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Au coeur du changement ft. Grin

Après une année infernale, où les coups avaient renforcé son corps et où l'autorité de ses supérieurs avaient renforcé son esprit, Basile avait enfin mené son ultime exercice afin de valider son grade à venir, afin d'entrer dans les rangs de la marine d'élite. Ce corps d'exception, misant sur la force d'un individu unique plutôt que d'escouades, avait su séduire le jeune homme. Lui, qui rêvait d'entrer dans la marine, avait choisi le corps de l'élite, correspondant davantage à ses ambitions et il ne l'avait pas regretté. Quelques mois auparavant, il avait donné une indication à sa camarade de jeunesse : se retrouver au bout d'un an, après sa phase d'endurcissement, pour faire leur point. Sur une île non loin de celle du BAN, l'île de Sanderr. Pour l'heure, le Trihexa ne savait pas encore quel grade lui serait donné, selon les performances qu'il avait offert à ses instructeurs. Il avait été envoyé en mission, avec pour un ordre simple : être envoyé sur une île quelconque, sans vivres et argent, survivre, affronter un groupe de brigands qui sévissait et enfin, parvenir à revenir au BAN, en moins de deux semaines, sans que ses actions ne fassent de bruit. Un temps court, surtout quand on savait qu'il ne possédait rien à cet instant. Et surtout, il pensait que sa mission finirait par dépasser le délai que Grin et lui s'étaient accordé pour se retrouver.

Ainsi, il avait rejoint l'île par ses propres moyens, il avait mené une mission d'infiltration pour s'y faire une place quelques jours... et finalement, avait rejoint les brigands. Sans vivres, se camouflant derrière une apparence qui donnait l'impression qu'il était un vulgaire sans abri, il avait acquis leur confiance.

Maintenant, il savait ce que ça faisait d'écraser des crânes. Il l'avait fait pendant qu'ils dormaient, profitant de leur faiblesse et de leur confiance. Il avait volé leurs possessions, puis avait négocié son trajet avec des marchands qu'il connaissait, des collègues de son ancien capitaine. Sa mission était une réussite, principalement pour le peu de bruit que ses actions avaient faites - l'inexistence de bruit, même ! - et ce point était attendu, notamment, car il avait suivi l'entraînement du Tigre, qui dispensait des cours plus variés aux meilleures recrues.

Le trajet qui devait le conduire au BAN faisait donc un arrêt sur l'île de Sanderr, plus précisément la petite île de Kronz, lieu de rendez-vous avec Grin. Selon ses calculs, il ne lui restait que quelques heures avant que leur petit contrat ne cesse et que la demoiselle ne quitte l'endroit. Se dépêchant, courant dans l'île - il n'avait pu camoufler son odeur nauséabonde de transpiration et de manque de douches, il se faufila au travers de la foule, filant à vive allure. Il y avait déjà fait escale par le passé et il avait pu donner un lieu précis, une taverne - nommée le bois rôti - comme lieu de rendez-vous, bien que le nom lui avait toujours semblé étrange.

Il y pénétra et chercha Grin du regard. Il s'installa rapidement à la même table, grand sourire aux lèvres. La jeune femme pouvait voir les traces noirâtres sur la peau de son visage, de la saleté sous ses ongles et ses vêtements en état pitoyable. Mais rien qui n'attirait l’œil d'autrui ici, chez les bucherons, qui étaient habitués aux pires accoutrements et qui pour beaucoup, étaient couverts de saleté liés à la forêt. "Je suis désolé du retard ! Je sais que j'ai tardé, et que nous avons peu de temps, mais j'ai réussi ma mission. Je suis en route pour retourner au centre de formation, annoncer cela à mes formateurs et être officialisé soldat..." Bien qu'heureux de lui annoncer cela, il avait parlé à voix basse, ne voulant pas attirer l'attention malgré tout. Soudainement, il vit le regard de son amie et fronça les sourcils. "Grin ? Que se passe-t-il ?" Ce regard semblait porter le poids du monde et avait effacé toute trace d'un sourire, alors qu'elle pouvait être si joyeuse, surtout quand ils se voyaient...

Paroles : Trihexa A. Basile
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Lorsqu’on travaille dans le Cipher Pole, il y a parfois des missions où on devait se salir les mains. Que cela pour les Dragons Célestes ou pour d’autres. J’étais fatiguée aujourd’hui… Épuisée… Mais je devais aller voir Tritri, la petite île de Kronz. J’étais immobile dans ma chambre, immobile assise à même le sol de la chambre de la taverne où je logeai encore pour quelques heures. Mais mes affaires étaient propres, en ordre… C’était moi qui étais sale… Je me mordis les joues, immobile contre le mur. C’était des flashs, des flashs de l’entraînement qui frappait mon esprit et mes paupières. Peut-être était-ce dû à la blessure également qui marquait une de mes jambes ? Peut-être. Je serrais mon crâne entre mes mains comme-ci cela pouvait m’empêcher de souffrir et de ressentir, de revoir tout cela. Mon sourire voulait pas revenir. Je me balançai presque frénétiquement d’avant en arrière. Il fallait que cela s’arrête !

Tritri… Tritri… Tritri devait arriver… Les flashs continuaient, mais je m’obligeai à me redresser, prenant appuie sur mes mains, je réussis presque à me traîner vers la vasque d’eau. Je m’aspergeai d’eau fraîche autant que possible pour essayer de me faire revenir un peu à la réalité ! Je serrais les dents en inspirant profondément avant de regarder mes mains pendant quelques secondes. Mes gants… j’avais besoin de mes gants… Mes gants… Mes gants… Je fouillais dans mes poches pour les trouver et les enfiler. Je me recoiffais, comme-ci à nouveau cela pouvait me permettre de retrouver un peu de calme, Mes mains tremblaient affreusement et j’eus du mal à attacher mon chignon avec le ruban de Tritri. Mais malgré mes efforts, mes lèvres ne remontaient pas… Tant pis… Je finis par réussir à former un minuscule sourire, léger. Presque invisible… Je me pris la tête entre les mains un instant pour essayer de faire disparaître le mal de tête qui tambourinait mes tempes.

Je finis par quitter la chambre pour descendre dans la grande pièce, sentant la sueur, la viande rôtie et la bière. Je n’avais pas faim. Le monde était dans un brouillard de douleur et de passé tout autour de moi. Comme une petite marionnette, j’avançai jusqu’à une table, au fond, discrète pour m’asseoir et attendre. Les yeux rivés sur la porte, j’attendais. Mais je ne souriais pas… enfin… pas autant que d’habitude. Mes mains étaient serrées l’une contre l’autre sans que je ne bouge aucun autre muscle.

Tritri arriva. Sale, mais heureux, avec des vêtements mal fagotés. Il semblait heureux, c’était le plus important ! Et il ne détonait pas ce paysage ! Il s’avança droit vers moi et mon sourire continua d’être presque invisible. J’inclinai la tête à sa remarque sur son retard. Ce n’était pas très grave. Il avait réussi sa mission tant mieux. Il était en route pour devenir soldat. Mais je ne réussis pas à sourire autant que je le voulais. Ce qu’il se passait… Je détournai les yeux, un peu agitée malgré moi.

« Ce n’est rien, je vais bien Tritri, ne t’inquiète pas. Juste une petite blessure qui me fait un peu souffrir ! Mais je suis tellement contente pour toi ! Je suis fière que tu ai avancé et que tu atteignes tes objectifs ! Est-ce que tu veux commander ? Ils font de bonnes grillades ici ! Avec des légumes rôtis ! »

Machinalement, je viens gratter l’une des cicatrices qu’il y avait dans mon dos. Elles me faisaient très mal aujourd'hui, en plus de la nouvelle sur ma jambe.
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La difficulté de cette dernière année n'était pas à prendre à la légère, car le maniement des différentes armes, associé à un développement accru de la force et de la résistance de son corps, n'avait pas été de tout repos. Il l'avait que ce serait un an de rigueur avant de pouvoir espérer devenir un soldat officiel de la marine d'élite. Cela dit, il était habitué à la douleur : depuis ses sept ans, on l'entraînait rigoureusement au sein de la secte, pour le préparer au futur corps des Énigmatiques de Carcinomia. S'il n'avait jamais rejoint ces derniers, il avait malgré tout bénéficié d'un entraînement difficile où les premières années furent constituées, principalement, de coups et de blessures qui vinrent marquer son corps d'enfant, puis d'adolescent, et enfin d'adulte. Aujourd'hui, il demeurait de nombreuses cicatrices-ci et là, parfois légères et presque invisibles, mais à d'autres endroits, elles l'étaient bien plus, marquage de son existence passée. Si on avait dit à sa version enfant, qu'il quitterait l'île et rejoindrait les marines, elle se serait marrée et aurait lâché, innocemment, un doux "c'est quoi ça, les marines ?!" tandis que sa version adolescente se serait extasiée de cette opportunité de quitter la secte. Finalement, la version adulte, elle, avait eu bien du mal à prendre le pas de fuir les siens pour prendre son destin entre ses mains... Mais elle ne regrettait pas le moins du monde d'être à cet instant de sa vie, loin de chez soi, loin de tout, rejoignant une amie avec qui il espérait partager bien plus à l'avenir - être un duo de combattants, oui ! Pour autant, ce bonheur n'enlevait rien aux épreuves affrontées jusque-là.

Il avait grandement apprécié cette entrée en la matière dans la marine, mais surtout, les enseignements que le Tigre lui avait prodigué, en matière de diplomatie, politique, assassinats... Ces domaines qui pourtant, étaient à l'origine des missions du fameux Cipher Pol, dont il avait réellement entendu parler lors de sa formation ; mais le fameux Tigre l'avait grandement expliqué, la marine effectuait elle aussi de telles missions, parfois, et même si c'était rare... Les rôles du Cipher Pol et de la marine étaient différents, mais pouvaient se rejoindre. Sa première mission, cependant, était plutôt tournée sur un assassinat qui ne devait pas faire de bruit... ce qui n'était guère dur, dans le fond - peu se souciaient de la mort de brigands dans une forêt sombre. Puis, après ça, il avait pu rejoindre son rendez-vous avec son amie, même s'il serait court.

Enfin, en présence de Grin, Basile ressentait toujours une certaine sérénitude... sauf aujourd'hui. "Tu mens, et je n'aime pas le mensonge." Il n'y avait pas de colère dans sa voix, mais un calme froid, presque brutal dans sa douceur glaciale. "On commande, puis je veux la vérité." D'un mouvement de doigt rapide, il attira l’œil de la serveuse. Il commanda ce qu'il désirait, puis attendit que son amie ne fasse pareil, avant de retourner la tête vers elle. "La vérité, toute la vérité. Sache que je suis bon pour détecter les mensonges, on a essayé de se jouer de moi toute mon enfance. Et..." Il marqua un court temps de pause, puis reprit. "Mon bonheur peur attendre, il ne me détruit pas. Ton malheur nécessite du soutien, mon soutien, tout de suite et total." Il attendit donc qu'elle ne prenne la parole.

Paroles : Trihexa A. Basile
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Les flashs continuaient légèrement au creux de ma tête alors que je serrais mes mains l’une contre l’autre en regardant Tritri. Je ne pouvais gâcher ce moment alors qu’on ne pouvait pas se voir longtemps, qu’on ne pouvait pas se voir souvent… Non, je ne devais pas gâcher ce petit moment entre nous. Je ne devais pas… Je luttais de toutes mes forces, mon corps entier était crispé comme pour essayer de me sortir de cette situation ! Enfin… situation, mon état surtout. La situation était chouette ! En réalité. Mais je n’y arrivais pas. J’étais comme bloquée dans une boucle qui ne voulait pas se briser, les mêmes images, les mêmes douleurs qui parcouraient mon corps en souvenirs de ce que j’avais vécu. Pourquoi maintenant ? J’essayais de toutes mes forces de sourire et de rassurer Tritri, il était le plus important. Je ne devais pas le rendre triste.

Oui… oui je lui mentais… Mais parce que je ne voulais pas l’inquiéter inutilement ! C’était hors de question. Non, je ne devais ni l’inquiéter, ni le décevoir ! Je ne soutiens pas son regard alors que j’admirais, enfin pas réellement, les fissures de la table en bois et des taches de graisses qui étaient incrustées dans les fibres de bois. Je secouai un peu la tête.

« Non… non, je ne mens pas… »

J’avais parlé si bas que j’étais presque sûre qu’il n’avait rien entendu. Tant mieux… Parce qu’à nouveau je lui mentais. Je rajustai mes gants nerveusement sans relever les yeux vers lui. Je n’aimais pas la situation… Pas du tout même. Je n’arrivais pas à fixer mon esprit sur le présent, il s’enfuyait dans les méandres des souvenirs… Je frottai l’un de mes bras qui avait une cicatrice due à l’entraînement. La vérité…

« C’est… C’est juste que j’ai été blessée… je te promets ! »

Tu parles Charles. Mais je ne pouvais pas lui parle de tout ce qu’il s’était passé ! Je frottais plus fort mon bras pour chasser une douleur imaginaire. Commander… Je n’avais absolument pas faim du tout. Je demandais juste une soupe aux légumes. Peut-être que cela passerait mieux ? Aucune idée. La vérité… toute la vérité…

« Je ne me joue point de toi Tritri ! »

Mon malheur ! Mais… Je posais deux doigts sur le coin de mes lèvres pour les tirer vers le haut et former un sourire en le regardant dans les yeux.

« Je… Je vais bien ! Regarde je souris ! »

Je sentis les larmes me monter aux yeux et pourtant je ne pouvais pas me débarrasser de mon sourire crispé. Souris Grin ! Souris ! N’arrête pas de sourire… Par pitié, n’arrête pas ! Il faut que tu continues de sourire !

« Si je souris c'est que tout va bien ! »

Pas vrai que tout allait bien ?
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Il ne savait pas ce qu'elle avait, mais elle n'était pas comme à l'accoutumée : plus morose, fausse dans ses réponses, loin de celle qu'il connaissait. Bien sûr, il ne pouvait pas dire qu'il la connaissait parfaitement bien, ça ne faisait que quatre ans qu'ils s'étaient retrouvés... et ils ne se voyaient que si peu, à cause de leurs emplois du temps respectifs, qu'il ne pouvait juger de son attitude. Mais il savait quand une personne lui mentait, il connaissait les signes d'un mensonge et d'une personne peu à l'aise avec ça ; pourtant, elle lui avait toujours semblé sûre de ses capacités. Est-ce parce que c'était lui, un ami de longue date - certes retrouvé -, qu'elle ne parvenait pas à tenir son mensonge ? "Tu mens, ça se ressent, et c'est désagréable." Il était même un peu sec avec elle, au risque de la brusquer, mais il n'appréciait pas qu'on lui tienne tête avec un mensonge. On lui avait suffisamment menti par le passé, au sein de cette secte qui tenait les membres dans le creux de sa main et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait le subir. "Ta voix basse pourrait vouloir dire que tu ne veux pas qu'on entende ce que tu dis, mais ça trahit davantage un manque de confiance, en toi, plutôt qu'aux autres, actuellement, ma chère Grin." Toujours cette sécheresse dans sa voix, une attitude détestable même à ses propres yeux.

"C'est juste que tu as été blessée ?" Il insista brièvement sur le terme "juste." Un petit sourire narquois apparut au coin de ses lèvres. "Ne nous étions-nous pas dit que nous allions nous soutenir, être une équipe, être là l'un pour l'autre autant que nous le pouvons ? Nous sommes dans le même camp, Grin, nous ne sommes pas des ennemis, ce n'est pas une bataille entre nous." Peut-être voyait-elle les choses comme cela, peut-être le prenait-elle pour un ennemi. "C'est une relation humaine, amicale, et cela ne peut se faire que par la sincérité. Nous ne nous sommes pas retrouvés pour nous mentir."

Il l'observa, les yeux ancrés dans les siens qui semblaient, lentement, s'embrumer. Les larmes lui montaient et cela se voyait, ils brillaient intensément. Il afficha un sourire, qui semblait presque sincère. "Moi aussi, je peux sourire, donner le change. Et nous continuerions ainsi, nous amusant l'un de l'autre, jouant de nos sentiments respectifs." Et soudainement, son visage s'effondra de nouveau, le sourire n'illuminant plus ses traits. "Bien, soit sincère, ne nous fais pas perdre le peu de temps que nous avons. Je ne sais pas, après avoir fait mon rapport, où je serai et si nous pourrons nous contacter."

Il s'avança légèrement, croisa les bras, et plongea son regard dans celui de Nashira. "Ma douce, précieuse et si chère Grin, dis-moi tes tourments. Évoque ce qui se cache dans les tréfonds de ton âme."

Paroles : Trihexa A. Basile
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Tout doucement, je me mis à me balancer d’avant en arrière, très doucement, comme un enfant qui se berçait tout seul pour se calmer. Ce que j’avais fait des heures et des heures durant dans la cale en attendant d’arriver au centre de formation pour le Cipher Pole. Et même encore une fois là-bas… les jours les plus difficiles, je l’avais fait. Encore et encore. Si je ne souriais pas… cela n’allait pas, je devais sourire, encore et encore, toujours plus. Je devais sourire. J’étais Grin après tout ! Je n’étais pas « Sad » ! Ou « Pout ». Je ne faisais pas la moue, je ne faisais que sourire, qu’importe la situation. J’essayais de ne pas mentir, mais je ne pouvais pas dire que je n’allais pas bien ! Je ne pouvais pas ! Je n’avais pas le droit ! Non ! Non ! Et au ton sec de Tritri, je me balançai légèrement plus vite encore. Un manque de confiance… Je le savais parfaitement… Mais… mais… Je mordis le pouce de ma main métallique sans rien rétorquer. Moi qui savais normalement parfaitement maîtriser la moindre de mes émotions, le moindre mouvement de mes muscles… Tout cela normalement j’y arrivais… mais pas là… Pas face à Tritri alors que les douleurs des cicatrices revenaient avec violence. Je finis par serrer à nouveau mes paumes l’une contre l’autre. Juste blessé ? Je me mordis les lèvres avant de répondre.

« Pas qu’une fois. »


Fis-je simplement avant de frotter encore une fois une cicatrice trop ancienne pour qu’elle puisse se rouvrir. Nous soutenir, être une équipe. Être une équipe. Être l’un pour l’autre. Pas une ennemie… Je hochais la tête.

« Je sais… Je sais… Je sais que nous sommes une équipe, que nous sommes amis… Tu n’es pas mon ennemi. »

Une relation humaine… C’était quoi être humain ? C’était quoi ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Est-ce que même j’étais encore humaine ? Est-ce que je pouvais encore l’être avec tout ce que je faisais ? Je secouais la tête à ses mots, mes balancements n’avaient pas cessé :

« Non… non pas du tout pour se mentir… pas maintenant… ni demain… ni jamais… »

Mais j’essayais de lui montrer que tout allait bien en tirant les commissures de mes lèvres vers le haut pour former un sourire, celui que je devais porter alors que j’eus presque l’impression physique de sentir un poing frapper dans mes côtes et disperser une onde de choc qui m‘avait brisé les os il y a quelques années… Dix ans peut-être. Le goût du sang me remonta au bord des lèvres. Tritri sembla me croire avant que son sourire ne disparaisse. Non ! Non ! Non ! Il devait sourire ! Il devait sourire ! S’il ne souriait pas… Je devais sourire ! Je devais sourire ! Encore plus ! Je tirai encore plus sur mes joues pour étirer ce sourire. Être sincère. Être sincère.

« Je saurais te trouver. Je pourrais toujours te trouver. »

Évoquer tout ça… Tout ce que j’avais dans la tête ? Je me recroquevillai sur moi-même en cachant mon visage entre mes mains, comme pour plaquer dessus le masque de Grin, pour l’empêcher de se décoller de mes traits… Mes balancements étaient toujours présents.

« Je peux pas… je ne peux pas… Je suis Grin… Je suis Grin… Grin… Grin… Je dois sourire… je dois sourire… toujours sourire… Ce ne sont pas… pas mes tourments… »

J’avais du mal à respirer… Je fermai plus fort encore les yeux pour empêcher les larmes de couler. Je ne devais pas pleurer.
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Alors qu'elle se balançait d'avant en arrière, une serveuse vint vers eux, déposant les grillades sur la table. Les plats étaient bien garnis : constitué de brochettes et légumes grillés, assortis d'un peu de salade, mais la majorité était constitué de viandes différentes, finalement. Et cela lui allait très bien : s'il ne s'était pas engagé au sein de la marine d'élite, peut-être qu'il aurait décidé d'ouvrir un restaurant s'il avait réussi à réunir les fonds nécessaires. La nourriture était une belle façon de se remonter le moral, une belle manière de combler les vides de l'âme ! C'était ainsi qu'il avait vaincu toutes les choses qu'il avait subies dans sa jeunesse, notamment lors des banquets, qui lui avaient toujours donné suffisamment de force pour survivre à tout ça. "Pas qu'une fois, et je le comprends, tout à fait." Il le comprenait bien mieux qu'elle ne pouvait le penser. De toute façon, lorsqu'il serait - officiellement - un soldat, il subirait lui aussi ses blessures et ses défaites. "Brisons la glace. Nous nous sommes vus des dizaines de fois depuis que nous nous sommes retrouvés, tu m'as parlé de ton travail, mais de manière éparse..." Il y avait clairement une conclusion derrière tout cela, et elle était plus une certitude qu'autre chose. "Tu sais, à Carcinomia, on ne connaît pas tout : la secte nous ferme à tout, et je n'ai entendu parler de la marine que lors de mon adolescence. Depuis cette année, j'ai pu rattraper mes connaissances manquantes." Il s'approcha d'elle, et même si son visage demeurait assez dur, il y avait une bienveillance éclairante.

Il murmura, alors, pour qu'elle seule entende. "Tu es du Cipher Pol, n'est-ce pas ? Je comprends pourquoi tu ne le disais pas, au début, car même si toutes ses branches n'exécutent pas des missions d'assassinats, elles ont un certain secret." Au moins, les choses étaient dites et claires. "Marine scientifique, sous-marine, régulière, élite... En plus des branches administratives, judiciaires, politiques, mais tu n'es pas une administratrice. Loin de là, vu tes blessures." Il marqua un temps de pause, avant de prendre une brochette et de gober lentement, un à un, les morceaux de viandes entrecroisés de légumes.

"Être amis, c'est être sincère l'un envers l'autre. Sinon, nous serons tout au plus collègues, à l'avenir." Ses principes n'étaient pas forcément une vérité absolue, mais c'était ainsi qu'il concevait ses relations, amicales, fraternelles ou de tout autre type. Il laissa glisser sa main sur la table, venant saisir celle, métallique, de la demoiselle. Elle fermait les yeux, respirait difficilement, mais était là, face à elle, pour la soutenir. "Il ne faut pas gâcher ce temps que nous avons, si tu dois parler, c'est maintenant. Même si tu dis pouvoir me retrouver à l'avenir, nous ne travaillons pas dans les mêmes branches, qu'importe la tienne, et... nous ne saurons pas où nous serons envoyés à l'avenir. J'ai profité de cette liberté, j'ai fait en sorte d'être ici, mais peut-être qu'ils m'enverront ailleurs ? En mission ? Peut-être que je ne pourrais te voir que dans quelques mois, années, peut-être oui... Et je ne veux pas m'inquiéter pendant ce temps et ne pas être au courant de tes tourments." Elle semblait faire une fixette sur son sourire. "Dois-je te forcer à dire que ce que tu me sors là, ce sont des traumatismes liés à tes entraînements et au fait d'avoir été enlevée plus jeune, puis élevée dans ce milieu ?" Pas qu'il remettrait en question ces pratiques, entraîner les futures recrues - de n'importe quelle branche - jeune, c'était un bon moyen d'avoir leur fidélité et qu'elle donne leur vie à leur travail, qui deviendrait, en grandissant, leur seule famille.

Paroles : Trihexa A. Basile


Dernière édition par Trihexa A. Basile le Lun 23 Oct 2023 - 23:56, édité 1 fois
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Être blessée, encore et encore, toujours plus, toujours plus dans ma chair dans mon esprit. C’était tout un tas de chose. Une fois, deux fois… Encore. Encore. Encore. Encore. C’était toujours plus de blessures, plus de douleurs ! Pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui les souvenirs remontaient maintenant ? Pourquoi est-ce que cela faisait si mal ? Je ne jetai pas un regard à la nourriture. J’avais le cœur qui se levait tout seul rien qu’à la vue de la viande luisante de graisse… Il avait raison, cela faisait longtemps qu’on se revoyait, plusieurs fois par an ! Mais jamais je ne parlais de mon travail. Je n’avais pas le droit après tout. Je restais immobile quand il s’approcha de moi pour me souffler mon métier à l’oreille… Je hochais la tête avant de répondre sur le même ton :

« Je suis de Cipher Pole… oui. »

Les Assassinats… Ça on connaissait bien, ce n’était pas la majorité des missions que je faisais, bien sûr ! Mais j’avais les mains dégoulinantes de sang depuis bien des années maintenant. Une administratrice… Si seulement… Je secouais la tête à sa remarque.

« Non. Je ne le suis pas. »

J’aurais sans doute aimé… Mais non. Non, moi j’étais faite pour être tué. Chacun son truc… pas vrai ? Ce n’était pas amusant sinon ! Non… pas amusant du tout même. Je sentis sa main prendre la mienne malgré tout. Sincère… Sincère… Avec lui… Je l’observai entre mes doigts en hochant la tête.

« D’accord. La sincérité. »

Ne pas gâcher le temps, bien sûr. Ne pas gâcher… tout était absolument ma faute. Je ne faisais que des erreurs et des bêtises aujourd’hui. Les missions… tout cela… Ne pas l’inquiéter… De grosses larmes coulèrent d’entre mes paupières et tombèrent sur la table alors qu’un sanglot secouait mes épaules. Ses mots me tapèrent sur la tête et je relevai les yeux vers lui.

« Ça fait mal… c’est… c’est des cicatrices qui se rouvrent parfois… Parfois… parfois sans prévenir… Et… et je sais pas quoi faire… Je peux pas parler… »

Qu’est-ce que j’étais censée lui dire ? Lui raconter que j’avais noyé Meïko parce que c’était une traître ? Que j’avais tué des femmes, des enfants… absolument tout et n’importe quoi ces dernières années. C’était mon travail après tout et la plus part du temps je n’avais aucun problème !

« Je… je veux pas que ton regard sur moi change… »

Finis-je par avouer.
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Elle assuma l'organe pour lequel elle travaillait, après que le jeune homme ait prononcé son nom. Il n'avait aucun a priori sur les personnes qui travaillaient dedans, car après tout, elles faisaient un travail nécessaire que la marine n'effectuait pas forcément, car ce n'était pas dans ses tâches. Et lui-même serait amené à tuer, de toute manière, pas forcément dans les meilleures conditions... La mort, donnée par sa main, ne le dérangeait pas le moins du monde, ni même par la main de personnes proches de lui. Ainsi, lorsqu'elle assuma ce fait, il hocha simplement de la tête, signe qu'il avait pris note de sa confirmation. Ce fait ne changeait de toute façon rien à leur relation, à leur amitié et de toute façon, elle continuerait probablement d'avoir des secrets envers lui, tout comme il en aurait probablement envers elle ; car ils ne pourront pas discuter de leurs missions en tout temps, quelques fois, ces derniers devront rester sous silence.

Il comprit finalement, lorsqu'elle accepta enfin de parler un peu plus, quel était le fond du problème. Que son regard ne change ? Parce que c'était ainsi que les choses devraient se passer, selon elle ? Elle avait une conception bien étrange de l'amitié, et il était vrai, parfois, des révélations pouvaient briser les liens entre les individus. Mais ce qu'elle faisait, dans le cadre de son travail... Était-ce si terrible, finalement ? Alors qu'il revenait de sa mission d'intégration où il avait du tuer de sang froid de pauvres brigands ? À tout moment, on pouvait avoir un jugement sur les pensées, les dires ou les actions d'un personne, mais se faire passer pour une grenouille de bénitier : très peu pour lui. "On va passer le moment où je me sens offensé que tu aies de telles pensées sur moi, car offensé, je ne le suis pas. C'est une réaction tout à fait normale, et peut-être, je dis bien peut-être, qu'avec quelqu'un d'autre, cela aurait pu changer la relation." Peut-être, disait-il, précisait-il ! Car il l'assumait, il ne craignait pas les tueurs et les assassins, même si c'était pour éliminer une mère et son nourrisson. Et si on lui demandait d'éliminer le fils nouveau-né d'un pirate légendaire, après tout ? Refuserait-il alors que sa mission est de détruire les pirates et d'anéantir l'ordre révolutionnaire ?

"Alors, passons un accord. Révèle les tréfonds de ton âme, et moi, en retour, je te révélerai les miens. Je te dirai ce que je trouve si terrible en moi, dans ma perception de la justice. Je te l'ai brièvement évoqué, mais ce n'était qu'une ébauche... Loin de l'horreur qui se trame dans mon esprit. Soyons détraqués, ensemble." Un petit sourire en coin, presque sadique, finalement, fut la seule chose que le jeune agente du Cipher Pol pouvait voir.

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Qu’est-ce que j’étais censée dire d’autre ? Je ne voulais pas perdre son amitié d’autant que cela comptait beaucoup pour moi. Cela comptait son amitié, son regard… C’était très important pour moi. Parce que je pouvais faire des choses horribles, je le savais très bien. Je restais surprise à ses mots. Peut-être. Nous avions vécu dans un endroit particulier après tout. Je n’aurais pas dû penser ainsi. Nous avions vécu beaucoup de choses… Alors nos perceptions étaient très différentes du monde et de ce qui était bien ou non… c’était sans doute cela qui changeait.

Passer un accord. Pourquoi pas… Révéler les secrets de l’âme. Secret contre secret. Détraqués… ensemble… Je relevai complètement la tête vers lui alors que les larmes couler contre mes joues encore. Détraqué ensemble…

« D’accord… Mais… mais pas ici… »

Encore un peu trop de monde, des oreilles pouvaient traîner, même si les bûcherons se moquaient sûrement de tout ce qu’il se passait autour d’eux. Du moment qu’on ne faisait rien exploser après tout. Mais… mais non pas ici, on ne savait pas. Peut-être que quelqu’un était à l’écoute ou un espion… Je fis signe à la serveuse pour qu’elle nous apporte un plateau pour qu’on puisse porter tout cela dans la chambre avant d’inviter Tritri à me suivre en tenant le plateau dans mes mains jusqu’à ma chambre que j’avais encore pour un peu de temps. Je posais le plateau à même le sol, je n’avais pas de bureau, avant d’aller tirer les rideaux pour ôter mes gants, puis enlever ma veste bleu marine en silence.

« J’avais six ans quand j’ai quitté la secte… Je ne connaissais pas le monde extérieur, rien du tout… et on m’a balancé… dans ces entraînements. De Cipher Pole. »

Cela avait été… particulièrement dur et violent. Des heures et des heures de souffrances, et j’avais de la chance, certains ne pouvaient pas prétendre y avoir survécu…

« On est préparé à tuer, à espionner… torturer en quelque sorte. Tout. Tout le monde. Tout le temps. C’est impossible d’avoir des amis là-bas. Parce que le lendemain ils tentent de te tuer. »

Je frottais mes côtes un instant. Il pouvait déjà voir des cicatrices sur mes bras.

« C’est là-bas que j’avais rencontré Meïko. Je l’ai tué. »

J’essuyais à nouveau mes joues.
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Grin prit la suite de la situation en main ; il lui avait proposé d'échanger leurs secrets, leurs âmes, mais c'était bien elle qui faisait ensuite le nécessaire pour que leur discussion se passe dans un lieu plus propice à un échange de cette envergure. Il la suivit donc, alors qu'elle tenait un plateau dans les mains, vers sa chambre qu'elle avait réservé en venant ici. Lieu tout à fait intimiste, qui éviterait de parler à voix basse constamment et de se soucier des oreilles pouvant écouter leurs discussions personnelles. Elle ne mit pas longtemps avant de lui parler sincèrement, d'évoquer - pour l'instant avec légèreté - les entraînements qu'elle avait subi et qui avaient marqué son corps de blessures, de cicatrices. Aussitôt, se mettant à égalité avec elle, il se leva. Il retira sa veste bleutée, laissant entrevoir son t-shirt à manches longues blanchâtres, avant de le retirer aussitôt : il se mit, littéralement, à nu devant elle. Le corps, certes taillé par les années d'entraînements qui lui avait été imposés, mais surtout marqué par des cicatrices, tout du long. "La secte ne t'aurait pas fait d'autres cadeaux, si tu t'es déjà questionné sur cette éventualité. Mary voulait y rester, elle voulait vivre ce que j'avais vécu... mais parce que j'étais jugé suffisamment fort pour l'endurer ; s'ils avaient vu ton potentiel, tu n'aurais jamais été vendue, et tu aurais vécu des choses semblables là-bas." Est-ce que cela enlevait l'horreur de ces événements ? Il ne devrait peut-être pas les banaliser, mais finalement, ce monde n'était pas doux. Il ne l'était pas pour les gens du commun, ceux qui ne naissaient pas avec une cuillère en argent dans la bouche. "Ils m'ont formé pour devenir un assassin du corps des Énigmatiques, et ironiquement, je craignais cette éventualité, alors qu'aujourd'hui, je m'apprête à être un soldat d'élite prêt à tuer... qui a déjà tué, il y a quelques jours. Ce n'est pas la première fois que je tuais, mais c'était la première fois pour une mission, sous les ordres d'autrui. C'est différent, mais..."

Il se coupa net, comme s'il n'osait pas dire ce qu'il ressentait. Il jaugeait son interlocutrice. "Meiko... la fille antipathique que j'ai rencontrée, sur l'île d'Inu Town ? Pourquoi l'avoir tué, si tu te sens de te convier à moi ?" Elle avait démarré l'échange, il devait aussi lui donner quelque chose en retour. "Je reviens sur ce que je te disais, quelques instants. Mais, voilà où je me suis arrêté ; j'ai apprécié, tuer. J'ai aimé avoir cette validation de commettre un meurtre, d'écraser leur tête avec mon marteau. Quand je n'étais qu'un adolescent, je rêvais de faire subir ça à ce foutu saint. Et aujourd'hui, je vais œuvrer pour le gouvernement mondial, fondé par d'autres Saints, mais de vrais, cette fois. Des saints qui ont un passé et une légitimité." Il marqua de nouveau une pause. "Un jour, je rejoindrai leurs rangs ! Je deviendrais un Saint du gouvernement mondial, et moi aussi, je donnerai vie à mes caprices !"

Il se tut, laissant sa camarade parler. Car elle aussi, devait avouer ses crimes, afin qu'ils soient à égalité. Encore que, il n'avait pas parlé de sa justice divine, et de sa volonté réelle.

Paroles : Trihexa A. Basile
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Les premières marques semblaient s’inviter sur ma peau le long de mes bras, je pliais ma veste pour la poser sur une chaise soigneusement. Je tournai la tête pour admirer les marques du torse de Tritri. Lui aussi avait souffert, ce qu’il me confia sans pudeur aucune : la secte. Bien sûr. Je ne dis rien, essuyant mes joues à nouveau silencieusement. C’était triste.

« J’aurais aimé que tu n’ai pas ces cicatrices Tritri… j’aurais aimé que tu ne souffres pas. »

La secte ne m’aurait pas fait de cadeau. La vie ne m’en avait pas fait. Alors un peu plus un peu moins ! Qu’importe. J’avais ces cicatrices, elles ne partiraient pas. J’ôtais mes bottes, perdant ainsi trois centimètres de tailles pour déposer mes pieds sur le parquet en continuant de raconter ce qu’il s’était passé dans les grandes lignes. J’enlevai lentement mes chaussettes pour les plier proche de ma veste, rajustant la place de mes bottes. Tritri expliquait assez bien ce qu’il s’était passé. Oui… J’étais une assassine. Quelqu’un qui tuait sans remord… qu’importe la personne devant elle. Je le regardais avec attention avant d’entendre qu’il avait tué la première fois. Sous les ordres… il allait devenir marin. Je lui racontais pour Meïko. Je hochais la tête à sa remarque.

« Oui. Parce que j’en ai reçu l’ordre. »

Il avait aimé… tuer. Il l’avait aimé… Je le regardais. Pas avec des yeux ronds alors que j’avais les bras levés pour défaire le haut de ma robe. Il… avait aimé tuer ? Je n’aimais pas forcément tuer. Cela m’indifférait profondément en réalité. La vie… la mort des autres… Qu’importe. Œuvrer pour le grand Œuvre, pour la justice. Je hochais la tête.

« Tes caprices… Tes caprices sont pour la justice. Et je le comprends. Tuer… tuer cela m’indiffère, qu’importe la vie que je prends. J’ai tué Meïko, parce qu’elle voulait rejoindre les révolutionnaires. Elle m’en avait parlé elle disait des choses qu’elle pouvait me convaincre et m’apporter un monde plus juste. Je l’ai rapporté à nos supérieurs, je lui ai donné rendez-vous près de la mer. Je l’ai noyé. J’ai tenu sa tête sous l’eau pendant vingt minutes, pour m’assurer qu’elle était bien morte. J’en ai rien eu à faire que sa vie quitte ses yeux. Tout comme les premières personnes que j’ai tuées. Comme toutes les autres. »

Je finis d’ouvrir ma robe avant de la laisser glisser le long de mon corps pour dévoiler des cicatrices qui dessinaient presque des dessins sur mon dos, mes côtes, mon ventre avant de faire face, presque nue, à Tritri, je n’avais gardé que mes sous-vêtements.

« J’en ai tué beaucoup, des gens Tritri. La vie… n’a plus aucune importance pour moi. La mienne, celle des autres… J’obéis simplement parce que c’est pour une cause juste. J’ai survécu… à l’entraînement parce que je souriais, je me disais. Que si je souriais… je ne perdais pas tout le reste, que j’étais encore… en vie en quelque sorte. Mon sourire… c’est tout ce qu’il me reste. »

Je soutiens son regard sans frémir, je n’en avais plus peur… plus réellement. Mais j’attendais malgré tout sa réaction.

« Ma vie… c’est… moche, pas vrai ? La vie… elle m’a… Elle… »

Elle avait éclaté mon corps et mon esprit.

« Qu’est-ce que tu espérais pour moi ? »

Parce qu’il s’était passé ce qu’il craignait le plus.
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Les choses n'étaient pas simples, pour l'un comme pour l'autre, et même s'ils démarraient du même endroit, leurs vécus étaient drastiquement différents. Elle avait été enlevée, vendue et utilisée par une organisation mondiale qui l'avait forgée de la manière qu'elle désirait, pour l'utiliser, pour qu'elle devienne une meurtrière au sang-froid, et à l'esprit clair. Il était resté dans la secte, où dès ses sept ans, il avait été entraîné, violenté, battu, pour être endurci et faire de lui un combattant, mais lui avait choisi une voie différente : le bourrage de crâne qu'on lui avait fait n'avait pas suffi à le contrôler, car son paternel, son géniteur, avait compensé cela en lui enseignant le libre-arbitre et la beauté du monde autour. L'ouverture d'esprit qu'il avait amené dans sa tête fut suffisante pour compenser les attitudes malveillantes de ceux qui avaient autorité sur lui, à l'époque de son enfance. "Au regard de ce jour si singulier, je peux dire que je n'ai pas réellement souffert. La souffrance, je la connais, celle de ne pas avoir le pouvoir d'être moi et d'imposer ma volonté. Ceci me fait souffrir, et je n'attends qu'une chose, monter les échelons et dicter mes ordres à des hommes rompus au combat. Ce n'était qu'une préparation à ma vie future, j'ai trouvé ma voie, dans ce néant."

Il observa sa camarade, toujours torse-nu, debout, la regardant tendrement. "Et il y en aura d'autres, des infinies d'autre. Penses-tu, ma douce Grin, que le monde est si doux et coloré que nous ne pouvons faire de mal ? Les gens de bien, comme ils s'appellent, ne se cachent derrière leurs idéaux soit-disant positifs seulement pour faire plus de mal. Les révolutionnaires, les pirates, ces gens de la pire espèce tuent comme ils respirent. Le monde est fait de morts et de violence, et c'est une réalité, pourquoi cela serait un mal ?" Il fronça les sourcils. "Elle est morte et le méritait, probablement que tous n'avaient pas de réelles raisons de mourir, mais c'est ainsi qu'est fait ce monde. Les puissants ordonnent et nous exécutons, jusqu'au jour où ce sera nous, la chaîne de commandement."

Il se mit assis face à lui, plongeant son regard dans le sien. "Tu te sens vide ? Alors, tu dois trouver ce qui ranimera ton cœur et le fera battre différemment. Tu as été enlevé à la vie que tu devais avoir, tu as été formée pour une raison et on le sait, ces formations ne sont que professionnelles, elles tentent d'enlever ce qui fait de toi un humain. Telle est l'existence des enfants-soldats ou assassins. Il était persuadé qu'elle saurait relever la tête au-dessus de l'eau et créer une existence à la hauteur de ses attentes. "Il n'y a que toi qui peut dire ce que tu espères dans cette vie, ce que tu désires vraiment. Tu dois trouver ton but, et l'appliquer rigoureusement. Moi, je veux gravir les échelons, je veux faire partie des futurs héros de la marine, pour... Appliquer ma justice divine. Ce sera moi, qui dicterais ma vérité, mes envies, mon credo. Et je ferai tout pour mener à l'unité souhaitée. Ma justice divine, absolue, est une volonté d'unifier le monde sous une seule bannière, et d'être l'être en haut de la chaîne alimentaire. Tout dévorer, tout posséder."

C'était ce qui dictait sa raison d'être, et c'était pour cette raison qu'un jour, il retournerait à Carcinomia.

Paroles : Trihexa A. Basile
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Un jour singulier. Tous les jours était différent après tout. On s’amusait, on vivait, on mourrait… Quelle importance ? La souffrance c’était la souffrance… Qu’étais-je censée faire d’autre ? Assumer… on assumait les vies et les souffrances qu’on avait faites, prit… subit aussi ? Imposer sa volonté… Ce n’était absolument pas mon style. Monter les échelons. Je l’observai avec soin ainsi que ses cicatrices, je viens vers lui, en sous-vêtements, pour poser une main sur l’une de ses cicatrices pour la caresser avec délicatesse.

« J’ai changé de pôle il y a peu de temps. Je suis retournée au bas de l’échelle. Je ne sais pas si un jour je serais en haut de l’échelle. Mais je crois que je n’ai pas à diriger. Je crois que je préfère obéir. »

J’avais tué, je tuerais encore, encore et toujours. Encore… Encore. Ce n’était pas grave, j’étais formée pour cela. Est-ce que le monde était doux et coloré ? Non, c’était de la merde. On avait les deux pieds dedans on souffrait et on en chiait. Mais… c’était ainsi après tout. Les révolutionnaires… Les traîtres. Un mal…

« Les gens ne sont pas disciplinés… Le monde tournerait mieux si les gens l’étaient. Mais non… le mode n’est pas tout doux. Pas rose… C’est un amas de merde et de douleur que nous devons… purifier. »

Purifier, nettoyer… tout cela. Je racontais la mort de Meïko, je l’avais noyé… je n’avais pas pris de plaisir, mais je n’avais pas détesté cela. Pas du tout même. Je l’avais fait parce que je devais le faire, tout simplement ! Nous la chaîne de commandement ? Je secouais la tête.

« Je serais toujours une arme, Tritri… Toujours. Tu le sais. Certains sont faits pour commander. Et puis il y a les gens comme moi. Fais pour servir. »

Est-ce que je me sentais vide ? Un peu… perdue après tout. Trouver ce qui ranimait mon cœur. Est-ce que je réussirais vraiment ? Je le regardais avant d’avoir un rire triste en gardant une main sur son torse, sur cette cicatrice, mon regard dans le sien.

« Peut-être que je ne suis plus humaine tout simplement Tritri… Peut-être qu’il faut l’accepter ? Peut-être c’est cela le problème ? Qu’est-ce que c’est d’être humain pour toi ? »

Moi, je ne savais plus. Ce que j’espérais dans la vie ? Être heureuse… avancer pour atteindre le plus haut rang de Cipher Pole… C’était déjà bien ! Gravir les échelons… Peut-être avions-nous quelque part le même objectif ? Peut-être. Nous verrons bien. Dicter sa vérité…

« Être celui qui décide et arrêter l’injustice… Je vais déjà essayer d’atteindre le plus haut grade de mon organisation. Et après… nous verrons. »

Nous verrons bien ce qu’il en était.
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Il allait devoir mettre un coup de pied dans la fourmilière, donner un coup de boost à la jeune femme qui ne semblait pas au mieux de sa forme. Plus que cela, elle n'avait pas de but dans la vie, elle ne se voyait pas évoluer et c'était étonnant, pour une personne qui vivait dans cette instance depuis sa tendre enfance. "Parfois, il faut savoir se bousculer soi-même Grin. Tu n'es pas obligée de devenir cheffe de quoi que ce soit, tu n'es pas obligée de diriger, si ce n'est pas ce qui te fait plaisir, mais tu peux au moins être une agente plus performante. Qu'est-ce qui t'en empêcherait ? Tu vis dans ce milieu depuis jeune, tu ne peux pas te permettre de rester en bas de l'échelle." Il tentait de la pousser, de lui faire voir ce qui, pour lui, lui semblait totalement logique : elle en avait les compétences, c'était certain, mais il y avait d'autres choses à prendre en compte... "À moins que, cette vie, ne soit pas celle que tu aimes ?" C'était une possibilité, peut-être que tout ce qu'elle avait subi, avait eu cet impact de la faire travailler pour le Cipher Pol, sans que cela ne devienne une vocation... "Tu peux le dire, avec moi. Si tu n'aimes pas cette vie. Tu sais que tu pourrais en changer, si c'est trop pesant. Aller dans une autre instance gouvernementale, si c'est trop dur et te créer un but dans la vie."

"C'est un mensonge que les faibles d'esprit racontent pour se rassurer." Sa voix était de nouveau plus sèche, tandis que le jeune homme prenait son haut qu'il enfilait, puis reprit sa veste. "Tu ne l'es pas, n'est-ce pas ? À un moment, il faut savoir se prendre en main, tu as eu une vie rythmée par tout cela, tu sais mieux que personne ce que c'est, alors saisi cet atout."

Oui, peut-être qu'au fond de lui, c'était une attitude qu'il n'appréciait pas. Cette vision défaitiste, comme si tout était déjà défini depuis longtemps, alors que tout était encore possible pour s'élever.

"Je ne peux pas définir correctement ce que c'est d'être humain, je ne suis pas un philosophe. Pour moi, ça représente mon libre-arbitre, mes buts, ma volonté d'évoluer et d'avoir la force de conviction de m'élever." Après tout, comment définir l'humanité ? Puis, enfin, elle sembla se ressaisir un peu. Tu as bien raison, deviens quelqu'un, et influence la vie des autres à ton tour. Fais mieux, ou pire, selon ce que tu désires." Pire ? Il ne la jugerait pas, comme à l'inverse.

Paroles : Trihexa A. Basile
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Savoir se bousculer. J’observais Tritri en silence. Agente performante. J’inclinai doucement la tête.

« Je n’ai aucune envie de rester au bas de l’échelle, Tritri. Je ne veux pas y rester, je sais ce que je vaux. Et je crois… que j’aimerais juste être la meilleure. Ça serait bien je crois. Être la plus forte, la plus respectée parce que je suis forte. »

Je lui offris un coup dans l’épaule à sa remarque, pas un vrai coup, un simple rappel alors que je plongeai mes yeux dans les siens. Oui j’étais triste, oui aujourd’hui j’étais fatiguée, mais y avait des jours qui étaient plus difficiles que d’autres ! Qui pouvait se vanter d’être toujours au sommet de sa forme ? Personne. Et aujourd’hui j’étais fatiguée, rien qu’un peu. Il pouvait le voir aussi. J’avais encore un bandage autour de ma nouvelle plaie après tout.

« J’ai été au bas de l’échelle Tritri. J’ai été qu’une marchandise. Je ne serais plus jamais tout en bas. Je sais que je vais augmenter rapidement, bientôt, il s’agit juste d’un transfert d’unité. »

Est-ce que j’aimais cette vie ? Je m’éloignai un instant pro réfléchir en attrapant mes chaussettes pour les remettre lentement. Un but. Qu’importe. Mon but c’était de répandre la justice. Je secouai la tête.

« Non Tritri. J’aime cette vie, parce que je peux répandre la Justice, nettoyer le monde de cette gangrène. »

J’étais une arme, je le savais très bien. La meilleure des armes, bien sûr. Je serais la meilleure, mais je n’aimais pas diriger. Faible d’esprit. Je pris ma robe pour la passer sans répondre pour l’instant. Le masque de Grin revient naturellement se placer sur mon visage une fois ma robe passée.

« Si j’étais faible Tritri, je serais morte. Je ne le suis pas. J’ai eu une vie particulière, comme bien des autres. Mais je connais des choses oui. »


Mais est-ce que j’étais encore humaine ? La question se posait, n’est-ce pas ? Je boutonnai ma chemise avec lenteur et grand soin alors que mon sourire revenait naturellement se poser sur mes lèvres, je vérifiais ma coiffure avant de passer mes bottes et de les nouer en attendant une réponse. Il s’était rhabillé. Son libre-arbitre. Volonté… but… Force de conviction.

« Avoir des buts… »

Je lui offris un grand sourire.

« Je serais le pire cauchemars de ceux voulant transgresser la Justice. Je crois que c’est bien comme but de vouloir être le cauchemar de ceux détruisant la paix ! »

Je pris mes gants pour les enfiler à nouveau lentement et de remuer légèrement les doigts et d’attraper ma veste bleue lentement.

« Je ne pense pas que cela soit un mal d’être la main gauche, la main qui punit de quelqu’un, Tritri. Il y a toujours besoin d’une main sale. Peut-être que je ne serais qu’une main gauche. Mais la pire main gauche pour tes ennemis. »

Je souriais à nouveau.
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Face à tout ça, à cette discussion mouvementée, ils n'avaient quasiment pas touché à leurs assiettes. Basile prit une brochette, et la tendit vers la bouche de la demoiselle. "Allez, tu dois manger, il faut donner du carburant à ton corps et à tes mains." Un petit sourire en coin, il voulait détendre l'atmosphère. Il se connaissait bien lui-même et avait une tendance à être particulièrement dur, c'était sa façon d'aider ses amis à relever la pente, à se sortir de situations préoccupantes. Il ne voulait pas que Grin soit de ces personnes se laissant aller, n'ayant qu'une motivation limitée alors que... La vie était plus que belle, après tout ? "C'est une magnifique volonté, d'être la plus forte. Regarde les têtes d'affiche de ce monde... Je ne peux pas parler pour le cipher pol, mais par exemple, dans l'amirauté... Kenora Makuen, rien que d'en entendre parler, elle inspire un respect terrible." Bien entendu, il y avait aussi les trois amiraux, les empereurs pirates, les capitaines corsaires... Tous des pointes, des êtres d'exception, mais pour certains, ils ne méritaient le respect qu'on leur devait. Les empereurs des mers, par exemple, qui menaient une politique anti-gouvernement mondial pour certains, dominant des îles et imposant leur autorité. Mais ils ne pourraient probablement jamais faire jeu égal avec eux, car la route serait longue... bien trop longue.

"Tu as raison, tu ne l'es pas, pour l'instant, mais ce n'est pas avec de telles pensées que tu vas avancer et survivre ! Alors mange tes foutues brochettes et souris sincèrement, car la vie est belle, tu m'as moi !" Ce fut un véritable sourire niais qui apparut sur les lèvres du Trihexa. Tu peux être la bras droit ou la main gauche, comme tu entends l'appeler, c'est une chose possible. Mais tu dois évoluer ! Je ne te dis pas de devenir cheffe de quelque chose, bien entendu, tout le monde n'aime pas diriger." Et comme elle le faisait savoir, il fallait bien quelqu'un pour appliquer les ordres. Si c'est ce qu'elle aimait, il n'allait pas la juger pour cela, même s'il ne partageait pas cette vision des choses. "Moi, personnellement, je pense que c'est un bon but. Je crois en l’œuvre du gouvernement mondial, c'est à nous ensuite de l'appliquer tel qu'on le souhaite... tant que le résultat est là. Protéger les faibles, les civils, je suis en accord total avec ça. Mais ceux qui devraient être dans des cellules... autant les éliminer, non ?"

Il était sérieux dans sa question, preuve en était le haussement de son sourcil droit. Il partait du principe qu'une prison demandait de l'argent et que s'ils pouvaient économiser, ce serait pour le mieux.
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Je tendis la main pour prendre la brochette que Tritri me tendait pour la prendre délicatement entre mes doigts métalliques. Est-ce que sentir la chaleur de sa peau me manquait ? Oui. J’avais perdu bien des choses avec ces mains au niveau des sensations. Mais j’allais vivre commença et puis… C’était tout ! Mais je pris quand même la brochette délicatement pour la soulever et la porter à mes lèvres.

« Mes mains font partie de mon corps. Même si elles n’ont plus cette chaleur. Dommage. »

Mais pour ma volonté… Oui, je voulais être la plus forte, la plus puissante. Que mon nom fasse… trembler ! Oui, d’accord, le Cipher Pole était censé être plus ou moins secret ! J’imaginai que je serais ainsi limitée ! Mais cela serait très amusant. Et un bon objectif. Très difficile aussi à atteindre… parce qu’il y aurait toujours quelqu’un de plus fort. Mais qu’importe ! Les têtes d’affiches… J’inclinai la mienne en finissant de mastiquer la viande pour ensuite aller chercher une nouvelle brochette ensuite. Je repris la parole tranquillement :

« Le Cipher Pole… C’est une escouade entière qui est spéciale. Mais personne ne connaît son nom. Personne en dehors de certaines personnes, ne connaîtra mon prénom ou que je suis. Mais je serais la plus forte ! »

Et plus jamais je ne serais une marchandise, plus jamais Plus jamais je ne serais une esclave. Non, je voulais changer le monde, et à défaut, aider à changer le monde ! Ce n’était pas facile, mais je savais que je pouvais être utile. Manger mes brochettes. J’en étais déjà à deux en plus ! Mais il y avait aussi des légumes à manger. Et j’avais Tritri.

« Avec toi la vie sera toujours belle ! Je ne vais pas survivre. Je vais vivre et ça c’est la plus grosse différence ! Et je mange les brochettes et les légumes. Toi tu ne manges que la viande ! »

Évoluer. Oui. Oui je le ferais encore et encore.

« Je ne resterais pas en arrière Tritri. Ni aujourd’hui, ni demain. J’avancerais toujours ! »

Parce que je n’avais pas le choix, parce que je ne me laissais pas le choix. Je devais devenir plus forte chaque jour qui passe ! Je regardais Tritri.

« Parce que je dois toujours pouvoir te tenir tête en plus ! »

Je lui fourrai une cuillère de légume entre les dents, il devait manger plus équilibré après tout. Sinon il ne serait pas assez fort. Il devait manger équilibrer ! Et lui pensait que c’était un bon but. Protéger les faibles… les civiles… Ceux dans les cellules… Je fis un tour sur moi-même.

« Les meurtriers, les violeurs… ce genre de personnes oui… Mais parfois… certains voleurs… ils ne le font que pour survivre. Peut-être aussi que certains tuent… pour se défendre… Est-ce que… Par exemple, celui qui tue le meurtrier de sa fille ou son fils… parce qu’avant il n’a pas eu justice. Est-ce que lui… je dois le tuer ou non ? Je le ferais, si on me dit qu’il doit mourir parce qu’il est allé contre la justice, mais je crois… qe j’aurais tendance à dire… qu’il l’a appliqué, la justice. »

Je pris quelques bouchées de légumes.

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La chaleur, l'une de ces sensations qui permettait de se sentir vivement, pleinement humain. Elle lui avait posé cette question précédemment, et peut-être qu'il aurait pu l'énoncer à ce moment : le froid, le chaud, le vent sur la peau, toutes ces choses en faisaient partie. Et si elle le sentait encore sur ses joues, ce n'était plus le cas pour ses mains. Quel plaisir, de pouvoir sentir l'eau s'écouler entre les doigts, sur la peau, pour retomber vers le bas ; loin d'être un plaisir, que de se brûler à la lueur d'une bougie ; passer la main dans ses cheveux, et sentir chacun d'eux glisser sur la peau. Il hocha simplement la tête en s'accordant à ce qu'elle venait de dire. "Un prénom, un nom, ces choses ne sont qu'un part de toi. Je suis Trihexa Basile, et pourtant, plus que jamais, je souhaite repartir de zéro et changer d'identité. Je me suis engagé sous ce nom, mais je peux t'assurer que je ne vais pas demeurer dans la marine comme tel ! Car dans notre secte, c'est le nom du messie et que ça ne me correspond pas."

Il mangeait lentement la viande qu'il avait commandé pour lui, dégustant le plat. Le temps s'écoulait et malheureusement, il savait qu'il devrait bientôt la laisser. Très bientôt, et jusqu'à quand, il ne le savait pas. "Eh bien, je préfère entendre ça, tu vois ! Oui, tu dois me tenir tête, tu dois évoluer en même temps que moi afin qu'on soit en parallèle dans nos branches respectives ! C'est ça, un duo, on partagera notre force et on combattra les pirates et révolutionnaires de ce monde, pour assurer la puissance du gouvernement mondial."

Il marqua un temps de pause, à l'écoute de ce qu'elle disait. Oui, elle avait raison, la justice pouvait être appliquée par certains meurtriers. Justement. La justice est ce qu'on en fait, c'est ce qui rend important le fait de monter les échelons, afin de dicter notre vision de cette justice, d'être suffisamment fort pour commander des hommes, dans mon cas en tout cas. Parfois, il faut faire fi de nos convictions, même à des postes à responsabilités. La justice, c'est ce que dite le gouvernement mondial, ses têtes, et ce qu'elles désirent. Le gouvernement mondial a une mission et on l'applique, voici la justice de ce monde. Pour nous, en tout cas." Car la définition de la justice n'était pas la même, que cela soit pour les pirates, les marines, les révolutionnaires ou les chasseurs de primes. Chacun se battait pour ses convictions.

Il se leva de son siège, observant la demoiselle. "Ma douce Grin..." Il affichait un léger sourire, compatissant. "J'espère que cette retrouvaille t'a fait du bien et que tu sauras surmonter cette épreuve, malheureusement, je vais devoir me dépêcher. Ce n'était qu'un arrêt bref, car maintenant, les choses importantes vont commencer." Il n'aimait pas l'idée de la laisser seule ici, mais il devait rendre compte de sa mission, de la fin de son entraînement. "Je ne peux pas te dire où je serai les prochains mois, mais ne doute pas de ça : nous nous retrouverons, qu'importe les circonstances ! Pendant ce temps, entraîne-toi et bats-toi !" Il s'approcha d'elle, attendit quelques instants qu'elle se lève. Aussitôt, il la prit dans ses bras, dans une profonde accolade très fraternelle, qui témoignait de leur lien particulier. "Je te souhaite le meilleur, mon amie." Il l'embrassa sur la joue, comme la première fois où ils s'étaient retrouvés, avant de devoir quitter la pièce, pour rejoindre le navire qui le conduisait jusqu'au BAN.

Trihexa A. Basile
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Un prénom… Non, pour moi c’était important d’avoir un prénom. Mais en tout cas cela avait aussi une indication particulière… Il y avait tellement de chose ! Répartir de zéro… jamais je ne le ferais, j’aimais en quelque sorte ma vie et je ne me voyais pas faire autre chose de ma vie. Un nom de messie. Je pouffais derrière ma main.

« Tu es le messie de la future justice divine de ce monde Tritri ! Mais si tu veux, en attendant je t’appellerais… Mereus ! »

Aucune idée d’où j’avais entendu ce prénom. Mais il m’était venu ainsi. Alors je le disais joyeusement, avant de lui dire que je comptais d’être la plus forte et la plus puissante. Autant que possible. Je devais toujours pouvoir lui tenir tête. Une main gauche cela servait aussi à ça : rappeler à l’ordre ! Ou pouvoir lui donner des informations quand je n’étais pas d’accord. Un duo…

« Le monde nous adorera et nous craindra ! Parce que nous serons la justice la plus pure et la plus dure ! Rien ni personne ne pourra nous résister ! Mais tu devras travailler encore pour atteindre les rangs supérieurs de la marine et moi du Cipher Pole ! Ais je sais que nous réussirons ! J’ai foi en nous et en la justice ! »

Celle que nous allions créer et mettre en place. Et je lui demandais donc, si pour vider les prisons, nous devions tuer tous ceux à l’intérieur. Dicter notre vision. Choisir décider. Cela devait être particulièrement chouette !

« Un jour nous serons ces têtes, n’est-ce pas ? »

Surmonter cette épreuve. J’inclinai doucement la tête.

« Ça va mieux oui. Je crois… que j’avais juste besoin d’une pause. Tu vas me manquer, alors fait bien attention à toi et je sais qu’on se verra à nouveau bientôt. »

Je me redressai alors qu’il était debout également. Je lui offris un grand sourire en inclinant la tête.

« Je serais plus forte encore quand on se retrouvera. N’en doute pas ! »

Et il vient me prendre dans ses bras… Je restais surprise, mais je viens l’étreindre à mon tour, posant ma tête contre son torse. C’était chaud… C’était comme un cocon de protection. J’aurais aimé que cette étreinte ne s’arrête pas… Mais… Je le lâchai quand il se recula, le laissant m’embrasser la joue. Je me hissais sur la pointe des pieds pour lui rendre sa bise.

« Prends soin de toi et progresse bien Mereus. Je progresserais aussi ! »

Je lui offris un large sourire.
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