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Toubib or not Toubib

17ème étage du C.H.U...

UuuuiiuuuuuuuuuuuIiiiiiiiiUUUUUUUUUUUUUUUUiiiiiiiiiiiiWwUUUUUUUUUUUIUIuIUiuUIIIII

- Crispante cette alarme...
- C'est le but je crois...

UuuuiiuuuuuuuuuuuIiiiiiiiiUUUUUUUUUUUUUUUUiiiiiiiiiiiiWwUUUUUUUUUUUIUIuIUiuUIIIII

- Les étages inférieurs et supérieurs sont confinés ?
- Oui, un contingent de la Marine aide aussi à évacuer tous les patients et les techniciens recherchent la fuite de gaz mais elle n'est pas localisée pour le moment.

UuuuiiuuuuuuuuuuuIiiiiiiiiUUUUUUUUUUUUUUUUiiiiiiiiiiiiWwUUUUUUUUUUUIUIuIUiuUIIIII

- Je n'aime pas trop voir des militaires dans le bâtiment...
- On n'avait pas le choix, il y avait trop de patient à évacuer, si tout pète, vu l'émanation, plusieurs étages seront impactés.
- Il en reste beaucoup ?
- De ?
- De patients à évacuer.
- Quelques uns, DalmaTia est sur le coup.
- Bien parfait, les analyses sont sûr que c'est du Gaz et pas un virus ou autre chose ?
- Aucune certitude...
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J'étais pénard, dans mes limbes à me balader avec mon fils. De puis quand ? Honnêtement j'en sais rien et je m'en tamponne le coquillard, je profite de la situation, aussi fictive soit-elle. Ça faisait une paille que je ne m'étais pas senti aussi serein, détendu de la courge... Mais toutes les bonnes choses se terminent trop vite et j'suis saisi par un choc olfactif. On peut même pas profiter de son coma tranquille, il faut qu'on cherche à nous en sortir. Comme si la vie réelle était plus salutaire qu'un moment fictif avec mon défunt enfant. Je ne sais pas quelle technique ils utilisent mais ça fait réagir mon corps, il sursaute même à la limiter de la convulsion. Cette odeur est tout simplement immonde, comme du gaz ou de l’ammoniac placé sous un nez de nourrisson. Je sens que mon esprit se chiffonne, que mon paysage fictionnel se brouille, des maux de tête effroyable brise ce cocon de douceur.

J'émerge

Pupille dilatée comme après du LSD, narines qui suintent du sang, j'halète avec force. Chaque bouffée d'air me déchire les tissus interne, mon cœur palpite. Une sensation de perte de contrôle totale, très désagréable. Ce corps flasque peine à m'obéir, j'ai envie d'hurler, de rager, je ne le peux. Instinctivement je bloque ma respiration pour atténuer le cataclysme olfactif mais c'est tout mon corps qui s'en imprègne et qui réagit. Après quelques secondes je cherche, désespérément la source de cette puanteur infernale, bonne nouvelle, ce n'est pas moi, je semble propre. L'endroit aussi est propre, clinique même. Rien ne laisse à penser que l'origine provient de là et pourtant...

La source est toute proche, peu à peu je resserre cette enquête pendant que mon cœur se serre de douleur. Mes yeux, bien q'humide par le supplice; s'arrête enfin sur cette petite plante violette perchée sur le rebord de la fenêtre de la pièce dans laquelle je me trouve. Il faut que j'en ai le cœur net. Les neurones sont hagards, je mets du temps avant de reconnaître le spécimen. J'dois pas être en si piteux état car j'trouve le moyen de faire de l'ironie, j'adopte la voix de mon mentor dans une mimique destinée à un public imaginaire:

A l'éclosion, vous sentirez une odeur forte.

Mon cul sur la commode oui, c'est la mort incarnée cette plante. J'essaye de bouger ma carcasse, ça répond pas. Je force, je souffre, j'arrache quelques perfusions au passage sans forcément m'en rendre compte. Je pose mes fesses sur le rebord du lit avec une telle difficulté que même ma grand-mère, paix à son âme, pourrait me décalquer la trogne. J'trouve des forces inouïe pour me dresser sur mes deux pattes, ouvrir la fenêtre et balancer le pot et la plante par dessus bord. Enfin, dans le vide quoi car ça semble foutrement haut où je suis perché. Et puis ça caille à en perdre un testicule...

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J'suis pas frileux mais je referme quand même cette fenêtre avant que le blizzard qui s'incruste dans la pièce me fasse ressembler à un surgelé Courjault. Dès la fenêtre verrouillé, je m'affale comme une merde par terre. J'ai plus du tout de force, je suis vidé et ma tête est carrément accaparé par je ne sais quoi, peut être cette alarme qui hurle. Force est de constaté que je suis à l’hôpital vu la blouse blanche non lassée dans le dos que je me tape. D'ailleurs j'suis à moitié à poils, je me force à me relever et j'admire le paysage cette fois. C'est hallucinant, je ne sais pas où je suis mais la beauté de ce que je vois efface l'espace d'un instant ma situation précaire.

UuuuiiuuuuuuuuuuuIiiiiiiiiUUUUUUUUUUUUUUUUiiiiiiiiiiiiWwUUUUUUUUUUUIUIuIUiuUIIIII

- * Crie * Allez messieurs, il ne reste plus que cette chambre, le patient est dans le co...

Je l'ai pas entendu arriver ni ouvrir la porte, sinon j'aurai pivoté de manière à ce quelle ne puisse pas voir la raie de mes fesses à cause de cette foutue blouse... Quand je me suis aperçu qu'il y avait quelqu'un j'ai pivoté la tête et écarquillé les yeux quand j'ai vu dans l'encadrement deux malabars de la Marine avec une infirmière un peu étrange, tous portant un masque de protection.

Merde

J'suis dans une panade monumentale. J'ai pas de jus pour la baston, ni pour quoi que ce soit d'ailleurs. La femme m'agresse de pleins de questions mais je comprends rien à cause du bruit et du masque, elle semble complètement surprise de mon réveil. Les deux gorilles en uniforme ne bronche pas, ils semblent attendre les consignes. J'cogite mais le bruit est infernal. J'ai rien sous la main à leur coller dans la tronche. J'suis dans un hôpital de la Marine, bordel, prochaine étape c'est la taule. Elle réagit quand même au bout d'un moment comme je ne réponds pas à ses questions et elle s'approche de moi, j'sais pas que faire. J'tente une mouvement stupide en voulant mettre ma main devant pour lui indiquer de ne pas approcher d'avantage mais au final je perds l'équilibre et j'viens m'étendre sur le sol. La pauvre a tenté de me rattraper mais vu ma carcasse elle n'a rien pu faire. Elle gueule aux malabars de m'embarquer. Ce qui est fait sans tarder, j'suis relevé et balancé sur le lit, sanglé embarqué sur mon lit roulant à travers un dédale interminable de couloirs. La fille à la peau noire reste à mes côtés et tente encore de communiquer, en vain, j'la ferme. c'est peut être mieux de feindre l'abruti vu la situation. Si seulement j'pouvais me défendre... Elle semble néanmoins pas mauvaise cette bonne vieille et je ne peux résister à lui poser une question simple qui m'aidera à y voir plus clair...

Vous m'amenez où là ?
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Me voilà dans une pièce mais beaucoup plus lumineuse cette fois. De grandes baies vitrées laissent passer la faible lumière du jour et d'importants panneaux rayonnants chauffe cette pièce qui ressemble à une jungle miniature. DalmaTia me pousse dans un fauteuil roulant. C'est assez humiliant mais je n'ai pas le choix, je n'arriverai pas à faire dix pas avant de m'écrouler. J'cure mes oreilles et je déglutis régulièrement pour tenter de faire passer les acouphènes qui imprègnent ma tête depuis quelques heures.

J'aime beaucoup cette pièce.

Fallait que je sorte un truc agréable, histoire de pas passer pour un mufle. Le calme est revenu dans ce gigantesque hôpital. Mes explications sur l'origine de l'odeur a surpris les médecin mais après vérification ils ont levé l'alerte et commencé à ramener tous les patients dans leurs chambres. DalmaTia est restée avec moi pour m’ausculter et vérifier que je n'allais pas faire une rechute. Non, malheureusement j'étais bel et bien revenu parmi les vivants. Elle m'a posé un tas de questions, j'ai répondu à quelques une mais pas à toutes. Bien que je ne semble pas être fiché comme criminel, la Marine étant dans les parages, j'allais pas dire tout de go que je m'étais fait ramoner sur l'île aux esclaves. Elle m'a expliqué comment j'avais atterri chez eux, c'était plutôt cocasse. Après l'attaque, les gars de la révo m'avait laissé agonisant, comme une grand-mère qu'on jette à l'hospice, devant un hôpital moisi sans un mot sur une île quelconque. Les toubibs locaux n'étant pas des fous furieux de la médecine, voyant que mon état ne s'améliorait pas, s'étaient débarrassés de moi en m'expédiant à l’académie de Drum dans l'espoir qu'un petit génie arriverait à me refaire sortir du coma.

Je suis resté longtemps dans cet état ?

Pas mal de moi d'après elle, c'était flippant. J'avais conscience qu'un délai assez conséquent s'était déroulé mais pas à ce point là. Le fauteuil s'arrête, j'mets un petit laps de temps à comprendre. Les plantes que j'ai devant moi c'est les miennes. DalmaTia m'explique que dans mes effets personnels il y avait tout un lot de graines et que s'occupant de cet endroit, elle n'avait pas résisté à les planter. Ce qui expliquait la plante dans ma chambre. Elle me demande si j'étais sérieux tout à l'heure quand je parlais d'une plante qui peut ramener les morts à la vie. J'esquissai un certain sourire. Elle avait pu par elle même le constater en ma personne. Le résultat l'avait surprise, elle ne connaissait pas du tout ces plantes et leurs propriétés par contre, elle en avait rapidement compris la dangerosité.

Merci

Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai employé ce mot, c'est dire que ça m'écorche presque la bouche de le dire. Mais là c'était quand même chouette de revoir mes bestioles. Dès que la forme sera de retour, je n'aurai qu'à venir cueillir les graines pour refaire mon stock. Elle me demande des informations sur ces plantes, je lui explique tout en détails, elle prend le temps de tout écouter. Mais il se fait tard, je fais peine à voir et elle me ramène à la chambre. Avant de partir elle attrape la fiche navette et me demande si je ne me souviens toujours pas de mon nom. J'hésite un temps.

Mr P.
Mr Paquebot


Elle me répond une politesse qui m'étonne. Elle se dit très contente de me voir réveillé et d'avoir fait ma connaissance, que mon exposé sur les plantes était passionnant. Je reste con, sans rien dire. Je me ramollis, j'suis crevé, faut que je dorme, ironie du comateux...
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Après plusieurs semaines à reprendre des forces et à me gaver de l'actualité que j'ai manqué, je me sens désormais un peu mieux mais le corps reste meurtri des coups que j'ai reçu et du coma de plusieurs mois. Je découvre aussi mon nouveau sanctuaire, Drum, magnifique et sauvage écrin enneigé. J'ai pris un sacré coup de vieux, même après le passage cher le barbier et coiffeur, ce n'est guère mieux mais au moins je ne ressemble plus à un ermite ou clochard. Tout le monde est adorable avec moi, c'est stressant, je n'ai pas l'habitude. Les gens ici compensent le froid extérieur par la chaleur intérieure. J'reste toujours sur mes gardes, je m'attends à ce que la marine rapplique pour m'arrêter suite à mon action sur l'île aux esclaves. J'ai gardé contacte avec la Toubib DalmaTia, elle est gentille mais un peu foldingue, elle parle à je ne sais qui par moment. Cependant elle me laisse accéder à mes plantes et j'en prends soins, je reconstitue mon stock de Green Pop sous couvert de m'occuper des plantes afin de produire des remèdes pour certaines maladies.

Le gros point noir c'est que j'ai perdu tout contact avec la cause révolutionnaire. J'ai bien tenté un coup de Den Den rapidement depuis le hall d'entrée à l'un des numéros que je connaissais mais la ligne est morte. Je n'ai pas ou peu d'économie, pour l'instant je suis nourri et logé par l’académie mais cela va bien cesser à un moment donné ou un autre. Ma mémoire a quelques séquelles des suites du coma, je ne me souviens plus de ce que l'on devait faire après l'île aux esclaves. Ça m'agace de ne pas arriver à retrouver cette partie non négligeable du plan que j'ai en grande partie élaboré...

Quand j'ai commencé à aller mieux, on m'a payé un tour complet de l'île dans le Dalton Express, j'ai beaucoup apprécié. Cette île ne me laisse pas indifférente, je ne sais l'expliquer. Il y a un mélange ici entre la nature, la faune, la flore et les habitants. J'ai eu le droit de grimper avec le téléphérique en haut des rockies, c'était à couper le souffle. Le froid n'est pas si gênant au final, il ne faut pas le sous estimer mais on s'y habitue vite. Une autre chose qui me plaît bien, la marine ne semble pas avoir de caserne sur l'île bien qu'il y a ait un navire au port. Je n'ai pas posé de questions de peur d'attirer l'attention sur moi. Il y a quand même pas mal de touristes sur cette île, il est donc facile de se déplacer en se greffant à un groupe.

Quand le nuit vient, depuis la fenêtre de ma chambre j'admire le paysage et les lueurs scintillantes des villages de l'île. Je réfléchis beaucoup, j'avoue ne pas trop savoir que faire. Travailler un peu au port ou ailleurs pour gagner de quoi retourner sur l'Archipel Vert ? Pour y trouver quoi et qui ?

[...]

Aujourd'hui c'est DalmaTia en personne qui est venue m'annoncer qu'il n'y avait plus de raison pour me garder sous surveillance, que mon état était stable et que la mémoire reviendrait ou non et qu'il n'y avait rien à faire. Elle avait un grand sourire aux lèvres, je l'ai remercié pour tout et je lui ai dis quelle pourrait garder les plantes de la serre car pour le moment, je n'avais nul endroit où les stocker. J'ai fais mon paquetage avec les quelques affaires que j'avais et elle m'a accompagné jusque dans le grand hall d'entrée. DalmaTia m'a demandé ce que j'allais faire maintenant.

Pour vous avouer, je n'en sais trop rien, c'est confus. Je crois que je vais rester quelques temps dans les parages.

Elle a écouté une voix inaudible pour moi et a fait une réponse dans le vide à l'homme invisible en lui disant que oui, j'étais complètement à la rue. Surpris j'ai froncé les sourcils et j'ai voulu répondre qu'un bonze comme moi s'était toujours démerdé et qu'il fallait pas s'en faire pour ma trogne. Sauf qu'elle a levé le doigt vers ma bouche tout en sortant d'une poche de sa blouse un courrier. C'était une offre d'emploi comme herboriste à l’académie. J'ai mis un temps à comprendre et avant même que je donne une réponse elle m'indiqua que je commençais lundi et que j'avais tout le weekend pour trouver un logement.

Je ne suis pas vraiment quelqu'un que l'on enferme dans un bureau, même si ce bureau est une sublime serre.

Mais je parlais dans le vide, elle m'avait déjà tourné les talons et agitait son bras comme pour me dire: On verra ça lundi

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Voilà maintenant plusieurs semaines que la routine s'est installée. Le travaille me convient, les patrons sont exigeants mais pas envahissant. La paye est convenable et me permet de louer une modeste chambre à Robelle. On m'a bien proposé un logement de fonction à l'académie mais ma fierté me l'a interdit. Et je ne tenais pas non plus à faire une colloque avec des adolescents boutonneux ayant le nez dans leurs bouquins de médecine. Et puis si j'ai choisis Robelle, c'est pas pour rien. Car y a un truc qui m'chiffonne sur cette île et j'vais faire en sorte que ça change, enfin essayer.

C'est d'ailleurs pour ça que je suis dehors à me geler les testicules à trois heures du matin dans une nuit à peine étoilée, sombre comme pas permis. J'ai décidé que la chasse à la baleine devait cesser rapidement. Cela impose une gymnastique à laquelle je n'ai plus l'habitude mais c'est comme le vélo.

Couler des navires ne s'oublie pas...
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