Le Divergence était vraiment à la limite de la limite. Nous avons eu un peu de houle, rien de bien méchant pour Grand Line, mais j’ai vraiment cru qu’on allait y passer. Il n’était vraiment pas fait pour être déséquilibré comme ça. Après avoir naviguer dans le nouveau monde, je ne pensais pas que je flipperais autant ici. Surtout qu’on ne pouvait même pas qualifier cela de tempête, un gros grain tout au plus. La moindre vague semblait capable de nous retourner. Et si ça ne suffisait pas, les entrailles du navire grondaient comme jamais. De son côté, le Manta s’en sortait nettement mieux.
Bien que nous ne soyons pas à plus d’un jour de navigation de Dead End, il nous en faudrait deux pour revenir à notre point de départ. Nous n’avancions vraiment pas vite. Je dirais même qu’on se traînait. Et qu’arrive-t-il généralement aux navires qui traînassent en mer ? Et bien, ils font une mauvaise rencontre.
Cette mauvaise rencontre, nous la fîmes le matin du deuxième jour. Alors que nous avions eu la houle la veille en fin d’après-midi. Le danger se présenta d’abord comme la silhouette d’un navire loin devant nous. Rapidement, nous vîmes clairement l’embarcation changer de cap pour venir à notre rencontre. A ma plus grande surprise, quand je pris la longue vue, je découvris un navire de la marine et non des pirates en quêtes de trésors. Que nous voulait la marine ? Le Divergence était-il déjà suffisamment connu pour être reconnu ? Interceptaient-ils tous les navires qu’ils voyaient ? Risquaient-ils de nous couler ? Autant de questions sans réponses. Autant de dangers et de risques. Quelle attitude adopter ? Sur quel postulat ? Qu’elle serait la meilleure stratégie pour éviter tout problèmes, toutes pertes ? Sans notre cargaison, la réponse aurait été évidente, plonger et distancer les poursuivants en évitant tout risque.
Mais, là tout de suite, nous étions dans l’incapacité de plonger et encore moins de les distancer. Je pouvais me cacher dans le fin-fond de la cale en espérant que tout se passerait bien et qu’ils repartiraient tranquillement. Ce scénario reposait sur beaucoup d’hypothèse. Trop peut-être. A l’opposé, il y avait l’attaque préventive, mais c’était un peu extrême et pas mal dangereux. Croiser la mauvaise personne et j’étais fini.
Alors que je tergiversais toujours, ils arrivèrent à portée de mon Haki et là, les options disparurent, ne laissant plus qu’un seul choix. Les marines étaient excités et certains, j’aurais juré qu’ils avaient soif de sang. Si leur navire n’arborait pas si fièrement l’étendard à la mouette, j’aurais cru avoir affaire à des pirates en chasse. Oui, c’était ça ! Ils étaient en chasse. Sûrement une de ces unités pas diplomates pour un sous qui attaquait tout ce qui bougeait. Dans ce cas, l’attaque préventive serait le moindre mal.
Pour éviter qu’il ne se doute de quelque chose, seul Viktor, Bouly et moi nous activâmes. Je fixai solidement mon Wakizashi dans le bas de mon dos. J’ôtai mon manteau qui allait me gêner dans l’eau. Puis mes chaussures aussi tant qu’à faire. Pendant ce temps-là, Viktor prépara la Baliste géante et fixa le L aussi appelé le lance crétin, aka moi, Yuki. Bouly lui ajustait la trajectoire pour que je retombe au plus près.
« Alors c’est prêt? Il faut que je les intercepte avant qu’ils ne soient à portée de canon ! »
« Pour moi, c’est bon ! Mais on est encore loin non ? »
« Nous serons à portée de leur canon dans environ cinq minutes. Dans quatre, je te propulse sur leur pont ! »
« C’est trop juste et puis je veux retomber dans l’eau. Tu as pris en compte que pouvais me propulser dans l’air ? »
« Je suis balèze en balistique, mais les projectiles à double accélération, c’est pas courant ! Disons deux minutes, alors. Mais si tu dois trop nager ne vient pas te plaindre ! »
« Ce sera parfait ! »
Je m’accroupis donc en position pour attendre le temps restant. Les pieds calés dans le fond et tenant les poignées prévues à cet effet.
Pendant ce temps l’équipage du commodore Jean Kaisse se préparait à l’abordage. Spécialisé dans la traque des pirates et autres engeances de ce monde, ils interceptaient tout navire louche. Avec le temps, ils avaient appris à reconnaître les navires un peu trop bien armé ou doté de prototype qu’un navire marchand ne pourrait se payer. Et il faut dire que le divergence et temps que navire sous-marin était des plus louches. Après le secret de Jean pour ne rater aucun pirate, la bévue. Il était spécialiste pour aborder comme un cowboy sur un navire marchand, rosser un pauvre marin ou l’autre. Puis, il justifiait ses actions derrière des « nous sommes à la recherche d’un révolutionnaire dangereux qui pourrait se cacher sur votre bateau ». Méthode peu académique, mais efficace qui répondait parfaitement à la demande de ces dernières années du GM. Comme en attestait sa montée en grade fulgurante.
Vous l’aurez compris, c’était donc un jeune loup au croc acéré et en pleine ascension qui allait se frotter à Yukikurai. Ils avaient régulièrement droit à de la résistance. Ce ne fut donc pas un type accroupi sur une drôle de figure de proue qui allait changer leur routine. Excès de confiance ? Peut-être, mais en même temps qu’est-ce qu’il pouvait bien attendre ce type ?
Tous mes sens tournés vers le navire de la marine, j’entendis à peine le décompte de Bouly. Par contre une fois propulsé en l’air, je ressentis parfaitement l’étonnement et l’agitation qu’avait causé notre manœuvre. L’effet de surprise était avec moi. Arrivé au point culminant de ma trajectoire, je frappais l’air avec mes mains pour me propulser et encore gagner en vitesse. Yukishiki Wing !
J’arrivais bien trop vite pour eux. J’avais parcouru les trois quart de la distance nous séparant qu’ils revenaient seulement avec leurs fusils. Puis il fallait dire que je n’étais pas encore réellement menaçant, car j’allais toucher l’eau une bonne centaine de mettre avant de les atteindre. Pile ce que je voulais. Cinq mètres avant l’impact, je frappai à nouveau l’air et me propulsai comme une torpille. Les premiers coups de feu résonnèrent au moment où je frappai l’eau.
Je frappai l’eau avec tellement de vitesse que je faillis laisser échapper tout l’air de mes poumons. Par contre, j’étais une véritable torpille et j’avançai sans mal dans l’eau grâce à l’impulsion initial de la baliste. Peu avant d’atteindre la proue, je dus me mettre à nager. Chaque impulsion me faisait glisser facilement dans l’eau. L’entraînement avec Thomas avait porté ces fruits. J’avais presque l’impression que l’eau me laissait avancer plus facilement.
J’arrivai rapidement à la poupe du navire. Alors que les soldats fouillaient la mer à me recherche, j’agrippai le gouvernail et forçai pour le faire tourner. Le temps de comprendre ce qu’il se passait et d’attraper la barre qui tournait tout seul, j’avais dévié leur navire de leur trajectoire. Ce qui permettrait aux sous-marins de pouvoir prendre de la distance. Lorsque j’obtins un morceau de gouvernail dans la main, alors que trois personnes forçaient sur la barre, je décidai d’arracher purement et simplement le gouvernail. Plantant une main dedans, je broyai une des charnières de l’autre, avant de tirer un grand coup et de l’arracher complètement. Soshark !
Priver de gouvernail, ils ne seraient plus une menace pour les autres, mais ils n’allaient pas me laisser repartir à la nage tranquillement. J’allais devoir monter leur dire bonjour. Après avoir jeté la grande planche que je tenais encore à la main, je me propulsai sur le pont du navire.
Trois soldats m’attendaient pencher par-dessus le bastingage. Avant que la surprise ne s’efface de leur visage, j’avais empoigné la rambarde et je les avais balancé à la mer d’un coup de pied circulaire. Alors que je prenais pied sur le pont cinq soldats me mirent en joue. Un homme fier et imbu de sa personne vint à ma rencontre.
« Qui êtes-vous ? Vous êtes vraiment bête de vous attaquer seul à mon navire ! Ne savez-vous pas qui je suis ? »
« Non, je sais pas qui vous êtes et comme vous n’avez pas l’air de savoir qui je suis-je ne me présenterai pas, non plus. »
« Vous avez raison, je n’ai pas besoin de connaître le nom d’un homme mort. »
« Huhu ! Mais vous êtes drôlement marrant, lieutenant ? »
« Commodre Jean Kaisse, malandrin ! Soldat, pas de quartier, je le veut mort ou mort ! Hihihi ! »
A ces mots, les cinq soldats tirèrent, mais je m’étais déjà propulser dans les airs, esquivant sans peine leur tir. Je dégainai mon wakizashi et leur balançai une lame d’air, fauchant les cinq malheureux alignés. Ha la rigueur c’est bien, mais c’est plus facile de les toucher quand ils sont bien en ligne.
Le commodore était peut-être imbu de lui-même, mais il ne comptait sacrifier ces soldats pour rien. Surtout qu’il avait un atout dans sa manche.
« Avec moi, mes braves soldats ! »
Dégainant son sabre, il fonça sur moi. S’en suivit une passe d’arme classique. Il n’était pas mauvais, mais j’étais beaucoup plus expérimenter que lui. J’arrivais sans peine à parer ses attaques. Soudain, mon Haki me prévint de justesse que les soldats allaient nous tirer dessus. N’avaient-ils pas peur de blesser leur supérieur ?
Apparemment pas, car je dus me décaler et parer des balles. Ce qui offrit une ouverture à Jean qui me fit une estafilade sur l’épaule gauche. Il avait peut-être raison finalement, il ne fallait pas que je joue au con. J’allais augmenter le rythme.
Je lançai une attaque circulaire, volontairement un peu large. Au moment ou ma lame aurait dû rencontrer sa parade, d’un mouvement habile, je la pris comme un ninja point vers le coude et passai au travers de sa garde. Switch ! Cependant, avant que mon coup ne puisse faire mouche, mon Haki me fit faire un bond en arrière pour éviter une nouvelle salve de balles.
La situation se représenta encore trois fois, avant que je sois totalement exaspéré. Il me faisait royalement chier ces troufions qui tiraient sans crainte et interféraient dans mon combat. Pas qu’ils arrivaient à me toucher, mais ils me retardaient et brisaient mon rythme. Et plus je tardais, plus j’aurais de mal à rejoindre le Divergence à la fin. Oui et puis merde j’étais pressé, je passai donc au mode carnage.
Je fis pivoter le combat de sorte à ce que je puisse quitter l’affrontement et m’occupai des sbires. Au moment où je prenais appuis pour me propulser vers un des groupes de soldats qui me tiraient dessus, mon pied s’enfonça bizarrement et me fis trébucher. Étrange, mais pas le temps de réfléchir une nouvelle salve me visait. Prenant appuis avec ma main sur l’air je m’élevai, évitant de justesse la rafale. Yukishiki Wing. J’en profitai pour tourbillonnai et balançai des lames d’air partout. Uzu Hyo ! La nuée de lame d’air n’était pas précise, ce n’était pas son but. Elle devait juste semer le chaos. Ce qu’elle fit sans mal. Voiles déchirées, pont lacéré, certains soldats touchés, d’autres couchés pour éviter l’attaque. J’avais repris le contrôle du Momentum. J’en profité pour balancer une grosse lame d’air au commodore. Et ce fut à ce moment que je compris ce qu’il se passait. Mon attaque traversa le corps du gradé, mais celui-ci commença à se reformer.
Un putain de logia, voilà pourquoi il était si arrogant. Voilà pourquoi ses soldats tiraient sans crainte. Il avait fallu que je tombe sur un logia. Dans cette partie de Grand Line, il devait faire un carnage, car rare devait être ceux possédant l’armement… Ou des petits bijoux comme les miens.
Alors que le visage de Jean se fendait du sourire carnassier de celui pur qui cette démonstration marquait le début de sa victoire, je souriais encore plus fort que lui. J’étais heureux et ravis de pouvoir tester pour du vrai mes bagues en granite marin. Je rangeai mon sabre dans mon dos quand il prit la parole.
« Vois ma vraie puissance et rend toi ! Bien, tu ranges ton arme. Tu n’es pas si fou que ça, finalement ! »
Riant comme un forcené, je lui foncai directement dessus, lui collant mon poing dans le plexus. La sensation fut plutôt étrange, car une fraction de seconde son corps voulu se liquéfier avant de se solidifier et de se faire projeter en arrière. A voir sa tête, il n’avait pas compris ce qu’il se passait. Mais je n’en avais cure. Il se repris rapidement étendant son fruit du marais sur le pont. Voilà, ce qui m’avait fait glisser. Il pouvait tenter de prendre le contrôle du pont, je n’avais pas besoin d’avoir les pieds au sol pour bouger. Je sautai vers lui, alors que son corps se couvrait de boue et que son poing commençait à grossir. Ce changement me surpris et je préférai changer de trajectoire pour venir m’accrocher au mât, le temps d’évaluer la situation.
« Tu fuis ! Lâche ! »
« Huhu ! Non, je profite du spectacle ! Ce n’est qu’en même pas commun comme pouvoir. »
Mon empathie, me disait que j’avais toujours l’avantage. Je partis donc en plongée sur lui. Son poing géant vint à ma rencontre, mais je m’y attendais. Je contrai son poing avec le mien. Je m’attendais à ce que sa création se disloque au contact des bagues en granite marin, mais apparemment ça ne marchait pas comme ça. Cependant son poing de boue vola en éclats. Je passai sans difficulté au travers. A croire que sans l’armement, il ne savait pas se solidifier plus que ça. J’arrivais donc couvert de boue au corps à corps.
Comme un con, je posai mes pieds sur le sol et je sentis ceux-ci commencer à disparaître dans le marais. J’armai ma paume gauche et vint frapper son ventre. Enfin, l’espèce d’armure dégoulinante qu’il s’était forgée. Samegawara Seiken ! La frappe du requin marteau, celle qui m’avait fait m’exercer en tapant des éponges. L’onde choque se propagea dans le liquide et cela créa une brèche dans l’armure, repoussée par les vibrations en plus de le faire douiller un bon coup. J’en profitai pour rentrer ma main droite dans la faille et la plaquer fermement sur son torse. Immédiatement, je sentis que j’arrêtais de couler.
Ce qui se passa ensuite, fut des plus inattendu. Voyant leur supérieur en danger la quasi-totalité des marins firent feu. Ils firent feu comme d’habitude en visant à travers lui, croyant que son fruit du démon laisserait passer les balles, mais le contact du granite l’en avait privé. Il perdait même des forces et peinait même à rester debout. Il me servit donc de bouclier humain. Une vingtaine de projectiles vinrent le perforer. Il cracha soudain du sang et je mis un peu de temps à comprendre ce qu’il venait de se passait. Son aura diminua fortement, jusqu’à disparaître.
Merde, ils venaient d’abattre le commodore. Pour sûr, il allait me mettre ça sur le dos. Alors que je n’avais pas tiré une seule balle, moi. Il fallait que je me barre et vite.
Je dégainai Mizuseisaku et balançai une lame d’aire sur les soldats les plus lointain. Puis tout en courant vers la proue, j’assommai rapidement ceux que je croisai. Je pris appuis sur la figure de proue et sautai le plus loin possible. Prenant appuis avec mes pieds et mes mains je me propulsai autant que possible dans les airs. Yukishiki Wing !
J’avais disparu avant qu’ils comprennent que Jean Kaisse était mort. Il faut dire aussi que la moitié de l’équipage était inconscient. Sans capitaine, sans voile et sans gouvernail, ils n’étaient plus un danger.
Se déplacer dans les airs était épuisant, aussi, arrivé à mis chemin, je décidai de me propulser une dernière fois et de profiter de la gravité pour avancer. M’ayant vu arrivé, le Divergence s’arrêta et se retourna pour venir à ma rencontre. Une fois arrivé dans l’eau je nageai, jusqu’à ce qu’ils m’envoient un harpon avec une bouée, le tout relié par une corde. Je me fis donc tracter sur la fin du trajet.
J’étais trempé et plutôt secouer d’avoir tué se type sans le vouloir. Les autres tentèrent de me remonter le moral en me disant que c’était de sa faute à lui qu’il n’avait qu’à nous laisser tranquille. J’étais content que nous n’ayons subit aucune perte, mais je me sentais sale. La boue d’un innocent sur moi. Enfin, il ne devait pas être si innocent que cela. Mais c’était la première fois que quelqu’un mourrait par inadvertance à cause de moi. C’était un drôle de sentiment.
Le trajet fut calme, donc je pus ruminer jusqu’à Dead End où nous dûmes faire un nouvel arrêt. Cette fois-ci, il fallait de quoi refaire du colarburant. Charger comme nous l’étions, nous n’irions pas jusqu’à Clock Work Island. Du coup prochain arrêt Dead End, les copains.