Najeem Rākshasa

Un orque. Ni plus, ni moins. En effet, Najeem était un hybride et cela n’était pas très discret. Dépassant la plupart des humains de plusieurs centimètres, il était repérable à des dizaines de mètres à la ronde. Tantôt moqué, tantôt adulé pour son physique ravageur, il en avait fait une force aujourd’hui. En effet, les hommes-poissons n’étaient pas toujours vus du bon œil, notamment par les forces au pouvoir en place, mais cela ne posait pas de problème à notre orque.

Très souvent bien habillé, il portait un blazer marron accompagné d’une cravate grise et une chemise qui laissait apparaître ses muscles saillants. Cependant, quand on regarde Najeem, ce n’étaient pas ses vêtements qui retenaient notre attention. Vous l’avez compris, c’était bel et bien son physique d’homme-poisson. Mi-orque, mi-humain, le Rākshasa ne s’en cachait pas. Ses dents tranchantes étaient visibles, ses mains palmées n’étaient pas cachées. Sa peau noir et blanc reflétait complètement les rayons du soleil tant celle-ci était lisse.

Nageoire toujours fièrement posée sur sa tête, Najeem se donnait un air sévère qu’il ne quittait que rarement. Ses yeux étaient noirs, perçants. Ils donnaient le sentiment de pouvoir lire toute votre vie en l’espace d’une seule petite seconde. Déstabilisant, même. Son visage était dépourvu de cicatrice, ce qui n’était pas le cas pour le reste de son corps.

Donc, pour regrouper en quelques mots Najeem, un homme-poisson orque à la musculature développée. Souvent bien sur soi et au regard perçant. Le genre de personne que tu n’as pas forcément envie de rencontrer au détour d’une ruelle sombre.

S’il avait fait de ses spécificités physiques une force, cela n’avait pas toujours été le cas. Une enfance pour le moins difficile l’avait forgé tel qu’il était aujourd’hui. Un homme fier et sûr de lui. Cependant, il n’en est pas pour le moins arrogant, sachant se remettre en question, lorsque cela était nécessaire, il pouvait encore évoluer. Mais comme souvent, personne n’est parfait. En effet, Najeem est ce qu’on peut qualifier de colérique. Il ne lui faut souvent pas grand-chose pour monter dans les tours et se montrer violent envers son interlocuteur. Certainement un réflexe de sa jeune enfance.

Toujours accompagné, il n’aime pas trop être seul et surtout, il doit la plupart du temps compter sur ses amis pour contrôler ses pulsions animales. L’esprit de meute est chez lui important. Se sentir à sa place, dans un groupe est primordial. Comme dit plus haut, que ce soit pour contrôler ses pulsions ou tout simplement afin de ne pas être seul. Ne pas ressasser ses vieux démons.

Lorsque Najeem n’est pas seul et qu’il peut s’épanouir, c’est d’ailleurs un homme plutôt bon enfant et ce malgré son visage fermé et froid. Mais attention, la patience de l’Orque est très volatile. Tantôt élevée, tantôt faible. Malheur vous prend s’il n’est pas accompagné au moment où vous l’énervez. Trahi par son comportement plus d’une fois, Najeem s’en veut. Tiraillé par un événement – en particulier – pour lequel il se sent responsable.

Une nouvelle fois, pour résumer, le Rākshasa est un homme à double facette. Compliqué à comprendre car lui-même ne se comprend pas vraiment. Il a toujours besoin d’être accompagné pour ne pas sombrer dans la violence, la colère et la dépression. Malgré cela, ça fait de lui un allié très fidèle, prêt à tout pour ses compagnons.

La désolation. La pauvreté. Le manque de nourriture. La saleté malgré l’eau environnante. Voici plus ou moins la situation dans laquelle tu es né. Visqueux homme à la tête d’orque, ta mère t’avait enfanté un soir d’hiver 1593. Tu ne te souvenais pas de grand-chose de tes trois premières années si ce n’était les faits et évènements que ta grand-mère te comptait plus tard.

Car en effet, tes parents n’étaient plus. Enfin, tu ne le savais pas vraiment. Partis il y a maintenant trois ans te laissant à l’entière responsabilité de la Nonna, tu ne savais pas ce qu’ils étaient advenus. Mort ? Capturés ? Vendus ? S’étaient-ils même vendus afin de subvenir à tes besoins ? Tu n’en avais aucune idée, ce que tu savais c’était ce que ta grand-mère voulait bien te raconter. Soi-disant seraient-ils partis sur un bateau humain afin de ramener de l’argent. Tu n’y croyais guère. Même à cinq ans.

Quelques années passèrent et ta relation avec Raona ne s’arrangeait guère. En perpétuel conflit avec elle, tu faisais absolument tout le contraire des conseils qu’elle te donnait. « Ne traîne pas avec lui, il n’est pas bien. » Disait-elle. C’était maintenant ton meilleur ami.

Jouant en premier lieu comme tous enfants normaux, vous passiez rapidement l’étape supérieure. Pas éduqué, ni même scolarisé, le crime organisé était omniprésent autour de vous. Commençant par des petites bêtises normales pour des enfants de votre âge, celles-ci se transformaient en larcins de plus en plus important au fil des années qui passaient.

Casser une vitre d’une maison, pousser un petit vieux dans les escaliers afin de lui voler le peu de berries qu’il avait sur lui au vol avec violence d’une petite échoppe. Tout s’enchaînait trop vite. Beaucoup trop vite. À quinze ans à peine, vous étiez remarqués par une bande qui savait se faire respecter dans le quartier. Celle de Skylla.

C’était plus ou moins depuis cette fameuse années 1608 et votre engagement dans la bande du Régicide que vous avez vraiment mal tourné, toi et Jao. Maintenant, la pègre était votre seule issue.

Raona décédait à peine quelques années plus tard, mais tu t’en contre-fichais. Elle n’était plus ta famille depuis des années. Ta nouvelle famille c’était ta bande et surtout Jao. Le temps passait, les délits augmentaient. Tes crises de colères s'accentuaient et devenaient de plus en plus violente. À tel point qu’il avait fallu trouver un souffre-douleur. Une victime sur laquelle tu pouvais te défouler lorsque le besoin se réveillait.

Quand tu regardais en arrière aujourd’hui, tu n’étais pas fier de ces années, mais elles ont fait ce que tu étais devenu et même si tu ne pouvais pour l’instant pas les maîtriser, ses crises « animales » faisaient partie de toi.

Continuons le passé. En effet, il s’est passé encore une chose. Très importante. Catastrophique pour ton équilibre mental. La mort de Jao. Tu t’en tenais responsable, mais étais-ce vraiment toi le responsable de sa mort ? Ce n’était qu’un braquage qui avait mal tourné après tout.

Une boutique, vous la connaissiez par cœur. Une formalité. Mais Jao ne voulait pas. « Pas ce soir, j’suis fatigué. » Qu’il t’avait dit. Forceur et motivé, tu lui avais fait comprendre qu’il n’avait pas tellement le choix, car tu allais y aller. Avec ou sans lui. Il savait que quand tu disais ça, il valait mieux qu’il soit dans les parages afin que tu ne massacres pas tout le monde, pris dans une de tes crises…

Et si tu en parlais aujourd’hui, c’était parce que cela n’avait pas bien tourné. En effet. Jao n’était jamais revenu de ce braquage.

Tu n’y étais pour rien, non ? Tu pouvais sentir ton œil gauche se crisper sous l’énervement mélangé à de la honte et de la tristesse.

Mais non, tu ne devais pas lâcher, pas maintenant. Pas après tout ce que tu as fait Zinedine ! Car en effet, aujourd’hui tu naviguais. Tu avais quitté ton île natale et sa mauvaise influence à la recherche d’un nouveau départ. D’un nouveau point d’orgue, d’accroche. Tu devais retrouver une stabilité que tu n’avais plus. Tu pensais l’avoir trouvé dans la pègre de pacotilles des Abysses, mais cela ne t’intéressait plus. Bien trop temporaire, surtout depuis le putsch raté de Skylla. En réalité, ta grand-mère avait raison. Comme souvent, ce n’était que bien plus tard que tu te rendais compte de ces choses-là.

Remonté à la surface, tu avais embarqué sur un bateau de la marine qui remontait Grand-Line en direction de son entrée. « Embarqué » était un bien joli mot. Tu savais comment ces chiens du Gouvernement Mondial traitait les Hommes-Poissons. Solidement accroché à la coque du fameux navire, tu avais profité de la première nuit pour te faufiler dans la cale à l’abri de tous les regards indiscrets.

Amaigri, après ce qui te semblait être une éternité, tu avais enfin l’impression que le bateau mouillait dans un port. C’était là ta chance. Tu devais en profiter. Sautant hors de ta cachette, tu te précipitais en dehors de bateau en faisant particulièrement attention de ne pas attirer l’attention.

C’était donc ainsi que ta nouvelle vie débutait. Whiskey Peak à en croire tes informations.