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Est-ce un Bateau ? Est-ce un Poisson ? Non, c'est un Cochon !



Est-ce un Bateau ?
Est-ce un Poisson ?
Non, c’est un Cochon !


Présent
✘ Quête Solo




Un océan, calme et brillant sous les reflets dorés d’un soleil chatoyant. J’avais embarqué il y a de cela une semaine sur ce navire marchand, monnayant le passage grâce à une bourse subtilisée sur le port. Je ne regrettais pas ce geste, la victime étant richement pourvue j’en avais conclus que sa bourse ne lui manquerait pas. Le transport m’avait ainsi coûté une bonne partie de l’argent volé, ne me laissant que de quoi m’éponger le gosier dans une taverne pour une soirée, peut-être même pour une nuit si l’établissement n’était pas trop cher. Enfin, c’est tout ce dont j’avais besoin, une bonne bière et l’embrun marin. Une douce brise me chatouillait le visage, faisant voleter les quelques mèches de cheveux argentés qui dépassaient de ma casquette. Les pans de mon sweat-shirt, noué à ma taille comme à mon habitude, dansaient dans le vent derrière moi qui étais assis là, sur la proue du navire. J’avais un point de vue imprenable sur le vaste océan de South Blue, admirant le paysage en égrenant quelques accords sur le luth que j’avais emprunté à un matelot. L’homme avait d’abord refusé devant mon insistance, persuadé que je le lui volerais, mais j’avais sus le rassurer et le convaincre quand j’avais retiré mon sweat-shirt devant lui. Bien que, maintenant que j’y pense, ce geste avait peut-être été mal interprété. Les notes de l’instrument m’accompagnèrent dans cet instant de contemplation, finalement avalées par le bruit des vagues. Les vagues venaient s’écraser sur le navire dans un tintement de percussion auquel je me joignis. Certains matelots s’étaient arrêtés dans leurs tâches pour m’écouter, d’autres qui ne lésinaient pas battaient simplement du pied sur le pont.  

« Terre en vue ! » s’écria soudain la vigie depuis son perchoir. « On arrive à Rhétalia, Capitaine ! »

Le pont se mit en branle, chaque matelot qui flânait rejoignit son poste avant que le capitaine ne pointe le bout de son nez. Et il ne tarda pas, ouvrant la porte de sa cabine de manière théâtrale, avec fracas en la poussant fort contre le mur, sa grosse paluche velue plaquée dessus, son air autoritaire toujours imprimé sur son gros visage barbu. Le Capitaine Vergas, pour vous servir messieurs dames. Un gros bonhomme bougon en permanence, à grommeler dans sa barbe, mais gentil comme tout après une demi bouteille de rhum. Et sacrément doué aux cartes l’enfoiré, il m’avait presque plumé pendant la semaine. Malin, le vieil homme.

« C’est pas trop tôt ! » s’exclama Vergas, avançant de son pas lourd et titubant, penchant d’un côté puis de l’autre, ses pieds touchant rarement le sol au même moment. « A vos postes, bande de larves ! Clitus, bouges-toi le cul, je te paies pas à rêvasser ! Ernest, tu la gères cette voile ou j’embauche quelqu’un de compétent pour te remplacer ? » aboya-t-il à ses hommes, ceux-ci se dépêchant d’obéir à ses ordres. « Raaaaah, tous des incapables ceux-là j’te jure Ralalalala ! » bougonna-t-il assez fort en s’approchant de moi à la proue. « Alors blanc-bec, on rêvasse face à l’océan ? »

Blanc-bec, c’était le surnom qu’il m’avait trouvé après la première soirée à se saouler en jouant aux cartes. Au moins, ce n’était pas ‘l’albinos’, c’est déjà ça. Il se plaça à côté de moi, observant l’horizon tout comme je le faisais, crachant la fumée de sa longue pipe qui s’envolait au gré du vent.

« Je profite du paysage et d’un vent de liberté. » répondis-je songeur, fixant l’île vers laquelle nous nous approchions.

« Hum, pour ce qui est de la liberté, c’est pas vraiment l’odeur de là où nous accostons aujourd’hui. » fit-il alors, marquant une pause tandis qu’un filet de fumée s’échappait de ses lèvres. « Rhétalia, le Pays aux Milles Pyramides... »

« J’en ai entendus parler. » soufflais-je doucement, appréhendant mes propres réactions dans un tel endroit, à l’opposé de mes convictions.

Pour moi, la liberté était fondamentale. J’avais vécus la majeure partie de ma vie emprisonné dans un rôle que j’aurais préféré éviter, mais c’était fait. J’avais volé pour retrouver ma liberté, j’avais trahis et j’avais tué. Je pouvais vaguement imaginer ce que vivaient les vrais esclaves à Rhétalia, de plus l’endoctrinement auxquels ils étaient soumis les privaient de l’espoir.

« Quel enfer. » finis-je par dire, pas vraiment à l’attention de Vergas, c’était une simple constatation.

Heureusement pour moi, ce n’était qu’une escale dans mon voyage sur le navire marchand. Alors que nous nous approchions, les nombreuses et immenses pyramides apparurent les unes après les autres dans le paysage. Majestueuses, trônant fièrement ici et là, symbole d’un pouvoir basé sur l’esclavagisme. Cependant, je n’étais pas venu en ces lieux pour changer le système, je suivais ma voie. Soufflant une nouvelle fois, dépité que de telles traditions subsistent, je reprenais le luth en main pour continuer à jouer, un air mélancolique parfaitement en accord avec ce que je ressentais en pensant à tout ça.

« Show must go on. » dis-je alors, pensif tandis que les notes s’envolaient autour de moi, accompagnées des bruits des vagues, des cordages, des voiles et des mouettes.

Le navire emprunta alors un fleuve pour remonter au milieu des terres de Rhétalia. Le Rubis comment l’avait appelé le capitaine, le plus grand le fleuve de l’île qui nous mènerait droit jusqu’à notre destination : la Nova Rhodésia. Vergas, bien qu’il ne paraissait pas être un mauvais bougre, ne semblait pas tremper que dans des business légaux. Enfin, personne ne m’en dit rien, mais les nombreuses cargaisons louches dans la cale parlaient d’elles-même.

La remontée du fleuve nous prit plusieurs heures avant d’arriver à la Baie aux Chagrins, un nom qui respirait l’endroit calme et tranquille. La grande cité portuaire apparaissait fièrement au creux des bras de la baie, une image que je trouvais assez représentative des activités qui avaient cours en ces lieux. Je me levais enfin de la proue, arpentant le pont pour rendre son luth au matelot qui esquissa d’abord un mouvement de recul par réflexe. Décidément, je lui avais laissé une sacrée impression à celui-là.

« Tu vois, je te le rends, pas besoin de paniquer mon gars ! » lui dis-je en affichant un grand sourire avenant et rieur.

« Je...J’suis pas ton gars mon pote. » murmura-t-il en détournant le regard, gêné.

« Quoi ? Eh ! J’suis pas ton p... » commençais-je avant de m’arrêter et de lui faire un signe de la main. « Oh et puis merde, laisse tomber. »

Je m’éloignais, m’arrêtant au bord du bastingage pour observer le navire s’amarrer au port. L’activité grouillait ici, des hommes et des femmes qui portaient des marchandises, déchargeant à la hâte les cargaisons des navires qui s’y arrêtaient, sous l’œil attentif de leurs maîtres. Enfin, le navire marchand s’amarra à un ponton, lâchant l’ancre qui se déroula dans un bruit métallique. Je me craquais la tête en la tournant à droite puis à gauche, bougeant légèrement les épaules en cercle, resté trop longtemps en tailleur sur la proue. Les matelots se mirent à décharger leur cargaison, aidés par des esclaves que Vergas avait loué pour la tâche à leurs maîtres. Un principe que je ne connaissais pas, la location d’esclave, mais qui devait être fort lucratif. A tout les coups ils possédaient une carte de fidélité.

« Eh blanc-bec ! » m’interpella Vergas. « On met les voiles demain midi, sois à l’heure ou on part sans toi, ce qui serait con vu que t’as payé pour tout le voyage. »

« Okay, on se revoit demain vieil homme ! » lui répondis-je en m’éloignant, arpentant le ponton en lui faisant un signe de la main en lui tournant le dos.

J’avais du temps à tuer jusqu’au lendemain, et j’avais envie de me dégourdir un peu les jambes avant d’aller à l’auberge. Enfin, le coin n’était pas le plus adapté pour une promenade. Près de la moitié des personnes que je croisais étaient des esclaves, reconnaissables à leur regard vide, dépourvu de toute émotion hormis la nécessité d’obéir à son maître et de le satisfaire. Généralement, je détournais le regard, je maintenais la colère qui montait en moi dans une boîte de déni. Autrement, j’aurais éclaté le crâne de ce dresseur sadique qui s’amusait à jouer du fouet sur deux esclaves. Le sifflement de l’instrument de dressage claquant à quelques mètres, un bruit qui tient de l’horreur dont seul l’homme est capable. Je soufflais, déprimé par tant d’absurdités, quand soudain des exclamations un peu plus loin, causée par une petite foule, attira mon attention. Je m’approchais, les mains dans les poches. Un petit monde s’était regroupé devant un navire immense, parlant entre eux, surexcités.

« Tu le vois d’ici, non ? » dit une femme à son amie.
« Non, mais j’ai vu sa truffe tout à l’heure ! Et tu sais quoi ? »
« Non ? »
« Il est tout vert ! »
finit alors la seconde, je décidais de me détourner de leur conversation.

Je passais dans la foule en levant les yeux vers le pont qui, à la taille du navire, devait pouvoir accueillir une petite armée. Pourquoi avoir besoin d’un tel bâtiment ? Je m’arrêtais derrière deux hommes en costumes à l’allure chic. Les yeux toujours en l’air, j’aperçus alors quelque chose. Un énorme cercle vert, percé de deux trous. Intrigué, je plissais les yeux pour y voir mieux, mais je devais probablement me tromper. Enfin, ça me rappelait ce que disait une des femmes que j’avais écouté plus tôt.

« Ah ! Quel spectacle ce sera ! » s’exclama l’un des hommes en costume à son camarade.
« Ce genre de bête, ça ne se voit pas tout les jours. » répondit l’autre.
« Ah ! Un cochon de cette taille, ce n’est pas commun. »

Intrigué, et surtout choqué par la déclaration de l’homme en costard, j’avançais ma tête entre eux, au-dessus de leurs épaules, les observant d’un air ahurit avec de gros yeux.

« Vous avez bien dit un COCHON ?! » m’exclamais-je, ne respectant pas les us et coutumes de la bourgeoisie.




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Dernière édition par Ren Aoncan le Ven 18 Mar 2022, 03:39, édité 1 fois
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Non, c’est un Cochon !


Présent
✘ Quête Solo




Un putain de cochon géant, vert de surcroît, le rêve de tout petit garçon. Enfin, le mien en tout cas. J’avais relevé les yeux vers le pont, une nouvelle fois le groin de l’animal apparaissait par-dessus le bastingage, donnant une petite idée de la taille du cochon. Les deux bourgeois que j’avais interpellé s’étaient reculés d’un bond avec un air contrarié et surpris, je ne pris même pas la peine de les écouter tandis qu’ils m’invectivaient. Je devais voir ce cochon, ce n’était en effet pas quelque chose que l’on voyait tout les jours. Je ressortis de la foule, bousculant un petit homme bien habillé.

« Ah ! Toutes mes excuses monsieur. » dis-je alors que mon épaule le poussait, ma main se faufilant discrètement jusqu’à la poche intérieure de la veste de l’homme.

« Bordel ! Regardez où vous allez, c’est pas si compliqué. » ronchonna le bourgeois en gonflant les joues, sans se rendre compte qu’un poids de pièces et de billets venait de lui être subtilisé.

Je ramenais ma main tenant le porte-feuille dans la poche de mon sweat-shirt, toujours noué à ma taille. M’excusant par quelques mouvements de tête tout en m’éloignant. Le poids de la bourse dans ma poche était rassurant. J’avais l’habitude de manquer de tout et de me débrouiller par moi-même pour vivre, à voler ou à me battre pour obtenir de l’argent. C’était devenu comme une seconde nature chez moi, ce réflexe de voler la bourse de personnes aux allures riches et bourgeoises que je croisais.

Je pressais le pas pour m’éloigner de la foule, gagnant une petite ruelle discrète et étroite qui bordait les rues du port. J’avançais de quelques mètres dans la pénombre de la ruelle, le soleil commençant à se coucher, les ombres s’étaient allongées et densifiées. Je me nimbais de ce manteau d’ombre, disparaissant aux yeux d’éventuels témoins. Je dus plisser les yeux pour y apercevoir quelque chose, cherchant un moyen d’atteindre les toits. Sur un côté de la ruelle étaient entassées des caisses les unes sur les autres dans une parodie de pyramide de déchets. Je me mis à les escalader, montant assez haut pour agripper le bord d’un toit. Je me hissais à la seule force de mes bras et épaules, atteignant le toit duquel j’aurais un bien meilleur point de vue sur le navire des contrebandiers.

« Ah, voilà qui est mieux. » me dis-je à moi-même, m’approchant du bord du toit côté port en me cachant légèrement derrière l’enseigne de l’établissement qui trônait en grosses lettres sur le toit.

De là où je me trouvais, la vue était imprenable sur le pont de l’immense navire. Je pouvais nettement y voir l’énorme cochon qui devait bien mesurer vingt-cinq mètres de haut au bas mot. Il ressemblait à une grosse boule verte, principalement composée d’un gros corps ventru. Même sa tête se fondait dans la forme de son corps comme si sa face avait été dessinée directement sur un bout de son ventre, y ajoutant une grosse truffe plate pour bien reconnaître la tête. L’animal était enchaîné sur le pont, les cales probablement trop petites pour l’accueillir, ou l’y faire rentrer du moins. D’énormes chaînes bloquaient tout mouvement de la part du pauvre animal qui observait l’océan la truffe basse. Je ne pouvais m’empêcher de ressentir de la pitié pour la bête, ainsi limitée à une simple fonction de spectacle pour de riches humains qui devaient l’avoir commandé dans ce but. Décidément, la richesse  et le pouvoir octroyé par un rang social rendaient fou. Voir ainsi une créature aussi majestueuse être réduite à une simple distraction me rendait malade. Le corps du cochon avait été entouré de sangles auxquelles étaient attachées les lourdes chaînes qui l’immobilisaient. Il sembla s’agiter un moment avant qu’un homme aux cheveux noirs en bataille, tenus par un bandeau de tissu, vint le fouetter à plusieurs reprises, ce qui tira des cris et lamentations de la part du cochon avant de se calmer, une nouvelle fois la truffe basse.

« Ces salopards... » soufflais-je pour moi, observant le navire sous toutes les coutures visibles depuis mon perchoir. « Tiens, mais que voilà. »

Un petit groupe d’une dizaine de personnes sortit alors du navire en empruntant un petit pont-levis qu’ils venaient de faire descendre du pont. Le groupe, affichant des visages goguenards et riant aux éclats en se tapant dans le dos, commença à s’éloigner du port en empruntant l’axe principal. Curieux, et souhaitant glaner quelques informations sur le cochon, je décidais de les suivre. Je descendais alors du toit pour rejoindre une ruelle adjacente discrète, longeant les murs en plaçant la visière de ma casquette vers l’avant pour cacher mon visage. Je leur lançais des coups d’œil discrets pour les suivre, gardant mes distances avec eux pour ne pas éveiller les soupçons.

Leurs pas les menèrent à une auberge, au coin d’une rue aux allures malfamées. L’enseigne annonçait « Le Bar à Chats » au-dessus de la double porte battante qui en faisait l’entrée. Le groupe que je suivais y pénétra, et je les suivis d’un pas prudent, observant les alentours. Prenant la précaution d’attendre une bonne minute avant d’entrer, je poussais les double portes. L’intérieur était simple, une auberge tout ce qu’il y a de plus commun, mis à part un point bien particulier : toutes les serveuses étaient des Minks à l’apparence féline, vêtues de tenues de servantes et de lourds colliers métalliques. Des esclaves, elles aussi avaient le regard vide et leurs sourires ainsi que leurs gestuelles dénotaient d’un lavage de cerveau intensif, leur inculquant ces manières probablement par la force jusqu’à ce que leur esprit soit brisé. Décidément, cet endroit n’était vraiment pas à mon goût car, bien que les serveuses étaient mignonnes, les savoir forcées ainsi retirait tout le plaisir qu’aurait put être leur compagnie. Cependant, cela ne semblait pas déranger les clients du lieu, invitant les serveuses serviles à s’asseoir sur leurs genoux en leur attrapant la taille de façon insistante, ou en leur mettant des mains aux fesses lorsqu’elles passaient proche de leurs tables. Même de tels agissements ne les faisaient pas réagir, ni personne d’autre d’ailleurs, elles se contentaient de continuer leur travail comme si de rien n’était.

Je m’assis à une table dans un coin mal-éclairé, à quelques mètres de là où s’était installé le groupe que j’avais suivis jusqu’ici. Ils se faisaient servir par une jolie serveuse au pelage roux, très jeune, probablement trop jeune pour que le lavage de cerveau et le dressage ne soient complets, car son regard fuyant marquait son anxiété et sa gêne. Les hommes de la bande de contrebandiers étaient très tactiles avec elle, et la femme chat tentait tant bien que mal de s’échapper.

« Allez ma mignonne ! Viens ronronner sur mes genoux ! » s’exclama un grand type chauve au visage bardé de cicatrices, agrippant le poignet de la Minks de manière insistante.

« Je...je suis désolé Messieurs ~ Nyaaaa ~ mais j’ai d’autres clients à servir. » fit-elle, baissant les yeux en regardant ses pieds qui se tortillaient sur le sol l’un contre l’autre.

Finalement, le chauve lui lâcha le poignet et la laissa vaquer à ses occupations, il s’empressa néanmoins de noyer ce rejet dans l’alcool en renversant sa choppe et sa tête en arrière. Une serveuse s’approcha alors de ma table, une démarche féline à pas feutrés sur le bout des pattes, un pelage noir à l’extérieur et blanc vers l’intérieur, des pupilles fendues lui donnant ce regard perçant qui donnait l’impression qu’elle lisait en vous.

« Nyaaa ~ que puis-je vous servir cher client ? » me demanda-t-elle très poliment, accentuant ce côté servante de son uniforme par une courte révérence en tenant le pli de sa jupe du bout de deux doigts.

« Une choppe de votre meilleure bière. » lui répondis-je, faisant glisser deux pièces de cent berrys sur la table.

Elle me répondit d’un hochement de tête, ramassa les pièces et s’en alla s’enquérir de ma commande. J’avais vu dans son regard de la surprise, de mon comportement désintéressé probablement. Trop habituée à ce qu’on lui fasse du rentre dedans à la moindre opportunité. Mais, bien que j’aurais été enclin à la séduire dans d’autres circonstances, le contexte faisait que je ne voulais pas jouer à ce jeu. La serveuse revint quelques minutes plus tard, déposant la choppe remplie de ce doux nectar devant moi. Je la remerciais d’un hochement de tête, la regardant partir de cette démarche féline. Je reportais alors mon attention sur les contrebandiers qui étaient en grande conversation.

« Bwawawa ! Demain on sera riche, les gars ! Bwawawa » s’écria l’un d’eux hilare, s’attirant quelques regards intéressés de la part des tables alentours.

« Ouais c’est sûr ! Un truc aussi gros ça vaut son pesant d’or, et vu la taille de son cul, c’est une montagne de richesses qui nous attendent ! Hahaha ! » répondit un autre en levant sa choppe. « Allez ! Cul-sec ! »

Ils trinquèrent joyeusement avant de tous pencher la tête en arrière en y versant tout le contenu de leurs verres. Ils reposèrent ensuite leurs choppes brutalement sur la table avant de tous rire aux éclats. De mon côté, je sirotais ma bière par intermittence, prenant soin de ne pas trop les fixer de manière insistante, mes yeux rouges balayant la salle dans l’ombre de ma casquette.

Le temps passait, la nuit à l’extérieur était tombée et l’auberge s’était remplie de monde. J’avais même vus passer Vergas et quelques-uns de ses hommes qui n’étaient pas restés longtemps, montants à l’étage en compagnie de plusieurs Minks. Bien trop jeunes pour ce vieux dégueulasse. Il avait bien caché son jeu celui-là, et je doutais de repartir sur son navire le lendemain.

« Aaaaaah bon, c’est pas tout ça mais j’ai mon quart à prendre moi. » fit l’un des contrebandiers en se claquant les cuisses du plat des mains après avoir engloutit le reste de sa bière d’une traite. « On a une grosse journée demain pour amener ce gros porc à bon port, hahahaha. » dit-il en s’esclaffant, rire qui fut communicatif pour toute la tablée.

« Eh beh Rogers, faut croire que Shynia te fait enfin confiance pour te confier un tour de garde pour une si précieuse marchandise. » lui répondit un de ses camarades, rouge comme une pivoine sous l’effet des cinq choppes qu’il s’était enfilé depuis qu’ils étaient arrivés.

Le premier se leva alors de sa chaise, enroulant un foulard autour du bas de son visage et plaçant un chapeau à bords long sur sa tête, couvrant une partie de son visage jusqu’aux yeux. Je laissais alors un billet sur la table comme pourboire, attendant patiemment que l’homme quitte l’auberge pour lui emboîter le pas. Les journées étaient chaudes, mais les nuits étaient froides dans le coin, et Nova Rhodésia ne faisait pas exception. Je sortais de l’établissement, remontant la capuche de mon sweat-shirt sur le dessus de ma casquette, couvrant le vent qui venait me chatouiller le cou. Le dénommé Rogers avançait, visiblement ivre, en titubant légèrement, faisant parfois des embardées d’un côté en perdant l’équilibre, mené par un pied maladroit. Je le suivais à une dizaine de mètres derrière lui, les mains dans les poches. J’allais un peu plus vite que lui, et ça tombait bien car la ruelle que nous empruntions était assez mal éclairée. J’avais un plan en tête, et ce serait de toute beauté.




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Mes pas se rapprochaient, dans le dos de Rogers, silencieux comme les Minks de l’auberge, les pas feutrés du voleur en pleine action. J’arrivais à la hauteur de l’homme qui se parlait tout seul ou chantait quelque chose, je ne savais pas trop tant le rythme faisait insulte à la musique.

« ...Le Petit Oiseau a prit sa volée. » dit-il, interrompu par un rot qui le fit faire un petit saut avant de rire et de continuer. « A prit sa...hic.. la volette, a prit sa à la violette... » il marqua une pause, regardant sa main ouverte comme pour compter sur ses doigts. « Non, c’pas ça j’crois... »

Ne pouvant en supporter d’avantage, je l’agrippais brutalement par derrière, tenant son col avant de frapper son trapèze du tranchant de la main. Ce fut net et sans bavure et, dans un « hic » final, Rogers s’écroula. J’attrapais le corps inconscient du malheureux, qui s’était subitement mit à ronfler, pour le poser dans l’ombre d’un mur. Bien que la ruelle était déserte, il valait mieux être prudent. Je me mis à retirer les vêtements du type, le laissant à moitié nu, seulement vêtu de son caleçon long et de ses chaussettes. Je me servis du petit sac qu’il portait en bandoulière dans son dos pour y cacher mes vêtements et j’enfilais alors ses propres frusques. L’homme possédait des armes également, deux longues machettes à la ceinture et un tromblon dans le dos. Tout un équipement dont je ne me servirais probablement pas, préférant mes poings lorsqu’il était question de combat. Cependant, il fallait bien les porter pour que le déguisement soit complet, le chapeau à bords long vissé sur la tête, légèrement penché vers l’avant pour couvrir au mieux mon visage et mes cheveux. Le foulard vint compléter l’attirail, j’avais eus de la chance de tomber sur un gars qui cachait déjà si bien son visage. Il ne me manquait plus qu’à l’imiter, dans sa voix et ses gestes. J’avais pus l’observer pendant les quelques heures que j’avais passé à l’auberge, et j’avais confiance en mon jeu d’acteur.

« Mon petit oiseau.. » commençais-je alors à fredonner, reprenant la chanson qu’il chantait pour adapter ma voix. « A prit sa volée...non, s’il était si bourré avant de prendre son tour de garde, c’est que ça doit être une habitude... » me demandais-je, réfléchissant à la meilleure manière d’imiter l’homme, ne possédant que quelques informations vagues sur sa façon d’être.  

Je continuais mes expérimentations tout en avançant vers le port, il fallait que mon jeu soit parfait pour ce rôle. J’adoptais alors la démarche maladroite qui le faisait tanguer quelques minutes plus tôt, alternant entre une marche normale et ces pas de côté incontrôlés. J’arrivais alors face à l’immense bâtiment, deux gardes protégeaient l’entrée du pont-levis qui menait directement au pont principal. Je m’avançais alors vers eux, feignant de marcher droit comme le ferait un gars ivre qui tente de paraître sérieux.

« Eh Rogers ! » m’interpella un des deux gardes, un gars tout mince mais avoisinant les deux mètres. « T’as encore abusé de la picole avant ton tour de garde ? T’es vraiment pas sérieux mec ! »

« Aaaaah, on le change pas ce bon vieux Rogers, ça fait partie de son charme. » lui répondit le second, un petit gars ventripotent qui aurait put bloquer le passage à lui seul.

Je leur répondis d’un rire gras, comme j’avais entendus l’autre le faire un peu plus tôt à l’auberge. Je levais une main, la bougeant de haut en bas l’air de dire « arrêtez les gars, c’est pas marrant ». L’avantage que j’avais remarqué avec ce type, c’est qu’il parlait beaucoup avec les mains et faisait toujours de grands gestes, répondant parfois à une question d’un simple mouvement de la main qui en disait beaucoup. Les deux gardes s’écartèrent, levant leurs hallebardes scintillantes sous le clair de lune. J’empruntais alors le pont-levis qui me mena au grand pont, assez large pour y installer une belle maison. Des hommes se tenaient tout les vingt mètres, des lampes à huile à la main pour éclairer à la fois le pont et l’extérieur du navire, à l’affût d’un intrus ou d’un voleur. Et ils faisaient bien d’être sur leurs gardes, car le loup était déjà dans la bergerie. Je fis bien attention à ne pas être démasqué, gardant le chapeau penché vers l’avant, l’ombre portée par les lampes favorisant ma dissimulation. Je craignais juste de devoir parler, qui serait probablement le point crucial de ma couverture. Réussir à imiter quelqu’un n’était pas chose aisée, surtout quand on ne la connaît pas personnellement. J’arrivais près du cochon qui, au sol, n’occupait pas tant de place, ses petites pattes hautes de trois mètres permettaient de passer dessous et une bonne partie de son arrière-train dépassait du bord du navire. Cela avait dû être compliqué de le monter là. Face à moi, un homme se retourna en ouvrant grand les bras lorsqu’il me vit.

« Ah Rogers ! C’est pas trop tôt ! » s’exclama-t-il, visiblement énervé. « Et encore bourré à ce que je vois, et sens... » fit-il, ne masquant pas son dégoût face à l’odeur dégagée par les vêtements de Rogers. « Sérieux, putain ! Je t’ai déjà dis de ne plus me décevoir, c’est ta putain de dernière chance ! »

Je ne savais trop si je devais répondre quelque chose, probablement oui, les gestes des mains ne pourraient pas m’aider ce coup-ci. Et l’homme face à moi, sûrement celui que les gars à la taverne avaient appelés Shynia, semblait bien connaître le Rogers que je tentais d’incarner. Avec succès jusque là, mais la présence de cet homme commençait à me faire douter. Il faisait ma taille, peut-être un peu plus, des cheveux noirs mi-longs en bataille, tenus par un bout de tissu. C’était lui que j’avais vus fouetter l’animal lorsque je me trouvais sur les toits. Il fumait sur une fine cigarette en laissant échapper de fines volutes qui se perdaient parfois dans sa barbe courte mais bien fournie. Dans son dos dépassait une lame vers le haut et le bout d’un tromblon en bas de l’autre côté, si ces deux bouts formaient une seule et même arme, c’en était une des plus originales. A sa ceinture trônait un revolver sans barillet, un grappin relié à une corde était simplement enfoncé dans le canon. Je ne savais pas exactement comment se battait ce type, mais cet équipement m’en donnait un bref aperçu.

« Bon, tu vas me répondre, Rogers ? » dit-il alors face à mon silence, hésitant à dire quoi que ce soit qui pourrait griller ma couverture, il avait pressé le ton en s’approchant de quelques pas, seulement deux mètres nous séparant à présent.

« Ou...Oui chef. » dis-je d’un ton soumis, presque dans un souffle, feignant de retenir un hoquet en secouant brièvement le buste.

Le silence se fit comme toute réponse, Shynia me regardait d’un air interloqué, suspicieux. Puis il éclata de rire, se tapant furieusement la cuisse, des larmes manquant de peu de couler sur sa joue.

« Chef ? » s’exclama-t-il, hilare. « Rogers qui m’appelle ‘Chef’, ahlalala, t’as vraiment dû abuser ce soir. »

Visiblement, je n’avais pas sortis le bon sobriquet, cet homme semblait proche de ses hommes et je n’y avais pas assez prêté attention. Sur ces mots Shynia passa à côté de moi, continuant de rire aux éclats. Je m’avançais alors en direction du cochon, sans presser le pas pour ne pas attirer l’attention des gardes ou de Shynia qui était assurément le chef de ce groupe de contrebandiers. Et, à la taille du bateau, il n’était pas absurde de dire qu’ils n’étaient pas des amateurs en la matière.

« Eh Rogers ! Tu vas où ? » reprit soudainement la voix de Shynia dans mon dos, à quelques mètres de moi. « Ton poste c’est là-bas. » me fit-il en pointant du doigt un bord du bastingage, à l’opposé de là où je me dirigeais. « Attends...tu peux enlever ton chapeau Rogers ? »




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Est-ce un Bateau ?
Est-ce un Poisson ?
Non, c’est un Cochon !


Présent
✘ Quête Solo




Je m’arrêtais net, tournant légèrement la tête de côté, un de mes yeux carmins observant attentivement Shynia qui, suite à sa demande, avait posé sa main sur le grappin à sa ceinture. Ma respiration s’était arrêtée l’espace d’un instant, réfléchissant à toute vitesse à un moyen de me sortir de là. De brefs coups d’œil ici et là me permirent d’envisager plusieurs voies de sortie en cas de confrontation. Shynia s’approcha de quelques pas, lents et mesurés.

« Me force pas à me répéter, Rogers. » commença-t-il, insistant bien sur ‘répéter’. « Enfin, si tu es bien Rogers... »

Décidément, j’étais en mauvaise posture. Les doutes de Shynia ne tarderaient pas à me démasquer et alors, le combat serait inévitable. Il fallait que je réagisse, vite.

« Aaaaaaaaaah que j’suis con. » fis-je en me retournant, imitant la voix alcoolisée de Rogers. « C’est ce porc qui m’embrouille, j’reconnais plus ma gauche de ma droite. Hahaha. »

Shynia me fixait intensément, des pieds à la tête, son air suspicieux ne quittant pas ses traits. Sa main s’était peu à peu refermée sur la crosse de son pistolet-grappin, levant l’autre pour attraper l’arme dans son dos. Il la ramena dans sa main, côté tromblon. L’arme était des plus étranges, ressemblant en tout point à un tromblon sur toute une partie, l’autre côté étant composé d’une longue lame recourbée, retombant sur un côté à la manière d’une tête de hache. Il braqua alors le canon de son arme droit vers moi, fermement maintenue sous son épaule, la lame dépassant derrière lui ressemblait à un aileron.

« Ton chapeau, mec. » lâcha-t-il d’un ton que l’on pouvait deviner irrité.

Il avait arrêté de m’appeler ‘Rogers’, et ce n’était vraiment pas bon signe. L’arme qu’il tenait avait certes le désavantage d’être lente à recharger, cependant les munitions généralement utilisées crachaient des plombs sur une large zone. Ce n’était pas un fusil pour la précision, mais une arme utilisée à portée réduite et qui pouvait se recharger avec à peu près n’importe quoi, du caillou aux bouts de verre. Je décidais alors de lui obéir, levant une main devant moi pour lui faire signe de ne pas tirer et menant l’autre jusqu’au chapeau que j’attrapais du bout des doigts.

« Bien, je crois que je n’ai pas le choix dans ce cas. » commençais-je, retirant le couvre-chef tout doucement pour dévoiler le haut de mon visage, mes cheveux blancs et mes yeux rouges qui le fixaient droit dans les yeux. « Tant pis...rends-ça à ton pote ! » m’exclamais-je soudainement, jetant le chapeau à hauteur des yeux de Shynia.

Je plongeais de côté, me réceptionnant en roulade alors que le coup de feu retentissait. Le chapeau à bords longs fut déchiqueté en petits morceaux de tissu et de cuir. Le pont et des tonneaux dans l’aire d’effet de l’arme furent également criblés. Plusieurs plombs m’avaient effleurés à la jambe et au bras droit, un autre plomb s’était également logé dans mon épaule. Heureusement, ce genre de projectile ne s’enfonçait pas très profondément et était destiné à frapper en nombre pour causer le plus de dégâts. J’avais évité le pire. Je terminais ma roulade pour me réceptionner sur mes jambes, passant derrière un mât sacrément épais. Je jetais un coup d’œil à Shynia pour m’apercevoir que son coup de feu avait rameuté tout les gardes présents sur le pont, armés de fusils et de sabres. Déjà, les coups de feu commencèrent à fuser de toute part, hormis de là où se trouvait le cochon où il n’y avait personne. J’avais prévu d’affronter leur chef, le défaire et libérer l’immense animal, mais autant d’adversaires compliquaient les choses. Sans y réfléchir plus longtemps, je m’élançais à toutes jambes vers l’énorme cochon.

« Attrapes-moi si tu peux ! » criais-je à l’attention de Shynia en lui tirant la langue alors que ma course m’avait déjà permit de prendre quelques distances avec lui.

Soudain, j’entendis un claquement métallique au milieu de toutes les détonations des fusils. Par réflexe, je bondissais d’un pas de côté avant qu’un grappin vienne s’enfoncer dans le bois du pont à l’endroit où je m’étais trouvé. Un coup d’œil en arrière me permit de voir le chef des contrebandiers, tiré par la corde reliée au grappin et s’approchant à grande vitesse. L’instant d’après, il était à côté de moi, envoyant son arme côté lame dans ma direction. J’évitais de justesse en reculant la tête, voyant la lame passer à un centimètre de mon nez en sifflant dans l’air. Aussitôt, il continua d’attaquer, fouettant l’air devant lui de sa lame affûtée. Je parais en frappant le plat de la lame, le repoussant à chaque assaut. Cependant, ses hommes approchaient dangereusement.

« Je sais pas qui t’es enfoiré, mais tu vas regretter de t’en être pris à nous et, par extension, à Mervos Sealayen ! » s’exclama-t-il, continuant ses attaques sans discontinuer.

« Moi c’est Mazino, enchanté. » lui répondis-je en affichant un grand sourire, parant à nouveau sa lame et lançant un coup de pied qui fut paré par le manche de son arme. « Je sais pas qui c’est, et je m’en fous, j’aime juste la tronche de votre cochon, donc je le prends avec moi. »

Dans un énième coup de pied, je réussis enfin à placer un coup, du bout je prenais appui sur son épaule pour le pousser en arrière tout en faisant la même chose de mon côté. Cela me permit de mettre quatre mètres entre nous automatiquement, me retournant aussitôt pour m’élancer vers la première chaîne du porcin géant. En tout, quatre grosses chaînes le retenaient, reliées au pont par des cadenas faits d’un alliage qui, à l’œil nu, semblait particulièrement résistant. J’avais certes confiance en mes capacités martiales, mais briser un truc pareil me demanderait pas mal de temps, enfin si j’y allais à la force brute. Mes talents de voleur, eux, étaient bien plus adaptés pour ce genre de tâche. Mais, crocheter un cadenas en plein combat n’est pas chose aisée, voir un acte de suicide par cadenas et soldats interposés. Cependant, j’avais une idée un peu folle en tête.

J’arrivais à la première chaîne, frappant celle-ci de plusieurs coups de pieds, descendant jusqu’au cadenas qui ne sembla pas se fragiliser. Je contournais alors le cadenas, de sorte à ce que Symia se retrouve de l’autre côté de la chaîne. Et il arriva rapidement, pointant à nouveau son tromblon qu’il avait sûrement rechargé pendant sa course. Je me plaçais de sorte à ce que la chaîne soit entre lui et moi au moment où il tira, les plombs vinrent tinter contre les énormes maillons dans un tintement métallique. Derrière leur chef, les gardes s’approchaient également, n’osant pas tirer à cause de la présence de Shynia devant eux. Et, le fait que nous nous battions sous le cochon, non loin de ses pattes, devait participer à leur hésitation à s’engager dans le combat.

« Bordel ! Mais t’es qui toi ? » s’exclama Shynia en tentant de me frapper du côté lame de son arme, son attaque venant à nouveau frapper la chaîne tandis que je me déplaçais derrière celle-ci. « Bats-toi comme un homme ! »

Cette dernière phrase flotta un instant dans mon esprit avant de me tirer un sourire. Je me cachais alors derrière la large chaîne, passant du côté où les soldats étaient derrière moi tandis que nous tournions autour du cadenas. Puis, je passais la tête d’un côté pour regarder Shynia en face, un air mêlant dégoût et surprise, un sourcil arqué et les lèvres légèrement retroussées d’un côté de la bouche.

« Putain, c’est vachement sexiste ce que tu viens de dire ! » dis-je en plaçant une main devant ma bouche d’un air choqué. « Honte sur toi ! Fais seppuku ! » finis-je en fronçant les sourcils pour paraître sérieux.

Cela dit, ça m’aurait arrangé qu’il le fasse, mais se débarrasser de lui ne serait pas aussi simple. Suite à ma pique, son visage se mit à rougir subitement avant qu’il ne tente à nouveau de me frapper de plusieurs coups d’estoc desquels je me protégeais en repassant derrière la chaîne. Derrière moi j’entendais les pas des gardes se rapprocher. M’agrippant fermement d’une main à un maillon de la chaîne, je bondissais de côté, plaçant mon corps à l’horizontal qui, dans le mouvement, tourna à quatre-vingt dix degrés autour de la chaîne. J’envoyais ma jambe alors que j’arrivais sur Shynia, le frappant de toutes mes forces. Il eût le réflexe de lever son arme devant lui, mon tibia venant frapper le manche entre les deux parties. Je dépliais plus encore mon genou, envoyant la pointe de mon pied droit dans son ventre avec une force suffisante pour le soulever du sol et l’envoyer à quelques mètres contre le bastingage. De l’autre côté de la chaîne, un déluge de balle vint percuter les maillons derrière lesquels je me cachais. Le métal se mit à grincer, déformé et fragilisé par les nombreux impacts reçus en si peu de temps. Je m’éloignais alors qu’un maillon se tordait, tiré par le poids du cochon qui avait commencé à s’affoler devant toute cette agitation autour de lui. Dans un énième grincement métallique, le maillon lâcha, claquant brutalement avant qu’une partie ne vienne s’écraser du côté des gardes qui se mirent à courir dans le sens opposé.  

« Grruuuuuuuiiiiiiiiiiiiii !! » s’écria le cochon vert géant, retrouvant une partie de sa liberté de mouvement grâce à la chaîne manquante.

« T’inquiètes mon gros, je suis sur le coup ! » lui répondis-je comme si je savais ce qu’il venait de dire.

J’en avais profité pour reculer vers une seconde chaîne alors que Shynia, remit sur ses pieds, me fonçait de nouveau dessus. A nouveau, il se servit de son grappin qui vint s’accrocher dans un maillon de cette deuxième chaîne. Il se hissa rapidement jusque là, profitant de sa position aérienne pour envoyer sa lame vers l’avant, dans ma direction. Le tranchant recourbé m’effleura la joue, faisant jaillir un filet de sang tandis que je frappais le manche de l’arme du haut vers le bas. La lame descendit en frottant la chaîne, faisant jaillir des étincelles. J’en profitais pour envoyer un coup de poing dans le visage de Shynia, le poussant en arrière. Son arme au niveau de mon genou, je levais le pied pour la plaquer au sol, à quelques centimètres du cadenas. Cependant, le bougre ne lâchait pas prise et se maintenait au manche de son tromblon-lame, ou tromblame.

« Enfoiré ! J’vais te buter ! » grommela-t-il, toujours en perte d’équilibre vers l’arrière, son arme étant le seul point d’ancrage auquel il pouvait se retenir. « J’te laisserai pas voler notre cochon ! »

« Ah, tu crois ça mon pote ? » m’exclamais-je en lui tirant la langue.

Je m’approchais subitement de lui, le frappant de l’épaule tout en lui agrippant le bras et le poignet. J’orientais le tout, resserrant ma prise en lui faisant faire des moulinets du bout de sa lame. Je n’avais pas le temps de faire plus de tests et, en poussant en arrière avec mon épaule puis en tirant sur son bras vers l’avant, la pointe frappa le cadenas, s’enfonçant droit dans la serrure. Grâce à mon habilité particulière avec ce genre de mécanisme, j’eus juste à effectuer une légère torsion pour entendre le déclic avant que l’objet ne laisse s’échapper la chaîne. Ainsi, tout un côté du cochon était détaché, celui-ci tentant alors de s’échapper en prenant une courte accélération avant que les deux dernières chaînes ne se tendent subitement. Le choc fut si violent que le navire se mit à tanguer avant de pencher d’un côté, faisant basculer tout le monde jusqu’au bastingage opposé.

« Saloperie de cochooooon ! » s’exclama Shynia que j’avais lâché, le basculement nous séparant alors que nous chutions.

Je tombais près d’une des deux dernières chaînes, m’agrippant à celle-ci pour stopper ma chute. Le bateau se remit enfin à l’endroit et je décidais de profiter de ce bref moment d’accalmie. Je frappais d’un puissant coup de poing les lattes de bois du planche qui se trouvaient sous moi. Elles éclatèrent, des copeaux de bois volants dans tout les sens. Observant les bords d’une latte, je trouvais ce que je cherchais. Un clou qui dépassait, je l’attrapais, l’arrachant du bois violemment. Puis je m’en servis pour crocheter la serrure du cadenas. Un coup à droite, puis à gauche, puis faire rouler le clou le long de la paroi supérieure et ‘clic’ c’était bon. Une nouvelle chaîne se décrocha du pont et, le cochon en profita immédiatement pour se pencher les deux pattes avant sur le bastingage. Une nouvelle fois, le navire se mit à tanguer d’un côté puis de l’autre. Je dus tout d’abord m’accrocher à la rambarde en bois, manquant de peu de passer par dessus bord. Puis, bien décidé à libérer cet énorme pachyderme, je m’élançais vers le dernier lien qui le retenait à sa détention.

« Pas si vite sale fils de chien ! » s’écria une voix à ma gauche.

Shynia revenait à l’assaut, le tromblon dans ma direction, le doigt sur la détente prêt à tirer. Et il ne lui fallut pas une grande hésitation pour le faire dès qu’il eût parlé. Un nuage de plomb se dirigeait dangereusement vers moi. Je plongeais au sol, les mains en avant pour me réceptionner en exécutant une roulade. Je sentis alors une forte chaleur sur le côté du corps, juste sous les côtes, puis une vive douleur. Je me relevais, reprenant ma course vers le dernier cadenas. Mais, le chef des contrebandiers n’avait pas dit son dernier mot, son grappin passant juste devant moi avant que la corde ne se tende. Je pliais subitement les genoux, tombant au sol sur les tibias en glissant sous la corde. Shynia s’élança alors, tiré par son grappin, retournant son arme dans son sens de corps à corps pendant son vol plané. Je sentis sa lame m’effleurer le dos, une nouvelle douleur m’indiquant qu’il avait tranché dans le vif, éclaboussant le plancher d’un peu de sang.

« Bordel ! J’espère que t’as pas abîmé mon tatouage, enfoiré ! » m’exclamais-je, m’inquiétant plus pour ce symbole de mon héritage familial que pour ma propre santé.

J’arrivais alors à hauteur du dernier cadenas, lançant mon bras droit dessus avec mon clou entre les doigts. Le petit objet métallique exécuta sa besogne sans grande difficulté, se finissant à nouveau par ce son caractéristique que j’aimais tant entendre. La chaîne fut libérée, tout comme le gros porcin qui se mit en branle. Prenant lourdement appui sur le bastingage, le pachyderme s’élança dans les airs, les chaînes toujours reliées à sa selle flottant derrière lui dans des tintements métalliques. Dans un réflexe j’étendais ma main pour attraper la chaîne qui était juste devant moi, m’agrippant fermement à l’anneau. Juste à temps, car déjà j’étais soulevé du sol à la suite du cochon qui s’élançait le long du port. Shynia venait de rater son coup, frappant l’endroit où je m’étais trouvé un instant plus tôt en enfonçant sa lame dans le plancher, relevant ses yeux pour me fixer avec étonnement.

« Allez, ciao l’ami et merci pour le cochon ! » m’écriais-je, ma voix perdue dans les tintements des chaînes qui s’entrechoquaient autour de moi.



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Est-ce un Bateau ?
Est-ce un Poisson ?
Non, c’est un Cochon !


Présent
✘ Quête Solo




Le cochon filait à travers le port, ses petites pattes pour son gabarit faisaient des petits pas qui, proportionnés à sa taille, nous faisaient aller à toute allure. Enfin, moi j’étais plus atteint de nausées qu’autre chose. Ainsi brinquebalé au gré des foulées du pachyderme, toujours accroché à ma chaîne, nous traversions une partie de la ville. Résistant aux envies de rendre mon dernier repas au peuple de la Nova Rhodésia, je me mis à grimper anneau par anneau. Cela me demanda quelques minutes pour gravir toute la chaîne jusqu’au dos du gros cochon. Là, j’agrippais ses courts poils verts qui ressemblaient à s’y méprendre à des brins d’herbe, et je me hissais sur son dos. L’animal était secoué de tout côtés dans sa course folle, m’obligeant à me cramponner à son poil tout en avançant sur son dos. Ainsi recroquevillé, j’arrivais à la tête de l’animal, contournant un petit trou au niveau du sommet de son crâne. Je ne savais pas à quoi cela servait, mais ce n’était pas une blessure ça j’en étais sûr. Un genou au sol, je continuais de m’agripper aux poils pour ne pas chuter jusqu’à ce que j’eus atteins son front, juste au-dessus de ses yeux. Je me posais en tailleur, les mains fermement agrippées dans des touffes de poils.

« Alors mon gros, toi aussi t’aimes ça la liberté, hein ? » m’exclamais-je pour le cochon, persuadé qu’il me comprenait.

« Grruuuuiiiik Gruik ! » me répondit-il, ses anciens cris de douleur étaient à présent remplacés par de petits grognements enthousiastes.

« C’est super ça, mon pote ! » continuais-je en lui grattouillant un des endroits que je tenais fermement pour ne pas tomber. « On pourrait se promener ensemble, voyager dans le monde à dos de cochon ça me plairait bien, t’en dis quoi ? »

« Gruiiik Gruik Gruik ! »

« Ahahaha alors c’est réglé mon cochon ! Sois sûr qu’avec moi, jamais tu n’aura de chaîne et je te protégerai au péril de ma vie. Maintenant, cap sur notre liberté ! » m’exclamais-je en ressortant ma casquette que je vissais sur ma tête visière vers l’arrière, puis je pointais du doigt en avant tel un aventurier qui aperçoit une nouvelle terre depuis son navire.  

« Grruuuuuuiiiiiiiiik ! »

Le gros cochon, à qui il faudrait que je trouve un nom, s’était mit à emprunter une rue large, qui servait probablement au transport de marchandises. Nous filions à travers la ville, le ventre bedonnant du pachyderme passant très proche des habitations. La nuit était bien avancée et les rues étaient peu fréquentées à cette heure mais, dès qu’on passait un peu trop proche d’un passant, le pachyderme faisait un écart comme s’il était terrorisé par l’homme. De plus, la course folle de l’énorme cochon faisait trembler le sol à chaque pas, réveillant les habitants sur notre passage qui allumaient les lumières chez eux ou sortaient dans la rue en peignoir, observant l’immense animal avec des mines bouches-bées. Depuis le sommet de sa tête qui dépassait d’une dizaine de mètres toute habitation, la vue était imprenable, me permettant d’observer des mouvements de troupes à quelques pâtés de maison qui se dirigeaient dans notre direction.

« J’crois qu’on va pas nous laisser nous barrer si facilement, t’arrêtes pas mon gros cochon ! » dis-je au pachyderme, lui donnant une petite tape amicale entre deux grattouilles.

Je me relevais, plaçant mes bras sur les côtés comme pour garder l’équilibre et je me mis à avancer vers l’arrière-train de l’animal. Les grosses chaînes métalliques étaient encore attachées au dos de l’animal. D’ailleurs, celles-ci avaient fait quelques dégâts dans leur sillage, arrachant des façades de maisons et écrasant des petits commerces. De plus, le poids des énormes anneaux ralentissait considérablement la vitesse de l’animal et, si je ne m’en débarrassais pas, mon nouvel ami finirait par s’épuiser et nous serions rattrapés par les contrebandiers et les gardes de la ville portuaire. J’arrivais au niveau de là où une chaîne était maintenue à la selle par un cadenas assez gros. Je commençais à le frapper du talon mais le verrou ne voulait pas céder. Puis, je me souvins que j’avais toujours les habits et l’équipement de Rogers. Je dégainais alors une de ses machettes pour y enfoncer le bout de la lame dans l’interstice destiné à la clé du cadenas. Je tournais d’un sens puis de l’autre, le mécanisme ne se laissant pas aussi bien faire qu’avec le clou. Cependant, après quelques secondes à lutter le mécanisme finit par céder et relâcha la chaîne qui se mit à glisser le long du flanc de l’animal immense. La chaîne s’écrasa au sol dans un fracas, bloquant une partie de la route alors qu’un bout de la chaîne tombait sur un établissement bien éclairé. Aussitôt, tout un petit monde sortit de l’endroit, à moitié nus pour la plupart, ce devait être une maison de passe que je venais de partiellement détruire sans faire exprès. Je levais la main vers eux, un grand sourire gêné inscrit sur le visage.

« Désolé d’avoir interrompu vos coïts messieurs dames ! Bonne booouuurre ! » m’exclamais-je assez fort pour qu’ils m’entendent, mais ma voix se perdit dans la distance qui nous eût séparé, le cochon connaissant une légère accélération ainsi débarrassé d’un poids.

Je me dirigeais alors vers un second cadenas, commençant à le crocheter comme le précédent. Puis, un coup de feu retentit alors qu’une balle passait en m’effleurant le bras, y inscrivant une courte coupure en déchirant la manche du manteau de Rogers. Mon regard se dirigea vers l’origine du coup de feu, une dizaine d’hommes sur les toits nous suivaient, profitant de leur perchoir pour couper les ruelles et nous rattraper au fur et à mesure, nous qui étions limités par les routes larges de la ville. A la tête de ces soldats se trouvait Shynia qui, armé de son tromblon, ne pouvait pas faire grand-chose à une telle distance. Néanmoins, à l’aide de son grappin, le contrebandier se déplaçait vite de toits en toits. Toujours à crocheter la serrure, le cadenas fut déverrouillé en relâchant la chaîne. J’en profitais pour frapper la chaîne tombante, la réorientant en direction des toits des habitations proches. L’immense lien métallique vint s’écraser sur les toits, détruisant des cheminées et arrachant une partie des tuiles et des poutres, faisant s’affaisser une partie de la toiture sur elle-même.

« Bouffes-toi ça saloperie de contrebandier ! » m’écriais-je à l’attention de Shynia qui fut momentanément bloqué par la chaîne.

L’homme aux cheveux en bataille envoya son grappin sur un toit de l’autre côté de la rue, bien décidé à récupérer sa marchandise cochonesque. De mon côté, je continuais ma tâche en m’en prenant à un troisième cadenas. Si j’avais eus un crochet, cela m’aurait à peine prit quelques secondes pour faire sauter le verrou, mais à l’aide de la machette cela prenait un peu plus de temps.

Soudain, le grappin vint s’accrocher dans un anneau de la chaîne, Shynia se propulsant à sa suite dans ma direction. Son tromblon pointé vers moi, il pressa la détente dès qu’il fut à portée. Ne souhaitant guère me faire toucher, et encore moins que le tir ne blesse le cochon, je soulevais la chaîne entre moi et les projectiles, ceux-ci percutant le métal dans un tintement. Quelques plombs passèrent néanmoins les anneaux pour venir me toucher au torse, une partie fut bloquée dans le cuir du manteau de Rogers mais certains vinrent s'enfoncer d'à peine un centimètre dans la chair en y faisant couler le sang qui se mit à teindre de rouge la chemise blanche empruntée. Je poussais alors les lourds anneaux de métal vers mon adversaire, celui-ci les repoussant de sa lame recourbée. Il fonça droit sur moi, commençant par plusieurs coups d’estoc avant de frapper horizontalement. Je reculais pour éviter les attaques perçantes, évitant d’un côté puis de l’autre en me mettant de profil. Puis, je remontais la machette de Rogers devant moi pour parer le coup horizontal, celui-ci me repoussant de quelques pas en arrière. Je remarquais d’un coup d’œil que le grappin, relié à la corde jusqu’à son pistolet à sa ceinture, était resté accroché dans l’anneau de la chaîne. Une petite idée en tête, j’évitais un nouveau coup de sa lame en reculant d’un bond, reprenant quelques distances avec mon adversaire. Bien décidé à me faire payer, il s’élançait déjà sur moi avec la pointe de sa lame en avant, profitant de l’allonge de l’arme. Je plongeais sous la lame, exécutant une courte roulade qui me mena juste en-dessous de lui alors que je dépliais violemment mes genoux en visant son sternum. Shynia ne put parer de par sa position et fut projeté en arrière, ses pieds se décollant du sol. L’homme fut éjecté hors du dos du cochon, rattrapé par la corde tendue de son grappin qui le maintenait dans les airs. Alors que le cochon continuait de filer à travers la ville, Shynia se retrouvait derrière au bout de sa corde en la remontant petit à petit. Je me débarassais alors à la hâte du manteau que je portais, un lourd habit de cuir qui entravait mes mouvements plus qu'autre chose. Alors que Shynia pointait une nouvelle fois son tromblon dans ma direction, je lâchais le manteau dans les airs, celui-ci allant droit à la rencontre de mon adversaire. L'habit entra en contact avec lui en s'enroulant autour de son visage et d'une partie de son corps, bloquant momentanément sa vue. Il tira un coup de feu qui n'eût comme cible que l'air ambiant. Je n’avais pas perdu un instant, j’enfonçais alors la pointe de la machette dans le cadenas, triturant le mécanisme en observant le contrebandier toujours aux prises avec le manteau. Enfin, un ‘clic’ retentit et la chaîne fut libérée, retombant du flanc de l’animal. Mon regard croisa alors celui de Shynia qui se mit à chuter au bout de sa corde.

« Ciao mec ! Je garde le cochon du coup ! » m’exclamais en plaçant mes mains en porte-voix.

Je le vis tomber dans la rue dans un fracas qui souleva un gros nuage de fumée, je ne savais pas s'il s'en était sortit mais j'espérais en être définitivement débarassé. Je me retournais sur le dos de l’animal pour observer ce à quoi il faisait face : la sortie de Nova Rhodesia, donnant sur des plaines luxuriantes.

« Grrruuuuuiiiiiiiik ! » fit l’animal géant enthousiaste.

« Grave, à nous la liberté mon pote ! » lui répondis-je en m’asseyant en tailleur sur sa tête, j’ouvris alors les bras de chaque côté. « Nous sommes les rois du mooooonnnde !!! »




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Est-ce un Poisson ?
Non, c’est un Cochon !


Présent
✘ Quête Solo




Le cochon filait à vive allure dans les plaines de la Rhétalia, il semblait content d’avoir retrouvé sa liberté et d’ainsi gambader dans les prés. Cela faisait chaud au cœur à voir et j’étais également heureux de m’être fait un nouvel ami, aussi porcin soit-il. J’avais toujours adoré les animaux, les trouvant généralement plus fiables que les humains. Même s’ils voulaient vous bouffer, au moins vous saviez à quoi vous attendre. De plus, depuis l’épisode de ma troupe itinérante réduite en esclavage, je n’avais pas eus beaucoup d’occasion de voir des animaux, mis à part des chats et des chiens dans les rues de Saint-Uréa, errants pour la plupart. Il y avait bien eut quelques espèces exotiques lors de mon passage à Amerzone, mais rien de comparable à mon nouveau compagnon de voyage. Lui, il était grand, majestueux, vert, tant de qualités qui auraient fait pâlir un roi des mers. Cette pensée apparut dans ma tête comme une ampoule qui s’allume.

« Ouais c’est ça ! T’es le Roi des Cochons mon pote ! » m’exclamais-je en donnant de petites tapes amicales sur le sommet du crâne du pachyderme. « Va falloir qu’on te trouve une couronne, et un nom aussi. »

Je me mis à réfléchir, la tête posée contre mon poing, le coude posé sur ma jambe, pensif. J’observais attentivement le cochon, vert, plutôt marrant et il y avait aussi ces sangles toujours attachées autour de son corps mais qui ne semblaient pas le déranger. J’avais rencontré un gars marrant dans un bar une fois, le type s’était promené toute la soirée avec une sorte de très grand slip qui s’étirait jusqu’aux épaules. Toute la taverne avait alors éclaté de rire, un sacré souvenir. Mais comment s’appelait le gars déjà ?

« Ah voilà, écoutes ça mon gros ! » commençais-je en relevant la tête. « Borat, ça t’irait comme nom mon pote ? » lui demandais-je alors enthousiaste.

« Gruuuuiiik Gruik Gruik ! Gruik ! » fit-il alors, grognant et couinant gentiment en sautillant, m’obligeant à m’agripper soudainement à son poil.

« Ahah je sais mon gros Borat, j’ai un talent pour trouver des noms ! » m’exclamais-je hilare en lui mettant de petites tapes amicales sur le sommet de la tête.

Borat, fraîchement baptisé, s’élança dans les plaines de son petit pas rapide. Je profitais du vent qui me caressait le visage en observant le paysage de l’île. Ainsi assis sur la tête de l’animal, nous traversions plaines et collines, chassant les animaux sauvages sur notre passage, effrayés en voyant arriver l’immense Borat. Enfin, c’est qu’ils ne le connaissaient pas. Moi non plus certes, mais j’avais déjà remarqué sa timidité. Il avait tendance à fuir les autres animaux, et suite à ce qu’il avait vécu aux mains des contrebandiers c’était probablement le cas pour les humains aussi. Au loin, une gigantesque pyramide se dessinait dans l’horizon, un des symboles de l’île et leur fierté. De petits cours d’eau s’entrelaçaient dans les plaines, que Borat enjambait sans difficulté. Puis, ayant pris assez de distance avec Nova Rhodésia, nous décidions de nous arrêter près d’une rivière pour faire une pause.

« Regarde-moi ça, quel paysage magnifique ! » dis-je à Borat avec enthousiasme, un grand sourire béat sur le visage.

La lune se reflétait dans l’eau de la rivière, se déformant et se reformant au gré des vagues. Le cochon géant avait baissé sa truffe dans l’eau pour boire, j’en profitais alors pour glisser le long de sa tête afin de descendre. A la manière d’un toboggan, je glissais jusqu’au groin avant d’être projeté dans les airs au-dessus de l’eau. J’exécutais une petite pirouette aérienne avant de tendre les bras et de plonger dans la rivière. Je sortais de l’eau, rafraîchit par ce petit bain de minuit. J’atteignis la berge en retirant les frusques de Rogers, voulant retrouver ma tenue décontractée, mon sweat-shirt et mon pantacourt. Bien que la nuit était fraîche, je préférais être dans mes habits quitte à me geler les roustons. J'en profitais pour nettoyer mes plaies et sortir les plombs légèrement enfoncés sous ma peau, ne réussissant pas à en retirer trois enfoncés trop profondément. Je me servis de la chemise de Rogers pour faire des bandages dont je me servis pour arrêter les quelques saignements.

« Tu crois qu’on est assez loin pour pioncer un coup ? » demandais-je à Borat en venant lui gratter le flanc tandis qu’il s’était allongé au sol, toujours à boire dans la rivière.

Tout les évènements de la soirée, ainsi que mes blessures, m'avaient fatigué et je sentais déjà mes yeux cligner frénétiquement, signe qu'il était temps de faire une petite pause sommeil. Il sortit la tête de l'eau pour la tourner vers moi, approchant son groin à un mètre de mon visage avant qu’une langue aussi grande que moi vienne me léchouiller des pieds à la tête. Couvert de bave, j’affichais toujours mon sourire béat, heureux que le cochon géant m’apprécie autant.

« Gruiik Gruik » fit-il pour toute réponse, ce qui était parfaitement clair.

« Ouais, t’as raison, pas besoin de se prendre la tête, ils nous retrouveront probablement pas. » dis-je en lui grattant le front.

Borat s’allongea un peu plus loin de la berge pour s’allonger en se roulant en boule, ressemblant à un énorme ballon vert. Je me dis que faire un feu était trop dangereux pour le moment, mais la nuit était trop froide pour dormir sans source de chaleur. Puis, voyant le porcin géant ronfler, son gros ventre se soulevant avant de s’affaisser dans un long souffle, je décidais de me blottir contre lui. Je trouvais un endroit au chaud, à moitié sous une patte qui me servait de couverture, c’était confortable.

« Bonne nuit Borat. » dis-je avant de fermer les yeux, Morphée me tendant les bras.

« Gruik Gruik » fit le cochon géant entre deux ronflements.





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Est-ce un Bateau ?
Est-ce un Poisson ?
Non, c’est un Cochon !


Présent
✘ Quête Solo




Un martèlement successif et conséquent. Mes yeux, encore collés par le sommeil, tentaient d’y voir quelque chose alors que j’étais réveillé par ce son. Je poussais légèrement la patte de Borat encore bien endormit, celui-ci grognant légèrement lorsque sa patte retomba au sol. Je me relevais en observant l’horizon et, derrière une colline pas très loin un nuage de poussière se soulevait dans le ciel. Les martèlements se firent plus bruyants alors qu’une vingtaine de cavaliers apparaissaient, au galop et fonçant droit dans notre direction. Ils n’étaient qu’à une centaine de mètres et leur vitesse les mèneraient rapidement jusqu’à nous. Je me retournais vers Borat pour lui mettre une claque sur le flanc pour le réveiller.

« C’est finit la sieste mon gros ! » m’exclamais-je en mettant mes mains en porte voix en direction de ses grandes oreilles.

« Gruiik ? » répondit Borat en grognant, ouvrant ses yeux avec difficulté.

« J’te dis qu’il faut qu’on se tire de là, et vite ! » continuais-je en lui claquant le flanc.

Derrière moi, les cavaliers se rapprochaient avec à leur tête Shynia, son tromblame tenu fièrement au-dessus de sa tête. Une vingtaine d’homme le suivaient, armés de fusils et de sabres. Tous criaient comme le feraient des soldats avant une bataille. Borat s’était levé et avait commencé à reculer, apeuré par la venue soudaine des cavaliers. On avait été trop imprudent, et ils nous avaient retrouvés. Je m’avançais fièrement, retirant mon sweat-shirt comme je le faisais généralement avant chaque combat, en le nouant à ma taille. Une petite astuce des combats de rue, pour paraître le plus impressionnant possible, que m’avait apprit Ivar, bien que ça ne marchait pas à chaque fois. L’idée était de faire passer un message : « je ne vous crains pas, ni vos armes ». Pour un combattant à mains nues c’était un genre de fierté, et parfois cela permettait de prendre l’ascendant psychologique. Et cela expliquait également les nombreuses cicatrices, courtes et longues, larges ou en croix, qui bardaient mon torse, mes épaules et une partie de mes bras, vestiges de nombreux combats. Ainsi préparé, je continuais d’avancer en ouvrant grand les bras, comme pour l’inviter à me tirer dessus.

« Alors, ce serait pas Shynia et ses larbins ? » m’écriais-je à l’attention des cavaliers qui n’étaient plus qu’à une vingtaine de mètres. « Je croyais que tu aimais te ‘battre comme un homme’ ? Et pourtant tu ramènes tout ces gus avec toi, sur ce coup là tu me déçois mon gars ! » l’invectivais-je, terminant ma tirade en me plaçant de côté, croisant les bras avec un air bougon.

Les cavaliers n’étaient plus qu’à quelques mètres, deux d’entre eux avaient dépassés leur chef, armés de sabres qu’ils levaient haut devant eux. Ils accélérèrent au grand galop, parés à me trancher au passage. Je me mis moi-même à courir à leur rencontre, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un mètre me séparant du premier cheval. Je bondissais alors dans les airs en attrapant les rênes de la monture, j’envoyais alors mon pied en plein dans les côtes du cavalier qui fut projeté hors de son cheval, droit sur le second cavalier qui était le plus proche. Les deux hommes roulèrent sur le sol sans se relever. Je me réceptionnais debout sur la monture, reprenant ma position les bras grands ouverts comme une invitation tandis que l’animal sous mes pieds ralentissait.

« Non, ça suffit pas ? » m’exclamais-je alors qu’ils continuaient de chevaucher à ma rencontre. « Sérieux, je pensais que tu valais mieux que ça. »

Un contrebandier arrivait à ma droite et, alors qu’il envoyait son sabre vers mes jambes, j’exécutais un petit saut, pied droit en avant. Je passais au-dessus de l’homme en posant mon pied sur son visage avec force, celui-ci se déformant d’une onde de choc très brève qui aurait été magnifique au ralenti. Je prenais alors appui sur son visage, le projetant au sol tandis que je bondissais sur un autre cavalier pour réitérer la même expérience, je repris appui sur un autre visage pour me propulser sur le prochain adversaire. Les fusils des contrebandiers tiraient en tentant de me viser, mais mes déplacements par sauts successifs étaient faits en zigzague et étaient imprévisibles. Shynia arrivait à quelques mètres alors que j’avais toujours mon pied sur le visage d’un de ses hommes de main. Il braquait son arme droit sur moi, mais s’il tirait maintenant ses munitions cribleraient le contrebandier sur lequel je me trouvais. Cependant, il n’hésita pas et tira sans même sourciller. Je sautais alors dans les airs, poussant sur le visage de l’homme qui, malgré son état de chute de sa monture, se prit les projectiles de plein fouet, son corps déchiré sous la pluie de plombs. Durant mon saut, je m’orientais vers l’avant pour faire un salto avant tout en ramenant ma jambe droit vers Shynia. Il leva son arme au-dessus de lui tandis que ma jambe frappait, le propulsant au bas de sa monture à plusieurs mètres. Je pris alors appui sur son cheval et bondis à nouveau bien décidé à me débarrasser de ce contrebandier.

« T’as pas honte de tirer sur tes propres hommes ?! » m’écriais-je, furieux.

« Comme si j’en avais quelque chose à foutre, ce qui importe c’est la marchandise ! » me répondit-il en se relevant tandis que je fondais sur lui.

Dans mon vol plané, j’avais contorsionné mon corps de côté, passant à l’horizontal et exécutant une vrille sur moi-même. La hauteur me permit d’enchaîner plusieurs vrilles avant d’arriver sur mon adversaire. Ma jambe se détendit au moment de l’impact, portée par l’énergie cinétique du mouvement et augmentant la puissance de frappe par la même occasion. Une nouvelle fois, il leva son arme étrange au-dessus de lui pour parer l’attaque et mon pied frappa de toute sa puissance. Je sentis l’objet résister, puis céder, le bois du manche éclatant entre les mains de Shynia et le métal se pliant, empêchant toute utilisation du côté tromblon. Mon coup traversa l’arme et finit son mouvement en touchant le sol alors que le contrebandier en chef avait reculé d’un pas. Me réceptionnant accroupi, je m’élançais aussitôt sur lui, armant mes deux poings pour ne pas lui laisser le temps de récupérer. Il avait sortit son pistolet-grappin et, alors qu’un de ses hommes passait non loin de là, il le visa pour l’agripper et le tirer vers lui. Mon poing s’écrasa brutalement dans le ventre du pauvre homme qui fut projeté en direction de Shynia tandis que celui-ci s’était baissé pour qu’il passe au-dessus de lui.

« Enfoiré, je vais te saigner ! » cracha-t-il hors de lui.

Il tenait son pistolet-grappin d’une main et le reste de son arme loufoque côté lame de l’autre. Il frappait de son arme tranchante en remontant vers moi, par réflexe je reculais en plaçant mon bras droit à l’horizontal devant moi. Je sentis le froid du métal et la chaleur du sang tandis que la lame passait en tranchant une courte mais profonde entaille. Le sang jaillit de la plaie, me forçant à me mordre la lèvre pour ne pas être déconcentré par la vive douleur qui m’assaillit. J’envoyais une gauche directement dans son visage alors que Shynia n’avait pas encore reprit sa position suite à son coup, son nez se tordit sous l’impact et du sang en jaillit, maculant un côté de son visage et tâchant son œil gauche de rouge.

« Bouffes ça salopard ! » criais-je, l’ivresse du combat m’avait gagné et je l’embrassais avec plaisir.

Je me baissais brusquement en passant de son côté gauche pour profiter de son aveuglement partiel de ce côté-ci. Shynia fouetta l’air maladroitement proche de l’endroit où je m’étais trouvé un instant plus tôt. Puis, je me relevais en envoyant un coup de genou en plein dans son ventre, lui tirant un cri de douleur soudain. Je gardais ma jambe relevée, la remontant à son visage pour lui placer un coup de pied dans la joue. Son corps se contorsionna, tournant sur lui-même en décollant du sol avant de s’écraser en roulant sur le sol et en rebondissant dessus.

« C’est tout ce que tu mérites ! » continuais-je, le pointant du doigt alors qu’il se relevait à quatre pattes en crachant du sang par terre.

Je m’apprêtais à lui foncer dessus à nouveau lorsqu’un coup de feu retentit derrière moi. Je sentis une chaleur me traverser l’épaule droite, puis une vive douleur tandis que du sang venait éclabousser le sol juste devant mes pieds. Poussant un cri de douleur, je me tournais avec seulement de la rage dans le regard pour apercevoir un tireur perché sur sa monture à quelques mètres. L’homme rechargeait son arme, je me mis à courir à pleines jambes, laissant leur chef de côté pour le moment. Je zigzaguais tandis que le tireur tentait de faire mouche, mais déjà je bondissais pour le frapper d’un coup de genou sauté qui l’envoya bouler dans une position qui lui vaudrait plusieurs os brisés. Je me réceptionnais accroupi sur la selle du cheval, tourné en direction de la rivière où se trouvait Borat ainsi que le reste des cavaliers qui l’avaient pris en chasse pendant que Shynia m’occupait.

« Quel enfoiré celui-là, je le pensais plus con que ça. » grommelais-je en bondissant de la monture dans les airs.

Une fois au sol, je ne m’arrêtais pas pour me diriger vers les soldats qui s’approchaient de la berge où Borat reculait, déjà à moitié submergé dans la rivière. S’il continuait de reculer, il finirait par se noyer, c’était sûr et certain. Je m’élançais sur le premier contrebandier à ma portée, il me tournait le dos trop occupé à mettre en joue l’immense animal avec des munitions tranquillisantes dans son fusil. Enfin, au vu de la taille de l’animal, il en faudrait un sacré paquet pour lui faire fermer les yeux. Je fauchais le tireur d’un coup de pied horizontal qui le projeta en lui faisant perdre connaissance, peut-être même pire mais j’avais pas le temps de prendre son pouls. Sans ralentir, je frappais chaque tireur qui passait à ma portée, ceux-ci ayant pour la plupart reportés leur attention vers moi.

« Nooon Boraaat ! » m’écriais-je pour attirer l’attention du cochon qui s’immergeait de plus en plus dans l’eau en reculant.

Son groin fut entièrement engloutit dans l’eau, seuls ses yeux dépassaient, puis eux aussi disparurent, ne laissant plus qu’une large partie de son dos à la surface. Et, ce fut tout, Borat ne s’enfonça pas plus dans l’eau et une longue fontaine jaillit soudainement du trou qu’il avait sur le dessus de la tête, comme le ferait une baleine. Tout les tireurs restants baissèrent leurs armes, bouche-bées par le spectacle qui s’offrait sous leurs yeux. Moi aussi je m’étais arrêté, alors que je venais de tabasser un contrebandier, je le tenais d’ailleurs toujours par les cheveux alors qu’il avait clairement perdu connaissance.

« Bordel ! Et t’aurais pas pus faire ça directement au port quand on s’est enfuit de la ville ?! » m’exclamais-je, outré de n’avoir pas eus cette information plus tôt. « T’aurais pu me le dire quand même ! » finis-je, comme si je comprenais parfaitement ses grognements.

L’idée ne me déplaisant pas à présent que j’étais au courant, je m’élançais droit vers la rivière. A grandes enjambées, j’approchais rapidement et seul un cavalier me barrait la route, au bord de l’eau. Je le projetais dans la rivière en lui envoyant une gauche en plein vol, me réceptionnant à nouveau sur la monture. Je pris un fort appui sur le cheval qui hennit sous le coup lorsque je bondis au-dessus de l’eau, effectuant un court vol plané en direction de la surface verte aux allures de pelouse. J’atterris parmi les poils, ratant ma réception en m’écrasant sur mon épaule et mon bras blessé en me tirant un cri de douleur, ma lèvre saignait à force de la mordre. Ravalant ma douleur, je me relevais en observant la berge. Là-bas, alors que Borat s’était mit en mouvement et avançait rapidement sur la rivière, Shynia refit son apparition en boitant, il leva son pistolet-grappin et tira, mais la corde était trop courte et le grappin disparut dans les flots à une dizaine de mètres du cochon-flottant.

« Va te faire foutre, mon poooote ! » m’écriais-je en lui montrant mon majeur du seul bras que j’avais encore en état.

« Je suis pas ton pote, mec ! Je vais te retrouver, et te faire la peau, parole de Shynia !! » me répondit-il en effectuant le même geste, le visage rouge de honte et de douleur.

De mon point de vue, sa défaite avait été claire, à tout les aspects. J’avais libéré Borat et, avec la découverte de sa capacité à nager immergé, nous pouvions à présent nous barrer de cette île en vitesse. De plus, s’ils devaient revenir au port pour récupérer leur navire et nous poursuivre, nous aurions une avance considérable sur eux et ils ne sauraient jamais dans quelle direction nous serions partis. La rivière s’ouvrit sur l’océan, la tête de Borat sortit à moitié de l’eau juste devant moi, ses petits yeux ronds m’observaient alors que je descendais sur son museau, me plaçant face à lui en lui souriant.

« On l’a fait mon pote ! Maintenant, allons conquérir ce putain de monde ensemble, t’es chaud Borat ? » lui demandais-je tout sourire, bien que je me tenais un bras ensanglanté qu’il faudrait bander au plus vite pour arrêter le saignement.

"Gruik Gruiiiik !" répondit-il enthousiaste en crachant un nouveau jet d'eau qui sortit de son évent.

Je me tournais alors vers l’océan, le soleil se levant à l’horizon tandis que Borat fendait les flots en gobant les poissons qui avaient l’audace de rester sur son passage. La rencontre avec cette immense créature promettait plein d’aventures en perspective, pour moi un nouveau chapitre s’ouvrait et, bientôt, le monde connaîtrait mon nom.




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