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Monarchie de droit porcin


*BONK*

Le simple fait de contempler la hauteur du portail de Fort-Knok depuis sa base suffisait en soi à s'abîmer les cervicales. Massant sa nuque, une tige à cancer pendouillant au bout de ses lèvres, Mahach s'assit désinvolte sur une pile de cadavres, las.

*BONK*


Cela ne faisait pas une heure que la fine fleur des Blattards avait accosté sur Juicy Berry que la situation était déjà critique. Relativisant au mieux, le punk se disait que cela aurait pu être pire, Balior aurait pu les accompagner et y mettre du sien pour envenimer cette conjoncture qui s'annonçait foncièrement merdique. Le soiffard à crin blanc avait dû être déposé dans le premier dispensaire venu pour récupérer de ses blessures joliment occasionnées par le Vice-amiral Fenyang. Soucieux de ses camarades comme savait l'être Joe, ils l'avaient davantage jeté comme un tas d'ordure dans une benne que confié à la bonne grâce de ses médecins en devenir en attendant de le récupérer intact.

*BONK*

"Juicy Berry" avait tonitrué le cafard avant même que la moindre suggestion ne lui soit faite sur leur destination future après la débandade de Dead End. L'eternal pose en leur possession, un titre d'île alléchant, le cap fut rapidement orienté en conséquence. Mahach s'en voulut bien vite d'avoir cru au chant des sirènes fredonné par son cafard de capitaine, mais le berry aidant, Joe savait soigner sa prose et convaincre son monde lorsqu'il s'agissait de dégueuler des promesses d'or qu'il ne pouvait pourtant jamais tenir.

*BONK*

Les rumeurs les plus folles parlaient d'un coffre-fort géant dans lequel une fortune inquantifiable se reposait. "Pognon ronflant cherche preneur" avait braillé le cafard entre deux rires nasal, c'était en tout cas tout ce qu'avait retenu le punk qui préférait généralement ne pas prêter une oreille trop attentive aux inepties de son capitaine. Sans même une halte au premier troquet venu, Joe avait presque tiré de force son matelot jusqu'à Fort-Knok. Misérable avorton de par nature, le sinistre cafard dévoilait une vigueur insoupçonnée dès que le chant lexical du pognon était effleuré de près ou de loin. La perspective d'une montagne de lingots d'or avait suffit à éprouver ses nerfs jusqu'à lui mettre la bave aux lèvres.

*BONK*

Très vite, trop vite même, ils avaient été amenés à faire connaissance avec les milices du syndicat. Ceux-là n'étaient que trop peu disposés à laisser deux forbans à la notoriété aussi crapuleuse que la leur s'approcher de près ou de loin de la fortune du maître des lieux.
Très vite, trop vite même, les crânes des vaillants syndicalistes se brisèrent un à un sous l'impitoyable éloquence musculaire du punk. Le malheureux se remettait de blessures encore fraîches et se voyait jeté dans l'arène pour une énième lubie de son capitaine. Aidé de son fruit, massacrant par fournées entières les miliciens acharnés qui mettaient de la bonne volonté à se faire exterminer, Mahach en vint à se demander s'il n'exécuterait pas Joe dans la foulée.

Mauvais élément, le cafard n'avait pas contribué pour un sou à la guerre ouverte que son seul homme d'équipage encore valide avait mené à lui seul face aux forces de sécurité de Fort-Knok. Trop obnubilé qu'il était par cette bâtisse aux mornes charpentes derrière lesquelles la fortune l'attendait, Joe avait cherché un moyen de s'infiltrer tandis que le pauvre Mahach encaissait les coups à sa place.

*BONK*

- Joe, je jure sur l'tête de mon chiard que si tu cognes encore dans cette putain de porte je t'encastre la gueule dedans.

Postérieur juché sur ses victimes entassées pour former un siège de fortune, le punk tira une latte de sa cigarette. Après l'amour comme après un massacre, rien ne valait une bonne taffe*. Néanmoins, ce n'était pas la nicotine qui allait arranger sa santé, certaines de ses blessures s'étaient rouvertes. Une prochaine offensive du syndicat leur pendait au nez, et il ne tenait pas à tirer le diable par la queue.

- Mahach, Mahach, Mahaaaach...

La voix irritante résonna dans l'enceinte qui entourait la tirelire géante du sieur Noriaki.

- Un coffre-fort ça a toujours un point faible enfin ! Là, je repère au son les failles potentielles. C'est trop technique pour un abruti de ton engeance, laisse faire ton capitaine et repose-toi.

Sans doute le punk avait-il roulé quinze fois des yeux en écoutant son capitaine déblatérer ainsi. C'était d'ailleurs pour cela qu'il évitait de prêter l'oreille à ses dires, il couvait un ulcère à chaque connerie qui lui parvenait aux tympans.

- Me r'poser ? T'as conscience que ceux qu'on... non... que JE viens d'dézinguer ont eu l'temps d'appeler des renforts ?! Y'en a au moins le triple qui va nous tomber sur l'coin du museau d'ici cinq minutes, alors on décarre en vitesse !

Hermétique à toute forme de bon sens comme l'était le cafard, chercher à le raisonner sur les dangers potentiels qui le guettaient revenait à pisser dans un violon. Pourtant, le capitaine Biutag tourna la tête en direction de son matelot. Avait-il enfin saisi l'étendue de la panade dans laquelle ils étaient engouffrés ? Appréciait-il enfin les conseils avisés de son homme d'équipage à leur juste valeur ?
Non. Il haussa les sourcils releva délicatement sa lèvre supérieure et toisa le punk du plus beau regard méprisant qu'il avait à lui offrir.

- Et alors ? T'as peur de te casser un ongle ? Le petit personnel de nos jours, je vous jure....

*BONK*

Mahach n'aurait pas été capable de déterminer si le facteur déclencheur était venu du regard lui étant adressé, la réflexion de son capitaine ou bien le fait qu'il ait eu la bêtise de frapper encore une fois l'immense porte métallique du coffre-fort malgré la mise en garde, mais il était sûr d'une chose : Joe allait morfler.
Sans crier gare, de sa pleine main, il saisit l'arrière du crâne de son capitaine, écrasant sa casquette sous ses doigts, s'assurant d'avoir une bonne prise sur la tête du cafard.

- Bordel de merde Mahach, je peux savoir ce que tu fouUuUtch !!

"BONK" avait fait le visage de Joe s'écrasant contre la porte.

- Laisse faire ! J'me sens d'humeur généreuse, on va la trouver à deux cette putain de faille ! Que c'soit dans cette porte ou dans ton putain d'crâne !

*BONK*

- ARRÊTE TOUT DE SUITE ENCULÉ, JE TE PRÉVI...

*BONK*

- MAHACH ! JE SUIS TON CAPI....

*BONK*

- PUTAIN VA TE FAIRE SOIGN...

*BONK*

- SI TU RECOMMENCES JE....

*BONG*

- Sans déconner arrête ! Ça vient de sonner creux !

On aurait su dire qui avait été le plus surpris à cet instant. Joe, Mahach, ou la cinquantaine de membres du syndicat qui les pointaient maintenant au bout de leur fusil. Trop passionné par ce besoin soudain de recadrer son capitaine, le punk n'avait pas entendu venir la horde furieuse au service des intérêts de Noriaki. Fruit des baies ou non, il n'aurait pas été capable de tenter une percée sans risquer d'être mortellement blessé. Raisonnable, il leva les mains et grinça des dents.
Joe se releva et lui emboîta le pas, agitant sa mâchoire inférieure de droite à gauche pour la remettre en place.

- C'est lui qui m'a forcé à le suivre, moi j'ai rien à voir dans l'histoire, je suis juste un otage.

Dit-il avec aplomb, une casquette de la marine par dessus laquelle était inscrit "pirate" vissée sur le crâne.
Une silhouette ne tarda pas à se démarquer de la troupe des franc-tireurs pour cheminer jusqu'à se retrouver face aux deux olibrius mains en l'air.

- Un otage avec une prime de 232 millions, on voit pas ça tous les jours ca-pi-taine -Biu-tag.

Le punk essuya un court rictus satisfait. Lui au moins savait que Juicy Berry avait accès aux journaux du Gouvernement Mondial, et pour cause, l'île appartenait à un de ses capitaines corsaires.

- Alleeeez... Dans l'cul...

Cela ne faisait pas deux heures qu'ils étaient sur l'île que le binôme se retrouvait déjà avec les menottes aux poignets. Dans un silence de mauvaise augure, le regard des deux forbans se croisa. Pas besoin de mot pour communiquer, ils l'avaient bien compris quand le métal froid des bracelets effleura leur épiderme : ce n'était pas du granit marin.

- Je monte avec eux dans la diligence. On va mettre ces deux cons dans les geôles du palais le temps que la potence soit dressée.

*Puisque je vous dit que je ne suis pas rémunéré par Marlboro


Dernière édition par Joe Biutag le Jeu 9 Mar 2017 - 18:32, édité 1 fois
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- Des armes ?
- Les armes, c’est pour les faibles. Les lâches. Et les pourritures.
- Rien à foutre, je te demande si t’as des armes.
- Un cran d’arrêt dans ma botte. Faut bien bouffer ...


Je lui tends le bon panard, il fouine, et il le trouve presque aussitôt.

- Ah ... C’est déjà le début de la lâcheté, qu’il me bave, la mine réjouit autant que sa gueule de brûlé bandée peut l’être, en agitant le schlass replié devant mon nez.
- Ta gueule.

Je me ramasse une beigne bien méritée dans la tronche. Je bronche pas. J’intériorise. En revanche ça fait ricaner le Biutag. Notre maton de fortune lui tend un coffre dans lequel mon coupe-sifflet est déjà posé.

- Et toi ? T’as des armes ?
- Est-ce que Tahar aime tuer ? Un peu que je suis armé !
- Déballe.


Le Joe commence à sortir tout son arsenal mais lentement, poliment, soigneusement. Toutes ses armes, une par une, avec un zèle magnifique ! Hahaha, ce con me ferait me pisser dessus ! J’arrive même pas à voir si notre momie humaine parvient à rester calme ! Toujours est-il qu’il met bien cinq bonnes minutes pour se décharger de ses toutes ses armes, de quoi ouvrir une armurerie, ou tenir un arsenal ! Pis on est gentiment convié à grimper à bord d’une carriole clinquante faite exprès pour le transport de prisonniers.

Ah bordel ! Faut pas grand chose pour me faire plaisir parfois. Et j’aime penser qu’un homme qui sait se satisfaire de pas grand chose est un homme facile à combler. Ca tombe bien, je me suis sorti du Grey T. Alors je suis un homme heureux. Heureux que cette belle bande de branques soit pas foutue de nous passer des bracelets en granit marin, alors qu’ils ont des charrettes spéciales pour ça, sans compter qu’on est à Fort Knok quand même, bordel de merde !

Le cocher et un soldat devant, la Brûlure à côté du Joe menotté, lié au sol, sur la banquette en face de moi, dans la même merde. Les rares interstices sont bouchés par des barreaux, comme ceux en cabane. Ils nous conduisent bien sagement au palais, et vu la situation, y’a que moi qui peut se dépêtrer de là grâce à ma merde du démon. Faudra que je fasse vite et bien, je peux pas me permettre d’attirer l’attention ... pourtant ce sera inévitable. Surprendre le momifié, neutraliser le cocher et le milicien, libérer Joe. Le reste, on avisera.

Le trajet est plutôt rapide, sans encombre, mais surtout très calme. On risque quelques échanges de regard avec Joe, mais Bandelettes préfère regarder par les barreaux de la porte.
Et puis ...

- Ouvrez la grand porte ! que le cocher beugle. Diligence des prisons royales !

Je me mets à piailler, trépignant d’impatience comme un morfal à qui on a promis un buffet.

Les immenses portes s’ouvrent, nous passons, puis elles se referment. Enfin ! Nous sommes dans la cour du palais !

- C’est vrai ça, j’en reviens pas ... Vous avez des diligences pour transporter les prisonniers !
- Ouais.
- Normal, pour Juicy Berry, hein ?
- Ta gueule.
- Ouais ouais, je lui dirais ... C’est que vous êtes aussi cons que vous êtes blindés sur cette île ou alors ... ?
- Alors quoi ?
qu’il soupire.
- Alors ça sert à rien d'avoir de l'or si on n'a pas de menottes en granit marin, pignouf !

Action ! Pour le style, rien pour ça, parce que le Panache compte, dixit Kiril, je tire sur le bracelet à mon poignet droit comme si je voulais m’arracher la main droite pour me libérer, mais en réalité elle se morcelle en petites baies grâce à ma merde démoniaque. Bandelettes a à peine le temps de s’étonner qu’il se bouffe un revers du gauche juste pour l’empêcher d’agir, je reforme ma main qui l’attrape par le front et lui fait heurter la paroi de la diligence avec l’arrière de son crâne, ce qui l’éclate. La paroi en bois hein, pas son crâne. Du coup, maintenant, j’ai vue sur le milicien et le cocher qui se retournent à peine après avoir entendu le choc, je libère ma main gauche et je fais aussitôt heurter violemment leur carafe l’une contre l’autre pour les assommer.
La momie vivante revient à la charge, coutelard dans les pognes, prêt à me suriner ! Mon seul réflexe inextremis est de lui foncer dans le lard, autant que l’espace intérieur de la voiture me le permet, pour éviter de me retrouver avec le cuir percé à blanc.

- La chaîne ! La chaîne ! Étrangle-le avec !

Vrai qu’à me débattre comme un chiffonnier avec aussi peu de place, j’avais plus trop l’esprit clair ! ‘Reusement pour moi, la perfidie de Joe l’a fait parlé, et pour une fois, je l’écoute ! Je fais claquer une des chaînes qui retenaient mes mains au sol directement sur son cou comme si c’était un fouet, mais le fourbe a lâché un de ses schlass pour la bloquer et éviter de se retrouver à étouffer. Qu’à cela ne tienne, je remets une couche à ce niveau en m’aidant de mes menottes, sa tête et sa main bloquées contre mon thorax avec la petite chaînette, serrant fort en tirant sur les bracelets.

- Ta queue ! Empoisonne-le !
- Nan.
- PUTAIN JOE ! TU VAS PAS ÊTRE RADIN SUR LE POISON MAINTENANT ! C'EST PAS LE PUTAIN DE BON MOMENT !


Joe se retourne mais gêné par ses liens métalliques, il n’est pas complètement libre de ses mouvements et le reste se fait un peu à l’aveuglette. Si l’appendice grossit déjà très vite, l’aiguillon aussi, et il m’a frôlé plus d’une fois ! Toutes les chaînes sont tendues, elles maintiennent Joe dans une position peu confortable, alors il joue du métasome comme il peut, c’est à dire mal, sans compter que la lutte entre Bandelettes et moi ne l’aide pas, ce connard essaie de me retourner pour que le dard m’empoisonne moi mais au bout de quelques secondes, Joe fait enfin mouche, le rictus aussi carnassier que satisfait.
J’ai l’impression qu’il prend un malin plaisir à le larder et le lacérer du bout de son aiguillon ce corps brûlé et bandé qui perd petit à petit de sa force et qui gicle du sang dans toute la diligence. Un instant après, Joe reprend sa forme habituelle, et sachant que Bandelettes ne m’offrira plus grande résistance, j’écrase mon poing sur son cou, pas comme une beigne, je le pose, et je force. Pour le lui briser.

Crac.

- Libère-moi putain ! Magne !
- Eh oh ! Qu’est ce que tu crois que je fais ?


Ouais, je fouille Bandelettes pour trouver les clés, que je trouve rapidement et lance à Joe dans la foulée. Malgré tout, il peut se détacher, ma priorité c’est d’assurer le périmètre. Et apparemment, on est assez isolé. Pour le moment du moins. Je pète la porte de quelques coups de latte et je monte la garde. Je vais directement à l’arrière où sont entreposées nos armes dans un coffre dont je pète le cadenas d’un coup de plomb du flingue du milicien à l’avant.
Un instant plus tard, Joe sort à son tour de la diligence et me rejoint. Il se dépêche de réunir tout son matos alors que les premiers soldats apparaissent après le bordel qu’on a mené. Heureusement, ses mousquets sont déjà chargés et on parvient à les éliminer au fur et à mesure. Quand le nombre grossit un peu trop, on décide de prendre la poudre d’escampette.

- Suis-moi, dans le Palais ! Le Gouverneur doit s’y trouver !
- Et qu’est ce que tu veux y foutre ? La garde doit grouiller !
- Bah, suffit de prendre sa tête.


Et il part aussi sec. On se débarrasse rapidement des quelques gardes sur notre chemin, dont les deux qui gardaient l’entrée, et on pénètre enfin dans le Palais lui même !

Joe et moi, on se met à beugler à l’unisson :


GOLDFINGEEEER ! TA TÊTE OU TON TRÔNE !


Dernière édition par Mahach le Mer 1 Mar 2017 - 18:51, édité 1 fois
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Des bruits de botte rapprochés sur le marbre étincelant faisaient écho à travers tout le palais. Ils couraient ces pirates, ils ne savaient pas où ils allaient, mais ils y allaient. Gigantissime et grandiose, l'édifice tintait de toutes parts, il n'était d'ailleurs que le témoignage de l'attrait pour le faste du capitaine corsaire qui résidait occasionnellement en ces lieux.
La longue cavalcade dans ce monument à la gloire de Satoshi trouva un terme bien vite lorsque Joe, éreinté d'avoir couru pendant vingt bonnes minutes, finit par se stopper net afin de reprendre sa respiration.

- Tu fais quoi là ?! On a pas le temps pour se r'poser, faut qu'on chope le gouverneur avant qu'la garde rapplique !

Si leurs pas avaient résonné d'un bout à l'autre du palais, les échos de leurs poursuivants leur parvenait déjà. D'où un certain empressement de la part du punk qui sautillait presque sur place prêt à détaller dès que les gardes se profileraient à l'horizon des couloirs scintillants qu'ils arpentaient depuis un moment.

- Haa... Haa... Minute ! On est pas aux pièces ! Haa...

Ni puissant, ni endurant, le cafard ne devait son salut jusqu'à aujourd'hui uniquement aux perfidies qui grouillaient dans sa caboche en permanence. Se ferait-il rattraper qu'il trouverait un autre moyen de s'échapper une fois encore. C'était en tout cas ce qu'il se plaisait à croire.

- On est déjà Haa... passé par ici nan ? Haa...

Aussi magnifique pouvait être le palais trônant au sommet de Juicy Berry, chacune des pièces se ressemblaient. Tout était maculé d'un bleu azur rappelant à bien des égards la pureté des pierres précieuses les plus splendides recelant en ce bas monde. Toutefois, l'éclat d'une pareille somptuosité aveuglait et troublait les sens. Dans ces conditions, ni Mahach ni Joe ne pouvaient se repérer avec aisance.

- Bah ça, c'est à toi d'me l'dire vu qu'tu mènes la course.

Haletant, penché en direction du sol, les mains plaquées sur les cuisses et un mince filet de bave s'échappant de la gueule, le cafard redressa doucement la tête, ses yeux gorgés de fureur vinrent percer le punk du regard.

- Comment ça c'est moi qui mène la course ? C'est moi qui te suis depuis tout à l'heure ducon !

Lorsqu'il était question d'engueulades aussi bruyantes que stériles, Joe savait passer outre son manque de souffle. Ils en étaient déjà à vociférer et à se rejeter l'un et l'autre tous les torts de la terre entre deux insultes gratuites. Auraient-ils refilé au préalable un plan du palais avec leur localisation inscrite dessus à la garde que cela serait revenu au même. Teigneux et pleins de ressources, les Blattards étaient avant tout stupides et impulsifs, la moindre occasion étant bonne pour se mettre sur la gueule entre eux et ce, dans les pires circonstances possibles et imaginables.
Mahach s'en allait justement écraser ses phalanges dans la mâchoire de son capitaine bien-aimé lorsqu'un homme fit irruption comme un beau diable, il ouvrit une porte à double battant située derrière eux pour les rejoindre au milieu de homélie.

Nidaas "Goldfinger" James
Gouverneur de Juicy Berry



- Je peux savoir ce que c'est que tout ce tintouin ?! Vous allez voir ce qu'il en coûte de déranger un éminence pendant la sieste. GAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARDE !!!

Il parlait de sieste à onze heure du matin. L'atmosphère fut à l'accalmie dès l'instant où le trouble-fête avait surgi. Avec une "éminence" qui appelait la garde, le doute n'était plus permis, leur gouverneur venait de leur tomber entre les pattes comme un steack faisandé entre deux vautours. Guidés par les aboiement successifs des deux forbans et du gouverneur, la garde intégrale du palais arrivait de toutes parts.

- Excellence ! Éloignez-vous d'eux !

Ladite excellence haussa un sourcil vaguement intrigué de cet ordre pour le moins désobligeant qu'on venait de lui donner. Pour qu'un garde se permette un tel manque de civisme, cela ne pouvait signifier qu'une chose, et il ne le comprit que trop tard en observant le sourire de charognard qui se dessinait lentement mais sûrement sur les visages de ses deux invités non autorisés.
Sans doute avait-il cru un instant avoir affaire à des manants venus solliciter audience auprès de son auguste personne. Grave erreur.

- Qu... Que... Qu'est-ce que vous attendez pour les but....

Court et illusoire fut son espoir d'éradication des Blattards. Ceux-là l'avaient déjà attrapé pour le convertir en otage de choix. Sans plus attendre, ils s'engouffrèrent dans la pièce d'où était sorti le malheureux gouverneur, refermant les portes derrière eux. En dépit de la souricière dans laquelle ils s'étaient insinués malgré eux, les deux pirates avaient trouvé une issue, celle du tout pour le tout.

- Y'en a un qui rentre dans cette putain de pièce, vous récupérez le moustachu en format liquide !

Au moins, les intentions flibustières étaient clairement établies.
Derrière la porte on s'agitait. Ramollis par un quotidien parsemé de rondes ennuyeuses et de garde à vous pouvant s'étaler sur des heures à devoir faire le piquet devant des pièces vides, la garde du palais était impuissante.
Là demeurait le drame principal d'une existence pacifique, on se retrouvait désemparé au premier désagrément.

Dans ce qui se présentait comme le bureau de l'éminence, meublé des plus chics tapisseries et bureaux de toute la bâtisse, Mahach entravait tout mouvement du gouverneur qui n'aurait de toute manière pas bougé une paupière de peur d'être massacré pour une telle insolence. Avec du beau monde comme avec la lie de l'humanité, Goldfinger connaissait le protocole diplomatique pour chacun de ses interlocuteurs.
Il manqua néanmoins de déverser le contenu de sa vessie à même son futal à cent mille berries lorsque le teigneux à casquette fouilla d'une main l'intérieur de son manteau. Dieu seul savait ce qu'il pouvait en sortir, mais tous pouvaient être assurés de la nocivité de l'artefact qu'il dénicherait.

- Une fiole ?

Le punk, occupé à immobiliser leur hôte afficha lui aussi une moue déconfite. Comptant sur un effet de surprise et surtout un sens de la mise en scène macabre, Joe ricana en brandissant cette anodine fiole entre le pouce et l'index de sa main droite.

- Pas n'importe quelle fiole votre éminence. Naaaaan hin-hin ! Ce que vous voyez là, c'est LA fiole !

- Joe, tu nous gonfles déjà là. Alors passe les préliminaires tu veux et dis-nous ce qu'y a dans c'te putain d'fiole qu'on rempile vite-fait.

- Je plussoie.

Presque paralysé par le clap de fin de son public, le cafard se renfrogna une fois de plus, montrant déjà les dents après avoir plissé les yeux à en faire disparaître ses prunelles pour ne laisser percevoir que la noirceur de son regard. Lui qui s'était imaginé prendre son temps pour faire trembler le gouverneur à bon escient, l'effet horrifique de son début de prestation venait soudain de tomber à l'eau.

- Un anti-venin... C'est juste un putain d'anti-venin que j'ai moi-même synthétisé. Voilà, contents ?!

S'étant attendu au pire, le gouverneur Goldfinger soupira de soulagement, il n'y avait rien de foncièrement inquiétant à attendre de la part d'un ustensile aussi bénéfique. Bien au contraire même. Cependant, sa joie fut de courte durée. Sans la version longue de la mise en scène comme l'avait conçue le capitaine Biutag, le contexte dans lequel cet anti-venin faisait irruption s'avérait inexistant.

- Mais enfin, je ne suis sujet à aucune espèce de venin.

Cette simple réponse suffit à illuminer le visage du cafard. Ce fut là une lumière bien terne, un clair-obscur dans lequel évoluait un sourire carnassier qui en disait plus qu'on aurait voulu en savoir. Si ces mots suscitèrent tant d'extase chez Joe, cela tenait avant tout du fait de son plan.

- Justement hin-hin ! Ce qui nous amène au vif du sujet !

Vif, le sujet le fut, car c'est vivement que l'immense queue de scorpion émergea comme jaillissant de sous le manteau du cafard. Elle chemina comme l'éclair jusqu'à ce que l'aiguillon ne vienne caresser l'avant-bras du gouverneur horrifié par cette horreur ondulant face à lui. Personne ne s'attend jamais à la forme hybride du fruit du scorpion se matérialisant en cette bête queue longue de deux bons mètres.

Derrière les deux portes, la garde demeurait impuissante lorsque les hurlements de douleur de leur gouverneur vînt leur vriller les tympans. Badauds, maladroits, idiots même, ils ne furent même pas capable de trouver les mots pour intervenir correctement.

- Gouverneur ! Est-ce que tout va bien ?!

En guise de réponse, seul le ricanement pernicieux de Joe fit écho à leur stupide question. Ce rire glaçant fut néanmoins suivi d'une réplique salutaire.

- Je... je suis hors de danger oui ! Éloignez-vous de la porte.

Ces mots n'étaient que l'émanation de la voix de son maître : Mahach, qui ne manquait pas de lui susurrer les formules magiques afin d'assurer leur survie en cette contrée résolument hostile depuis qu'ils avaient tenté de les braquer de bon matin.
Joe avait disséminé son poison dans le corps du maître de maison dont les veines du bras commençaient déjà à noircir.

- Aaaaah ! Ça y'est ! J'ai pigé pourquoi l'anti-venin maint'nant !

Le cafard avait un bon demi-million de réparties à jeter à la gueule de son matelot, mais aucune qui ne soit pas désobligeante. Aussi il s'abstint de dégueuler son fiel pour le bon déroulement de l'opération, brandissant à nouveau cette fiole qui, aux yeux de Goldfinger, semblait maintenant briller comme le plus précieux des diamants. Pour que le cafard n'en vienne à utiliser ce venin qu'il mettait une semaine à reconstituer, c'est que l'enjeu en valait la chandelle, et même le chandelier qui allait avec.

- Toi et moi... On va ressortir bras dessus bras dessous de ton bureau. Tu vas annoncer à tout le monde que tu reconnais plus Noriyaki comme souverain de Juicy Berry.

Aussitôt, l'idée de crever lentement, la carcasse imprégnée d'un venin mortel paru préférable à Goldfinger, presque souhaitable même. Entre la perfidie des Blattards et la fureur de Satoshi Noriyaki, il n'aurait su dire quel châtiment aurait été le plus amer.

- Mais... mais... je peux pas annoncer ça de but en blanc. Vous ne vous rendez pas compte, il est populaire ici ! Et puis... et puis, je ne suis pas sûr que le syndicat soit d'accord pour que je devienne roi de l'île.

Visage blême, limite circonspect, la gueule de Joe se déforma en un rire propre aux hyènes de la pire espèce, se gaussant gorge déployée, cherchant le regard de Mahach qui lui aussi commençait à rire gras. Il y avait eu un malentendu, un terrible malentendu.

- Le gars croit qu'on s'est cassé l'cul à v'nir jusqu'ici pour l'mettre sur l'trône ! Toi mon vieux, dans l'genre impayable, tu t'poses là HAHAHAHA !!!

Et pourtant, il n'y avait pas de quoi rire, le capitaine des Blattards le fit bien comprendre en stoppant net son hilarité pour arborer un visage pétri d'une félonie lugubre à glacer le sang, plongeant son regard de vermine dans les yeux de celui qui se voyait déjà roi.

- Naaaan... naaaan... Tu m'as mal compris éminence.

Léchant le bout de ses doigts d'un rapide coup de langue, il repeigna la petite touffe de cheveux hirsute qui trônait au sommet du crâne lisse du gouverneur. Il se devait d'être présentable pour annoncer la passation de pouvoir.

- La nouvelle dynastie qui s'annonce... elle aura pour nom "Biutag".


Dernière édition par Joe Biutag le Dim 12 Mar 2017 - 13:44, édité 2 fois
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- Non mais ... je ... euh ... attendez ...
- Si, tu “je ... euh ”, et non, on attend pas.
- Mais vous ne comprenez pas, c’est que cela ne se fait pas comme ç...
qu’il couine.
- Ben maint’nant, si.
- Ne me dis pas que tu oserais déjà défier ton Roi ?


Il sue à grosses gouttes le porcelet. Il galère même à déglutir et c’est pas les petits mouvements menaçants de la queue de Biutag et mes craquements de phalanges et de cervicales qui l’aident. Hahaha, ce que j’aime coincer des rats comme ça !

- Tu vas sortir de là, et tu vas dire à ta garde qu’on est copains comme cochons maintenant. Tellement que tu vires Satoshi. Pis bon, ça te connaît bien hein ? Le côté porcin, hin hin.

Bizarrement, à chaque fois que le nom de l’ancien Roi officieux de ce crassier doré ressort, le Joe se crispe pendant une petite seconde. Genre les ratiches et les pognes qui se serrent, la veine frontale qui enfle. Je crois qu’il a son Salem. Sauf que lui, il arrive à le détrôner.

- B-Bien ...
- Nan, ça le sera quand ça sera officialisé.


Le tas de gras suintant se dandine pas très serein jusqu’à la porte qu’il entrouvre timidement. Derrière, le bruit des armes fébriles se fait entendre. Goldfinger se frotte machinalement le bras, mais pour ceux qui ne savent pas, ils associent ce geste à de l’angoisse et du stress.

- R-Repos ! T-Tout va bien ... Ce n’est que moi et je vais bien, vous pouvez disposer ... Euh non ! Montez une estrade sur la place devant Fort Knok, prévoyez assez de place pour accueillir la plupart des résidents et dépêchez des crieurs pour les prévenir d’un rendez-vous officiel ce soir à 18h pétantes ! Ah ! Et ... euh ... Ces deux gentlemen sont ... desinvitéspersonnels, oui voilà, je ne veux que personne ne les touche sous aucun prétexte ! C’est un ordre gouvernemental que personne ne doit discuter !

L’assemblée ne bouge pas d’un poil. Elle reste sur le cul.

- Mais allez, déguerpissez non de non !

Il referme la porte, se tourne vers nous et plaque son dos contre elle. Il transpire encore comme s’il était en plein cagnard et il nous regarde, Joe et moi, comme si un danger mortel régnait dehors. Avant que quiconque ne prenne la parole, chacun attend que les bruits de pas s’évanouissent au loin dans les couloirs. Goldfinger vérifie une dernière fois que personne ne reste planté devant comme des abrutis, avant de nous faire volte-face, inquiet, les yeux dans les yeux, puis il retourne s’asseoir derrière son bureau.

- Bien. Alors évoquons comment les choses vont se dérouler ... Je vous en prie, installez-vous.

On ne se fait pas prier, et Joe s’accapare le fauteuil le plus gros, et le plus moelleux aussi. Sans compter qu’il s’y vautre comme un pacha. Il a vite compris qu’il allait devenir le roi de cette foutue baie juteuse ... Moi ? Je me tape la vieille chaise branlante.

- En l’absence du Maître Noriaki, c’est moi qu...

Joe fait mine de tousser.

- ... c’est m...

Pis de s’étrangler.

- Bon ! Très bien ! Quand le Roi n’est pas là -ce qui ne sera plus le cas, c’est le Gouverneur qui dirige le royaume. Là, voilà.

On dirait que ça lui écorcherait la gueule de dire que c’est Biutag qui sera aux commandes, marrant.

- Mais il ne dirige pas seul.
- Si.
- Avec tous le respect que je vous dois, futur Roi, désolé, mais non. Déjà parce qu’un seul homme n’a pas le temps de gérer toutes les prérogatives d’un royaume, et ensuite parce qu’un seul homme n’a pas toutes les capacités pour. Bien sûr, il reste le chef suprême et a le dernier mot sur les décisions à prendre, mais il doit déléguer de son pouvoir à des Ministères aux ressorts différents.
- Ouais, donc en gros, le Roi s’la coule douce pendant que des connards bossent à sa place ?
- Ahem ... C-C’est ... plus ou moins cela ...
- Alors ça me va. Tu veux être Ministre, Mahach ?
- J’aime pas les trucs de riche. J’peux pas blairer les riches tout court déjà, alors en dev’nir un ...
- Donc c’est n... ?
- Mais en même temps, je s’rai le premier gueux du Grey T à dev’nir Ministre. Alors ouais. J’veux bien.
- D'accord. Tu veux être Ministre de quoi ?
- Parce qu’il faut choisir ?
- Hmpf ! Eh bien oui !
- Bah j’sais pas moi, y’a quoi ? Plein de choses, je parie ...
- Ouais, j’crois que j’ai entendu parler d’un Ministre de l’Injustice une fois ...
- Ca me va.
- Euh ... Ministre de la Justice vous voulez dire ?
- Bah non.
- A-Alors ... excusez-moi hein ... mais ça n’existe pas ...
- Bah on va le créer alors ... Vous avez des pauvres chez vous ?
- Voyons ! S’il vous plait ! Nous sommes sur Juicy Berry tout de même ! Vous frôlez l’injure !
- Ah bah ouais, j’suis con. Oubliez.
- Mais ... j-je crois que nous pouvons dire que nous avons des personnes ... un peu moins “riches” ... Nous avons bien un quartier au Nord-Oue...
- Nan mais c’est bon. J’en veux pas de c’te poste de merde.
- Eh bien quoi alors ?
- Ben j’sais pas ... Y’a quoi d’autre ?
- Hmm ... Ministre de l’Intérieur ?
- De l’intérieur de quoi ?
- Du royaume, pardi !
- Parce qu’il existe un Ministre de l’Extérieur ?
- Mékilécon ...
- Eh oh, calme ta joie Cochonou ! Oh pis t’sais quoi ? Tu m’emmerdes avec ton poste de Ministre du royaume ... Va t’faire foutre avec ce job !
- Et puis, ça ressemble un peu trop au rang de Roi à mon goût ...
- Ouais ...
- Alors, Ministre de la Défense ?
- Hmm ... Faut voir ... Ouais, ça m’va ! Vendu ! Ministre de la Défonce, ça me botte !
- Euh ... “Ministre de la Défense”, je viens de dire ...
- Nan nan, Ministre de la Défonce. Et euh, j’pourrais avoir des troufions sous mon commandement ?
- Mais ... Ca n’existe pas !
- ALORS ON LE CRÉERA PUTAIN DE MERDE !
- VOS GUEULES ! J’en ai marre de vous entendre jacasser : Mahach, tu seras mon Ministre de la Défonce, et toi Goldfinger, mon Ministre du Reste.
- MAIS PUISQUE JE VOUS DIS QUE CA N’EX...
- ORDRE ROYAL !
- Ahem. Pardon.
- Ah bah ouais mon cochon, et c’est que l’début ! Fallait juste te contenter d’lui proposer une liasse ... Pingre comme il est, il t’en aurait exigé deux, mais ça vaut bien moins que ton royaume ...
- TROP TARD ! Et puis, c’est MON royaume, maintenant.
- Hmm hmm. Bien. Puisque c’est ainsi, je crois que nous avons réglé les problèmes en interne. Il ne me reste plus qu’à ... l’annoncer officiellement devant tout le monde.


Je crois qu’il a sorti quelque chose comme son douzième mouchoir pour s’éponger la gueule de tout le gras et des litres de sueur.

- En attendant mon ... humiliation publique ... je vous propose de me suivre pour vous faire découvrir ce qui va ... ce qui va ... cequivadevenirvotrerésidence ...


*-*-*-*-*


Il nous a juste fallu à peine ces quelques heures pour prendre nos aises. Joe mieux que moi d’ailleurs. Comme le Gouverneur est encore officiellement le dirigeant de ce bourbier pour pétés de thunes, c’est lui qu’a commandé la bouffe. On s’est bâfré comme des Goldfingers, j’ai bu la part du Géronte qu’est trop con pour avoir raté ça, pis on a été dans les douches royales, tuyauteries en or et tout le toutim, on s’est sapé comme des princes dans le dressing royal, retaillé par des grouillots qui savent manier l’aiguille ... Nan, franchement, y’a pas à chier, je pourrais m’y faire, au rang de Ministre ... Sauf que ma bonniche attitrée a voulu “m’arranger” la crête. La malheureuse ! Faut pas y toucher si tu tiens à rester en vie ! Elle a arrêté d’essayer quand je l’ai animée avec le Retour à la Vie et que j’ai planté deux ou trois mèches dans la paluche. Pis je me suis dit “Merde ! T’es Ministre Mahach, faut exiger à la hauteur de ton poste !”. Du coup, j’ai décrété que ma précieuse mohawk n’était plus présentable, j’ai utilisé le Retour à la Vie pour me faire pousser une bonne grosse tignasse des familles et j’ai ordonné à cette connasse de m’en tailler une digne de ce nom.

Une demi-heure avant le rendez-vous officiel, on s’est recroisé avec le Joe. Bordel de merde, à le voir dans son costard de pingouin rayé qui l’étouffe trop apparemment (faut dire qu’on est pas habitué à porter ce genre de déguisement), on aurait dit un Parrain de la Mafia ! Un vrai de vrai !

Pis Goldfinger est venu nous chercher, il a fait dépêcher une Diligence royale mais pas du même acabit que celle qui nous a amené ici. Nan nan. On aurait dit un vrai boudoir sur roues ! L’intérieur était tout molletonné, tout moelleux ! Parait qu’on aura les mêmes juste pour nous quand on sera à la tête de cette île ...

On est arrivé par derrière. Pas la voie royale d’après moi. Surtout d’après Joe qui commençait à asticoter sévèrement le grassouillet qui lui a expliqué que vu ce qu’il va dire, ce ne serait pas bien vu d’arriver en grandes pompes. Joe a pas compris. Un sacre, c’est pas rien, qu’il dit. Toujours est-il que je croyais pas pouvoir voir Goldfinger gerber autant de flotte par les pores. Je pensais qu’il avait atteint son maximum quand on l’a pris en otage mais apparemment pas ... Bordel, il va finir par se déshydrater le con ! Aussi sec que les couilles à taupin ! Va finir par détremper l’estrade sur laquelle il hisse ses jambonneaux avant de bafouiller un coup dans le Den den dont la voix est retransmise par d’autres perchés sur des poteaux aux alentours.

- M-M-Mes .. M-Mes chers c-compatriotes ... Si ... euh ... si je me tiens devant vous aujourd’hui, c’est pour vous annoncer une bo... ahem ... une bon... -tch, je n’y arriverai pas !- une nouvelle !.En ... En effet, comme vous le savez, cela ne fait que trop longtemps que notre bon Roi Satoshi Noriaki s’est absenté et que j’ai gagné la régence de ce royaume, ch-chose que ... que ... quejenepeuxplusmepermettreaujourd’hui ... Alors de ce fait, j-je crois bon officialiser une ... passationdepouvoir à ce cher ami de la nation, Joe Biutag qui ... gasp ... qui deviendra notre nouveau Roi ! GloireauRoiBiutagdeJuicyBerry!

La foule s’est levée en un instant ! Porcinet n’a même pas eu le temps de finir son discours approximatif que les huées faisaient déjà rage !

- Rassurez-vous s’il vous plait, je vais le seconder en tant que Ministre, tout comme son acolyte ! Allez, mon bon Roi, c’est à vous, la foule vous acclame !

L’enflure ! Il nous a fait pousser sur l’estrade alors que lui a détalé comme un garenne ! Je suis même sûr qu’il aurait pu en défriser un tellement il a réussi la prouesse à pousser son gras à une vitesse qu’il a jamais su dépasser !

Je regarde Joe, le sourire aux lèvres.

- A vous l’honneur, mon royal Capitaine ! Hin hin hin ...
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La parole est d'argent, mais le silence est d'or.

Un trésor que le maître de toutes les richesses savoure confortablement allongé dans un matelas de nuages cotonneux. Le ciel d'un bleu pur à cette altitude est la seule chose encore au-dessus de lui. Il sourit. Une image à la mesure de sa grandeur.

" Pulup pulup pulup! Pulup pulup pulup !"

Le visage du corsaire doré se crispe l'espace d'un instant. Il sort son escargophone en se retenant de le transformer en bijou scintillant.

- Tu as intérêt à avoir une très bonne raison de me déranger Manny.


Monarchie de droit porcin 2dhhem1


- Pardon, monsieur Noriyaki mais Juicy Berry est en train de s'écrouler ! Goldfinger l'a officiellement cédé à des pirates !

Un bras négligemment passé derrière sa nuque, Greed écoute un escargohone au crâne aussi lisse que celui de Brainiac lui débiter une histoire invraisemblable d'attaque de son coffre fort géant, de meurtre de ses hommes, de prise de pouvoir de son île et de trahison des gardes de son palais. Le corsaire, qui garde les yeux fermés, semble pourtant toujours aussi détendu.

- Et comment se nomment ces charmants gentlemen qu'aucun d'entre vous n'a réussi à arrêter ? Attendez-vous à quelques baisses de salaires, à ce propos... Sauf, Lepreush, lui ne m'a pas déçu. Dommage qu'il soit mort, je l'aurai promu...

Le corsaire ricane à son trait d'humour. Son sourire s’efface bien vite cependant lorsque Manny répond timidement à sa question.

- Un certain Mahach, bredouille-t-il, et Biutag... Joe Biutag.

Plusieurs centaines de créatures volantes plus ou moins identifiées s'envolent tout à coup tout autour de Noriyaki, comme terrorisées par la présence soudainement devenue meurtrière du corsaire.

- Que dois-je faire patron ? Nous pourrions lancer une attaque importante avec tous vos fidèles mais votre palais en souffrirait...
- Non Brainiac. Joe est une vieille connaissance, je veux lui souhaiter moi-même la bienvenue. Ordonne au syndicat de se replier. Ne tentez rien avant mon arrivée.

Le corsaire met fin à la communication. Il se relève lentement, prend le temps de décrisper ses poings et siffle. Un oiseau d'or surgit aussitôt de la couche de nuage pour se poser près de lui.

- J'arrive, insectes, j'arrive... murmure Greed en enfourchant l'animal. Attendez ma venue aux premières lueurs du 15e jour. À l'aube, regardez à l'est. Ce jour là, personne ne souhaitera être à votre place. Pas pour tout l'or du monde...
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C'est à grand renfort de menaces voilées, de promesses de lendemains inexistants, par la coercition et la peur que se manifesta le discours de sa majesté Joe Ier. L'un dans l'autre ce fut un discours si éloquent que les huées de la populace muèrent un silence d'outre-tombe. L'effet de surprise contribuait pour beaucoup à la stupéfaction générale.
Toutefois, la passivité du syndicat, pourtant garant des intérêts de Noriaki sur l'île, fut le principal facteur de résignation des populations civiles face au fléau Blattard qui les accablait en ce jour funeste. Si même eux ne levaient pas une paupière, l'idée même d'une insurrection populaire était à proscrire. Tôt ou tard, plus tôt que tard d'ailleurs, la marine finirait de toute manière par siffler la fin de la récré. Ce n'était pas de torches et de fourches dont il fallait s'armer pour renverser le despote, mais de patience.

En attendant, Joe comptait bien profiter de son règne qui, il en était certain, marquerait les esprits à jamais. Son discours terminé, il se retourna vers Mahach et lui adressa un de ces sourires qui en disaient long sur ses projets d'avenir. Il allait de soi que ceux-ci ne seraient pas radieux et n'appeleraient pas aux lendemains qui chantent.

[Première semaine du règne Blattard]


Une journée type de sa majesté-capitaine Joe Ier


Levé aux aurores car il n'était jamais trop tôt pour faire chier son monde, le cafard avait pour la première fois découvert les joies d'un roupillon dans la soie la plus douce qui puisse se vendre sur tout Grand Line. Ce n'était pas que la fatigue le minait, mais il serait volontiers resté au lit ne serait-ce que pour profiter au mieux de la somptuosité des draps.
Seulement, et hélas pour Juicy Berry, il lui tardait d'administrer l'île, aidé de la sagesse et de la parcimonie lui étant propre. Se ruant jusqu'à sa penderie, il jubilait d'avance de sa nouvelle parure. En effet, pour s'inscrire indécemment dans une perspective de luxe ostentatoire, il avait sans l'ombre d'une hésitation troqué sa parka miteuse pour un long manteau de fourrure.

- Sa majesté, y'a pas à dire, tu en jettes !

Ladite parure n'avait pas manqué d'être garnie de l'intérieur de la myriade de mousquets qu'il conservait habituellement engouffrés sous son manteau. Mousquets chromés or depuis la veille, cela allait de soi. Car lorsqu'on se retrouvait financé par le  pognon d'un mécène aussi généreux que le contribuable de Juicy Berry, il n'y avait pas de limite au faste.

Violemment, comme bondissant de sa tanière, il ouvrit l'immense porte à double battants de sa chambre. Il adorait tellement produire ces irruptions fracassantes qu'il reproduisit l'expérience  encore trois fois avant que deux de ses valets, chargés d'attendre dans le couloir depuis la veille finirent par se racler la gorge pour récolter le regard furieux de leur nouveau souverain.

- Qu'est-ce que vous foutez-là vous ?!

Ainsi débutait le grand jeu des devinettes Biutaguesques. Les chances de survie étaient en général inférieures à dix pourcent, les bonnes réponses souvent inexistantes.

- Votre majesté a...

- Majesté-capitaine.

Déglutissant, le larbin se tourna vers son acolyte qui fit mine de ne pas le remarquer afin de ne pas constituer un dégât collatéral de la furie du seigneur de ces lieux. Le nouveau propriétaire du palais avait en effet ses petites lubies, et il valait mieux s'y conformer au plus vite.

- Ahem... Votre majesté-capitaine a demandé la veille à ce que l'on lui rapporte un escarméra relié aux écrans géants disséminés partout sur l'île.

Sa majesté-capitaine Biutag plissa les yeux, la bouche entrouverte cherchant à se remémorer cet épisode. Il fallait dire que Mahach et lui avaient trouvé la cave de Satoshi et ne s'étaient pas vraiment mouchés du coude avant d'aller se coucher.

- Et vous avez attendu dans le couloir toute la nuit ?

Dévoués à leur tâche et prêts à bien des sacrifices, les valets avaient tenu à démontrer à quel point ils prenaient leur travail au sérieux en se mettant au mieux à la disposition de leur souverain. Cela n'impressionna pas des masses ce dernier qui se claquait déjà les cuisses dans un fou rire moqueur. Tourmenter ses larbins allait sous peu être un passe-temps dont il ne pourrait plus se passer. S'il ne les tuait pas sous peu dans un de ses innombrables élans d'impulsivité.

- Ya-hin-hin-hin  ! Les cons ! Ya-hin-hin-hin-hin-hin-hin-hin-hin-hin-hin-hiiiiiin..... Fiouuuuuu... Et pourquoi vous avez pas frappé à ma porte pour me dire que vous en aviez trouvé un, tas de glandus ?

Depuis le début de l'interaction avec le cafard, les larbins avaient dû avaler un demi-litre de leur propre salive tant ils craignaient de contrarier leur despote à chaque réponse. Sans piper mot, ils orientèrent tous deux leur regard en direction d'un petit trou cylindrique dans la porte d'où Joe était sorti. Quelques bribes de mémoires lui égratignèrent alors les mèninges lorsqu'il capta à son tour l'orifice. Il se souvint vaguement avoir tiré un coup de feu la veille, sans pour autant se remémorer les tenants et aboutissants d'un tel excès qui lui ressemblait pourtant bien.

- Quoi ? Ça ? Mais c'était pour rire. Enfin je pense.

Le valet silencieux qui se tenait jusque là en retrait brandit délicatement la main bandée dans laquelle la balle qui avait traversé la porte la veille avait achevé sa course.

- C'est sûr aprèèèèès... il faut avoir un sens de l'humour...

Mauvais public, les laquais tentèrent de masquer une certaine rancune. Après tout, c'était au roi qu'ils avaient affaire. Un roi assez peu avenant avec son prochain et garni de mousquets chromés or. La veille, il leur avait fait part d'un projet. Le projet d'un dément. Le projet d'un Blattard.
Afin de se rapprocher de "ce con de peuple", il eut dans l'idée de leur imposer une journée type de sa vie de roi diffusée à partir d'un escarméra, et retransmis sur écrans géants partout sur Juicy Berry. Au programme, provocations, brimades, et autres insultes adressées à ses fidèles sujets. Peut-être même, si l'envie le prenait de descendre à nouveau dans la cave du palais, irait-il jusqu'à suggérer l'idée d'un génocide.

Il n'y avait rien de tel qu'un despote pour faire regretter un tyran.

- Ça enregistre votre truc ?

- Conformément à la volonté de sa majesté-capitaine.

- L'image ET le son ?....

Lorsqu'un sourire aussi glaçant que celui qui se dessinait le long des joues du cafard émergeait, on savait d'instinct que le vice n'était jamais loin. N'osant imaginer quelle abomination se cachait derrière ces dents aiguisées, le serviteur fut contraint de répondre tout en s'attendant au pire.

- Oui majesté-capitaine.

Aussitôt ces paroles prononcées, leur suzerain s'empara avec empressement de l'escarméra le portant jusqu'à ses lèvres et....

- DEBOUT LES CRABES ! LA MER MONTE !

Prévisible mais inévitable, c'est à cinq heure du matin que le nouveau monarque tonitrua à s'en arracher les cordes vocales. L'écho issu des hauts-parleurs disséminés de part et d'autre de l'île lui parvinrent, suscitant évidemment un ricanement stupide et malveillant comme lui seul pouvait en dégueuler à ses heures perdues.
Les vitres du palais, pourtant situées à bien des lieux du premier haut-parleur, avaient vibré suite à pareil aboi matinal. Pas une seule âme sur Juicy Berry ne pourrait échapper aux facéties de l'ordure en chef chargé de les administrer et, accessoirement, de leur pourrir la vie.

- Majesté-capitaine, si je puis me permettre un conseil....

Il ne puis point puisqu'une bille de plomb lui traversa aussitôt la cage thoracique, ne manquant bien évidemment pas de lui percer le cœur au passage. D'excellente humeur, après une bonne nuit de sommeil  Joe dégainait avec célérité.

- Toi aussi t'as des conseils à me donner ?

Ajouta t-il paisiblement en rangeant l'arme du crime là d'où il l'avait extirpée.

- Ça ne me serait même pas venu à l'idée.

Obséquieux, l'heureux survivant avait compris que chaque mot qu'il était susceptible de prononcer pourrait se retourner contre lui. Ne restait, pour conserver sa vie, que la soumission inconditionnelle et absolue à son monarque. Les lâches survivaient toujours au prix de leur fierté, Joe en savait d'ailleurs un bout sur le sujet.
Bien évidemment, le coup de feu, comme la mort du laquais innocent n'avaient pas échappé à l'œil morne et indiscret de l'escarméra. Si certains sur Juicy Berry avaient encore eu des doutes quant au caractère despotique et inique du cafard, ils étaient à présents fixés sur leur sort.

Désinvolte, ayant oublié jusqu'à l'existence de l'homme qu'il venait d'abattre froidement, Joe jeta l'escarméra dans les mains de son serviteur restant avant d'enjamber le cadavre fraîchement généré. Il était temps pour lui d'aller à la rencontre de son peuple. Ce n'était pas que ces gens l'intéressaient, simplement qu'il ne tirait aucune satisfaction à leur nuire sans voir leur mine déconfite faisant office de récompense pour ses méfaits.

Dans un premier temps, le petit déjeûner s'imposait. Il n'était pas sain pour le cafard de préjudicier le ventre vide. Mais une fois que Joe fit irruption dans la salle à manger, ce fut la stupeur qui l'accabla. Rien n'était servi. Le personnel n'avait pas pris l'habitude d'être réveillé aussi tôt pour les repas. Dans la salle, seul Mahach, décoiffé et en Pyjama, demeurait fièrement debout les bras croisés à attendre son suzerain yeux écarquillés à s'en détruire les arcades.

- Ça va ?! Tranquille ?! La forme ?!

- Ça ira mieux quand ce foutu petit déjeûner sera servi. À MOI ! LA GARDE !!!!

À peine alarmiste, Joe avait mobilisé sa garde prétorienne qui surgissait alors de toutes parts dans la salle à manger, prête à annihiler tout justicier cherchant à mettre fin à un despotisme terne. Au palais Biutag, on ne badinait pas avec l'autorité supérieure.

- Majesté ?! Quelqu'un a attenté à votre vie ?

- Nan, nan, on a attenté à mon estomac. Allez me chercher le cuistot qu'il me fasse des tartines.

Ce n'était pas qu'il ne savait pas lui même faire ses tartines, mais en sa qualité de roi, il se sentait le devoir d'emmerder tout son personnel pour ne pas faire les choses par lui même. C'était une question de principe. Et de fainéantise aussi. Surtout.
Toute la troupe armée s'étant mise en quête du chef étoilé, Mahach en profita pour adresser ses griefs à sa majesté-capitaine Biutag. Assez peu familier avec le protocole, il adressa sa doléance sous la forme d'un direct à l'estomac.

- EST-C'QUE J'VIENS T'GUEULER DANS LES OREILLES QUAND TU PIEUTES ENFOIRÉ ?! Tu r'commences, j't'arrache ta putain d'gorge !

La plaisanterie préalable du cafard n'était littéralement pas tombée dans l'oreille d'un sourd. La critique avait la dent dure et les phalanges solides. Une fois les pendules remises à l'heure, Mahach s'en retourna dans sa chambre, chez lui, son ministère n'ouvrai qu'à midi passé.

Soufflant du nez, peinant à reprendre son souffle courbé en deux comme il était à tenir sa panse meurtrie, Joe n'avait pu répliquer. Ainsi le ministre de la Défonce avait œuvré. Vexé, le cafard n'en devenait pas plus agréable. La frustration affûtait son côté retort et teigneux, et bien évidemment, il comptait s'acharner sur plus faible que lui.

- Es...esclave ! En route ! Kof kof ! Il me tarde d'aller à la rencontre de mon peuple !

Ce sentiment n'était hélas pas réciproque.
Au moins, la scène du ministre corrigeant son souverain avait eu le mérite d'être elle aussi retranscrite sur tous les écrans géants de Juicy Berry, l'aléa du direct avait su arracher quelques rires. Un soubresaut d'hilarité dans la tourmente en somme. Ceux-là n'allaient pas rire longtemps.

Escorté de quatre membres de sa garde prétorienne, son valet le talonnant, ne quittant pas son monarque du regard de l'escarméra, la joyeuse bande descendait alors les marches séparant le divin palais du reste des habitations de l'île. Le rubicon fut rapidement franchi, et très vite, sa majesté-capitaine Joe Ier gratifia la plèbe de son auguste présence. Intimidés, ou plutôt craintifs à juste titre, les habitants s'éloignèrent du petit convoi qui cheminait à travers les quartiers de Juicy Berry tout juste éclairés par l'aube naissante.

- Toi, là ! Viens donc faire la causette à ton roi !

Imprudent ou trop lent, un modeste fleuriste n'avait pu échapper au dévolu du cafard. Lui comme les autres avait été témoin de l'indifférence coutumière avec laquelle Joe avait tué l'un de ses valets plus tôt en matinée. Son sort était à présent entre les mains d'un lunatique récemment sacré roi. L'un dans l'autre, ledit fleuriste avait connu de meilleures journées.

- Majesté que puis-je...

- C'est "majesté-capitaine" inconscient !

Il n'y avait pas plus agressifs que ces larbins zélotes qui se faisaient la voix de leur maître pour mieux entrer dans leurs bonnes grâces. D'un naturel aimable, le valet, pour sa survie, se transformait peu à peu en déchet à visage humain. Son souverain déteignait déjà sur lui.

- Ferme ta gueule esclave, laisse le monsieur causer comme il le désire.

Mais la lâcheté, même au service de flatterie suscitait le mépris de tous, y compris des flattés.

- Alors mon brave, tout baigne ? Les affaires marchent, tout ça ?

Ce n'était pas tout de terroriser sa population, il fallait encore paraître à peu près un minimum convenable aux yeux du peuple pour ne pas essuyer une révolte tous les soirs. La répression sanglante ne le gênait pas, mais les hurlements l'empêchaient de dormir convenablement. Aussi, du mieux qu'il put, Joe tenta d'agir comme un être humain. Ce n'était pas dans ses habitudes.

- Oh oui majesté-capitaine.

Trop terrifié, le vendeur de fleurs, légèrement dégarni et moustachu fit même une modeste révérence en concluant sa phrase. Lui aussi avait compris qu'il valait mieux ne pas contrarier le cafard. Cependant, ledit cafard essuya une moue pour le moins agacée. Les habitants le fuyaient, et quand il alpaguait un badaud, celui-ci avait trop peur de se plaindre de quoi que ce soit. Juicy Berry en moins de quarante-huit heures avait muté en une île Potemkine.

- Est-ce que tu en es vraiment sûr ? Parce que si je prends la peine de demander, c'est.... à cause de ces cernes sous tes yeux. On ne trouve pas le sommeil sur mon île ?...

Il allait de soi que le commerçant ne fut pas assez audacieux pour lui répondre qu'il dormait bien jusqu'à ce que les hurlements d'un débile surgisse des hauts-parleurs près de chez lui. Encore une fois, tout fut mis en œuvre pour ne pas énerver son souverain.

- Oh ça ? Ne vous inquiètez pas majesté-capitaine. Mes voisins fêtaient un anniversaire hier, il y a eu un peu de musique jusqu'à tard, rien de dramatique.

Hélas, il n'avait pas pesé le poids des ses mots lorsque ceux-ci tombèrent dans les esgourdes du cafard. Ce dernier, soucieux de paraître sympathique chercha à se rendre utile, tentant de s'imposer comme un aimable justicier au service des braves gens. Immanquablement, la simple mention de la musique ayant maintenu un malheureux contribuable éveillé jusqu'à minuit justifia l'interventionnisme excessif de sa majesté-capitaine Joe Ier.

- Rien de dramatique mon cul ! Sous mon règne, on ne s'en prends pas impunément au sommeil des braves gens !

Pas à moins d'être roi, bien entendu.

- Esclave ! Va me chercher du pétrole, il faut que je répande l'ordre immédiatement !

En dépit des sollicitations du fleuriste qui chercha à épargner ses voisins qu'il avait condamnés malgré lui, l'incendie débuta bien assez tôt et se propagea rapidement. Justice avait été rendue sous le regard terrifié des habitants du quartier, terrés chez eux, lorgnant par la fenêtre les flammes qui dévoraient la demeure.
Les flammes, voraces, et surtout attisées par le vent, se prolongèrent jusqu'à entamer la boutique du fleuriste. Même quand il cherchait à faire le bien, Joe ne pouvait s'empêcher de semer la désolation. Il s'agissait là d'une seconde nature à laquelle il ne pouvait se soustraire. Toutefois, il le vivait bien.

- Mon commerce ! Ma boutique !

- Oui bah ça va ! Je pouvais pas deviner que le vent allait souffler par là, c'est pas marqué "Monsieur Météo" sur ma casquette que je sache.

Effectivement, sur la casquette était inscrit "pirate".

- Eh puis.... n'est-ce pas l'intention qui compte ? Qu'est-ce qu'on dit à sa majesté-capitaine ?

S'estimant réellement redevable de remerciements, Joe poussa le vice jusqu'à placer sa main derrière son oreille, attendant impatiemment son "merci" bien mérité. Selon lui tout du moins.

- Salaud ! J'avais une vie prospère avant que t'arrives, et là tu....

Sensible à la critique, c'est deux mousquets dorés que le cafard extirpa de son manteau de fourure avant de faire feu et d'achever l'homme qu'il était venu aider. Secouant sa tête de droite à gauche en rechargeant ses armes, Joe, paisible, se retourna vers son valet à la mâchoire crispée et aux yeux embués de larmes.

- Je te jure... Fais du bien à ton chien et il te chiera dans la main. Ce peuple est d'un ingrat. Allez, on s'en retourne au palais. Là-bas aussi c'est rempli de cons, mais au moins ils la ferment.

Rapidement ennuyé par ses péripéties au milieu de la masse urbaine, l'incursion du Blattard en chef prit fin sur cet épisode tragique. Tous sur Juicy Berry, par le biais de l'escarméra n'avaient pas manqué un crépitement des flammes qui avaient consumé une poignée d'innocents sur une simple impulsion malsaine du cafard. Ici et là, des Blues en passant par Grand Line on se plaignait que les dirigeants n'étaient pas assez proches du peuples, mais sur Juicy Berry, on louait cette tare, priant pour que le cafard et les siens demeurent dans leur tanière dorée et n'en ressortent jamais.

Le règne des Blattards ne faisait que commencer. Irrésistible et lugubre, il s'inscrivait dans une perspective sombre, et, l'île sujette à un blocus maritime ne laissant place à aucun espoir de fuite.

De Juicy Berry, on ne pouvait plus partir que les pieds devant.
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Pendant que le Joe, sa “Majesté-Capitaine” de mes deux, s’éclate et éclate les autres dehors, moi je bosse. Enfin, j’essaie. Parce que j’ai passé une nuit affreuse. Si le bon vin de snobard a le bon sens de pas filer le mal de crâne comme la piquette que nous on se met dans le gosier, en abuser a le même effet. Surtout quand t’as ton abruti de capitaine qu’est même pas foutu de cuver tranquillement !

Alors bien sûr, depuis hier soir, je prends que ce qu’il y a de meilleur. Y’en a qui le garde pour la fin, genre comme une récompense, bah c’est totalement con ! Imagine que tu te tapes tout la merde, et qu’au moment de savourer le meilleur pour t’accorder un petit réconfort qui fait plaisir ... tu clamses. Bah t’auras passé tes dernier jours à profiter du pire pendant que moi j’aurais profité du meilleur.
Du coup, avec un train de vie de Ministre, je vis dans un autre monde. Tiens, prend ce café par exemple. A bord, j’en ai un, il tend tellement fort qu’il réveillerait un mort. On a l’impression que c’est une armoire à glace qui pue la sueur qui vient te réveiller à coups de mandales dans la gueule. Bah ce café de richou, il vient te chatouiller délicatement le nez et le palais, il te réveille en douceur en te promenant sur un petit nuage. On a l’impression que c’est un chouette brin de nana qui vient t’embrasser délicatement sur les lèvres et qui s’en va alors qu’elle était en train de te charmer, du coup tu l’as dans la peau et tu veux la suivre, suivre son délicieux parfum et tu le suis, tu la retrouves, et t’es ravi.
Idem pour le costard, jamais j’ai aimé qu’on me serre le cou comme cette foutue chemise, mais là, c’est un vrai plaisir de s’habiller comme il faut.

Bref, toujours est-il qu’à dix heures pétantes, un grouillot vient frapper à la porte de mon bureau dans lequel j’espérais roupiller tranquillou pour me remettre de cette nuit de merde. Je me redresse, m’époussète un coup pour dégager les faux plis pour paraître plus présentable, et je fais volte face à la porte, la gueule encore en vrac.

- Ouais ?
- L’invité que vous avez commandé est arrivé, Monsieur.
- J’ai invité personne moi, dégagez.
- Ahem ... je suis navré de vous contredire, mais il semblerait que ce ne soit pas le cas ...
- Ah ouais ? Et quand est-ce que j’aurais fait ça moi, hein gros malin ?
- Eh bien ... Hier soir monsieur ...


Hier soir ? Hier soir ... Oh. Merde. Ouais, hier soir.


- Ah ... Alors possible ouais. Qu’il entre.

Je me lève, la porte s’ouvre et laissez passer un vrai petit snobinard en stress. Derrière ses petites lunettes rondes, sa gueule de premier de la classe me dit quelque chose ...

- Ouais, salut. T’es qui ?
- Bonjour Monsieur le Minis...
- T’as langue a rien à foutre dans mon cul, j’te d’mande qui t’es !
- Votre secrétaire, Monsieur. Celui-là même que vous avez recruté hier soir, tard, alors que vous étiez ... pardonnez-moi mais ivre.
- Eh merde ...
- Plait-il ?
- Nan, tu m’plais pas des masses. J’me rappelle plus d’ta trombine.
- Vous avez dit que je serai votre Secrétaire d’Amochage Lâche Et Méchant ... Vous ... hmm ... Vous m’avez forcé la main pour que je le devienne d’ailleurs ...


Mon Secrétaire d’Amoch... Haaaan !

- Aaaah ! Mon SALEM ! Ah oui ! Je m’souviens maintenant ! Entre, entre ! Mets-toi bien mon ami !

Ce sera la dernière fois.

- Je m’rappelle que tu voulais pas quitter ta gonze et tes lardons ! Une vraie petite tribu d’peigne-zizi qui tortille du cul pour s’donner du cachet ! Mais j’suis passé par là, et grâce à mézigue, y’a eu de la promotion dans l’air ! Maintenant, c’est moi qu’tu vas servir comme un bon petit toutou !

Je lui donne une petite tape amicale sur l’épaule.

- Eh, pis entre nous, et on est mieux entre mecs. Ta pouffiasse là, t’aurais pu faire tout ce que tu veux, jamais elle aurait été satisfaite !
- Pourtant, ce n’est pas trop le c...
- Ouais, mais parce que c’est l’début, tout beau tout rose. C’est comme tes chiards, ils sont tout mignon à faire que chier et t’dégueuler dessus, mais crois qu’ils auront atteint l’âge de l’ingratitude, bien plus vite que tu l’penses !


Hahaha, il tire une drôle de gueule ! Il est dans son jus, mûr à point ! Il sait qu’il va être comme ça tant que notre règne durera ! Oh, et puis j’ai failli oublié !

Beigne.

Il est plié en deux en se tenant le bide.

- Excuse-moi, mais j’t’ai pas dit pourquoi j’te voulais ! Déjà c’est parce que je peux pas piffrer les trous du cul plein de fric comme toi, et ensuite parce que bourré, tu me fais penser à un connard que j’déteste mais que j’peux pas trop lui taper sur la gueule sans bouffer mes propres ratiches. Tu vois la marque sur mes paumes là, en plein milieu ? Ouais ? Bah dis-toi que t’as beau vivre un enfer depuis hier soir, moi, je pourrais jamais t’infliger ça. L’autre connard là, Salem, lui, il a osé. Il m’a crucifié ce fils de pute ! Tout ça parce que j’ai buté son frère ! D’ailleurs, si tu veux pas m’énerver encore plus, tu m’appelles “Fratrissime” maintenant. Capice ?
- Je crois que ... oui ...
- Hein ?
- Pardon ! Oui, Fratrissime !


Ah ... Voilà un rêve de réalisé ... Un Salem qui me lèche le cul et qui m’appelle Fratrissime ... Qu’est ce que c’est bon, bordel !

- C’est bien, brave peigne-cul ! Maintenant, au boulot ! C’est qu’on a un royaume à tenir nous ! Et pour ça, tu vas m’aider à établir quelques règles élémentaires. Tu vois, l’idée, c’est de remuer un peu de pays de cons. Vous les riches, vous vous foutez du monde à vous foutre de notre gueule et vous engraisser dans de bons gros fauteuils en cuir. Tout ça, c’est fini, hinhin. Prend une plume, une feuille, et gratte.

Les coudes posés sur le bureau, la tête posée sur mes paluches, je regarde par la fenêtre, pensif, comme si l’inspiration allait venir de là.

- Tu notes : Code du Ministère de la Défonce. Préambule : Finies les lois, les seules qui persistent sont celles du plus fort et le code du Ministère de la Défonce.

L’a plus trop envie de rigoler là, le zig. Il capte à quel point que leur vie va être un enfer, entre Joe et moi.

- Article 1 : Il est interdit de parler du Code du Ministère de la Défonce.
- Haha, très drôle, Fratrissime.
- Ta gueule et gratte. Article 2 : Il est interdit de parler du Code du Ministère de la Défonce.
- Ah euh non, désolé, Fratrissime, mais je crois que le Comité de la Farce, et le Club de Combat ne vont pas trop apprécier cette blague déjà faite et refaite ... Je crois même qu’ils vont l’interdire.
- Bah avec le Code mis en place, la seule façon qu’ils ont de le faire : c’est la force. Alors continue de gratter Salem, ou tu reprends une steak de phalange dans le buffet. Article 3 : Si quelqu'un dit stop ou s'évanouit, tant pis pour lui. Article 4 : Seulement deux personnes par combat, on n’est pas des fils de lâches. 5 - Ce Code fonctionne pour tout le Royaume, à tout moment, excepté dans le Palais et l’intérieur des maisons. Les lâches et les faibles n’auront qu’à rester enfermés.
- Fratrissime ?
- Qu’est-ce que t’as encore ?
- Cela signifie que vous n’allez pas vous battre ?
- J’ai une gueule à r’fuser de mettre des coups ? Je vais sortir du palais !
- Vous allez participer ? Vous allez frapper votre propre peuple ? Et risquer votre vie ?
- Un peu mon n’veu ! Je m’en vais te les raffermir moi, ces snobinards ! Bon, tu grattes là ? Article 7 : Pas d’arme, servez-vous de votre corps de lâche. Article 8 : Si je rentre dans un rade, vous devez me rincer. Quand j’en sors, je veux entendre le bruit d’une baston générale. C’est tout, terminé.


Pis je me lève, je vais ouvrir la porte, je passe la tête dans le couloir, personne, pas un grouillot.

- OH !

J’entends déjà des pas résonner et se rapprocher.

- Vous nous avez demandé ?
- Un peu ouais ! Qu’est ce que vous foutiez ailleurs que devant mon bureau ?
- Eh bien ...
- Ouais, j’me disais bien. Y’a moyen de contacter toute l’île entière d’un coup ?
- Euh ... oui. Votre Capit... Sa Majesté-Capitaine, pardon, a mis en place tout un dispos...
- Très bien. Je vais l’utiliser.


Après quelques petites minutes à travers les longs et somptueux couloir, j’arrive dans une salle avec un escarméra.

- Allez-y, parlez. On vous voit et on vous entend de partout sur l’île.
- Merci.


Je me place devant, j’inspire longuement et ... j’ouvre grand !

- VOS GUEULES LES MOUETTES, LA MER EST BASSE !

J’attends un instant, et je reprends.

- Bien, ici votre Ministre de la Défonce adoré. Maintenant que vous avez fermé vos grandes gueules de grands cons pétés de thunes et que j’ai votre attention de snobards, écoutez-moi bien. Voici les nouvelles règles qui régiront votre petit quotidien de peigne-cul.
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Entrée fracassante, comme toujours ; flamboyant pour la forme, le cafard en chef ouvrit violemment les deux battants de l'immense porte menant à la salle à manger. De loin, on pouvait estimer la trajectoire du Blattard aux portes qui claquaient.
Il était midi, et ce n'était pas parce qu'on répandait le chaos à l'échelle globale qu'on se privait de manger à heures fixes.

- Votre suzerain est arrivé ! Le repas peut enfin débu....

Comme trop souvent face à la contrariété, Joe mit de côté sa jovialité malsaine pour fulminer soudainement, son sourire vicieux laissant place à des babines retroussées dévoilant ses dents tranchantes derrière lesquelles survinrent des aboiements hystériques.

- Et le respect ?! Il est où ce foutu respect ?! Le respect dû à ces monarques, qui, de par leur magnificence, côtoient les anges et s'assoient à la droite de Dieu ?! Le respect dû à ceux qui vous sont supérieurs de fait ?! Le respect dû.....

Interrompu par un guignon de pain l'ayant percuté en pleine poire, Joe, hagard, en chercha la provenance mousquet dans la main, se frottant le nez de l'autre.
Si sa majesté-capitaine Biutag s'était lancée d'emblée dans cette logorrhée dramatique, c'était uniquement dû au fait qu'à table, ni Mahach, ni Goldfinger ne l'avaient attendu pour s'empiffrer. Il ne lui en fallait pas plus.

- Qui est l'enfoiré qui m'a lancé ça ?! QUI ATTENTE À SON ROI ?! QUI ?!

L'ancien gouverneur ne leva même pas une oreille. À table, tournant le dos au cafard, les yeux vides, aussi présentable que s'il avait dormi dans ses fringues, ce qui était le cas depuis deux semaines, il engouffrait machinalement des huîtres dans sa gueule de déterré.
Impertinent, tout en mâchant la bouche grande ouverte une bouillie mêlant divers mets hors de pris, Mahach leva la main pour se dénoncer, s'imposant comme cible du mousquet scintillant maintenant orienté en direction de sa tête.

- Ch'cuge-moi Joe. Mais shi sh't'avais laisshé continuer à l'ouvrir...

Le punk avala enfin ce qu'il avait dans la bouche.

- Tu s'rais parti pour la semaine jusqu'à t'déshydrater.

Main tremblante, grinçant des dents, on sentait Joe prêt à dégommer du ministre quand il rangea son arme, reprenant sa trogne habituelle tout en allant s'asseoir à sa place comme si de rien était.

- Si tu veux pas que je me déshydrate, envoie-moi donc le pinard. Rien de tel qu'un petit blanc pour accompagner les escargots hin-hin.

Et ainsi revenait la bonhomie, avec un repas dont le coût aurait à lui seul suffit à résorber toute la pauvreté de l'île. Pauvreté pourtant inexistante il y a encore deux semaines de cela. Joe avait su marquer son empreinte de gestionnaire avide, le tout garni d'un zeste de sabotage délibéré. Juicy Berry ne payait pas que le tribu de la stupidité blattarde, il accusait le coup d'une rancune que Joe vouait à l'ancien propriétaire des lieux.

- D'la cuvée Luvneel 1559, tu prends ?

Millésime parmi les millésimes, la bouteille se vendait dix millions de berries l'unité. Et pourtant Joe hésita. La cave recelait de trésors viticoles plus délicieux encore.

- Je sais pas trop......
Bon allez ! Il faut parfois savoir avoir des goûts simples, on va faire avec. Après tout...


Il ricanait déjà, peinant à terminer sa phrase tant cela l'amusait.

- C'est Satoshi qui nous l'offre de bon cœur Ya-hin-hin-hin-hin-hin !!!!

Hilarité contagieuse et pernicieuse, Mahach se joignit à lui dans la rigolade en lui passant la bouteille. Ce n'était pas tant le fait de se goinfrer sans la moindre limite qui les faisait s'esclaffer, mais de s'imaginer la tête du brave Satoshi quand celui-ci viendrait pour l'état des lieux.

- Il va tous nous buter...

Pareil tue-l'humour crispa légèrement les flibustiers qui portèrent leur regard sur le porteur de mauvaises nouvelles. Celui-ci, sans même leur porter un regard, regard perdu dans le vide, continuait inlassablement sa cure d'huîtres, les gobant plus qu'il ne les savourait. Goldfinger avait conscience que chaque repas pouvait être le dernier, il n'était plus qu'un condamné à mort en sursis pour avoir failli à la protection de l'île. Son bourreau l'achèverait d'une guillotine dorée.

Sa seule consolation fut de se dire que la paire de squatteurs, nocifs et nuisibles, seraient éradiqués dans l'élan purgatoire prochain que viendrait dispenser le capitaine corsaire à son retour.

- Attends là... Qu'est-ce que tu viens de dire enfoiré ?!

Une telle remarque suffisait amplement pour que le cafard prenne la mouche, mais il fut aussitôt tempéré par son punk de ministre.

- Mais laisse Joe. L'gars est comme ça d'puis deux semaines. C'est l'genre à voir le verre à moitié plein.

- Alors qu'on serait plus du genre à le voir entièrement plein pour mieux le vider hein ? Hin-hin-hin !

- Merde Joe, j'allais la faire !

Ignorant royalement le trouble-fête qui lui, honorait mornement les ostréiculteurs de tout Grand Line, Mahach et Joe poursuivirent leurs traits d'esprit agrémentés de discussions relatives aux réformes ô combien bénéfiques et nécessaires prodiguées au royaume. En deux semaines de règne, on dénotait cinq-mille-six-cent-quatre-vingts-sept meurtres sur l'île. On imputait le dixième aux fréquentes visites de courtoisie du cafard, le reste découlant du décret non-loi du ministère de la défonce ayant semé les conflits civils comme la pestilence propage la peste.

Ladite mesure fut bien évidemment saluée par sa majesté-capitaine qui, s'il se foutait de l'honneur et des combats, accueillait favorablement la dissidence au sein de sa propre population. Aussi longtemps que le peuple était occupé à se bouffer en interne, il était quitte de tenter de se rebeller. Horizontaliser les conflits seyait parfaitement au perfide monarque.

- Dis voir Joe ! On a vu ton interview Mercredi. Putain, c'était sublime.

Occasionnellement sensible à la flatterie, le cafard tenta de se faire passer pour modeste. Un modeste drapé d'un manteau de fourrure et qui consommait l'équivalent de vingt millions de berries par repas.

- Oh tu sais... Je n'ai aucun mérite, chez moi le charisme c'est plus ou moins naturel vois-tu.

- Hein ? Nan mais j'te parlais pas de toi mais de la greluche venue te tenir le crachoir. Elle avait un de ces culs... sublime.

Vexé, retroussant le nez, Joe préféra s'abstenir de s'abandonner une fois de plus à un épisode de furie maladive. Son estomac était de toute manière trop rempli pour qu'il ne s'agite pour des broutilles.

- Sinon... Hahaha ! J'ai adoré l'moment où t'as dit que tu te situais politiquement comme "humaniste modéré" cinq secondes après avoir flingué le cadreur.

Cadreur qui avait eu l'outrecuidance de filmer son suzerain du mauvais profil. Rien que se remémorer cet épisode suffit à arracher un ricanement glaçant au cafard qui s'amusait de telles horreurs entre deux steacks de dauphin.

- Et donc, paraît que t'as serré la petite journaliste ? Mon salaud tu t'fais pas chier.

Pour le coup, Joe ne feignit pas la gêne. Pourtant d'ordinaire peu porté sur la chose, la demoiselle fut effectivement fort ravissante, suffisamment pour attiser certains instincts aussi pressants que la soif coutumière de l'or qui animait d'habitude le Blattard en chef.

- Ouais, ouais... Que veux-tu, il faut bien perpétuer la lignée...

On allait passer au dessert quand la porte par laquelle était entré Joe plus tôt fut projetée pour mieux s'éclater contre le mur d'en face. Sa majesté-capitaine Biutag n'avait manifestement pas le monopole des entrées fracassantes.

- Joe, j'crois qu'on a frappé.

Marchant posément, la semelle de ses souliers résonnant sur le carrelage du palais royal, trop longtemps souillé par la vermine venue usurper le trône, apparaissait enfin le maître de ces lieux. Le vrai. Ce retour, Goldfinger l'avait pressenti depuis plusieurs jours, terminant son plat d'huîtres d'un air résigné. Ainsi se concluait son repas du condamné.

- Mais.... Si ce n'est pas ce brave Satoshi ! Entre enfin, entre ! Fais comme chez toi hin-hin.

Impassible face aux provocations de ce qu'il considérait comme un avorton dont le titre de "cafard" n'était pas usurpé, l'homme aux mille carats patienta les mains derrière le dos, contemplant avec pitié le spectacle de ces parasites se délectant des mets et des alcools les plus raffinés. Des denrées qu'ils ne pouvaient, selon lui, apprécier à leur juste valeur.

- C'est qu'tu tombes bien. Le Joe et moi on savait pas comment ouvrir l'coffre de Fort Knok.

Jamais avare de taquineries, le capitaine Blattard ne put s'empêcher de surenchérir dans la provocation, brandissant la cuvée Luvneel 1559 presque vide.

- On a pas trouvé ton pognon, mais ne t'inquiète pas, on a trouvé ta cave pour patienter jusqu'à ton arrivée ya-hin-hin-hin !
À la santé de Satoshi ! C'est une belle crevure, mais son pinard fait des heureux !


- Santé !

Abonné aux Blattards, Mahach accompagna son capitaine en se saisissant de la première bouteille à disposition pour mieux la brandir à son tour.

Satoshi n'avait pas battu une paupière devant le spectacle désolant de cette déchéance humaine venue pourrir son palais de par sa simple existence. Il était venu sans renfort du syndicat, il était venu pour les écraser de sa puissance, leur rappeler une certaine hiérarchie qui les séparait, leur rappeler pourquoi on ne provoquait impunément pas un homme digne du titre de capitaine corsaire.

- Vous aimez le faste ? Vous adorerez vos pierres tombales chromées or.


Dernière édition par Joe Biutag le Jeu 16 Mar 2017 - 14:37, édité 2 fois
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- Je pensais en avoir terminé avec toi la dernière fois que l'on s'est croisé, Biutag. Mais il semblerait que pour ce qui est de faire chier ton monde, tu as effectivement de la bouteille... Bien, comme je te l'ai déjà répété, le temps c'est de l'argent et je dois avouer que j'ai hâte de vous encastrer dans les murs. Alors, commençons si vous le voulez bien.

Greed s'avança d'un pas, sortant ses mains cachées dans le dos à la façon d'un cow-boy dégainant ses mousquets. Ce simple geste sembla indiquer le début tant attendu de la mise sur la gueule qu'attendaient trois des quatre protagonistes présents dans la vaste salle à manger.

Ralenti.

Tandis que les mains du corsaire dessinaient des courbes harmonieuses aux extrémités dorées, celles de sa majesté capitaine, après avoir projeté la bouteille millésimée à l'origine de tant de provocation qui tourbillonnait maintenant vers Noriyaki, sortaient déjà de sous son large manteau en fourrure deux mousquets étincelants.

Dans ce même instant, l'ex-gouverneur de Juicy Berry tenta de jeter son imposante masse adipeuse sous la grande table couverte de mets pour se laisser une chance de voir défiler en entier le film de sa vie avant de finir en dommage collatéral. Le corps de Mahach, lui, se fragmenta en une multitude de baies vindicatives. Sa bouche et sa main se transformèrent les dernières lui permettant tout de même de finir de ronger sa cuisse de poulet.

Vitesse normale.

-BOUM ! CRAC ! BADADAMDAMDMA ! HAHAHAHHHAHHA ! CREEEEEEVEEEE ! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !"

Goldfinger risqua un coup d’œil tremblant entre ses bras massifs qui protégeaient sa tête. Il constata que la table qui lui servait de bunker avait disparu d'au dessus de lui. Comme la plupart du mobilier, d'ailleurs, qui s'accumulait maintenant en un tas imposant précisément à l'endroit où Greed se tenait un instant plus tôt. Seuls avait été épargnés deux fauteuils luxueux : celui sur lequel était perché un Joe qui continuait à vider ses mousquets sur le tas de débris sans cesser d'éructer un rire démoniaque et celui que Mahach tenait dressé au-dessus de son capitaine.

-HAHAHAHAHAHA AÏEEUUUH ! MAHACH, PUTAIN, D’OÙ TU ME FRAPPES !
- TU CROIS QUE JE T'AI PAS VU ME TIRER DESSUS, CONNARD !
- Ouais, bah, c'est le risque aussi avec toute tes baies que t'envoies partout. Faut pas te plaindre après si tu prends des balles perdues... trou d'uc...
- Il était pas si terrible, Greed, finalement, constata le Punk en lançant les restes du fauteuil avec lequel il venait de frapper son capitaine sur le tas constituant la tombe du corsaire.
- Coin grave.
- Ah non, tiens, il est pas encore clamsé en fait.

Le tas de meubles brisés s'écarta violemment sous la montagne de pièces qui le repoussa soudain et se mit à se déverser dans la salle comme un océan d'or aux vagues démontées. La crête de Mahac s'anima aussitôt, ses mèches jaillissant de son crâne en poussant à une vitesse hallucinante pour s'interposer contre cette déferlante d'or qui menaçait de les recouvrir.

-JOE VITE, PLANQUE DERRIÈRE M... JOE PUTAIN, QU'EST CE QUE TU FOUS ? "

Bondissant tel un dauphin dans cette mer de richesses, Joe alternait les nages pour jaillir de ces vagues dorées, bien plus à l'aise dans cet amas de pièces qu'il ne l'aurait été dans le véritable océan. Sa cupidité semblait lui avoir fait totalement oublier le combat et il aurait été bien difficile de dire ce qui étincelait le plus entre ses yeux qui arboraient maintenant des formes de berries et la masse toujours plus importantes des pièces brillantes.

-Oh et puis merde... VA CREVER ! Jura Mahach avant de se décomposer en baies qui se firent ensevelir.

La mer d'or finit par s'apaiser puis se mit même à refluer. Les pièces étaient en effet maintenant aspirées vers le centre de toute richesse : Greed, debout les mains dans les poches, qui observait un Joe semblant avoir perdu la raison en voyant tant de berries lui échapper. Se traînant au sol, il ramenait à lui de pleines brassées d'or en gémissant "A moi... A moi mes précieux... ". Noriyaki se permit un sourire en s'approchant nonchalamment.

-Une image riche en enseignement, n'est ce pas, cafard ? Toutes les richesses que tu m'as pris qui s'échappent finalement de tes griffes crochues pour retourner à leur légitime propriétaire : moi, le maître de ces lieux, tandis que toi tu retrouves la place que tu n'aurais jamais dû quitter... à mes pieds pour ramper !

Sa majesté capitaine autoproclamé sembla reprendre ses esprits et leva un visage haineux vers le corsaire pour lui cracher son fiel au visage. Un pied doré le frappant rapidement sur tout le corps l’empêcha pourtant de l'ouvrir.

Just $hut up !

Un nom parfait pour la situation songea Greed tandis que la force de son dernier coup expédia le Blattard dans la porte fermant l'autre extrémité de la pièce pour la lui faire traverser avec violence.

- Je vois que Goldfinger en a profité pour filer, constata le corsaire en observant autour de lui. Ça me laissera le temps de réfléchir à sa punition. Je saurai être OR-iginal ! Dark Heel. "

Il se laissa brusquement tomber au sol pour éviter le poing de Mahach qui s'était matérialisé près de lui avant de se dresser sur ses mains pour propulser un talon teinté de noir dans la tête du punk qui partit s'encastrer dans un mur.

-Ne t’inquiète pas, je ne t'ai pas oublié. Mâche, c'est ça ? Comme la salade ? Tu as un pouvoir intéressant, je vais te neutraliser avant d'en finir avec ce cher Joe...

Dans la salle d'à côté, le cher Joe en question extirpa sa tête du pot de fleurs dans lequel il avait atterri et le jeta avec rage dans une armure qui décorait le couloir. Il bondit sur ses pieds juste le temps de s'écrouler de nouveau. Une flopée de jurons plus tard et il songea enfin à regarder ce qui lui entravait les pieds.
Une ceinture de vento-dials ?

- Oh... le salaud ! Eut le temps de cracher le pirate avant que les dials ne s'activent et ne le propulsent avec force se cogner contre un mur, puis le plafond, puis une porte, puis un mur...

Rancunier, Greed ? Bien évidement, comme Mahach n'allait pas tarder à le découvrir. Tandis que les délicieux hurlements de Joe venaient caresser ses oreilles, le véritable maître des lieux maintenant entièrement recouvert d'or s’avançait lentement vers le pirate à la crête.

-On m'a informé que tu avais choisi comme titre " ministre de la défonce ". Un choix judicieux, vu ce que je m’apprête à te faire subir, Salade.
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Si notre règne chaotique qui touche à sa fin a apporté quelque chose de positif, c’est bien que mes lois m’ont maintenu dans une forme à peu près correcte, qui a su contrebalancer mon “régime”. Je me suis un peu empâté, c’est vrai, mais ç’aurait pu être pire. Et puis j’ai encore quelques gnons de ces trois semaines, mais j’ai vraiment pris mon pied.

Teh, quand je te disais qu’il fallait profiter du meilleur avant de se coltiner le pire, c’était pas des paroles en l’air ! C’est que j’ai de l’expérience dans le domaine ! Satoshi va sûrement me mettre une dérouillée, et alors ? Je regrette rien ! Peanuts j’te dis ! Voir ces gros connards friqués, plein aux as, s’entredéchirer la gueule comme de vulgaires vautours comme nous on le fait dans notre bas monde pour des clous, ç’a quelque chose de jouissif.

Si y’a bien une chose qui me fout en rogne à ce moment là, c’est de voir le bordel ambiant. Nan mais franchement, c’est pas sérieux ! Je me suis habitué à l’ordre depuis ! On gâche pas de si bonnes choses, on pète pas de si beaux meubles ! Et le pire, c’est qu’il y a aucun glandu pour nettoyer le bordel ... C’est quoi cette négligence ?

- Une minute, tu veux ? que je dis à Satoshi qui me regarde faire avec le plus grand des sangs froids.

Je me dirige vers l’endroit où il y avait une porte il y a quoi, cinq minutes ?

- OH !

Rien. Pas un bruit, personne. Ah, je vois. Le retour du Roi hein ? Maintenant que je suis plus qu’un moins que rien. Plan B alors.

- SALEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEM !

Encore rien. Oh non, pas toi ! Toi, je te pardonnerai pas de pas me répondre. Je le vois pas parce que je suis de dos, mais j’imagine que j’ai réussi un minimum à instiller le doute dans l’esprit de Satoshi, non ? Ah, si seulement le vrai Salem pouvait bouffer dans ma main comme ça ... Mais en fait non, s’il aurait pu, il n’en aurait pas eu le temps. Je lui aurais déjà arraché le cuir à mains nues. Et puis comme ce n’est pas le vrai ... :

- SALEM ! RAMÈNE TOI PAR ICI ! SINON J’VIENS T’CHERCHER À COUPS DE POMPE DANS L’CUL ET COMPTE PAS T’ASSEOIR AVANT UNE FOUTUE SEMAINE !

Et bizarrement, presque aussitôt, sortant du couloir adjacent :

- V-V-Vous ... V-Vous m’avez d-demandé m... Monsieur ?

Je le choppe par la nuque que je suis masse fermement.

- Ah, Salem ! Mon brave petit Salem ... Tu pensais pouvoir échapper à ton devoir de petit secrétaire minable ? Regarde qui est là !

Je nous fais faire volte-face.

- Ton bon Roi ! T’es rassuré ?

J’en reviens pas, le Shichi bronche pas ! Son flegme est indéboulonnable !

- Tu aurais dû me prévenir de sa venue voyons, nous aurions mis un couvert de pl...


Flying $trik€



Ma tête est décapsulée du reste de mon corps par un coup de pied ascendant de Boucle d’or. Forcément, vu qu’il vise la tête, je bouffe, mais sans haki, mon corps ne suit pas. Je me divise en baies sans le vouloir. Je me bouffe le plafond pourtant haut mais je parviens à maîtriser la chute et à me reconstituer.

- Il va falloir y mettre du tien, parce que sans ça je peux tenir encore un mom...
- Le silence vaut de l’or.


Aussitôt, il m’emmanche sa semelle dorée infusée au haki dans la gueule. Ma tête vole et part s’éclater contre le mur derrière moi ... mais mon corps aussi. Et le tout heurte violemment la paroi sur laquelle je suis comme encastré, je glisse le long de celle-ci, et je tombe comme une merde, sonné.

- Je suis désolé pour tout ce que tu as eu à subir. C’est fini maintenant, pars.

Salem n’en revient toujours pas, il se mettrait presque à chialer.

- M-Merci mon Roi !

Oh non, dommage pour lui, mais je laisserai pas passer ça !


Phantom


Je suis pas complètement remis mais je me divise et une multitude de petites baies fusent en direction de ma petite victime préférée comme un putain de spectre vengeur. Je me reforme devant lui, je tente un sourire assuré, la gueule en sang, les yeux qui regardent plus trop tellement droit parce que j’ai la tête qui tourne sérieusement.

- On b’oublie gomme un butain d’clebs ?

Salem se met à hurler de peur à cause de ma gueule, gueule que j’infuse au haki -au moins le front, front que je lui éclate sur le sien qui tombe dans les vappes.

- AAAAAAAH ! BUTAIN DE BORDEL DE BERDE QUE CA FAIT BAL ! ET GUEULER ENGORE BLUS !
- Pitoyable ...
- DA GUEULE !


J’ai l’impression que ma tête va péter comme une putain de pastèque ! Alors j’arrête de m’égosiller comme un con en me la prenant entre mes deux paluches, comme si ça allait s’arranger aussi facilement ...

Sauf que le Satoshi a de la suite dans les idées ... Sur le sol jonché de débris, je vois son ombre qui s’approche de moi, nonchalamment. Et je sais ce qu’il va faire alors je divise encore une fois mon corps en baies et je viens le frapper avant que lui ne le fasse, histoire de me laisser un instant pour me remettre de tout ça. Oh, rien de bien méchant hein, j’envoie mes baies de façon chaotique, juste pour l’occuper à les parer. Un peu comme un chat et une pelote de laine. Pendant qu’on fait joujou, je me permets un regard en direction de Joe. Pas là ? Très bien !

- Hin hin hin ... Hin hin hin !

Satoshi capte que je trame quelque chose mais il ne peut pas ne pas parer mes baies qui viennent l’assaillir, et puis il fait presque ça machinalement.

- Maintenant qu’il n’y a plus de témoin, je peux utiliser cette technique ...
- Un grand classique, Salade, tu m’assommes.


A mesure que nous parlons et que j’avance ma tête, ma crête se transforme en tignasse de plus en plus longue. Chaque grosse mèche s’anime une à une comme un serpent menaçant.


evyL Krête


Je me reconstitue, et mes mèches foncent vers les extrémités du corps du Shichi et viennent s’enrouler autour comme autant de sarments capillaires. Les poignets et les chevilles sont pris, le cou également ... sauf mes mains ne le sont pas, à moi.

- Tu n’es pas un Logia, si je n’m’abuse ... Tant pis pour toi, il parait que l’or est le métal le plus malléable !


Snap of Hyena


Je plaque mes mains sur son avant-bras gauche comme deux étaux qui se resserrent lentement, mais toujours plus ... Il essaie bien de former une légère couche dorée sous ma paluche mais c’est inutile. Lentement, un peu plus ... Satoshi commence à grimacer, il essaie de se débattre autant que j’essaie de le maintenir en place. Quelques secondes plus tard, j’entends ses os qui commencent doucement à se fendiller à mesure que le rictus carnassier sur ma gueule me la déforme en s’agrandissant. Piécettes lâche un cri de douleur et ...

- Tu ressembles à rien comme ça, as-tu songé à te raser ?

Merde ! Sa main droite fait un tour complet en coupant net mes cheveux ! L’enfoiré a formé un espèce de rasoir en or l’instant que je le torture ! Je n’ai plus d’emprise sur son bras droit maintenant, et le voilà qui l’abat horizontalement sur le sommet de mon crâne ! Mes cheveux tombent à l’endroit où j’avais une crête il y a encore une minute, mais pire que ça, je perds complètement mon étreinte sur son cou et sa cheville gauche !


Gold Wall



Voyant qu’il prépare une attaque, je retire illico mes mains et mes mèches pour m’apprêter à me défendre mais c’est trop tard : une épaisse et vulgaire coque dorée qu’il a formé comme il a pu me sépare de lui maintenant, et il l’envoie valser contre le mur d’en face, avec moi derrière. Infusée au haki, j’ai pas d’autre choix que de bouffer. Je retombe dans un bordel monstre, à la limite de tomber dans les vapes.
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Quelle meilleure demeure pour un cafard que sous les débris ? Il s'y sentait d'ailleurs tellement à son aise qu'il ne bougeait plus. Un instant dans le coaltar, joliment expédié dans le mur par un roi en costard, Joe revenait à lui. Le temps qu'il ait à nouveau les yeux en face des trous, le cafard en vînt à se demander comment il avait pu traverser le mur de la pièce dans laquelle il se trouvait. À ses pieds : une ceinture de Ventio Dials brisés par l'impact de quelques éclats du mur.

- Celui là alors... Quel rancunier.

Une fois que l'hôpital eut vite faite de se foutre de la charité, les bruits sourds de l'or tintant violemment contre les os du punk parvinrent jusqu'aux oreilles du souverain déchu. Ce dernier, sans trop s'inquiéter aussi longtemps qu'il n'était pas celui qui prenait les coups, se redressa au milieu de cette salle obscure dans laquelle il avait atterri à l'insu de son plein gré. Prenant soin de s'épousseter, il tenta en vain de discerner ce qui l'entourait dans la pénombre. Curieusement, aucune fenêtre ne donnait sur cette pièce énigmatique dans laquelle le cafard n'avait jamais été fureter depuis qu'il domiciliait au palais.

- Tiens bon mon Mahach. Au moins le temps que je foute le camp d'ici, ça m'ira fin bien hin-hin.

Le malheur des uns faisait le bonheur des autres et Joe avait la fâcheuse manie de porter la poisse aux alliés qui lui servaient trop souvent de sacrifice humain.
Pour feu sa majesté-capitaine Joe Ier, c'en était fini des facéties royales. Il fallait vivre avec son temps, surtout lorsqu'un un capitaine corsaire en colère se mettait en tête de débuter un nettoyage de printemps à grand renfort de haki et autres coups de talon. Tout avait une fin, la lignée Biutag comme la bonne santé de Mahach n'échappaient pas à cette règle immuable.

Prêt à décarrer du palais royal, et même de Juicy Berry, le cafard se cogna lamentablement le genou en tentant de s'extirper de là où il était par l'orifice mural d'où il avait surgi. Une sortie à la hauteur de son règne, il avait su rester fidèle à lui même.
Quelque fut le mobilier présent sur place, il était manifestement entreposé de manière trop anarchique au goût du cafard qui ne se privait pas de jurer comme un charretier en frottant frénétiquement sa rotule meurtrie. Soucieux de ne pas repartir en boitant à force d'abuser l'interaction entre ses jambes et le mobilier tapi dans l'obscurité, Joe se décida à craquer une allumette irradiant spontanément la modeste salle d'une lumière blafarde.


- Nom.... de....

Aucun juron sur cette planète ou sur une autre n'aurait été assez prenant pour se faire vecteur de l'heureuse surprise qui venait d'assaillir le cafard. Ce n'était pourtant pas dans un coffre-fort qu'il avait atterri, mais eut égard à la situation dans laquelle il se trouvait présentement, jamais il n'eut rêvé d'un trésor plus adéquat, d'une opportunité plus alléchante pour expédier les affaires courantes.

Une armurerie royale. Celle-ci était davantage garnie d'armes de collection qu'un arsenal ayant vocation à repousser un siège. Cependant, au milieu des pétards clinquants et autres fusils ne servant qu'à mettre en valeur les murs qu'ils ornaient, trônait une pépite parmi les pépites.
Comme absent, halluciné par cette découverte inattendue, c'est fébrile que le cafard se traîna afin de porter son dévolu sur cette arme suscitant tant d'émois chez lui.

Du bout de l'index, il dessinait la courbe de l'immense canon. Un simple contact de l'épiderme sur cet alliage d'une pureté sans pareille suffisait à lui couper le souffle. Le tracé du doigt le long de l'arme semblait ne pas se terminer. C'était long, c'était dur, et ça allait bientôt envoyer le purée.

Spoiler:

- Retraite ajournée, cap vers la salle à manger ya-hin-hin-hin-hin-hin-hin !

Pour le plus grand bonheur d'un certain punk, contraint et forcé de bloquer des coups de pieds avec ses dents, le capitaine Blattard revenait dans la course. C'est fou ce qu'un bazooka de deux mètres de long pouvait prodiguer comme courage chez certains.


***


- Quelque part, une telle pugnacité force le respect.

Pugnace, Mahach l'était. Endolori aussi. Surtout même. Gisant à même le carrelage glaçant et couvert de sang de la salle à manger, il n'abandonnait jamais. Pareille volonté n'était pas une affaire de courage mais de hargne. Tant qu'il n'était pas crevé, il restait dans la partie. Tant qu'il restait dans la partie, rien n'était jamais joué.
Tandis que Satoshi essuyait de son mouchoir l'abondante hémoglobine ruisselant sur le cuir de ses chaussures, le punk mit à contribution cette courte pause dans le massacre pour mieux se redresser. L'entreprise fut laborieuse mais menée avec succès.

- Tu ne sais donc jamais quand t'arrêter hein ? Il faut que ça soit jusqu'au bout.

- J'ai l'impression d'entend' causer ta sœur.

Toute mesquinerie était bonne à cracher quand on avait les poings en charpie et une gueule de hamster à force d'encaisser sans rendre la monnaie de sa pièce au lingot ambulant. La situation était mal rendue, Satoshi n'était pas seulement fort, on aurait pu le croire invulnérable tant l'or dont il se recouvrait pour amortir les coups constituait une protection apparemment sans faille.
Contrairement à un certain usurpateur, le suppôt du gouvernement mondial n'était pas devenu roi par esbroufe, cela devenait plus évident pour Mahach chaque fois que la pointe des chaussures de Satoshi venait côtoyer ses gencives.

Une nouvelle session de ratonnade dorée s'en allait débuter quand le roi légitime se stoppa net pour pivoter légèrement la tête sur sa droite. Il tendait l'oreille. Derrière lui, issu du couloir menant à la porte qu'il avait fait bondir pour interrompre le festin Blattard, émanaient des bruits de pas rapprochés. Quelqu'un courrait en leur direction. Un renfort inespéré fusait à vitesse d'homme, cet homme de la providence ne tarda pas à pointer le bout de son nez, arborant fièrement cette mine aussi satisfaite que sournoise.
Cet homme n'était pas un homme, cet homme, c'était le cafard. Un cafard armé, aux yeux dissimulés derrière une paire de lunettes de soleil.

- Maintenant que j'y pense, j'ai pas eu de dessert !

Si tel était son souhait, il risquait effectivement de déguster.
Perplexe, Satoshi ne se serait jamais imaginer voir Joe retourner de son plein gré dans la fournaise qui l'attendait ici-même. De par sa notoriété, le loustic était réputé comme suffisamment lâche pour fuir systématiquement les combats qu'il ne pouvait remporter. Qu'il soit présomptueux, bluffeur ou simplement inconscient, cela importait peu pour le capitaine corsaire : le cafard avait manqué une occasion de lui filer entre les pattes, et il ne comptait pas lui en laisser une seconde.

- C'est bien ce que je disais... Vous ne savez jamais quand vous arrêter.

Pour le coup, Mahach était éberlué par le retour presque triomphal de son capitaine. Modestement contrarié, le roi légitime de Juicy Berry le toisa avec mépris.

- Me regarde pas comme ça, j'tais persuadé qu'il avait foutu le camp ! C'est pourtant pas son genre de jouer les héros... M'enfin j'vais pas cracher dessus. OH ! JOE ! QU'EST-CE QUI T'AS PRIS SI LONGTEMPS BORDEL ?!

Longtemps, c'était le mot juste. Les minutes passaient effectivement très lentement lorsqu'on subissait les assauts répétés d'un roi heurté dans sa fierté. D'autant plus quand ce dernier était gavé d'un fruit maudit et enrobait ses coups d'un haki pour le moins destructeur.
Joe avait été évincé de la scène pendant un bon quart d'heure avant son retour, on pouvait dire qu'il avait su se faire désirer. Tout fier, mais néanmoins quelque peu vexé qu'aucun de ses deux convives ne mentionne le bazooka reposant sur son épaule, il insista de plus belle pour exhiber la bête.

- Je suis tombé là-dessus tout à l'heure.

Il ne précisa pas « littéralement ».

- Alors tu penses bien qu'avec un joujou pareil entre les mains, il fallait être présentable, c'est la moindre des choses.

Si aucun des deux spectateurs de la seconde venue du cafard ne comprirent ce qu'impliquait « être présentable », Mahach blanchit quand ses méninges, pourtant malmenés, se mirent en branle pour convenir d'une équation dont l'issue lui hérissait le poil.

- Me... M'dis pas que les lunettes...

- Elles en jettent hein ?! J'ai bien mis dix putain de minutes avant d'en trouver une paire dans tout ce foutu palais, mais honnêtement, ose me dire que ça en valait pas le coup.

Le punk avait subi les coups les plus violents qu'un homme puisse encaisser, il avait repoussé sans cesse plus loin le seuil de la douleur qui l'accablait, tant et si bien qu'il se serait cru increvable. Et pourtant, la présente connerie de son capitaine manqua de le terrasser d'une crise cardiaque.

- Tu... Tu.... Tu m'as laissé m'faire casser la gueule pendant dix minutes... POUR UNE CONNERIE D'PAIRE DE LUNETTES ?!

Ne s'étant pas attendu à un telle réaction, pourtant prévisible, de son homme d'équipage, persuadé qu'il aurait été accueilli en héros, Joe, poussant le culot aussi loin que le punk poussait la limite de sa tolérance à la douleur, secoua la tête comme atterré, s'adressant à Satoshi pour le prendre à partie.

- Nan mais t'y crois ça ? Ce type, je viens pour le sauver alors que j'aurais très bien pu foutre le camp, t'es témoin. Je me donne la peine de trouver un accessoire de choix pour soigner la mise en scène de mon retour triomphal, c'est la moindre des choses, et ce con... CE CON ! IL OSE M'ENGUEULER ! MAIS ON A PAS IDÉE D'ÊTRE AUSSI INGRAT ! MERDE !

- ON A SURTOUT PAS IDÉE D'ÊT' AUSSI CON ! DES LUNETTES PUTAIN ! J'ME SUIS FAIT PÉTER LES OS POUR DES PUTAINS D'LUNETTES !

Alors qu'il pensait jusque là avoir eu un parfait contrôle de la situation, Noriyaki se sentait dépassé par les événements. Presque gêné de se trouver au milieu de cette énième scène de ménage entre Blattards, il demeurait immobile, scrutant tour à tour les plaignants qui s'invectivaient à grand renfort d'insultes.

- Ça va ? Je ne vous dérange pas ?

- Toi ta gueule ! On cause !

Pourtant imperturbable jusqu'alors, le capitaine corsaire manqua de chanceler devant l'audace inconsciente dont venait de faire preuve le punk plongé à corps perdu dans son engueulade. Ce n'était pas tous les jours que l'homme aux cent carats se retrouvait bouche bée. Si les deux forbans n'étaient pas parvenus à lui infliger la moindre égratignure, ils avaient au moins eu le mérite de l'avoir outré.

- Fumier de punk à la manque va... T'es juste jaloux de pas avoir ma classe.

Si l'atmosphère s'était dramatiquement détendue, elle retrouva de sa superbe lorsque Joe arma le bazooka, Satoshi dans sa ligne de mire.

- Bon, on en rediscutera après le dessert. Là, tu m'excuseras, mais faut que je dégomme l'autre con.

Pas folle, la cible s'était déjà recouverte d'or, prête à recevoir comme il se devait la tentative d'éradication lui étant vouée. Poings armés de haki ou boulets de bazooka, cela revenait de toute manière au même pour lui.

*clic*

- Eh ben ? Pourquoi ça part pas ?

- Tu t'y prends mal Joe. Essaie-voir d'tourner la poignée.

Tout aussi tape-à-lœil avait pu être le bazooka, il n'avait pas été fourni avec le mode d'emploi. Technologie pour le moins inconnue du cafard, ce dernier orienta le canon de l'arme vers le sol alors qu'il bidouillait du mieux qu'il pouvait, faisant coulisser la gâchette amovible, cherchant à provoquer une réaction, quelle qu'elle soit.
En attendant, il devait sa grâce à la patience de son adversaire.

- Tu perds rien pour attendre toi ! Tu vas voir ce que je vais te mettre ! Allez ! Connerie de gâchette à con, tu vas fonctionner oui ou merde ?!

Adressa t-il à l'attention de Satoshi, pour le moins déconcerté du caractère grotesque de la tentative d'attaque de l'usurpateur à son encontre. Pour peu, il l'aurait presque pris en pitié et lui aurait volontiers appris à se servir du burn-bazooka dont il s'était emparé.

- Attendez, attendez ! Je crois que je tiens le bon b...

BOAM !

Canon orienté vers le sol, Joe, en laissant partir le coup à ses dépends venait littéralement de scier la branche sur laquelle il était perché. Tombant deux étages plus bas, son arme se réceptionnant sur son crâne, il avait eu son compte avant même que Satoshi ne porte la main sur lui.

À la salle à manger, un silence pesant s'instaura alors que les deux hommes restants maintenaient les yeux rivés sur cet immense trou dans le sol d'où émanait des gémissements plaintifs induits par la douleur exprimée par le cafard.
Embarrassés l'un comme l'autre par la prestation à laquelle ils venaient d'avoir droit, leurs regards se croisèrent alors, ni l'un ni l'autre ne trouvant les mots justes pour commenter cette prouesse qui avait eu lieu sous leurs regards médusés.

- Deux-cent-trente-deux millions de berries pour ça ?

- Je m'refuse à tout commentaire...


Dernière édition par Joe Biutag le Jeu 16 Mar 2017 - 14:47, édité 2 fois
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- Merd' ! A côpshé !
- Je te dis que tu vises trop à droite.
- T'crois qu'psch'est fachile de shiser avec la gueule qushe tu m'as pfaite ?? J'bois quedal avec mes cocards qui ont pfonflés !
- Certes, certes... * BIM ! *
- Ooooh ! D’où qu'tu m'frappes là ?
- Je t'ai remis la tronche en place. Tu parles et vois mieux non ?
- Ah putain ouais ! * BIM ! * Hin hin hin j'lai eu c'te fois, c'te pourriture !

Noriyaki avait décidé, dans sa grande mansuétude, d'accorder sa dernière volonté à Mahach. Voilà pourquoi le punk se tenait au-dessus du trou que venait de creuser le Biutag pour bombarder le cafard avec des objets en or. Des boulets de canon, des couteaux, des maillets et des tongs dorées gisaient donc autour d'un Joe qui gémissait toujours deux étages plus bas. A présent, Mahach s'acharnait à lancer des paires de lunettes en or. Avec hargne et après les avoir infusé au haki, évidement.

- Bon ça suffit, finit par déclarer le corsaire, c'était marrant les cinquante premières minutes mais ça finit par être lassant.

Quand on vous disait que Mahach pouvait être tenace !

Move like Jagger

Un coup soudain dans le torse du punk l'empêcha d'esquiver quand une vague de métal dorée lui prit les jambes. Bientôt, son corps entier fut figé dans le métal précieux à l'exception de sa tête qui dépassait. Même sa crête était teintée.

- Voyons, ce n'est pas très élégant de ta part, réprimanda Greed qui matérialisa un anneau d'or pour le lancer sur l'un des deux index tendus et maintenant dorés du punk.

Le corsaire tâtonna de la pointe de sa botte le corps de Salem. Celui-ci ne broncha pas. Noriyaki frappa plus fort.

- Hugh... gémit le pauvre gars.
- Ah ! J'ai bien cru que Salade t'avais buté ! Allez, debout l'ami. J'ai déjà exaucé un vœux aujourd'hui mais je suis encore d'humeur généreuse. Tu m'as amusé avec ton SALEM, Salade. C'était une idée en or. Je vais te présenter le mien : voici mon Soldat Assigné à Lyncher et Éliminer Mahach ! Bon, je te l'accorde, c'est moins bien trouvé que toi, j'ai dû rajouter des mots de liaison...

Le souffre douleur se redressa, retrouvant de la force à la perspective d'une vengeance toute proche. Greed tapota la sculpture de punk qui ornait maintenant sa salle à manger en évitant ses dents quand elle tenta de le mordre.

- Tu peux y aller, c'est un bel or dur. Il ne s'échappera pas. Je te laisse gérer, conclut Noriyaki en tendant à son fidèle soldat une batte de Baseball créée avec ses pouvoirs.

Le corsaire posa son pied sur la première marche d'un escalier en or qui se matérialisait sous ses pieds au fur et à mesure qu'il descendait dans le trou que le cafard avait créé.

- Je suis ravi que tu creuses ta tombe toi-même, mon cher Joe, mais tu aurais pu éviter de le faire dans mon plancher, lança-t-il en arrivant deux étages plus bas, ta prime ne sera jamais suffisante pour couvrir les réparations.

La pièce dans laquelle il se trouvait était équipée d'une vaste piscine remplie d'or fondue. Noriyaki tressaillit : quelle part de sa fortune ces maudits pirates avaient dilapidé ?
En fouillant les lieux du regard, Greed eut une deuxième mauvaise surprise : l'insecte qu'il s’apprêtait à écraser s'était enfui. Seuls gisaient au sol les objets lancés par Mahach et lui plus tôt. En partie, du moins, cette pince de Joe n'avait certainement pas pu résister à en voler quelques uns.

Il allait fouiller tous les recoins de la pièce  lorsqu'un cri résonna au dessus de lui.

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

La sculpture de Punk s'écrasa à ses pieds.

- Hin hin hin ! ricana Mahach en relevant la tête. J'ai réussi à échapper à ton putain de larbin ! En plus, j'ai...
- Tu as un plan pour t’échapper de ma technique, c'est ça ?
- P'tain vas y, casse pas mon effet d'annonce !
- Tu sais que tu n'es pas obligé de te marrer comme un crétin à chaque idée que tu as ?

Le punk se fragmenta brusquement en petites baies qui se déversèrent hors des pièges d'or qui l’emprisonnaient et se reconstitua en dehors, l'air passablement fier de lui.

- Voyons Salade, arrête d'afficher une telle tête de débile. ça fait cinq minutes que tu te fais taper dessus par mon Salem... tu aurais pu être content de toi si tu avais fait ça plus tôt...
- 'TAIN MAIS TU ME GONFLES !! J'vais t'marrave ! ET JE M'APPELLE MAHACH !
- Tu vas mourir, alors peu importe que tu te nommes Mâche, Salade, Mahach ou Jean-jacques... Goldman !

Plusieurs couches d'or se superposèrent sur le corsaire pour former une armure impénétrable. Il était temps d'en finir. D'abord, dégommer salade. Ensuite, l'insecte.
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- PUTAIN DE MERDE ! Tu me tapes sur le système, Noriyaki ! Je vais te donner de quoi me prendre au sérieux !


Black Monster Canon Paw



Vas-y, souris ! Tu fais qu’alimenter ma haine déjà bien enflée, autant que mes veines qui strient mon front depuis quelques minutes déjà. Je vais te faire regretter de m’avoir ridiculiser comme ça ! Je saute pour le rejoindre en finir avec lui.

Je rassemble mes baies autour de ma tête pour la protéger, et là où d’habitude je les envoies toutes sur ma cible pour la mitrailler de coups, je préfère coller de bonnes grosses mandales dévastatrices tout droit inspirées de la Boxe du Poing Puissant, infusées au haki. Je ne cherche pas à savoir, tout ce que je veux, c’est cogner le plus fort possible, si fort que mon poings équivalent à des coups de canon.
Sous ma frénésie désespérée et véhémente, les couches d’or s’écaillent peu à peu mais il parvient à se recouvrir plus ou moins à chaque nouveau coup.

- CREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEVE !

BOUM !

- Crève !

BOUM !

- Crève !

BOUM !

PUTAIN MAIS C’EST PAS POSSIBLE ?! QUAND ? QUAND EST-CE QU’IL VA ENFIN CANNER BORDEL DE MERDE ?!

- Crève ! Crève ! Crève !

BOUM ! BOUM ! BOUM !

...

...

Dans le nuage de poussière qui emplit tout la salle, je m’écroule de fatigue, comme d’habitude, quand je siphonne sec ma rage, du trop plein jusqu’à la réserve ... Je halète, explosé. Mon corps est traumatisé par l’effort et commence à trembler sans que je puisse le contrôler. Même ma respiration est tremblante. J’ai encore envie de hurler à m’en déchirer les cordes vocales et rompre ce silence bien trop long à mon goût, mais je peux pas. Même pour célébrer mon éventuelle victoire ou signer cet effort d’un cri aussi bestial que lui ...

Et puis ...

- C’est bon ? T’as fini ?

MAIS MERDE ! C’EST QUEL PUTAIN DE GENRE DE MONSTRE CE TYPE ? IL EST VRAIMENT INCREVABLE ?

Ouais, y’a pas de doute à avoir, c’est bien sa silhouette qui me nargue derrière la poussière qui retombe. Toujours debout ...
Moi, vautré dans mon coin, je contrôle plus mon corps, dont mes mains posées à plat sur le plancher et comme à vouloir se resserrer en poing, sauf que de rage, je me mets à le lacérer comme s’il s’agissait du cuir d’un énorme colosse ! J’utilise sans même m’en rendre compte une technique du Poing Tranchant tellement ce que je vois me scie les nerfs !

Mais j’ai quand même le droit à ma petite victoire personnelle. S’il fait toujours le beau, il est sacrément bien amoché, héhé ! Et ça manque pas de m’arracher un large rictus qui fend ma gueule en deux ! Son corps n’est presque plus que de la chair tuméfiée, à moitié ensanglantée, à moitié dorée. Il est complètement dégueulasse, limite flippant, mais il se permet de resserrer le noeud de sa cravate.

- Mais je dois avouer que je ne m’attendais pas à cela de ta part. Alors je vais te faire une dernière faveur : je vais en finir avec toi, mais avant, je vais m'assurer d'écraser pour de bon le cafard d'un plat de semelle. Ne bouge pas, je reviens.

Il me tourne le dos, fait un ou deux pas, lentement, puis il se retourne, l’air faussement amusé.

- Ah oui, j’oubliais, tu ne peux plus ...

Le fils de pute ! Il reprend sa route à la même vitesse, comme s’il se délectait de ce moment. Allez Mahach ! Putain mais bouge ! C’est le moment !

- Oh oh oh ! Quel plaisir je vais prendre à te tuer Biutag !

MAIS ALLEZ PUTAIN DE MERDE ! BOUGE TOI LE CUL ! BOUGE ! Ah ... o-oui ... VOILA !

Je commence à former lentement un vortex de baies autour de lui, plutôt et plutôt instable mais il me coûte déjà toute l’énergie qu’il me reste. Mais enfin, Satoshi se retourne.

- Voyons Mahach, tu penses pouvoir m’arrêter avec “ça” ?
- T-Ta gueule N-No-Noriyaki, tu ... tu sais b-bien que ... c’est ... moi ... ton ad ... ton adversaire !


Bordel de merde, tout me coûte tellement d’énergie ... je n’ai plus qu’un envie ... c’est de ... c’est de ... de fermer les yeux et ... me laisser aller, ... m’endormir ... m’endormir et ... et ...



HMMF !



Et se faire réveiller méchamment dans une inspiration aussi brutale que profonde ! Ma respiration est complètement coupée ! Je regarde Satoshi les yeux exorbités de douleur, il m’adresse un rictus carnassier et satisfait alors qu’il me montre une de mes baies qu’il a attrapé et poignardé à l’aide d’un poignard en or qu’il a confectionné dans l’urgence !

Ma vue se trouble, je gerbe du sang, mes baies tombent une à une, inertes, puis ma tête ... L’obscurité ...  vient gêner ma vision ... ma cafetière ... peu à peu ... et puis y’a ... qui ...

Le néant.
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Du punk, il n'en restait que les baies, ces billes éparses étalées de long en large à travers la pièce. On pouvait dire qu'il avait été littéralement réduit en morceaux. Non mécontent de s'être enfin débarrassé de ce gêneur tenace, Satoshi savait que le ménage n'était pas terminé.
Comme le son d'un insecte galopant à même le sol, un cliquetis irritant attira immanquablement son attention.
Cette source de nuisance sonore, il la connaissait, ce bruit, c'était le chant du cygne, la dernière hymne à la vie du capitaine Biutag.

Lentement, impérieux, le redoutable capitaine corsaire daigna tourner la tête et accorder un regard pour le moins incisif, adressé à ce misérable sous-être qui ne l'avait que trop contrarié. Tout bonnement ridicule, fidèle à sa réputation, Joe cherchait frénétiquement à forcer la poignée de la pièce dans laquelle il s'était retrouvé captif malgré lui.

- On va quelque part monsieur Biutag ?

Grillé, le cafard aurait pu se rendre à l'évidence, tenter de résister dans un assaut final imprégné de panache et de bravoure, mourir en combattant avec fierté. Il aurait pu, s'il n'avait pas été ce qu'il est. Et il n'y avait aucun mot suffisamment violent pour décrire précisément ce qu'il était.

- Oh ça ? Euh... Je... J'allais aux toilettes ?

Tant de veulerie, de perfidie, de lâcheté teintée de sournoiserie, tout cela en un seul homme, si tant est que des individus en ce bas monde pouvaient encore considérer Joe comme partie intégrante du genre humain, tout cela commençait à user le potentat au cœur d'or, un cœur froid qui ne battait que pour la richesse.
Et Joe surenchérissait en continuant de chercher à forcer sa sortie, s'acharnant sur la poignée, sachant pourtant pertinemment que toute tentative de fuite serait vaine.

Il avait fière allure. Couvert de poudre suite à ses essais d'artillerie peu concluants, le sang qui avait coulé de ses arcades semblait chercher à diluer la crasse quasi illimitée ayant recouvert son visage. Seul le contour de ses yeux restait vierge de saleté, témoignant de la marque des lunettes de soleil, hélas brisées dans sa chute ultérieure.
Si Satoshi avait hésité avant de s'en aller le laminer gaiement, c'était avant tout car il rechignait à l'idée de se salir davantage en portant les coups amplement mérités par le cafard. Toutefois, grand seigneur, il se fit violence et décida de s'abaisser au niveau de son adversaire, même si cela nécessitait de devoir ramper dans la fange d'où était issu le sinistre capitaine Blattard.

Tout en s'avançant paisiblement vers cette proie qui s'acharnait misérablement contre la porte de sortie, retroussant ses manches, signe précurseur d'une raclée qui s'annonçait cuisante, le corsaire regarda la piscine d'or dont la température nécessaire à la fonte rendait l'atmosphère de la grande salle vide suffocante.

- Une idée à toi ça aussi ?

Crispé toutes dents dehors, Joe ne l'écoutait même plus. Il était piégé mais ne voulait s'y résoudre, reportant toute sa concentration sur le solide loquet dont la simple existence justifiait le trépas imminent.
Son manque d'attention était en soi un mal pour un bien. S'il avait répondu qu'il s'agissait de la piscine d'or du gouverneur et qu'il avait décidé de la faire fondre à l'aide de Heat Dials disposés au fond du bassin, tout en ayant nourri le désir secret de faire quelques brasses dedans, tant de conneries n'auraient fait qu'attiser la fureur de son bourreau en devenir.

Au fur et à mesure qu'il s'approchait de Joe, comme se délectant par avance des douleurs qu'il s'en allait prodiguer à l'usurpateur, Satoshi se recouvrait de couches d'or superposées, s'enrobant alors dans une armure dorée qui, si elle entravait la fluidité de ses mouvements, assurait la brutalité de ses coups à venir.
Ils allaient être violents les coups de pieds qui s'abattraient sur ce cafard à présent si proche, si vulnérable, si... souriant ?

- YAaaAAaaAaAaaAaaaaArgh !

Retors toujours, vicieux en toutes circonstances, Joe ne manquait jamais de ressources. Tout inconscient persuadé d'avoir enfin le dernier mot sur le cafard devait au préalable méditer sur la Genèse d'un pareil sobriquet. Quintessence de l'horripilant et du nuisible, les cafards étaient aussi réputés pour cette obstination malsaine à ne jamais vouloir crever.
Tout ce qui creva lorsque Satoshi fut à portée de son obsession du jour, ce fut son œil droit.

Vif, précis, ayant poussé le vice jusqu'à préméditer son coup, le Blattard à casquette avait patiemment attendu que l'auguste souverain de Juicy Berry ne soit à sa portée. Plus précisément, à la portée de son ultime atout : une queue de scorpion immense, funeste et sinueuse, sortie de sous son manteau de fourrure avec une fulgurance telle qu'elle prit le corsaire doré par surprise.
Ce dernier n'eut pas été recouvert de l'encombrant métal qu'il aurait peut-être pu se montrer suffisamment véloce pour échapper à cette surprise de mauvais goût. La folie des grandeurs causait la perte des grands hommes. Minable comme était, Joe, celui-ci avait encore de beaux jours devant lui.

- Eeeeeeeeeh bien eh bien ? C'est donc vrai ce qu'on dit ?

Mains dans le dos, sûr de lui, affichant ce sourire narquois et satisfait qui ne quittait pas son faciès de vermine, Joe quitta sa porte pour à son tour s'avancer avec arrogance vers cet ennemi qui gesticulait, une mains sur l'œil d'où émanait un flot abondant d'hémoglobine.
Trop occupé à ressentir la fourberie du cafard jusque dans sa chair sanguinolente, Satoshi ne lui porta pas la réplique en lui répondant "quoi donc ?"

- Qu'au royaume des aveugles.... Les borgnes sont rois ! YA-HIN-HIN-HIN-HIN-HIN-HIN-HIN-HIN.

Le plus dramatique dans l'affaire, c'est qu'il ne cacha même pas la fierté d'avoir à assumer la paternité d'un calembours aussi macabre.

- ...HIN-HIN-Hiiiiiiin.... C'était bien trouvé, t'en penses quoi Mahach ?

Si ce n'est les cris de rage et de douleur du corsaire, seul le silence demeurait dans la salle, un terrible son aux oreilles d'un humoriste incompris.

- MAHAAAAAAAAACH !!!

Il y tenait à ses applaudissements, quitte à les arracher de force. Ce trait d'esprit, il l'avait mûri longtemps, peut-être même y avait-il réfléchi avant d'envisager d'éborgner le corsaire d'un coup sec et inattendu, misant sur le fait que son obtention d'un fruit du démon ne soit pas encore de notoriété publique.
Cherchant son matelot, visage hargneux tant il était vexé de ne pas avoir eu droit à sa gratification rigolarde, il observa les baies de tailles diverses, disséminées partout autour de la piscine d'or fondu.

- Ah oui c'est vrai...

Sachant son plus fidèle collaborateur quelque peu indisposé à rire, bouger, ou bien même être tout simplement conscient, le cafard reporta son attention en direction du grand cocu de l'affaire, celui qui, tout en connaissant le tempérament pernicieux de son adversaire, n'avait pas vu le coup venir. À l'avenir, il ne verrai d'ailleurs plus grand chose venir de sa droite.
L'auguste corsaire n'aurait su dire si le fait d'avoir été amputé de la moitié de vision le rendait plus hargneux, mais il concevait déjà de fabuleux projets de torture pour le scorpion. À vouloir tomber aussi bas que Joe, il avait été servi ; allant jusqu'à s'agenouiller le temps de son supplice tout en tenant sa plaie béante des deux mains. On ne l'avait pas seulement heurté au porte-feuille, mais aussi au niveau de sa fierté.
Pour le cafard, pas de pitié.

- Satoshi, Satoshi, Satoshi.... Tu permets que... je t'appelle Satoshi ? Après tout ce qu'on a vécu ensemble, c'est bien la moindre des choses non ?

Aucune réponse à sa fanfaronnade.

- Je comprends que tu ne vois pas d'un très bon... œil ma présence ici.
Maaaaaiiiiis ! On récolte ce que l'on sème. Si tu ne m'avais pas laissé pour mort il y a plus d'un mois de ça, peut-être que je n'aurais pas eu le culot de venir t'emmerder à domicile. Peut-être même que.... je serai devenu sympa.


Le ricanement qu'il essuya suite à ce postulat était irrésistible. Lui-même ne croyait pas à pareille assertion.

- Et sympathique que je suis....

Son intonation qui mêlait jusqu'alors une sorte de morbidité guillerette laissa place à une amertume acerbe accompagnée d'un visage teigneux et hostile d'où transparaissait toute la hargne qui le rongeait intérieurement, moteur de cet instinct de survie qui semait la mort partout autour de lui.

- Je m'en vais te faire une proposition, et crois-moi, quand il est question pognon, je respecte ma parole. Car non, je ne suis pas venu jusqu'à Juicy Berry juste pour tes beaux yeux. Enfin... Pour ton bel œil, on se comprend hin-hin.
Naaaan.... Je suis venu ici pour Fort Knok. Pour ce qu'il y a à l'intérieur plus exactement.


Rien qu'à l'idée de pénétrer une forteresse aussi alléchante, ses yeux prirent une dimension salement lubrique, il se frottait littéralement les mains à l'idée de la fortune qui l'attendait en ce lieu qu'il considérait déjà comme acquis.

- Tu te débrouilles pour qu'on charge tout le grisbi sur un bateau, je me tire avec Mahach enfin ce qu'il en reste, et on se quitte bons amis. Elle est pas belle la vie ?

Pour se remettre de la perte d'un organe aussi important, victime d'une hémorragie qui l'avait partiellement vidé de ses forces après une baston éreintante contre le punk, Satoshi, toujours en se tenant l'orbite vidé, était assis en tailleur, écoutant la charmante proposition du cafard qui ressemblait à s'y méprendre à un ultimatum.

- Tiens ! Pour te prouver que je suis un chic type ! En partant, je te laisserai même de quoi t'acheter un beau cache-œil, ça me fait plaisir hin-hin-hin !

Ça lui faisait tellement plaisir qu'il en jubilait de son rire de hyène vicieuse, ne cachant pas ce sentiment victorieux qui l'animait, persuadé d'avoir vaincu le roi en le privant partiellement de la vue. Lui aussi s'était montré trop arrogant, il commença à le comprendre lorsque le golem d'or se redressa lourdement, son épaisse armure se reconstituant.

- Est....ce que je dois prendre ça comme un casus belli ?

- Plutôt comme un casus berry...

Stimulé par les jeux de mots perfides qui lui avaient été lancés à la gueule après que son acuité visuelle ait été drastiquement diminuée, le corsaire avait trouvé les mots justes. Pas seulement les mots d'ailleurs.
Joe, pourtant bénéficiaire de deux globes oculaires fonctionnels, ne vit pas venir le puissant coup de pied le heurtant à pleine vitesse en plein estomac. Plié sur place, s'écroulant à genoux les mains sur le bide, son combat était terminé, il avait tout juste eu le temps d'extraire l'appendice d'arthropode dont il s'était servi plus tôt. Sans doute n'aurait-il pas dû se défaire de sa forme hybride.

- Je pourrais dire "œil pour œil", mais franchement... j'en ai ma claque de m'abaisser à ton niveau, cafard. Maintenant, tu vas m'accompagner gentiment, je vais te présenter à des amis à moi du syndicat. Des prodiges du rasoir, des artistes de l'électrothérapie par thunder dials, des virtuoses de la brûlure au cigare.
Et ne fais pas l'étonné, ça te pendait au nez depuis un moment.


Quelque peu acculé et pris de cours par les événements, Joe tenta de renouveler l'expérience de l'estoc dans l'orbite n'ayant pas été dépucelé par son aiguillon tranchant. "Tant que je gagne je joue" fut l'idée de sa démarche, eh bien il ne jouerait plus. Satoshi se saisit de l'appendice venimeux d'une main, le comprimant entre ses doigts.

- Une fois suffira, merci bien.

Instinctivement, le cafard renonça à sa forme hybride et rétracta le long flagelle prolongeant son épine dorsale. Joe était une nouvelle fois pris au piège, n'ayant maintenant plus besoin de simuler la détresse. C'eut été mal le connaître que de croire que, dos au mur, il était à cours de ressources. Le perfide encéphale bouillonnant sous sa casquette n'était jamais en reste, il turbinait jour et nuit, ne se montrant que plus redoutable dans les situations les plus critiques.

Habillé de son épaisse carapace dorée, sa majesté Noriyaki fit un pas en direction du cafard pour cette fois le saisir à la gorge. Ce fut le pas de trop. Tout aussi paralysé qu'il était par le coup qu'il avait reçu, le Blattard en chef adopta à nouveau sa forme hybride, laissant pousser la longue queue noire remuant de manière inquiétante. Il s'agissait là de l'unique organe par lequel il jurait à présent pour éructer sa sournoiserie.
Vif une fois de plus, il plaça ladite queue sous le pied de son bourreau chromé or avant que celui-ci ne l'ait posé au sol. Tout s'était joué en un instant.

- Que....

Violemment, d'une célérité foudroyante, il rétracta soudain la queue, comme ôtant une nappe sous les couverts.
Alourdi qu'il était par les quintaux d'or dont il s'était garni afin d'assurer sa puissance écrasante, l'équilibre du corsaire avait perdu de sa superbe et il manqua de tomber à la renverse.
Néanmoins, suffisamment alerte pour échapper à un coup-bas de pareille envergure, il se rattrapa avec brio... sur l'une des baies qui constituaient Mahach. D'une baie il glissa sur une autre, poursuivant sa cavalcade inversée avec maladresse, s'efforçant au mieux de ne pas chuter, reculant sans cesse un peu plus chaque fois qu'il tentait de se rattraper.
Derrière, il y avait d'autres baies, derrière, il n'y avait pas de quoi se retenir pour retrouver l'équilibre, derrière... il y avait le bassin d'or fondu dont le métal bouillant était porté jusqu'à ébullition ; derrière, il y avait l'ultime tombeau d'un roi trop présomptueux.
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Pourquoi tout ça ?

Cette pensée incongrue traversa l'esprit du maître de Juicy Berry à l'instant où son corps chancela une dernière fois avant d’entamer son saut de l'ange à l'envers dans la piscine d'or. Ange...

Oui, pourquoi tout ça, Ange ?

Pourquoi en arriver là ? Pour les richesses, bien sûr. Parce que l'argent, c'est le pouvoir. L'argent retourne des guerres, l'argent fait changer de camp bon nombre de gens. Il avait toujours aimé l'or. Pour flamber au début. Pour tout s'offrir. Pour vivre ! Puis les choses avaient changé, peu à peu. Il en voulait plus, d'or, de pouvoir, d'influence... Mais pourquoi ? A quoi cela lui servait ? A quoi bon vaincre cette pourriture de Biutag pour récupérer cette richesse dont il n'avait, au fond, que faire ?

Mitsumi, Shimeru, Hakua, Miku, Akaido, Ange, Juusei, Hitsugaya, Yukiji, Akira, Albafica, Moon, Izumi... d'autres noms s’engrenèrent dans sa tête en une liste qui lui semblait interminable de regrets.

Noriyaki grogna intérieurement : étrange instant que celui de sa défaite pour découvrir qu'il n'y avait pas que son orbite qui lui paraissait vide. Depuis quand se laissait-il aller ainsi ?

Ce n'est pas l'or, ce sont les bons soldats qui font le nerf de la guerre.

Les jambes couvertes d'or se tendirent brusquement, s'enfonçant dans le bord vertical de la piscine aussi facilement que dans du sable. D'abord la droite puis la gauche, en une fraction de seconde.

Le rictus qui déformait le visage de Joe se figea juste avant de relier ses deux oreilles quand il vit le sol se fracturer entre la piscine et lui en deux grosses fissures gémissantes. Non ! songea-t-il. Il ne peut tout de même pas être aussi monstrueux !

Son corps souffrant d'un tremblement qui n'avait rien à voir avec la fatigue, le cafard se dressa sur la pointe des pieds pour observer l'impossible : enfoncé jusqu'aux chevilles dans la roche du bord de la piscine, Greed se maintenant en une horizontale parfaite à quelques centimètres au dessus de l'or en fusion.

-Ça c'est une position qui vaut vraiment le coup d’œil !

Cette pensée mesquine s’échappa de l'esprit tortueux du cafard qui lâcha un gloussement involontaire. Si fier qu'il tentait de rester, certain que le corsaire ne faisait que se débattre face à une mort déjà acquise, chaque instant qu'il passait à observer Greed le mettait étrangement de plus en plus mal à l'aise. Pourtant, le corsaire avait l'air plus que mal en point. Les multiples filets de sang qui s'écoulaient de son œil perforé gouttaient dans la piscine d'or avant de s'évaporer en grésillant. Rien que voir cet orifice sanguinolent laissait imaginer toute l'étendue de la souffrance qu'il devait ressentir. Ajoutées à ça toutes les blessures causées par Mahach et la chaleur que le corsaire devait supporter alors que, même à quelques mètres de la piscine, elle suffisait à repousser le cafard qui sentait sa peau roussir et on comprenait que Greed était à l'agonie, non ? Alors pourquoi le maître de Juicy Berry semblait-il si serein ?
Son visage était en effet parfaitement détendu, comme s'il s'était juste endormi et rêvait maintenant dans la félicité la plus parfaite.

La fureur ravagea Joe qui se ressaisit et fit jaillir son appendice qui se déploya derrière lui. Greed ne pouvait avoir l'air si calme ! C'était comme s'il lui volait sa victoire ! Il devait souffrir !

- Tu vas enfin tomber, pourriture ??? cracha-t-il en se préparant à larder de poison son increvable adversaire.

L'unique œil de Noriyaki s'ouvrit brusquement et le corps du cafard se figea aussitôt. La force impérieuse qui jaillissait du corsaire telle une tornade invisible fut si violente que la piscine se divisa en deux vagues d'or fondu qui encadrèrent le maître de toutes les richesses comme si elles n'osaient plus l'approcher. Les baies de Mahach furent projetées dans toutes les directions tandis que des fissures apparaissaient dans les murs et que des tableaux ou des blasons qui les décoraient se pliaient et se fracassaient au sol. Dans les étages alentours, tous les êtres vivants s'effondrèrent, instantanément terrassés par l'un des esprits les plus puissants de l'île.

Dans tout le palais, seule une personne était encore en état de tenir debout. Que ce soit à cause de son esprit retors, de sa résistance insectoïde ou d'une force insoupçonnée chez lui, Joe luttait encore sur ses jambes flageolantes. Le pirate si sûr de sa victoire encore quelques instants plus tôt n'en menait cependant pas large. Prisonnier au cœur d'un cyclone de puissance, son visage se déformait maintenant sous la terreur d'une nouvelle apparition : une immense silhouette d'or se dressait lentement au dessus de la piscine.

Les vieux loups de mer étaient toujours plus dangereux lorsqu'on les acculait. En particulier lorsque ce loup était un Roi.

L'immense silhouette leva ses griffes en or avant de se jeter sur le Biutag qui ne pouvait toujours pas bouger, écrasé qu'il était par la force de l'esprit de son adversaire. Un long couinement plaintif s'échappa de ses lèvres et il comprit que sa fin était venue.

Un violent craquement résonna soudain. Un air de surprise traversa le visage de Noriyaki quand il sentit la roche qui lui maintenait les pieds le lâcher brusquement. Finalement, elle non plus n'avait pas résisté à la formidable puissance de son Haki. La douleur fulgura de milles endroits dans son corps lorsque le sol vint à sa rencontre, le vidant de ses dernières forces en même temps que de la rage violente qui lui avait redonné tant de vigueur.

Comme un dernier salut du métal le plus précieux du monde envers celui qui avait été son maître, les deux vagues d'or s'inclinèrent vers le centre de la piscine. Vers Noriyaki, qu'elle recouvrirent presque tendrement.
Le visage de nouveau apaisé, Greed les accueillit en fermant doucement son œil.

- Tout ce qui brille n'est pas d'or, murmura-t-il dans un dernier rictus avant de disparaître sous les flots dorés en emmenant avec lui le secret de cet ultime trait d'humour.

Satoshi Noriyaki, roi de Juicy Berry, Seigneur du syndicat, maître de toute richesse, capitaine des Truands, Capitaine Corsaire, Roi parmi les rois, venait de s'éteindre.

Joe reprit si brusquement sa respiration qu'il crut prendre un violent coup dans le torse. Un cadeau d'adieu de son adversaire, surement.
Le cafard ne se rappelait pas être tombé à terre, pourtant c'est sur les genoux qu'il tentait laborieusement de récupérer son souffle et de calmer l'affolement de son cœur. A quelques centimètres devant lui se terminaient les griffes de la dernière création de Greed. Le géant d'or, maintenant inanimé, avait eu le temps de laisser de profonds sillons dans le sol.

Joe tressaillit en réalisant une fois de plus que, tout comme Ariane, sa vie n'avait tenu qu'à un fil.
D'or.


Dernière édition par Satoshi Noriyaki le Lun 13 Mar 2017 - 18:21, édité 3 fois
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En cet instant solennel, effroyable même, Joe aurait aimé trouver les bons mots pour commenter l'ironie de la chose. Que l'un des hommes les plus avides du monde finisse enseveli sous plusieurs décalitres d'or bouillant, il y avait de quoi pérorer longuement sur la chose. Et pourtant, pas un mot ne s'échappa d'entre les lèvres closes du cafard. Ce dernier avait froidement scruté la mort de ce monarque qu'il abhorrait de tout son être, et pourtant, il était resté coi, placide.
Un esprit mal informé sur la nature profonde du Blattard en chef aurait pu y voir là une forme de respect. Seulement, Joe ignorait la notion même de respect. Ce qui avait avant tout motivé cette aphonie n'était rien d'autre que de l'indifférence.

Satoshi n'était plus. Demain, son assassin à casquette aurait sans doute oublié jusqu'à son existence. Aujourd'hui, Joe n'avait pas vaincu l'un des redoutables capitaines corsaires, non, à l'instant, il n'avait fait qu'expédier les affaires courantes. Manants, citoyens, soldats, monarques ou empereurs, femmes enfants et vieillards, tous étaient logés à la même enseigne dès lors où ils entravaient l'avancée sordide mais inéluctable des Blattards.

Après s'être quelque peu délecté de la retraite dorée de Noriyaki, Joe en vint au plus pressé. Lorsqu'ils apprendraient le sort funeste de leur suzerain, les membres du syndicat maintenus en laisse jusqu'à l'arrivée de Satoshi finiraient cette fois par agir. Toutes les bonnes choses ayant une fin, Joe, en son for intérieur se résolut à abdiquer le pouvoir. La mer lui manquait de toute manière, c'était un mal pour un bien.

- Mahach, arrête d'être éparpillé partout comme ça, ça fait désordre.

- J'tmrd...

Littéralement dispersé aux quatre vents, le corps de Mahach, décomposé en dizaines de baies rondes et lisses, ne s'était pas reconstitué tant il manquait de forces, ne pouvant même plus formuler correctement une insulte adressée à son capitaine. S'en allant fouiller la salle, autrefois piscine, aujourd'hui mausolée, Joe mit la main sur un amas de ballons de volley qu'il extirpa de leur filet.
Soulevant l'une des baies qui constituaient son matelot, aussi épaisses que les ballons qui étaient à présent disséminés partout à leur tour, Joe remplit le filet avec les restes éparses du punk.

- Mon salaud, tu pèses ton poids...

Il avait fallu que Joe ait recours une fois de plus à cette forme hybride qui puisait allègrement dans son endurance afin qu'il puisse bénéficier de la puissance d'un scorpion pouvant soulever jusqu'à dix fois son poids. Préférant ne pas attirer l'attention lorsqu'il sortirait du palais, il dissimula l'immense flagelle à aiguillon qui lui servait de queue, entourant ladite queue pour faire plusieurs fois le tour de sa taille et la conserver sous son manteau de fourrure.

Toutefois, même sans extension caudale ostentatoire, il allait être assez peu aisé pour lui de ne pas paraître suspect en sortant. Par dessus l'épaule gauche, un filet contenant Mahach décomposé en baies, par dessus l'épaule droite, le bazooka dont il s'était servi pour creuser une galerie entre les étages. Pareil instrument avait un potentiel destructeur qu'il ne pouvait simplement pas ignorer.

Sans adieux larmoyants, sans même un pot de départ, les Blattards foutaient le camp en catimini. Hors de question d'avoir le culot de s'extraire du palais par là-même où ils étaient entrés il y a deux semaines. Joe, alerte et surtout lâche, avait pris soin de s'enquérir de tous les passages secrets de la demeure dès les premiers jours de son règne.

Bien vite, le cafard galopa le long d'un souterrain avec son matelot en kit dans un filet. Il faisait sombre, les bruits de pas résonnaient à chaque contact avec le sol métallique. Au fond du tunnel, pas de lumière. Juste une porte.
Jamais ce passage n'avait été emprunté par le passé. L'immense volant circulaire servant à déverrouiller le loquet avait fini par rouiller. Deux serrures lui résistant dans la journée, ce fut de trop. Rageur, se servant du filet contenant Mahach en pièces détachées comme d'une masse, Joe martela furieusement l'épaisse porte métallique. Il savait que ça ne permettrait pas de l'ouvrir, cependant un tel excès de colère aurait au moins eu le mérite de l'aider à décompresser. Une chose était en revanche certaine, cela n'aiderait pas le punk à récupérer de ses blessures.

- Haa haa... Ah mais oui, quel con... Haa haa... J'avais oublié le bazooka ya-hin-hin !

Mieux valait tard que jamais. Pour Mahach en tout cas. Troquant son sac de baies avec l'immense pièce d'artillerie dont il avait saisi le fonctionnement après quelques déboires, le cafard à casquette prit du recul, amorça la crosse et, esquissant un sourire aussi ravagé que ravageur, appuya sur la détente.

Aucun son. Apparent en tout cas. L'inconvénient, ou tout du moins l'un des inconvénients lorsqu'on se retrouvait dans un couloir serré, exigu même, était que le bruit de détonation d'un bazooka avait un effet pour le moins... assourdissant.
Défoncée de ses gonds, la barrière de métal faisant office de portail n'avait pas offert la moindre résistance. Ce fut d'ailleurs tant mieux, dans le cas contraire, les Blattards seraient probablement morts des émanations de poudre concentrées dans ce couloir si étroit.

Toussant bien évidemment à en vomir leurs poumons, le gouvernement Blattard en exil dû recouvrer la santé avant même de réaliser où il se trouvaient. L'ouïe leur revenait doucement, aussi, Joe n'entendit pas les kilotonnes de jurons avec lesquels Mahach, revenu à lui, tentait de l'accabler.

- ...ulé de ...s de .ute ! Ta ..re la gro... s...pe su..... de zob ! VA CHIER CAFARD ! T'ENTENDS ?! VA CHIER !

Pour entendre, il entendait. Le punk, à force de s'égosiller, lui avait lustré les tympans à grand coup d'injures et d'invectives douteuses. Ce n'était pas qu'il était malpoli, simplement qu'il n'était pas habitué à être réveillé par une détonation sourde suivie d'une tentative d'asphyxie.
Joe, encore légèrement hagard ne fit pas attention au réveil de son matelot. Assis dans le sable, le bruit des vagues s'écrasant à même la plage sur laquelle il se trouvait le fit revenir à lui.

Leur dédale avait donné sur un bout de côte à quelques kilomètres au Sud du palais. Comble du luxe, un navire les y attendait. Deux, même. Jubilant presque, le cafard se tempéra aussitôt lorsqu'il scruta de long en large le pédigré desdites embarcations. Bien trop larges pour être manœuvrées à deux seulement, un certain détail fit pâlir le capitaine Blattard plus que de rigueur lorsqu'il porta le regard sur les pavillons bercés par la brise marine.

- Putain Joe... Mais... Qu'est-ce qu'la marine fout ici ?

Reconstitué, bien que boiteux, le punk savait sentir de la mouette quand il en avait sous le nez. Devant eux, deux bâtiments du gouvernement mondial les attendait non pas pour leur convenance, mais pour leur plus grand malheur. Ce n'était pas deux corvettes de sauvetage, mais un débarquement sur Juicy Berry.
Maintenant qu'ils prenaient soin de faire plus attention aux détails, d'innombrables traces de bottes avaient foulé et souillé le sable vierge de la petite plage discrète. Seraient-ils arrivés quelques minutes en avance qu'une cohorte de matelots aurait eu la joie de s'improviser comité d'accueil.

- Calme-toi, ils sont plus là. Toute la fine équipe a dû filer droit au palais en espérant nous cueillir. Que je m'en veux de les décevoir hin-hin !

L'essentiel à présent était de ne pas s'éterniser sur place. Contempler deux bâtiments de guerre depuis l'intérieur des geôles ne les tentant pas vraiment, les compères s'accordèrent bien vite sur la nécessité de longer la côte jusqu'à trouver une embarcation digne de ce nom afin d'achever leur débâcle comme il se devait.

Mais les augures ne se prêtèrent pas à la magnanimité. Sans crier gare, les modestes bourrasques comme les cris inélégants des cormorans cessèrent à l'unisson. Jamais une atmosphère n'avait su mieux hurler "mauvais présage".

En amont de la dune recouvrant la porte de sortie du souterrain par laquelle s'étaient extirpés la paire Blattarde, un homme se tenait là, debout, inexpressif. Ni Joe ni Mahach ne l'avaient repéré jusqu'à cet instant.
N'osant se tourner en direction de la menace qu'ils percevaient l'un comme l'autre, assaillis par une sensation désagréable qu'était l'aura meurtrière leur étant destinée, les Blattards durent vite se rendre à l'évidence : on n'échappait pas au haki de l'empathie d'un vice-amiral.
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- « Deux pour le prix d’un un ! C’est ce qu’on appelle avoir le cul bordé de nouilles ! »

Le sadisme rimait avec Salem en ce début d’année. Il n’y avait qu’à voir mon sourire pour s’en rendre compte. En plus d’être à pleine dents, il déformait largement mon faciès et me donnait l’air d’un dangereux prédateur qui n’avait qu’une seule hâte : Dévorer ses proies à portée de main. D’ailleurs, la tension qui immobilisait les deux hommes fut presque orgasmique ! Je la ressentais au plus profond de moi-même ! Jamais au grand jamais je n’avais ressenti une joie aussi malsaine lors d’une traque ! Traque qui n’aura pas duré longtemps il faut dire. Le haki de l’observation était un pouvoir qui faisait des merveilles quand on l’utilisait à bon escient, ce qui était un jeu d’enfant à mon niveau. Après un soru bien exécuté, je me retrouvai derrière eux non sans un rire qui en disait long. Cynique, grinçant, pervers même ! De quoi effrayer n’importe quel pirate sur cette partie de Grand Line. Il n’en fallut pas plus pour voir les deux forbans détaler. En les regardant courir comme des dératés, je finis par m’esclaffer. Ils étaient marrants ces gamins ! Pour autant, il n’y avait aucune raison d’instaurer le jeu du chat et de la souris. Si j’agissais avec suffisance comme la dernière fois, il y avait des chances pour qu’ils m’échappent encore. Ce pourquoi…

- « La récré est terminé mes mignons ! »

Après un nouveau soru pour apparaitre devant eux comme par magie, j’avais immédiatement saisi leurs têtes pour les fracasser violemment l’une contre l’autre. Il n’en fallut pas plus pour le petit Mahach qui tomba instantanément dans les pommes. Pauvre gamin. L’autre par contre, il avait plutôt bien tenu la marée. Même qu’il tenait encore son espèce de bazooka là. Moins fatigué sans doute. Enfin, peu importe, que m’étais-je dit avant de lui infliger en pleine gueule un kick ponctué d’une bonne dose de haki qu’il dut bien sentir passer. Et qui finit par le terrasser d’ailleurs. Évanoui comme son copain. Il m’aura pas fallu grand-chose, dis-donc ! Si je partais du principe qu’ils avaient combattu cet imbécile de Satoshi (Tout en supposant qu’il soit venu ici avant moi), tout devenait plus clair. Ceci dit, voir leurs tronches ici ne signifiaient qu’une seule chose : Qu’ils avaient vaincu le corsaire. Satoshi était un homme bien trop fier pour laisser s’échapper ces deux chiens. Je les observai avec dédain sans franchement savoir ce qui s’était passé. Je pouvais bien évidemment faire mon curieux, mais j’allais laisser la politique aux politiciens et ramener ces deux-là dans mon galion. Après les avoir menottés comme il faut, je les chargeai sur une seule épaule.

- « Ramassez-moi ça ! »

Les quelques hommes restés dans les parages avaient fini par apparaitre après m’avoir vu les mettre KO sans effort. L’un d’eux se hâta donc de récupérer l’arme que le Biutag avait en sa possession. Belle prise. Ça allait me servir à l’avenir. Après quoi je leur fis signe de me suivre. Si j’avais appréhendé les deux fouteurs de trouble, les forces de l’île allaient s’occuper du reste. Ce royaume était indépendant après tout et il me fallait respecter ça sans quoi j’allais me faire engueuler par le haut commandement. J’voulais surtout pas avoir affaire à la vierge d’acier. Cette femme m’horripilait. Jusqu’à présent, je me demandais comment avait-elle bien pu finir devant les deux hommes qu’étaient Shiro et Tetsuda. Si Shiro était un homme trop bon qui n’avait sans doute pas contesté sa montée en grade, je ne comprenais pas comment Tetsuda avait pu rester passif. Enfin… C’est pas comme si le choix dépendait d’eux en même temps. Un constat qui m’arracha une grimace alors que j’arrivais près de mon galion. Une fois sur le pont, je jetai les deux corps à même le parquet avant de charger d’autres hommes d’aller les enfermer dans des cellules situées près des cales. De toute façon, ils ne pouvaient pas m’échapper. Pas avec ces menottes à leurs poignées.

- « Contactez Marijoa et dites-leur qu’on a les deux fauteurs de troubles avec nous ! Allez, on bouge d’ici ! »

Et c’est sans savoir que mon cousin était mort que je quittais déjà l’île.

L’idée était de rejoindre Enies Lobby pour un jugement en bonne et due forme de ces connards.

Sauf que destin, vents et eaux allaient me forcer à rallier Karantane…
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Bien plus tard

- ...miral, à cause de l’intervention en urgence, nous manquons de provisions ... Les stocks seront à sec bien avant que nous n’atteignons Enies Lobby ...
- Hmm, et si on arrêtait de nourrir ces deux nuisibles ? Ca leur ferait les pieds ! Ou alors, juste le strict minimum ...
- C’est déjà le cas, Vice-Amiral ... Depuis une semaine ...
- Rhaa ... Une île à proximité pour que nous puissions refaire le plein ?
- Eh bien ... Il y a bien Karantane mais ...
- Parfait, ça fera l’affaire ! Nous irons demander à la garnison sur place !


Oh bordel, je m’y habitue toujours pas à ces maudits bracelets ... Ma carcasse est encore endolorie du combat contre Noriyaki, et j’arrive pas à me remettre bien comme il faudrait avec ce putain de granit marin ... Toujours cette foutue impression d’être dans le pâté ... Et pas celui de Shishoku en plus ...

Alors que je suis vautré, allongé dans ma cage, le Joe est tranquillement assis. Il a pas mal morflé lui aussi et contrairement à d’habitude, il a pas pipé mot depuis notre réveil sur ce rafiot du diable. C’est pas normal, j’aime pas ça ...

- Oï, Cafard ... Va pas nous faire un ulcère ... Même pour qu’on te sorte d’ici ... Y s’raient capables de nous laisser crever dans not’ merde ... R’garde nous, c’est d’jà l’cas ...

Rien. Pas de réponse.

- Oï, Biutag ! J’te cau...
- Ferme-la !
qu’il a tonné entre ses dents. Le genre de ton qui te laisse pas d’alternative. J’ose même pas le piquer d’un “Bah tu vois quand tu veux !” ...

Des bruits de pas. On vient nous voir. Et y'a peu de gens qui viennent nous voir, laissés comme des cons dans nos cages. Ca, ça peut n'être que ...

- Sa ! ...

Comme si j’étais touché par la grâce, je me relève d’un trait et je fonce droit sur lui ...

- .. leeeeeeem ...

... tout net arrêté par les barreaux qui me sapent tout le sursaut d’énergie. Je crois plutôt que je suis touché par la connerie, ouais ! Je me retrouve à deux doigts de tomber dans les pommes ... Encore une fois. C’est une manie chez moi dernièrement ...

- On dirait que la chance sourit aux pourritures ... Vous avez le droit à un petit sursis : on va devoir accoster sur Kar...
- On a entendu.


Bordel, mais le Joe va vraiment pas bien ... En temps normal, il aurait crié au régicide ou je sais pas quelle autre connerie ! C’est peut être l’effet des menottes ... Si c’est le cas, faudra que je m’en dégote une paire avec sa clé ! Parce que, qu’il ferme un peu sa gueule, ça fait du bien. Qu’il joue les taciturnes, c’est carrément flippant.

- Bon. Alors on n’a plus rien à faire ici. Profitez bien de vos derniers jours mes jolis !

Salem commence à repartir. C’est plus fort que moi complètement cassé, je sens qu’il faut que je dégueule du venin.

- Je m’en fous ... Je regrette rien ... J’ai été ministre ...
- C’est ça ... On verra bien si tu auras la langue toujours aussi bien pendue, le premier jour où tu poseras le premier pied en enfer !
qu’il me jette sans se retourner.

Teh, ce sera mon premier séjour à l’ombre de toute ma vie ! Et pas n’importe laquelle en plus ! J’ai toujours réussi à me tirer avant ... Faut croire qu’au fond, je suis un peu comme mon capitaine ... Et que je finirais comme lui ...
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