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Et toi, à quoi tu joues ? [PV un assassin sans imagination]

Rappel du premier message :

Il y a 6 mois, sur une île quelconque d'East Blue...


    « Lâchez-moi ! »

    Le cri retentit dans une sombre ruelle. Aigu, apeuré, la jeune femme qui s’est fait coincer par un officier de la marine se débat. En vain. Ses mains coincées au-dessus de sa tête, elle s’agite, cherche à se dégager. Le soldat sourit et lui souffle de se calmer, qu’ils vont passer du bon temps ensembles. Son haleine pue l’alcool, mais sa prise est ferme. Sa victime crie plus fort, remue de plus bel. Dans son regard dépareillé, l’homme aviné voit de la peur. Son sourire s’élargissant, il entreprend de passer sa main sous la robe de la jeune femme.

    ***

    « Vous êtes sûr ? »
    « Absolument certain. »
    « Bien. »

    Un sourire peu rassurant s’étendit sur le visage de Louise. Elle laissa glisser quelques berrys dans la main de l’homme défroqué qui l’avait renseignée et quitta la ruelle sombre. Elle avait bien fait de venir jusqu’à East Blue. Depuis les semaines où elle les traquait, elle obtenait enfin une vraie piste sur les révolutionnaires. Avec un peu de chance, elle pourrait les débusquer le soir même. Ses sources lui avaient affirmée que ceux qu’elle cherchait se trouvait en ville. Si c’était vraiment le cas, ce serait un vrai jeu d’enfant. Mais avant tout, un peu de shopping !

    Par chance, la blonde avait récupéré un peu d’argent en livrant aux autorités un bandit de bas étage. Un voleur qui ne valait même pas ce qu’il dérobait, mais l’argent était toujours bon à prendre. Surtout avec ce que la jeune femme présageait. Pour ce soir, ses habituels vêtements ne conviendraient pas. Elle aurait besoin d’être une autre, d’endosser un rôle. Ce ne serait pas la première fois, ni la dernière, mais cela nécessitait toujours une certaine préparation. Une préparation qui demandait quelques menues dépenses. Des dépenses qui ne lui ressemblaient pas. Aussi, quand la chasseuse de prime entra dans une boutique de vêtements, elle ne put contenir un soupir affligé. Affliction qui s’accentua lorsqu’une vendeuse s’avança vers elle avec un sourire commercial et une démarche ridicule.

    « Bonjour Mademoiselle, puis-je vous aider ? »
    « Je… »
    « Non ! Ne dites rien. Je vois bien que vous avez besoin de refaire votre garde robe. Vous semblez sortie d’un bordel, ce n’est guère adapté pour sortir. Laissez-moi faire, je me charge de tout ! »

    Louise la contempla, l’air interdit. C’était quoi ça ? Si elle traitait ainsi tous ses clients, les affaires ne devaient pas être spécialement fructueuses. Mais bon, la blonde était convaincue qu’elle reviendrait avec ce dont elle aurait besoin. Ou tout du moins, elle l’espérait.

    Quelques minutes plus tard, la vendeuse revint avec une pile de vêtements dans les bras. Sans les avoir encore vu, Louise savait qu’ils défiaient le mauvais goût et que jamais elle ne porterait ça si elle n’y était pas contrainte. Ce fut donc en réprimant des grimaces de dégoût qu’elle observa la vendeuse lui proposer robes à froufrous, jupes bariolées et autres ensembles à paillettes. Plus kitsch, tu meurs. Louise sentait venir la crise d’épilepsie lorsque – enfin ! – on lui montra une robe courte et blanche, simple et mignonne. Elle était tout ce qu’il y a de plus décent, les quelques nœuds et autres dentelles étaient placés avec goût et elle semblait taillée pour une jeune fille modèle. Exactement ce qu’il lui fallait !

    « Je la prends. Et celle-là uniquement. »

    Le ton employé par la blonde avait suffit à convaincre la commerçante de ne pas insister et ce fut avec un sourire forcé qu’elle observa sa cliente partir, un seul et unique sac à la main. Ladite cliente, elle, se dirigea vers un hôtel pas cher où elle se paya une chambre. Là, elle déposa ses affaires et commença à se préparer. Une fois n’est pas coutume, elle se natta les cheveux soigneusement et se maquilla de manière naturelle. Lorsqu’elle sortit de l’hôtel, elle n’était plus la salope de base, elle était devenue une jeune femme élégante et douce. Une bonne blague pour qui la connaissait.

    Pendant une heure ou deux encore, Louise se balada en ville. La soirée n’était pas encore avancée pour se rendre là où se trouvaient potentiellement les révolutionnaires. Pendant une ou deux heures encore, elle se fit à son rôle, s’obligeant à ne pas se montrer aussi hautaine et provocante qu’habituellement. Finalement, lorsque la lune fut haute dans le ciel, la blonde se dirigea vers les bas-fonds de la ville. Les quartiers étaient plus sordides, moins entretenus. Les tavernes mal famées faisaient également légion. Louise ne leur prêta d’abord pas attention puis décida finalement de s’arrêter vers l’une d’elle dont l’enseigne était « Le Paladin ». Pour la suite, elle n’avait plus qu’à patienter. Prenant un mine mal à l’aise, comme si elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici, la jeune femme reluquait la porte, ayant l’air d’hésiter à entrer. Régulièrement, des hommes ivres en sortaient et la regardaient comme si elle était une attardée. Puis, après quelques minutes, son attente fut récompensée.

    Un marine encore vêtu de son uniforme sortit du Paladin. Il la repéra presque immédiatement et, tout alcoolisé qu’il était, s’approcha d’elle. Le vin aidant, il se montra très vite provoquant, la coinçant contre un mur, essayant de lui porter les derniers outrages.

    « Lâchez-moi ! »

    Si l’homme n’avait pas été aussi saoul, il aurait peut-être remarqué que la blonde n’était pas sincère. Il aurait peut-être vu le demi-sourire qui, pendant une seconde, avait pris la place de la peur. Evidemment, rien de tout cela n’arriva. Fier de lui et de la pauvre jouvencelle en détresse qu’il venait de trouver, il se contenta de passer sa main sous sa jupe, ignorant les larmes que la belle parvenait à faire couler sur commande.

    « S’il vous plait… »

    Ultime supplique. Ultime espoir que la scène éveille l’esprit chevaleresque de ceux qu’elle cherche.
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    Avant même que Louise s’en rende compte, la situation avait dégénéré. Ivélias n’avait visiblement pas apprécié la petite provocation de la jeune femme et la menaçait désormais. Elle avait vraiment été stupide sur ce coup-là. Si elle n’avait pas été si faible, si elle n’avait pas accepté d’utiliser sa colère comme nouveau moteur, elle n’en serait pas là. Idiote de blonde ! Mais le choc eut au moins le mérite de lui remettre les idées en place. Curieusement, cette main autour de son cou lui faisait penser à certaines expériences nocturnes partagées avec des hommes ou femmes aux pratiques douteuses. A ce moment là, ça n’avait pas été si désagréable. Mais en cet instant, malgré le baiser, elle sentait bien que son adversaire n’avait pas ce genre d’idées derrière la tête.

    Un prêté pour un rendu, n’est-ce pas ? Ils jouaient avec la symétrie, maintenant ? Malgré sa situation, la jeune femme ne put s’empêcher de noter l’ironie de la situation. De toute manière, le destin avait l’habitude de lui en foutre plein la gueule. Alors une fois de plus ou une fois de moins, au point où elle en était… En soit, est-ce que ça changerait quelque chose qu’elle se fasse tuer ce soir ou dans vingt ans ? La question fit battre son cœur encore un peu plus vite. La colère retombait pour laisser place à la réflexion et, peut-être, à l’instinct de survie.

    Pourquoi ne la tuerait-il pas ? En voilà une bonne question. En sentant l’étreinte de l’homme se resserrer autour de sa gorge, elle hoqueta mais ne répondit rien. Le genre de réponse qu’attendait son tortionnaire n’était pas à balancer à la va-vite sans réfléchir. Ce qu’il attendait, c’était un argument valable et non une supplication sur un ton gémissant. Ce à quoi la blonde ne s’abaisserait d’ailleurs jamais. Sa fierté autant que ses faiblesses la perdraient un jour, c’était une certitude, mais elle ferait en sorte que ce ne soit pas ce soir. Elle n’avait pas encore obtenu toutes les réponses qu’elle voulait et qu’elle ne pouvait pas se permettre de mourir avant d’avoir atteint son objectif. Et puis, elle était de toute manière trop lâche pour accepter de mettre fin à ses jours. Et si l’autre lui laissait une chance d’échapper à cette alternative, elle serait bien idiote de ne pas la saisir.

    « Pourquoi, hein ? »

    La blonde tenta de reprendre son souffle mais la poigne de fer d’Ivélias lui compliqua la tâche.

    « Je pourrais te dire que c’est… » Elle s’interrompit une seconde, cherchant à dégager son cou sans y parvenir « c’est parce que William va te tuer si tu fais ça. Mais j’en ai aucune idée, je l’ai perdu de vue depuis trop longtemps. »

    Tentative d’apitoyer l’autre ? Peut-être. A vrai dire, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle remettait le sujet sur le tapis. Sans doute avait-elle été bien plus perturbée par la révélation que ce qu’elle voulait admettre.

    « Je vais plutôt te dire ce que tu risques si tu fais ça. »

    Elle s’agita encore malgré elle, tant la position était inconfortable. Puis, finissant par admettre qu’elle ne pourrait pas bouger avant que l’autre l’ait décidé, elle arrêta de gigoter. Elle jura intérieurement puis reprit, fichant un regard dur dans les yeux de son interlocuteur en colère. Aucun doute que s’ils avaient été seuls, il l’aurait tuée de sang froid. Ou tout du moins aurait essayé. S’ils avaient été seuls, Louise aurait eu largement l’occasion de se défendre.

    « Si tu me tues, je ne te traquerais pas, mais la marine le fera. Elle te traquera aussi bien sous le couvert de ton masque que sous ton apparence normale. Dans cette auberge, tout le monde a vu ton visage. Tu te serais attaqué à un homme, tu aurais pu passer inaperçu, mais tu étais avec moi et comme tu l’as dit, je suis la seule demoiselle aux alentours, prostituées mises à part. Les gens m’auront remarqué et toi avec moi. Si tu veux conserver ton secret, tu devras tuer chaque personne de cette taverne ainsi que tous ceux qui sont partis depuis le début de notre conversation. Ca te suffit comme raison ? »

    La tirade avait été difficile à prononcer du fait de la pression. La jeune femme s’était pourtant évertuée à ne pas faiblir et à la prononcer jusqu’au bout, l’achevant dans un souffle à peine audible. Elle espérait toutefois que son petit speech suffirait à faire comprendre à l’assassin qu’il ne passerait pas inaperçu en la tuant, même s’il faisait ça ici et discrètement. S’il voulait s’en sortir sans perdre sa couverture, soit il la laissait partir, soit il l’attirait dehors. Dans les deux cas, Louise ne doutait pas de s’en sortir.
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L’éteinte se desserra légèrement. Un instant il l’avait cru prête à s’effondrer, à réclamer sa pitié, mais ce ne fut qu’un fugace moment. Non, elle n’était pas assez faible pour se laisser abattre ainsi. Il sentait son sang couler à travers sa main. La pression se relâchant, le flux passait de turbulent à laminaire. Un peu plus et il aurait pu la faire suffoquer, la plonger dans une légère syncope. Il lui fallait faire attention à bien jongler avec ses sentiments. Ces derniers temps, il ne cessait de progresser et se révélait bien plus capable de progression qu’il ne l’avait jamais été. L’assassin ne mesurait pas pleinement l’étendue de son potentiel, mais il était assez intelligent pour comprendre qu’il s’était tellement enfermé dans le carcan de sa vengeance qu’il ne savait véritablement jongler avec ses propres émotions, alors qu’il était parfaitement capable de les imiter à la perfection. Quel ironique constat. Les propos de Louise ne l’émurent pas plus que cela. Elle ne savait rien de son rapport avec William, et la sympathie que Rafaelo lui avait porté s’était envolée au moment même où la nécessité de neutraliser la jeune femme s’était imposée. S’il se levait contre lui ? Et bien … il le tuerait. Sa loyauté, la cause l’emporterait, il en était sûr. Et de toute manière, il doutait qu’il soit un jour au courant. Peut-être pensait-il sa sœur morte, déjà. Peu lui importait. Tout était déjà tracé, et cette raison sonnait creux à ses oreilles. Peut-être était-ce pour cette raison qu’elle s’emmêla les pinceaux et compris par elle-même la futilité de ses propos. Elle avait tenté de se dégager, timidement. Au moins elle tenait à la vie, celle-là. Elle avait quelque chose qui troublait l’assassin, mais il ne savait pas encore dire quoi. Il voyait bien qu’elle n’avait encore rien abandonné, mais elle présentait un tel mélange de force, d’incohérences et de violence qu’il ne savait pas vraiment sur quel pied danser, ainsi il se contentait d’agir selon le protocole et prônait la mort.

Elle entama alors un verset un peu plus réfléchi, lourd de significations et de menaces. Elle avait exactement compris la raison qui la maintenait en vie pour l’instant, dans cette taverne moisie, mais n’avait pas réellement saisi l’envergure du problème. La mort de tant de personnes ne dérangeait pas Rafaelo, il s’en sentait parfaitement capable s’il agissait intelligemment et vite. Des réserves d’alcool, du feu. Il avait là tout ce dont il avait besoin pour faire passer cela pour un acte criminel passable et cacher la vraie raison du crime … mais il y avait là des hommes du peuple, des innocents qui ne méritaient pas de terminer sur son tableau de chasse à cause d’une de ses erreurs. Il pourrait, certes, l’attirer dehors mais elle avait évoqué le problème du corps. Qu’elle puisse réfléchir à ce sujet l’avait impressionné. Bien peu étaient capables de calquer aussi froidement la logique de l’assassin sur les épreuves à surmonter, à fortiori sur sa propre exécution. Elle avait de la ressource et il ne se lassait pas de le nier, mais encore une fois elle ne voyait pas assez loin. Le corps. Il pouvait le faire disparaître à jamais, personne ne l’attendait et personne ne l’attendrait. On ne le retrouverait pas, s’il le désirait. Qu’il l’enduise de chaux et il serait dévoré, méconnaissable. Qu’il le laisse trainer dans les égouts et les rats se chargeraient de l’affaire. Lestée, projetée au fond de l’océan ou encore dissimulée dans un abattoir ? Les choix étaient si nombreux, si faciles. Il n’avait, de plus, vu personne ici d’assez gradé et qui possédait assez de raisons pour s’intéresser de près à lui, de le détailler dans les moindres détails. Ses mèches lâches masquaient la chute de son visage, tandis qu’une barbe naissante ne laissait rien présager de bien net. Il doutait que, s’il ne commettait pas d’acte stupide au sein de ces lieux, ces hommes soient capables de l’identifier formellement mais il n’y mettrait pas sa main à couper. Il préférait de loin la solution de facilité, la tuer puis faire cramer cet endroit, mais c’était encore une fois sa colère qui parlait. Ces raisons n’étaient définitivement pas suffisantes. Tant pis. Il frôla la joue de Louise avec la sienne, et approcha de nouveau ses lèvres de son oreille.

« Je pourrais tous les tuer, mais aucun n’est assez sobre pour se souvenir de moi clairement. Ils étaient trop occupés à mater la seule fille aux alentours pour faire attention à celui qui semblait essayer d’obtenir ses faveurs. Les regards sont rivés sur toi depuis ton petit acte de bravoure, plus sur moi. » lui murmura-t-il tout bas.

Et c’était vrai, ils parlaient d’elle en ricanant, et bien peu auraient pu se rappeler du type à ses côtés le lendemain. Ce n’était pas un réel obstacle en soi, mais l’assassin ne prenait pas de risques inutiles.

« Je peux t’endormir et te laisser mourir. Quant au corps … il n’est pas difficile de le faire disparaître à jamais. » continua-t-il, en se reculant, frôlant les lèvres de Louise avec une délicieuse malice.

Il planta son regard océan dans les yeux vairons de la jeune femme. Il la laissa quelques instants considérer l’importance du danger qu’elle courrait, puis il resserra une fois encore sa poigne, quitte à la faire suffoquer cette fois. Qu’elle comprenne la leçon, qu’elle sache en quoi elle l’insultait. Ses paroles immodérées étaient stupides et tournaient en dérision un des aspects de la quête de l’assassin. Sur deux points, en réalité. Un léger sourire s’étira sur ses traits, alors qu’il tenait la jeune femme en son pouvoir. Ce n’était pas une satisfaction de la dominer ainsi, il n’avait pas l’esprit aussi tordu. Non, simplement le fait de savoir qu’il tenait sa proie entre ses mains et qu’elle n’avait aucun moyen de lui échapper, de desserrer l’étreinte du prédateur.

« Et la Marine … c’est moi qui la traque. Que penses-tu faire là, Louise ? Ton frère n’est qu’un sous-fifre, en bas de l’échelle, loin de moi, il ne saura qu’accepter mon geste … Et saches que tu te trompes de masque, car c’est ainsi que je me déguise, mon vrai visage est celui que tous apprendront à craindre. » pesta-t-il, lui adressant un regard meurtrier.

Il n’était à présent plus qu’à quelques centimètres d’elle, son cœur battait plus fort qu’il ne l’aurait voulu, peut être même le percevait-elle. Il était déterminé à mener son office à son terme, mais plus le temps passait et moins il se mettait en action. C’était à la fois étrange et logique. Il voulait que son crime soit justifié, qu’elle le comprenne et l’accepte, tout en ne désirant pas la tuer. Un concept bien paradoxal qui triturait l’esprit de l’assassin. Et quelque chose d’autre. Une lueur de défi, comme si elle doutait réellement de son pouvoir à la maintenir là, à la tuer sur le champ.

« Si tu as envie de mêler tous ces gens à ça, débats-toi, essaye de lutter. Mais si tu as une once de jugeote, tu te laisseras faire et tu sortiras bien gentiment. Compris ? » lui proposa-t-il, un peu plus calme à présent.

Il desserra lentement son étreinte, puis lui tordant discrètement le poignet, il la fit passer devant lui en direction de la sortie. L’assassin jeta un léger regard à l’assemblée, vérifiant qu’aucun regard n’était braqué sur lui, puis il poussa Louise devant lui dans un geste feint d’affection de la part d’un homme éméché. Sa main gauche lui forçait l’articulation, sous le couvert des tissus, tandis que sa main droite reposait sur le ventre de la jeune femme, et descendait lentement le long de sa croupe. La rapière à portée, de sa mauvaise main, mais à portée. Que comptait-elle faire à présent ? S’était-elle enfin résignée à suivre la voix de la sagesse ?
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    Au lieu du piège qu’elle avait cru tisser en arrivant, Louise voyait une main meurtrière se refermer sur sa gorge. Implacable et sans hésitation, l’assassin aurait pu la tuer sur place, c’est vrai. Tout comme chacune de ses remarques sonnaient juste après les arguments de la blonde. Elle s’était cru pertinente mais s’était juste fourvoyée. Si Ivélias décidait de l’abattre maintenant, elle n’avait aucune chance de s’en sortir. Son seul espoir résidait dans ses paroles et dans le fait qu’il puisse préférer l’attirer dehors. Prise dans l’étau de sa poigne de fer, elle savait qu’elle n’avait pour le moment aucune chance. Elle n’avait jamais cru en l’espoir et n’allait pas s’y mettre maintenant pour se rassurer.

    De toute manière, la jeune femme était bien trop occupée à chercher de l’air pour essayer de se persuader que son tortionnaire allait l’épargner. La gorge ainsi compressée, la blonde suffoquait. L’air peinait à passer et chaque souffle qu’elle parvenait à aspirer devenait salvateur. Respirer est un geste tellement naturel chez l’être humain qu’il n’en réalise l’importance que lorsqu’il lui est ôté. Enfoiré de révolutionnaire. Si elle survivait à cette étreinte mortelle, elle lui ferait payer cher. Très cher. Elle n’appréciait pas spécialement d’être malmenée de la sorte. Mais encore une fois, elle peinait trop à respirer pour laisser la colère prendre le dessus. Tout son corps criait grâce. Ses poumons étaient en feu, elle avait la sensation que son sang ne circulait plus et la pression autour de son cou était tout bonnement insoutenable. Même son cœur ne semblait plus en mesure de fonctionner à plein régime. Ce fut à peine si elle parvint à enregistrer les paroles que son interlocuteur lui fournissait. Elle sentait son corps contre le sien, son cœur battre et son souffle tout près de son oreille mais les paroles avaient des difficultés à prendre sens. Mais elle ne lâchait pas prise. Etait-ce de la fierté ou de la stupidité ? Peu importait, ça l’aidait à tenir et c’était ce qui comptait.

    Finalement, après ce qui parut être une éternité, Ivélias relâcha son étreinte. Le soulagement se fit immédiatement sentir et la blonde inspira une grande goulée d’air, comme si elle n’avait jamais respiré avant ce jour. Occupée à reprendre son souffle, elle se laissa faire comme le lui avait conseillé l’assassin. Il la tenait serré contre lui, comme l’aurait fait son partenaire, n’attirant de ce fait aucun soupçon. Les longs cheveux blonds de Louise tombaient sur sa poitrine, dissimulant les marques de son cou. Personne ne se douta de rien en les voyant sortir. Le sourire forcé de Louise ne fut décelé par aucun des ivrognes présents et elle se rendit compte qu’Ivélias avait raison quant au fait qu’ils ne seraient jamais capable de retenir son visage à lui. Et dire qu’elle s’était fait la remarque un peu plus tôt… Toutefois, elle n’avait pas peur.

    « C’est une arme que je sens ou t’es encore plus tordu que ce que je croyais ? »

    Encore cette insolente provocation. De toute manière, qu’avait-elle à perdre ? Elle préférait encore ça plutôt que de lui montrer la moindre peur. Certes, il la tenait fermement, mais elle s’estimait en meilleure position que quelques secondes auparavant. Au moins, elle était en mesure de réfléchir. Mais la voix un peu rauque avec laquelle elle s’était exprimée ne laissait pas de doute quant à ce qu’elle avait ressenti par l’étreinte de l’assassin. Et dire que les autres n’y avaient vu que du feu, croyant simplement qu’ils formaient un couple passionné. Un couple… Quelle blague ! Que ce soit avec lui ou avec qui que ce soit d’autre, la blonde ne restait jamais assez avec une personne pour que l’idée de couple effleure son esprit. Elle était volage et jusqu’à présent, aucun de ses coups d’une nuit ne s’en était plaint. Mais passons, ce n’était pas le moment pour ce genre de chose.

    Après avoir slalomé entre les tables et les remarques grivoises des clients, le « couple » franchit finalement la porte du Paladin. La bouffée d’air frais qui fit s’envoler les cheveux de Louise lui fit réaliser à quel point la chaleur de la taverne avait pu être suffocante. L’air était nettement plus respirable. Toutefois, la jeune femme ne s’attarda pas dans une méditation contemplative de la rue. Non, une fois qu’elle fut à quelques pas de l’auberge, elle se prit à sourire et avant qu’Ivélias ait eu le temps de réagir, elle frappa le sol du talon.

    « Echec. »

    Rapidement, un vaste échiquier se matérialisa sur les pavés inégaux de la rue. Par chance, les lieu pouvait accueillir le plateau illusoire de la blonde. La génération du jeu permit aussi à la jeune femme de se séparer de l’assassin. En effet, elle avait choisit de se transposer elle-même en reine noire, comme elle le faisait habituellement, mais avait choisi un pion blanc pour son adversaire. Grâce à son fruit, les lois de la gravité avaient changé et deux joueurs ne pouvaient se tenir sur la même case. Ce faisait, l’assassin avait été attiré malgré lui comme un aimant sur une case plus loin, à bonne distance de la jeune femme. Il pensait pouvoir se défaire d’elle en l’attirant dehors ? Eh bien qu’il le fasse, maintenant. Il avait fait une erreur de sous-estimer les capacités de la blonde. Elle avait plus d’un tour dans son sac et maintenant, elle était dans son élément.

    « Les blancs commencent. »






Spoiler:
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Arraché à sa proie par un étrange maléfice, l’assassin ne comprit pas. Il s’accrocha désespérément, laissa ses doigts glisser à travers les jupes de Louise mais fut transporté contre sa volonté. Il n’eut pas besoin de voir l’échiquier pour comprendre à quoi il avait affaire. Il se releva, les deux bras le long du corps. D’un geste il sonda le plateau qui s’étalait à ses pieds. Il était toujours dans la rue, mais aussi sur un échiquier. Ainsi donc elle possédait un certain pouvoir ? Un sourire mesquin se dessina sur ses traits. Du challenge, et du vrai ! Il n’avait affronté quasiment que son frère dans ce domaine, enfin il allait se frotter à un autre être de cet envergure ! Enfin il allait prouver que le pouvoir n’était rien, seul comptait l’homme qui le maniait. Il regarda ses habits et constata que le blanc dominait à présent. Ironique, c’est à cela qu’il aurait ressemblé, à peu de choses près, parfaitement préparé à cette bataille. Louise, elle, trônait face à lui dans une robe noire qui lui seyait à merveille. Ils n’étaient que deux sur le plateau, mais l’assassin commençait à se douter de ce qu’il se tramait. Elle possédait un fruit du démon de type paramécia, tout comme Césare. Points faible, granit marin et eau de mer. Il n’avait ni l’un ni l’autre sur lui. Tant pis, il savait que le corps du détenteur était particulièrement vulnérable dans les pouvoirs d’illusion, comme celui-ci. Cela différait totalement de Césare, qui était pour ainsi dire immortel. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à comprendre les règles de ce jeu. Il dévisagea Louise avec un rictus malsain puis éclata de rire en écartant les bras. Ce coup du sort était phénoménal, c’était peut être ce qui avait fait tenir la donzelle jusque là : elle l’avait piégé. Des deux, c’était lui qui était venu dans le piège, s’était laissé prendre. Il ricanait de ce nouveau tournant du destin et accueillait là le défi avec joie. Il n’avait fait que réussir jusqu’à présent, pourquoi ne pas corser les choses ?

D’une main assurée, il sonda l’espace derrière lui et décela un mur invisible et infranchissable. De même qu’à sa droite et à sa gauche. Ainsi donc, il était en blanc. Selon les règles, les blancs commençaient toujours, lui avait-elle laissé l’honneur du premier coup en ultime bravade ? Il n’en avait cure. Peu importait le coup qu’il plaçait, tant que c’était le bon. Logiquement, rien ne l’empêchait de se déplacer vers l’avant et de porter son coup. Mais peut-être … Non. Cette garce limitait bel et bien ses mouvements et il semblait se restreindre à ceux d’un pion. Ironique. Pensait-elle le blesser en agissant ainsi ? Pensait-elle que le pion lui seyait ? Lui, l’assassin fondu dans les masses, camouflé dans les plus basses strates de l’humanité. Surgissant de l’ombre là où seul le néant pouvait exister. On ne pouvait le trouver tant qu’on ne le voyait pas, et cette place si ridicule lui allait à merveille. Il était écrasé par la dictature de cette pauvre jeune femme. Elle ne savait pas à quoi elle se frottait, elle ne mesurait pas l’étendue du courroux de Rafaelo. Il releva la tête et observa le ciel, un instant. Les rues n’étaient plus fréquentées à cette heure, et seule la lumière de la Lune leur tenait compagnie. Le Marine mort appartenait déjà au passé, une nouvelle page allait s’écrire ce soir. Bien. S’il en croyait ce qu’il voyait, ce pouvoir suivait scrupuleusement les règles des échecs, bien qu’il n’y ait que Louise et lui sur le plateau. Pas de Rois ? Enfin, elle ressemblait plus à une Reine qu’autre chose, mais Rafaelo était certain de n’être qu’un pion. De ce fait, ce n’était pas une partie traditionnelle. Il n’avait pas réellement envie de découvrir ce qui lui arriverait si elle parvenait jusqu’à lui, mais quoi qu’il fasse, la partie se terminerait en deux coups minimum s’il bougeait. Le pion qu’il était n’avait aucune chance face à elle. Si elle était une Reine, c’en serait rapidement fini de lui. Il doutait qu’elle ait choisi autre chose, à en voir la lueur qui trônait dans ses yeux. Elle mourrait d’envie de le tuer, ça se voyait d’ici. Malheureusement, elle avait commis une erreur.

« Les blancs commencent … un bien joli pouvoir que voilà. Je me demandais si tu en valais vraiment la peine, si tu présentais une quelconque once de défi. Me voilà ravi. »
répondit-il, cherchant à lui montrer qu’il n’était pas le moins du monde surpris pas ce pouvoir.

« Mais tu as fait une erreur, très chère Louise. » murmura-t-il, croisant les bras.

« Il arrivera bien un moment où tu devras rompre ton sort, avant qu’il ne consume tes forces. Or, pour l’instant, c’est à moi de décider quand cela commencera, je me trompe ? »
avoua-t-il, avec un sourire entendu.

L’assassin dégaina alors sa longue rapière et fit face à la jeune femme. Il ne bougerait pas tant qu’elle ne romprait pas son emprise sur ce lieu. Il ne savait ce qui arriverait si elle le touchait ou le ‘mangeait’. Ainsi, il ne prenait aucun risque. Elle ne pourrait le contrôler, décider de son destin. Elle avait utilisé cette étrange capacité à bon escient, mais il avait vu Césare passer des journées entières à dormir pour récupérer des trop grands efforts que lui demandait son fruit. Louise possédait un Paramécia, c’était donc la même chose pour elle, dommage. Il pensa un instant à la dague dissimulée dans sa botte. Si elle s’avisait de s’approcher de lui ou de fuir, il se ferait un plaisir de la lui présenter mais pour l’heure, seule l’attente pourrait l’informer de la suite des événements. Il se maintint prêt à tout, il avait rapidement pu analyser les clauses de ce combat étrange, mais il n’en savait pas tout pour autant. Mieux valait jouer la sécurité et attendre le premier mouvement de son adversaire et il ne voyait que de maigres options pour elle. Utiliser une autre facette, ce qui était dangereux pour lui. Fuir, ce qui étai dangereux pour elle.
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    Un siège. Cet enfoiré de raclure de révolutionnaire voulait lui tenir un siège. Comme s’il connaissait les propriétés du fruit de Louise, il la forçait à s’épuiser et à se montrer endurante. C’était sournois. Sournois mais de bonne guerre et plutôt bien pensé. Elle avait pensé le piéger et il avait retourné la situation contre elle. La jeune femme n’était pas loin de penser que ce type était capable de lire dans ses pensées. Mais elle savait qu’il n’en était rien. Il était tout simplement doté de capacités remarquables qu’il avait entrainé encore et encore. Sur ce plan là, ils étaient parfaitement différents. Louise avait conscience qu’elle plierait la première par manque de pratique. Son fruit était certes bien utile, mais elle n'en avait jamais usé qu’en de brefs instants, ne dépassant rarement pas cinq minutes d’utilisation. Elle savait qu’au-delà de dix minutes, elle commencerait à sentir le poids de son pouvoir, et que passé vingt minutes, elle s’effondrerait tout simplement, incapable de tenir plus longtemps. Consciente de ses limites et de ce que cela impliquait, elle adressa un regard noir à Ivélias. Le petit pion se rebellait ? Soit. Elle devrait improviser.

    Le compliment que lui avait adressé son adversaire lui avait tirée un sourire carnassier mais elle n’avait pas pris la peine de répondre, convaincue de sa valeur. Belle erreur que son arrogance lui avait fait commettre. Elle se reprenait toute sa présomption en plein visage. Elle apprendrait à se montrer moins prétentieuse par la suite. Elle ne pouvait pas se permettre de sous-estimer le moindre adversaire, ou cela la conduirait à creuser elle-même sa tombe. Peut-être avait-ce même déjà commencé ce soir. Elle s’était vraiment fourrée dans de sales draps ! Elle se passa la main dans les cheveux nerveusement avant de brusquement éclater de rire. Un rire jaune dépourvu de la moindre joie. Un rire qui s’éteignit aussi rapidement qu’il était né. Une fois calmée, elle posa son regard sur le visage satisfait du Pion.

    « Non, tu ne te trompes pas. J’attendrais volontiers que tu meurs d’ennui, mais je crains de ne pas avoir assez de ressource pour ça. »

    Elle était peut-être endurante, mais pas assez pour ce genre d’exercice. Elle manquait de pratique et devrait trouver une alternative. Son regard balaya les lieux. Les points de fuites étaient nombreux, qu’il s’agisse des ruelles étroites ou même des bâtiments plus ou moins habités. Oui, elle avait de nombreux endroits où fuir. Le problème ne résidait pas là. Le problème c’était son adversaire. Elle savait que si elle courrait, elle ne pourrait pas lui échapper. Elle devenait une souris devant un chat gourmand et sans scrupule. A elle de se transformer en chien pour se sortir de là. Et de préférence pas trop tard. Que faire alors ? L’affronter sur l’échiquier ? L’expulser du plateau et prier pour qu’il s’assomme contre le mur le plus proche ? C’était une de ses meilleures alternatives. Mais il devait y en avoir d’autres ! Elle devait pouvoir agir pour s’en tirer sans avoir à affronter cet assassin né.

    Doucement, les minutes s’égrenaient, pesantes, implacables. Bientôt, Louise serait au pied du mur. De la sueur coulait le long de ses tempes et elle savait qu’elle devrait agir avant d’être vidée de ses forces. Si seulement elle pouvait bloquer le révolutionnaire ici et prendre de l’ava… Bon sang, mais oui ! Elle n’avait jamais tenté de faire ça avant, elle n’avait aucune idée de ce qui allait se passer mais elle devait tenter. Elle devrait être rapide, mais elle ne doutait pas de ce facteur. L’action qu’elle prévoyait lui demanderait moins d’une seconde. En espérant que tout fonctionne comme prévu. Dans le doute, elle préféra sortir le poignard qu’elle avait dans son sac à main – un sac en bandoulière qu’elle n’avait jamais enlevé – avant de reporter son attention sur Ivélias. Bon sang, si elle avait pris son pistolet, les choses auraient été autrement plus simples !

    « Tu ne t’es pas trompé. Mais tu es loin de connaitre toutes les facettes de mon pouvoir. »

    Alors, rapidement, usant de toute sa volonté pour faire plier le fruit à sa volonté, elle tapa deux fois de suite sur le sol. Pendant moins d’une seconde, l’échiquier disparu avant de réapparaitre à sa place initiale. Toutefois, contrairement à précédemment, il expulsa la blonde de sa case pour la tenir à la frontière du plateau. Le pion blanc était devenu cavalier et, légèrement essoufflée, la blonde déclara à voix haute :

    « Cavalier en H8 »

    De pièce, la jeune femme était passée à joueuse et maitrisait maintenant le côté blanc. Elle envoya Ivélias à l’extrémité du plateau, le plus loin possible d’elle. Jusque là, tout se passait comme prévu. C’était maintenant que la tâche se compliquait. Maintenir ce nouveau plateau lui demandait un certain effort et avec la manipulation précédente, elle ne pouvait se permettre de s’éterniser. Pour le moment, l’assassin était coincé sur l’échiquier, à bonne distance d’elle. Profitant de ce répit, la jeune femme fit demi-tour et partit en courant. Elle ne savait pas à quelle distance son fruit cesserait de faire effet, elle ne savait pas si Ivélias parviendrait à la rattraper ou non, mais c’était là sa seule chance. Une chance de courte durée. En effet, à peine à dix mètres de l’échiquier géant, l’illusion disparut. La jeune femme avait eu le temps de s’engouffrer dans une rue, mais elle savait qu’elle n’était pas en sécurité. Elle devrait se cacher rapidement. Arrivée à un carrefour, elle bifurqua sans réfléchir à droite, cherchant à semer l’assassin. Elle n’avait pas peur, mais elle savait que sa survie dépendait de cette course.
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Le temps passait inexorablement. Rafaelo se sentait comme un lion en cage dans cette case. Il sentait des frissons parcourir le long de son échine et attiser sa colère. Il ne supportait pas être ainsi contraint, tout comme il n’avait aimé être enfermé. Il trouvait toujours le moyen de s’extraire de ses prisons, et ce même si il y mettait le temps mais là … il ne pouvait qu’attendre et rien faire d’autre. C’était rageant, à la limite du supportable. Il était impuissant, et à deux doigts d’exploser. Il touchait les bords de sa cellule du bout de sa rapière se satisfaisant d’entendre ce chuintement métallique résonner encore et encore contre les parois invisibles. Trop de tensions ce soir pour qu’il puisse se contenir, comme si son système nerveux était devenu instable. Il n’avait qu’une envie, c’était de sauter sur cette fille et la réduire en charpie. Son ego ne supportait pas d’être ainsi contenu, attaché. Il n’aimait pas cette impression d’être dompté par la jeune femme. Et ses regards en disaient long. Un instant, il crut qu’elle cherchait à le faire flancher tant elle se tenait raide et déterminée, mais elle semblait se fatiguer. Elle avait encore le cran de le narguer, mais il savait qu’elle se servait en général de cela pour masquer une faiblesse, du moins depuis tout à l’heure. Sa peur, son incapacité ? Peu importait. Il ne pouvait en être autrement : elle allait flancher, c’était une question de minutes. Il ne prit pas la peine de répondre aux paroles de son interlocutrice, trop préoccupé à saisir la première seconde de liberté qu’elle lui offrirait et à l’anéantir, autant qu’il le pouvait. Il exécuta plusieurs moulinets de son arme, de plus en plus frustré par cette situation. Ce qui l’énervait le plus était de la savoir là, à portée, et d’être retenu par une chose qu’il ne pouvait physiquement toucher, détruire. Il donna un violent coup contre cette prison immatérielle, sachant pertinemment que cela ne servirait à rien. Peut-être pouvait-il la fatiguer ainsi ? C’était peu probable mais bon, les minutes s’égrainaient et elle ne bougeait pas. Il crut cependant percevoir un léger frémissement, pendant une fraction de seconde.

Louise frappa du talon deux fois, et à nouveau Rafaelo fut sujet au pouvoir de ce fruit perturbant. Ses habits changèrent et sous la commande de la demoiselle, il fut expédié à l’autre bout du plateau. Il faillit lâcher son arme, de surprise, mais tint bon. Etait-ce une ruse ? Pourquoi diable était-elle sortie de l’échiquier ? Il comprit soudain lorsqu’il la vit tourner les talons et s’enfuir. Elle essayait de gagner du temps, la garce ! Non ! Il ne pouvait pas rester prisonnier ici ! Il leva son arme et frappa contre la paroi de sa cage et soudain, tout disparut. L’échiquier et la prison. Le coup de l’assassin partit dans le vide, mais il se ressaisit rapidement et, trébuchant sous l’élan de son coup, il se lança à la poursuite de la jeune femme. Il tira alors sa dague de sa botte et d’un geste déterminé, il envoya l’arme en direction de sa victime. La dague claqua au vent, tant l’assassin y avait mis de ferveur, mais la jeune femme tourna au coin d’une rue et la lame se planta dans le bois d’une bâtisse, frôlant presque sa cible. Rafaelo étouffa un juron puis il rengaina son épée, tout en se mettant à courir. Il se pencha légèrement en avant et usa de toute sa dextérité pour aller le plus vite possible. Passant au niveau de la ruelle où Louise avait bifurqué, il attrapa sa dague et entama une ascension sur les toits. Jamais il n’avait lancé dague d’aussi loin et avec une telle fougue, mais c’était un nouveau record pour lui. D’un pied, il s’appuya contre le mur et s’éleva dans les airs jusqu’au mur suivant. Répétant la même manœuvre, il atterrit sur le toit en roulant pour se rattraper. Il se rua alors à l’assaut de la ville par les toits de la cité afin d’essayer de retrouver sa proie mais c’était à l’évidence peine perdue. Elle avait pris trop d’avance sur lui ! Il maudit ce coup du destin puis se décida à se calmer un instant. Il retint son souffle et laissa le silence de la ville endormie travailler à sa place. Un son étouffé lui parvint, quelques pas précipités ? Il se rua alors à l’assaut de ce bruit et sauta par-dessus plusieurs ruelles pour enfin arriver au dessus du lieu présumé. Il était persuadé que les pas venaient de là. Il se laissa de nouveau envahir par le calme et chercha à localiser la jeune femme. Oui ! Il se rapprochait ! Répétant l’opération plusieurs fois, il finit par arriver non loin d’un entrepôt gigantesque. Soudain, il aperçut une ombre blanche du coin de l’oeil. Ah ! Il la tenait !

La lame étincela un instant au clair de Lune, alors que l’assassin fondait sur sa proie. Il atterrit à quelques mètres d’elle, mais aussi silencieux qu’un chat. Il s’approcha d’elle, arme au clair et l’attrapa par l’épaule. Il la repoussa violemment contre le mur et leva sa dague, décidé une fois pour toute à en finir. Soudain, il arrêta tout, suspendit son geste en l’air et fit glisser sa lame dans le dos. Il recula d’un pas, les yeux écarquillés et laissa la pauvrette contre le mur où il l’avait projetée. Il voulut ouvrir la bouche et parler mais il fut bizarrement incapable de prononcer le moindre son. La silhouette terrifiée qui lui faisait face n’était pas Louise. Elle portait la même robe, lui ressemblait vaguement, mais cela s’arrêtait là ! Il … il avait été dupé ! Non, c’était impossible, il la tenait, il la suivait pas à pas ! Il l’avait pistée, avait remonté ses traces et aurait du la trouver, là, à cet endroit précis ! Il se recula alors dans l’ombre et disparut de la vision de la personne qu’il venait d’agresser malgré lui. Elle n’avait pas eu le temps de le voir, et quand bien même elle l’aurait vu cela ne changerait rien. Rafaelo se retrouva rapidement en haut d’un bâtiment, où il laissa libre court à sa rage. On put entendre au loin son cri de désespoir, celui d’avoir laissé filé la seule personne au monde qui avait vu ses deux visages.


« Je te retrouverai … et je te tuerai, Louise Mizuno. Je le jure … Dussé-je mettre toute la Confrérie sur tes traces. » se murmura-t-il à lui-même.

Seule la nuit fut témoin de son serment, mais au fond de lui une lueur d’espoir trônait. Cette femme, cette garce qui avait osé se jouer de lui et qui avait tenté de le plier … Il la poursuivrait sans relâche, ne lui laisserait aucun répit. C’était une clause non négociable qu’il se ferait une joue de respecter. Même s’il devrait parcourir tous les blues pour cela, il retrouverait sa trace et il ne la lâcherait plus. Ainsi, il pourrait la revoir, au moins encore une fois.

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    Jamais Louise n’avait couru aussi vite, jamais elle ne s’était sentie aussi en danger. Elle avait lâchement pris la fuite, préférant la sécurité à l’honneur. Plutôt logique en soit… Elle n’avait jamais compris ces hommes incapables de s’arrêter dans leurs luttes acharnées. Combien de pirates étaient morts parce qu’ils n’avaient pas été en mesure d’agir logiquement ? Combien avaient perdu la vie pour l’honneur ? A quoi servait donc l’honneur une fois mort ? Tout cela dépassait Louise. Pour cette raison, elle avait préféré sauver sa peau plus que sa gloire. Elle n’était pas idiote. En combat singulier, dans l’état psychique où elle se trouvait, elle serait parfaitement incapable de gagner. Elle aurait besoin d’entrainement et de pratique avant de pouvoir se mesurer réellement à l’assassin. Mais pour acquérir tout cela, il fallait d’abord qu’elle fuie.

    La discussion l’avait épuisée psychologiquement, le duel dans la rue avait sapé une grande partie de sa force physique. Elle n’était plus bonne à rien maintenant. Elle tenait à peine debout. Elle ne comprenait même pas comment elle arrivait encore à courir. Son corps agissait indépendamment de sa fatigue, puisant l’énergie qu’il lui fallait dans la volonté de survie de la blonde. Au détour de la ruelle, alors qu’elle pensait s’effondrer, le son d’une dague se fichant dans la pierre la fit sursauter. Elle ne pouvait pas flancher ! Elle continua donc à courir, prenant une ruelle à gauche avant de regagner une rue plus grande. Là, elle trouva ce qui la sauverait. Une jeune femme qui devait avoir à peu près son âge se trouvait là. D’après l’heure et la tenue, il s’agissait vraisemblablement d’une prostituée. Soufflant comme une forge, Louise s’approcha de l’autre blonde et lui plaça son poignard sous la gorge.

    « Tu… poses pas… de questions. »
    « Qu’est-ce que vous me voulez ? »
    « La ferme ! File-moi tes vêtements… Prends les miens et court dans… dans cette direction. Si tu le fais pas, je te tue. »

    Trop effrayée, la fille s’exécuta et se dévêtit, offrant ses affaires à Louise qui les échangea contre sa propre robe.

    « Dégage ! »

    Sans prendre le temps de s’inquiéter plus, la chasseuse de prime se remit à courir. Son allure était plus modérée à cause de la fatigue et ses jambes lourdes menaçaient de céder sous son poids. A chaque détour, elle s’attendait à voir l’assassin, à chaque éclat de lumière, elle pensait voir une dague arriver. Pourtant, la ruse semblait avoir fonctionné. Elle ne vit aucune trace d’Ivélias. Elle l’avait semé. Mais malgré cette prise de conscience, trop inquiète quant à sa survie, la jeune femme ne s’arrêta pas. Elle continua à courir à travers les rues durant quelques minutes, jusqu’à atteindre son hôtel. Là, complètement épuisée, sans même avoir rejoint sa chambre, elle s’effondra. Le propriétaire qui se tenait à l’accueil se précipita paniqué vers elle :

    « Mademoiselle ! Vous allez bien ? Mademoiselle ! »

    Une respiration bruyante se fit entendre et après plusieurs secondes, la jeune femme se releva tant bien que mal.

    « Foutez-moi la paix. »
    « Mais… »
    « Ca va. J’ai besoin de dormir. »

    Malgré le ton de la blonde, le propriétaire insista pour l’accompagner jusqu’à sa chambre. Ce ne fut qu’après s’être assuré qu’elle n’allait pas mourir dans son établissement qu’il daigna la laisser en paix. Une fois seule, incapable de remuer un seul muscle, Louise se laissa tomber lourdement sur son lit. Ignorant la position inconfortable, ne se préoccupant pas de se savoir si elle était en sécurité ici, elle s’endormit comme une masse, complètement épuisée.

    Lorsqu’elle se réveilla le lendemain, le soleil était haut dans le ciel. Il était sans doute plus de midi. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas aussi bien dormi. Sujette à de fréquentes insomnies, ses nuits étaient généralement pavées de cauchemar. Mais cette nuit là, elle n’avait pas fait le moindre rêve. Lorsqu’elle émergea, elle mit un moment à se souvenir ce qu’il s’était passé la veille. Ce fut lorsqu’elle remua et que son corps se rappela à elle que tout lui revint d’un bloc en mémoire. Prise de vertige, elle se précipita vers les toilettes pour vomir le peu de chose qu’elle avait encore dans l’estomac. Le malaise passé, elle se laissa retomber par terre, le cœur battant la chamade, la respiration hachée, essayant de juguler le flot de souvenirs et de sensations qui lui encombraient la tête. William, Ivélias, la course, le jeu d’échec, les révélations, les défis… Tout tournait dans son esprit comme un maelström infernal. Il lui fallut un long moment avant de parvenir à reprendre ses esprits, à faire le point sur ce qu’elle avait vécu et appris. Puis, lorsqu’elle fut enfin en mesure de penser clairement, elle se releva et, sans prendre la peine de se changer, prit ses affaires et quitta l’hôtel. Elle ne pouvait pas rester en ville, pas tant que l’assassin y résiderait. Le moment venu, elle le retrouverait, mais pour le moment, elle n’était pas prête.
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