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Injuste justice judiciaire

Précédemment, le concours pour déterminer le meilleur herboriste de Pétales a débuté. La première épreuve était une survie d'une semaine dans la forêt de Rosetta, où se déroule le concours. J'ai rencontré un révolutionnaire, l'ai combattu, ai été attaqué par un ninja et des assassins, puis ai affronter de nouveau le révolutionnaire avant de le paralyser entre la vie et la mort jusqu'à ce que j'annule ma technique secrète. Durant cette semaine, j'ai été percé, brûlé, explosé, frappé et projeté. Mon corps a été brûlé, mais comme j'avais mes produits sur moi, ça a rapidement été contenu. Ma jambe, par contre, si j'ai pu empêcher l'infection, a nécessité une chirurgie, bénigne certes, afin de s'assurer qu'il n'y aurait aucun souci. Le révolutionnaire m'a éternué et postillonner dessus plusieurs fois. Comme je sais qu'il était malade, j'ai fait le plein de vitamine C, anti-viraux et d'autres choses positives pour mon corps. Je sais que j'ai couvert mes arrières. Alors pourquoi ai-je cette petite voix au fin fond de ma tête qui me dit que j'ai raté un truc ? Aucune idée et comme je ne peux rien y faire, je décide d'aller vivre ma vie.

Le concours a pris une semaine de pause entre les deux manches, la seconde va donc commencer d'ici quelques heures. Alors je sors de ma chambre et vais jusqu'au lieu de l'épreuve. Du monde s'amasse dans les gradins posés pour l’événement. Il y a plusieurs tables faisant quatre fois une table d'opération dont les côtés sont masqués par des draps blancs. Il y a quelque chose sur les tables, mais on ne voit pas quoi. On sait déjà que l'épreuve va se passer ici à la vue de ce qu'on a sous les yeux. Sur les cinquante participants, nous ne sommes plus que vingt. La première épreuve a été la plus difficile. La seconde devrait tester nos facultés d'adaptation. Quant à la dernière, démontrer nos capacités. Ceci est ma supposition.

« Humhum. Test 1 2, test. Parfait. Votre attention tout le monde. Comme à l'épreuve d'avant, je serais votre hôte, Atlas Feidlimid. Félicitations aux heureux vainqueurs de la première épreuve, avant toute chose. Vos capacités et vos instincts ont été mis à l'épreuve. Vous avez réussi à survivre et à rester jusqu'au bout dans la forêt alors que nombre de personnes ici présentes n'oseraient même pas le faire dans leurs cauchemars. Vous devez être impatients de connaître le sujet de l'épreuve numéro deux, n'est-ce pas ? Alors sans plus tardez, allez à la table qui vous a été assignée et faîtes tomber les draps. »

Plein de personnes se dirigent vers les tables devant. Ma table est dans le fond. Lors des examens devant public, afin de garder captivé ce dernier, les premières lignes ont souvent des choses plus compliquées afin d'en mettre plein la vue. Dans le milieu et le fond, on est souvent plus tranquille. Souvent. Donc je ne m'attends pas à quelque chose de trop compliqué. En baissant le drap, on aperçoit tous un sanglier, pattes attachées en l'air, sur une broche. Sauf que le feu est remplacé par la table d'opération. À côté de nous, un homme avec un couteau de chasse. Je n'aime pas la tournure que prennent les choses. Attaquer un animal pour me défendre, je suis d'accord. Maltraiter ou tuer gratuitement un animal qui ne m'a rien fait et n'est absolument pas volontaire, je dis non. Il y a des choses que je ne suis pas prêt à faire, et ça en fait parti. Ma limite est trouvée.

« Vous avez devant vous des sangliers. De bons gros sangliers qui pèsent dans les cent trente kilos. Ils sont actuellement sous sédatifs. Mais ça ne va pas durer longtemps, ils devraient se réveiller d'ici peu. Votre objectif, sédater l'animal et le soigner. S'il meurt, se réveille, s'échappe, vous tue vous ou quelqu'un d'autre, vous avez perdu. Vous n'avez le droit d'utiliser que ce que vous avez sur vous et sur les tables, tout le reste vous disqualifiera. Le seul moyen de gagner est de l'endormir vous-même et de le remettre d’aplomb. Que la seconde épreuve commence ! »

Sans attendre, l'homme près de moi prend les couteaux et le plante dans l'animal. J'ai une violente envie de baffer, mais je me retiens en enfonçant mes ongles dans ma peau jusqu'à ce que le sang coule légèrement. Quand il retire le couteau, un jet de sang s'échappe, comme quoi, dans le fond on est pas forcément mieux loti que devant. Il brise ensuite une des pattes de l'animal volontairement en me regardant. Une baffe réflexe part aussitôt sans que j'y pense, un grand paf suivit d'un très long silence. Je m’apprête à parler, leur dire d'arrêter de violenter des animaux ne pouvant pas se défendre simplement pour un concours, de les utiliser comme rats de laboratoire sur lesquels on expérimente, quand je me rends compte de l'hypocrisie dont je fais preuve. Durant mes années de médecine, j'ai pratiqué sur des cadavres, mais aussi des créatures vivantes, majoritairement des souris. Elles n'avaient rien demandé et ont été tué spécialement pour l'occasion je pense. En quoi est-ce différent du concours ? Mes yeux, pourtant expriment toutes mes émotions avec un charmant regarde noir disant 'assez'.

Puis je réagis à la vitesse de l'éclair multipliée par au moins Poséidon. J'enfonce ma main gauche dans le torse de l'animal et vient pincer l'artère touchée pour diminuer la perte de sang. Avec ma main droite, je fouille dans mes affaires. En tant que médecin, j'ai un avantage sur les autres, je suis calé en chirurgie, pas eux. Sauf qu'en regardant autour de moi, je suis le seul à devoir faire une chirurgie. Les autres doivent se contenter de diagnostiquer le patient et le traiter tout en le gardant endormi. Comme s'il m'entendait, l'homme que j'ai giflé m'explique que chacun a une preuve conçue pour lui avec un problème qui lui correspond. Hourra. Je parviens à trouver une pince et un clamp dans ma sacoche, je m'en sers pour venir bloquer l'artère posant souci. Puis je recule.


Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.
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Bon, il est temps de dévoiler mes capacités je pense. Je commence par utiliser un Soporifique, un gaz soporifique qui garde le cochon endormi sans problème. Un petit nuage bien sûr, pas envie de tomber dans les bras d'Hipponos, le dieu hippocampe du sommeil. J'examine rapidement pour voir s'il y a d'autres plaies externes, non il n'y en a pas. Sachant que le temps va me manquer pour soigner le patient, j'utilise à nouveau mon trompe la mort, la technique offerte par Kiyori. Je viens poser une graine sur le corps du cochon, près de sa blessure. Dès que la lâche, elle fait jaillir des tentacules qui se répandent autour et dans l'animal. Les lianes viennent entourer ses organes et petit à petit, ralentissent les fonctions vitales jusqu'au point où on le croit mort. Le juge à côté de moi ouvre les yeux en grand, et mes concurrents me regardent surpris. Ils n'ont jamais vu quelque chose comme ça. Ils savent que je suis herboriste et médecin, mais je suis tellement plus. Ils n'ont pas idée de qui je suis. Si mon green pop me permet de sauver des vies, je le fais sans soucis.

Le sanglier désormais endormi, pour une durée indéterminée, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'on retire toutes les lianes dans son corps ou bien que j'annule la technique. Je sors mon hydro-dial et viens m'en asperger les mains pour les laver. Je peux prendre le temps d'examiner ses blessures en plongeant ma main dans son corps après avoir enfilé des gants. Mon juge m'apporte un plateau avec des appareils chirurgicaux stérilisés. Je suis surpris, mais j'accepte. Un rapide coup d’œil aux tables à côté de moi m'indique que les autres participants au concours n'ont le même traitement de faveur. Peut-être parce que j'ai le cas le plus compliqué ? Peut-être parce que je dois faire une chirurgie qui requiert au moins quatre mains et des dizaines d'instruments ? Peut-être parce que je devrais faire ça dans un environnement contrôlé et non dehors ? Possiblement, oui. Ou bien ils ont pitié de moi. Non, le plateau était déjà prêt, ça a donc été décidé en amont. Bref, on se concentre. Avec des gestes précis et délicats, je palpe les artères de l'animal pour vérifier la circulation sanguine. Le débit ne me préoccupe pas, je veux simplement savoir s'il n'y a pas d'autres trous dont je devrais m'inquiéter plus tard.

Une fois la palpation effectuée, je vérifie ses organes puis sa structure corporelle. Non, tout semble normal, l'homme tranché sans hésitation, comme s'il savait quoi faire. On dirait presque qu'il a coupé l'artère volontairement. D'ailleurs, connaissez-vous la différence entre artère et veine ? L'artère fait partir le sang du cœur aux organes, la veine fait l'inverse, elle amène le sang des organes au cœur. C'est ce que je retiens par le moyen mnémotechnique ACO et VOC parce que c'est une vocation de connaître ça. Par chance, il n'a pas coupé une des majeures, sinon je serais bien dans des problèmes jusqu'au cou. Les artères pulmonaires droites, caves supérieures, caves inférieures, et le sinus coronaire n'ont pas été touchés. C'est donc une plus petites qui a été sectionnée. Je réfléchis, j'examine la structure de l'animal en prenant mon temps. Au lieu de plusieurs dizaines de battements par minute, son cœur n'en fait plus qu'une ou deux unités. Je peux prendre tout mon temps, tant qu'on s'occupe de ses besoins, il sera encore en vie d'ici un an, dans cet état. Mes cours d'anatomie remontent à loin, et encore plus loin pour l'anatomie animale. Une fois que je crois me souvenir assez pour avancer en exploration, je me lance.

En tant que chirurgien, je suis habitué à rester debout sans bouger pendant des heures donc ça ne me gêne pas, ce qui n'est pas le cas des autres qui se sont assis dans les gradins désormais encore plus bondés qu'à l'origine. Il n'y a tellement plus de place que certains doivent s'asseoir sur le sol. Des écrans avec den den de projection ont été installés pour suivre mes projets, puisque je suis le seul encore en lice et que donc l'épreuve ne peut pas se terminer. Quand je suis calme, les mains hors de l'animal, l'organisateur est venu me voir pour me dire que c'était terminé, que j'avais mis trop de temps. Ce à quoi j'ai répondu qu'il n'avait donné aucune limite de temps, et que sauver cet animal me prendra le temps que ça me prendra, que si on me dérangeait encore, je ferais durer l'opération encore plus longtemps que nécessaire juste pour les embêter. Curieusement, on ne m'a plus embêté depuis. C'était il y a … quelques heures. Le temps passe vite quand on s'amuse comme un fou. L'épreuve a commencé à douze heures, cela fait bien plusieurs heures que les autres ont fini. Moi je m’attelle encore à sauver mon patient. Je ne vois rien d'autre, je ne sens rien d'autre, c'est la seule chose au monde. Ça ainsi que mes instruments.

J'avais oublié le plaisir que procure le fait d'effectuer une chirurgie, l'adrénaline quand on a les mains couvertes de sang à l'intérieur d'un patient, l'angoisse de savoir si la suture va tenir ou non, l'ignorance de combien de temps encore a va prendre, de savoir dans quel état le patient sera après, combien de temps va durer sa convalescence … Actuellement, il n'y a que mon cochon qui existe à mes yeux. De temps en temps, je peste, je râle, je souris ou je rigole selon comment se passent les choses. Plusieurs fois j'ai dû utiliser mon milky dial pour aller attraper des choses se trouvant sur d'autres tables, au grand dam de l'organisateur qui m'a dit que ce n'était pas autorisé. Encore une fois, je lui ai répliqué qu'il avait dit qu'on pouvait utiliser ce qu'il y avait sur les tables, qu'il n'a jamais dit nos tables. Oui, je suis un vilain petit sournois, je joue avec et sur les mots. Ça va dans l'intérêt de mon patient, donc pourquoi devrais-je m'en faire ?

La personne la plus proche physiquement de moi est mon juge qui ne semble pas du tout en avoir marre. Il regarde de loin comment se passent les choses. Il ne bouge presque pas. La seconde personne est un vieil homme, celui qui m'a attendu et accueillis après m'être réveillé de mon opération à la jambe suite à l'épreuve précédente. Je ne le connais pas, il ne me connaît pas, mais il me surveille malgré tout.


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Après une succession de gestes rapides et précis, je teste la circulation sanguine du patient. Elle est correcte. Je retire mes mains, et je commence à suturer pour refermer. Mes gants sont rouges de sang, majoritairement séché puisque le débit sanguin est trop bas pour jaillir. Voyez son débit sanguin comme un fleuve normalement. Puis on le refroidit progressivement jusqu'à ce que des glaçons se forment, puis que tout se fige, à l'exception d'un minuscule petit ruisseau. Juste avant de refermer, j'appuie sur le cœur de la plante, la petite boule posée sur le corps de l'animal. Aussitôt, les lianes dans le corps de l'animal se mettent à bouger, elles se décollent puis se retirent petit à petit, laissant les fonctions vitales redevenir normales. Je retire la bille puis termine ma dernière suture, je lève les mains et je pousse un cri de satisfaction. Au même moment, des applaudissements s'élèvent dans les airs. En levant la tête, je vois des dizaines de personnes dans les gradés et à côté fixant leur regard vers moi. Je vois également des écrans géants disposés de part et d’autre, qui n'étaient pas comme ça avant, des escarméras autour de moi de manière à me voir sous différents angles sans rien rater de la chirurgie. L'organisateur vient me voir alors que je me nettoie les mains avec l'eau de mon hydro-dial. Il n'y en a presque plus d'ailleurs. Il vérifie que j’ai bien fini que l'animal soit encore endormi avec les poudres que je lui ai faites ingérer précédemment. Il regarde mon juge qui lui fait un signe de la tête. Puis il prend enfin la parole.

« Mesdames et messieurs, la seconde épreuve du concours pour devenir le meilleur herboriste de Pétales est désormais, enfin, terminée ! » Des cris retentissent. Principalement du soulagement. J'ai du dégoutter mes rivaux en passant plusieurs heures sur une chirurgie et en attirant tous les projecteurs. L'épreuve a commencé à douze heures, il est désormais dix-huit heures, environ. Et ça fait bien cinq heures que je suis le participant encore sur sa tâche. « Le résultat des épreuves va être annoncé. Sur les vingt participants du second tour, seuls cinq iront au troisième et dernier tour. Les noms de ces personnes sont Dag Aubert, Thyméo, Ben Auricci, Luo Hai et Loph Hercule. Félicitations à eux. La dernière épreuve se déroulera ici-même dans cinq jours. » Une fois qu'il a finit de parler, je vais le voir.

« Excusez-moi, pourquoi ne fais-je pas parti des lauréats ?
Parce que vous avez échoué, monsieur Ota.
Comment ça ? J'ai trouvé le souci de mon sanglier, je l'ai gardé endormi tout le temps, je l'ai traité comme n'importe quel patient, je l'ai soigné, j'ai utilisé ce qui était à ma disposition, j'a*/
Vous avez défié les consignes, plusieurs fois. Vous en avez fait à votre tête, allant contre le règlement.
J'ai respecté le règlement. Je n'ai pas bougé de mon poste.
Vous avez été bien trop lent.
Il n'y a jamais eu de condition sur la durée de l'épreuve. Vous n'avez jamais donné de timing à respecter. Les autres avaient de simples diagnostiques à faire, ça leur a pris une heure maximum. J'avais un trauma à gérer, ce n'est pas la même chose.
Je suis d'accord, et nous en avons tenu compte.
Menteur. Vous avez annoncé le résultat dès que j'ai eu finit l'épreuve. Ça montre que vous mon résultat n'avait aucune importance, que vous aviez prévu de m'éliminer dès le début de l'épreuve, voire bien avant même. Je pensais que vous au moins vous étiez intègre. Il faut croire qu'il a réussi à vous avoir vous aussi. Sachez que qui qu'il soit, il a déjà fait assassiner plusieurs herboristes, alors pensez-vous vraiment qu'il va laisser un témoin de sa corruption en vie une fois le concours finit ?
De qui parlez-vous ?
Vous savez très bien de qui je parle. » Dis-je en mentant éhontément. Mais croire en son mensonge le rend à moitié vrai et permet d'être convainquant. Et puis, avez-vous déjà vu un vieux monsieur vous mentir en face ?
« Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler. Vous avez été éliminé en se basant sur vos performances. Ça n'a aucun lien avec quiconque d'autre ou un quelconque complot contre vous.
Mais j’ai fini l'épreuve, demandez à mon juge. C'est un vétérinaire ou un médecin au fait ?
Comment avez-vous deviné ?
Tout le monde a été s'asseoir ou à bouger à au moins un moment donné. Sauf lui et moi. Il n'a presque pas bougé de toute l'épreuve, restant stoïque. Soit c'est un soldat très bien entraîné, soit c'est un chirurgien. Pour avoir tranché l'animal, en ne touchant qu'une artère proche du cœur sans en toucher aucune autre, ça démontre des aptitudes chirurgicales précises. Soit il a bien étudié, soit il est familier avec l'anatomie animale, ce qui me force à dire qu'il est vétérinaire.
Félicitations. »


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Je me retourne et voit mon juge derrière moi. Il sourit.

« Je me demandais combien de temps vous alliez mettre à comprendre.
Ce n'est pas bien compliqué.
C'est comme aller chercher une anastromatose. » On rigole tous les deux à la blague puisque l'anastromatose n'existe pas, c'est comme l'huile de coude. Une blague que seuls les médecins peuvent comprendre. « Sinon, comme vous l'a annoncé notre organisateur préféré, vous n'avez pas été qualifié, malheureusement.
Mais pourquoi ? J'ai tout fait comme il fallait.
Hélas, ça n'a pas suffit.
Alors dîtes moi, qu'aurais-je dû faire pour me qualifier ? Que n'aurais-je pas dû faire pour me qualifier ?

Vous ne pouvez même pas le dire, vous voyez. Il n'y a aucune raison, c'est illogique.
Ce concours repose sur l'équité. Si l'on fait une exception pour vous, alors on doit en faire une pour chaque participant, y compris ceux éliminés.
… Très bien, je comprends. »

Pas le choix, il va falloir me salir les mains. Ce qui va suivre est d'une telle violence qu'il vaut mieux regarder un documentaire sur la reproduction de la langouste. Mais n'ayant pas ça sous la main … Je m'éloigne de la zone, je vais trouver Ben Auricci et discrètement, je lui écrase une bille d'Hallucinoman avant de déguerpir. Un minuscule nuage bleu apparaît et lui pique le nez en rentrant dans ce dernier. Il se met rapidement à halluciner, à crier, ce qui attire l'attention. Une fois qu'un petit groupe de personnes est rassemblé, je fais rouler la grenade sur le sol, puis m'éloigne encore plus loin. Trois secondes plus tard, on se croirait dans un vrai Boxon des Rixes, les gens se tapent les uns sur les autres. La cohue augmente, et chaque personne saine d'esprit essaie de les calmer avant de se retrouver attaqué. J'apparais alors tel un sauveur sur destrier blanc, sauf que je n'ai pas de cheval. Je lance une bille rouge, un gros nuage de la même couleur apparaît et en quelques secondes, les gens tombent comme des mouches et s'endorment.

« Que se passe-t-il ici ? C'est quoi ce raffut ?
Les gens sont devenus fous, ils ont commencé à se taper les uns les autres juste après qu'il y ait eu un petit bruit étrange. » Me raconte une témoin de la scène. En tant que bon médecin, je demande s'il y a eu des symptômes, ce qui s'est réellement passé, comment vont les gens … D'autres médecins rappliquent et ensemble, on examine chaque personne. Une fois qu'elles sont libérées, il ne reste que Ben Auricci qui a un bras cassé dû à la bagarre. Il n'est clairement pas en état de finir le concours, les organisateurs sont donc mis au courant. On me regarde bizarrement.

« Est-ce vous ?
Est-ce moi quoi ? Qui est endormis tout le monde pour arrêter qu'ils se tapent ? Oui. Moi qui ai ausculté les gens ? Oui. Il serait en revanche mal avisé de penser que je suis à l'origine de cet incident.
… Soit. Cela va changer les participants du dernier tour par contre. Monsieur Ota, vous étiez le sixième membre. Vous devriez donc passer cinquième.
Devriez ?
Oui. Les circonstances autour de cet … événement sont mystérieuses et le timing coïncide un peu trop avec notre discussion. Aussi, je vous suspecte d'en être l'instigateur. Je ne sais pas par quels moyens, mais tant que la situation n'est pas claire, vous ferez l'objet d'une enquête en bonne et due forme. Et personne avec un casier judiciaire ou faisant l'objet d'une enquête ne peut participer au concours. Tel est le règlement.
Vous me privez donc purement et simplement de mon droit sans aucune raison, c'est ça ?
Les raisons vous ont été énoncées, monsieur. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, nous avons une liste à refaire. »

Il s'en va sans plus de cérémonie, me laissant seul puisque les autres ont emmené les patients dans un hôpital. Mon plan n'a pas fonctionné. Qu'à cela ne tienne, j'ai de la ressource !

Spoiler:


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Avec mon métier de médecin, j'ai appris que parfois, la politique est la meilleure arme et qu'on ne peut négocier avec. J'étais en train de soigner un patient quand un riche homme d'affaires est arrivé aux urgences. Sa blessure n'étant pas grave, je l'ai fait attendre. Après avoir fait un scandale, appelé papa à la rescousse, menacé l'hôpital de poursuites judiciaires, on m'a forcé à m'occuper de lui en priorité, abandonnant ainsi des patients plus importants. J'ai refusé un temps durant, mais quand on m'a collé aux ulcères pendant deux mois, j'ai cédé à la pression. Ici, je peux utiliser la situation à mon avantage. Quatre jours sont passés. Quatre jours sidéraux terrestres durant lesquels avec mon overdial, j'ai fait de la publicité pour le concours à travers tout Pétales. Voir un vieil homme surfer dans les airs sur un skateboard étrange, ça retient l'attention. On me reconnaît un peu parfois. J'ai également joint une certaine personne pour lui faire part de mes soucis et on m'a dit de ne pas m'inquiéter, de ne gérer que le devant de la scène. Le cinquième jour, je suis prêt. Je me dirige vers le concours avec mes affaires, prêt à en découdre. Ça va saigner !

Les gens se rassemblent dans les gradins dont le nombre a été augmenté. Il doit y avoir au bas mot plusieurs centaines de personnes. Deux, trois ou quatre, difficile à dire. Cinq participants sont alignés devant une table derrière laquelle quatre juges et l'organisateur sont assis. Je viens me mettre à côté des participants.

« Monsieur Ota, vous n'êtes malheureusement pas qualifié pour l'épreuve.
Ah oui, en parlant de ça. » Je m'approche de lui, lui vole son micro et commence mon discours. « Mesdames et messieurs, je m'appelle Rio, médecin, herboriste et chasseur de primes de métier. J'ai passé la première épreuve haut la main. J'ai également remporté la seconde épreuve en tout bien tout honneur. » On essai de me voler le micro, donc je craque une bille violette et des bambous apparaissent autour de moi, m'isolant du reste du monde. « Les personnes derrière la table ont jugé que j'avais échoué l'épreuve. Mais sur quelles bases ? J'ai gardé mon sanglier endormi tout le long, j'ai pratiqué une chirurgie sur lui alors que les autres n'avaient qu'un diagnostic à faire. Je l'ai opéré durant des heures, je l'ai soigné, j'ai utilisé une technique secrète qui vous a valu de venir me voir et de focaliser les écrans sur ma personne. Je n'ai pas bougé de ma place. J'ai utilisé ce que j'avais sur moi. J'ai utilisé ce qu'il y avait sur les autres tables puisqu'il n'a jamais été dit qu'on ne devait utiliser que ce qu'il y avait sur la nôtre. »

Les organisateurs et juges crient pour couper ma voix. Ils ont carrément coupé le micro, mais ça ne m'empêche pas de crier. Les bambous, dans leur position, font office de mégaphone.

« J'ai respecté leurs règles. J'ai joué avec leurs règles. Mais voilà que malgré tout, on me refuse ma place. Pour couronner le tout, à la fin de la seconde épreuve, Ben Auricci s'est cassé le bras, l'empêchant de participer à la dernière épreuve. J'étais le sixième en lice. Malgré ça, on refuse ma participation parce qu'on me trouve suspect. On refuse que je participe sur des critères biaisés alors que je coche toutes les cases pour participer. Je me suis qualifié, de quel droit refuse-t-on ma présence ? Alors je viens faire appel à vous, peuple de Rosetta. Dites-moi, est-ce que je mérite ma place parmi les challengers ? Suis-je digne de voir mon nom entrer en finale parmi les meilleurs herboristes de Pétales ? Est-ce que vous voulez avoir des paillettes dans les yeux ? Ou bien préférez-vous que je laisse à ma place et permette à une injustice de triompher ? »

Il n'y a plus aucun bruit quand je me tais. On entend que le vent qui souffle légèrement. Puis une personne se met à crier mon nom. Il s'agit de Thyméo, un des qualifiés, le doyen probablement de la ville. Il est suivi par d'autres, puis encore d'autres et encore bien d'autres. Au final, ce sont près de trois cents personnes qui scandent mon nom. Je fais disparaître les bambous en les taillant avec mon scalpel et je tends le micro à l'organisateur d'un air satisfait. Il fait la moue.

« Allons, ne soyez pas mauvais perdant.
Je vous renvoie le conseil. » Il élève sa voix et active le micro. « Mesdames et messieurs, nous avons entendu votre choix. Malheureusement, une exception pour une personne devient une exception pour toutes les personnes. Si nous autorisons monsieur Ota à participer, cela n'implique-t-il pas que nous devions attendre que monsieur Auricci voit sa fracture complètement soignée puisqu'il est le légitime participant ? Et cela n'implique-t-il pas que le participant qui le remplace se voit privé de sa place ? Quid de son exception ? Les règles existent pour une raison, éviter le chaos. Faire une exception pour monsieur Ota revient à libérer le chaos. Il faudra annuler le concours et recommencer l'année prochaine. Personne n'a envie de cela je suppose. Vous êtes tous venus des quatre coins du monde pour ça. Vous êtes venu sur cette île, vous avez libéré votre planning exprès pour cet événement. Voulez-vous vraiment devoir recommencer l'année prochaine ? »

Des contestations s'élèvent dans les airs, rapidement soutenues. Et voilà que je me retrouve seul.


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« Et que faites-vous du favoritisme ?
Qui a dit ça ?
Moi. Un problème avec peut-être ? » Un homme, blanc, le crâne bien dégarnit devant, la quarantaine bien tassée, très bien habillé en costume blanc, suivit de près par cinq gardes du corps, s'avance. A sa vue, les gens se reculent tandis que l'organisateur et les juges sont choqués.
« Mon … Monsieur de Kissinger. Nous ne vous attendions pas. Vous … vous nous honorez de votre présence.
Cessez. Vous savez que je déteste me déplacer pour devoir faire quelque chose moi-même. Pourtant je suis ici. Pouvez-vous deviner pour quelles raisons je me suis déplacé en personne ?

Je m'en doutais. Je suis ici pour réparer une injustice. L'homme à ma gauche, monsieur Ota, fait parti de la très courte liste des gens que je parraine. Pourquoi donc ? Parce que je crois en lui, en ses capacités et en son futur. » Là, tous les gens présents comprennent, à moi, qu'il est là pour faire accroître ses intérêts. En me sauvant, je vais lui devoir une dette encore plus grosse.

« Aussi, il m'est impossible de rester sans rien faire quand je vois mon ami subir une telle injustice. Vous parler de règles, pourtant vous ne cessez de les enfreindre quand ça vous sied. Vous parlez de justice et d'équité, mais vous bafouez ces mêmes principes que vous dîtes défendre. Prenez votre temps pour me répondre et peser vos paroles, combien de temps pensez-vous qu'il faudra à mon avocat au tribunal pour démolir vos arguments ? Vos dires ne tiennent pas et vous le savez. Vous voulez simplement l'enterrer parce qu'il est un obstacle. Il est une personne ici qui bafoue les principes que les herboristes s'évertuent à tenir depuis des siècles. Ne pas causer plus de mal mais soigner les gens. Il y a quelqu'un, dans cette assemblée, qui dévalorise ces préceptes qui utilise son pouvoir pour faire de mauvaises choses. Il est temps que cette personne sorte de l'ombre. Ou bien qu'elle disparaisse si elle n'a pas envie que de la sorte moi-même.

L'heure n'est pas aux machinations mais au concours. Qu'il se passe dans la transparence la plus totale. Énoncez vos raisons, qu'on puisse juger d'à quel point elles sont stupides.
Quand avez-vous dit qu'il était interdit d'utiliser les objets des autres ? De mémoire, il me semble que les termes employés étaient les suivants : Si l'animal meurt, se réveille, s'échappe, tue quelqu'un vous perdez. Vous avez le droit d'utiliser que ce que vous avez sur vous et sur les tables. Voilà vos propres mots. En utilisant ce que monsieur Ota avait sur lui pour accroître son nombre d'objets, a-t-il enfreint une de ces causes ? Si vous osez parler du plateau qu'on lui a apporté, attendez-vous à recevoir les foudres divines. Vous lui avez fait apporter ce plateau, il en a naturellement déduit qu'il pouvait l'utiliser sans conséquences sur sa participation. Vous l'avez piégé, éhontément. Vous saviez qu'il serait disqualifié. Pourquoi cela donc ? Parce que quelqu'un vous l'a demandé. Ou vous a menacé, plus précisément.
»
Il s'approche et murmure quelque chose à l'oreille de l'organisateur. « Maintenant, posez-vous la question suivante, de qui avez-vous le plus peur ? Lui, ou moi ? »

L'homme devient livide. Il balbutie quelque chose, puis se tourne vers les autres juges. Ils discutent rapidement. Almérich de Kissinger vient me voir et me tapote sur l'épaule. Les gens n'en reviennent pas, il prend publiquement ma défense et annonce que je suis son protégé. Voilà qui a de quoi faire tomber les gens des nues.

« Vous avez bien fait de m'appeler, monsieur Ota.
Merci infiniment d'être venu, monsieur le vizir.
Je vous en prie, appeler moi Almérich, nous sommes amis à présent.
Je ne pourrais pas vous appeler ainsi, monsieur de Kissinger. Vous êtes vizir alors que je ne suis personne. Les rangs doivent être gardés sinon nous sombrons dans l'anarchie.
Soit. N'ayez crainte, je vais régler la situation si le besoin s'en fait sentir.
Je ne pensais pas que vous alliez venir vous-même. Un simple appel aurait suffi.
Je crains que hélas, les choses ne soient pas aussi simples qu'elles ont l'air de l'être. Il y a effectivement un complot en place. Sans ma présence, je crains que vous ne vous fassiez manger dans la cage aux lions. Au moins, avec ma présence, ils sauront faire preuve de retenue. Surtout vu nos liens. Personne ne doit l'avoir vu venir. »

Il dévoile un sourire carnassier qui me fait froid dans le dos. L'organisateur a fini de parler avec les juges et vient prendre la parole en public avec son micro. Il admet avoir fait une erreur, et que puisque monsieur le vizir a fait toute la route pour venir voir le médecin en action, je suis autorisé à concourir. Le septième sur la liste perd donc sa place et est dégoutté. Sauf que les juges, par soucis d'équité, l'autorisent à conserver sa place. Il l'a gagné, aussi lui retirer n'est pas juste. Quel étrange retournement de situation, n'est-il pas ? Monsieur de Kissinger fait des merveilles. J'en profite d l'avoir pour lui demander un service, remplir mes stocks et m'apporter des piments spéciaux qui viennent du royaume de Shishoku sur Grand Line, l'île culinaire. Une vingtaine suffira. Je rajouterai de la résinofaxine dedans plus tard pour renforcer l'effet.


Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.
Injuste justice judiciaire 3301443526
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