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Ça picole sec au Hell's Kitchen

La Ligne Mazino ~ Hell’s Kitchen

Flashback 1629
Karantane

Une nuit calme, comme cela arrivait rarement sur Karantane. Mais, l’extinction du Culte du Serpent à Plumes, offrait à nouveau paix et tranquillité d’esprit aux habitants du pont. Et, après s’être retroussés les manches pour reconstruire leur quartier, ils s’accordaient enfin une pause bien méritée. Je me dirigeais vers le seul endroit où toute l’animation du quartier s’était regroupée en cette soirée. Le premier endroit que j’avais visité lors de mes premiers pas sur le pont. Le Hell’s Kitchen, la taverne de ces deux déglingués du caisson qu’étaient Hao et Jin. Ces derniers m’avaient fait part de leur intention de se joindre à mes aventures, mais se retrouvaient en fâcheuse posture vis à vis de leur établissement. Malgré l’état déplorable du Hell’s Kitchen, les faits d’arme des propriétaires avaient joués en leur faveur et les intéressés s’étaient bousculés au portillon pour leur faire une offre d’achat. Mais, ce lieu avait une signification sentimentale pour les deux hommes, et la vendre au premier venu était hors de question. C’est ainsi que me vint une idée, et c’était là la raison de ma visite.

- Miya ? miaula alors un chat derrière moi.

Je me retournais pour voir le pauvre animal émacié à l’entrée d’une ruelle, ses yeux brillants dans la nuit. Je m’approchais doucement, mais à chaque pas le chat en faisait deux en arrière. Son poil se hérissa et ses pupilles se rétractèrent alors qu’un grognement se mit à monter de plus en plus fort. Je savais pertinemment qu’un animal aussi affaiblit se sentait en perpétuel danger, méfiant de quiconque. Je m’arrêtais alors à l’entrée de la ruelle, m’installant par terre le dos contre un mur en fouillant dans mes poches. J’en ressortis une pomme que je séparais en deux, plaçant l’une des deux moitié dans ma paume avant de la refermer avec force en la broyant. Ce qui en restait était désormais réduit en bouillie, et je la déposais alors à mi-chemin entre moi et le bel animal au pelage blanc sali qui ne me quittait pas du regard. Je me replaçais contre le mur et croquais dans ma moitié de pomme.

Les minutes passèrent sans que le chat ne bouge, guettant en silence l’amas de purée de pomme. Finalement, il s’avança, me jetant des regards pour vérifier que je n’en profitais pas pour lui bondir dessus. Pour le rassurer, je ferma les yeux et déploya mon mantra pour analyser ce qu’il ressentait. De la détresse, de celle que l’on ose avouer de peur d’être faible ou de le paraître aux yeux des autres. De la méfiance, après tout pourquoi un étranger le nourrirait ? Mais surtout, de la curiosité et de l’envie. Il s’approcha jusqu’à la bouillie, reniflant longuement avant d’oser laper une bouchée. Il marqua une pause, comme s’il vérifiait ainsi que la nourriture qu’il avait avalé n’était pas empoisonnée. Puis, il revint à la charge avec la ferme intention de faire disparaître cette bouillie.

- Tu peux y aller, ces pommes ont une faible teneur en sucre. dis-je alors en rompant le silence, croquant un nouveau morceau de pomme pour accompagner l’animal dans son repas.

Et ce fut vite réglé, le chat finissant sa bouillie jusqu’à la dernière goutte en se pourléchant les babines pour ne rien en laisser. Toutefois, il releva son regard perçant vers moi et retourna aussitôt se cacher derrière une caisse. Je m’en étais douté, rouvrant les yeux pour l’observer en coin. D’un geste lent, loin d’être menaçant, je me remis à fouiller dans une poche pour en sortir un objet métallique qui brilla un instant à la lueur de la lune. Un feulement me répondit alors que je portais la flûte traversière argentée à mes lèvres.




Soufflant doucement, tout en faisant jouer mes doigts tout du long de l’instrument, je me mis à faire danser l’écho au travers des rues de ce quartier de Karantane. Les yeux du chat se firent tout ronds, m’observant à la fois surpris et dans une incompréhension totale, mais son ‘aura’ sembla réagir à la musique dans un sursaut lumineux hakiment observable. Ainsi, les notes continuèrent de s’élever, composées par mes lèvres, mes doigts et mon cœur qui m’entraînèrent dans une litanie aveugle, les yeux fermés, à moi-même me laisser porter par les notes. Le nuage se formait, et l’esprit s’y posait tranquillement, le berçant timidement avant que les ondes sonores ne vibrent de plus en plus fort.

Entre nostalgie, tristesse et joie, mes émotions se baladaient à la mesure des notes que je soufflais. Un esprit en pagaille qui s’organisait sous l’impulsion des vibrations, comme un cœur qui bat à l’unisson. Sans que je m’en rende compte, les volets des bâtiments alentours s’ouvrirent. Mais, contrairement à l’idée reçue du voisin qui cri « fermes ta gueule, connard ! », ils se contentèrent de s’accouder à leurs balcons et fenêtres en suivant le rythme avec leurs têtes qui se balançaient tranquillement. Même le vent se mêlait à la fête, s’engouffrant dans les interstices des toits en sifflant doucement.

Sur les corniches des toits, des battements d’ailes se firent entendre alors que des oiseaux se posaient pour observer et écouter le spectacle. Ainsi, dans les méandres de mon esprit agrandit par le haki, les lueurs augmentaient et se regroupaient autour de moi. Les poivrots sortaient des bars alentours pour se poser lourdement contre les murs et les rambardes. Les habitants sortaient de chez eux en famille, gardant le silence pour ne pas briser l’enchantement de la musique qui faisait battre leurs cœurs à l’unisson, tirant même quelques larmes à certains.

Cependant, le chat, lui, n’était pas rassuré par toutes ces présences. Ce n’était pas volontaire de ma part, mais ma musique avait tendance à avoir cet effet sur les gens, et ce même quand je ne les hypnotisais pas sciemment par ce même biais. J’ouvris finalement les yeux en sentant le chat venir se cacher sous mes jambes. Avec autant de gens autour, il avait fait son choix et avait déterminé que j’étais le moins dangereux du lot. Les dernières notes de la chanson résonnèrent longuement dans les rues jusqu’à se perdre dans la nuit, les badauds reprenant soudainement leurs vies. Ils semblèrent comme sortir d’un rêve, se regardant interloqués avant de retourner à leurs activités. Le chat sortit finalement de sa planque sous mes jambes arquées, se tournant vers moi pour me regarder droit dans les yeux, un léger ronronnement était à peine perceptible.

- Viens là, on va te trouver quelque chose de meilleur à manger. dis-je en présentant mon bras dans lequel il se lova avant que je ne le soulève contre mon torse en croisant mes bras sous lui pour lui faire un nid. Je le regarda un instant dans les yeux. - Ah, ‘elle’, désolé pour la méprise ma p’tite dame.
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Depuis la guerre contre le culte, les clients affluaient au Hell’s Kitchen. Quelques commerçants voisins avaient même aidés à la réparation ainsi qu’à l’amélioration de l’endroit et ce en à peine quelques jours. L’endroit sordide qui ne pouvait accueillir que quelques dizaines de personnes pouvait à présent aisément en accueillir une centaine. Les deux roux démoniaques avaient dû engager du personnel pour suivre la cadence et ainsi les serveurs et serveuses couraient dans tous les sens pour servir les clients assoiffés. Les gens riaient, chantaient et criaient dans un joyeux bordel ambiant.

Et c’est dans cette ambiance festive que je me pointa, un chat posé sur l’épaule avec les pattes arrières dans ma capuche. Les habitants du quartier connaissaient quasiment tous ma trogne et ils le firent savoir en me saluant ou en criant mon nom. Il faut dire que ce Culte du Serpent à Plumes avait été une plaie pour Karantane pendant des années, et que j’étais finalement arrivé un jour et l’avait suturé. L’histoire était en réalité bien plus sanglante, une bataille qui avait couvert le sol de milliers de corps dont j’avais toujours du mal à laver tout le sang sur mes mains. Je leur rendis leurs saluts d’un sourire ou d’un hochement de tête avant d’entrer dans la taverne, légèrement gêné de cette soudaine popularité. J’étais un pirate, et c’était rare que l’on m’apprécie autant là où je posais les pieds, et ce même depuis que Aze avait rejoint les rangs des Corsaires. Une position qui n’était pas plus enviable à celle d’un pirate en terme de popularité, tant les autres pirates nous prenaient désormais eux aussi pour de beaux enfoirés.

Je poussais les portes pour découvrir un Hell’s Kitchen transformé. Cela faisait seulement quelques jours que je n’étais pas venu, et pourtant les changements étaient considérables. L’espace s’était agrandit, des murs avaient été abattus et des extensions avaient été construites. On pouvait d’ailleurs deviner que les travaux n’étaient pas finis puisqu’une bâche était tendue d’un mur à l’autre dans un coin. Les voisins alentours n’avaient pas seulement fait des propositions pour racheter l’établissement à l’annonce du départ des rouquins, ils avaient contribué à son renouveau en s’associant à eux pour intégrer leur boutique à la taverne.

- Eh ben putain, ça change du bouge miteux où j’me suis pinté la tronche la dernière fois. soufflais-je admiratif en observant attentivement les changements.

Déjà, l’éclairage qui se résumait à quelques lampes à huile était à présent remplacé par un magnifique lustre qui surplombait la pièce ainsi que des lampes intégrées aux murs et aux poutres. Les tables miteuses étaient désormais des banquettes ocres qui ajoutaient de la couleur à l’endroit. Certains coins étaient moins tape à l’œil, composés de vieilles palettes bricolées pour accueillir plus de monde. Et ils avaient bien fait, tant l’affluence était importante comparé à ma première visite où Jin réanimait ceux tombés dans les vapes afin qu’ils continuent de consommer. Des salopards démoniaques je vous l’avais bien dis.

Et il était là justement, juste derrière le bar, le médecin maboule cornu servait les breuvages dans un balais presque aussi expert que ‘Liquor’ Jack. Toutefois, la foule était si dense à vouloir être servis qu’il fallait jouer les coudes pour m’en approcher. Un type, bousculé de côté prit aussitôt la mouche en me jetant un regard noir.

- Eh enfoiré ! Excuses-toi ou j’te marave! s’exclama-t-il en levant un poing menaçant avant de changer d’expression en analysant un instant mon visage. - Ah euh...vous êtes Ren, n’est-ce pas ? Euh..bonne soirée ? hésita-t-il dans la formule avant de partir sans demander son reste. C’était donc ça que j’inspirais aux autres, de la peur ?

Haussant les épaules, je continua de me tailler mon chemin jusqu’au comptoir où je m’accouda lourdement. La chatte qui s’était tenue tranquille jusqu’ici sauta depuis mon épaule sur le comptoir pour se rouler en boule contre mon ventre. Après quelques secondes, occupé à servir les assoiffés,  Jin arriva devant moi sans même me regarder dans les yeux tant il était entré dans un mouvement machinal.

- Qu’est-ce que je peux vous servir?

- Un peu de ton temps mon pote, et du lait pour cette boule de poil. répondis-je en affichant un grand sourire alors qu’il levait enfin les yeux vers moi.

- Oh putain mon pote ! Désolé, j’suis en plein rush, j’ai pas fais gaffe, comment tu vas?

- Ce serait pas à moi de te demander ça ? Vous vous en sortez avec tant de monde?

- Ça va, grâce à l’aide de tout le nouveau personnel on se démerde pas trop mal. Eh Erik ! Viens me remplacer, je m’absente un moment. dit-il à un autre rouquin, à croire que c’était un critère d’embauche.

Jin passa par les cuisines pour appeler Hao qui était comme à son habitude derrière les fourneaux. Le duo sortit de derrière le comptoir sous les acclamations des clients complètement cuits par l’alcool qui coulait à flots ininterrompus. Ils m’indiquèrent un escalier tout neuf qui montait vers un étage qui, encore quelques jours plus tôt était un maroquinier, ce dernier avait probablement cédé son commerce pour créer cet étage. Une coursive surplombait toute la salle et les proprios me guidèrent jusqu’à une table à l’écart des autres banquettes qui composaient l’étage. Une table avec une vue imprenable sur la scène tout neuve sur laquelle un groupe interprétait quelques chansons entraînantes aux refrains répétés par l’assemblée, levant leurs choppes en chœur à chaque intervention.

Après les malheurs et la terreur qu’avait connu ce quartier de Karantane, cela faisait chaud au cœur de les voir aussi heureux et insouciants. Le sang avait été remplacé par la bière et tout ce qu’il fallait pour se biturer la gueule. Une bouteille en main, Jin nous servit trois verres de rhum ambré ainsi qu'un bol de lait, les faisant glisser jusqu’à nous, levant le sien bien haut.

- À un quartier libéré de la peur!

- Aux clients jusqu’au ras de la gueule! renchérit Hao en s’essuyant le front.

- Et aux chats perdus qui retrouvent un foyer! repris-je alors que l’animal, de nouveau posé dans ma capuche, descendait sur la table pour s'asseoir devant son bol de lait.

- Décidément Ren, tu te fais toutes sortes d’amis. Et comment s’appelle cette dame? demanda le cuisinier immortel.

Jin tentait de la caresser, mais l’animal se levait à chaque fois pour se poser hors de portée, levant le menton de façon assez hautaine. Le cornu geignit d’une façon assez comique qui nous fit pouffer avec Hao.

- Pourquoi elle m’évite ? J’suis sympa moi! se plaignit-il en réessayant, toujours sans succès. - Une vraie petite princesse celle-là!

- L’impératrice des chats ! C’est pas comme si ça manquait d’Empereurs ces temps-ci! éclata de rire le vieux rouquin à l’apparence de trentenaire.

- Radja, l’Impératrice des Chats ! Voilà son nom! m’exclamais-je alors en relevant mon verre pour trinquer avec les deux allumés du bocal.

À l’évocation de ce nom, la nouvellement nommée Radja se mit à tourner sur elle-même en miaulant et ronronnant de contentement, s’arrêtant devant ma main pour la léchouiller.

- J’imagine que ça lui plaît.

Erik, le barman qui avait remplacé Jin arriva alors avec une bouteille de lait ainsi qu’une bouteille de bourbon, une autre de saké et deux tonnelets de bière, le gars avait un sacré équilibre. Il posa lourdement le plateau sur la table, faisant sursauter Radja qui prit ses distances, tournant sa tête de côté en voyant Erik et se mettre à miauler, avant de s’approcher de lui et de se frotter contre son bras.

- Quoi ? Et toi elle t’apprécie au premier regard ?! Y a pas de justice!

– J’sais pas, y a un bon feeling, hein ma belle? répondit Erik en grattant l’animal à poil long derrière l’oreille. Cette dernière se roula en boule sur son plateau une fois qu’ils eût déchargé toutes les boissons et elle ne réagit pas quand il repartit avec le plateau. Elle semblait avoir choisit son maître.

- Tu dois sentir le bouc. ricana Hao en tapotant une des cornes de son compère.

Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire en recrachant mon rhum en une bruine ambrée. Nos rires durèrent une bonne minute avant qu’on ne puisse se reprendre.

- Revenons à nos moutons vous deux. Vous étiez sérieux au banquet l’autre soir?

- Sur le fait de te rejoindre ? Ouais, carrément sérieux si tu veux bien de nous!

- Je pense que vous commencez à me connaître et je suis jamais contre de nouveaux compagnons d’aventures. Mais, je vous préviens, avec les Sandstorms c’est souvent mouvementé.

– On demande pas mieux, t’imagines pas comment on s’est ennuyé ces dernières années comparé à ces derniers jours. Ça a été comme un déclic quand on a défoncé le culte.

– On s’est planqués ici pour éviter les emmerdes pendant bien trop longtemps, surtout moi. Et des fois, je me dis que malgré mon âge j’ai vu trop peu de ce monde si vaste. C’est une occasion rêvée.

– Et ça va pas poser de problèmes avec votre taverne ? Vous comptez en faire quoi?

– On cherche à le vendre, manque plus qu’à trouver quelqu’un en qui on peut avoir confiance...pourquoi, t’as une idée? demanda-t-il alors soudainement intéressé, comme s’il avait déjà deviné où je voulais en venir.

– Tu veux dire que? renchérit Jin le cornu.

– Ouais les gars, j’vais racheter ce bouge. ricanais-je en faisant tourner mon verre sous mon menton. – Toutefois, comme je peux pas être souvent sur place, je vous laisserai le soin de choisir le patron de ces lieux. Enfin, si vous acceptez mon offre.

Les deux hommes se regardèrent un moment avant de hocher la tête.

– Au moins, comme ça on pourra surveiller que tu fais pas de la merde avec notre bébé. ricana Jin qui leva son verre au milieu de la table pour trinquer à cette bonne idée.

T’es sûr de ton achat ? Tu sais bien que c’est qu’un pauvre bouiboui. coupa alors Hao en se montrant moins enclin à cette idée.

Quand je suis arrivé, ouais c’était le cas, mais regardes ce que vous avez fait en quelques jours. Avec un investissement suffisant, on pourrait faire de cet endroit un lieu incontournable de Karantane. Et l’établissement possède déjà la chose la plus importante. dis-je alors en levant un doigt.

Qui est?

La réputation mon pote. Suite à notre victoire sur ces emplumés du culte, les habitants de tout Karantane viennent vous acclamer ici comme leurs héros, c’est pas pour rien qu’il y a autant de clients. expliquais-je face à la mine perplexe du cuistot immortel. Écoutes Hao, je sais que t’es sur ce pont depuis longtemps et que ce bar est une des dernières attaches que tu as en ce monde, et que tu le considères d’une certaine façon comme ton bébé, mais un jour il faut laisser grandir l’enfant. Je te cache pas que je prévois quelques changements, mais l’idée c’est de garder cette ambiance, cette bonhomie ambiante où les gens oublient pour un moment leurs problèmes et se retrouvent ensemble.

Un silence pesant s’installa entre nous. Je ne m’étais pas attendu à une telle résistance, moi qui étais venu ici en sifflotant croyant que l’affaire serait conclue en une minute et que nous pourrions passer la soirée à se la coller sec. Le regard du vieil homme se posa sur moi, malgré l’absence de rides on y devinait une profonde sagesse. Il baissa un instant son regard sur son verre, s’y perdant avant de relever la tête avec un sourire.

Okay...à condition que tu me batte au bras de fer. ricana-t-il alors en plaçant son bras sur la table.

Je fus surpris par la soudaine proposition, mais un sourire naquit au bord de mes lèvres.

S’il faut que ça pour te convaincre, alors c’est partit mon pote!

Attendez ! J’ai une putain d’idée...ça vous dirait pas d’intéresser la partie? répliqua Jin en souriant à son tour, mais d’un air dérangeant en se frottant les mains.
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Le centre de la salle principale du rez-de-chaussée avait été dégagé, quelques gros bras y placèrent un lourd tonneau bien robuste sous les acclamations de la foule qui scandait nos noms. Il avait suffit de quelques mots de la part de Jin et la rumeur s’était propagée, remplissant d’autant plus le rez-de-chaussée qui était déjà plein à craquer. Les poings martelaient les tables et les pieds trépignaient sur le plancher dans une cacophonie complète. Le groupe s’était mit à entonner une musique plus rythmée pour nous accompagner dans notre défi.

Haô était de l’autre côté du tonneau, le coude déjà posé sur sa surface et ne me quittant pas du regard. Moi de mon côté, je prenais mon temps, retirant mon sweat-shirt que je posais sur le comptoir à côté de Radja, avant de me mettre en place à mon tour en craquant ma nuque de chaque côté.

– Alors, prêt à te prendre une dérouillée par un jeunot, vieil homme ? ricanais-je en m’installant, nos mains se rencontrant au centre du tonneau.

- Tu vas voir que le vieillard est bien conservé. répondit-il du tac au tac en me rendant mon sourire, son biceps doublant de volume au même moment.

C’est alors que Jin grimpa sur le bar, ma casquette vissée sur sa tête parce que, selon lui, ‘ça colle mieux pour jouer le bookmaker’. Une liasse de billets dans une main et un cône en carton dans l’autre, il porta ce dernier à sa bouche.

– Mesdames et messieurs !! Bienvenue au Hell’s Kitchen pour cet affrontement légendaire ! Vous reconnaîtrez à ma gauche, Haô le cuisinier immortel, fort de ses quatre-vingt piges et de ses muscles à taille variable, il joue en ce soir son titre de propriétaire des lieux! s’exclama-t-il, laissant un temps à la foule pour acclamer le rouquin à tout rompre. À ma droite, Ren le second des Sandstorms Pirates et le héros du Hell’s Kitchen et du quartier, celui qui a tenu tête au Culte du Serpent à Plumes et l’a vaincu avec le concours du Corsaire ‘Fear’ et de son équipage!

Les encouragements reprirent de plus belle, ainsi que les liquides qui se déversaient sur le sol alors que les clients trinquaient aussi violemment que leur taux d’alcoolémie. La tension montait un peu plus à chaque nouvelle acclamation. Les yeux dans les yeux, nous attendions impatients le signal du départ alors que Jin, toujours debout sur le bar, prenait les paris.

- Allez mesdames et messieurs ! N’hésitez pas à participer à cet affrontement dantesque en pariant sur un de ces deux concurrents! haranguait-il la foule en attrapant les billets par poignées. – Et enfin, le  moment que vous attendez tous! s’écria-t-il pour annoncer le début imminent du bras de fer, descendant du comptoir pour se placer entre nous deux et poser sa main sur les nôtres. - Prêts ? Et zééé partiiiiit!!!

Le lancement des festivités était donné, nos muscles se contractant alors que nous nous mettions à forcer. Nos forces déployées s’entrechoquèrent dans un grincement sinistre du tonneau sous nos coudes. La manche de la chemise d’Haô se déchira sur toute la longueur alors que son bras grossissait de nouveau. Et sa force ne fit que grimper. Décidément, je m’étais trouvé un cuisinier des plus surprenant. Toutefois, je tenais bon, un sourire narquois au visage, tentant de m’économiser au maximum sans paraître pour autant. Le cuistot immortel avait une force physique monstrueuse, mais il n’était pas le seul monstre ici. Il fallait juste attendre une ouverture.

J’aurais pu utiliser le haki de l’armement ou avoir recours à mon fruit du démon afin de gagner aisément. Mais, je me reposais bien trop souvent sur ces atouts, et je préférais rendre le bras de fer aussi équitable que possible. Cependant, je l’avais sous-estimé, pensant naïvement que ce défi serait gagné en un rien de temps. Et pourtant, n’usant que de ma force brute face à un homme qui semblait avoir un contrôle surhumain sur ses muscles, je sentis une goutte de sueur perler de mon front. Résister passivement jusqu’à la fatigue n’était plus une solution viable, et je dû contre-attaquer. À mon tour, je me mis à repousser la main menaçante, tentant tant bien que mal de l’emporter à la surface du tonneau.

– Alors, on peine ? T’es tout rouge mon pote, ça va bien avec tes yeux. ricana-t-il dans une tentative éhontée de me déconcentrer.

– Prends pas tes rêves pour une réalité, papy. raillais-je en gagnant un peu de terrain.

Le bras du rouquin grossit encore une fois, ma main ressemblant à celle d’une poupée dans son énorme paluche. Le tonneau se mit à trembler frénétiquement, se propageant au sol alentours. Le couvercle commença à se fissurer, m’obligeant à placer ma main inoccupée contre la barrique, une couleur charbon recouvrant cette main avant de propager son pouvoir à l’objet qui se nimba de la même teinte de jais. Ainsi renforcé, les risques qu’il se brise étaient réduits à peau de chagrin. Cependant, ce n’était pas le cas pour le reste de notre environnement. Bien que rénové, le bâtiment souffrait toujours de quelques lacunes. Le plancher se mit ainsi à grincer, craqueler et menacer de se briser juste sous nos pieds. Et pourtant, toute notre attention était portée sur notre échange brutal, même le public ne semblait pas se rendre compte que tout l’établissement se mettait à trembler autour d’eux.

Enfin, je sentis un instant de faiblesse chez Haô, son bras titanesque se raidissant sous la tension continue. C’était le moment idéal pour y mettre toute la force que j’avais en stock. Son bras se mit à pencher dans un grincement sinistre, emporté par ma main qui développait tout mon potentiel musculaire. Le visage du cuistot se crispa, devenant tout rouge à son tour alors que son bras penchait de plus en plus. Et ce fut le choc, emportant le bras du rouquin avec moi pour écraser sa main contre le couvercle du tonneau. Le silence tomba aussi subitement que la grêle, pour que, l’instant d’après la foule reprenne ses cris et acclamations de plus belle. Haô en était littéralement tombé à la renverse, se retrouvant allongé sur le plancher fissuré, complètement essouflé.

– Alors grand-père, on respecte la jeunesse maintenant? ricanais-je en lui tendant la main, moi aussi à bout de souffle.

– Hahaha, espèce d’enfoiré! répondit-il en acceptant la main tendue. – T’es bien digne d’être mon capitaine, mon pote!

Jin fit alors son apparition entre nous deux, attrapant mon poignet pour le lever bien haut.

– Et le vainqueur est...Ren Aoncan des Sandstorms!!! s’exclama-t-il sous les cris et sifflements du public.

Les clients vinrent alors récupérer leurs mises pour ceux qui avaient gagnés leur pari, passant me mettre une tape sur l’épaule comme félicitation. Certains vinrent même me serrer la main ou me remercier de mes actions face au culte, l’un d’eux me tendant même un papier et un crayon pour un autographe. M’inspirant alors de mon tatouage dans le dos, je le recopiais sur le papier, les sept paires d’ailes surplombées de symboles tels que des épées, des étoiles et un croissant de lune. Terminant par le nom de la troupe dont je faisais parti enfant et dont je m’étais servis comme surnom pour couvrir mes actes sur les blues : Mazino. Le jeune homme me regarda intrigué avant que je ne me retourne pour lui montrer le tatouage en question. Quitte à avoir une signature, autant qu’elle ait une signification, en plus d’être sacrément classe.

Une fois l’effervescence de l’évènement retombée, les saoulards retournèrent à leurs activités de picole et l’ambiance reprit son court habituel. Accoudés au comptoir, il fallut quelques minutes pour qu’Haô et moi reprenions notre souffle et que le rouge quitte nos joues. Jin plaça alors deux tonnelets bien frais devant nous que nous empoignions avant de trinquer joyeusement.

– Sacré bras de fer. ricana Jin en s’éventant à l’aide d’une épaisse liasse de billets.

– Tu oublies pas quelque chose? fis-je alors en tendant ma main, paume ouverte, vers lui. – C’est quand même nous qui avons fait tout le travail.

Le cornu ronchonna quelques peu, mais finit par nous filer notre part à contrecœur. Nos pintes s’entrechoquèrent alors au-dessus du comptoir, trinquant  à un combat rondement mené. À partir de maintenant, ces deux énergumènes me suivraient dans mes aventures, ce qui promettait encore plus d’animation sur mes navires.

– Alors patron, parles nous de tes grands projets pour notre vieux bouge !
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