Mémoires éphémères...「Solo」

Dans la luxueuse demeure des Valthane, l'enfance de Davinia était teintée de solitude et d'isolement. Malgré la présence imposante de sa famille, elle se sentait souvent comme une étrangère dans son propre foyer, reléguée dans l'ombre de sa sœur Arabella, la préférée des parents. L'un des moments les plus marquants qui illustre cette préférence envers Arabella s'est déroulé lors d'un banquet familial mémorable. La grande salle de réception avait été parée de ses plus beaux atours pour l'occasion, chaque détail soigneusement orchestré pour impressionner les invités. Les chandeliers scintillaient, les tissus luxueux drapant les murs, et l'air était empli de l'excitation palpable des festivités à venir. C'était une soirée de socialisation, une occasion pour les familles influentes de l’île de se rencontrer, d'échanger des ragots et des rumeurs, voire de forger des alliances stratégiques.

Au centre de l'attention se tenait Arabella, vêtue d'une robe somptueuse qui scintillait sous la lueur des lustres. Sa démarche gracieuse et son sourire éblouissant captivaient les regards alors qu'elle se mêlait aux convives, échangeant des salutations chaleureuses et des mots aimables avec une aisance déconcertante. À ses côtés, leur père, le regard empreint de fierté, la présentait à chaque invité avec un enthousiasme évident, vantant ses talents et sa beauté resplendissante comme s'il s'agissait de son plus précieux trésor. Pendant ce temps, Davinia observait silencieusement la scène depuis l'ombre d'un coin de la salle, ses propres efforts pour attirer l'attention de ses parents semblant vains en comparaison. Malgré ses vêtements soigneusement choisis et son désir ardent de se faire remarquer, elle se sentait invisible dans la lumière éblouissante de sa sœur, reléguée à un rôle secondaire dans le théâtre de la vie familiale.

Dans l'atmosphère chatoyante du banquet familial, Davinia se tenait en retrait, dissimulée dans l'ombre d'un coin de la salle où sa mère l'avait laissée pour aller discuter avec d'autres convives. Vêtue avec soin, ses vêtements, bien que élégants, semblaient ternes en comparaison avec l'éclat éblouissant de sa sœur Arabella. Les tissus fins et les couleurs douces qu'elle avait choisis avec attention ne pouvaient rivaliser avec la magnificence des tenues extravagantes d'Arabella, qui semblait rayonner d'une perfection surnaturelle. De là où elle se trouvait, Davinia observait silencieusement la scène, son cœur lourd de déception alors qu'elle tentait désespérément d'attirer ne serait-ce qu'un soupçon d'attention de ses parents. À plusieurs reprises, elle essaya de s'approcher d'eux, désireuse de partager une découverte intrigante ou de montrer son intérêt pour les conversations en cours, mais à chaque fois, elle se retrouvait ignorée, reléguée au second plan alors que ses parents semblaient captivés par les talents et les charmes de sa sœur. Malgré ses efforts pour se faire remarquer, Davinia se sentait comme une ombre dans la salle, ses tentatives noyées dans le tumulte des éloges adressés à Arabella et les échanges animés entre les invités. Chaque fois qu'elle tentait de capter le regard de ses parents, ils semblaient être absorbés par autre chose, laissant Davinia se sentir invisible et insignifiante.

Puis vint le moment du discours, où le père de famille se leva pour prononcer des mots élogieux sur Arabella, louant ses réussites et ses qualités exceptionnelles devant l'assemblée. Les yeux de Davinia brûlaient d'envie d'attirer ne serait-ce qu'un fragment de cette admiration, mais elle sentait que même dans ce moment solennel, elle restait dans l'ombre de sa sœur. Ce parent n’avait de yeux que pour celle qui chérissait, brisant toujours un peu plus son petit cœur de gamine. Puis devant les mots élogieux destinée à une autre, elle en vient à se remémorer tous les moments passer ensemble réalisant qu’il en avait toujours été ainsi, surtout de la part de son paternel. C'est à ce moment précis qu'elle réalisa la profondeur de la préférence de ses parents pour Arabella, et la douleur de cette constatation pesa lourdement sur son cœur. Elle comprenait alors que, malgré ses propres réalisations et son désir ardent de plaire à ceux-ci, elle serait toujours reléguée au second plan, éclipsée par la lumière éblouissante de sa sœur. C’est ainsi que naquit le la fissure qui se fraya un chemin entre sa famille et elle-même, la poussant vers une solitude imposer…

Malgré l'isolement et la marginalisation qu'elle subissait au sein de sa propre famille, Davinia fini par entretenir un lien particulier avec sa mère. Dans l'obscurité de sa solitude, elle trouvait un écho dans le regard maternel, une lueur d'appréciation qui lui donnait l'espoir d'être comprise et valorisée pour ce qu'elle était vraiment. Mais cet espoir était fragile, comme une flamme vacillante dans le vent, mais surtout aussi illusoire que le sourire que Vassia lui offrait. Sa mère, bien qu'occupée par les intrigues et les manigances de la haute société, semblait trouver le temps de reconnaître les dons uniques de sa fille. C'était une relation complexe, teintée de nuances et de mystère, où l'amour maternel se mêlait à la nécessité de préserver les secrets de famille. Davinia croyait sincèrement que sa mère comprenait et appréciait enfin ses capacités particulières en divination, un don mystérieux qu'elle avait découvert presque par accident. La révélation de ce don avait eu lieu lors d'un incident étrange et troublant.

Alors qu'elle explorait les recoins de la bibliothèque familiale, Davinia était tombée sur un livre ancien, ses pages jaunies décrivant de manière graphique un combat féroce entre un garde et un assassin. Plongée dans une transe inexplicable, elle avait récité les détails du de la vision avec une précision déconcertante, comme si elle avait été témoin de l'affrontement de ses propres yeux. Si la mère avait tenue l’évènement secret, celui-ci se produisit quelques jours plus tard, Talkan fut attaque dans son bureau au boulot par un assassin venant de l’extérieur. Cet épisode de transe bizarre étrange se répéta quelques semaines plus tard, lorsque Davinia fut prise dans une autre de ces transes visionnaires. Cette fois encore, elle décrivit avec une précision troublante un événement à venir, une alliance possible entre deux familles qui ne serait pas avantageuse au début, mais qui le deviendrait dans le futur. Avec cette divination, elle avait un accès privilégié à des vérités cachées. Devant les faits qui se révélèrent à Vassia, elle décida de mettre ceci à son avantage et de permettre à sa fille de venir à la bibliothèque aussi souvent qu’elle le voulait.

Vassia Valthane, la mère de Davinia, n'était pas une femme à sous-estimer. Elle avait un œil perçant qui pouvait déceler les moindres détails, et rien n'échappait à son attention aiguisée. Lorsqu'elle découvrit que sa fille avait trouvé des moyens ingénieux de contourner la sécurité du manoir, elle ne fut ni surprise ni irritée. Au contraire, elle fut intriguée par le potentiel caché de Davinia. Observant sa fille de loin, Vassia remarqua comment elle se faufilait silencieusement hors de sa chambre, évitant les gardes et les serviteurs avec une habileté surprenante pour une si jeune fille. Elle réalisait que Davinia passait son temps libre à écouter les ragots des servantes, à glaner des informations dans les conversations privées et à observer discrètement les allées et venues des membres de la famille et des invités. C'était un comportement typique de quelqu'un qui cherchait à comprendre le monde qui l'entourait, à percer les mystères dissimulés sous la surface lisse de la vie de luxe qu'elle menait. Davinia avait un talent inné pour l'observation et l'analyse, des qualités qui pourraient être précieuses si elles étaient cultivées correctement.

Lorsque Vassia découvrit le journal secret de sa fille, rempli de notes détaillées et de réflexions sur ce qu'elle avait découvert, elle décida de mettre à profit les talents particuliers de Davinia. Plutôt que de réprimander sa fille pour son comportement intrusif, Vassia vit une opportunité de canaliser ses dons naturels dans une direction plus productive. Elle commença à partager discrètement des informations sensibles avec Davinia, lui permettant d'accéder à des connaissances et des secrets que seuls quelques privilégiés connaissaient. Elle l'encouragea à développer ses compétences en espionnage et en manipulation, lui enseignant les subtilités de la politique et des alliances secrètes qui régissaient leur monde, un don qui lui serait bien utile plus tard.

Vassia Valthane, dans sa quête pour guider et influencer sa fille Davinia, savait qu'elle devait agir avec finesse et subtilité. Elle avait compris que la clé pour gagner la confiance et l'allégeance de Davinia résidait dans des gestes attentionnés et des attentions spéciales, même si elles étaient teintées de manipulation. Ainsi, pour attirer l'attention de Davinia et gagner sa confiance, Vassia décida d'utiliser un appât subtil mais efficace : des chatons. Mais pas n'importe quels chatons. Elle choisit spécifiquement un duo de rejetons exotiques, des sphinx sans poil aux apparences excentriques. Ces créatures étaient le résultat d'une expérience de clonage qui avait mal tourné, mais Vassia veilla à ce que Davinia ne soit jamais mise au courant de ces détails peu flatteurs. Pour Davinia, qui avait toujours eu une attirance pour les choses étranges et mystérieuses, ces chatons étaient une véritable aubaine. Elle se sentait instantanément liée à ces créatures sans poil, qui partageaient le même nombre de yeux qu'elle, voire davantage. C'était comme si elle avait trouvé des compagnons qui la comprenaient vraiment, qui partageaient une connexion spéciale avec elle, même si elle ne pouvait pas tout à fait expliquer pourquoi. La présence de ces chatons dans sa vie quotidienne apporta à Davinia un sentiment de réconfort et de sécurité, mais surtout, elle renforça son lien avec sa mère, comme celle-ci l’avait désiré. Elle se mit à passer plus de temps avec Vassia, partageant des moments précieux avec elle alors qu'elles prenaient soin des chatons ensemble. Ces moments intimes renforcèrent l’imagerie de leur relation, créant un lien étroit entre mère et fille qui était exactement ce que Vassia avait espéré. Ainsi, grâce à sa manipulation subtile mais calculée, Vassia réussit à gagner la confiance de sa fille, tout en la guidant doucement sur le chemin qu'elle avait tracé pour elle.

La salle était plongée dans une semi-obscurité délibérée, créant ainsi une atmosphère intimement liée à l'identité même des Énigmatiques. De faibles lueurs provenaient de lanternes soigneusement disposées çà et là, projetant des ombres dansantes qui semblaient prendre vie dans les coins sombres de la pièce. Cette pénombre était bien plus qu'une simple absence de lumière ; c'était une composante essentielle de l'environnement, conçue pour habituer les étudiants avec les ténèbres et développer leurs autres sens. Alors que Davinia franchissait les portes de la guilde des Énigmatiques pour la première fois, elle ressentit immédiatement l'impact de cet éclairage subtil. La semi-obscurité enveloppait la salle d'une aura de mystère et d'anticipation, renforçant son sentiment d'entrer dans un monde où rien n'était ce qu'il semblait être. Chaque pas qu'elle faisait résonnait dans le silence relatif de la pièce, soulignant l'importance de ce moment crucial dans sa vie. Des silhouettes encapuchonnées évoluaient avec une grâce silencieuse, leurs mouvements furtifs faisant écho à la discrétion et à la vigilance requises dans le monde des Énigmatiques. Les échanges de murmures à voix basse semblaient se fondre dans l'atmosphère feutrée, ajoutant une dimension supplémentaire de secret et de conspiration à la scène. Les regards scrutateurs des membres de la guilde se posèrent sur Davinia alors qu'elle avançait timidement, sentant le poids de leur évaluation silencieuse. Dans cette semi-obscurité, chaque détail de son apparence et de son comportement était amplifié, faisant de cette première rencontre un moment encore plus intense et significatif. Soudain, une voix résonna dans la pièce, imposante et assurée, brisant le silence avec autorité. C'était la voix de Jomiar, le Directeur des Énigmatiques, dont la stature imposante se dressait au centre de la pièce, éclairée par la faible lueur des lanternes. Son regard perçant semblait traverser l'obscurité, fixant Davinia avec une intensité palpable alors qu'il l'accueillait dans l'organisation. Dans cette semi-pénombre chargée de mystère, Davinia sentit son cœur battre la chamade, mélange d'excitation et d'appréhension face à l'inconnu qui l'attendait.

À côté de Jomiar se tenait Dhorom, le Professeur du rang assassinassions, une présence tout aussi intimidante avec son regard acéré et sa stature imposante. Chaque ligne de son visage semblait sculptée par des années d'expérience. Ses yeux perçaient l'obscurité de la salle avec une intensité glaçante, reflétant une autorité incontestée au sein de l'organisation. Son expression sérieuse ne laissait aucun doute sur son pouvoir et son influence, son silence évoquant le calme avant la tempête. Davinia pouvait sentir le poids de son regard sur elle, pesant ses actions et scrutant son potentiel avec une précision impitoyable. Un peu plus loin, Narsha, la Silencieuse, observait Davinia avec un calme apparent, mais son regard scrutateur trahissait une vigilance constante. Son visage impassible cachait une intelligence aiguisée et une compréhension profonde des subtilités de l'âme humaine. Chaque mouvement de Davinia était évalué avec une minutie presque surnaturelle, alors que Narsha absorbait chaque détail de son arrivée dans la guilde. Sa présence discrète ajoutait une aura de mystère à la scène, créant une atmosphère de tension subtile et de curiosité inassouvie. À côté d'elle, Nikulina, l'Insaisissable, arborait une apparence androgyne et énigmatique, son visage inscrutable dissimulant les pensées les plus profondes. Son regard perçant semblait sonder l'âme de Davinia, révélant une intelligence hors du commun et une capacité à dissimuler ses véritables intentions derrière un masque d'indifférence. Davinia sentait une aura de sophistication et de mystère émaner de cette figure intrigante, une impression de ne jamais être tout à fait sûr de ce qui se cachait derrière le voile de son apparence insaisissable. Enfin, à l'écart des autres membres, se tenait Nirle, la Spéciale, dont les cheveux bicolores étaient un symbole visuel de sa singularité. Son regard bienveillant et maternel se posa sur Davinia avec un mélange de curiosité et d'intérêt, offrant un contraste saisissant avec les autres membres de la guilde. Sa présence réconfortante semblait promettre un refuge au milieu de l'obscurité, un havre de sécurité dans un monde rempli de dangers.

Davinia sentit une vague de nervosité la submerger alors qu'elle réalisait l'importance capitale de cet instant. Ces personnes qui se tenaient devant elle n'étaient pas simplement des inconnus ; elles allaient devenir ses guides, ses protecteurs, et peut-être même sa famille dans ce monde impitoyable et dangereux des Énigmatiques. Chaque regard qui se posait sur elle était chargé de significations multiples, chacun promettant un avenir incertain mais rempli de possibilités inexplorées. Dans ce moment de silence pesant, alors que les regards se croisaient et que les destins se mêlaient, Davinia sentit le poids de l'attente planer sur ses épaules. Chaque membre de la guilde semblait évaluer son potentiel, pesant le pour et le contre de son admission parmi eux. Mais au-delà de cette évaluation silencieuse, Davinia percevait également une lueur d'intérêt, une étincelle d'espoir qui brillait dans les yeux de ses futurs mentors. C'était un moment crucial, un tournant dans sa vie où chaque décision comptait. Dans cette semi-pénombre chargée de mystère, elle se sentait à la fois vulnérable et puissante, consciente de l'immensité des défis qui l'attendaient mais déterminée à les affronter avec courage et détermination. Prenant une profonde inspiration pour se calmer, Davinia se prépara mentalement à plonger dans l'univers complexe et intrigant des Énigmatiques. Elle savait que le chemin serait difficile, semé d'embûches et de dangers, mais elle était prête à relever le défi, prête à devenir la meilleure version d'elle-même au sein de cette guilde.

Dans la pénombre silencieuse de la bibliothèque des Énigmatiques, Davinia et Dellemont s’y trouvent, chacun plongé dans leurs propres pensées. Ils échangeant un léger regard, Dellemont offrant son habituelle sourire charmeur, alors qu'ils se trouvent à des tables voisines. Les lampes à huile vacillent doucement, jetant des ombres dansantes sur les rayonnages de livres qui les entourent. Alors que Davinia feuillette un vieux manuscrit sur la tribu des trois yeux, elle remarque un petit morceau de papier glissé entre les pages, presque imperceptible. Intriguée, elle le saisit délicatement et le déplie. Sur le papier jauni, des mots de poésie sont écrits à l'encre noire, une écriture familière qui lui met un sourire en coin.

« Dans l'obscurité des cieux, une étoile solitaire danse, Comme ton âme, libre et en transe. Entre les ombres et les mystères, tu t'épanouis, Un souffle de poésie dans un monde endurci. »

Davinia lève les yeux de la note, cherchant du regard l'origine de ce cadeau. Elle aperçoit Dellemont assis à quelques tables de distance, son regard croisant le sien dans une lueur complice. Elle lui adresse un sourire discret, reconnaissant l'effort qu'il a déployé pour lui offrir ce moment de douceur. Ainsi était devenu son quotidien au côté de Dellemont, l’ainé c’était pris d’affection pour elle et lui avait fait découvrir plusieurs grandes figures de la littérature. Elle n’allait pas se plaindre, ce petit jeu lui apportait un grand bien émotionnel. Elle répond en écrivant une réponse rapide sur un autre morceau de papier, le glissant ensuite entre les pages de son propre livre. Elle le lève ensuite, allant se perdre dans les rayons de livre pour retourner l’ouvrage et en prendre un nouveau.  La lecture n’a pas tant d’importance, seule l’attente d’une nouvelle réponse est importante. Peu de temps après, une réponse lui parvient, une nouvelle pièce de poésie qui évoque des images de liberté et de douceur. Mais les lignes préférées de Davinia resteront toujours celle-ci :

« Tes ténèbres dansaient avec les miennes et au bord de la nuit de l'autre nous avons trouvé nos étoiles brillantes. »


Au fil des jours, des semaines et des mois, dans l'atmosphère feutrée des Énigmatiques, ils continuent leur échange de littérature clandestin. Même si certains professeurs ni sont pas dupes, ils ne font rien, plutôt curieux du déroulement. Chaque petit mot, chaque vers soigneusement choisi devient une échappatoire, un refuge secret dans l'univers sombre et impitoyable de leur formation. Ils s’offrent un jeu qui consiste à trouver le livre de lecture donc contient cette phrase, souvent des citations populaires. Les rencontres furtives dans les recoins obscurs de la bibliothèque, loin des regards indiscrets, deviennent des rendez-vous précieux pour les deux jeunes gens. Les lampes à huile projettent des reflets dorés sur leurs visages alors qu'ils se penchent sur leurs notes, plongés dans leur propre monde de vers et de rimes.

Les poèmes qu'ils échangent deviennent des messages codés, des murmures de sentiments cachés et de désirs inexprimés. Chaque mot écrit à la main, chaque phrase enlacée dans l'encre noire, est chargé d'une émotion palpable qui transcende les limites de la page. Dans ces échanges dissimulés, Davinia et Dellemont découvrent une intimité profonde, une connexion qui va au-delà des mots. À travers la poésie, ils partagent leurs espoirs, leurs peurs et leurs rêves les plus secrets, créant un lien indélébile entre eux. Ces moments d'échange deviennent un refuge dans l'obscurité, une lumière vacillante dans l'ombre de leur existence. Dans un monde où la confiance est rare et souvent trahie, ces instants précieux de connexion sincère sont d'une valeur inestimable pour les deux jeunes apprentis. Ainsi, au milieu des ténèbres de leur formation, l'échange de poèmes entre eux devient un rayon de lumière, une bouffée d'air frais qui les aide à traverser les défis et les dangers qui les entourent. Une relation que jamais Davinia n’a connu avec sa famille…

C’est le cœur lourd de trahison et de haine que Davinia prit une décision radicale. Après avoir découvert le plan cruel de sa famille pour la sacrifier afin d'augmenter leur notoriété, elle se détourna d'eux avec une résolution sans faille. Bien que son cœur saignât à l'idée de rompre avec les liens familiaux, elle savait que sa loyauté et son devoir envers elle-même et envers ceux qui lui étaient chers prévalaient désormais. Avec tout le respect qu'elle avait pour la guilde des Énigmatiques, Davinia prit ses preuves de la machination perfide de sa famille et se dirigea vers le directeur de la guilde. Son visage était fermé, ses traits tendus par la colère refoulée et la douleur de la trahison. Mais derrière cette façade de froide opiniâtreté, son cœur brûlait d'une vengeance froide et implacable. Lorsqu'elle se présenta devant Jomiar, Davinia dévoila sans détour les preuves accablantes de la conspiration de sa famille. Son intention était claire : elle agirait en conséquence pour obtenir justice. Son ton était calme mais empreint d'une détermination féroce, ses yeux brûlant d'une lueur de résolution farouche. Elle savait que cette décision marquerait un point de non-retour dans sa vie, mais elle était prête à affronter les conséquences avec courage. Pour Davinia, la loyauté envers la guilde des Énigmatiques et la quête de justice pour les injustices subies étaient désormais ses priorités absolues. Et elle était prête à tout pour les défendre, même si cela signifiait se dresser contre sa propre famille.

Jomiar, accueille ses paroles avec une attention silencieuse mais intense. Son regard perçant semble fouiller l'âme de Davinia, évaluant non seulement ses paroles, mais aussi sa volonté et sa capacité à faire face à cette situation délicate. Le visage de l’homme reste impassible, trahissant peu d'émotion visible, mais une lueur de respect éclaire ses yeux vieillis par le temps. Il reconnaît la gravité de la décision de l’une des siens et l'ampleur de la trahison qu'elle a subie de la part de sa propre famille biologique. Dans un monde où la loyauté est une qualité rare et précieuse, le fait que Davinia choisisse de se détourner de sa lignée pour défendre ses propres valeurs et poursuivre la justice ne peut que susciter un respect profond. Après un moment de silence, où chaque mot semble peser lourdement dans l'air, il prend la parole. D'une voix grave et empreinte de sagesse, il exprime sa reconnaissance envers Davinia pour avoir eu le courage de faire face à la vérité et pour avoir choisi de prendre les mesures nécessaires pour rectifier les torts qui lui ont été infligés. Il lui assure que la guilde des Énigmatiques sera là pour la soutenir dans sa quête de vengeance et de justice, offrant son soutien inconditionnel à ce nouveau membre déterminé. Elle déclare aussi qu’elle devait quitter. Face à la décision de Davinia de quitter temporairement et ainsi laisser retomber la poussière, Jomiar réagit avec une expression grave mais compréhensive. Il reconnaît la nécessité de cette démarche, mais soulève également une condition importante.

"Je comprends ta décision, Davinia", commence-t-il d'une voix empreinte de sérieux. "Cependant, nous devons protéger l'intégrité et la réputation de la guilde. Si des questions sont posées sur notre implication dans cette affaire, nous devrons nier tout lien avec toi ou avec tes actions. Tu dois être prête à supporter cette charge seule, du moins temporairement."  Il laisse ses paroles peser dans l'air avant de poursuivre, offrant un soutien mitigé mais pragmatique. "Cela dit, tu ne seras pas abandonnée. Nous pouvons t'offrir une aide discrète en coulisses, que ce soit en termes de ressources, de conseils ou même de protection si nécessaire. Mais publiquement, nous devrons maintenir une distance pour protéger l'image et la sécurité de la guilde."

"J’accepte, la guilde avant tout. L’ombre et le silence sont nos alliés", annonce Davinia d’un ton solennel.

"L’ombre et le silence sont nos alliés", reprend la voix grave de l’homme.

Sous la vigilance de Dellemont, Davinia rassembla ses affaires avec précaution, sachant qu'elle devait agir rapidement et discrètement pour assurer sa sécurité. Avec l'aide de son précieux partenaire, elle prépara des bagages essentiels et vitaux pour sa retraite temporaire, veillant à ce qu'elle dispose de tout ce dont elle aurait besoin pour rester cachés pendant un certain temps. Ensemble, ils travaillèrent dans l'ombre, s'assurant que chaque détail était pris en compte. Dellemont, avec son intelligence et son sens de la stratégie, contribua à planifier leur itinéraire et à sélectionner un lieu sûr où elle pourrait se réfugier sans être repérés. Son sang-froid et son soutien furent d'une grande aide pour maintenir le cœur de la demoiselle calme et rationalité dans des circonstances aussi stressantes. Pendant ce temps, les deux chats, fidèles compagnons de Davinia, furent pris en charge avec soin par Dellemont qui les apporteraient un peu plus tard. C’était avec un geste empreint de tristesse feinte, qu’elle avait déclaré à sa maternelle qu'ils avaient malheureusement succombé après avoir ingéré du chocolat, un mensonge nécessaire pour dissimuler leur véritable. Sous la garde de Dellemont, les chats seraient transportés en toute sécurité vers leur nouvelle cachette, loin des regards indiscrets et des dangers qui les menaceraient après l’attentat de Davinia. Dans ce moment de crise, la présence réconfortante et protectrice de Dellemont apporta un sentiment de sécurité à Davinia. Lui infusant un bien-être, mais surtout lui assurant qu’elle n’était pas seule.

Le moment tant attendu arriva enfin, des mois après que Davinia eut fomenté son plan de vengeance. La soirée en l'honneur de sa sœur était l'occasion parfaite pour mettre en œuvre son plan diabolique. La seule personne qui manquait à l'appel était son grand-père, et pour cause : un contretemps de dernière minute l'avait retenu à l'une de ses usines. Davinia ne pouvait réprimer un pincement de regret à cette pensée. Bien que déterminée à infliger sa vengeance à sa famille, elle ne pouvait se résoudre à punir cet homme qui, malgré les failles de sa propre famille, lui avait offert amour et soutien. Ce n'était pas un hasard si son grand-père était épargné. Davinia avait un profond respect pour cet homme qui représentait une figure paternelle bienveillante dans sa vie. Il était l'une des rares personnes qui lui avait témoigné de l'affection sincère, ne se laissant pas emporter par les machinations sournoises des autres membres de la famille. Ainsi, même dans son désir de vengeance, Davinia savait où tracer la ligne. Elle ne voulait pas punir son grand-père pour les péchés de son père et de sa mère. C'était une décision difficile à prendre, mais pour elle, c'était une manière de préserver une parcelle d'humanité au milieu de sa quête de justice. Alors que les invités se rassemblaient dans le somptueux manoir des Valthane, l'atmosphère était électrique, imprégnée d'une anticipation feutrée. Davinia, avec l'aide précieuse de ses complices et de Dellemont, elle avait minutieusement orchestré chaque détail de cette nuit fatidique. Au moment opportun, une distraction spectaculaire fut introduite dans la soirée : une horde d'animaux sauvages, des créatures recueillies dans les rues, les marchés et chez les refuges animaliers, entra en trombe dans le manoir. Le chaos et la panique s'ensuivirent alors que les invités se débattaient pour échapper à ces bêtes indomptées.

Dans l'effervescence de la panique et du chaos qui régnait dans le manoir, Davinia et ses alliés se déplaçaient avec une assurance calculée, exécutant chaque étape de leur plan avec une précision glaciale. Alors que les invités se bousculaient dans la confusion, cherchant désespérément à échapper à l'assaut des animaux sauvages qui avaient envahi les lieux, Davinia et son équipe prenaient le contrôle silencieux de la situation. Guidés par une coordination, ils barricadèrent les portes du manoir avec une habileté habile, utilisant des meubles lourds et d'autres objets disponibles pour bloquer le moyen d'évasion de la salle de balle. Pendant ce temps, les fenêtres de la salle, avaient été méticuleusement scellées les semaines précédentes dans le plus grand secret, assuraient un isolement total. Ainsi, même ceux qui auraient envisagé une évasion par les fenêtres se retrouvaient désormais piégés, pris au piège comme des rats dans un univers infernal. Dans l'ombre des couloirs, éclairés par intermittence par la lueur vacillante des lanternes, ils se déplaçaient avec une efficacité rapide. Au fur et à mesure que les derniers verrous étaient mis en place, le manoir des Valthane se transformait en forteresse, isolant ses occupants du monde extérieur. Dans ce monde de ténèbres et de désespoir, la vengeance de Davinia prenait forme, et ceux qui avaient osé la trahir allaient en payer le prix.

Le clou du spectacle fut déclenché lorsque Davinia, dans un geste aussi calculé que dévastateur, mit le feu au manoir des Valthane. D'un simple mouvement, elle alluma l'étincelle qui allait embraser les luxueuses pièces et les précieuses possessions de sa famille. L'incendie commença doucement, presque innocemment, mais bientôt, les flammes s'élancèrent voracement, se propageant avec une férocité dévorante. Le crépitement des flammes devint un rugissement assourdissant, accompagné des cris d'horreur des invités pris au piège dans l'enceinte de la demeure en feu. Dans cette symphonie infernale de destruction, le manoir des Valthane se transforma en un brasier dévorant, illuminant la nuit d'une lueur sinistre. Les riches tapisseries, les meubles somptueux et les précieux objets d'art devinrent des offrandes involontaires à l'appétit insatiable du feu. Pendant que les flammes s'élevaient vers le ciel, dansant avec une cruauté macabre, Davinia observait avec satisfaction le résultat de ses machinations. Son visage, éclairé par la lueur dansante des flammes, était un masque d'intense détermination mêlée de satisfaction froide. Son plan de vengeance, se déroulait sous ses yeux, infligeant une punition impitoyable à ceux qui avaient osé trahir sa confiance et comploter sa chute. Dans ce brasier de la vengeance, les Valthane connaîtraient la douleur de leurs propres actions, et Davinia en serait la spectatrice impitoyable, regardant le monde qu'elle avait connu brûler…