ses sourcils sont froncés au possible, ses joues sont bizarrement déformées et il semble habité par l’esprit même de la vengeance, une rancœur bouillonnante qui semble sur le point d’exploser. Ses poings sont serrés, ses lèvres retroussées, et, lentement, elles se referment et leurs coins se lèvent pour former un sourire. Dans sa main droite, une énorme lance dont il se sert pour s’aider à marcher. Mon cœur ne fait qu’un tour. Je pensais m’être débarrassée définitivement de lui mais il faut croire qu’il a la peau dure… Et maintenant, je risque d’en faire les frais ! Heureusement pour moi, la curiosité d’un de ses subordonnés me donne quelques secondes de répit :

_____ Raerik, c’est un coffre, regarde ! Il y a quelque chose à l’intérieur !

_____Pendant que Rérique me contemplait en se demandant s’il voulait plutôt me faire cuire au feu de bois ou me manger toute crue, deux hommes ont ouvert le coffre qu’on a trouvé dans le matelas. Ne me demandez pas comment, parce qu’on n’y a vu aucune serrure ni aucun indice permettant de l’ouvrir, mais peut-être qu’il y avait assez d’information dans le coffre au trésor, qui sait ? Aussitôt, une petite feuille s’envole et l’homme de droite s’élance pour essayer de la rattraper, bousculant l’autre au passage. Comme il fait toujours un peu sombre malgré les nombreuses torches qu’ont apportées les pirates, je ne vois pas très bien ce qu’il se passe mais je peux vous dire que j’entends un bruit clair et aigu, comme une pièce qui tombe sur le sol. Ensuite, elle roule elle roule elle roule et tout le monde s’efforce de la retrouver. Alors ils se figent tous, d’instinct, parce que le son est la seule chose qu’on perçoive encore de cette pièce énigmatique.

_____ Je l’ai ! s’écrie quelqu’un en plongeant sur le sol.

_____Malheureusement, la pièce lui glisse entre les doigts et il ne parvient qu’à la faire rouler sur le côté. Une chaussure l’envoie balader par ici où un autre maladroit lui met une pichenette en tentant de s’en saisir. Pour l’arrêter, un pied a la merveilleuse idée de l’écraser mais une seconde trop tard : la pièce se retrouve propulsée dans le néant où elle rebondit bruyamment sur la roche. On l’entend encore rouler quelques secondes, comme une toupie sur le point de tomber, puis il se passe quelque chose que personne ne comprend. D’abord, un autre tintement, puis le bruit continu de la pièce qui roule. Puis un dernier tintement et un grand bruit sourd qui s’enclenche. On entend quelque chose s’actionner, ça fait le même bruit qu’un train sur ses rails, tac-tac tac-tac tac-tac et prrrrrrrcling ! À la surprise générale, le sol s’ouvre sur nos pieds, d’un seul coup, sans prévenir.

_____Sur ce qu’il se passe ensuite, vous ne pouvez vous douter que d’une chose : nous tombons. Une chute d’environ cinq mètres, ça ne prend qu’une seconde mais à la fin, ça fait mal. Heureusement pour moi, quelqu’un se sent galant et se croit obligé de se mettre en dessous pour l’amortir, paaaf ! J’en ai la respiration coupée mais je n’ai rien de cassé, ce qui n’est sans doute pas son cas. Je m’excuse platement et m’efforce de me lever le plus vite possible pour regarder autour de moi. Dans ce genre de situations, c’est celui qui réagit le plus vite qui prend l’avantage. Alors, une deuxième chose s’est produite : Le soleil. Par un système de miroirs on ne peut plus mystérieux, la lumière se fait tout à fait en même temps que nous touchons le sol. Et alors, éblouis par une luminosité soudaine, nous comprenons que nous venons d’entrer dans un endroit secret, un endroit qui justifie toutes les convoitises de nos pirates et, surtout, un endroit plutôt bien protégé.
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_____La salle du trésor, la vraie. On pourrait s’attendre à des montagnes de pièces, à des colliers des bijoux, des pierres précieuses, des coffres et que sais-je encore, au lieu de ça il y a juste un incompréhensible jeu de miroirs qui réverbère la lumière dans tous les sens, lumière qui vient d’où je ne sais où. Ne me demandez pas pourquoi cette salle est ici, dans la même grotte où l’on a fait notre chasse au trésor (sans doute parce que c’est la grotte la plus facile d’accès), à quelques pas de la sale finale de notre quête où Joe a choisi de cacher le coffre, ne me demandez pas par quelle magie nous pouvons y voir comme en plein jour ni par quel mécanisme le sol s’est dérobé sous nos pieds et, surtout, ne me demandez pas comment la pièce qui se trouvait dans le médaillon que Mélanie a placé dans le cube qu’elle a offert à Liam pour son anniversaire a pu déclencher ce tour de passe-passe. Je n’en sais rien. Tout ce que j’ai sais c’est que juste en face de moi se trouve un coffre et que, lentement, lentement son couvercle se soulève. Tout seul. Un peu bêtement, j’avance ma main sans me douter de rien.

_____Crissements, bruits suraigus. Grondements, pchhhhh ! J’ai le réflexe de sauter en avant. Pourquoi en avant ? Je ne sais pas, mais toujours est-il que je me suis retrouvée la tête dans le coffre qui s’est refermé sur moi. Il y a un grand bruit, je veux crier mais je mords dans quelque chose, je m’étouffe. Je sens du jus couler dans ma bouche, je tousse et je recrache ; je me débats. Après de nombreux efforts, je réussis à ressortir la tête de là, tout ça pour me faire dégager sans ménagement par des bras avides. Des flèches fusent, de grands bruits se font entendre, un homme crie mais seul le contenu du coffre les intéresse. J’entends des armes se fracasser, des hommes fuir. Ils courent, ils rampent, ils pleurent, ils ont peur de quelque chose mais je ne sais pas quoi et là, rugissement ! Un lion de pierre me saute dessus. Malheureusement, je suis désarmée et tout ce que je peux faire c’est le repousser avec mes mains, mes mains, mes mains me semblent bizarres, c’est comme si… Je sens un frissonnement me parcourir les bras, quelque chose d’étrange. Un grouillement, une ébullition, oui : comme de l’eau bouillante. Soudain, il y a quelques étincelles et le lion de pierre s’immobilise, comme désactivé. Je me dégage tant bien que mal et assiste avec effroi à une horrible hécatombe : il y a en tout cinq lions de pierre, et les quatre autres sont aux prises avec les pirates. L’un d’entre eux s’est retrouvé figé pour on ne sait quelle raison mais les autres sèment encore la panique dans les rangs ennemis. Apeurée, je cherche les miens du regard et j’aperçois Joe qui profite de la confusion pour récupérer son lance-pierre et Steeve.

_____ Fuyons !
_____ Au secours !

_____Alors qu’un troisième lion s’immobilise, je parviens à retrouver les deux garçons. Nous nous consultons du regard et parcourons la salle des yeux. Les miroirs se mettent à bouger dans tous les sens, les rayons de lumière vont et s’en vont, parfois on voit tout et parfois on ne voit rien, parfois juste un endroit, mais il est clair qu’il existe une sortie, sortie par laquelle tous les pirates s’engouffrent. Malheureusement, un violent reflux force les hommes à se replier dans une bousculade confuse : un lion vient d’obstruer la sortie. Le deuxième s’avance, menaçant. Les pirates se regroupent, méfiants. Ils ont déjà perdu trois des leurs dans la bataille. Désolée, je contemple le cadavre du Vieil Arbre qui gît, sans vie, à quelques mètres de là. Peut-être que la mort d’un inconnu vous laisse indifférents mais pour moi, c’est comme un choc. J’ai l’impression d’avoir été proche de cet homme, d’avoir partagé des choses avec lui. Et, même s’il ne m’a rien dit de lui, j’ai l’impression de connaître deux ou trois choses de sa vie. Le voir mort, ça fait bizarre, j’ai une indescriptible sensation de vide horrifié qui m’envahit. Heureusement, Liam est là pour me secouer : un des lions fonce droit sur nous ! Nous nous dispersons sous les yeux de quelques pirates qui font feu sur leur propre adversaire. Tout est confus, des balles sifflent et ricochent sans faire le moindre dégât, les épées se fracassent sur les peaux de pierre. Pourtant, trois lions sont déjà hors service ! Ils doivent forcément avoir un point faible ! Mais les pirates eux-mêmes ne se souviennent plus ce qu’ils ont fait, alors moi… moi, je l’ai poussé avec mes doigts, j’ai senti quelque chose en sortir et voilà, paf ! Il s’est arrêté !

_____ C’est bon, on l’a eu !
_____ Victoire !

_____D’une manière ou d’une autre, les pirates se sont débarrassés de leur adversaire. Le nôtre nous saute dessus, nous courons dans tous les sens. Esquives et débandades, rouler-bouler. Les pirates contournent le corps inanimé du lion de pierre qui semble étrangement… intacte. Comme je le pensais, ces lions sont activés par un certain mécanisme qu’il est possible de désactiver de l’extérieur ! Mais l’homme à lance, qui a une dent contre moi, les arrête et les somme de récupérer le coffre qui trône toujours au centre de la salle. Les pirates se font hésitants car ils ne savent toujours pas comment ils ont fait pour vaincre les autres lions, et il en reste un ! Mais ils profitent de la diversion qu’on leur offre pour se diriger vers le coffre !

_____ Attention !

_____Trop tard. Le lion est déjà sur moi. Il donne quelques coups que je parviens à éviter mais je suis à terre et dos au mur. Il me saute dessus et m’immobilise de ses deux pattes lourdes comme la Terre. Je ne peux plus bouger, j’ai peur, je me mets à baver, je m’étouffe dans ma bave, qu’est-ce… Pour une raison quelconque, ma bave se met à faire des bulles qui s’envolent et se dispersent dans toutes les directions. Pendant ce temps, les piratent ont ouvert le coffre. À l’intérieur, une grande grappe de raisin. À laquelle il manque un morceau, morceau que j’ai malencontreusement avalé… gloups.

_____ C’était donc vrai !
_____ C’est un logia !
_____ Un fruit du démon !
_____ Le fruit légendaire !
_____ Ah, les petits cachotiers !
_____ Attendez : quelqu’un a mordu dedans !

_____Nous comprenons tous en même temps. Un logia, qu’ils disent ? Alors, je devrais être invincible ! Je tends les mains et je me concentre, j’essaie de retrouver la sensation que j’avais tout à l’heure. Le lion semble hésiter et recule, il relâche sa pression. Des bulles sortent de mes doigts ! Incroyable ! Je me sens … Puissante ! Euphorique, je me concentre de plus belle et je tire sur mes doigts, non ! Sur mes bulles, oui c’est ça, mes doigts sont des bulles, je suis une fille-bulle ! Une farandole de bulles sort de partout : de ma bouche, de mes oreilles, de mes larmes, de mon nez. C’est très désagréable. J’essaie de me concentrer sur mes mains et je sens un picotement remonter, oui, c’est ça, voilà ! J’asperge le lion de pierre d’une pluie de bulle qui lui explose sur la peau. Il y a comme un claquement, un bruit court et clair, biiiiz ! Je crois voir quelques étincelles et, comme par miracle, le lion de pierre s’immobilise. Je suis sauvée.
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_____Les pirates restent coi quelques secondes et, devant cet exploit qui leur a donné tant de peine, ils prennent leur courage à deux mains et fuient du plus vite qu’ils peuvent. L’homme à la lance hésite quelques secondes, mais, déserté par ses hommes, blessé et face à une utilisatrice de logia, il leur emboîte le pas sans demander son reste. Je pousse un grand soupir de soulagement et je m’effondre de fatigue. Liam me sourit. Peu à peu, tout redevient normal. Les miroirs reprennent leur configuration initiale et nous pouvons de nouveau y voir correctement. Je me sens… vide. L’euphorie de tout à l’heure s’est très vite dissipée pour laisser place à la douleur. Liam inspecte mes bras que le lion a manqué d’écraser tout à l’heure et ne manque pas de remarquer que c’est bizarre puisque j’avais déjà mangé le fruit quand il m’a sauté dessus. Je hausse les épaules et m’assoie : ça n’a pas vraiment d’importance. Je pense que c’est juste le temps que le fruit prenne effet ! Joe a proposé de me tirer dessus pour voir mais j’ai catégoriquement refusé. Nous nous asseyons, incrédules : nous avons du mal à croire que nous nous en sommes tirés ! Joe et Liam me félicitent et je m’amuse à faire des bulles de temps en temps, c’est marrant, ça chatouille un peu mais c’est marrant. Au bout d’un moment, nous nous dirigeons vers la sortie, nous marchons longtemps mais nous nous contentons de suivre la lumière qui nous mène tout droit dehors : l’air libre, enfin !

_____Au début, la lumière m’éblouit et je sens le timide soleil du soir me réchauffer la peau, le vent frissonnant me caresser les joues, j’entends des faons se disputer près de la rivière, des oiseaux piailler puis, peu à peu, je vois des choses, des formes, des couleurs ! Je n’ose pas regarder derrière où la bouche béante de la grotte semble déçue de devoir nous recracher et je m’avance, ragaillardie. Il y a du vert, des arbres, des fleurs, de l’herbe ! Le ciel est bleu pâle, les nuages sont gris-blancs, l’arbre que j’ai escaladé me fait face d’un air indifférent et je repense à tout ce qu’on a vécu entre-temps : les pirates, le Vieil Arbre mort, le gros homme à la lance, la course-poursuite, le fruit du démon et, surtout, ce moment terrible où je me suis retrouvée toute seule – ah ! J’ai cru devenir folle ! Nous marchons encore un peu, droit vers la maison pour récupérer mais elle est encore un peu loin donc nous décidons de faire une pause. C’est à ce moment que Joe me fait signe pour que je vienne le voir. Avec un grand sourire, il tend son arbalète vers moi. Je crois qu’il veut me montrer quelque chose alors je me rapproche, il est encore à quelques mètres. Joe sourit jusqu’aux oreilles, je commence à trouver ça suspect. Et tout d’un coup, quelque chose fuse sur moi, à grande vitesse, schbam ! Explosion de douleur. Je tombe en arrière, surprise. Je crois à une nouvelle attaque des bandits mais devant le sourire fané de mon cousin qui me regarde avec un air effaré et confus, je comprends qu’il vient de me tirer dessus. Et ça fait mal. Offusquée, je tombe en arrière et me dépêche de me relever pour aller lui tirer les oreilles :

_____ Hé, je t’avais dit de ne pas me tirer dessus !
_____ Aïe, ça fait mal, arrête, je suis désolé !

_____Liam nous regarde et hausse les épaules d’un air amusé. Je torture encore un peu Joe qui se tortille pour échapper à mes représailles puis je m’assoie à côté de mon frère pour contempler le néant. Je me sens vide et déçue. Quand j’ai mangé le fruit, j’ai vaincu mon adversaire par accident et j’ai cru que je venais d’acquérir un logia mais apparemment ce n’est pas le cas. Je n’ai pas de logia, juste un paramecia qui me permet de faire des bulles. Dit comme ça, je ressens comme un froid. Je, je n’ai pas choisi de manger ce fruit, je ne sais pas quoi penser : il m’a changée, transformée. Je ne sais pas quelles seront les conséquences au quotidien mais je sais que ma vie vient de prendre un tournant important. Désormais, je ne pourrai plus nager, plus me baigner… mais quelle horreur ! Et qui sait quelle transformation je vais encore subir ? Est-ce que je vais me transformer en bulle qui va éclater au moindre contact, est-ce que je vais encore baver des bulles ? Ça me répugne, je me répugne, je n’ai pas choisi de manger ce fruit, je… Et pourtant, il m’a sauvé la vie alors la moindre des choses c’est d’être reconnaissante. Je ne sais pas s’il existe un moyen de revenir en arrière mais pour l’instant le mieux que je puisse faire c’est de rentrer à la maison, de panser mes plaies et de prendre un bon gros repas. Pour le reste, on verra plus tard.
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