Coincées en haute mer

Coincées en haute mer

Un visage familier te toisait dans le lointain et tu te rapprochais indéniablement, inexorablement. Et qu’importe la distance que tu parcourais, elle continuait de te prendre de haut. Bientôt, tu aperçus ta silhouette se refléter dans ses iris violacés. Elle arborait une expression provocatrice sur sa figure.

Tu restas muette, presque docile face à elle. C’était une femme intimidante, même pour toi. Son carré noir de jais plongeant, sa taille fine soulignée par un corset, ses longues jambes élancées parachevées par des escarpins ahurissants. Tout chez elle renvoyait donc une aura de puissance.

— Tu me déçois, Jessica, t’admonesta Lady Hécate, daignant enfin te parler. Je pensais t’avoir mieux formée que ça. Tu as toujours été la plus prometteuse, bien loin devant Cinder. Me serais-je trompée ?
— Non, maîtresse, répondis-tu, penaude.
— Alors, reprends-toi, que diable. J’attends davantage de ta part

Soudainement, le roulis du navire te fit cogner violemment la tête contre la paroi derrière toi et t’arracha à ce rêve pour le moi dérangeant et désagréable. Voilà des mois que tu n’avais pas croisé la route de ta mentore. Mais son influence était encore grande sur toi, Ma protéger. Tu pestas de te sentir aussi pitoyable après ce songe et cet échec cuisant.

Tu voulus te relever, mais des fers à tes poignets reliés à une barre de métal t’empêchèrent de bouger. Deuxième raison de râler. Ainsi tu regardas autour de toi. Jaina dormait toujours, assis en face de toi. Un peu plus loin, Wanda était également inconsciente. Mais vous n’étiez pas seules dans la pièce. D’autres prisonniers végétaient entre ces murs.  

Certains semblaient croupir ici depuis des mois, aussi émaciés qu’ils fussent. D’autres avaient l’air d’avoir été gavés pour le plaisir de manger de la chair grasse. Une vague de dégoût s’empara de toi en cet instant en réalisant toutes les implications que cela sous-entendait.

Tu écoutas les sons ambiants, une fois cette sensation désagréable refoulée. Outre le bruissement de la houles qui te parvenait depuis le hublot, le cliquetis métallique des chaînes et menottes et les ronflements, tu arrivais à distinguer à travers l’écoutille le murmure de la ripaille des hommes-poissons, ainsi que l’écho étouffé des bottes martelant le parquet au-dessus de vos têtes.

Tu te contorsionnas sur place en soupirant, prenant une position des plus grotesque, affalée à demi sur une fesse, les mains bien au-dessus de ton crâne, presque comme si tu suppliais qu’on te violente, pour chercher à attirer l’attention de ta capitaine. Dans cette position improbable, tu remuas le pied, essayant de buter dans celui de ta supérieure.

Après quelques efforts infructueux, où les fers s’enfoncèrent plus profondément dans ta chair à chaque tentative, tu parvins à toucher plusieurs fois la jeune femme. Elle sortit de sa torpeur tandis que tu te redressais convenablement, ce que tes poignets remercièrent.

Tu plaças un index sur tes lèvres pour l’intimer de se taire lorsqu'elle tourna les yeux dans ta direction. Tu lui tendis tes mains pour lui témoigner votre état d’emprisonnement et pointas également en direction de Wanda pour la rassurer au mieux. Sa fille était dans la même pièce que vous. Et enfin, en mimant des pas avec des doigts et en montrant le plafond, tu désirais lui faire comprendre que vos ravisseurs se trouvaient juste au-dessus de vous. Vous étiez dans de beaux draps.





Moissonneuse et Désespoir/poussière:





Dernière édition par Jessica Hellhound le Ven 23 Fév 2024 - 15:15, édité 5 fois
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Coincées en haute mer

With Jessica Hellhound


Les genoux sur le sable chaud du désert, les larmes coulants à flot sur ses joues, Jaina observe impuissante le corps sans vie de sa petite sœur qu’elle est en train de porter. Son légendaire sourire est resté sur son visage, bien que l’hémoglobine autour de ses lèvres gâche ce joli rictus. Sa volonté de conquérir le trône de la Reine du tir a disparu dans le vent agressif du désert. Jaina devient une coquille vide et se demande si le décès de Pearl est une réponse pour toutes les mauvaises choses qu’elle a commises. Pourquoi ô pourquoi la vie doit-elle prendre sa frangine qui était la plus innocente et la plus gentille de sa famille ? Elle méritait de vivre, à voir grandir ses jumeaux et de savourer l’amour de son mari.

Dans les pattes de la louve, le fusil ayant servi à tuer Pearl s’y repose. Une arme commune de la Marine donnée pour ses soldats. Une simple ogive suffit à arrêter un mécréant à condition que le tir soit bien cadré dans une zone vitale. Wanda qui désirait blesser voire tuer le commandant Chris McLaughlin n’a pas eu la chance de réussir. Au contraire, inexpérimenté dans ce domaine, le louveteau est devenu le grand responsable de la mort de Pearl… Désormais, elle doit vivre avec et peut-être fera-t-elle des cauchemars de son homicide involontaire.

Une part de Jaina Rosenberg en veut cruellement à son propre enfant. Des idées noires tournent depuis plusieurs semaines, élaborant des scénarios de tortures puis de meurtres à l’encontre de Wanda Rosenberg. Céder à ses effroyables choses briseraient à jamais l’albinos et la perdrait à tout jamais dans la folie…

Pourtant…il serait facile de mettre fin à sa souffrance. De punir la responsable d’une simple balle dans le cerveau ou dans le cœur. Tournant lentement sa tête en direction de son enfant qui est également assis sur ses genoux tout en dévoilant un regard vide, l’albinos se relève tout en chargeant le fusil. Ses gestes sont brusques, que ce soit pour retirer la douille vide du magasin et de le remplir d’une cartouche pleine. Face à Wanda, Jaina pose la crosse de son arme contre son épaule, plaque sa joue contre le bois du fusil et s’apprête à agresser la détente du pétard.

Pearl lui avait dit que ce n’était pas la faute sa petite. Qu’elle n’était pas cette grande responsable. MENSONGE !! Hurlant de désespoir de ne plus pouvoir parler, enlacer sa petite sœur adorée, Jaina enclenche le mécanisme du fusil pour que le percuteur ordonne à la balle de s’échapper du canon. D’un bruit sourd, la mère désespérée tue son propre enfant… Lâchant la carabine, riant follement de sa vengeance, la cow-girl franchit la limite de la démence…

Ce cauchemar…ou bien ce rêve…prend fin lorsque Jessica arrive à réveiller la dormeuse. Ouvrant les couvertures de ses rubis, récupérant en même temps un mal de crâne pour avoir été assommée, la louve découvre un décor plus sombre et plus morbide que sa rêverie. Enchaînée, dans l’incapacité de se frotter les cheveux pour repérer où se trouve sa vilaine bosse, la cow-girl se retrouve une fois de plus…dans une cellule. Souhaitant exclamer des jurons dont elle a le secret, Jaina se retient lorsque sa magnifique timonière lui ordonna de sa taire par un simple index contre ses lèvres hypnotisantes.

Wanda est dans la même cellule, en vie et non morte comme dans le cauchemar de Jaina. Un doute survient en ressentant des émotions de voir sa fille. Est-ce de la haine ? Ou bien de la joie ? Ses sourcils se froncent, un de ses crocs se plante dans sa lèvre inférieure. Jaina ferme un instant ses paupières pour chasser cette vision lui montrant le meurtre de sa propre gamine.

Elle inspire grandement, ferme ses poings et profite de l’absence de ses ravisseurs pour parler à son médecin. Là, à l’heure actuelle, Jaina a besoin de parler, de se confier bien que la situation ne soit pas propice.

« Jessica… » marmonne difficilement la capitaine pirate. « Quand je suis partie après notre rencontre, j’ai retrouvé mes sœurs. Une que je déteste Annie…et une que j’aime énormément Pearl. Nous nous sommes retrouvées...mais la Marine est arrivée juste après. Lilith appartenait à un Commandant. Bref… » Jaina se stop renifle par les nez pour refouler son chagrin tout en revoyant cette rencontre qui causa la mort de Pearl et la destruction du lien fraternel entre Annie et Jaina. « Wanda a voulu nous aider…elle a pris un fusil, elle a tiré, mais la balle a tué involontairement ma petite sœur au lieu de cet enfoiré de gradé. Depuis ce jour…j’ai des idées noires tu sais. Je me vois en train de tuer ma propre fille… »

Attachées par des chaînes montant sur une barre de métal accrochée au plus haut du mur, l’albinos tira doucement sur ses fers. Ne pouvant pas chasser les larmes qui ruinaient son maquillage, Jaina montra une faiblesse à sa subordonnée. Jaina n’était pas en phase d’accepter la mort de Pearl, préférant rester dans la colère et la tristesse du deuil.

« Je ne sais plus si je dois aimer ou détester Wanda. Pearl m’a dit que ce n’était pas de sa faute avant de mourir. Annie m’a répondu la même chose… Pourtant c’est elle qui a tiré… » proteste la mère qui sous l’effet de la colère réchauffe inconsciemment ses poignets qui brûlent le fer de ses menottes… « Jessica, quel est ton avis à ce sujet ? Toi qui est médecin…et sûrement plus douée pour trouver une solution à ce problème… »

Silencieuse, dans une cellule en face des Ravengeuses, une silhouette assise dans un coin écoute les murmures de Jaina Rosenberg. Les oreilles redressées, ses nasaux effectuant des va-et-vient, l’inconnue qui n’a désormais plus aucune famille depuis un fameux jour, a une soudaine envie de faire fermer le clapet de la désespérée. Ses paroles réveillent des souvenirs douloureux qui ont été difficiles à faire dormir. Néanmoins, la prisonnière n’agit pas, ne se montre pas, curieuse de connaître la réponse de la blonde…



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Coincées en haute mer

Alors que Jaina avait consenti à se taire, elle brisa rapidement cet accord tacite. Tu soupiras et ne pus faire autrement que l’écouter, emprisonnée comme vous étiez. C’était un sujet sérieux pour elle et elle avait décidé que tu serais le réceptacle de ses doutes.

Alors qu’elle te raconta les périples de sa famille sur Hat island, tu guignas vers Wanda. Comme tu la connaissais, tu ne l’imaginais pas pouvoir tenir une arme ou tirer sur quelqu’un. En soi, tu n’en avais pas grand-chose à faire.

Ton objectif était de dispenser la mort à tous de façon froide et au grès de la fortune. La finalité s’était que l’humanité entière finisse six pieds sous terre. Pourtant, pour le principe de la « bonne entente » dans l’équipage, tu ne pouvais pas laisser ça couler et en suspens.

J’apparus près d’elle, dans une fumée noir et opaque. J'étais assis à ses côtés, Ma non-bouche souriait de toutes Mes dents. Ce dilemme M’excitait, Me galvanisait, M’enfiévrait. Je lui caressai la joue de ma main. Bien évidemment elle ne le ressentait nullement la morsure du froid de mes doigts squelettiques.

— Elle est d’un ridicule, s’épancher et chercher tes conseils comme si elle était ton amie.  
déclamais-Je d’une voix teintée de cette passion enivrante, des volutes verdâtres s’échappant d’entre Mes mâchoires. Laisse là à ses problèmes tu n’en as rien à faire. Cela n’aide en rien Notre cause.

Tu m’écoutais, me regardant plus que tu ne la regardais elle. Tu luttais intérieurement et Je jubilais. Il était rare depuis quelques années qu’on se confie à toi. Tes pensées sous Mon influence s’entrechoquaient, te torturaient. Soudain, tu te détournas de Moi et Je M’effaçai avec la brume qui Me caractérisait.

— Comme il te plaira…soufflai-je au dernier moment, mes paroles traînant dans un écho ambiant.

— Ecoute, Jaina. Les affaires d’famille, c’est pas mon fort. Ni celle d’amitié. Qu’elle crève, qu’elle soit en vie, perso j’m’en carre un peu. J’passe mon existence à tuer au bon gré d’ma maitresse la Faucheuse, celle à qui j’ai dédié mon être. Par cont’e, c’que j’peux t’dire justement, c’est c’que ca fait d’céder à c’type de sentiment.

Tu imprimas un mouvement de tête à ta capitaine pour qu’elle considère sa fille. D’ailleurs tu l’observas une dernière fois avant de poursuivre ton avertissement.

— R’garde moi, j’suis psychotique au dernier degré parc’que précisément j’ai succomber à c’genre de pulsion et que ca a aggravé c’que j’avais déjà en moi. Ne pas résister c’est facile, tuer c’est simple et ça soulage sur l’instant. Mais pardonner, c’est lent et compliqué, mais une psy te dirait que c’est plus valorisant. J’connais pas ta sœur, mais j’suis pas sur que c’est c’qu’elle souhaiterait . Mais tu fais bien c’que tu veux. J’m’en cogne.



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Coincées en haute mer

With Jessica Hellhound


Jaina n'a pas interrompu son médecin lorsque cette dernière lui a partagé son point de vue. Cela rassure la capitaine que cette blonde énonce une solution proche de celle de la défunte petite sœur Rosenberg. Ou alors, ses dires complètent ce que Pearl souhaitait lui confier. Sauf qu'à présent, en ce jour ou cette soirée, l'albinos n'a aucune issue pour remonter son moral. Le deuil est toujours présent, torturant l'esprit de la Louve Blanche. Ce morfondre ne changera pas sa situation, surtout en ce moment critique où la mort erre autour des Ravengeuses. Prisonnière, Jaina Rosenberg doit être prête pour le second round. Sa défaite est une humiliation. Non seulement ses otages se sont rebellés, mais en plus l'équipage de la Banshee l'a capturé. Au moins, son cœur bat toujours...

La poiscaille n'a pas eu la volonté de l'achever, de la tuer pour mettre un terme au chaos que provoquait la vampiresse. Cette réjouissance pour Jaina n'est que de courtes durées. Le grincement de ses chaînes et l'odeur de putréfaction rappellent à la criminelle que son sort pourrait être réservé à nourrir ces mangeurs d'hommes. Observant longuement Jessica, se perdant dans la couleur de ses cristaux, Jaina se demande ce qui avait causé le côté psychotique de l'Ange de la Mort. Elle préfère s'abstenir de lui demander, car ce n'était pas le bon moment.

« J’ai perdu la garde de ma fille à cause d’une sombre histoire d’amour. » Jaina soupire en repensant au seul homme qu’elle a aimé. « Nous étions jeunes…très con au point de vouloir un enfant. Lorsque je lui ai annoncé que j’étais enceinte, ce fils de chien est parti la queue entre les jambes en me laissant toute seule… » La cow-girl crache sur le sol, tout en tentant de retirer ses liens de fer. Un échec cuisant. « Énervée, aveuglée par mon désir de retrouver le père de Wanda afin de lui faire payer, j’ai complètement oublié mon rôle de mère. Ma famille l’a confié à des parents responsables. » La louve souhaite tendre sa main en direction de sa fille endormie, encore et toujours une tentative vaine… « Je l’ai récupéré cette année, car ses soi-disants parents n’arrivaient pas à doser son caractère bordélique. J’étais…tellement heureuse de pouvoir la récupérer de devenir la mère que j’ai toujours voulue être à ses yeux… »

Sauf qu’à présent…la criminelle est partagée entre la colère et l’amour. Sa fille a tué Pearl, c’est elle qui l’a tué et non ce foutu gradé de la Marine. Comment la pardonner ? Quelle mesure prendre pour sauter cet obstacle fait pleurer le cœur de Jaina ? En vérité…est-ce réellement la faute de Wanda ? Si la gamine savait tirer, Pearl vivrait encore. Si la Ravengeuse n’était pas une pirate, sa petite sœur s’occuperait toujours de ses jumeaux tout en recevant l’amour de son mari.

Qui est le responsable de cette sombre histoire ? La louve ou son louveteau ?

La trappe donnant accès à la partie supérieure du bateau s'ouvre délicatement pour y faire entrer un être aussi hideux que repoussant. Un homme-poisson de la famille des calamars. Il semble vouloir n'émettre aucun bruit, regardant de temps en temps derrière lui par peur d'être suivi. Ses tentacules visqueux échappent un fluide incolore et fortement baveux sur le sol ainsi que sur les barreaux des cellules. Il sort une clé cachée au fin fond d'une poche de son blouson avec l'un de ses appendices pour ouvrir la cellule des Ravengeuses.

L'être entre dans cette cage rouillée à cause du sel de mer. Au tout début, il se concentre sur Jessica. Jaina se demande à quoi il pense et seul lui est en mesure d'y répondre. Il ne communique pas, refuse de faire vibrer ses cordes vocales. Ses iris d'un jaune cauchemardesque ne quitte à aucun moment la silhouette du médecin. Elle représente tout ce qu'il désire. Un corps bien entretenu, une chair qui doit être savoureuse, un repas de qualité pour calmer son estomac affamé. Lorsqu'il réduit la distance avec Jessica, les tentacules de sa bouche s'écartent pour dévoiler des crocs affûtés. Ô qu'il a terriblement faim... Ses mains en tremblent d'excitation et surtout d'impatience...

Jaina qui reste muette de ce spectacle, aperçoit deux trois gouttelettes tombant depuis ses tempes. Le Loliginidae a l'air de stresser. Peut-être que ce dernier ne doit pas être ici. Cela expliquerait la raison de sa venue discrète. Effectuant un sourire en coin, Jaina écrase de bon cœur le pied d'un prisonnier pour l'encourager à gueuler. Le son de sa voix grave fait sursauter l'Homme-Poisson qui s'apprêtait à coller ses tentacules autour du visage de la blonde.

Le cri du malheureux ne dure pas longtemps. L'affamé a placé sa main visqueuse sur la bouche du gueulard. Ses yeux perçants attirent ceux de la victime, qui, après une minute ne se débat plus du tout. L’Homme-Poisson vient en même temps de chantonner une sorte de berceuse, sûrement la cause de ce calme soudain. De l’hypnose ? Jaina n’a pas la réponse à cette question…

Tout à coup, l’albinos écarquille ses rubis de surprise puis de frayeur. Car oui, en ce moment même, lorsque la proie a cessé de geindre, le voilà qu’il se met à vouloir embrasser cette créature des profondeurs. Consciemment ou non, le prisonnier réduit cette distance qui le sépare du visage de son ravisseur. Les tentacules s’entourent tendrement, presque avec amour autour de la tête de l’homme. La mâchoire du monstre s’ouvre et s’enfonce dans le crâne de son repas pour y rechercher la cerise sur le gâteau. Le cerveau. Le fin gourmet prend le temps de déguster sa gourmandise et ne laisse échapper aucune goutte d’hémoglobine. Le spectacle est effrayant, si bien que Jaina est à deux doigts de vomir…

Son estomac désormais repu, le pirate des profondeurs se retire de sa proie à la cavité crânniène vide. Ce festin devait être destiné à l'équipage, mais ce fin gourmet n'aime pas partager. Avant que ses congénères s'aperçoivent de ce délit, le calamar retire le cadavre de ses chaînes afin de le tirer hors de la cellule par les pieds. Il laisse cependant sur son passage une merveilleuse traînée de sang.

« Je ne manquerais pas d'avertir tes petits copains. » prévient une voix féminine totalement inconnue aux oreilles de l'albinos. L'aboiement provient de la cellule d'en face. Une silhouette au pelage d'automne sort de l'ombre. Une Renarde de la taille d'un humain, une Mink. Elle attrape les barreaux de sa cage et dévoile un sourire sournois. « Quel dommage qu'un membre de la Banshee doit se passer d'un dévoreur solitaire. »

Souhaitant clouer le bec à cet animal, la renarde hurle de tout ses poumons pour avertir les Hommes-Poissons les plus proches. Des bottes martèlent le plafond en bois et la trappe s'ouvre violemment. Les poissons nauséabonds se rendent compte que leur petit ami n'a pas respecté une règle fondamentale au sujet des prisonniers. C'est au capitaine de décider du sort de sa viande. Désobéissance, mutinerie... Sans attendre le fin gourmet est exécuté sur place. Un poignard bien affûtée tranche la gorge du traitre.

« Il faudrait que vous soyez plus vigilant la prochaine fois. » ricane la Mink qui reste impassible au meurtre du dévoreur. Au fond de son être, elle se réjouit d'avoir provoqué la mort de ce type.

« Silence vermine d'esclave ! » ronchonne un Homme-Poisson de la famille des requins. « N'oublie pas que tu es vivante uniquement parce que tu sers bien le capitaine. J'ai hâte d'être au jour où nous pourrons te dévorer. Un Mink ça ne nage pas dans toutes les mers. » Le poisson porte les cadavres du prisonnier et du traitre sur ses épaules puis remonte avec ses copains sur le pont du navire...

Le silence revient...laissant les détenus à leur solitude. Pendant que la renarde retourne dans l’ombre, Jaina reprend son attention sur sa collègue.

« Charmant…spectacle. » murmure la capitaine à sa timonière. « Tu va bien ? » s’inquiète la cow-girl qui a failli voir sa charmante infirmière sans cervelle. « Merci pour tout à l’heure. Je…si tu as aussi besoin de te confier, tu peux venir m’en parler. »

Après un doux sourire à sa sœur d’armes, la mère remarque que sa progéniture, son charmant trésor qui lui cause un horrible mal, se réveille du monde des rêves. La frayeur se lit sur le visage et l’attitude de l’adolescente. Au moins, Wanda est toujours en vie.

« Maman je… »

« Bienvenue à bord de la Banshee trésor ! » coupe haut et fort la renarde qui est allongée sur son banc, dans l’ombre à surveiller les Ravengeuses. « Désormais tu es une esclave. Si tu n’es pas mangée, tu serviras les intérêts du capitaine. Il aime les femmes humaines, même un peu trop d’ailleurs. Je t’épargne les détails. Au fait, ta mère envisageait de te… »

« Ta gueule !! » gueule encore plus fort Jaina à s’en faire péter les cordes vocales. Ses deux mots l’essoufflent, son palpitant bat à une vitesse grandissante pendant que ses pieds chauffent dangereusement. « La bestiole, tu l’as met en veilleuse !! »

« Ouuuh et qu’est-ce que je risque si je ne le fais pas ? Tu vas me tuer ? Des dames dans ton genre, je les mattes. » dit la renarde en ricanant follement, elle qui semble avoir perdu la raison, être devenue folle après de nombreux traumatismes et de mois à être prisonnière…

En tout cas...Jaina n'a qu'une seule idée en tête. La louve désire attaquer la renarde pour lui montrer...qui est la patronne.



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Coincées en haute mer

Finalement les histoires de familles se ressemblaient toutes pensas-tu. Mais celle-ci n’était pas la tienne, cela ne te concernait pas. Vous n’étiez que partenaire dans cette affaire. Rien ne t’obligeait à t’impliquer plus que tu venais de le faire. Cependant, en cet Instant, une colère sourde t’animait, tourné vers cet équipage aussi révulsant que des bouffeurs d’homme puissent l’être.

Quand le calamar t'avait choisie comme repas, tu n'avais pas sourciller. Il ne t'inspirait que dégout. Son odeur forte et puante t'avait incommoder au plus haut point. A cet instant précis, une idée t'avait traversée là tête. "Et si c'était la fin ?". Tu n'as pas foncièrement eu peur. Tu M'aurais accueillie comme la vieille amie que Je suis. Dans un certain sens, tu l'avais même souhaiter, que tout ça s'arrêter. Que cette folie ne t'oppresse plus et que tu ne souffres plus de la rage constante qui t'anime jour après jour.

Puis, tu repensas à ton meilleur ami, mort dans tes bras. Et une conviction nouvelle se réaffirma en tout. Il fallait que tous payent. Ce n'était pas en t'apitoyant que cela allait se faire. Il s'approchait de plus en plus, hésitant, ouvrant la gueule et te léchant de ses tentacules. Ca te soulevait le coeur. C'était ignoble.

Pourtant, tu l'avais défié du regard, de l’impassibilité et de la froideur qui te caractérisait quand tu étais maîtresse de toi- même. Tu lui avais même souris, par pur provocation, pour voir s'il avait les foies d'aller plus loin que l'envie, de passer à l'acte. Fort heureusement, la fatalité en avait décidé autrement. Jaina avait intercédé pour ton bien. Tu ne savais trop que faire de ça, de la gratitude peut-être ? Tu la remercierais plus tard si ce sentiment persiste.

Sans elle, tu aurais pu le renvoyer loin de toi grâce à tes ailes si tu les arborais encore. Mais, elles n’étaient plus accrochées dans ton dos. Ces deux appendices métalliques, partie intégrante de ton identité, de ton image, manquaient à l’appel. Tu ne les sentais plus et ça t’emplissait de rage.

Ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Et comme cette fois-là, c’était inacceptable. Tu les ferras payer, tous autant qu’ils sont. Tu aurais souhaité commencer par cet octopode de malheur. Bien dommage que son camarade s’en soit déjà débarrasser. En y resongeant, tu avais mieux géré dans ce laboratoire sur Zaun. Peut être que ta psychose n’était pas aussi avancée qu’aujourd’hui.

Tu te muras dans le silence, même face à la provocation de la renarde. C’était le problème de Jaina. Toi, tu devais gérer autre chose. Tes propres ténèbres. Tes yeux se mouvaient sans que tu ne puisses les contrôler réellement, exprimant de constant aller-retour entre tes attaches de fer et la femme qui te faisait face. Il t’arrivait de t’arrêter sur elle et de la fixer de longues minutes.

Tu ne parvenais plus à réellement penser. Tes sens, tes sensations parasitaient toutes réflexions rationnelles. Cet être marin avait déclenché à son insu une réaction incontrôlable. Ta respiration saccada au bout d’un moment, une anxiété certaine finit par t’envahir, comme si avoir violer ton intégrité physique représentait une donnée irréparable. Alors que tu le savais que réintégrer tes ailes entre tes omoplates étaient facile. Tu restas une bonne heure catatonique. Une longue heure, qui parut en durer dix pour ta perception distordue.

J’apparu soudain près de toi, amusée par ton impuissance, mais en même temps navrée pour toi. Il M’était cependant impossible d’agir directement sur ta condition, aussi pénible qu’elle soit et aussi fort que Je puisse le désirer. Seules Ma voix et Mon contact pouvaient te parvenir. Je Me penchai devant toi, Mes non-yeux te jaugeant. J’essayai de te faire réagir, cependant c’est à peine si tu M’aperçus.

— Jess, tu ne vas tout de même pas laisser de simples menottes  t’arrêter ? Alors qu’il te reste tant d’âme à envoyer dans mon royaume.
ne pus-je retenir en frappant de mon index les chaines qui t’entravait.

Ton visage se tordit dans une expression fugace, mais par trop pénible. Un murmure s’échappa de ta bouche. D’abord imperceptibles, presque inarticulés, ces mots se transformèrent bien vite en une psalmodie lugubre.  

— Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte.Faut qu’je sorte

Ta voix s’alourdit au fur et à mesure, devenant étrange, brisée, désincarnée, presque l’avatar de ta démence.
Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte.Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte.

Tu commenças à te débattre sur place, tirant sur tes attaches de manière frénétique, te soulevant de manière discontinue, cherchant par tous les moyens de te libérer. La douleur n’opérait aucune répercussion sur toi. Tu étais en transe.

Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte. Faut qu’je sorte. Faut qu'je sorte.Faut qu'je sorte. Faut qu'je sorte. RENDEZ.MOI.MES.AILES.

Tu avais crier à plein poumon cette dernier salve. C’était un désire impérieux. Ta vision s’était totalement obscurcie. Tu ne percevais que ton mal-être aussi profond que les abysses.

Et loin de ta conscience, la renarde t’observait avec effroi.

— Dis moi, ta pote là, elle va bien ? Elle est pas un peu tarée sur les bords ?



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Coincées en haute mer

With Jessica Hellhound


Est-ce une crise de panique de la part de l'Ange de la Mort que la louve découvre ? C'est ressemblant et cela bluffe la capitaine pirate. Elle croyait que sa chère et froide partenaire serait au-dessus de cette faiblesse. Il faut croire que ce genre de sentiment touche tout le monde. Jaina aperçoit un peu plus d'humanité dans le cœur de cette femme et se jure de retrouver puis donner la convoitise de la paniqué. En attendant, ses mains sont toujours liées et son sort est encore réservé en tant que viande fraîche. Si jamais Jaina n'arrive pas à s'échapper, elle espère que son sang, ses organes, sa peau soient un véritable poison pour les affamés. L'heure n'est cependant pas venue pour accueillir la mort à bras ouvert. La cow-girl doit s'échapper et donner une bonne correction à la friture. Néanmoins, sa colère est pour l'instant dirigée sur la femme renarde qui ose s'en prendre au lien qui l'unit avec sa fille...

La structure métallique de ses menottes pourrait être brisé. Il lui faut cependant du temps pour se préparer. Son estomac est affamé et hors de question d'imiter les tordus de cet équipage. De plus, sa dépendance au tabac lui pèse sur le système. Depuis combien de temps date sa dernière cigarette ? Avant l'attaque de la Banshee visiblement. Elle peste toute seule, son visage ruisselle de la sueur, ses mains commencent à trembler.

Wanda désespère dans son coin à vouloir se retirer de ses chaînes. Elle n'a pas l'habitude de vivre ce genre de situation. Il y a cependant un avantage pour cette dernière. Sa fille peut se déplacer dans la cellule contrairement aux deux dominantes. La chance sourit encore plus à Jaina en découvrant une mégot à moitié consommé, ayant appartenu à son défunt voisin. Le seul défaut, c'est que le cul de cette drogue baigne dans l'hémoglobine. L'albinos lève ses rubis au ciel et soupire. Pas le temps d'être dégouté, son addiction est trop forte pour refuser.

« Wanda, file moi la clope par terre. » ordonne la mère qui se réjouit que ses petits salopards ont oublié de lui retirer son Zippo de secourt reposant dans son soutien-gorge. Sa fille récupère la cibiche, l'allume pour sa mère avant qu'elle soit mordue par la Louve Blanche. Le goût du sang est extrêmement déplaisant. « Merci... »

Jaina savoure chaque bouffée de cette nuisance dégradant sa langue, sa gorge et même ses poumons. Elle est tombée dedans durant son adolescence et n'arrive pas en ressortir. Il lui faudrait une bonne raison pour arrêter et beaucoup n'ont pas réussi à la stopper. Elle repense à sa mère qui l'avait engueulé en apprenant que sa deuxième fille s'était mise à la clope. Il avait fallut que ses sœurs et son père retienne Daisy de tout casser dans le ranch...

« Je suis désolée maman...si je n'avais pas été là, tu ne serais pas dans cette galère... » admit la gamine qui tourna le dos à sa mère pour cacher son chagrin. À chaque fois, sa présence causait des ravages à Jaina. L'histoire avec Pearl, la mésaventure à Inari, puis en ce moment même. « Je n'aurais pas dû te rejoindre... »

« Écoute moi bien !! » gronde la louve à son louveteau. Elle s'énerve encore plus, gueulant son prénom pour que Wanda la regarde droit dans les yeux. « On va s'en sortir et voler ce navire. Lorsque cette histoire ne sera que du passé, je t'entraînerais pour que tu puisses te débrouiller sans mon aide. Compris ? »

La petite cow-girl hoche positivement son visage. Les mots de l'albinos donnent un brun de courage à l'adolescente. Elle est un poil rassuré, hélas le destin décide de jouer un vilain tour à cette dernière...

Des membres de l'équipage, d'un nombre de deux entrent dans les goeles, car ils ont une mission à accomplir. Il ne s’agit nullement de dévorer de la chaire fraiche comme leur défunt équipier. Non, à l’heure actuelle, les deux guerriers des profondeurs doivent apporter un tout nouveau jouet pour leur grand capitaine. La renarde passe à la trappe pour aujourd’hui, car une autre demoiselle lui passe devant involontairement. L’un des deux poiscailles libèrent les chaînes de Wanda Rosenberg et avant que la demoiselle tente de s’échapper à quatre pattes de ses ravisseurs pour rejoindre sa mère, un des Homme-Poissons ramène la gamine auprès d’eux en la tirant par ses cheveux.

« Le boss souhaite profiter de toi avant que tu passes à la casserole. » ricane le plus petit du duo qui gifle le visage de Wanda pour l’inciter à se calmer. Son geste provoque le grognement et le hurlement de colère de la Louve Blanche. « Oh ? Tu es fâchée ? Je vais t’apprendre à rester à ta place ! » Il remonte son pantalon pour cacher son ventre grassouillet, retire son fouet accroché à sa ceinture et somme à son collègue de retourner Jaina pour que son dos soit visible par ce dernier. La main palmée et complètement trempée du plus grand des deux arrache la chemise blanche de la cow-girl. Son dos nu est visible, à la merci de son bourreau.

Ricanant, car le gringalet peut se permettre de commettre du mal au prisonnier, il attribue un premier coup de fouet contre la peau fragile de l’albinos. Jaina serre ses dents, refuse d’y émettre le moindre gémissement de douleur. . Les pleurs de son enfant (d’être la spectatrice et la responsable à propos du traitement de sa mère) sont des plus grandes tortures que ce coup de schlague. Mécontent de la non-réation de la louve, la friture recommence, encore et encore pour espérer déceler une plainte provenant de sa victime. Hélas, c’est inefficace. Le dos bariolé de balafres ensanglantées, Rosenberg est épuisée d’avoir résisté du mieux qu’elle pouvait à ce martyre… Son visage est encore plus en sueur, son maquillage autour de ses yeux coulent jusqu’au niveau de la commissure de ses lèvres…

« Le capitaine va nous passer un savon si tu continues à torturer le repas. Il a dit que c’était urgent, on traîne trop. » déclare le plus grand et le plus musclé des fritures.

« T’as de la chance que le boss soit pressé sale humaine. » répond le petit gros de la famille du porc-épic. « J’ai hâte de pouvoir te cuir saignante ce soir. Puis ta copine blonde sera la suivante et pour finir la gamine sera le dessert. »

Les deux lascars referment la grille à clé, ensuite ils remontent sur le pont de la Banshee en traînant Wanda par les cheveux…

Le silence reprend une nouvelle fois ses droits, redevenant le maître des lieux. Jaina n’a plus la force de gueuler, de protester. Serait-ce des larmes qui coulent depuis ses rubis ? Vraiment ? Elle qui se prétend être forte, de toujours vouloir dominer ses adversaires. Là, Jaina fait peine à voir et heureusement que la Chapeauté d’Hat Island tourne le dos à sa partenaire de crime.

N’est-ce pas plutôt mérité ce qui arrive à Wanda ? Après-tout, elle est fautive de la mort de Pearl. Son châtiment est justifié. Ce sont les idées noires de Jaina qui souhaitent la convaincre. Les acceptés seraient simple, il lui suffirait de fermer les yeux pour s’endormir, pour permettre à son corps de récupérer avant ce soir pendant que sa pauvre gamine subie les atrocités du capitaine. Lentement, les couvertures de ces cristaux cachent progressivement le rouge de ses iris…

Alors que ses mains lâchent prisent, que la femme est sur le point de s’effondrer, Jaina comprend enfin les paroles de sa défunte sœur. Ce n’est pas la faute de sa fille, mais de la sienne. Désormais primée, ayant épousée la voie de la piraterie, il est clair que les ennuies continueront de lui barrer la route. La mort de Pearl est une conséquence de son choix. Ne pas avoir entraîné Wanda à se servir d’une arme, à viser et tirer est un résultat de ses actes passés. Laisser sa propre gamine à la merci de la Banshee serait irresponsable de sa part. Jaina voulait être mère, élever son enfant, voir grandir son trésor… L’albinos fini par perdre connaissance, impuissante du traitement qu’elle vient de subir, toujours pas assez forte pour protéger sa propre fille...



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Coincées en haute mer

Combien de temps étais-tu restée dans cet état ? Par trop, te dirais certain. L’intensité de ta détresse t’avait fait même couler des larmes sur les joues. C’était à peine si tu avais réalisé que ta partenaire s’était allumé une cigarette. Quand les intrus s’étaient immiscés dans la cellule qui vous retenait prisonnières, sensoriellement tu ne les avais pas perçus, mais ton corps avait réagi pour toi. Tu essayas pour tous les moyens de ne pas rentrer en contact avec eux.

C’était une image bien pitoyable et faible que tu offrais en ce moment. Et bien que tu ne pusses pas te le permettre, c’était impossible pour toi de lutter. Quand ils emmenèrent Wanda à l’abattoir, se faire abuser comme une vulgaire marchandise, tu n’eus pas vraiment le loisir de t’interposer.

Quand ta détresse mentale devint bien plus fort que ce que ton être ne pouvait supporter, tu t’effondras, inconsciente. Le menton sur le torse, tu dormis d’un sommeil aussi agité qu’inconfortable. Tu revis en rêve le meurtre de ton père, tu vécus à nouveau l’horreur du décès de ton meilleur ami.

Ce fut en sueur que tu retrouvas le chemin du réel. Combien de temps s’était écoulé ? Difficile à dire. Ta respiration était rauque, ta gorge sèche d’avoir trop crié, tes yeux bouffis d’avoir trop pleuré. Tu regardas autour de toi. La pièce n’avait pas changé. Les barreaux d’acier toujours aussi immuable, les menottes et la ligne d’attache qui te maintenait dans cette position inconfortable n’avaient pas disparu pendant ton sommeil.

— Hey, la folle, bienvenue dans l’antre de la bête, ricana la renarde appuyer contre sa propre porte de métal.

Tu l’ignoras sans ménagement, tu n’avais clairement pas l’envie de gérer des insultes gratuites et, détenue comme ça, tu ne pourrais pas lui en retourner une.

— Tu feras attention, y a le renardeau de ta femme qu’est revenu. Elle a pas supporté le traitement qu’elle a subit.

Ta femme ? Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre comme connerie, pensas-tu. Elle pointa le fond de te cellule et tu remarquas enfin Wanda, prostrée dans un coin, roulé en boulle, se rependant dans ses effluves.

Elle sanglotait, reniflait avec force sentiment de terreur. Elle se recouvrait le visage pour que personne ne puisse le voir.  Une légère odeur d’urine se dégageait de son pantalon. Elle s’était souillée. Rien de plus naturel pour une gamine comme elle.

Un dilemme s’empara soudainement de toi. Qu’allais-tu faire ? La laisser comme ça et rester fidèle à toi-même, totalement insensible au monde, et à t’occuper de tes propres relents d’émotion ? Ou bien intervenir pour tenter de la calmer et aller contre ton tempérament ?

Tu regardas sa mère de longues minutes, réfléchissant à tout ça. Tu étais brisée depuis belle lurette, plus rien n’avait d’importance pour toi. Tu souhaitais voir l’Univers brûler, elles deux comprises.

Mais quelque chose de contradictoire dans ta poitrine te disait le contraire, comme si tu ne voulais pas qu’elle finisse comme toi après une telle expérience. Ou un caprice peut-être ? Juste l’envie de récompenser l’intérêt qu’avait porté Jaina pour toi il y a quelques semaines ? Ou bien le contrecoup de ta propre crise, un désordre dans ta psyché déjà bien chaotique ? Aller savoir.  

Tu soupiras, lasse d’avoir cédé.

— Gamine ! Hey ! Wanda ! Ecoutes-moi, crias-tu pour qu’elle t’entende, ne faisant qu’accroître l’effroi chez elle.
— Et ben, t’es douée avec les gens toi, on m’a dit, se moqua la mink

Tu fusillas des yeux la renarde. Tu ne souffrais aucunement son ton et lui ordonnas implicitement de la fermer. Elle leva les deux mains en signe de reddition.

Tu coulissas tes chaînes sur la barre de fer qui vous liait tous et progressas vaille que vaille toujours plus proche de la jeune fille. Le second prisonnier t’observa et comprit bien vite qu’il devait se déplacer. Ainsi il se recula légèrement, te laissant avancé. Pourtant, ça ne suffisait pas. Tu désirais être au plus près.

— Bouge-toi. Bouge ton cul !  Sinon j’passe sur ta dépouille et celui de tes potes et ça s’ras pas beau à voir.

Ta menace le fit tremblé comme une feuille et il écrasa vos codétenus. Les autres tels des crêpes, tu ne tenais plus qu’à trois mètres de Wanda.

— Wand… allais-tu commencé en haussant la voix, te retenant au dernier moment pour prendre un ton doux. Wanda… regardes-moi. Wanda, s’te plait.

À travers ses mains, tu pouvais le voir, ses iris s’étaient tournés vers toi. La calme que tu avais affecté avait l'air de l'avoir toucher en partie. Elle t’écoutait, bien qu’elle ne puisse arrêter de gémir, engoncer dans ses pleurs.

— J’sais qu’tu souffres là. J’sais pas à quel point. J’peux pas l’imaginer. J’ai vécu des situations sales dans ma vie, mais ça, jamais. Mais ça change rien. Entends-moi bien. C’te poiscaille n’est qu’un mort en sursis. On va l’faire payer au centuple. Avec ta mère, on mettra ce bateau à feu et à sang s’il le faut.

Tu ne savais pas vraiment si tes mots avec un quelconque impact sur elle. Mais tu essayais quand même. Au même moment, Jaina émit des petites plaintes, comme tout dormeur se réveillant mal d’une nuit bourrée.



Moissonneuse et Désespoir/poussière:





Dernière édition par Jessica Hellhound le Dim 11 Fév 2024 - 19:31, édité 1 fois
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Coincées en haute mer

With Jessica Hellhound


La renarde qui lève ses mains en signe de reddition fait la maligne devant les nouveaux pour une seule raison : cacher sa honte d’être le jouet du capitaine. Depuis combien de temps occupe-t-elle ce rôle ? Bien trop longtemps. Le tout premier jour a été difficile, le deuxième encore pire. Ces choses atroces que ce poulpe lui a fait subir est gravé dans sa chair. La renarde a été souillée de la tête aux pieds par ces êtres venus des profondeurs. On lui a volé sa volonté de s’enfuir, sa virginité, son espoir de retrouver les membres de sa famille disparu. Son identité ? La Mink l’a oublié, ne s’en souvient plus. À quoi bon y repenser alors que son destin est voué à remplir plus tard l’estomac de l’équipage.

Elle attrape les barreaux froids et humides de sa cage, de sa prison, son museau au couleur de l’automne passe à travers pendant que son flair légendaire inspecte l’odeur de Wanda Rosenberg. Au fond de son être, la Mink est rassurée de ne pas sentir une odeur particulière émanant du capitaine. Ce dernier n’a pas été à cette extrémité. En revanche, il passera peut-être à l’acte lors de la deuxième visite de la gamine. Cet odieux personnage en serait capable, car il l’a déjà fait contre la renarde…

Les yeux vitreux, sans vie de la petite albinos observe les cristaux de la blonde, de celle qui a accepté de suivre sa mère en tant que timonière et médecin des Ravengeuses. C’est la toute première fois que Wanda découvre un aspect attentionné envers sa personne. L’adolescente souhaite lui répondre, elle en est incapable. Sa gorge est en feu pour avoir autant crié dans la cabine du capitaine. Son esprit lui ressasse les horreurs qu’elle a subie contre sa volonté. Jamais ô grand jamais la gamine se serait doutée de vivre une telle horreur.

Que souhaite-elle à présent ? Rentrer. Partir le plus loin possible. Se réveiller de ce cauchemar sans fin. Être témoin de la torture de sa mère a été atroce, traumatisant. Son séjour dans les quartiers du chef des Homme-Poissons était du même niveau… Wanda cache sa poitrine visible à cause de ses vêtements arrachés, elle se sent souillée, humiliée et son âme se trouve à l’extrême limite de partir de son corps…

Jaina se réveille enfin de son long sommeil. Ouvrir les yeux est devenu compliqué, bouger ses membres une épreuve éprouvante. Ses lèvres sont secs, son gosier en feu, son corps réclame de l’eau et pour une fois pas de l’alcool. L’albinos se redresse et découvre avec horreur sa fille dans un état déplorable. Jaina n’a pas réussi à protéger son enfant. Le désespoir l’accable, la peur refroidit son sang pendant que son cœur frappe un grand coup dans la poitrine de la louve.

« Wanda… » arrive à dire la mère désespérée et honteuse de ne pas avoir protégé son propre enfant. « Il…non…tu…Wanda je… »

« Il ne l’a pas fait ! » gronde la Mink qui se recule de sa cage. « Drangezul n’aime pas brûler les étapes, ta fille va y passer lors de leurs prochains rendez-vous. » avoue la prisonnière qui serre fortement sa mâchoire et tente de chasser ces moments vécus avec le capitaine. Elle ricane dans sa barbe, se moque soudainement de l’état déplorable de Wanda, c’est son meilleur moyen de penser à autre chose.

L’albinos est en colère comme à son habitude à vrai dire, pas un jour ne se passe sans que la cow-girl soit survolté par ses sentiments. Mais ses chaînes l’empêchent d’agir, de sortir de sa cellule pour s’occuper du cas du capitaine Drangezul. Depuis sa venue dans cette prison, la rebelle est totalement impuissante. Sa force ne lui sert à rien car elle est totalement inexistante. Sa grande gueule légendaire ne pourra pas non plus lui sauver la peau. Même prendre son enfant dans ses bras lui est interdit… Alors que lui reste-t-elle ?

La louve ne peut pas empêcher sa fille de retourner à sa deuxième séance de torture et elle n’ose pas imaginer les horreurs que Wanda va recevoir. Lentement, la Ravengeuse se tourne sur la renarde. Comment se fait-il que cette créature sache autant d’informations sur son nouvel ennemi ? Son cerveau lui propose une réponse. Elle aussi a dû subir le traitement réservé à Wanda.

« Combien de fois tu es…allez le voir ? » questionne Jaina qui arrive avec peine à apercevoir la silhouette de la Mink. Cette créature pleine de fourrure ne répond pas tout de suite. Doit-elle ignorer Jaina ou bien affronter sa honte. « Je te trouve drôlement bien informé pour une prisonnière destinée à nourrir l’estomac des fritures. Alors ? »

« J’ai arrêté de compter au bout de la dixième fois…  » divulgue d’une note penaud la non-humaine. « Je te félicite toi et ta femme de ne pas avoir été choisi par le maître de ce bateau maudit. Je plains néanmoins ta fille. » La renarde lance un regard triste à l’enfant qui est toujours en position fœtale. « Tu n’imagines pas toutes les abominations que j’ai endurée pour le bon plaisir de Drangezul. Si je suis encore en vie, c’est uniquement parce que…j’arrive à bien le servir. Moque-toi si cela te chante humaine, je refuse juste de mourir… »

« Loin de moi l’idée de rire sous ton museau. » Elle entend les sabots de ses ravisseurs sur le plancher, ce qui fait tomber un peu de poussière et de gouttes d’eau. La trappe s’ouvre une nouvelle fois, Jaina décale son attention sur la blonde et recule d’un pas en la découvrant à côté de sa fille. « Depuis quand tu es là Jessica ? » demande confuse la cow-girl qui n’est pas au courant que cette dernière a tenté de rassurer son enfant… « Écoute la renarde, aide ma fille et je te promets de faire la même pour toi en retour ! » s’empresse de communiquer Jaina à la Mink d’un ton qui n’est aucunement mensonger. « Je t’en prie…je serais prête à te vendre mon âme pour la protéger. »

Les mêmes rigolos de l’autre fois, le petit gros et le grand costaud s’amènent dans les geôles. Ils sont heureux, sifflotes également puis rigoles joyeusement. L’heure du repas sonne, l’équipage à faim. Qui est l’élu de ce soir ? Un homme ou une femme ? Tout le monde se font discrets, dans l’espoir de ne pas être aperçu par les dévoreurs. Quand la clé s’incruste dans la serrure et ouvre l’accès à la cage des Ravengeuses, le soulagement des autres cellules se fait entendre par des soupirs assez bruyants. Celui qui a fouetté Jaina s’empresse de vouloir retirer ses chaînes. Lui, il a décidé que le repas sera cette pirate…

« Je…j’ai convenu avec le capitaine…que ma mère et mon amie ne seront pas mangées aujourd’hui… »  proteste faiblement Wanda qui ouvre pour la première fois le dialogue depuis son retour en cellule.

« Tché ! Le capitaine est trop généreux avec ses jouets ! » ronchonne le grassouillet. Il caresse la joue de Wanda et ricane quand Jaina tente de lui donner un coup de pied. En réponse, la mère obtient un fulgurant coup de paume dans l’estomac. L’albinos crache une gerbe de sang, son souffle est coupé et elle est sur le point de s’évanouir à nouveau. « Gavin, distribue de l’eau aux prisonniers, tu sais que le capitaine déteste manger de la chair morte. Par contre donne seulement quelques gouttes à la mère de la petiote, je la dresserai demain, hé hé. »

« Tout de suite Freddy. »

Gavin, le plus grand du duo s’exécute à la tâche. Jessica reçoit son dû, Jaina beaucoup moins. Les autres prisonniers sont rassasiés sauf deux hommes de la cellule d’à côté qui vont servir de nourriture pour cette douce soirée de pleine lune. Pendant que Gavin emmène la matière première à l’étage, Freddy libère Wanda et lui ordonne de le suivre. C’est alors que la renarde sort de l’ombre de sa cage et tente de convaincre le petit gros de l’emmener également.

« Le capitaine veut la gamine, pas toi la bestiole. » rétorque Freddy qui tire les cheveux de Wanda pour montrer son beau visage à la Mink. « Elle ! Pas toi ! Compris ? »

« Tu as tort d’obéir aveuglement à son ordre, je me suis préparé pour lui réserver de bonnes surprises. Avec une partenaire en plus, ton capitaine pourrait même te féliciter pour ta merveilleuse idée. Crois…mon expérience Freddy. »

L’Homme-Poisson se met à réfléchir, il tapote son menton avec son index, se gratte les quelques cheveux sur son crâne puis finit par accepter l’offre de la Mink. Poussant la renarde auprès de Wanda, cette dernière lance un regard rusé aux Ravengeuses. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose que la demoiselle s’ajoute au rendez-vous de ce soir ?

Quand le calme revient encore et toujours, Jaina tombe sur ses genoux pour succomber au chagrin. Inutile de se montrer forte, son ennemi sait comment la faire souffrir : en utilisant le louveteau de la louve.

« Jessica… » L’albinos serre ses poings de frustration, de colère et même de honte. « Il est temps de préparer…notre revanche… » finit-elle par lui dire les larmes aux yeux, mais la détermination dans sa voix. « Donne-moi quelques jours…je te promets que la Banshee sera à nous, ou plutôt à toi. »



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Coincées en haute mer

Quelques jours ? Tu craignais que ces quelques jours dont elle avait besoin ne sonnent votre perte. Mais, que pouviez faire d’autre dans cette cale humide que de patienter le moment propice ? Le second jour dans votre geôle ne fut pas aussi pénible que le premier. La contrainte que vous subissiez restait exaspérante pour vous deux, mais vous vous en accommodiez.

La nuit, faute de dormir convenablement, vous discutiez de votre approche, de ce besoin de vengeance qui vous consumait tant. Les plans que vous constituiez les uns après les autres se révélèrent tout aussi farfelus que dangereux. Sans Valkia à vos côtés, vous libérer allait se montrer bien compliqué.

À votre grande surprise, les hommes-poissons chargés de votre rétention vinrent détacher vos camarades de cellule ainsi que plusieurs autres des mitards adjacents. Étonnamment la renarde n’en fit pas parti, malgré l’apparent privilège dont elle jouissait.

D’après ses dires, ils faisaient cela de temps à autre. Ces pauvres hères étaient cloisonnés dans une immense pièce plus loin dans la cale pour qu’ils se dégourdissent les jambes et ne deviennent pas immangeables à la longue.

Quand elle vous avait fait part de cette information, une lueur malicieuse naquit dans ton esprit et bien vite elle se communiqua à Jaina. Vous pourriez en prendre avantage. Mais il faudrait que vous aussi vous puissiez sortir au-delà de ces barreaux.

Les détenues étaient revenues une vingtaine de minutes plus tard, les fers aux poings reliés par une chaîne à ceux aux chevilles. De toute évidence, il ne restait que peu de temps à ces derniers à rester sur la Banshee. Ils seront dévorés demain ou après-demain. Il faudrait agir vite.

Ce jour-la, une fois de plus, Wanda et la renarde étaient parties pour contenter le capitaine du vaisseau et étaient revenues en fin de journée. La petite était complètement exténuée, encore. Une détresse sans nom s’affichait sur son visage, mais moins que la veille. La présence de la mink avait dû la rassurer en quelque sorte.

Au soir, on vous apporta de quoi vous sustenter. Une quantité marginale de nourriture dans une gamelle. À peine de quoi nourrir un enfant. Ils ne cherchaient qu’à vous affaiblir. Et comme pour accentuer l’humiliation que vous subissiez, Wanda était obligée de vous donner la becquée.

Pendant ce temps infime où elle demeurait en votre compagnie, elle vous renseignait sur les effectifs du vaisseau. Il restait une trentaine de poiscailles après la résistance que vous leur aviez opposée l’avant-veille. Le capitaine était un homme-seiche, qui tenait son équipage d’une main de fer. Son second, un homme-requin à l’aura sanguinaire, au crochet cybernétique, ne lâchant presque jamais son ancre de combat.

Elle vous informa également que lors de la première nuit, la gamine avait repéré vos effets personnels dans la cabine du capitaine. Lilith, ainsi que ton sac, Poussière et Désespoir reposaient sur une commode près du bureau du maître à bord. La lame de Moissonneuse, quant à elle, dormait sur une applique murale au-dessus de la baie vitrée du gaillard d’arrière.  

Bien, une épine en moins dans votre réflexion. Il ne restait plus qu’à déterminer comment récupérer tout ça. Le troisième jour arriva bien plus vite que le second. L’ébauche d’un plan s’articula enfin entre vous. Tu exposas tes connaissances navales à Jaina.

D’après ce que tu avais pu apercevoir d’ici et les quelques bruits de couloir, tu devinas que la Banshee n’était pas si différente des galions dont la Marine se servait. Ainsi, généralement, par souci de rapidité et d’accessibilité, une écoutille reliait la cabine du château arrière et la cale. Une coursive devait en toute logique longer cette dernière et y mener.

Avant que les hommes-poissons viennent à nouveau donner un moment de relâche aux prisonniers, vous intimez à ceux de votre cellule de passer le mot aux autres : vous alliez monter une rébellion dans les jours prochains, qu’ils se tiennent prêts à l’action.

Cette fois-ci, seule la renarde fut appelée dans la cabine de l’homme-seiche. Cela vous laissa tout le loisir de briefer Wanda sur ce que vous attendiez d’elle la prochaine fois qu’elle sera conviée. Il fallait qu’elle serre les dents sur ça.  Ainsi, au mieux les clefs de vos chaînes devaient être trouvées ou au pire un couteau de pire pour les briser.

Elle acquiesça difficilement. C’était une chose terrifiante et dangereuse que vous lui demandiez, mais résolument nécessaire pour la suite du plan. Quand vous récupérèrent vos colocataires, une œillade entendue s’échangea et les choses se mirent peu à peu en place.

Le quatrième jour, il n’y a eu aucun mouvement de la part des hommes poissons ou des détenus. Ni la renarde ni Wanda ne furent quémandées sur le pont.

Le cinquième jour, cette fois-ci, et l’étonnement, on vous laissa également sortir. Mais à la seule condition que vous soyez attachées l’une à l’autre grâce à 5m de chaînes et un anneau accroché au sol. Là, Jaina exposa votre plan à tous, vous aviez essayé de galvaniser ces troupes de fortunes.

Certains se rangèrent directement sous vos ailes et d’autres restèrent frileux. Au moins, l’idée ferait son chemin. En sortant de cette zone commune, le temps ralenti quand dans le coin de l’œil tu repéras Valkia, en sevrage dans une cellule plus loin que la vôtre. Tu pensais qu’elle était perdue en mer. Quelle heureuse surprise.

Ton cerveau ne fit qu’un tour quand la fille de Jaina revint quelques heures plus tard, tétanisée, mais en possession d’un couteau. Sortir à deux de cette cellule serait une chose bien trop voyante. Alors que la cornue, seule, serait bien plus discrète seule. Ainsi avec l’accord de ton capitaine, tu donnas une nouvelle mission à Wanda : se démerder pour aller voir Valkia, lui expliquer le plan et lui donner le couteau.

Le plus impératif c’était qu’elle devait aller jusqu’au la cabine du capitaine chercher vos effets et de les ramener ici pour ensuite prendre d’assaut le tillac remplit d’homme. Ce ne fut pas tâche aisée, bien du contraire. Mais, assistés par la renarde et son expertise, ils obtinrent de prendre soin de la démone pour justement qu’elle soit bien plus fraîche à la consommation.

En espérant que tout votre plan prenne vie sans accros.



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Coincées en haute mer


Depuis l’obtention d’Asmodée, beaucoup d’évènements ont eu lieu pour les ravengeuses. Jaina se démenait dans ses aventures pour devenir la meilleure tireuse du monde. Jessica se démenait pour maintenir tout le monde en vie, que ce soit par ses soins ou par sa capacité de combat polyvalente. Et puis, il y avait Valkia qui n’était pas apte à combattre depuis tout ce temps. L’île des cannibales ? Elle ne l’a même pas vue. L’attaque sur son bateau volé ? Pas mieux. Qu’est ce qui peut bien empêcher la diablesse de se joindre à ce qu’elle affectionne le plus : un champ de bataille bien virulent ? Et bien en réalité, il s’agit de sa nouvelle amie. Disons le clairement, son amitié à sens unique. Car si elle l’aime et apprécie le temps passé avec, cette dernière apprécie encore plus le fait de disparaître dans un nuage de fumée.

Tout à commencer à Hat Island, pour être précis à On-vous-jure-c'est-pas-du-tout-un-piège City . Ce village en pleine reconstruction après le passage d’une folle furieuse et d’un homme poisson énervé.  Après son combat contre le dénommé Gmir’k, la demoiselle avait été pas mal amoché, autant sur le plan physique, que psychologique. Ses questions la hantaient nuits et jours. Quand toute votre construction psychologique est basée sur un évènement qui vous rend unique, et que du jour au lendemain tout cela vous est pris, vous doutez. C’est cette incertitude et la douleur dans ses blessures qui poussèrent la démoniaque à chercher un remède dans les bas fond de cette ville pourtant réputer malsaine.

Quand l’esprit d’une bretteuse est affaiblie par le doute, quand la douleur est conséquente, le premier remède permettant de faire taire tout cela fera l’affaire. C’est ainsi qu’un homme, trop poli pour être honnête est venue lui présenter sa meilleure ennemie. On lui a présenté mais on l’a averti, on lui a bien dit de faire attention et de ne pas trop trainer avec elle. Cela reste une personne très vicelarde qui fait mal au crâne et ne cessera de réclamer de l’attention avant de s’évaporer comme une voleuse. Chaque jour, le manque se fera sentir, mais chaque fois qu’elle la retrouvera, tous ses soucis s’envoleront. Son absence devient son drame, et c’est ainsi que Valkia déboursa une somme conséquente pour être sûre de s’attirer ses services suffisamment longtemps.

A la seconde où ses lèvres sont entrés en contact avec elle, la démoniaque a su qu’elle était la réponse à ses soucis. Tout devenait plus clair, plus tranquille, il y avait un lâché prise assumée chez la combattante. Elle qui avait pris pour habitude de toujours tout contrôler autour d’elle, cette fois, elle n’était plus qu’une personne parmi tant d’autre, se laissant aller aux rêveries et parfois même au sommeil.  Sa douleur physique n’était plus, son esprit n’était plus envahi de mille et une question. Elle touchait du doigt ce qu’elle avait toujours souhaité dans le fond : La tranquillité de l’âme.  Lorsqu’elle émergea de son sommeil, son amie avait disparue. Le marchand l’avait pourtant prévenu, cette femme aux cheveux de jais ne serait jamais présente à son réveil et profitait de la nuit pour s’échapper.

Saluant le marchand et repartant avec de quoi invoquer son amie lorsque le besoin se fera sentir, la démoniaque se disait que bientôt, elle n’aurait plus besoin de ressentir l’étreinte de ses bras. Après tout, Valkia était une personne forte. Elle n’avait besoin de personne et même si la présence de la brune était appréciée pour ses vertus, la bretteuse savait qu’elle ne pouvait se permettre de la garder près d’elle trop longtemps.  Pleine de bonne volonté, elle avait rejoint Jaina et Jessica pour embarquer avec elle. Une promesse est une promesse, armée de son meitou Asmodée, la démone se prépara à combattre à leur côté.

Cependant, tout cela était la théorie. La vie et les mauvais choix de Valkia la menèrent petit à petit à passer davantage de temps avec sa brune si addictive et si relaxante. Au départ, la cornue arrivait à se tenir. Puis, petit à petit, la cale l’appelait sans cesse. Elle se disait à chaque fois qu’elle remontait de la cale que cette fois c’était la dernière. Sa vile amitié devait cesser, car cela lui brouillait petit à petit l’esprit. De moins en moins la solution, elle en devenait même le problème. Et puis un jour tout à déraper. La veille de l’assaut sur l’île cannibale, la bretteuse sombra dans un amour infinie et à sens unique pour la femme aux cheveux de jais. Elle devenait la seule chose qui la faisait encore sourire. Tout semblait vide et creux sans elle et sa présence devenait de plus en plus rare. Bientôt, elle devra vivre sans elle, et cette pensée plongea la démoniaque dans une paranoïa sévère. La ravengeuse pensa même l’espace d’un court instant que cette dernière lui était infidèle tant elle lui échappait entre les doigts.

Lorsqu’un membre d’équipage venait s’assurer de l’état de la diablesse, ce dernier repartait insulté et s’il était trop insistant avec une blessure. Très protectrice envers sa brune, elle n’hésitait pas à dégainer Asmodée pour faire reculer les gens qui voudraient passer la nuit avec cette dernière. Non, elle était sienne et personne ne la lui retirerait. Même quand Jaina, la personne en qui elle avait le plus confiance vint lui demander d’abandonner sa relation toxique avec sa meilleure ennemie, Valkia refusait farouchement. C’était trop tard pour l’abandonner maintenant. Le climat fût même tendue quand Jaina la menaça de passer la brune par dessus bord si elle ne se ressaisissait pas. Pestant contre sa capitaine, la cornue refusa d’entendre raison et laissa la cowgirl repartir après avoir échoué à la raisonner. Peut être cet évènement ne s’est il jamais produit, car quand elle est dans les bras de sa brune, la réalité peut être tout autre et des fantômes apparaissent parfois pour nuire à son idylle. Difficile de différencier le faux du vrai dans cet écran de fumée.

C’est ainsi que, vivant sa meilleure vie dans un volcan en éruption, la démoniaque associa les tremblement autour d’elle à l’activité de ce dernier. La lave ne lui faisait pas mal, bien au contraire, cela l’entourait d’un voile réconfortant comme une couverture. Pas de brûlure ici, tout cela n’a lieu que grâce au contact de son ami la belle brune. Une amie qui accapara toute son attention, une amie qui l’empêcha de voir le danger imminent autour d’elle. En effet, les tremblement ressentis étaient bien réel, et étaient dû à l’assaut de la Banshee sur le navire volé. Quand les hommes poisson passèrent à l’abordage du navire, ils tombèrent sur une guerrière complètement endormie avec son épée non loin et un baril presque vide d’un produit noirâtre. La capture de Valkia fût d’une facilité déconcertante. Un homme-poisson remarqua l’épée de cette dernière et s’en empara. Pour n’importe quel bretteur, cette lame demeurait tout de même exceptionnelle. C’est ainsi que la cornue brilla par sa non-participation à un combat crucial et se retrouva mis au fer avec son équipage.

Les jours qui s’en suivirent furent des plus désagréable. Privée de sa compagne évaporée, elle se retrouva seule. Pourtant, elle pensait en avoir besoin. Elle se retrouva à l’appeler comme une démente. La suppliant de revenir, provoquant la colère parfois des gardiens homme poisson. L’un d’entre eux avait même suggérer de la faire dévorer rapidement pour que la cornue se taise à tout jamais, mais il s’est vite ravisé de peur de se retrouver dans le même état. Sa folie fût peut être ce qui lui sauva la vie, allez savoir.  En tout cas, quelques jours plus tard, elle se retrouva à peu près maîtresse de ses pensées. Une chance qu’elle eut été attachée, sinon Valkia aurait trouvé le moyen de se fracasser le crâne contre les grilles de sa prison. Son état devenait de moins en moins préoccupant et le silence revint dans sa cellule.

Son statut de folle lui avait octroyé une cellule à part. Une pièce de 6 mètres carrés où elle demeurait suspendue à un crochet, séparée du couloir par une grille en fer permettant tout juste de passer une main. Les menottes en fer qui la maintenaient en l’air l’empêchez de se mouvoir. Elle était à bout de force, très clairement, et inutile de vous dire que mentalement, c’était le néant total. Pourtant ce jour là, une personne vint la retirer de son crochet. C’était un homme-rascasse qui tenait la démoniaque par le menton comme pour l’ausculter. Mais la démoniaque, bien que privée d’épée et de force n’en restait pas moins une sauvage. Ainsi, elle profita d’un moment d’inattention de l’homme rascasse pour lui asséner un coup de tête directement dans la tête. Malheureusement trop affaiblie, cela ne suffit pas à assommer son adversaire qui s’en tira sans trop de problème. Il repoussa la demoiselle contre le mur de la cellule avant de se masser délicatement le visage.

Homme-poisson - « On veut jouer les dures jusqu’au bout ? Je crois que t’as pas capté à qui t’as affaire salope. »

Valkia - « Je vais te buter saloperie de poiscaille ... »

Homme-poisson - « Ah oui ? Tu crois faire le poids saloperie de cornue ? »

L’homme-rascasse se mit en position et lui asséna plusieurs coups de poings issues du karaté des homme-poissons. La diablesse prise dans une folie exulta d’un rire diabolique tandis qu’elle encaissait les coups sans chercher à esquiver. Elle avait mal ,très mal, et son attitude ne faisait que donner encore plus envie à son agresseur de continuer. Son rire se faisait de plus en plus glapissant, et l’homme-rascasse s’apprêtait à achever la démone quand une voix tonitruante se fit entendre derrière lui. Il s’agissait de l’homme-squale, le second du capitaine. Ce dernier intima à son subordonnée.

Homme-requin - « ARRETE ! Je te signale que c’est le repas de demain du capitaine ! Qu’est ce que tu fou ? »

Homme-poisson - « Rien Second Jim …. Je ne faisais qu’attendrir la viande pour qu’elle soit plus simple à mâcher pour le capitaine... »

Homme-requin - « Dégage de là, et si demain on la retrouve morte, ce sera toi qui prendra sa place dans l’assiette du capitaine. »

L’homme-rascasse sortit de la cellule comme si on venait de lui annoncer qu’elle allait imploser et verrouilla derrière lui avant de remonter quatre à quatre les escaliers sous les réprimandes du dénommé Jim. Mourir pour si peu ? La diablesse se le refusait. Elle analysa la situation plus en détail. Elle était coincée dans sa cellule très étroite par une grille en fer et elle avait des menottes pour l’empêcher de bouger ses bras comme elle veut. Par contre, elle n’était pus sur son crochet et pouvait maintenant se mouvoir un peu.  Laissée pour morte, la demoiselle était toujours en vie, et bien décidée à se relever. Une force invisible la poussée à se relever, à continuer le combat. La diablesse pensait avoir tout perdu : son identité, Jaina, Jessica, et tout ça par son incompétence et sa faute.

Le jour suivant, l’homme rascasse vint de nouveau près de la cellule de la ravengeuse. Elle s’empressa de reprendre sa place là où on l’avait laissé la veille pour ne pas attirer les soupçons. Mais à sa grande surprise, son geôlier n’était pas venue pour elle et continua sa marche. Décontenancée, la démone resta en place, pour être certaine que ce n’était pas une ruse. Mais quelques secondes plus tard, son bourreau revint avec la fille de Jaina : Wanda. Elle était encore en vie ? Cela devint soudainement la motivation principale de Valkia. Elle avait échouée à être une bonne seconde pour Jaina, elle sauvera la vie de sa fille alors ! S’arrêtant devant sa cage, la jeune fille ajouta.

Wanda - « OH NON VALKIA … ça va aller ? Que t’ont ils fait ? »

Homme-Rascasse - « Allez avance vermine ! »

L’homme rascasse poussa l’enfant et partie avec. Cependant, ce qu’il n’avait pas vu, c’est qu’en se penchant, Wanda avait masqué la vue du rascasse et avait pu projeter un couteau sous le corps de Valkia. Cette petite était pleine de ressource ! A l’instant où l’homme rascasse disparu avec la fille du capitaine, la bretteuse contempla la lame. Ce n’était certes pas Asmodée, mais cela demeurait une lame comme une autre. Mihawk l’avait montré, ce n’est pas la lame qui fait la puissance du bretteur. Percutant rapidement qu’il n’y avait plus une seconde à perdre, la démoniaque pris le couteau dans ses mains et tendit ses menottes au maximum pour être sûr de ne pas se louper. Prenant une grande inspiration et se concentrant, la lame s’abattit et brisa les chaines en fer. La voilà de nouveau libre. Faisant quelques moulinets avec son poignée, la demoiselle pouvait remercier les enfers d’avoir obtenu ce couteau providentiel. Il était grand temps de s’échapper.

La diablesse se mit face à la grille et s’apprêta à la découper quand un bruit de pas résonna à côté d’elle. Merde, il était déjà de retour ? Reprenant sa place allongée sur le ventre, Valkia se canalisa du mieux qu’elle pu. Elle avait envie de faire un massacre grandiose, mais la vie de la petite était potentiellement menacée donc elle allait devoir la jouer fine. Elle n’avait qu’à attendre d’être amené dans le bureau du capitaine et à le massacrer pour repartir avec la petite. Un plan brillant n’est ce pas ? Seulement, c’était sans compter sur le manque de patience et la soif de sang de la démone. Privée de bain de sang et de sa substance addictive, elle réagit aussitôt que la porte de sa cellule fût ouverte.

L’homme rascasse ne comprit pas vraiment ce qui lui arrivait.  En l’espace d’une seconde, la femme qu’il pensait être au porte de la mort avait bondit sur lui, les mains libres et un couteau brandi. La lame se figea sous le menton de la poiscaille qui n’eut pas le temps de prononcer un mot. Il recula légèrement, titubant. Ce n’était pas assez aux yeux de la bretteuse. Fonçant sur lui avec le couteau, elle le projeta en arrière et lui asséna un nombre incalculable d’entailles dans sa chair. Il y avait encore beaucoup trop de rage en elle. Valkia ne s’arrêta que lorsqu’elle entendit une voix derrière elle dire

Prisonnier - « Oh seigneur … »

Se retournant pour voir l’origine de la voix, la native de l’île maudite se trouva face à une colonie de prisonnier en train d’admirer son exaction. Parmi ces gens là, il y avait deux visages qui ne lui était pas étranger : Jessica et Jaina, les deux sont en vies ! En reconnaissant ses deux acolytes, Valkia laissa échapper un sourire. Recouverte de sang et toujours marqué par ses jours de privations, son visage ressemblait à celui d’une psychotique prête à foncer sur le premier venue. Ramassant les clefs sur le cadavre de la rascasse, la cornue déverrouilla la porte de leur cellule.

Les regards étaient effrayés, se demandant si c’était leur tour de subir le courroux de la psychopathe ou s’ils avaient l’espoir d’être libéré. Déverrouillant les liens autour de la médecin et de sa capitaine, la bretteuse n’osait dire le moindre mot. Elle se sentait fautive de la situation dans laquelle elles se trouvaient. Trop fière pour s’excuser, trop embrumée pour réfléchir clairement, l’autoproclamée princesse des enfers demeurait immobile devant ses deux nakamas. Il y avait encore beaucoup de brouillard qui s’agitait dans l’esprit de la démone. Cette dernière ne put ue prononcer :

Valkia - « Quelles sont les ordres …capitaine ... ? »

La carcasse devant les deux femmes aux cheveux clairs ressemblait à un cadavre animée par une quelconque magie ou une soif de sang qui ne pouvait être étancher. Elle faisait peur aux autres prisonniers, mais malgré son état d’affaiblissement mental, elle avait une confiance aveugle en Jaina et s’en remettait à elle pour la suite.


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Dernière édition par Valkia Bloodfallen le Mer 28 Fév 2024 - 14:29, édité 1 fois
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Coincées en haute mer

With Jessica Hellhound


Les jambes croisées, le dos contre le mur, Jaina tente de se reposer malgré ce cinquième jour de calvaire à être enfermée dans une cage. C’est la première fois de sa vie que sa détention dure plus de quarante-huit heures. Son esprit bouillonne d’envie de s’évader, de retrouver le goût de la liberté. C’est une torture, mais pas autant que les moments où sa fille était obligée de tenir compagnie le capitaine de la Banshee. Elle n’y aurait pas survécu émotionnellement si la renarde n’avait pas accepté de l’aider à accompagner Wanda. En ce moment même, l’albinos détient une immense dette envers cette Mink. Chaque instant où son enfant revenait auprès d’elle, Wanda la rassurait en lui précisant que le poulpe préférait exaucer ses fantasmes sur Sherry Whitemane plutôt que sur elle…

Il est clair que l’albinos vient de trouver une nouvelle alliée, une potentielle Ravengeuse a recruté. Néanmoins, si l’esprit de sa fille ne se brise pas grâce aux efforts acharnés de Sherry, la renarde fonce au fur et à mesure dans l’humiliation ainsi qu’au désespoir le plus total. Rosenberg comprenait très bien par les explications de son enfant que sa nouvelle copine succombera probablement le lendemain…

Fort heureusement, son boutchou, son bourgeon de rose trouve la solution pour mettre un terme aux isolements des Ravengeuses. Car oui, ses loyaux services en fréquentant souvent Drangezul lui permit d’obtenir au cinquième jour de détention des Ravengeuses, un nouveau rôle qui est d’aider le cuistot de l’équipage. À croire que le capitaine espère que Wanda devienne cannibale ou la préparer à cuisiner prochainement ses amis et surtout sa mère. C’est une des raisons de pourquoi l’adolescente revient auprès de sa mère et de Jessica totalement tétanisée. Au lieu de leur avouer que la blonde et l’albinos passeraient demain à la casserole, la chipie préfère sortir discrètement sa première prise, son vol légendaire. Un couteau.

« C’est…c’est pas grand-chose mais ça pourrait peut-être vous aider. » dit-elle faiblement avec un ton d’espoir dans le charmant son de ses cordes vocales.

Jaina échappe un léger sourire et aimerait pouvoir embrasser Wanda sur son front afin de la récompenser. L’albinos hoche son visage en décelant l’idée de sa timonière par un simple échange de regard. Une seule personne pouvait renverser la donne avec un vulgaire canif : Valkia Bloodfallen.

« Tu as bien compris chérie ? » chuchote la louve qui canalise sa colère et sa frustration pour le capitaine Drangezul. « Trouve Valkia et donne lui le couteau. Elle arrivera à nous retrouver après ça. Où dois-tu te rendre tout à l’heure ? »

Wanda baisse son visage après avoir rangé l’outil dans sa botte. Difficilement, elle réussit à lui avouer, à lui expliquer le sort que Drangezul lui réserve. Sherry n’allait pas être invitée, pas dans cette soirée de pleine lune. Le capitaine souhaitait dîner avec l’adolescente puis passer au dernier acte dont la fille de Jaina avait échappé jusqu’à présent. La louve ordonne à son louveteau de se rapprocher. Leurs visages à proximités, Jaina cale son front contre celui de son enfant.

« Je viendrai te récupérer le plus rapidement possible. Tout dépendra de Valkia, en espérant qu’elle ne soit pas encore soumise à sa drogue. » admet elle en arrivant à déposer ses lèvres dans les cheveux de son enfant. Elle l’entend pleurer, céder à ce cauchemar qui l’a déjà détruite psychologiquement. Wanda s’excuse une nouvelle fois pour ses fautes, pour avoir tué involontairement sa tante, d’être un poids mort pour sa mère, voire même un fardeau. La louve l’accompagne dans son chagrin.  « Je suis la plus fautive ma chérie. Je n’ai jamais été une bonne mère pour toi. Laisse moi une dernière chance pour me rattraper. » Jaina sourit à Wanda et avale des perles salées coulant depuis ses iris carmins. « Sous la colère, le deuil, j’ai oublié l’un de mes rêves d’enfance. Être comme ta grand-mère Daisy Rosenberg, une mère responsable et aimante. S’il te plaît, soit forte pour ce soir. Le capitaine ne te fera rien, car j’arriverai à temps. Ensuite…quand tout sera fini, nous rattraperons toutes les deux les années que nous avons perdus. Entre mère et fille. »

Soudainement, Freddy le responsable des vilaines blessures sur le dos de Jaina ouvre la grille. Il n’a pas besoin d’émettre la moindre voyelle et consonne. Wanda se relève, sèche ses larmes et sort de la geôle. Il est l’heure pour l’adolescente de jouer son rôle. À cet instant, le costaud du duo qui est Gavin en profite pour s’introduire dans la cellule de Sherry. Le fouet à la main, il s’apprête à punir la vilaine renarde qui d’après ses dires auraient osé refuser un ordre du maître de la Banshee.

Plissant ses rubis, la cow-girl décide d’agir à distance. Hors de question que cette femme soit torturée pour toute l’aide qu’elle a apportée pour Wanda. Avec l’éperon accroché à sa santiag, la Ravengeuse tire vers elle un morceau d’os. Elle le lève de toute sa hauteur puis tire à la manière d’une footballeuse pour que l’ossement percute le crâne de l’Homme-Poisson. Énervé, Gavin ferme la grille de Sherry derrière lui, ouvre celle des Ravengeuses et martèle son fouet contre l’albinos recroquevillée en position latéral de sécurité pour protéger ses mains, ses poignets. Elle ferme ses paupières, fait abstraction de la douleur, s’obligeant à se rassasser un beau souvenir. Au lieu d’être dans ce maudit cauchemar, la rêveuse se retrouve sur une botte foin entre ses deux sœurs : Annie et Perle. Elle n’entend pas leurs voix, Jaina se souvient seulement qu’il s’agissait d’un de leurs moments entre frangines. De parler de tout et de rien pour souder ce lien inviolable qui les unissait…

Quand Gavin calme ses nerfs et reçoit de la déception pour n’avoir aucun bruit de la capitaine pirate, il rebrousse chemin pour rejoindre son compagnon d’infortune. Le dos ensanglanté, Jaina soupire un grand coup et rit doucement. Est-ce la démence, la folie qui enlace tendrement Rosenberg ?

« Je suis désolée ma belle ! » exclame t’elle en observant Jessica Hellhound. « J’aurai besoin de tes petits soins tout à l’heure. Je n’y peux rien…j’aime être dorlotée par tes petits soins. » avoue d’un air plaisantin la dragueuse qui gémit légèrement en cédant à la douleur…

Les heures passent, l’impatience de Jaina lui monte au cerveau. Est-ce que Wanda a réussi à donner l’arme à la droguée ? Est-ce que la cornue va être capable de venir les secourir ? Un long soupir s’échappe de ses lèvres envoûtantes, hypnotisantes.

« Que ce soit bien clair ! » signale la louve pour être entendu devant tous les prisonniers du coin. « Je m’occupe de Drangezul. Le second requin avec un nom imprononçable deviendra l’encas de mes Ravengeuses. Vous, les autres, vous allez botter le cul aux autres poissons. On s’en fout que leur race soit supérieure. Ils n’ont pas la détermination que nous avons ! » La louve qui était debout, ferme sa patte en regardant chaque être vivant qui posait leur attention sur cette dernière. « Toute personne qui s’engageront dans notre combat pourront regagner leur foyer en toute sécurité. Les traîtres, les poltrons, ceux qui aiment poignarder derrière le dos, seront les prochains clients de la Faucheuse. Que vous soyez un homme, un vieux, une femme ou un gosse, je n’hésiterai pas à appuyer sur la détente en cas de trahison. »

Tout à coup après plusieurs minutes, en attrapant les barreaux de sa cellule, la prisonnière entend de l’agitation au fin fond de la cale. La démoniaque sort enfin du silence, montre une nouvelle fois son amour pour le sang. Le spectacle est grandiose et oblige la desperada à se réjouir du retournement de situation.

La sauveuse sortant des enfers retire les chaînes de ses camarades. Un énorme poids se retire des épaules ou plutôt des poignets de Rosenberg. De sa réjouissance tout en retenant un hurlement de joie d’être enfin libre, la dame blanche sursaute sur la question de Valkia Bloodfallen. L’envie de gifler cette droguée lui monte à la tête. Va-t-elle se retenir ? Non. Jaina n’est pas réputée pour être une femme calme. Sa main s’abat sur la joue de celle qui avait autrefois partagé son lit. Jaina envisageait de potentiellement améliorer cette relation pour qu’elle devienne sérieuse, mais pas après le numéro de la démone. Pas depuis que Valkia préférait être fidèle à sa saloperie plutôt qu’à Jaina.

« Tu te rends compte que si tu étais dans ton état normal durant l’attaque de la Banshee nous aurions eu nos chances de vaincre ces fritures ?! » Avec agressivité, la prédatrice saisit le menton de l’épéiste pour que ses billes ne fixent plus que celles de Jaina. « Si ma fille ne réchappe pas de ce cauchemar, si Jessica perd la vie, tu seras en partie responsable. Quelles sont mes ordres ô chère démone défoncée ? » De sa main, en y pointant son index verni de noir, la louve désigna la sortie emmenant au pont du navire. « Regagne ton honneur et ta dignité. Redeviens la magnifique femme que j’ai rencontré. Si je retrouve la Valkia d’autrefois, alors tu garderas ta place et ton poste au sein de mon équipage. »

Arrachant les clés de sa sauveuse, l’albinos poussa la démone se trouvant sur son chemin. Jaina déverrouille la serrure de la cage de Sherry et la libère de ses chaînes.

« Laisse…laisse-moi. » avoue la Mink qui fait pâle figure devant la Ravengeuse. Ses oreilles sont aplatis, son souffle est court et ses émeraudes manquent de vie. « Je n’ai plus de famille, plus d’équipage. Mes amis sont morts à cause de la Marine. Je..je n’ai rien pût faire pour les aider. La Banshee m'a souillé, la mort pourrait me soulager. »

« Mais tu es venu en aide à ma fille, je ne peux pas te laisser moisir ici. » La dame blanche attrape les épaules de la Mink et la secoue légèrement pour qu’elle reprenne ses idées. « Est-ce vraiment le sort que tu désires ? Est-ce que ta famille désirait te voir dans cet état ? Moi, je te dis que non ! » Ses phalanges osseuses, dénuée de couleur à cause de la blancheur de l’albinisme volèrent les larmes tombant des cristaux de Sherry. La Louve Blanche enlaça la renarde porteuse d’une magnifique robe d’automne. « Je vais te retirer de ce cauchemar, la Banshee a besoin d’un nouveau capitaine et d’une nouvelle matelot. » exclama Jaina de sa voix autoritaire, d’une louve Alpha commandant sa meute. Elle se retire de l'étreinte et se relève de toute sa hauteur. « Le jour où tu as accepté de porter secours à mon enfant, tu es entré dans ma horde, chez les Ravengeuses. Sherry Whitemane, je me présente à nouveau devant toi. Je m’appelle Jaina Rosenberg, mère de Wanda, capitaine des Ravengeuses future Reine des tireurs. » Elle tendit sa main à la Mink, désireuse de l’aider à se relever et à se battre contre les troupes de Drangezul. Après une courte hésitation…celle qui avait tout perdu y compris son propre honneur, décide de saisir la patte de la Louve Blanche. D'avoir une dernière chance pour se racheter...

L’heure de la vengeance vient de sonner !



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