La conquête
L’air est vicié. L’odeur nauséabonde de la putréfaction et des cadavres remplit les alentours du navire fantôme de Rilos. Le cannibalisme s’est répandu à bord, et à plusieurs reprises Farore avait dû défendre sa vie, et elle aussi avait dû repousser les limites de la raison pour devoir se nourrir. Autrement élément grave, la plupart des
membres d’équipages étaient si affaiblis qu’il est impossible pour eux de jeter les corps par-dessus bord. Les maladies se répandent et certains marins perdent leurs dents, signe que le maudit scorbut est présent à bord.
Un navigateur, toujours en vie, semblable à un zombi, tente tant bien que mal de faire naviguer le vaisseau vers la destination que lui indique le Log Pose, et c’est un cri de joie et d’allégresse qui déchire le son morbide et funéraire des vagues.
« Terre ! Terre en vue ! »
La vigie n’est pas atteinte de folie ni d’illusion ou encore de mirage, c’est une réalité, il y a une île à l’horizon. Farore n’est pas là plus atteinte par la maladie, mais c’est bel et bien un autre mal qui s’est épris d’elle, le cannibalisme et les récents événements avaient eu des effets plus que néfastes sur elle et la folie semble la gagner peu à peu. Le rayonnant phénix n’était plus qu’un oiseau de mauvais augure.
Le vaisseau, où du moins ce qu’il en reste arrive à une centaine de mètres de l’île, l’équipage se réjouis d’ores et déjà de pouvoir fouler le sol de l’île méconnue. Mais une anomalie attire l’œil de Farore, l’eau semble bouillir sous la coque du navire… Un puissant jet d’eau jaillit, puis un second, un troisième, et un quatrième qui soulève le navire à plusieurs centaines de mètres de haut, un peu à la manière d’un Knock-up Stream. Le vaisseau, déjà très affaibli, vole en éclats, plusieurs marins sont immédiatement morts ébouillantés sous la chaleur destructrice. Farore le sait, si elle tombe à la mer, c’est fini pour elle. Dans un mouvement d’énergie ultime, elle utilise son geppou pour passer la zone de danger, et après un long moment, elle atterrit avec fracas sur la plage. Plusieurs cadavres retombent vers elle, et l’odeur de chair grillée lui assaillit les naseaux. Elle est révulsée par la situation, et c’est encore le chaos dans son esprit depuis sa trahison elle avait réellement compris les dangers de Grand Line et la raison des mythes qui gravitent autour d’elle.
Rassemblant le peu d’esprit qui lui reste, elle scrute la plage sur laquelle elle s’est réceptionnée, la fatigue, l’usure de la traversée et le soleil brûlant avait ramolli ses facultés. Et l’île ne lui offre pas de répit, un gorille gigantesque muni de cornes acérées fait irruption sur la plage, l’animal s’était tapi dans les fourrés non loin avant de charger Farore. Elle encaisse un revers du puissant bras de la créature qui l’envoi voler quelques mètres plus loin dans le sable. A ce moment précis, c’est l’adrénaline qui prend le dessus, elle reste au sol et attend le nouveau mouvement de charge elle profite ainsi pour sauter par-dessus le gorille pour saisir sa mâchoire et l’ouvrir de part et d’autre jusqu’à ce que cette dernière cède. La créature hurle de douleur et se débat davantage, le gorille assaillit de nouveau l’humaine, intruse à son territoire. Farore peine à esquiver et utilise son fire Hearth pour laisser son pied s’abattre sur le bras musclé de l’animal, un craquement sonore épouvantable retenti, le membre fait un angle à quatre-vingt-dix degrés, Farore se précipite pour arracher le membre, l’os acéré lui permet de porter le coup de grâce en plein cœur.
Quelques heures, plus tard, Farore avait pu allumer un feu sur la plage et avait fait cuire une bonne partie du gorille. Cependant, tandis qu’elle mange avec avidité la viande, elle ne peut s’empêcher de laisser son regard se poser sur les corps épars des pirates de Rilos. Leurs corps brûlés dégagent une odeur qui fait saliver Farore, avait-elle pris goût à la chair humaine lorsqu’elle s’était perdue en mer ? La folie prenait elle le dessus ? Elle s’impose une discipline mentale pour chasser ses idées cannibales de son crâne. Après son repas, elle s’aventure à la lisère de la forêt pour trouver quelques fruits, par chance, elle découvre des citrons qu’elle mange aussitôt pour lutter contre son début de scorbut. Il lui faut désormais du repos, le seul endroit qui lui paraît sur, reste encore l’épave du navire, elle parvient à se cacher dans ce qui reste de la cale et trouve une couchette occupée par un corps en décomposition, elle chasse le corps et tente de s’endormir, le sommeil, malgré la fatigue, peine à s’installer, mais lorsque ce dernier prends place, il est profond et réparateur.
Une fine piqûre réveille Farore, la chaleur et d’ores et déjà caniculaire. La piqûre se fait plus forte cette fois, obligeant Farore à ouvrir les yeux et se retrouver nez à nez avec des humains à l’étrange allure. Dans un premier temps, elle ne bouge pas et ne parle pas.
« Tu n’aurais jamais dû venir sur cette île ! »
Elle continue de ne pas bouger, pour la simple et bonne raison qu’elle est parfaitement orientée pour observer la scène qui se trame sous ses yeux. De puissants gorilles à cornes se dressant de manière impassible derrière le petit groupe d’humain. Ces derniers lancent l’attaque, le bois craque sous la bataille, ouvrant des brèches çà et là si bien que Farore parvient à s’échapper dans la cohue et laisse les deux entités adverses s’entre-déchirer. La plage n’est décidément pas sûre, elle court en direction de la forêt sans réfléchir un seul instant à ce qu’il pourrait se passer ensuite. Elle aurait dû. Plusieurs animaux hurlent dans le langage des hommes qu’un intrus est présent, comment diable pouvait-il parler ? La nuit réparatrice et le repas sommaire avaient permis à Farore de reprendre une partie de ses forces, vaincre quelques animaux serait une chose plus aisée que la veille, elle enchaîne donc les coups de pieds enflammés et les lames d’airs pour venir à bout de ses adversaires d’infortunes. Afin d’avoir une vue plus dégagée, elle monte au sommet d’un arbre majestueux pour voir que la fôret recouvre une bonne partie de l’île, elle constate que les geysers sont toujours actifs, ce qui lui procure un fâcheux sentiment d’enfermement, par ailleurs plus au sud, elle aperçoit une clairière c’est peut-être ici le signe qu’un village ou une ville humaine réside. Bien décidée à comprendre ce qu’il se trame ici, elle prend la direction de la fameuse clairière…
- Techniques:
Aucune