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Infiltration sous-marine

Rappel du premier message :

Les navires de la marine s’en vont, et parmi eux, dans un état tout à fait discutable, se trouve la courageuse Izya. Courageuse, oui, car son sacrifice n’était pas le plus simple à accepter. Mais à bord du sous-marin fourni par la révolutionnaire, l’un des nombreux conçus par nos ingénieurs, la vigie m’annonce que les navire sont en route. J’ordonne qu’on les suive tout naturellement. Nous longeons Little Garden en me rappelant de nombreux souvenirs. Il faut admettre que j’y ai passé beaucoup de temps pour me ressourcer et me perfectionner.

À mes côtés, Rafaelo que j’avais rapidement rencontré sur Kanokuni, donc pas grand chose de partagé encore. On m’a cependant vanté les mérites de ce dernier et faisait parti des révolutionnaires avec lesquels je suis entré en contact via denden. À part la seule voix féminine, je les ai tous rencontré. Yuki est aux abonnés absents, Clotho nous a quitté pour projets et Rafaelo est le seul encore présent. Seulement trop occupé lui aussi.

Pour le moment tout semble se dérouler comme sur des roulettes. Suivre des types dans un sous-marin, à l’abri des regards indiscrets, c’est plutôt pas mal. Exceptés quelques monstres marins qui nous confondent avec leur repas, c’est cool. Le travail réalisé par Yuki, alias no-body, et les autres, sur les technologies sous-marines est fantastique. La seule personne pouvant nous détecter avec son haki de l’empathie n’est autre que Vasco, mais c’est aussi pour cela que nous nous déplacement à une telle profondeur.

L’équipage n’est constituée que de très peu d’hommes. L’essentiel de la troupe est quelque part derrière nous, incognito, pour arriver comme des seigneurs sur le champ de bataille. Indirectement, mais pas totalement puisque j’y ai pensé, ils serviront d’appât pour concentrer l’essentiel de la marine sur eux, et ce, pendant que Rafaelo et moi-même réglons quelques affaires. En somme, nous deux seulement allons infiltrer cette foutue prison à l’aide de nos capacités respectives.

Je suis relativement calme pour une fois. Pas de stress, pas de panique, seulement un peu d’excitation à l’idée de croiser des adversaires de tailles… que dis-je ? Je n’aurais pas le temps pour ces bêtises. Mais contrairement à mon infiltration sur Marie-Joie, je me sens bien. Je n’ai pas envie de taper sur un piano pour me détendre ou ressasser de vieilles histoires du passé. Tout ça est derrière moi maintenant, un avenir probablement plus désastreux s’ouvre à moi. Et comme je suis un poil débile, j’y cours volontiers.

C’est sur cette réflexion que la vigie annonce l’ouverture des portes de la justice. J’ai toujours voulu voir ça de mes propres yeux. Je demande au collègue de s’éloigner et prends aussitôt sa place pour observer ce phénomène. C’est tout simplement énorme. En plein milieu de la mer, deux énormes portes cachées par un brouillard s’ouvrent, comme si de rien n’était. La marine, sérieusement, y'a pas à dire, ils sont balèzes les cons. C’est cool d’avoir des sous-marins aussi, c’est pas mal la révolution.

Nous passons enfin ces majestueuses portes et pénétrons dans ce terrible courant Taraï. À la profondeur à laquelle nous naviguons, le courant nous impact peu. Cependant, notre visibilité est troublée par de fortes vagues qui obstruent celle-ci, sans pour autant que ce soit permanent. En effet, le courant se calme mais nous savons que cela peut reprendre d’un instant à l’autre. Rien n’est permanent ici.

J’en parle comme s’il s’agissait de chez moi. Pas du tout.


[°°°]


La traque devient légèrement longue et fastidieuse, on s’emmerde un peu. Mais c’est en réalité l’excitation qui trouble ma perception du temps, car ça ne fait en réalité pas si longtemps que ça que nous suivons Izya et ses nouveaux petits copains. J’en connais un qui doit être ravi au fond de son navire à imaginer sa belle entourée d’hommes. Ouais, ça me fait doucement sourire. Il n’empêche que je leur suis éternellement reconnaissant.

« Ragnar, Rafaelo, juste devant nous, la prison de glace, dit sobrement la vigie avec son nez coulant de morve. »

Le navire ne nous intéresse plus directement. Nous allons nous placer sous cette prison mobile et l’infiltrer comme nous l’avions prévu. C’est maintenant que ça commence enfin. J’attends ce moment depuis si longtemps. Mandrake, le modèle que j’ai indirectement toujours voulu suivre. Le libérer de cette merde serait pour moi un grand honneur. Mais avant ça, quelques étapes nous attendent. Je me retourne vers Rafaelo en tentant de voir s’il est prêt.

Un homme de sa trempe l’est toujours.


Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Sam 11 Aoû 2018 - 14:48, édité 1 fois
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D'abord il y eu un cri qui brisa le silence provoqué par la vague de royale. Un terrible cri de lutte, de souffrance... d'agonie. Et ce fut de nouveau le silence.
Un silence pensant, un silence oppressant.

Certains purent entendre un rire de dément, le rire d'un cornu bleu qui se savait vainqueur avant même que la bataille ne commence. Le sera-t-il vraiment ?
Nul ne le sait maintenant.

Et finalement, un rugissement. La prison tremble sous les assauts magmatique de la surface, mais le véritable danger est sous la glace.

Lâchée au cœur de la mêlée, un dragon asiatique violacé et zébré de givre plante ses griffes dans la glace en parcourant les couloirs du 0 Kelvin. Les yeux d'un blanc où brillent l'instinct de mort, sa seule idée n'est autre que de protéger son antre de la vermine qui ose s'y introduire.

Protéger. Tuer. Conquérir.

Trois mots qui tournent en boucle dans son esprit parasité.

Protéger, cet homme enfermé.
Tuer, cet intrus moustachu efféminé.
Conquérir, le reste de l'enfer gelé.

Telle est sa mission sacrée.

Protéger. Tuer. Conquérir.

Le dragon s'arrête à deux mètres de sa cible, soufflant de ses narines un air aussi froid que ce qu'il est devenu. Un instant, un reflet rouge irise ses yeux. Mais ce n'était qu'un instant. Et maintenant ses dents son visibles, babines retroussées.

Ses griffes s'ancrent dans la glace tandis que son corps se repli. Il n'y a plus de doute, l'attaque est imminente.

Tuer.


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D’un bref regard, l’assassin contempla l’étendue des dégâts, autant sa main de sa blessure. Déjà, la peau prenait une teinte grisâtre, le sang commençait à se changer en fumerolles carmines tandis qu’il laissait l’intangibilité de son fruit agir comme cautérisation, bien que l’étrange rayon généré par Kenora ait déjà quasiment fait cet office. Ses illusions avaient volé en éclat, perforées de part en part par la puissance brute de l’amirale, le forçant à reprendre substance pour éviter de perdre pire encore. Le flot de sang se tarit, laissant tout de même ses vêtements maculés comme preuve de la blessure. Sa peau nue se referma, grâce à la capacité de recomposition des logias. Mais la douleur était encore là, c’était une guérison illusoire. Il se redressa, savourant le fait que Kenora ait attaqué un clone de fumée plutôt que lui. La blessure l’avait entaillé alors qu’elle aurait dû le trancher net. Il y avait comme une évidence dans l’air : il ferait difficilement le poids. Très difficilement. Il était à peine parvenu à lire ses gestes, et encore, cela n’avait pas suffi. Une telle force, une telle violence. Il entendait encore la vague perforer les salles derrière lui, tranchant cellules et prisonniers. Sans distinction pour les gardiens, ou ce qui avait pu se trouver sur son chemin. La Dame de Fer. Une belle …

« J’ai déjà vu plus bel éclat, Kenora. Tout le monde en a déjà vu de plus beaux, mais ton esprit étriqué est imperméable à ces notions. Redescend de ton piédestal, chère Amirale. Mais prend garde, tu risquerais de détester ce que tu pourrais croiser à la place de ton reflet ... mais je comprends qu’une jolie épée soit la seule chose importante pour toi. Pauvre femme. »
répliqua-t-il en attrapant une bombe fumigène entre les plaques de son gantelet.

La provoquer était une idée stupide, certes, tout autant que le fait de penser qu’une telle femme commettrait des erreurs en étant énervée. La colère et la haine semblaient être son état naturel, aussi triste que cela soit. Rafaelo exhala un peu de brume et lança sa bombe droit sur l’amirale. Elle explosa entre eux deux, venant ajouter encore plus de fumée au couloir encombré, bien que disposant d’espace supplémentaire à présent qu’on y avait tracé deux larges tranchées. D’un geste, l’assassin manipula la fumée et réitéra sa puissante attaque en mobilisant l’ensemble de la fumée. Elle s’amorça et puis … plus rien. La brume retomba, doucement, ayant perdu sa couleur noire lorsque Rafaelo s’était fait toucher. Elle glissa à terre, perdant sa volatilité et rendue dense par le froid constant, pour révéler une porte dantesque. Une porte solide, à l’épreuve de nombreuses choses … mais peut-être pas à un poing de fumée de la taille d’un géant, chargé de haki. Créer la nappe avait toujours eut une seule vocation : empêcher Kenora de voir. Et … ça avait marché ! La porte endommagée n’avait pas beaucoup bougé, mais un poing immense se dessinait au niveau de la zone d’impact, laissant la chose légèrement entrebâillée. Aucun doute, l’assassin était passé, profitant de sa capacité à se mouvoir dans la fumée pour y arriver.

Un grand bruit retentit dans la pièce, et les lumières vacillèrent un instant avant de prendre une teinte rougeâtre. Puis un son assourdissant emplit les couloirs, son d’une alerte imminente. L’alerte générale de disfonctionnement du système. Une puissante vague mentale y fit étrangement écho, secouant les murs et les esprits. Glissant sur les consciences pour réduire à néant les plus faibles. D'une force remarquable, elle avait failli drainer l'assassin en arrière. Mais il avait résisté, non sans un étrange frisson dans le dos. Glacé. Il se sentait proie, il se sentait ... encore plus en danger, si c'était possible. Peut-être était-ce qui avait permis à l’assassin de profiter d’une accalmie, le timing étonnant d’une action détonante.

« Alerte, système blizzard désactivé, fuite du liquide de refroidissement. Alerte, système blizzard désactivé, fuite du liquide de refroidissement. L'intégrité du système est compromise, veuillez évacuer les lieux prestement. Procédures de confinement en cours. En cas de contact, aucune indemnisation ne vous sera offerte. »


Une odeur âcre envahit alors le couloir, tandis qu’un filet d’un étrange liquide bleu commençait à s’échapper de l’entrebâillement de porte. Le givre grimpa alors à une vitesse fulgurante sur les renforts métalliques, trahissant la dangerosité de ce produit. Une fumée translucide s’en échappait. A l’intérieur, les bruits avaient cessé. L’assassin semblait toujours être à l’intérieur, préparant on ne savait quel fourré, à moins qu’il ne soit désespérément en train de chercher une issue à sa situation maintenant que le système blizzard ne pouvait plus être retourné contre eux. Il avait, de plus, détruit suffisamment d’éléments pour que le fluide cesse d’alimenter les laboratoires, ouvrant la porte à bien d’autres joyeusetés … Un acte de sabotage aussi insolent qu’accablé ? Peut-être aurait-il dû chercher à fuir quand il en avait encore le temps…
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Sans plus attendre, je saute au-dessus de la cellule pour détruire ce foutu système de refroidissement. Je descends, dégaine une de mes dagues que je renforce de haki et, d’un coup bref, je coupe net la serrure de la cellule. En entrant dans celle-ci, au-delà du froid qui règne, il y a comme une odeur de mort qui m’englobe. L’individu est orienté vers ma personne, il sait que je suis là mais ne semble pas me distinguer.

« … Qui est-ce ? », demande-t-il.

Il ne voit donc rien. Aveugle, comme je l’étais auparavant. Et même avec son haki, il est peu probablement qu’il me reconnaisse tant que je suis sous l’effet des pouvoirs de Reyson.

« Ragnar, on s’est rencontré sur Kanokuni. »

Il esquisse un léger sourire.

« Ah, toi… Mes souvenirs sont troubles, tu étais un jeune officier à l’époque. Émilie me parlait souvent de toi, l’emmerdeur intrépide aux méthodes assez… brutales. Kof… »

La vache. Il est bien moins impressionnant que la dernière fois. Sa voix est toute faible, il tousse à chaque fin de phrase, c’est laborieux. Bon, va falloir que je le sorte d’ici en urgence, qu’on le soigne et que j’ai une discussion avec cette connasse d’Émilie. Pas possible de me liquéfier avec lui, ses déplacements doivent être ridicules, donc je vais devoir le porter en passant en force. Ça craint un peu. Si tout fonctionne comme sur des roulettes, je devrai ne tomber que sur des petites frappes.

Alors que des gardiens me découvrent dans la cellule du plan grand criminel de la prison, ils finissent tous par tomber comme des mouches. Pratique d’avoir des potes qui utilisent le haki des rois. Izya pète vraiment la forme, c’est cool. Mandrake, lui, semble sonné par l’attaque mais survit tant bien que mal. Ça ne devrait même pas le chatouiller à son niveau, ils l’ont complètement brisé. Il n’y a que lui pour survivre à un tel coup du sort.

« Nous devons y aller, Jonas. La voie est libr… »

« Je ne pars nulle part. », me coupe-t-il sèchement.

J’élève un sourcil et fixe mon supérieur avec beaucoup d’incompréhension.

« Oy… Qu’est-ce que tu me racontes ? On part maintenant. C’est pas discutable. Si le froid te plait, on t’aménagera une chambre froide. »

« Tu n’y es pas, jeune homme. Je suis fini. Les quelques membres qui me restent ne fonctionnent plus, j’ai perdu la vue… Je suis fatigué. Je n’en peux plus de cette guerre. Je voulais créer quelque chose de pacifiste à Parisse, ce fut tout le contraire. Qu’est-ce qu’est devenu Parisse !? »

Je reste silencieux. La réponse serait bouleversante.

« Ton silence en dit long. J’imagine que tu as été sur place pour me retrouver… »

Finalement convaincu, je décide d’être un peu plus cru.

« Jonas, je ne peux pas te laisser ici, tu es une source d’informations trop importantes pour appartenir au Gouvernement. »

Entre toux et ricanement, le haut révolutionnaire me répond.

« Ragnar, j’en ai déjà bien trop dit. Tout le monde parle. Il est hors de question que je me retrouve en face de mes camarades après tout ce que j’ai pu dire. Ainsi… »

Qu’est-ce qu’il va encore me sortir ?

« … Je te demande de mettre fin à mes jours ici et maintenant. »

Oh, mon dieu. Pourquoi est-ce à moi de me coltiner ce genre de choses ?… Rafaelo aurait réagi comment de son côté ? Quoi que à choisir, je préfère ma place à la sienne actuellement.

« J’ai parcouru le monde entier pour te retrouver, j’ai infiltré Marie-Joie, kidnappé la bras-droit du chef du CP9… »

« Tu… Tu as kidnappé qui !? Libère-la de suite ! Tu ne sais pas qui est cette femme ! »

Son visage se décompose, on y voit de l’horreur. Il s’est vraiment fait massacrer. En soit, l’idée de mettre fin à ses jours n’est pas mauvaise étant donné la situation. Mais tout le monde va vouloir ma peau si je le fais… Puis même, je me suis presque attaché à lui en le cherchant partout. C’est horrible ce qu’il me demande. Que dois-je faire ? D’ordinaire, c’est plutôt simple de mettre fin à des vies quand on me le demande, mais là ça craint pas mal. C’est mon boss un peu.

« Gamin, je ne te demanderai pas ça s’il y avait d’autres solutions. Je ressens toutes ces forces autour nous, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la solution. Mon cher camarade, Rafaelo, qui se bat hardiment contre un redoutable adversaire. Exécute-moi et va l’aider. C’est mon dernier ordre en tant que membre du conseil des dragons. »

Merde. Merde. Et merde.

« Mourir des mains d’un frère est un grand honneur pour moi. C’est eux ou toi, Ragnar. »

Je suis en pleine réflexion. Il a passé tout ce temps ici à réfléchir là-dessus de son côté. Je ne pense pas qu’il soit du genre à prendre ce genre décision en se précipitant.

« Est-ce un ordre de Jonas, l’Homme, ou de Jonas Mandrake, l’un des plus grands personnages de la révolution, qui a réfléchi à la meilleure solution ? »

Il lève la tête.

« Regarde-moi attentivement, gamin. Que vois-tu ? »

En y prêtant plus attention, c’est pire qu’un film d’horreur. Jonas est maintenu en vie par des perfusions, augmentant grandement la difficulté de son évacuation. Et accessoirement, ça en dit long sur son état. Au sol, autour de lui, on peut observer des bouts de dents cachés sous la glace fondante. Ses doigts sont pour la plupart décharnés, l’individu en lui-même complètement émacié… Psychologiquement, il a en horreur le nom d’Annabella et toute histoire de guerre.

Plus la température, plus les odeurs de vomi, d’urine et d’excréments ressortent. Les conditions d’incarcération sont exécrables. Son regard, aussi blanc soit-il, ne dégage pas le moindre esprit combattif. Il n’attend qu’une chose : sa mort. Il a probablement tenté de mettre fin à sa vie un nombre incalculable de fois, malheureusement maintenu dans ce monde par les scientifiques de cette prison. Si même la seule chose qu’il espérait pouvoir faire lui est retiré…

Une fracture ouverte est visible sur l’une de ses jambes, probablement comme ça depuis un long moment, c’est immonde. Il a trop donné à la cause. Même dans l’éventualité où je parviendrai à l’exfiltrer, sa vie serait tout autant misérable, dans un lit à être questionné et consulté par ses collègues, prisonniers dans un bâtiment où on le protégerait nuits et jours, avec seulement le luxe d’avoir ce qu’il désir. Sa vie serait triste et monotone, il le sait.

Je l’observe encore quelques instants. Ses os sont visibles à travers sa peau, le visage est largement creusé… Je ne sais même pas comment son coeur bat encore. Il n’a même plus assez d’eau pour pleurer son sort. Ses cheveux rouges sont pour la plupart devenus grisâtres, tristement arrachés pour une bonne partie. Des croûtes se sont formées un peu partout dans son corps, le soupçonnant recouvert de saloperies. Je le soupçonne même d’être habité par des insectes qu’on lui aurait foutu.

« J’ai compris. », dis-je en dégainant mes deux dagues.

Les gardiens vont bientôt reprendre connaissance, certains gémissent déjà. Je croise mes deux lames que je place à la gorge de l’homme méconnaissable.

« Des dernières paroles ? Des messages à transmettre ? »

« J’ai été extrêmement heureux de servir la cause. C’est probablement la chose qui m’a le plus rendu heureux dans ma vie. Remercie tout le monde, le Guide dont je tairais le nom, ainsi que l’ensemble des hommes qui ont combattu à mes côtés. »

J’attends d’être certain qu’il ait fini.

« À titre personnel, je n’aurai qu’un seul conseil : évite de croiser le chemin du CP9 quelques temps… », dit-il en connaissance de cause.

« Humpf. Après m’être occupé du Malmouvant, je m’occuperai du CP9. Une mort pour une mort. », dis-je avec rage.

« Tu es comme me l’avait dit Émilie… Un sauvage. », dit-il en ricanant, en essayant du moins. « Allez, gamin. Respirer m’est insupportable. »

Quand il faut y aller, faut y aller.

« Adieu, Jonas. », dis-je après avoir inspiré un grand coup.

Je ne fonds pas en sanglot, mais je suis paralysé à l’idée de le faire. C’est un frère que je tue parce qu’il me le demande. C’est un type que j’ai longtemps admiré, que j’ai pris pour exemple, que j’ai voulu devenir… Je n’y arrive pas, et pourtant, il le faut. Je laisse mes bras tomber, laissant celui qui se tient de moi sans voix. Je vois la déception à son regard. Je ne peux lui refuser ça non plus.

« Je vais t’aider à te relever, juste le temps de faire quelques pas avec toi. »

Il acquiesce seulement. Je ne peux pas l’exécuter dans cette cellule, dégueulasse. Je passe son bras au-dessus de mon épaule, puis je passe le mien autour de sa taille. En le soulevant, je constate qu’il est incroyablement léger. Il ne tient absolument pas sur sa seule jambe valide, je le porte entièrement. J’avais besoin d’être sûr de son état avant de faire quoi que ce soit. Ce qui me préoccupe le plus, c’est que je traine également sa perfusion, sans laquelle il ne vivrait probablement plus.

Je l’assied contre un mur un peu plus loin.

« Bon, écoute, ma mission est de te sortir d’ici, alors je te sortirai d’ici comme convenu. », dis-je sûr de moi.

Il a bien compris qu’il n’avait plus son mot à dire. D’après mes estimations, il est fort probable que ce dernier meurt durant la voyage, peut-être même en arrivant à destination avec un peu de chance. Je le vois mal vivre davantage. Ça serait surtout contre-productif. La moindre des choses serait de respecter sa volonté avec tout ce qu’il a subi. Mais soudainement, l’homme à l’agoni tourne la tête, tandis que j’effectue le même mouvement quelques instants. Son empathie semble fonctionner, quelque chose approche.

Des rugissements, des tubes qui volent en éclat, quelque chose d’énorme approche. Et plus ça approche, plus ça semble justement énorme. C’est ainsi que quelques instants plus tard, intrigué par ce que je vois, un dragon me fait face. Sa gueule est juste là, ici, à quelques mètres de moi, dégageant un air glacial de ses narines dégueulasses. Mais en y regardant d’un peu plus près, je suis comme légèrement pris dans un profond questionnement.

« Izya ?… Qu’est-ce que tu fous là ? Quand je disais à Reyson que tu n’avais besoin de l’aide de personne… Tiens, je te présente Jonas Mandrake. Enfin, ce qu’il en reste du moins, c’est la retraite anticipée pour lui. »

« Je ne suis pas encore sourd, connard. » braille ce dernier.

Quelque chose ne tourne pas rond. Elle ne réagit, son regard est empli de rage, me disant presque qu’elle va me bouffer comme un bout de charcuterie. Je fronce légèrement le regard pour essayer de l’atteindre, mais absolument rien n’y fait.

« Jonas, ne bouge surtout, j’ai un truc à régler avec une copine. »

Qu’est-ce qu’elle fiche ? Elle ne semble pas dans son état naturel, je sens qu’elle est attaquée par quelque chose à l’intérieur d’elle-même. Izya a beau être quelqu’un d’impulsif et de colérique, ça reste quand même un personnage qui a su faire sa place dans ce monde de brutes. Certes, par la force, mais pas seulement. Alors que se passe-t-il ? L’impératif est de l’éloigner de Mandrake dans l’incapacité de se mouvoir seul.

Alors qu’elle se trouve à deux mètres de moi, je lui colle mon poing - agrandi par l’effet de mon fruit - en pleine tronche. Cela ne lui a bien évidemment pas fait grand chose, c’est seulement pour attirer son attention. Au loin, je ressens quelques présences, probablement celles des personnes responsables de son état. Cette prison doit brûler ou couler au fond de cet océan. Allez, je prends la fuite en espérant y entraîner la vilaine Izya.

« Viens ma belle, on va faire le ménage. », dis-je en esquissant un sourire en direction du dragon.

Celle-ci, sauvage au plus haut point, me poursuit en crachant un feu étrange. Des tubes avec des cadavres s’envolent, des cellules explosent, des systèmes sont broyés à chaque pas de la dragonne. Qu’ils meurent tous en paix, leur cauchemar est maintenant terminé. Là-bas, une silhouette qui, en remarquant ma présence et surtout celle de la bête, sourit bêtement. Deux choses percutent dans ma tête :

1- Il est responsable de l’état d’Izya.
2- Il est immunisé contre elle.

Loin d’être un génie, seul mon instinct va me dicter mes prochaines manoeuvres. Je continue ma course vers ce cornu au style vestimentaire répugnant, chargeant mon poing en haki. Il semble me baragouiner de belles phrases, sauf qu’elles ne m’intéressent pas le moins du monde. Il semble me dire que ma démarche est inutile, que le dragon ne l’attaquera pas. C’est certainement le cas, oui. Mais lancé comme frelon, je lui colle mon poing dans le gueule et le saisis par la face.

« Si je te tiens, elle ne m’attaquera pas non plus, c’est ça ? »

Je souris en me retournant vers ma camarade, la voyant avec le regard de braise que j’aime tant chez elle. Vous savez, celui qui dit qu’elle va vous tuer un jour. Je détruis les murs sur mon passage avec le corps du type que je tiens dans ma main, c’est assez stimulant. Entre deux débris à fracasser avec son crâne, j’en profite pour lui poser quelques questions.

« Qu’est-ce que tu lui as fait ? Et comment récupère-t-elle son état d’origine ? Tu ne me connais pas, on ne s’est pas présenté, mais amuse-toi avec moi et tu meurs la seconde d’après. »

La situation est critique. Quoi qu’il advienne, je compte le tuer au bout du compte. Bientôt un tour complet, nous allons atteindre Mandrake que je dois ramasser en route et quitter ce foutu 0 Kelvin. J’espère que Rafaelo s’en sort toujours de son côté, son adversaire n’est pas une tendre, rares sont qui ont survécu à des affrontements contre cette dernière.

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« Alerte, système blizzard désactivé, fuite du liquide de refroidissement. Alerte, système blizzard désactivé, fuite du liquide de refroidissement. L'intégrité du système est compromise, veuillez évacuer les lieux prestement. Procédures de confinement en cours. En cas de contact, aucune indemnisation ne vous sera offerte. »


- Imbécile qui pense m’avoir…

Ce que Rafaelo ignorait c’était qu’il venait effectivement de compromettre le système Blizzard, mais aussi qu’il venait d’en retirer l’engrenage principal. Tel un puzzle duquel on a retiré une pièce cruciale, le Blizzard de Jotunheim voyait à présent son liquide de refroidissement s’échapper des cuves qui le contenait. La mixture chimique tombait doucement dans les canalisations, en perçant parfois le fer en le gelant instantanément, pour tomber vers les tréfonds des étages inférieurs. Rafaelo espérait peut être provoquer une explosion tonitruante ? Oh ça, les machines principales exploseraient sans doute, mais la déflagration ne toucherait pas leur étage ni les supérieurs mais anéantirait plutôt les prisonniers des sous-sols situés près du système.

- Bien. Un problème en moins de réglé, je n’aurai pas à me soucier d’un petit cafard voulant tous nous geler maintenant.

Le visage de Rafaelo était tellement inondé de sueur, et ceci malgré le froid ambiant, qu’il ressemblait plus à une figurine de cire qui commençait à fondre. Son flanc à la chair brûlée paraissait le faire souffrir, il ne tiendrait plus très longtemps face à l’amirale à ce train là. Mais elle savait qu’il avait plus d’un tour dans son sac pour espérer s’en sortir, et ne voulait pas qu’il se mette à user de ses micmacs fumants pour échapper au glas de la mort. L’état catastrophique du système Blizzard semblait être sa chance pour tirer un trait décisif sur cette rencontre somme toute ennuyante au goût de Kenora.

- Tu as pris un coup de chaud. Besoin d’un rafraîchissement ?

Empoignant Rafaelo par le col, le bras enveloppé de haki noir, Kenora le souleva sans grand mal à plusieurs centimètres du sol. Et avant même qu’il n’ait eu le temps de réagir, l’amirale envoya le révolutionnaire valser dans les airs en direction de la porte du système, endommagée et entrouverte. Il avait voulu la piéger face à ce Blizzard ne possédant plus aucun souffle, il allait se prendre son pétard congelé en pleine figure. Au moins cette fois, il ne risquait pas de disparaître. Après tout, même la fumée ne peut pas s’échapper d’un bloc de glace…

- Prend pas froid ! Fit-elle en tournant les talons, envoyant un dernier trait d'énergie à l'aide de son espadon en direction de son ennemi qui disparaissait déjà dans les ténèbres du Blizzard.
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Cette femme avait une poigne … de fer. Il affronta son regard, attrapant malgré lui son bras d’acier, enduit de fluide noir. Il suffoqua, tentant de garder une once de dignité. Il avait déjà vécu pareille situation, et ça ne s’était pas bien terminé pour lui. Il enserra le bras de l’Amiral et, dans un geste désespéré, tenta de la griffer de sa lame secrète qui saillit de son poignet. La lame ne trancha que l’air, son adversaire n’en fut pas dupe. Un sourire torve se peignit sur ses traits, avant de se résoudre à une solution radicale. L’assassin tenta de s’agripper à elle, de la blesser mais elle était trop forte, et lui trop épuisé pour faire face. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas ressenti une telle différence de niveau, un tel écart. Un frisson glacé courut le long de son échine, et il ne fut pas dû qu’à la température ambiante. Il percuta la porte avec un cri de douleur, passant au travers tout en éclatant littéralement en fumée. Il ne vit que l’éclat de la lame de Kenora, à l’instant où elle lança sa terrible attaque, qui avait déjà failli avoir raison de lui.

Toujours sous une forme bâtarde entre fumée et humain, il se retourna pour faire face à la pièce dont il avait ravagé l’élément central. Son bras gauche s’enroula autour d’une conduite et la lame secrète s’enfonça dans le métal pour le ralentir. Il grogna de douleur en se stabilisant, frôlant le liquide bleuâtre d’un cheveu. Bien pitoyable, il se raccrocha en hauteur et parvint à peine à se stabiliser lorsque la vague irisée et dévastatrice de l’Amiral percuta la porte et la fracassa. Les volants, lourds de plusieurs centaines de kilos, furent tranchés nets et s’écrasèrent contre murs et machines. Le fluide blizzard de l’entrée fut chassé vers les bords, faisant geler puis éclater les pièces les plus fragiles de la machinerie. Puis la lame continua sa course et transforma le sabotage restreint en un trou béant, d’une rage sans commune mesure. Si Rafaelo avait à peine pu enfoncer la porte pour se ménager un passage, Kenora l’avait simplement pulvérisée, d’un revers du bras.

Puis la machinerie s’emballa, gelant tout aux alentours. Les derniers fragments encore en place se brisèrent sous l’action combinée du gel et de l’onde tranchante de l’Amirale. La pièce commença à s’effondrer en son centre, le système grinça à mesure que des fuites se révélaient un peu partout. L’assassin avait voulu désactiver le système pour empêcher la marine de s’en servir contre eux, Kenora avait retourné le tout contre lui, en en faisant sa tombe. Il regarda autour de lui, cherchant une échappatoire. Les pavés s’effondraient sur eux-mêmes, les giclées et explosions glacées se rapprochant de Rafaelo. Il s’était écarté de l’ondée en étendant ses bras, mais la réaction en chaîne ne tarderait pas à le gagner. Et, avec elle, les réminiscences du coup d’épée de l’Amirale qui commencèrent à rebondir un peu partout, cherchant à tout pulvériser. Comme si elles avaient décelé sa position, les ondes rebondirent à l’unisson. Détruisant tout sur leur passage …


Une gerbe de simili-flammes bleues s’échappa de l’antre du blizzard, léchant les murs de son froid mordant. Elles se solidifièrent en capturant l’instant fugace de leur effervescence, enserrant ce qui restait alors du système dans un geyser gelé éternel. Les cristaux de glace percèrent les murs pour figer l’endroit, générant un vent acide qui fit à peine voler les cheveux et la tunique de l’amirale. Le système condamné, la salle bloquée. Et l’assassin à jamais gelé dans les profondeurs de Jötunheim. Seul témoin de l’impudence de son adversaire, sa coupe de cheveux, déséquilibrée là où il avait failli la toucher. Là où il s’était seulement approché de son niveau. Un rat révolutionnaire de moins, jusqu’au prochain dégel … Ce qui devrait lui laisser suffisamment de temps pour s’occuper du reste, pour régler les problèmes par elle-même non ?

Crrr

Une fissure s’étendit lentement sur la surface de la gerbe, glissant entre les aspérités et les angles de la structure. L’Amirale avait déjà bien parcourut du chemin, avant qu’une mince fumerolle ne commence à s’échapper de la gangue glacée. Plusieurs dizaines de secondes s’écoulèrent, et avec elles les craquelures s’amplifièrent. D’une dizaine, elles devinrent centaine. Puis milliers. La forme gelée se mit à littéralement fumer, laissant échapper ce qu’elle cachait en son sein, puis elle s’affaissa et éclata à terre, sinistre résonnance aux fracas des attaques. Une forme humanoïde s’en échappa, la glace s’étant emparée de certaines parties de son corps. Les morceaux gelés glissèrent à terre, n’adhérant pas à la texture moitié fumeuse de la créature qui tomba à genoux, pratiquement nu. Il s’écrasa, main gauche contre terre et moignon droit en l’air. Il toussa, tentant d’étouffer la douleur et le bruit en se recroquevillant puis vomit au mieux de la glace et des débris. Tremblant de tous ses membres, l’être tenta de reprendre substance pour finir par glisser contre un mur et voler en éclat, avant de se recomposer dos contre la glace. Il trembla d’inconfort puis reprit son souffle à grande goulées. Figé dans la structure trônait un gantelet de métal la paume semblait s’être déchirée et aurait comme volé en éclat. Soufflé par une explosion venue de l’intérieur.

Rafaelo se frotta le torse, profitant de ce bref répit. Il était quasiment nu, avait perdu la majeure partie de son attirail, emporté par la glace et le contact avec le liquide bleuté. D’ailleurs, au niveau de son épaule droite, une marque violacée s’étendait à présent, pareille à une engelure. Il grimaça de douleur en la touchant, c’était là qu’il avait reçu de plein fouet le tout. C’était là qu’il avait tout pris lorsqu’il avait dû utiliser le reject dial pour repousser l’attaque de l’Amirale. Son gantelet s’était ouvert sous la puissance du choc et il avait été propulsé en arrière par action réciproque, vers la porte. Même son haki noir n’avait pu le protéger. Même la fumée qui l’entourait avait fini par se révéler trop faible pour le protéger. Il s’était recouvert intégralement de sa protection, avait même érigé un dôme qu’il pensait apte à tout stopper. Résultat, c’était passé à un cheveu. Il respira lentement pour reprendre son souffle, devant lutter pour ne pas sombrer. Pas maintenant, pas avec ce froid ambiant. Il frémit à l’idée de terminer là, gelé contre la paroi de Jötunheim. Mais pire encore. Et si Kenora … revenait ? Il entendit un rugissement qui secoua jusqu’à l’essence même de la prison, puis les fondations tremblèrent sous un impact d’une violence sans précédent. Non, il ne pouvait s’arrêter là. Il espérait simplement avoir gagné assez de temps … assez de temps pour Jonas, pour Ragnar …

Alors, péniblement, il se releva. D’un geste, il fit glisser la fumée sur lui, reconstruisant son habit délabré. Il grimaça de douleur en bougeant son bras droit, en faisant bouger son épaule endolorie. Puis retint un grognement lorsqu’il dû faire un pas, du côté où la lame de Kenora l’avait touché. Il boita quelques pas puis serra les dents et continua à avancer dans sa tenue noire. Seulement, en lieu et place de gantelet, il arborait maintenant un étrange main grise dont la substance paraissait inconstante. L’assassin posa sa main contre un mur et resta quelques secondes à fermer les yeux. Il devait se faire discret, rester hors de vue … car si Kenora comprenait qu’il était encore en vie, elle ne commettrait pas deux fois la même erreur. Il ne devait la vie qu’à son reject dial, qui avait pu contrebalancer la puissance démentielle de cette femme.
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Il a le Roi.

Une course poursuite, un grognement rauque. Le dragon violacé pourchasse sa proie un instant sans vraiment oser attaquer. Le Roi est là, entre les mains acérées de sa proie.
Mais sa proie est stupide. Il fait mal au Roi. Alors le dragon cesse d'hésiter. La proie ne veut pas négocier. Et le dragon doit sauver son Roi.

Un mur est détruit, puis un autre, et encore un. Le dragon suit le mouvement, attendant d'avoir la place pour agir. Pour Protéger.
Pour Tuer.

Et cette fois, le mur briser laisse place à une grande pièce, assez large pour passer. Alors, d'un Soru, le dragon s'interpose et Protège. D'un bond éclair, il se place entre le mur encore intacte et son Roi, recouvrant son ventre de Haki pour absorber la violence du coup qui casse les murs.

L'action a lieu. Son Roi se retrouve collé a son ventre, les cornes en avant. Mais l'armure de Haki tient bon, et maintenant, sa proie est à portée de patte. L'espace d'un instant, le regard de tueur du dragon croise celui de l'agneau.
Un futur rôti.

La patte violette attrape le cou de la cible et libère un collier en nuage noir, en nuage foudroyant. Crépitant, la foudre s'agite et s’immisce dans le corps de la proie. Avant qu'elle ne se crispe, le dragon libère le Roi d'un coup sec, et d'un nouveau Soru, le pose un peu plus loin.
Et tandis que la cible se crispe sous les éclairs de son coup, le Roi chante ses remerciements au dragon et fait demi tour en boitant et rigolant à gorge déployé.

Et tandis que le nuage fini de faire effet, le dragon libère une ribambelle de nuage qui surplombent la pièce. La température était un peu trop remontée, elle ne doit jamais augmenter. Alors la neige se met à tomber.
Une neige dense et glacée.

Un système blizzard réinventé.


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Heh… Un coup jus ne suffisait pas, je me retrouve entouré de ces foutus nuages.

- Oy… Izya. À quoi est-ce que tu joues, bordel ? T’es devenue la chienne de ce pauvre type. On n’a pas le temps pour ces conneries, j’te rappelle que Reyson est en train de risquer sa vie à l’extérieur.

Elle n’a pas l’air très éveillée la petite.

Mais quelle idée d’avoir fait appel à des pirates… Émilie m’avait prévenu. Rafaelo m’avait prévenu.

Toujours rien.

- Ma foi, tant pis. Mandrake, va peut-être falloir penser à mourir ici finalement.
- Je n’attends que ça, gamin.
- Dis, ton empathie marche encore ?
- Ça revient p’tit à p’tit, ouais.
- Bon, j’suis pas encore opérationnel avec ça, mais la p’tite est plus forte que moi, n’est-ce pas ?
- Izya ?… C’est la môme de Tahar ? Mouahaha. Le monde est vraiment trop p’tit. Ouais, ton haki se perfectionne, elle t’éclate quand elle veut. Et c’est pas une tendre.

Huuum. Je croise les bras et me saisis le menton pour mener une réflexion intensive. Izya est plus forte que moi. Je m’en doutais du coup, mais j’espérais que ça ne soit qu’un mauvais ressenti de ma part. Et c’est qui ce Tahar ? Tu m’diras, c’est toujours en voulant surpasser mes aînés en me frottant à eux que je progresse. Mais là c’est probablement pas le bon moment. Que faire avec un dragon manipulé par un drôle de type ?

Et ce système de merde qui part complètement en couille, cette alarme qui retentit depuis tout à l’heure, ces murs qui s’effondrent les uns après les autres… La mission express s’éternise et prend une trop grande ampleur. Cette prison ne sera plus d’ici quelques temps, les prisonniers non plus d’ailleurs… Je comptais sur Izya pour s’en occuper et éventuellement les récupérer. À l’extérieur, je ne sais même pas comment ça se passe. Leur réussite est primordiale pour assurer notre fuite. J’entends des bombardements mais je n’en sais pas plus.

Et Kardelya… Elle était sensée libérer Izya, sauf qu’elle se trouve devant moi et de mauvaise humeur. J’espère qu’elle ne l’a pas bouffé.

- Dis, Izya, j’sais pas ce que l’autre tarlouze t’a fait, mais même si je n’ai aucune confiance en toi, je suis à peu près certain que t’es encore là. Et s’il y a bien une autre chose dont je suis sûr, c’est l’amour que Reyson et vous portez.

Qu’est-ce que je suis en train de raconter…

- Bon… Que tu veuilles me bouffer, ok. Mais en agissant comme tu l’fais, c’est pas seulement moi que tu vas bouffer, mais aussi ton bien-aimé qui se bat comme un chien à l’extérieur. Plus on attend à se battre, plus ton chéri est en danger, aussi fort soit-il.

Elle reste comme pétrifiée. Je ne comprends pas trop, j’ai pas étudié les mouvements des dragons. C’est à la fois rassurant et effrayant, je sais pas trop. Je refuse d’entamer le combat avec allié. Surtout quand c’est allié va ne faire qu’une bouchée de ma misérable personne. J’aurais bien pris la fuite, sauf que je aussi récupérer l’autre cadavre… Puis laisser Izya dans cet état va rompre mon accord avec Reyson. Ils m’emmerdent ces pirates.

Mais alors que la neige tombait juste sous mes yeux, je relève ma tête en direction de ce dragon, ma partenaire d’infortune. Elle qui craint plus que tout le froid… Pourquoi provoquer cette neige ? Izya ne déteste-t-elle pas le froid ? Pourquoi refroidir la pièce alors qu’elle se réchauffait ? J’étais trop préoccupée par son apparence actuelle pour réellement la regarder. Quand on observe ça d’un peu plus près, ses mouvements ne sont pas ce qu’ils devraient être et elle n’a pas l’air très heureuse…

- Jonas, c’est peut-être pas pour tout de suite, finalement.
- Bataille pas, gamin. Elle est trop forte pour toi.
- Je n’ai pas l’intention de l’affronter, y’a seulement un p’tit détail qui m’interpelle.
- Est-ce que tu penses avoir le temps pour un « p’tit détail », gamin ?
- C’est notre seule et unique chance, vieux débris.

Il esquisse un sourire. Je choppe Mandrake d’une main ferme, lancé comme une mule, dans une course totalement désespérée. Mon premier objectif est de quitter cette grande salle pour retrouver les petits espaces étroits. Ainsi, on arrête avec le dragon qui peut faire des Soru. Ça me gonfle pas mal de le voir me passer devant aussi facilement à chaque fois. Le monstre me pourchasse autant qu’il peut, affaibli par ce froid, contrairement à ce que semble croire son esprit.

L’esprit contrôle le corps ? C’est faux. Izya est à la traîne. Izya est essoufflée. Izya s’affaiblit. Je ne sais pas ce qui lui arrive mais elle n’est de toute évidence plus en mesure de contrôler son corps. Alors je cours aussi vite que je peux, je quitte ce 0 Kelvin et je prends le seul chemin que je connais : celui qui mène au niveau 1. C’est la merde partout. Des cadavres gisent au sol, certaines personnes se réveillent de l’effet du haki du roi, d’autres s’affrontent encore. C’est un véritable carnage.

Au loin, je ressens les présences de Rafaelo et de l’amirale. Je continue ma route vers mon objectif. Mon animal de compagnie détruit tout sur son passage, je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire quand je la vois en train de tout casser. C’est telle que je l’imaginais. Au fond du couloir, là, je vais arriver dans la grande allée où le système de refroidissement - brillamment saboté - se trouve. La température augmente. Mandrake est toujours dans mes bras, je stoppe ma course et me retourne en attendant Izya.

Elle est là, face à moi, prête à me déposséder d’un seul coup. Je la regarde fixement et quelque chose semble se produire. Elle retrouve un peu de couleur.

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La main sur le flanc, le dos contre la glace. Il ne fallait pas perdre de temps, il ne fallait pas se laisser ralentir par ces blessures futiles. L’assassin serra les dents et se pencha en avant. Il avança en en titubant, entraîné par le poids de son corps. Le froid et la fatigue engourdissaient ses sens. Il secoua la tête puis pris une grande bouffée. Il percevait encore, au loin, la bataille qui faisait rage bien au-dessus. Il ne percevait plus Kenora, et c’était tant mieux. Il s’empara alors des bandages qui trainaient dans sa besace et chassa sa tunique à l’endroit de la blessure de Kenora. Le sang s’évaporait sous forme de fumée, mais il vit que la blessure avait du mal à se refermer. C’était comme si les bords cherchaient à se rapprocher mais ne faisaient que s’entrelacer de fumée pour ne pas parvenir à se suturer. Il regarderait cette étrange blessure plus tard. Il s’entoura le flanc de bandes et serra avec un grognement. Les murs tremblèrent encore, et un rugissement terrible se fit entendre, secouant une fois de plus Jotunheim. Quelques blocs de glace se détachèrent, roulant sur le sol avec fracas. Ce n’était pas encore fini. Il tira une fiole d’une de ses poches intérieures et en but une longue gorgée qui lui réchauffa le corps. Il imbiba aussi les bandages, ce qui le brûla immédiatement, puis fit se reconstituer la tenue par-dessus sa blessure. Si ce n’avait pas été un clone de fumée, il serait mort. Foutue Kenora …

L’assassin se concentra, fit le fit dans son esprit. Il espérait avoir pu laisser suffisamment de temps à Ragnar pour aller chercher Mandrake. Il laissa son mantra dériver, jusqu’à capter la voix de son camarade, étrangement proche. Un frisson courut dans son dos, lorsqu’un puissant rugissement secoua jusqu’aux fondations mêmes de sa cachette. Et il le sentit. Là, tout proche de Ragnar. Faible, un reliquat de cette puissante volonté qu’il avait été : Jonas. Ils étaient en train de remonter du 0 kelvin à la première zone, non loin de leur supposé point d’évacuation. Il leva les yeux et essaya de comprendre ce qui se passait. Il tira son denden, tenta de le réveiller, sans effet. L’endroit était trop froid, trop profond … ou il y avait tout simplement un brouilleur. Il soupira, rangea l’animal et entreprit de poursuivre Ragnar qui s’enfuyait derrière cette sorte de voix mêlée de rage et de crainte.

Surgissant des systèmes usés de ventilation, une forme grise se matérialisa devant le dragon. Rapidement, la brume prit la forme d’un homme aux multiples blessures. D’un geste, Rafaelo fit naître un épais mur de fumée qui emplit le couloir et les sépara de la dragonne. Ledit mur se macula d’une substance noire et s’enfonça dans les parois en fracturant la glace. De son autre main, il fit jaillir une colonne de fumée qui percuta le mur et le fit reculer vers le fond du conduit, avant de se désintégrer autour du reptile qui fut forcé de reculer sous l’impact. Une pluie de glace dans la brume. Pourquoi Izya était-elle dans une telle colère ? Il ne perdit pas de temps à comprendre ce qui se passait, il tourna la tête et croisa le regard du squelette qu’était devenu Mandrake. Il serra les dents pour ne pas laisser entrevoir le choc que cette vision lui causa. C’était une icône projetée à bas de son piédestal. C’était … un héros qui tombait. Il inspira, profita de ce bref répit. Il se tint, malgré lui, le flanc. Ses habits cachaient cependant la majorité des blessures les plus graves.

« Jonas. » fit-il en le saluant de la tête.

Le sol trembla de nouveau, attirant leur regard vers le fond du couloir. Rafaelo soupira et ramena la brume à lui d’un seul geste. Il inspira de nouveau et recracha une fumée noire qui ne tarda pas à s’enrouler autour de ses membres. Il avait mal, il était perclus de blessures. Mais la mission n’était pas terminée.

« Mettez-vous à l’abri. » grommela-t-il en saisissant sa dernière bombe fumigène.

Il la lança au loin où elle éclata devant le dragon qui semblait revenir à la charge, bien que légèrement plus coloré qu’auparavant. L’assassin se précipita alors vers la masse de fumée en expansion et s’y jeta dedans puis ce fut un long cou écailleux et gris qui surgit de la masse, ainsi que des pattes aux griffes acérées entourées d’une aura brumeuse. Puis des ailes sans substance qui s’écrasèrent en les raclant. Il fallait bien un dragon pour retenir un dragon. Se gorgeant de fumée, la créature de fumée se jeta sur celle de chair et d’os, ouvrant la gueule pour lui faire face. De ses dernières forces, cherchant à repousser ce dragon sans bien comprendre d’où venait sa fureur. Mais il était trop épuisé pour penser plus loin que de gérer les urgences. La créature de fumée se gorgea de noir et percuta Izya avec la volonté de la mettre à terre et de la canaliser.

Spoiler:


Dernière édition par Rafaelo le Mer 3 Oct 2018 - 21:04, édité 1 fois
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Je perfore les couches de glace les unes après les autres à la recherche d’une geôle salvatrice, seul refuge possible dans mon esprit. Avec moi, je tiens un soldat de la marine inconscient, assommé à la fois par le haki des rois et mes hormones. Un compagnon. Un autre pauvre prisonnier qui s’est retrouvé en-dehors de sa cellule et qui va être dévoré par les loups s’il n’y retourne pas bien vite. Je l’ai déjà vécu. Je connais leurs crocs et leur agressivité. Je les ai déjà vus dévoré un homme sous mes yeux… Mais cette fois encore je parviendrais à retourner derrière les barreaux à temps. Et cette fois je sauverais ce pauvre hère pour qu’il ne soit pas laissé en pâture pour les loups. Cette fois Impel Down n’aura pas raison de moi. Ni cet enfer glacial ni ces gardiens qui s’amusent à nous libérer pour nous torturer en brisant de vains espoirs de liberté. Non, je vais retourner dans ma geôle pour qu’ils ne puissent pas me tuer. Je vais y retourner pour attendre ma mort lentement, car tel est l’unique destin des prisonniers de l’enfer.

Alors je poursuis mon avancée au milieu de ce cauchemar, faisant tomber les murs les uns après les autres sous les coups frénétiques de ma lame. Je prends des directions au hasard, je me fatigue et perds peu à peu espoir. Je ne trouve pas les cellules. Mais les loups ne se montrent pas encore non plus. Sans doute sont-ils occupés à dévorer tous les hommes qui étaient inconscients près de l’entrée… Hélas, je ne peux pas sauver tout le monde. Il me faut déjà me sauver moi…

Et je parviens dans une nouvelle pièce qui est habitée cette fois, mais qui ne contient toujours pas de geôle.

« Qu’est-ce que vous attendez ? Retournez vite derrière vos barreaux ! »

Mais la femme qui soutient un homme squelettique ne semble pas comprendre mes propos. Probablement une nouvelle prisonnière qui n’a pas encore vu les loups. Je regarde dans la direction à laquelle ils font face et je m’arrête aussi. Ce ne sont pas des loups mais deux immenses bêtes, une colorée et une grise et noire qui luttent. Ce ne sont pas des loups… mais des dragons ! Si de simples bêtes sont si dangereuses, que sont ces animaux légendaires ? Je jette un regard à l’homme que je traine depuis le départ. Se sauver de loups c’est une chose, mais de dragons… Avec ce froid ambiant qui ralentit mes mouvements… Non, on ne pourra pas s’en tirer tous les deux, et je ne suis pas assez bon pour faire passer un inconnu avant moi. D’autant plus qu’il est déjà inconscient et ne peut pas s’enfuir seul. Je me tourne vers la femme et le vieil homme, plante mes doigts pointus dans le corps du soldat que je lance vers les deux dragons et crie :

« Où sont les cellules ? Sauvons-nous ! »

Le soldat projeté vers les deux bêtes fantastiques augmente de taille au cours de son vol. Il devient aussi grand que les dragons et poursuit encore sa croissance. Jusqu’à atteindre la taille d’un demi-géant dans un espace bien trop étroit pour lui…

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Protéger. Tuer. Conqu.

Qu'est ce qu'il se passe ?

J'ouvre les yeux de mon esprit bloquée dans un univers remplie de noir. Comme flottant dans les ténèbres, je m'éveille difficilement dans cette atmosphère qui me plonge dans une incompréhension totale.
Où suis-je ? Que ce passe-t-il ?

Nageant dans cette océan infini de noir, je regarde autour de moi et fini par entrevoir une fenêtre sur le monde que mon corps voit. Où mon corps agit. Là, dans cette fenêtre ouverte sur la réalité, j'observe le dos d'une femme qui court tout en portant un homme à moitié mort. Autour de cette femme, l'environnement est froid, maculée de blanc. J'en frisonne intérieurement, je n'aimerai vraiment pas être là bas.
Mais le suis-je ? Où suis-je ?

Protéger

Une voix résonne dans cet univers. Une voix sourde, profonde et intense. Elle fait vibrer tout mon être sans que je le veuille.

Tuer

Encore cette voix. Quelle est-elle ? Je en comprends toujours pas. Que se passe-il ?

Conquérir

Quoi ? Qui êtes-vous ?

Pas de réponse. J'insiste, je redemande, cherche à savoir... Mais rien. Il n'y a pas un bruit dans cette univers de noir. Seul cette fenêtre sur le monde bouge sous mes yeux. A quoi correspond-t-elle ? Je l'ignore.
Mais comme il n'y a qu'elle, je m'en approche et l'observe plus attentivement. Et plus je regarde, plus je m'éveille, plus je ressens des choses.
Ces choses... le froid. Je commence à le ressentir en moi. Il est mordant, comme toujours, mais moi qu'avant... Avant quoi ? C'était quoi, avant ?
Des souvenirs me reviennent. Le froid, la glace, des chaines. Jotunheim. Il y avait ce type qui parlait en vers. Je me rappelle Maya. Mais il n'y avait pas qu'elle.

Je n'étais pas seule.

Raphael !

Je me souviens l'avoir vu me regarder avec des yeux bleues, je me souviens de l'emprise du cornu sur son esprit, de ce liquide aussi froid que l'enfer. Je me souviens des mots... Explications de la situation.
Le parasite.

La peur m'envahit, je refixe attentivement la fenêtre. Et soudain je les voies, mes pattes de dragons galopant vers cette cible qui fuit. Cette cible qui s'est arrêtée. Les tatouages sur ces joues...
Ragnar !

Le parasite. Il contrôle mon corps. Il veut le tuer ! Non. Hors de question ! Je ne le laisserai pas faire ! Je.

Je dois reprendre le contrôle de moi même.

Mon esprit boue dans cette prison noire où il est enfermée. A mesure que ma force me revient, ma prison semble s’altérer, s'effriter.

SORS DE MA TÊTE !

Un instant, mon esprit lutte, je me bas pour le contrôle qui me revient de droit. Et cette voix résonne une fois de plus, un instant, je l'arrête, et mon corps s'arrête aussi, à quelques mètres de Ragnar. Une étincelle rouge passe fugacement dans mes yeux avant qu'ils ne redeviennent bleues.
Le froid engourdi mes sens et mon esprit, mais surtout, il maintient ce parasite en vie.

Et soudain, c'est le choc. Un mur de fumée solidifié par le haki me heurte, m'obligeant à reculer grandement sous l'impact. Le parasite s'énerve, reprend contenance sous cet affront.
Il rugit par mon corps et reprend son assaut sur ceux qui devaient me libérer de mes chaines. Et soudain, une nouvelle vague de fumée se répand et de cette fumée naît un dragon pour me faire face.

Malgré moi, mes griffes s'agitent et balayent l'air de façon à envoyer des lames à mon adversaire. Puis mon corps changent, prenant ma forme hybride ailée. Et tandis que mes ailes battent l'air férocement pour provoquer un vent violent, mes mains tournent l'une face à l'autre et fabriquent une petite tornade qui se retrouve propulser vers ce monstre fumant.

Et tandis que mes yeux regardent droit devant, je peux voir arriver derrière mon adversaire un nouvel arrivant.

Je ne l'aperçois qu'une seconde avant de devoir revenir à la réalité. Ma tornade lancée fonce sur la bête de fumée ailée tandis que mon corps redevient draconique et que dans ma bouche je sens se créer un nuage de foudre.

La peur me submerge tandis que le parasite continue d’œuvrer à sa guise avec mon corps.

Je ne peux pas continuer ainsi. Je ne peux pas le laisser m'utiliser pour se battre.
Je refuse d'être responsable de Ses blessures.

Dans un ultime effort de volonté, je lutte pour reprendre le contrôle de mon corps. Mais le parasite, sentant la menace et connaissant mon corps, s'entoure de nuage de neige, baissant la température de mon corps. Mon esprit gelée ne peut gagner, et l'éclair jaillit de ma gueule contre mon gré tandis qu'un demi géant m'arrive dessus et me percute.

Les ténèbres se reforment autour de ma conscience, je me sens de nouveau plonger dans les limbes. Dans un ultime effort, je hurle mes pensées aux mondes de ceux pouvant les entendre. Je hurle cette solution que je n'ai pas réussis à appliquer.

BRÛLEZ MOI !


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Tu parles, j’ai encore risqué ma vie comme un amateur. Sans l’intervention de Raf’, je serais probablement déjà mort à cette heure-ci. Pourtant, j’ai réellement l’impression qu’il se passe quelque chose. Certes, mon camarade révolutionnaire est balèze, mais il est néanmoins épuisé par son combat face à l’amirale - c’est d’ailleurs un miracle qu’il en soit ressorti vivant - et ne devrait pas être en mesure de tenir Izya aussi facilement. La femme à la chevelure rougeâtre est probablement en train de se battre avec son parasite.

Dans le même temps, un corps quasiment aussi balèze que les deux bêtes, s'interpose de manière assez brutale sur le champ de bataille. Ça provoque un petit break et ce n'est pas plus mal. Théoriquement, c'est le moment d'agir, ou de fuir, comme le propose Rafaelo, sauf que je n'y parviens pas. C'est pas physique. On ne peut pas dire que j'ai subi beaucoup de dégât contrairement à mon collègue... Ce sont plutôt les sentiments d'Izya qui m'empêchent de la laisser dans cet état. Ou le pacte que j'ai avec ce foutu Reyson.

Je sens en elle des doutes, de la colère, de la frustration… Une personne bien tourmentée malgré son sale caractère. Cela dit, il y a de quoi l’être quand on voit son corps agir sous les commandements d’un autre. Un combat de géants, des battements d’ailes, des bourrasques, ça s’agite pas mal. L’assassin nous invite gentiment à nous sauver de là. En effet, l’issue n’est pas très loin, j’ai juste à y foutre Jonas et la mission est accomplie.

Sauf que… Ouais, telle quelle, la situation est catastrophique. Reyson va retrouver sa gonzesse possédée et me hanter à tout jamais, Rafaelo va rester bloqué dans cette prison à cause de la dragonne. Réussir une mission c’est toujours cool mais j’aurais ce sentiment d’inachevé. Le déchet sur mon dos ne dit pas un mot, il reste silencieux et tente de suivre silencieusement la situation. Tché. Quelle plaie.

- Ah ?
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ? demande Mandrake.
- Tu ne vois pas ?
- T’es con ou quoi ?
- De suite les grands mots… Tiens, bouffe mes cheveux, vilains, dis-je en agitant ma tête. Izya semble vouloir lâcher un truc.
- Lâcher… Tu veux dire « vomir » ?
- Ouais, peut-être son p’tit déjeuner.

On avait tout faux. Elle hurle un truc improbable, du style « brulez-moi ».

- Elle a vraiment dit ça ?
- Euh ouais, j’crois bien. Elle est pas nette ta pote.
- C’pas ma pote. C’est toi qui connais son père.
- De loin. Et c’est probablement mieux ainsi.

Bref, ça ne règle pas notre problème. Néanmoins, ça démontre bien qu’elle est encore vivante quelque part. Et aussi que ma théorie est bonne. Il lui faut plus de chaleur et c’est compliqué d’en trouver. Aoi se bat à l’extérieur donc je ne vois pas qui peut vraiment s’en occuper. Réfléchis, Ragnar ! On ne peut pas s’éterniser là-dessus. Anticiper les complications, c’est normalement mon job de leader, mais qui aurait pu anticiper un truc pareil.

- Dis, gamin, t’es un homme - ou une femme - encre si j’ai bonne mémoire ?
- Ouais, et ?
- J’suis pas chimiste mais m’semble bien que l’encre est inflammable.
- MAIS J’VAIS PAS ME CRAMER POUR SA GUEULE !
- J’proposais ça comme ça.
- Attends.

Je regarde alors Rafaelo, notamment sa ceinture et son mousquet fièrement attaché. Si je me souviens de mes années d’école à la marine, cette arme marche avec de la poudre qui, elle, est extrêmement inflammable. Je m'approche de mon confrère qui doit se demander comment nous sortir de se pétrin. Il doit même être surpris de me voir encore ici.

- Raf', j'ai b'soin de ton mousquet et de toute ta poudre en réserve.

Le révolutionnaire acquiesce, comme s'il avait deviné mes intentions. Rusé qu'il est, bien sûr qu'il a deviné.

- Accroche-toi, le vieux, dis-je d'un ton froid et sérieux.

Je me mets à courir à toute vitesse. Petit service en vitesse. Le temps presse. Pas la peine de discuter, on se comprend très bien ainsi tous les deux. On sait ce qu’on a à faire. Bon, souvent, c’est lui qui répare mes conneries, mais quand même. Alors après avoir eu une course d’élan, je saute, le dragon de fumée frappe mes pieds, joints et chargés en haki, me projetant sur Izya. Aussitôt envoyé dans la gueule du loup, Rafaelo se charge de neutraliser la dragonne, avec laquelle il s’échange quelques coups.

De cette hauteur, je surplomb un peu tout l’étage et j’observe quelques instants la pagaille qu’on a foutu. Tout était si propre, si blanc, quand nous sommes arrivés, c’est maintenant un véritable champ de bataille. Des tas de cadavres, des types qui perdent connaissance et d’autres qui se relèvent. C'est la guerre, hein. On a kidnappé l'un de mes boss, ma mission est de le récupérer par tous les moyens.

Je m’allume rapidement une de mes vieilles clopes, je tire une latte en regardant une dernière fois cette vue apocalyptique, puis après avoir chargé le mousquet, je saute vers l'avant du crâne. Son regard croise le mien, je jette le sac de poudre sur sa tronche et je tire dessus durant ma chute. Une grande détonation. Izya s’embrase. Izya, je l’espère, va renaître de ces flammes. J’atterris non loin de ce feu de camp, avançant vers mon camarade révolutionnaire. Il doit probablement me prendre pour un grand imprudent, lui, qui est si méticuleux dans tout ce qu’il entreprend.

- Faut s'tirer, mon ami. Reyson est là maintenant, c'est à lui de s'occuper de sa gonzesse. J'ai déjà un vieux débris à évacuer d'ici, j'vais pas faire en plus du gardiennage de dragon sentimentalement instable.

Je jette un dernier regard en direction de Reyson.

- On se retrouve à la sortie. J'ai un corps à retrouver.

Si tout se passe selon les plans, on devrait tous entamer les mesures d’évacuation et se rejoindre aux coordonnées décidées avant la mission. Bien sûr, la marine ne nous laissera pas nous échapper sans rien faire. De manière imprécise, je ressens de grandes puissances à l’extérieur, sans compter l’amirale en chef dont la présence me fait encore trembler. Yamamoto est aussi à l’extérieur. Tirons-nous d’ici, séparons-les, prenons le contrôle de la situation.



Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Sam 13 Oct 2018 - 11:17, édité 1 fois
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La moitié du dragon s’affaissa, les griffes d’Izya passant au travers comme dans du beurre. Reprenant substance, la créature parvint à contenir un peu plus le lézard de chair et de sang, mais au détriment de son corps qui perdait peu à peu en substance. Perdant le surplus de maîtrise que lui permettait le fait de se fondre dans la forme fumigène, il laissa le dragon de fumée tangible faire front en le maintenant de son mieux de ses deux bras. Il grogna de douleur en levant les bras, remobilisant la fumée qu’Izya ne cessait de balayer de ses dents et de ses crocs. Tantôt tangible, tantôt inefficace. Lorsqu’une forme gigantesque le balaya par l’arrière. Il fut traversé par le colosse, et se reforma quelques secondes plus tard, en piteux état. Il tenta de redonner corps à sa création mais en vain. L’assassin posa lentement un genou à terre. Le sol tremblait, du sang perlait de ses lèvres et goutait sur la glace. Son flanc n’était plus que douleur. Ne pouvant mobiliser à nouveau autant de fumée, il lâcha tout. La brume fut dispersée aux bords du couloir, laissant un assassin solitaire face à un dragon aux dents effilées. Le cri de la bête lui vrilla les tympans, tandis qu’il faisait saillir de sa gaine sa lame secrète, tout en se tenant les côtes de l’autre main.

BRÛLEZ MOI !

Le cri se répercuta sur les murs de glace, ricochant jusqu’aux tréfonds de la prison. Rafaelo dut reculer d’un pas sous la puissance de la voix de la bête.

- Raf', j'ai b'soin de ton mousquet et de toute ta poudre en réserve.


Fébrile, l’assassin tourna la tête pour apercevoir Ragnar, la main tendue. Il acquiesça et, non sans douleur, s’empara de son mousquet restant et attrapa le sac de poudre contenue dans sa sacoche de ceinture. Il posa le tout dans la main de son camarade avec un petit sourire. Que la situation fit rapidement disparaître. Déjà Izya reprenait du poil du monstre et levait sa gueule bardée de crocs sur eux. Ragnar ne pourrait pas y parvenir seul … pas si quelqu’un n’attirait pas l’attention de la dragonne. Bon sang, il était déjà à bout. Rien qu’un peu … rien qu’une dizaine de secondes de plus. Pour … Jonas. Pour la révolution. Jusqu’à la mort.

La fumée reflua vers Rafaelo, qui se para d’une teinte grisâtre. Levant son bras gauche, l’assassin ramena le nuage devant lui et en fit jaillir une main immense qui donna de l’impulsion à Ragnar, avant de fuser vers Izya. La fumée s’écrasa sur son flanc et glissa sur ses écailles avant de resserrer son étreinte. La créature, de ses dents noires, attrapa le bras de fumée émanant du révolutionnaire et y enfonça les crocs. Cette fois-ci, il resta tangible, mais un cri de douleur répondit à l’attaque de la bête. Puis un coup de feu retentit et la bête hurla alors que les enfers s’abattaient sur elle. Une explosion à cette distance ne laissait pas indemne. La fumée reflua et l’assassin tituba en arrière. Il trébucha sur un corps derrière lui et s’écrasa contre un mur de glace. Un nouvel individu avait fait son entrée. Reyson, c’est … ça ? Oui, il se souvenait de lui … des années auparavant. Et dans le plan, dans le plan aussi … Où … où était Jonas ? Il faisait bien froid, tout à coup.

- Faut s'tirer, mon ami. Reyson n’est pas très loin, on peut laisser Izya seule quelques instants.

L’assassin sursauta. Son esprit engourdi n’aspirait qu’au repos. Il avait perdu du sang, son bras gauche était ensanglanté, présentant d’étranges traces de morsure. Il expira et regarda de nouveau Jonas. Son état ne lui permit pas de faire bonne figure. Il entrouvrit la bouche, ne sachant trouver les mots dans ce bref instant de répit.

« Oui … partons. Nous devons évacuer. Tout de suite. Et … trouver un médecin. » fit-il, toujours en regardant Mandrake.

Mais ce n’était pas vraiment de Jonas qu’il parlait. Il regarda sa main droite, toujours appuyée contre son flanc. La blessure saignait encore. L’assassin se remit d’aplomb et serra les dents pour ne rien laisser voir. Il boita vers leur voie de retrait. Mais les gouttes de sang qu’il laissa derrière lui ne présageaient rien de bon.

« Les capsules doivent toujours être en place … Des nouvelles d’en haut ? » demanda-t-il à Ragnar, bien que la question aurait mieux fait d’être posée à Reyson.
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La femme à qui je parle ne me répond pas. Ou pas vraiment. Au lieu de fuir vers les cellules, elle est partie droit sur le monstre qu’elle a embrasé. A côté de ça, du monstre gris est sorti un homme en piteux état. Est-il un homme ou un dragon ? Fait-il parti des prisonniers ou des gardiens mesquins qui s’amusent avec nous ? Comme cette cyborg qui m’avait sorti de ma geôle pour faire un tour dans l’enfer glacé, pour me fatiguer davantage et s’amuser de mes espoirs brisés à la venue des loups…

De quel côté sont-ils tous ? Une personne saine d’esprit, comme moi, saurait qu’il n’y a qu’une seule issue possible si l’on veut rester en vie : s’enfermer au plus vite derrière les barreaux. Alors pourquoi semblent-ils plutôt calmes ? Pourquoi la femme parle-t-elle de se retrouver à la sortie ? Tout le monde sait qu’il n’y a pas le moindre espoir de s’en tirer… Euréka ! Elle le sait très bien aussi mais me pousse à continuer, comme cette cyborg ! Et puis cet homme monstre qui en affrontait un autre, c’est sans doute parce qu’ils n’ont pas assez de prisonniers à se mettre sous la dent et ils se disputaient le prochain repas !

Ils veulent m’avoir, taire ma vigilance pour me la mettre à l’envers. Des gardiens qui se lassent de leur journée et qui viennent nous hanter… Comme si l’enfer ne se suffit pas. Sauf que je ne vois pas encore les loups. Qu’il n’y a qu’une femme aidant un vieil homme à tenir debout et l’homme monstre gris est blessé. Ils ne m’auront pas !

Alors je dégaine une deuxième lame qui était rangée à ma taille. Tiens, depuis quand ai-je deux sabres ? Qu’importe. Je croise mes bras avant d’envoyer deux lames d’air horizontales, rapidement suivies par d’autres. Certes, cet effort me fatiguera dans cette ambiance froide et glaciale, peut-être même me coûtera-t-il la force d’atteindre une cellule, mais il le faut. Il le faut pour une simple et bonne raison.

« Vous ne m’aurez pas cette fois ! »
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Des flammes. Douce chaleur qui parcours mon corps en tout point. Tel une caresse revigorante, le feu s'empare de mon être et balaye tous mes tourments. Enfin je revis sous ces flammes dansantes. Mon esprit s'éclairci, le parasite qui hantait ma vie est maintenant cuit. Libre de mes gestes, il est temps pour moi d'imposer mon propre climat à cet enfer de glace.

Mon corps draconique se redresse dans ce chaos enflammé, tel un phénix sortant du brasier, je renais et reprends contenance. Une brise glaciale fait vaciller un instant mon nid de flamme. Alors j'ouvre la gueule, et déverse sur ce monde froid un nouveau torrent de feu. Les murs autours de moi luisent sous cette chaleur devenant à chaque instant plus intense. Ils commencent à fondre. J'arrête le flot de flamme, je vais enfin pouvoir me déplacer sans être gênée par les températures en dessous de zéros qui sont maintenant remplacée par une douce atmosphère de forêt tropicale : à la fois chaude et chargée d'humidité.

Reprenant forme angélique, je m'avance enfin vers les hommes qui me devance. Je vois Ragnar féminisé, avec sur son dos un homme a moitié mort. Sans doute Jonas. A ses côtés, il y a le type qui m'a agressée avec de la fumée, surement un autre révolutionnaire. Et en face d'eux, Reyson.
Reyson qui, une fois n'est pas coutume, a succomber à la torpeur de ce lieu et s'est fait engloutir par ces démons. Et tandis qu'il attrape Argument Décisif de sa main libre, je me doute de la suite à venir.

Soru.

D'un bond, je me retrouve entre lui et les trois autres types, mon corps a pris ma forme hybride recouverte de pique acérée et les flammes qui m'entouraient me suivent en continuant de brûler tranquillement les lambeaux de ma tenue de prisonnière. Comme dans une danse enivrante, je balance des lames d'airs grâce à mes griffes pour contrer celles qui m'arrivent dessus tout en réduisant la distance qui me sépare de Reyson.

Tu es arrivé en retard Ragnar, et maintenant on en est là. Enfin. Barrez vous tous les trois, je m'occupe de lui... Je vous dois bien ça.

Disé-je aux trois révolutionnaires dans mon dos avant de réduire encore la distance qui me sépare de Reyson pour pouvoir le résonner, comme je l'ai toujours fait.

Continuant mon manège de parade, j'arrive finalement juste en face de Reyson, et avant qu'il n'envoie plus de lames d'air, je lui attrape les poignets d'un geste ferme et lui colle son poignet droit devant son nez. Celui là même où le bracelet que je lui ai jadis offert est accroché.

Dis donc, toi. N'étais-ce pas toi qui devait venir me sauver dans cet enfer gelé et non l'inverse ? Il me semble pourtant qu'avec ce bracelet au poignet tu avais tout les atouts pour ne pas céder à tes démons. Alors maintenant, reprends toi, et filons d'ici.

Mon corps continue d'être parcourue de flamme, je prends donc le risque de le lâcher avant même qu'il ne me réponde et de m'éloigner d'un pas afin de ne pas le brûler. Mais mon regard est toujours plongé dans ces yeux. Dans ma tête, je m'étais vraiment imaginée que ce serait lui qui viendrait me sauver de cet enfer.
Mais comme tout ce que j'imagine avec lui, cela n'arrive jamais. Cela dit, je ne lui en veux pas, c'est aussi pour ça que je l'aime.


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- Il a d’la chance que sa gonzesse soit venue l’aider, j’te l’aurais bouffé celui-là. Déjà qu’il m’a transformé en sexe faible, il ose m’attaquer.
- Kof ! Arrête de me faire rire, ça va me tuer, ironise à peine Mandrake.
- Tss… Bref. On se retrouve à la sortie, Izya.

En me retournant rapidement, j’aperçois mon camarade dans un état déplorable.

- Le moins que l’on puisse dire est que tu t’es donné sur ce coup… La fin de ce calvaire est proche.

Izya s’occupe de Reyson. Je n’ai aucune nouvelle de Kardelya et son équipe, ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu. Que dois-je faire ? Continuer comme convenu ou laisser Rafaelo s’occuper de l’évacuation de Mandrake ? Ce dernier est complètement usé par ses combats, il est hors de question que je lui en demande davantage. Kardelya m’a quand même presque supplié de lui faire confiance. Je comprends mieux pourquoi Émily ne souhaite pas s’attacher au jeune subordonné que je suis… Non. Je pense qu’elle a tout simplement rien à foutre de ma gueule.

- Tu m’as l’air bien tourmenté, gamin.

Le temps d’un instant, je m’arrête en levant les yeux vers le plafond glacé. Le visage débile que laissais paraître s’efface pour prendre un regard un peu plus

- Je comprends mieux la difficulté que vous éprouvez à partir en guerre avec vos hommes, tous les deux. Suivre le plan ou tenter de sauver le plus de camarades possible ? La deuxième option risque d’entraîner des plus grosses pertes et l’échec de la mission. Tout ça, je le sais pertinemment, et pourtant, il y a toujours cette boule au ventre qui me fait marcher en moonwalk.

Rafaelo esquisse silencieusement un sourire, tandis que la vieille branche tousse avant de prendre la parole.

- Faut croire que tu mûris, gamin. Je me sens assez égoïste de dire ça étant donné que je représente la mission… Mais c’est ce qu’il faut faire. Des potes, tu en as probablement perdu et tu continueras d’en perdre. En tant que leader, les seules choses auxquelles tu dois penser sont : comment atteindre les objectifs ? Comment limiter les pertes ? C’est tout. Enfin, je t’expliquerai ça plus tard, on a du pain sur la planche.

Dit-il affalé sur mon dos. Mais il a raison. Le temps nous est compté et la présence du couple de pirates nous facilite grandement la tâche. N’en abusons pas et tirons-nous d’ici. Nous atteignons rapidement le couloir duquel nous avions creusé notre entrée, mais aussi notre sortie par la même occasion. Pour la discrétion, nous nous étions faufilés à travers un léger trou, sauf que cela n’a plus aucune utilité maintenant.

Mon poing se noircit de mon encre et s’agrandit par la même occasion avant de se solidifier. J’arme une frappe et j’envoie la gomme sur ce trou de souris que explose à l’impact. Et qu’est-ce qu’on voit ? Un tunnel jusqu’à la porte d’entrée de notre sous-marin encré aux parois de la prison. Je saute le premier avec mon sac d’os à dos, puis Rafaelo suit douloureusement ensuite. Le pilote nous ouvre la trape, on y place confortable Mandrake, suivit de Raf’ et moi. Mais moi on s’en moque, je m’en sors plutôt bien.

- Allez, tirons-nous d’ici en vitesse ! Ça fait combien de temps que tu n’as pas vu la lumière du jour, Jonas ?
- T’as pas idée…
- J’ai quand même ma p’tite idée pour t’avoir retrouvé.

Un silence de mort. Ok, j'ai pas été rapide mais c'est pas de ma faute. Puis j'ai donné de ma personne aussi.

- Ne m’regarde pas comme ça, c’était pas évident. J’ai failli y passer en pour ta… toi. Regarde, dis-je en montrant ma cicatrice au niveau de l’abdomen. Je digère mal ce que je bouffe maintenant.

Le sous-marin démarre. Je m’allume une mèche comme pour me détendre. Néanmoins, je m’attends tout de même à ce que les choses prennent une tournure inattendue. On sait jamais. Puis mes pensées sont vers ceux qui continuent de se battre encore. Et ceux qui meurent à l’instant même où je fume tranquillement cette clope. Jonas ferme les yeux d’épuisement. Son coeur bat toujours. Le type n’a pas dû avoir une vraie nuit de sommeil durant de très longs mois… Même Angelica Browneye n’a pas eu à vivre autant.

- Et toi, Raf’, tu ne dors pas ?

Pas étonnant venant du célèbre assassin. Je n’aurais probablement rien pu faire sans lui.

- Merci pour tout.

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Le dos de Rafaelo s’écrasa contre la cloison métallique de leur abri. Entourés par les eaux, à quelques centimètres de la mort. Izya était redevenue … Izya, pour ce qu’il pouvait connaître de la pirate. Elle aurait été la fille de Tahar, ainsi qu’une ange. Les îles célestes … un pincement au cœur. Sa femme, ses enfants étaient à l’abri, là-bas. Mais pour combien de temps ? L’assassin soupira. Il se redressa et s’approcha de Jonas qui s’était assoupi. Le ronron de la machine semblait l’avoir bercé. Le révolutionnaire en profita pour contempler ce monument effondré. Ses tatouages semblaient avoir perdu de leurs couleurs, sans compter les dizaines de cicatrices qui s’ajoutaient à la carcasse rachitique de la Guerre. Il croisa les bras et secoua la tête. Tout compte fait, la mort que lui avait promis Kenora semblait bien plus douce en comparaison …

Il tourna donc les talons, laissant Ragnar gérer le reste. Il ouvrit un casier dans leur bulle métallique et s’empara d’un kit de premier secours, puis dissipa le haut de sa tenue d’un geste nerveux. Sa blessure courrait sur tout son flanc et peinait à cicatriser. Il grommela de douleur en se sentant chanceler. Il attrapa de l’alcool, une aiguille et un fil. Le révolutionnaire serra les dents, tandis que les cahots de l’appareil complexifiaient sa tâche. Le sous-marin, amarré là, s’était laissé couler pour éviter d’alerter les systèmes, profitant des alarmes pour passer inaperçu. Le chaos avait toujours été une porte de sortie … miraculeuse. Mais bien souvent, sanglante. Rafaelo leva les yeux dans la direction de la prison, sentant sa perception des voix s’affaisser. Il perdit peu à peu le contact avec Jotunheim, et ses milliers de vies en conflit : sa mission prenait fin. Il serra les dents en faisant le dernier point, puis nettoya une nouvelle fois la plaie. Il recomposa sa tenue d’un geste.

- Et toi, Raf’, tu ne dors pas ?


Il répondit d’un grognement en se redressant.

« On n’a pas vraiment terminé … » murmura-t-il, avant de se diriger vers les radars sommaires de l’habitacle.

Il ne se sentirait en sécurité que lorsqu’ils auraient quitté ces eaux. Mais il y avait encore quelque chose qui le turlupinait. Il se mordit la langue en essayant de mettre le doigt dessus. Il expira doucement.

« Beau travail d’équipe … malgré les imprévus, nous voici avec notre objectif … » commença-t-il.

Il se passa une main sur le visage, las.

« … mais il y a encore des hommes à nous là-haut. L’équipe de Kardelya, notamment. Si Izya a pu venir jusqu’à nous dans cet état, j’ai peur qu’il leur soit arrivé quelque chose. »
continua-t-il, tout en sentant Mandrake se remuer dans son sommeil.

L’assassin toucha sa blessure et grommela quelque chose dans sa langue natale, avant de se diriger une nouvelle fois vers l’infirmerie. Il s’empara de quelques cachets et d’une fiole. De quoi limiter la douleur et … faire des imbécilités. Il soupira.

« Nous devons sécuriser Jonas avant tout. Mais une fois que cela sera fait … Bref. Je ne laisserai pas nos hommes derrière, sans leur proposer une solution de repli. Sinon, nous ne vaudrons pas mieux que Kenora. » grogna Rafaelo, avec une lueur sadique dans le regard.

Cette foutue mégère, et son épée scintillante. Rien que d’y penser, il en avait le palpitant qui s’emballait. La chance était toujours de son côté visiblement, un tel écart de puissance lui donnait envie d’aller se terrer au fond du sous-marin et de finir tout simplement sa mission. Mais cela voudrait dire laisser quelques-uns de ses alliés entre les mains de ces fous. Il avait vu ce qui était réservé aux prisonniers les plus récalcitrants, il avait vu l’état de Mandrake. Voire même d’Izya et de Reyson. Il serra les dents, puis le poing.

« Bien. Dès que nous aurons déposé Jonas et nous serons assuré de son évacuation … je retournerai m’assurer de l’évacuation du reste de notre équipe. » proposa-t-il, sans mentionner les pirates qui les avaient accompagnés.

Il laissa son regard croiser celui de Ragnar. Il était épuisé, à peine suturé. Difficile de l’imaginer remplir cette nouvelle mission, que de nombreux chefs auraient désapprouvé, seul. Mais si deux personnes pouvaient passer inaperçues dans les couloirs, c’étaient bien des logias, non ? Une violente onde de choc secoua alors le sous-marin. Il ne fallait pas oublier qu’à la surface aussi, la bataille faisait rage …
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La bataille fait rage. Sur l’eau, les canonnades de la prison vers les navires de moins en moins nombreux, et les ripostes avec le débarquement des pirates. Sur l’iceberg, les affrontements dantesques de criminels célèbres et de marines décorés provoquent tremblements, magma et chaos. A l’intérieur même de la prison, des lames d’air fusent, se cognent et s’éparpillent.

Le monstre qui me fait face s’avance inlassablement. Je sais le combat perdu d’avance, comme à chaque fois dans cet enfer, mais je poursuis la lutte malgré tout. Car je n’ai rien d’autre que ça : cette misérable étincelle qui me pousse à ne pas mourir. Le dragon s’approche et je sais déjà la fin : il va me dévorer. Dois-je courir ? Fuir ? Me battre ? La bête gagne toujours, quoique je fasse. Je ne vois aucune cellule autour de moi où me réfugier. J’ai peur. Je connais la suite. Pourtant, je ne tremble pas. De moins en moins. Je me résigne ? Non, ce n’est pas ça. Ce monstre semble différent des loups. Il n’est ni froid ni glacial. Les flammes qu’il porte me réchauffent. Une sensation qui me paraît si loin, comme un rêve inespéré. J’ai envie qu’il approche plus encore, même si je sais qu’il va me dévorer. Ce feu m’envoûte. Il chasse la neige et le froid, mes tourments. Il m’ensorcèle et me soigne. Le monstre me fait voir mon poignet : un bracelet forgé et un symbole. Un cadeau surtout, confié par Izya pour chasser mes cauchemars. Pour que je comprenne que je ne suis plus à Impel Down… Plus à Impel Down ? Ou suis-je alors ?

Dis donc, toi. N'étais-ce pas toi qui devait venir me sauver dans cet enfer gelé et non l'inverse ? Il me semble pourtant qu'avec ce bracelet au poignet tu avais tout les atouts pour ne pas céder à tes démons. Alors maintenant, reprends toi, et filons d'ici.

« Pas tout les atouts on dirait… »

Il m’a manqué l’essentiel. Il m’a manqué elle…

« Désolé pour le retard. Ou l’avance ? Je n’ai pas toute ma tête. Tiens, voici tes armes et euh… Tu veux mon haut peut-être ? Mais comment tu as fait pour t’en sortir ? Ils ne t’ont pas fait de mal j’espère ? Et les autres prisonniers, ils ont été libérés ? On peut s’en aller ou on a encore à faire ? »


L’inconvénient quand on retrouve ses esprits, c’est qu’on trouve avec une multitude d’interrogations pour pouvoir se remettre à jour.
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Tu sais : j'ai bien peur que rien ne ce soit vraiment passé comme prévu, mais au moins, maintenant, tu es toi et je suis moi. Et avec le feu qui brûle en moi, je devrais pouvoir réussir a faire ce qui doit être fait encore ici...

Car la situation est bien pire que ce que nous pourrions pensez. Parce que les autres qui ont été contaminés par ce parasite, eux, craignent le feu.
Mes flammes s'éteignent enfin faute de combustible et plutôt que d'accepter l'offre de Reyson qui est déjà prêt à se dévêtir pour moi, je reprends ma forme de dragon cracheur de feu.

Je vais rester sous cette forme puisque mes flammes sont indispensables à notre avancée, donc ne t'en fais pas pour ça. Et grimpe, je te raconterai en chemin.

Et tandis qu'il prend place sur mon dos, je reprends le chemin inverse à ma poursuite incontrôlée de Ragnar qui a maintenant filé avec l'autre type fumeux et Mandrake.

On est en chemin là, et tu ne m'as toujours rien dit. Tu es sûre d'aller bien ?

Je ne répondrai certainement pas à cette dernière question. Il serait capable de s'en vouloir pour avoir accepter ce plan pourri.

Mayako est ici. Elle est possédée elle aussi par ce parasite qui prends possession de ton corps. Comme d'autres. Je les laisserai pas derrière.
Et à cause d'une mégarde de ma part, un civil que j'avais croisé il y a quelques années s'est retrouvé mêlé à toute cette histoire. Lui aussi est parasité.
Lui aussi je dois le sortir de là.


J'accélère le pas, réfléchissant à toutes les choses que le troisième directeur Gasparov m'a dit pendant que j'étais contrôlée. Mais cette partie de mes souvenirs est si flou... Heureusement que j'ai détruit une bonne partie du chemin sur mon passage lorsque je chassais le révolutionnaire. Cela ma facilite grandement la tâche de retour.
et si je reviens en arrière, ce n'est pas pour rien. Je ne sais clairement pas où on été envoyé les autres dans la prison. Que ce soit Maya, Raphaël ou même le type au Zoan bizarre. Nos ordres n'étaient pas les mêmes. Mais ils émanaient tous d'une seule et même personne.

Finalement, la piste me mène devant une cellule. La cellule de Mandrake, sans aucun doute.
Alors je m'arrête et ferme les yeux, cherchant les souvenirs de mon corps que mon esprit n'a pas vécu.

Et maintenant ?
Je cherche.

Mon ton est assez agacé, pas tant par Reyson que par mon incapacité à me souvenir.

Et tu cherches quoi du coup ?
Mon geôlier. Lui doit savoir où sont les autres.

Et puis merde, je perds patience.

GASPAROOOOV ! RAMÈNE TOI QUE JE T'ARRACHE LA TÊTE !
Pas sûr qu'il vienne si tu le demandes comme ça.
Dans ce cas, je n'ai qu'à détruire sa précieuse prison.

Et tandis que je cours là où mon intuition me porte, je libère un flot de flamme sur mon passage qui vient embrasser cet univers gelé. A un moment, il va bien falloir qu'il sorte de son trou pour m'arrêter non ?


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Dernière édition par Izya le Dim 4 Nov 2018 - 23:02, édité 3 fois
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