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Tagada Yagara (PV Alegsis Jubtion)






Tagada Yagara

Feat. Alegsis Jubtion


Debout sur le dossier d’une chaise qui était en équilibre sur un seul de ses pieds, Loki jonglait avec des balles de jonglerie pour épater les passants d’une venelle de Las Atlantik. Arrivé hier soir grâce à un navire spécial transportant du bois d’Endaur, la troupe d’artistes de cirque ayant échoué entre guillemets dans cette merveilleuse ville de Bliss espérait trouver de l’argent pour acheter un bateau.

Aujourd’hui, en début de matinée, Loki Whitemane usait de son talent d’équilibriste et de jongleur afin d’obtenir assez de Berrys pour payer l’auberge qui recueillait l’équipage entier. Pour le moment, sa cagnotte personnelle couvrait déjà les frais. La chance accompagnait le jongleur.

Seulement, un mauvais pressentiment procura un frisson désagréable dans le dos du pirate primé. Frissonnant et perdant équilibre de son perchoir, l’artiste fit un salto en arrière pour retomber correctement sur ses pieds. Rattrapant ses balles, il s’inclina respectueusement devant son public qui s’attendait à voir un Loki atterrir sur son derrière. Foutaise ! Loki était loin d’être un amateur de cirque. Après tout, il était le fils de Xander Whitemane, un grand artiste de cirque de Suna Land.

Ouvrant sa valise, Loki récupéra son gilet gris sans manche après avoir déposé ses outils de jongleries. Enfilant son vêtement et prenant soin d’accrocher ses deux boutons, le pirate attrapa un petit miroir dans sa mallette pour s’assurer que son maquillage sur le visage recouvrait bien son tatouage. Étant sur une île affiliée au Gouvernement Mondial, Loki se devait de rester très discret pour ne pas être reconnu. De ce fait, loin des regards des curieux, il enfila une perruque de cheveux noirs pour camoufler sa tignasse de neige.

Bifurquant dans une ruelle, le Clown Couronné se rapprocha d’un lieu de rendez-vous qu’il avait convenu avec sa grande sœur Sherry. L’endroit se trouvait être l’entrée d’un hippodrome spécialement construit pour accueillir les courses de Yagara. Ouvert sur le fleuve de la ville de Las Atlantik, les grands amoureux des courses se retrouvaient tous à cet endroit pour dépenser et gagner de l’argent.

Prenant place sur un banc, il découvrit au loin une Mink renarde qui s’approchait de sa position. Tout heureuse et chantonnant une mélodie, Loki perdit immédiatement son sourire en comprenant le comportement de sa frangine.

« Ne me dis pas que tu as dépensé de l’argent dans des jeux ? » s’inquiéta le pirate qui sentit très vite une goutte de sueur froide perler depuis sa tempe droite.

« Mieux que ça ! » se réjouit Sherry qui agitait son fouet de gauche à droite. « J’ai tout misé sur le meilleur Yagara de Las Atlantik. Crois-moi Loki, nous allons être riches. » déclara la Mink qui leva ses pouces pour rassurer le clown sans maquillage.

Si Sherry avait énormément de confiance sur sa mise, Loki sentit presque son âme sortir de son corps. Son cerveau s’arrêtait sur un mot précis du récit de sa frangine. Tout. Elle avait tout misé. Ce qui comprenait les maigres économies de l’équipage entier…

L’image de Loki voguant fièrement sur son propre bateau disparaissait petit à petit dans le palais mental de l’artiste. Avec Sherry à ses côtés, la pauvreté était constamment au rendez-vous.

Soupirant grandement, Loki attrapa la main de sa sœur et se dirigea dans les gradins tout en entraînant la renarde avec lui.

« Espérons que ton pari arrive à résoudre notre problème d’acheter un navire. » fit-il en priant intérieurement sa petite étoile de stopper la malchance pour aujourd’hui…



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Dernière édition par Loki Whitemane le Dim 28 Mai 2023 - 15:52, édité 6 fois
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Quand Dianès Irvon, d’une cadence sèche et autoritaire, fit soudain irruption dans les box à yagaras, là où l’on parquait les bêtes avant qu’on ne les laissa flotter jusqu’au champ de course, celui-ci laissa aussitôt exploser sa colère avant même de comprendre ce qu’il avait sous les yeux. Le père Irvon était un petit bonhomme remuant dont la moustache était aussi fournie que sa voix portait à chaque gueulante. Les mauvaises langues – à commencer par tous ceux qui l’avaient connu – disaient de lui qu’il ne s’exprimait jamais en-deçà des cent décibels. Aussi ne s’était-il pas fait prier pour tempêter une de ces colères qui lui cuisait la bile à toute heure.

- On touche pas à mon yagara ! Fous-moi le camp d'ici, bite de clown ! Et qui t’a laissé entrer d’abord ?

Pris sur le fait, penché par-dessus la modeste balustrade derrière laquelle barbotait l’animal, l’intrus, sans se démonter ; comme s’il n’avait été fait que de culot à l’état pur, pointa du doigt la porte dérobée pour soutenir mordicus :

- C’était ouvert quand je suis arrivé, du coup je suis entré pour voir s’il y avait du monde.

La porte, ainsi désignée, avait été si bien enfoncée qu’elle accusait même une fêlure en son centre, comme pliée en deux en plus d’avoir sauté d’un de ses gonds.
Alegsis, car c’était son nom à cet importun, jouait ainsi les ingénus car il l’était bien plus que de raison, persuadé même d'être dans son bon droit en dépit de sa culpabilité outrecuidante.

- Qu’est-ce qu… oh puis fichtre ! Pas le temps pour ces fadaises. C’est pas un zoo, ici, tu décarres de là illico ! Allez ! Zou !

Le petit bonhomme, pour furieux qu’il était, avait les arguments pour lui. D’autant qu’il était le jockey même de l’animal à qui Alegsis s’en était allé donner à manger. Des yagaras, il n’en avait jamais vus. Aucun qui furent vivant tout du moins, alors qu’au Cimetière d’Épaves, là où il y avait passé sa triste existence, tout ce qui avait le malheur de se trouver dans la mer à quinze lieues à la ronde finissait immanquablement dans une assiette. Il ne faisait en effet pas bon être plongeur dans les parages.
Toujours est-il qu’à Alegs, on ne lui avait jamais offert l’occasion de bichonner une de ces adorables créatures. Aussi s’était-il dit que l’occasion faisait le larron et, que sur sa route, une porte fermée à clé n’y était jamais placée que par mégarde.

- Je lui donne juste à mang…

- Et moi je donne juste des coups de pieds au cul ! Va pas gaver ma chérie avant une course espèce de canaille !

Dianès avait son âge et son caractère, mais pas un sou de sens diplomatique en poche. Jockey d’exception à la personnalité bien marquée, on eut pu croire qu’il avait fait profession d’être bougon.

- Faut pas se mettre dans des états pareils, enfin.

Avec un sens de l’effronterie qui dépassait l’entendement, Alegsis, bien que fautif, trouva injuste qu’on l’éconduise si bruyamment ; lui qui n’avait fait qu’entrer par effraction dans un lieu dédié aux seuls initiés. Qu’un tempérament aussi orageux rencontra alors une telle témérité ne pouvait, à terme, qu’occasionner de la friction. Le marteau de grogne s’abattait ainsi sur une enclume de stupidité indolente.

- Tu... s'étouffa presque le nabot, tu vas voir dans quel état je vais te mettre petit gougnafier !

Les mots étaient durs, mais ils n’auraient su être mieux employés considérant les circonstances. Dianès retroussa ses manches et, haut comme trois pommes – mais trois pommes très acariâtres – il alla au front sans hésiter. Il avait beau être plus grand et plus jeune cet importun qu'il s'en allait rosser, celui-ci n’était à ses yeux qu’un freluquet mal dégrossi. Mais pour mal dégrossi qu’il fut ce freluquet, il était aussi armé. Pas d’une arme des plus conventionnelles il est vrai, alors qu’Alegsis se saisissait en toute hâte de son pinceau de combat. Celui-ci, long de plus d’un mètre, il l’avait laissé appuyé contre le box voisin le temps de câliner un yagara. S’en saisissant, il le brandit alors d’une main malhabile pour le dresser devant lui afin de garder le moustachu à bonne distance.

- Qu’est-ce que tu crois ?! Que tu vas m’impressionner avec ton balai ?

Vindicatif et énergique, nonobstant sa petite taille, le jockey n’en démordait pas, repoussé sans cesse par le pinceau qui constitua alors la seule défense entre lui et l’intrus. Ce dernier, en fâcheuse posture, peinait à le garder à bonne distance, tant et si bien qu’il s’en remit à la solution de facilité ; la moins honorable qui fut alors qu'il s'en prit à plus petit que lui.

- Brush Crush ! Coup de Blues !

De la pointe de ce pinceau qu'il avait si bien arboré, Alegsis dessina un Colors Trap bleu à même le buste de son assaillant. Celui-ci n’eut alors pas le temps de vitupérer sur la peinture qu’on lui étala à même l'uniforme qu’il sembla aussitôt effondré. Le Coup de Blues, du fait de ses vertus hypnotiques, induisait un effet dépressif instantané à qui éprouvait la marque du Colors Trap bleuté. En tout cas, d'ici à ce que celle-ci fut effacée ne serait-ce que partiellement. Rendu soudain amorphe, il sembla ne rien rester de ce petit colérique intrépide, soudainement effondré après qu'on eut tracé sur lui un simple sceau.

- Je mérite pas de monter sur les yagaras…, se laissa-t-il aller, c’est les yagaras qui devraient me chevaucher.

Plus piteux encore qu’à l’accoutumée, fuyant sans trop de grâce ni de dignité après qu’on le prît en flagrant délit de caressage de yagara – infraction odieuse s’il en était – Alegsis ne fut pas fier d’user de son « art » afin de se soustraire aux conséquences de ses âneries. Aussi avait-il prestement décarré par cette même porte qu’il avait enfoncée quelques minutes auparavant.

Ce qu’il ne sut pas en revanche, occupé qu’il fut à s’éloigner des box au trot, une main sur le chapeau et l’autre nouée autour de son pinceau, tînt à la suite des événements. Suite tragique s’il en fut.
Car ainsi accablé par le Coup de Blues, Dianès n’en était pas resté à quelques contritions absurdes. Le pas lourd et les yeux embués de larmes dont il ne comprit pas la provenance, celui-ci s’était alors traîné dans le cours d’eau par lequel on faisait habituellement transiter les yagaras afin que ceux-ci rejoignirent le champ de course. Il s’y était traîné mollement après s’être attaché au cou une selle lourde d’un demi-quintal afin de se lester tout au fond. Trempé qu’il fut dans la flotte, la marque s’effaça bien assez vite de son uniforme, mais le lest, trop pesant qu’il fut, l’avait cependant maintenu la tête sous l’eau suffisamment longtemps pour qu’il tourna de l’œil et même des deux. Son salut, il ne le dut qu’au fait que la tribune, celle-ci réservée aux spectateurs, avait eu pignon sur rue face à ce bien curieux suicide, avorté de justesse par le concours de quelques mains secourable. Tribune que s’était empressé de rejoindre Alegsis cela, non sans avoir louvoyé et multiplié les détours de sorte à ce qu’on ne retraça pas le parcours de ses méfaits. Des méfaits dont il ignorait par ailleurs jusqu’aux dernières conséquences en date, affairé qu’il fut à reprendre son souffle, l’air suspect, tandis que les parieurs, par dizaines peut-être, s’étaient réunis autour du noyé sans que l’artiste n’y prêta garde.

Son crime était parfait. Parfaitement stupide à bien y réfléchir. Surtout lorsque l’on savait qu’il n’avait commis ces menus forfaits qu’afin de réaliser un rêve de petit garçon.
Persuadé que personne ne l’avait aperçu, il ne lui resta qu’à espérer que personne dans l’assemblée, avant que le jockey se sente une âme de plongeur, n'eut remarqué la curieuse trace bleue dessinée sur son maillot. Un bleu dont les teintes, à s’y méprendre, ressemblaient à celles venues maculer l’embout du pinceau géant qu’il tenait à la main. Une tête bien faite – et mieux encore si celle-ci était versée dans la connaissance des arts hypnotiques auxquels se référait le Colors Trap – aurait alors été en mesure d’établir quelques médiations. De l’ordre de celles qui pouvaient vous faire venir la furie au bord de des lèvres.

- Ne vous inquiétez pas, messieurs dames, assura un sponsor manifestement ébranlé par les événements récents, monsieur Irvon est toujours à même de chevaucher un yagara, hahahahahahaha…

Son rire suintait la nervosité criante ; par cette fausse gaieté, celui-là signait son crime mieux qu’il ne put le faire en l’avouant ouvertement aux parieurs ainsi rassemblés.
Des raisons de se faire du mouron, il en avait par pléthores entières. Seul Dianès Irvon était en effet enregistré comme jockey autorisé à monter sur le yagara qu’il sponsorisait. Qu’il ne concourra pas, celui-ci, constituait alors sa ruine. La sienne… ainsi que celle de tous les pauvres hères qui avaient misé ne serait-ce qu’un berry sur sa victoire. L’hippodrome ne remboursait pas, même en cas de désistement d’un jockey.

À ce petit bonhomme gorgé d’eau, il faudrait alors lui en substituer un autre et le faire passer pour lui. Cela nécessiterait ce qu’il fallait de talent dans l’art du maquillage et surtout, de trouver le parfait lampiste à qui faire porter cette lourde charge.
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Tagada Yagara

Feat. Alegsis Jubtion


Les yeux braqués sur le panneau indiquant les différents cavaliers de Yagara, Loki ne se sentait toujours pas à l’aise dans cette situation absolument imprévue. Encore une fois, le clown se retrouvait dans les mauvaises aventures de sa frangine adorée. Il se souvenait encore d’un soir où l’albinos était obligé de retrouver les personnes ayant abusé de la naïveté de Sherry. Ces scélérats venaient de voler la totalité de l’argent de la Mink en lui mentant ouvertement à propos des règles du poker. Heureusement que la chance de Loki lui avait permis de retrouver les tricheurs. Usant d’un même procédé que ces vilains, Loki avait non seulement récupéré le fric de sa sœur, mais aussi tous les vêtements de ces vermines.

Son ouïe extrêmement fine attira l’attention de Loki sur un groupe de parieurs. Tous vêtus de vêtements chics, de gestes totalement hautains, le petit doigt du pirate lui prédisait que le porte-monnaie de chacun de ces gens débordait d’oseilles.

Levant son derrière du banc où il était bien accosté, Loki prit place dans une rangée en haut des copieux d’argent. Les coudes contre ses genoux, son dos vouté et son menton collé à ses mains scellées. Le pauvre plongeait silencieusement dans la conversation des fortunés sans remonter à la surface afin de ne pas se faire prendre. On y racontait avec un accompagnement de moqueries que la femme d’un membre du groupe lui servait simplement à faire l’entretien de sa baraque et à combler ses désirs d'homme.

Une veine ressortit du front de Loki Whitemane…

Après une bonne rigolade, le plus gros de la troupe se vantait de baisser le salaire de ses domestiques pour enrichir encore plus sa fortune. Il mentait à ses serviteurs que les temps furent pénibles et que son argent diminuait en conséquence…

Une deuxième veine rejoignit la première sur la face du pirate primé.

Baissant son regard orageux sur les poches des blazers des moqueurs, Loki repéra immédiatement la forme d’un portefeuille. L’envie de dérober ce trésor trottait dans l’esprit malicieux de celui qui portait le prénom d’un Dieu nordique. Craquant sa nuque, le clown sans maquillage s’apprêta à franchir la barrière du mal, mais se retint en entendant sa sœur parler avec un parieur. La renarde naïve se noyait une nouvelle fois dans le jeu fougueux de son interlocuteur qui désirait voler son blé…

Loki rejoignit Sherry et tapota sur l’épaule de cette dernière pour l’empêcher de passer sa patte dans le piège pour renard.

« Je vous prie de bien vouloir nous excuser mon bon monsieur. » fit Loki en souriant faussement au parieur. « Je dois m’entretenir avec madame. Je vous souhaite bonne chance pour la course. » dit-il en saluant l’homme par une poignée de main tout en profitant du contact pour voler discrètement une liasse de billets dans l’une des poches du pantalon de monsieur.

S’éclipsant de la zone, reprenant place à un endroit tranquille. Loki rangea soigneusement sa prise dans la poche interne de son veston gris.

« Veux-tu une muselière très chère sœur renarde pour t’aider à ne pas parier avec les chacals ? » demanda Loki qui perdait presque patience envers Sherry. « Les fables poétiques vantent la ruse des renards. Je me pose la question si tu es vraiment de cette espèce. »

Lorsque Sherry voulut protester, lorsqu’elle désirait relever ses babines et montrer ses crocs, les Whitemane se tournèrent en même temps au moment où une partie de la foule se précipitait vers la Mer. Pêché comme un poisson au bout de l’hameçon, le cavalier Dianès Irvon fut allongé sur le sol pendant que l’infirmier de la course pressait le bide de l’assommer. De l’eau se mit à jaillir de son gosier comme le ferait une fontaine et très vite le blessé fut emmené hors des box à Yagaras.

Le sponsor tentait de rassurer les parieurs que monsieur Ivron était toujours opérationnel pour chevaucher son Yagara. Sherry qui entendit cette nouvelle, bondit de son perchoir pour être debout sur un banc. Elle se réjouissait de l’absence d’un cavalier, car grâce à cet incident, les chances de victoire augmentaient légèrement.

« Tu as vu petit frère ? C’était le plus redoutable de la course. Il ne va pas pouvoir concourir. » se réjouissait la renarde qui souriait de toutes ses dents à Loki. « On va gagner les doigts dans le nez. »

Si la renarde exclamait sa joie, Loki exprimait le parfait contraire. Le ticket de sa sœur était parié sur la victoire de Dianès Irvon. Plaquant une main sur son visage, soupirant de désespoir, Loki Whitemane se mit à désespérer encore plus. Au moment où sa frangine passa son bras autour de l’épaule de son frangin, la colère du clown s’abattit de plein fouet sur Sherry. Son poing cogna sur le crâne de la naïve comme le ferait un marteau sur un clou. Par son geste, une bosse bien rouge pointa le bout de sa rondeur entre les deux oreilles de Sherry.

« Tu as parié sur la victoire de monsieur Irvon, Sherry !! » se mit à gueuler Loki qui attrapa le col de la Mink pour la secouer comme un vulgaire sac à patates.

« J-Je suuuuis désolééé ! » fit la renarde qui était encore remuée par la force de son frère adoptif.

N’ayant absolument pas aperçu le curieux suicide du cavalier, Loki et Sherry ne se doutaient aucunement du fautif de cette histoire. Heureusement que le médecin de son groupe, celui qui préférait s’écouter parler au lieu d’entendre les discussions idiotes des non intelligents, avait été témoin du magnifique plongeon de monsieur Ivron.

« Tchéhé, tout cela est follement intéressant. » admit Morgan Moreau qui rejoignit les Whitemane. Il pointa discrètement son index sur un individu de la foule possédant un pinceau assez impressionnant. « Votre malheureux cavalier portait une trace bleue sur ses vêtements avant de faire plouf, la même couleur qui se trouve sur le pinceau de ce type louche. »

De cette révélation sortant de la bouche du génie de la troupe de Loki, l’albinos et la renarde tournèrent lentement leur tête en direction du pseudo peintre. Une aura maléfique apparut derrière les silhouettes des Whitemane. Sans demander quoi que ce soit. Sans éprouver la moindre gêne. La troupe de cirque qui n’était pas entière en cet instant par l’absence d’Abigail Drake, barra la route au fuyard en sautant sur lui par un magnifique plaquage et l’entraîna loin des regards indiscrets…

Alors que la course allait débuter et que le présentateur porteur de lunettes de soleil, ainsi que de vêtements extrêmement brillants pouvant le faire ressembler à un danseur de disco s’apprêtait à disqualifier Dianès Ivron, Loki en tenue de sponsor intervint pour retirer le micro à ce dernier. Ayant pris la peine d’assommer et ligoter le véritable commanditaire de monsieur Ivron en ayant bien entendu enfermé ce dernier loin des curieux, Loki s’empara de l’attention des spectateurs.

« Ladies and gentlemen. Je viens vous annoncer que notre glorieux Dianès Ivron est déjà remis de sa petite baignade. Il est déjà en route pour rejoindre sa Yagara. » fit le faux sponsor en pointant de sa main l’agresseur maquillé et habillé comme l’était Dianès Ivron. « Le voici justement. Merci de votre attention et bon jeu à vous. »

Donnant le micro au présentateur, Loki et sa troupe emmenèrent le malheureux imposteur au Yagara de Dianès Ivron.

« Je me fiche de savoir ce que vous avez fait. On risque d’avoir de sérieux ennuis si vous ne gagnez pas la course. » révéla Loki qui gardait le pinceau de l’individu par sécurité et également pour obliger le fautif à concourir. « Faites semblant d’être monsieur Ivron, chevaucher son Yagara et nous on s’occupe de vous faire gagner. Une fois que ce sera fait, on vous relâche. »

Normalement, les chances étaient toutes du côté de Dianès Irvon. Car pendant les préparations…Loki avait demandé à son médecin qui était également vétérinaire de freiner discrètement les autres Yagaras. Ce dernier venait d’administrer à chacun une petite piqûre d’un agent anesthésique pour endormir peu à peu les muscles des chevaux aquatiques…



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Dernière édition par Loki Whitemane le Dim 28 Mai 2023 - 16:03, édité 5 fois
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Ça s'était passé vite. Nécessité faisait loi et la loi, pour l'heure fut plus impérieuse que jamais dès lors où la menace fut de rigueur. D'Alegsis, sans crier gare, on en avait fait un jockey. L'habit faisait le moine et ce moine-ci, paré tel qu'il l'était, égrainerait son chapelet à dos de Yagara dès lors où on l'affubla de la tenue la mieux idoine afin qu'il perpétra ses œuvres. Qu'il l'ait voulu ou non, il serait preux cavalier pour ce jour. Ainsi en avait décidé ce soudain « sponsor » venu littéralement lui mettre le pied à l'étrier.

- Mais... Eut à peine le temps de proférer le chasseur de primes d'ici à ce qu'on ne le poussa jusqu'à sa monture.

Toute contestation eut été vaine. L'un des parieurs - en l'occurrence celui-là même qui l'avait grimé en Jockey - avait eu vent de son forfait. Si la nouvelle vînt à se diffuser, elle se serait alors diffusée dans la foule comme une vague électrisante venue galvaniser la rage de parieurs malheureux. Malheureux et rancuniers. Certains, en effet, avaient misé gros sur ce petit personnage dont Alegs usurpait à présent les traits.
Alegsis, maintenant aux abords de la ligne de départ, fut vertement exhorté à bien vouloir monter sur son Yagara. Le coup de pied au cul fut en effet en vigueur, de quoi ainsi mieux l'intimer à s'acquitter de la charge dont on l'avait affublé. Débarrassé de son pinceau de combat, celui-ci saisi par un bien curieux clown, Alegsis sauta sur la bestiole afin de s'y positionner comme chevaucheur intrépide.

- Iiiiiiiiiiiil semblerait, je dis bien, « semblerait », qu'Ivron ne soit peut-être pas tout à fait remis de son accident. Avait-on commenté depuis le sommet des gradins dans un escargomégaphone prévu à ce seul effet.

L'infortuné cavalier de fortune, bien peu au fait de ce qui se rapportait aux courses de Yagara, avait purement et simple grimpé sur sa monture en se positionnant à l'envers, cherchant où pouvaient bien être les rênes alors qu'il claquait à tâtons ses mains sur le cul de la bête. Peut-être son ravisseur sentit-il alors une goutte de sueur lui couler le long de la nuque. Car pour que sa fortune fut faite - ou plutôt, afin que sa ruine fut évitée - ce serait sur cet allié-ci qu'il serait à présent chargé de fonder tous ses espoirs. L'affaire, de là, paraissait mal engagée.

- Pourquoi il a qu'un œil mon Yagara ? S'étonna le chasseur de primes quand, s'adressant à l'envers de la bête, il y regarda de plus près à sa composition pour n'y trouver qu'un orifice au milieu du « visage ». La révélation lui vînt dans un « Argh ! » strident après qu'on se fut saisi de lui à l'oreille afin qu'il se positionna dans le bon sens. Son sponsor, déjà, s'impatientait. Il n'était alors pas au bout de ses surprises dès qu'il qu'il confiait toutes ses espérances entre les mains malhabile d'un jockey qui, jamais, n'avait chevauché autre chose qu'un pédalo.

C'était pourtant un rêve de gosse qui s'accomplissait pour Alegsis quand celui-ci, au terme d'une consécration aussi improbable qu'inespérée, pouvait s'essayer à un tour de Yagara. Excepté que ce tour-ci, il lui faudrait l'accomplir à une vitesse saisissante, car le cadre de la course le lui intimait.
Et ce serait sur un pareil imbécile jamais monté à dos de Yagara que peut-être plus d'une centaine de parieurs avaient investi leurs économies.

En dépit de tous les conseils que lui lâcha le clown, Alegsis, une pogne sur les rênes et l'auriculaire de sa main libre dans une narine, regardait droit devant lui tandis que chaque mot qui lui fut adressé ne le fut qu'en vain. Déjà résigné à son sort - bien qu'extatique à l'idée de pouvoir enfin chevaucher sur les eaux - il s'illustra ainsi par un caractère dissipé et absent qu'on lui connaissait bien dès lors où toute forme d'intelligence chercha à trouver un quelconque accès par ses esgourdes. Quand le clown prit le parti de l'étrangler afin de lui extirper un ersatz d'attention, les organisateurs firent irruption.

- La course va commencer messieurs, je vous prie de bien vouloir retrouver vos sièges.

À contrecœur, les dents serrées, ne pouvait plus à présent que confier le sort de sa destinée et de son équipage entre les mains empotées d'un abruti caractérisé, il fallut à l'arlequin quelques secondes d'ici à ce qu'il se résigna à laisser Alegs en solitaire. Sa solitude, cependant, ne serait que bien relative dès lors où, dans les coulisses, ce même « sponsor » qui le quittait présentement, comptait s'affairer avec sa sœur à entraver le parcours aquatique de la concurrence. Il y aurait en tout quatre Yagaras en lisse pour cette finale de championnat - car l'enjeu était en plus de taille - et il faudrait œuvrer diligemment à ce que leur seul favori franchisse la ligne d'arrivée le premier.

Le commentateur, là-haut perché dans sa cabine, prit le temps de résumer le pedigree de chaque monture en présence, sans compter le palmarès de qui trôna sur leur dos à chacun. Il sembla que celui-ci, à mesure qu'il énumérait les hauts-faits des compétiteurs, se plaisait à faire lambiner l'auditoire de sorte à ce que, lancinante d'abord puis irrésistible enfin, la pression se distilla dans chaque âme qui aurait laissé traîné ses oreilles à proximité.
Quand ce babillard reclus laissa place au silence, ce dernier fut partagé par l'ensemble de la foule. Dans une quiétude glaçante, presque liturgique, chacun, la boule au ventre, attendit religieusement que le signal tonna et que les portiques s'ouvrirent. Lorsque ce fut enfin chose faite, trois bêtes glissèrent presque sur le fil de l'eau avec une célérité telle qu'il ne fallut pas cligner des yeux afin de pouvoir les conserver bien en vue.

Loin derrière la cavalcade en trio qui fut lancée à vive allure, un Yagara cheminait paisiblement ; celui-ci se laissant presque emporter par un délicat courant afin que sa balade n'en fut que plus sereine. Sur son dos, apparemment pas inquiet le moins du monde de la tournure d'une course dans laquelle il s'engageait bon dernier, Alegsis, les bras en l'air, s'extasiait de sa traversée.

- Wouuuuhouuuuuuu ! Regardez comme je fonce ! Regardez ! Haranguait-il la foule dont la mâchoire inférieure s'était apparemment décrochée. Mais moins vite quand même, faudrait pas que je tombe. Se ravisa-t-il frileusement tandis qu'il eut en plus l'audace de tirer sur les rênes.

- Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiil semblerait, je dis bien « semblerait », qu'Ivron n'ait pas recouvré toutes ses capacités cognitives après son accident.

Quel que fut celui qui campa Alegsis sur un Yagara, celui-ci, parce qu'il se devait à présent d'assumer cette lourde responsabilité, devrait à présent opérer sa magie afin que les trois concurrents, lancés comme ils l'étaient, ne lui ravissent pas le pactole dilapidé par sa sœur. Dans l'ombre de cette course invraisemblable, un arlequin et une renarde ourdissaient déjà quelques ténébreux projets afin que leur favori - pour lamentable qu'il fut - soit le premier sinon le seul à franchir la ligne d'arrivée.
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Tagada Yagara

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Tout devait se passer comme sur des roulettes, sans entraves, avec aucun ennui à l’horizon. Le plan du Clown Couronné était parfait, surtout lorsque son cher Morgan Moreau venait de donner illégalement une dose d’anesthésiant contre les Yagaras concurrent. Après tout, c’était la faible richesse de l’équipage qui se trouvait en jeu. Si seulement sa sœur n’était pas aussi naïve et malchanceuse aux jeux d’argent.

Loki secoua son visage de gauche à droite, chassant les mauvaises idées et surtout son pessimiste sur cette course désespérée. Quand il vit que le responsable de cette affaire n’était guère enjoué à monter sur son destrier, un rictus apparu sur le visage de Whitemane. Bien qu’il possédât une âme de gentlemen, le jeune homme changea de masque à cause de son impatience. D’un bon coup de pied au cul il encouragea le faux Dianès Irvon à monter sur sa selle.

La réjouissance de cette infime victoire fut de courte durée pour les usurpateurs. Car à l’annonce de l’escargomégaphone, Loki se mit à pâlir pendant que Sherry et Morgan eurent presque leur mâchoire de décollé en découvrant un cavalier assis à l’envers. Si le ridicule pouvait tuer, il préférait se suicider en observant ce médiocre jockey qui cherchait les rênes sur le derrière du cheval aquatique.

Loki plaqua sa main sur son visage et se retint d’exprimer son immense désespoir. Pourquoi donc la malchance était aussi envahissante dans cette journée ? Le capitaine n’avait pourtant fait aucun mal sur cette île. Même si ce dernier venait il y a quelques minutes de ligoter le véritable sponsor de monsieur Irvon…

« Morgan va me chercher… » débuta l’albinos qui se coupa lui-même en entendant le chuchotement du piètre cavalier. Venait-il de confondre l’anus du Yagara avec un pauvre œil ? Mais d’où sortait cet homme ? D’une île où l’intelligence n’existait aucunement ?

« Tu disais, captain’ ? » demanda le médecin de l’équipage qui se gratta l’oreille à l’aide de son auriculaire. « Je n’ai pas de potion magique pour rehausser l’intelligence de cet individu. » fit-il en se mettant à bailler à propos de cette situation bien ennuyante.

Loki souhaitait que le roux aille chercher Abigail Drake. La dernière et récente membre de son équipage. Elle était la seule à être aussi proche des animaux. Si seulement la Cornue avait été présente pour remplacer le véritable jockey. La victoire aurait été dans leur poche, mais le destin en avait décidé autrement.

« Bon pouvez-vous m’écouter s’il vous plaît. » supplia presque le pirate à l’imposteur. « Votre Yagara se nomme Prunelle. Elle est normalement dressée pour franchir n’importe quel obstacle. Donc, il est inutile de ressentir de la peur, hein ? Foncez et Prunelle fera le reste du travail. Rester bien droit pour éviter de gêner votre partenaire dans la course. Une simple maladresse comme une perte d’équilibre peut chavirer votre nouvelle amie de sa trajectoire initiale. Compris ? Vous allez vous en sortir n'est-ce pas ? »

Une goutte de sueur froide perla depuis la tempe de Loki en découvrant l’attitude du cavalier. Il semblait absent, sans âme depuis qu’il venait de monter sur son magnifique destrier. Les conseils de Loki n’eurent servi à rien pour ce mécréant qui se décrottait le nez.

Sans était trop. La goutte d’eau qui fit déborder le vase. Loki s’apprêta à bondir pour étrangler le cavalier, mais fut retenu par Sherry Whitemane et Morgan Moreau. Son langage qui était généralement respectueux, se transforma en un torrent d’insultes qui choqua presque sa propre sœur qui avait vécu tant d’années au côté de Loki.

Le faux sponsor en avait marre et désirait exprimer sa rage en balançant tous ses couteaux sur le piètre cavalier. Loki pouvait passer outre le côté naïf de sa sœur à toujours tomber dans le piège des jeux. Mais à cause de ce peintre de pacotille, la situation déjà désespérée était encore pire.

En entendant un membre du staff, que la course allait débuter, Loki fut traînée par ses deux amis hors du box de Prunelle. Une fois dans les coulisses, le clown maquillé en sponsor, prit place sur son siège attitré. Reprenant très lentement son calme, il entendit à côté de lui les moqueries discrètes des autres commanditaires. Puis, au moment où le pistolet pour sonner le départ retentit et que le piètre cavalier débuta une traversée paisible plutôt que précipitée, le son des rires explosa les tympans de Loki.

Les Yagaras adverses franchissaient les obstacles avec élégance durant une bonne moitié de la course. Soudainement, le numéro trois loupa son saut et s’écrasa contre une haie. L’anesthésiant commençait son emprise sur la bête. Ensuite, le numéro deux qui fonçait à toute allure diminua sa vitesse puis s’arrêta aussi sec en expulsant son cavalier quelques mètres plus loin. Néanmoins, le numéro quatre gardait toujours une forme olympique. Son corps résistait au produit de Morgan... Désormais la course opposait plus que deux concurrents. Le numéro un alias le faux Dianès Ivron et le numéro quatre se nommant Bob Bonichon.



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En villégiature sur le fil de l’eau, en croisière peut-être même, il ne manquait à Alegsis qu’une ombrelle et une collation rafraîchissante afin qu’il profita pleinement de ce séjour de plaisance. Le drame, pas tant pour lui que ceux qui avaient misé sur sa monture, tenait au fait qu’il se prélassa au beau milieu d’un champ de course. Dans les gradins, outre les cris de rage et de désespoir – certains avaient en effet parié très gros – on devina les intentions de pari de certains au fait qu’ils se rongeaient les ongles jusqu’à se grignoter les phalanges. Mais à ces âmes damnées, la Providence leur sourît toutefois d’un rictus méphitique alors que, déjà, deux concurrents trouvèrent une halte subite à leur chevauchée marine. Quelque part, dans l’assistance, une main secourable, quoi que mal intentionnée, avait empoisonné le cheptel. Cependant, de ces trois bourrins nautiques venus faire ombrage à Alegsis, il s'en trouva un pour réchapper à l’incurie.

Bien loin derrière le numéro quatre, un chasseur de primes, décidément trop décontracté pour le bien de ses supporters, trouva finalement motif à bouder ses loisirs.

- C’est quoi de cet aménagement encore ? Se contraria-t-il devant une haie large comme le couloir aquatique où il avait déambulé jusqu’à présent.

À moins que son destrier ne vogua à vive allure et prît l'élan qui s'imposait, jamais ce dernier ne fut en mesure de franchir l’obstacle. Son cavalier eut beau insister pour qu’il sauta, le Yagara, dépourvu de jambes tel qu’il l’était, n’aurait su accomplir pareil miracle sans une plongée préalable avant qu’il ne se propulsa du fond de son corridor. Car c’était aussi pour ce genre de spectacle qu’on se plaisait à assister à ces courses-ci.

- Te bile pas va. J’ai la solution.

Quand Alegsis Jubtion parlait de solution, ce n’était qu’alors que les problèmes survenaient.
Aussitôt fut-il désarçonné celui-ci qu’il plongea aussitôt dans le bain, abandonnant sa monture seule devant les barrières dressées.

- La petite excursion de Dianès Ivron eeeeeeeeeeeeeeeeest apparemment tombée à l’eau. Littéralement ai-je envie de dire. Allons-nouuuuuuuus messieurs dames vers un troisième abandon ?… Non, attendez, il semblerait qu’il s’apprête à refaire surface et…

Le commentateur de la scène, lui aussi témoin de la prouesse, resta sans voix bien qu’il fut contractuellement enjoint à œuvrer dans le sens contraire. Comme un squale venu percuter un phoque indolent, Alegsis, depuis le fond de l’eau, avait rejailli d’un bond sous la flotte afin de percuter sa monture d’un coup sec dans l’estomac. Celle-ci, pareille à un ballon de volley, s’envola par-dessus les « filets » afin de sombrer tout aussi vite de l’autre côté dans une chute si lourde que la flotte macula les trois premiers rangs des spectateurs.
Tout le monde était alors resté sidéré dans la tribune, la mâchoire grande ouverte, d’ici à ce que la voix de l’escargomicrophone ne rompit la torpeur.

- Aprèèèèèèès vérification, il semblerait que la manœuvre soit valide. Personne n’a en effet jamais précisé comment le Yagara devait franchir les haies. Peut-êêêêêêêêtre, faudrait-il penser à revoir le règlement.

Quand, de l’autre côté de la barrière à son tour, Alegsis nagea à la surface, il y retrouva une bête endolorie, toujours crispée du direct qu’elle venait de recevoir. S’apprêtant à la chevaucher de nouveau, il regarda droit devant, s’imaginant que le pire était derrière eux. Leur restait pourtant à franchir une nuée de haies – une nuhaie – celle-ci peut-être étendue sur trois encablures de distance.

- GarkZeSLooUDRoKNnHEuV, articula le jockey de fortune afin de mieux témoigner son dépit du moment. Une paisible niaiserie, toutefois, trouva à nouveau ses accès sur sa trogne, bien vite résigné à ce sort qui fut le leur. Bon bah quand faut y aller. Prêt ?

- Nii ! Nii ! Contesta ardemment l’animal.

- Alors c’est parti !

Le Yagara eut beau tenter de faire demi-tour – du jamais vu sur un champ de course – qu’Alegsis récidiva sans peine son précédent exploit afin de le réitérer par dix fois d’affilées. Sa monture, ainsi malmenée par la combine, sembla ricocher vivement sur une série de mines aquatiques l’ayant faite ainsi rebondir en continu. Le tour de force douloureusement accompli, le palefroi s’effondra finalement en bout de parcours comme la masse inerte qu’il était devenu.

Bien que l’animal fut dans un état second - sinon tertiaire - Alegsis grimpa à nouveau dessus sans vergogne et, bien assez vite, rama de ses mains afin de poursuivre sa paisible excursion. Son embarcation, les pupilles révulsées et la langue dépassant d’entre ses lèvres, continua de flotter à la surface tel le cadavre qu’elle avait manqué de devenir.
Ce fut alors dans de si curieuses disposition qu’Alegs dépassa ses deux concurrents abandonnés sur le carreau. Cela, non sans bien sûr leur avoir adressé un « coucou » amical de la main tandis que ceux-ci, pareils à la foule, étaient restés effarés de ce dont ils venaient d’être les témoins. Ils le regardèrent alors filer au loin, minablement, mais une encablure à la fois. Dans un même temps, s’ourdissaient dans les coulisses quelques manigances œuvrant à lui garantir la victoire. [/b][/color]
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Tagada Yagara

Feat. Alegsis Jubtion


Les numéros deux et trois furent hors course laissant à leurs sponsors le soin de cesser leurs moqueries à l’encontre du prétendu Dianès Ivron. Si le calme revint enfin dans les coulisses, il fut de courte durée lorsque Loki et Morgan prirent un malin plaisir à se venger des moqueurs. Au moment où le clown maquillé en sponsor pointa le bout de son index sur les compétiteurs éliminés, il se mit à rire aux éclats suivit par son ami Morgan.

Rira bien qui rira le dernier. Un dicton, une phrase que le Clown Couronné aimait réciter aux personnes qui lui barraient la route. Ainsi, les deux pirates imitèrent à la perfection les précédents moqueurs afin de leur faire comprendre qu’un simple rire pouvait causer beaucoup plus de dégâts qu’un vulgaire coup de poing sur le visage.

Lorsque les deux zigotos furent humiliés, ces derniers quittèrent les coulisses en marmonnant leurs mécontentements à propos de cette cuisante défaite. Les coulisses abritaient désormais les seules équipes encore en lice dans la course. Celle de Dianès Ivron et celle de Bob Bonichon. Le numéro quatre, le dernier adversaire de l’imposteur était réputé pour être le grand rival du véritable Dianès. À chaque championnat, les deux jockeys se disputèrent continuellement la première place. Leur palmarès à tous les deux était extrêmement impressionnant. Ainsi que leur rivalité légendaire pouvant être comparée à Gold Roger et Barbe Blanche. Cependant, les deux cavaliers ne pouvaient pas se piffer comparés aux deux légendaires pirates.

Actuellement, le redoutable Bob réduisait de plus en plus la distance qui le séparait de la ligne d’arrivée. Il représentait un réel danger pour l’équipage de Loki le Clown Couronné. Malheureusement, aucune idée ne vint dans sa caboche pour contrer l’immense menace. Jetant un regard en arrière, il découvrit que le coach de Bonichon ne regardait aucunement la course. Non. Ses yeux noisette contemplèrent la silhouette féminine de la Mink renarde.

À cet instant, une idée merveilleuse brilla dans son esprit. Un nouveau tour de passe-passe pouvait être encore présenté. Frappant son poing contre le ventre de son autre main, une aura malfaisante engloba progressivement la silhouette du pirate primé.

Voulant chuchoter dans l’oreille de sa sœur son petit numéro, Loki perdit immédiatement son envie en découvrant une chose totalement imprévue et insensé venant de la part du faux Dianès Ivron. En effet, afin de franchir les haies, l’imposteur eut l’idée farfelue de quitter sa monture en plongeant dans l’eau puis de frapper l’animal pour la propulser hors de la mer et ainsi l’aider à sauter l’obstacle.

« Quoooi ?! » hurlèrent en chœur Loki, Sherry et Morgan en manquant de se déboiter la mâchoire inférieure. Loki secoua son visage négativement pour se réveiller de ce cauchemar. Ce bonhomme, cet imposteur était littéralement imprévisible et surtout sans cœur. L’albinos pouvait passer outre le fait qu’il s’en ait pris au cavalier Dianès Ivron, mais frapper le Yagara qui n’avait rien demandé c’était impardonnable aux yeux de l’artiste de cirque.

Heureusement qu’Abigail Drake n’était pas présente avec eux, car la Cornue n’aurait pas hésité une seule seconde à décocher une flèche contre ce cruel personnage. Cela dit, Morgan se trouvait au côté de Loki. Lui qui exerçait les fonctions de vétérinaire sur son île natale…

« Et si je lui administrais une grande dose de poison dans les veines, Captain’ ?! » s’énerva le roux en sortant de son sac à main une fiole remplit d’un liquide verdâtre. « Ou bien lui donner une dose suffisamment forte de pentobarbital de sodium afin de l’euthanasier ?! »

« Mais vous êtes qui au juste ? » demanda le sponsor de Bob Bonichon du nom d’Alfred qui reprit enfin ses esprits en arrêtant de reluquer la renarde. « Je pensais que James était malade pour la course d’aujourd’hui. En entendant vos manigances, j’ai de sérieux doutes sur vous là. Je crois qu’un petit coup de fil aux autorités pourrait éclaircir ce problème. »

L’équipage se tourna face à Alfred qui se leva de sa chaise et sortit de sa veste un escargophone. Lorsqu’il s’apprêta à composer le numéro de la Marine, deux délicates pattes se posèrent sur les hanches du sponsor. Sherry colla doucement son ventre contre le bide à bières d’Alfred.

« Allons mon bon monsieur, il est inutile d’en arriver là. Vous ne croyez pas ? » ronronna la sœur adoptive de Loki qui observa amoureusement Alfred. « N’est-ce pas ? » redemanda-t-elle en pressant les formes de sa poitrine généreuse sur le torse graisseux du sponsor.

« Hm..eh bien… » répondit en haletant Alfred qui passa un index dans son col et le tira par gêne. « Vous...vous êtes… » continua avec difficulté ce dernier qui se stoppa et se raidit lorsque ses lèvres furent jointes avec celles de Sherry. Par ce contact intime, la couleur rouge monta des pieds à la tête d’Alfred. Si bien que ses oreilles pourraient presque rejeter de la fumée comme le ferait une locomotive à vapeur.

Rompant ce doux baiser, la renarde caressa sensuellement la joue chaude et encore rosée de l’homme embarrassé. Elle lui fit un clin d’œil et ouvrit légèrement sa gueule pour susurrer quelques mots à Alfred.

« Que diriez-vous d’un tête à tête, rien que nous deux après que vous ayez déclaré forfait ? » proposa Sherry qui faufila ses mains dans le haut d’Alfred pour lui procurer des frissons en frôlant ses griffes sur le dos transpirant de ce dernier. « Si vous acceptez, je m’engage à vous…dédommager. »

Une petite minute plus tard, alors que Bob Bonichon s’apprêtait à voir la ligne d’arrivée, le commentateur reprit la parole.

« Mesdames et messieurs, j’ai une trèèèès mauvaise nouvelle à vous annoncer. L’équipe numéro quatre déclare malheureusement forfait. Il ne reste plus que sur la course Dianèèèès Ivrooon. » déclara l’homme qui essuya la sueur accrochée à son visage avec un mouchoir. Il faut dire que le soleil qui tapait et la folle histoire de cette course n’était pas de tout repos pour le présentateur.

Seul sur la course, l’imposteur avait toutes ses chances pour l’emporter. Loki quant à lui se réjouissait de sa futur victoire en claquant ses mains dans celle de Morgan qui avait toujours une dent contre le faux Dianès. Sherry venait déjà de rejoindre son frère après avoir assommé et ligoté celui qui désirait son corps. Alfred gisait désormais dans un lieu isolé des coulisses, le dernier endroit où les gens chercheront pour le retrouver.

Observant paisiblement la course, les trois pirates ne s’imaginèrent aucunement qu’un autre problème se réveilla dans les tribunes. Après la maltraitance sur Prunelle par l’imposteur, un groupe faisant partie d’une société sur la protection des animaux se manifesta en hurlant leurs mécontentements sur le faux Dianès Ivron… Ils étaient déjà contre les courses de Yagaras et avaient manifesté plusieurs fois dans les rues il y a quelques mois. Qu’est-ce que ces gens allaient faire ? Simplement gueuler et huer contre l’imposteur ? Ou bien provoquer le chaos ?



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C’est à la zoophilie qu’on dut la félicité. L’information, pour ce qu’elle avait d’incongrue, ne serait heureusement jamais connue que d’un petit nombre d’initiés qui, par le truchement d’une corruption libidineuse, avait ainsi souillé le championnat tout entier pour trois léchouilles de canidé. La piraterie, décidément, se savait prête à tout – à commencer par le pire – afin que bien mal acquis profita grandement.

Jamais jockey n’avait braillé plus fort que le numéro quatre. À trois coups de nageoire de la consécration, celui-ci s’était vu brutalement soutirer son titre pour qu’un sponsor peu scrupuleux assouvît ses lubies malsaines. Des larmes de rage lui brûlèrent les joues quand, le dépassant à une vitesse de deux nœuds marin à peine, assis en tailleur sur une monture amorphe qui flotta comme une bouée, Alegsis lui asséna maladroitement sa sollicitude.

- Coup dur, hein ? S’efforça-t-il de compatir tandis que son embarcation, résolument végétative, poursuivait sa route sur une morne cadence.

Paisiblement toujours, sous les huées et les cris des joie – autant héros qu’il était paria – le chasseur de primes profita de sa balade. Quelques remous infondés, toutefois, le firent soudain tanguer de sur son long fleuve tranquille. Enragés comme des bêtes fauve, l’écume aux lèvres autant qu’aux yeux, une dizaine de défenseurs de la cause animale passa outre le cordon de sécurité. Entre ce spectacle affligeant qui fut offert aux parieurs et pareille démonstration de force en fin de parcours, la débandade fut dès lors consacrée dans les plus belles largeurs.
Ces zélés partisans de la liberté des Yagaras, sans doute affidés de loin à quelconque officine révolutionnaire de Bliss, n’étaient initialement venus que pour brandir une bannière et hurler des slogans. L’outrance de la course – si l’on put encore la qualifier ainsi – les conduisit cependant à muscler le « happening ». Allant jusqu’à se jeter dans le corridor aquatique, encerclant bien vite les chairs ramollies de la bête sur laquelle fut hissé un cavalier invraisemblable, ceux-là avaient alors assiégé le Yagara inconscient comme on escalada une citadelle.

Fâcheux fut l’auspice alors que celui-ci prévint Alegsis de profiter plus longtemps de sa relaxation sur l’eau. Désormais debout sur sa selle, dans cet uniforme de jockey clairement trop petit pour lui, il lui fallut palier à l’écueil s’il ne voulut pas flotter lui aussi le museau dans la flotte.
Privé qu’il fut de son pinceau de combat autant qu’on l’avait délesté de ses capsules de peinture – car la clownerie avait en effet considéré que cela eut fait tache sur la piste – le chasseur de primes se trouva alors démuni de son arsenal de prédilection. Il lui fallut à présent user de son intelligence s’il souhaita que sa promenade fut moins houleuse.

C’était dire si la situation était désespérée.

Parti de cette résolution, l’Épavien ferma alors les yeux bien assez fort jusqu’à ce qu’une idée neuve ne lui agita les boyaux de la tête. Fouillant dans ses souvenirs si, à tout hasard, il n’y trouva pas quelques suggestions de piste pour qu’il échappa au lynchage, la mémoire lui prodigua afin ses vertus.
Il se souvînt alors qu’enfant, au Cimetière d’Épaves, ses petits camarades et lui avaient spéculé sur la question des piscines. Eux, de piscines, ils n’en avait jamais vues, entourés par une mer qui pavait même leurs avenues de bois mité. Aussi la rumeur traîna comme quoi, chez les gens de bien, un colorant teintait les bassins quand qui de droit se laissait aller à un accident urinaire.

- Bon sang, mais c’est bien sûr !

On avait les « Eurêka » qu’on pouvait.

- Iiiiiil, semblerait, je dis bieeeeeeeen, semblerait, que le dernier concurrent en lice soit en train de défaire son pantalon. Eeeeeeeeeet voilà qui est chose faite mesdames et messieurs. Cette course, décidément, est pleine de surprises. Ah ! Et voilà qu’il pisse à présent. Il pisse. Tout à fait. Iiiiiiiiiiil, urine profusément en tournant sur lui même. Non mesdames, non messieurs, vouuuuuuus n’êtes pas venus pour rien aujourd’hui.

Sans peinture, sans ressource et sans franchement y avoir beaucoup réfléchi, Alegsis conclut que, si colorant il se devait y avoir dans son corridor aquatique, il lui aurait alors suffi que sa vessie fut mise à contribution afin de pouvoir y dessiner un Colors Trap. De quoi ainsi user de ses talents d’artiste hypnotique afin qu’il s’extirpa de la petite foule en colère qui glissait le long du Yagara chaque fois qu’elle essaya de s’approcher un peu plus de lui.

De colorant, toutefois, il n’y en eut pas. Si, après avoir remis son pantalon, Alegsis put retirer une seule satisfaction de cette mesure pour le moins expérimentale, celle-ci tînt au fait qu’il démontra l’inanité d’une légende urbaine tenace. On avait les victoires qu’on pouvait.
Haussant finalement les épaules, désinvolte, il s’accroupit de sur la selle où il s’était dressé et, du tranchant de son poing venu s’abattre comme un maillet sur chaque tête qui dépassa autour de lui, Alegsis assomma sans peine ses assaillants.
Peut-être eut-il en effet pu tenter la contre-offensive en ces termes afin que son urine n’eut pas à perler sur leur visage à tous. Il était, après tout, homme suffisamment redoutable pour faire rebondir sur l’eau un animal de trois quintaux au moins. Cependant, Alegsis Jubtion était un artiste si consciencieux dans ses œuvres spontanées qu’il ne put décemment se résoudre à réfréner son élan créatif du moment. D’autant qu’il se retenait de pisser depuis une heure au moins, alliant ainsi l’expérimentation artistique au soulagement.

Repoussant ensuite à bout de bras les gugusses rendus à faire la planche dans le corridor, il donna quelques coups de patte dans l’eau afin que son embarcation inerte retrouva sa vitesse de croisière.

- C’est un record messieurs dames, un record vous dis-je. Aucun cavalier jusqu’à présent, que ce fut en compétition ou même par accident, n’était parvenu à remporter la moindre course en frayant sur l’eau à moins de trois nœuds. Oui, vraiment, c’est un record. Pas un dont il faut être fier, mais un record quand même. Eeeeeeeeeeeeeeeeet, Dianès Ivron franchit enfin la ligne d’arrivée. Ce fut…. Une course mémorable. Vraiment.

Le museau perché en l’air alors qu’il venait de franchir la ligne d’arrivée, Alegsis plissa les yeux tandis qu’il s’essaya à un effort de compréhension.

- Attends… c’était de moi qu’ils parlaient depuis tout à l’heure ?

Plutôt lent à la détente – à supposer qu’il parvint seulement à saisir quoi que ce soit – jamais Alegs ne sut qu’il avait participé à une course de championnat en usurpant une identité. Il s’était en effet figuré que quelques forains, altruistes quoi qu’abrupts, l’avaient enjoint avec virulence à s’essayer à leur attraction nautique. La méprise fut pardonnable car ceux-là, en effet, n’avaient-ils pas eu des airs de bateleurs, partagés qu’ils furent entre un clown et une Minks qu’Alegsis prit pour une femme à barbe ?
Les saltimbanques-ci, ceux qu’il tenait du moins comme tel, Alegsis les retrouva à l’arrivée alors qu’il débarqua, gêné aux entournures avec ce pantalon trop petit pour lui.

- Il était sympa votre manège. Mais ce qui faudrait rajouter, c’est une boisson pour qu’on puisse bien profiter de la balade. Et puis l’uniforme là, c’est clairement de trop.

Et c’était entre les mains de ce parfait abruti que tous les quatre avaient confié le salut pécuniaire de leur équipage. Fallait-il donc avoir été au moins aussi cinglé que ce chasseur de primes pour s’en remettre à pareil plan. Le plus fou, dans l’affaire, fut que la manœuvre porta ses fruits.
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Après tant d’efforts et de malchance, le présentateur hurla de tout son cœur que Dianès Ivron franchissait enfin la ligne d’arrivée. Cette nouvelle réjouissait les innombrables parieurs qui avaient misé sur le véritable jockey porteur du numéro un. Loki tomba sur ses genoux et plaqua ses mains contre le plancher en bois des coulisses. Une grande dose de stress disparut de son corps. Le clown -porteur d’un make-up ressemblant à James le sponsor de Dianès- respira difficilement à cause de cette mésaventure. Il sentit que l’intégralité de son organisme réclamait une bonne quantité de repos.

Cette journée n’avait pas été facile. Entre sa sœur adoptive qui le plongea dans un véritable cauchemar pour un simple pari. Puis de cet imposteur de Jockey extrêmement imprévisible et chaotique. Ce bonhomme devrait recevoir une prime sur sa caboche. Après tout, il fut responsable de l’accident du cavalier Ivron et également de la torture volontaire envers le pauvre Yagara. Loki préféra ne pas noter l’agression que l’imposteur avait commise contre les défenseurs de la cause animale. Sans cette action, le pirate n’aurait jamais gagné ce fichu pari.

Le problème enfin résolu, Loki tenta de faire la sourde oreille contre la réjouissance de Sherry Whitemane. La renarde sautillait de joie dans la pièce en affirmant que sa chance de joueuse ne l’avait jamais quitté. Cette remarque fut vraiment de trop pour le capitaine pirate. Loki soupira lourdement pour inciter la Mink à cesser son comportement enfantin. La victoire fut certes de leurs côtés, néanmoins l’équipage avait causé du grabuge en malmenant de pauvres citoyens innocents.

Cependant, Loki faisait désormais partie du camps des pirates. Si la gentillesse était monnaie courante chez lui, ce dernier était parfois obligé de montrer ses agissements fourbes pour arriver à ses fins. Ce fut le cas lors de cette course, car il n’avait pas hésité à réduire en silence (pendant quelques heures) les gêneurs potentielles.

Sortant des coulisses, l’équipage -qui ne fut pas au complet à la vue de l’absence d’Abigail- trouva très vite sa route pour pouvoir récupérer la somme d’argents gagnée par ce redoutable pari. Loki et sa troupe ne furent pas les premiers arriver. Beaucoup de spectateurs et à la fois parieurs tentèrent de gruger la file d’attente afin de récupérer leurs gains. L’attente sera épouvantable et Loki ne fut pas enclin à débuter.

Il attrapa la liasse de berrys fraichement volée tout à l’heure aux grossiers fortunés qui riaient de leurs méchancetés. Lorsque le vent se mit à caresser le visage du pirate, Loki ouvrit sa main. La bourrasque encouragea les papiers verts à prendre leur envol, comme un petit oiseau débutant maladroitement son baptême de l’air. L’argent désormais sans propriétaire attira très vite la cupidité des parieurs. Ils se jetèrent tous sans exception dans une course poursuite dont le vainqueur détiendrait une somme importante à ranger dans son portefeuille.

L’équipage du Clown Couronné récupéra sans mal leurs gains et par la même occasion celui des autres en profitant de l’inattention de l’homme à l’accueil qui désirait énormément rejoindre ses frères et sœurs moutons chassant les billets volants.

Loki Whitemane et ses deux compères retrouvèrent le faux jockey. L’imposteur révéla sa réjouissance pour avoir participé à ce manège fort sympathique…

Alors depuis tout ce temps ? Le faux Dianès Ivron pensait qu’il participait à un manège d’attraction ? La lumière n’éclairait pas tous les étages du cavalier. Loki préféra ne rien rajouter. Il rendit le pinceau d’une taille impressionnante à son propriétaire ainsi que ses autres attirails de peintre. Le faux jockey devait gagner la course pour retrouver ses biens. Le marché était désormais remplit.

« Je vous remercie de nous avoir enlevé une épine du pied. Magnifique victoire au passage. » remercia et félicita Loki qui devait tout de même sa victoire envers cet inconnu. « Je vous souhaite une... » Le pirate perdit le son de ses cordes vocales lorsqu’il aperçut une affiche de recherche totalement trempée s’échapper de l’inventaire de l’imposteur.

La fiche dévoilait la prime de Loki Whitemane ainsi que sa bouille couverte d’un maquillage de clown. Récupérant le papier, Loki se demanda si le cavalier n’aurait pas un lien avec la Marine ou bien les Chasseurs de Prime. Ne souhaitant pas recevoir de réponses de la part du propriétaire de l’affiche de recherche, Loki se tourna en face des journalistes qui attendirent impatiemment derrière les barrières de sécurité des gradins.

« Monsieur Ivron est disposé à recevoir vos interviews !! Dépêchez-vous avant qu’il ne change d’avis !! » hurla Loki aux chroniqueurs qui s’empressèrent de rejoindre au plus vite la star du moment.

Ainsi, Loki et ses coéquipiers profitèrent du chaos pour s’éclipser en douce, laissant Alegsis Jubtion à la merci des reporters…


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