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Sea Cowboys [1624]

Rappel du premier message :

T’en penses quoi ?

L’gros avantage des Eternal de la Marine sur les Log normaux, jsuis en train d’le redécouvrir, c’est qu’les premiers t’indiquent où tu veux aller, alors qu’les seconds servent pas à bézef. D’puis qu’on s’est fait fouetter les voiles par la tempête qu’avait prédit Jack et d’puis qu’y s’est r’mis à faire beau puis chaud puis plus un souffle de zef, la boussole soigneusement gardée parce que jsuis pas trop gland non plus depuis Las Camp et ma rencontre avec la ptite Maya indique rien du tout. Et quand jte dis rien, c’est rien. Juste, l’aiguille tourne et tourne et tourne encore, sans s’arrêter nulle part, sans choper un pôle magnétique sur lequel s’arrêter. En gros, on s’démerde pour entamer GrandLine.

Et donc. T’en penses quoi, Jack ?

Jack pense pas, Jack est concentré. Sur les vagues qu’y a pas. Du coup me répond pas. Mer des Sale Garces, jcrois qu’la zone s’appelle. Sargasses, ptet, mais c’est moins funky comme nom. Deux courants d’air pour nous rafraîchir derrière les oreilles, du clinquant qui t’assèche le gosier en trois cris d’mouette si tu fais pas gaffe, et assez d’algue en surface pour une fois séchée nous constituer un bon stock d’herbe à pipe quand on aura fini l’tabac. Même Anthrax a trop chaud pour faire ses conneries, c’est dire. M’fin. La situation pourrait être pire. Mais en attendant l’embrun qui nous jartera hors d’ici, ben, on s’fait chier. Et Oz qui pourrait nous tirer mais qu’est parti s’faire un monstre marin sans nous mettre au jus. Jcomprends qu’il ait la dalle, le bon, mais c’tait pas l’moment…

Bwerf, c’mon moment blasé, ça passera. Pis jvais pas être mauvaise langue, ça fait une pause.

Mais les pauses, c’est chiant, merde. Et toi Wally, t’en penses que’qu’chose ? Jrepose la question aux uns et aux autres en m’baladant sur le pont d’l’Ecume. Mais Wally pense pas non plus. S’emmerde comme les autres sans pouvoir donner d’ordre. Une fois qu’les voiles sont sorties, quand l’vent est pas d’la partie, y a plus qu’a espérer qu’elles gonflent un jour, et les manœuvres sont limitées. Bref, Wally pense pas, m’regarde bizarre sans répondre, la main sur la nuque. A tous les coups c’packe j’lui ai tranché la tête l’aut’ jour, quand il a fait sa résurrection au Cap des Jumeaux. Ptain, ces gosses qui cherchent à imiter la figure paternelle par tous les moyens, jte jure. M’a piqué la vedette c’jour-là.

Bon, ça m’re-rend mauvais, jvais voir ailleurs.

Ent’ les deux mâts Noah joue aux cartes en fumant son slibard. Les algues dans les clopes, c’est ptet pas une bonne idée. Ou alors c’est l’Doc qui lui a r’filé un truc. ’dra qu’j’y cause un jour à l’Alex, propos d’ses pilules pas nettes qu’y paume partout. Si j’le chope, là jle vois pas. Encore en train d’se fritter avec le Reyson que jvois pas non plus ? Ptain. Maya aussi. Joue aux cartes. En graillant du chocotruc que je sais pas où elle en a trouvé tout ça. Hinu ? ’dra qu’j’aille voir les cales un jour, checker si elle m’a pas foutu d’la cargaison à la baille pour se faire de la place pour sa tonne de bouffe marron dégueulasse. L’reste des zigues a la cagne aussi, en branle pas une. Bien la peine d’avoir joué au bon samaritain avec les pauv’ jumeaux perdus sans leurs papas, tiens. Et jte parle pas des deux scientos avec leurs conversations d’merde. M’fin, eux sont restés dans l’entre-pont, de toute.

M’reste Hope pour m’occuper à la proue. J’m’approche. Afro-girl hors d’ses murs ? Rare pour être noté. J’le note. Elle a l’bourdon, r’garde au loin, ça s’voit derrière ses binocles. Jle note aussi.

Rare de t’voir ailleurs qu’à tes fourneaux, poupée. T’as grise mine, ça veut dire qu’on a plus rien à damer ? Dis-moi tout, pourquoi l’pouvoir de l’afro s’fout en berne ?

Conversation tranquille pour situation tranquille. Rien qu’de la flotte autour, pas un brin d’mouv’, aucune idée d’là où l’destin nous envoie. Faudrait pas qu’ça dure. A force de s’reposer ent’ deux passages de gros temps, jcommence à rouiller. Les autres aussi. Merde.


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Avant même qu’le Walt se fasse pendre, avant même qu’la soirée commence dans un rade minable.

Le désert mon pote, le grand désert. Blanc, jaune, chaud, sec. Un peu comme un œuf dans une poêle trop chaude. La soif m’agrippe alors qu’on passe la deuxième dune. Sais pas si c’est l’fruit sanglant qui m’rend plus sensible aux changements d’état d’la matière ou si c’est juste le fait d’pas avoir bibiné depuis l’crash, mais j’ai la glotte qui colle au palais, c’est mauvais. La glotte au palais, les coudes aux manches et les pattes aux bottes. L’tricorne à la gueule aussi, et jsens que si j’le tombais jpasserais en mode crêté malgré la longueur de mes tifs. Pour dire s’y cogne et si ça sue et si ça sèche. Beuh.

Boss, arf, Boss ! Moins vite !
Dans la vie y a deux catégories de personnes, les gnous : celles qui marchent et celles qui crèvent. M’obligez pas à vous passer dans la s’conde.

Ca c’était l’bon Nolan. Nolan, y lutte parce qu’y vient des forêts et qu’dans les forêts y a pas ni du sable mouvant que si tu fais pas gaffe ça t’attrape la botte et ça la r’crache jamais, ni du zéph’ comme ça. A côté, Alex a toujours son nouveau sourire de dégénéré. M’vient l’impression qu’ses mèches à lui sont passées d’gris à gris tacheté, tacheté roux-noir, et qu’ses ratiches s’sont pointifiées, mais jdis trop rien. Son filet d’bave qui tombe comme de la gueule d’un dogue un peu trop agressif m’dit rien d’bon, c’est tout juste si j’ai pas envie d’lui passer une laisse autour du cou pour qu’y m’attaque pas l’premier péquenot v’nu. Pas qu’jme sente altruiste, mais j’aimerais bien m’faire aiguiller dans c’néant infini vers là où c’que les deux glands d’la côte se sont barrés. Leur trace, les alizés l’ont effacée direct.

L’premier péquenot v’nu d’ailleurs, on l’croise enfin à l’abord d’une bicoque vraiment bicoquesque, après jsais pas combien d’marche mais au moins tout ça vu l’clinquant qui commence à tourner. Bicoque dans l’sens poli du terme, c’est un tas d’planches avec un puits forcément asséché d’vant, un âne qui tourne autour d’une roue avec un bât et un truc et un machin, qui fait je sais pas quoi en attendant qu’les mouches qui lui tournent autour l’achève.

Eh, toi.
Kékidi ?
EH TOI.
Heeein ?
LA VILLE, TROUDUC, C’EST OU ?
Heeein !?

… J’laisse tomber, j’lâche l’Alex poilu pour me calmer et on continue. C’est l’âne qui nous guide quand dans l’carnage discret qui s’fait son licou s’effile et lui libère les épaules. Enfin à même de faire c’qu’y veut, il a l’air de savoir dans quel sens il se barre. Alors on l’suit. Et on fait bien. Encore trop d’enjambées avec le sable dans les braies et les mirages dans la gueule, mais on arrive au bled. Jdis l’bled, jsais pas si jpourrais trop dire quoi qu’ce soit d’autre. Au loin la brume du soir s’est l’vée, même l’crâne masta du centre se met à faire sa coquette et on l’voit plus. On voit plus qu’les bicoques locales. Jdis bicoques, c’est pas la même que plus tôt. Les planches sont peintes, y a l’air d’avoir d’la flotte, et en prime y a du gens qui matent notre arrivée. Matent façon attentifs. Faut dire qu’on est r’peints à la poussière et qu’on doit avoir des gueules de nègres un peu trop nègres, avec l’teint mat cramoisi rougeaud noir brûlé et les lèvres boursouflées qui r’ssortent à cause de la soif, t’sais.

Mais bon, semblerait qu’c’est pas juste pack’on fait peur qu’on nous approche pas. Y a des murmures et j’chope un « va l’prévenir » d’une ouïe plus fraîche que l’autre, rapport que la brise était du genre monodirectionnelle et que du coup j’ai qu’un tympan sur les deux baisés. Alors j’me dis qu’on nous attend quand même, et qu’ptet le banquet escompté s’ra au rendez-vous malgré la mine de croque-mort qu’le crépuscule fait à tous ces zouaves en chapeau, éperons et santiags. Intuition qui m’flatte l’ego d’ailleurs puisqu’à peine j’entends une voix que j’connais gueuler comme une pute nègre après un CLONG ! qu’a résonné jusqu’aux montagnes, à peine j’l’entends qu’un type se dirige vers nous et m’fait genre vas-y suis-moi la fiesta c’est par là. Non seulement il a un flow de merde, mais en plus il fleure bon l’putois, alors jsuis tenté d’le pourfendre de ma flamberge pas rouillée malgré l’intempérie avant d’m’abreuver à sa veine qui clignote comme un phare d’vant ma soif qu’elle est grande.

Mais comme il me pointe du doigt le troquet illuminé d’où la pure et chaste et calme voix d’Afro-Girl vient d’sortir, j’quitte mon idée première pour l’idée seconde, à savoir rentrer dans l’bouge et faire retrouvailles et banquetteries avec l’équipage. Hop hop hop on rentre, et d’vant quoi j’tombe ? Un parterre de névropathes en train d’biner les plates-bandes d’un autre parterre, de psychotiques à tendance cette fois-ci vachement malsaine. En gros : les miens contre les autres, ceux du navire, ceux d’la plage et ceux d’ici. Tous ensemble d’un côté et d’l’autre d’Hope et sa poêle diplomate, qui s’agite dans les airs au-d’ssus d’un hybride* entre chien et chat qui m’fait penser à un garage à botte. L’temps qu’je rentre, Hope s’est déjà cassée en coulisse, m’reste plus qu’à prendre la vedette après un ptit r’gard circulaire qui m’fait prendre la mesure des forces en présence.

Au rez, le barman**, coincé derrière son comptoir mais agrippé à une bouteille qui m’fait tout l’air d’savoir se changer en tromblon en un tour de torchon. Au rez toujours, le mec*** qui r’garde Reyson et sa bosse au front gonfler gonfler et encore gonfler en s’fendant bien la poire. Au rez encore, le gars**** qu’y faut que j’retienne Alex pour pas qu’il aille lui faire la position du cadavre désséché, et qui d’son côté s’montre assez prudent pour monter à l’étage, comme quoi z’ont l’air de savoir ce qu’ils transportaient, tous ces gusses. Et à l’étage justement, sur le perron, quatre, cinq même, autres glands qui m’regardent avec l’air circonspect de ceux qui savent alors que même mes gars m’ont pas encore avisé : les deux cons de la plage*****, un masta black****** qui lui l’est pas à cause de la poussière, un mec******* qu’a l’air un peu allumé de celui qui vient d’changer une ampoule sans prendre les précautions d’usage avec les fils et les machins, et enfin le chef********.

Jdis le chef parce que c’est lui. Moi aussi je sais.

Et tous, y m’regardent, sauf lui qui m’regarde et qui r’garde le garage à bottes. Qui r’garde le garage à bottes et qui m’regarde. Et qu’attend. D’voir si jvais ret’nir mon coup de pied et juste m’annoncer ou faire un steak d’abord et ensuite m’annoncer sanguinairement. Qu’attend et qui m’regarde. Mh.

L’choix est dur. Tenté, j’le suis. Mais j’ai soif aussi. Putain d’soif. Même plus j’arrive à baver. C’est d’une voix d’outre-tombe que j’balance mon entrée. Jsais même pas tout d’suite s’y z’ont compris.

Z’avez entendu la poupée les gars. Pas d’grabuge ce soir.

Et ça se retourne. L’équipage qui m’avise. Qui fait c’qu’est imposé, à savoir le calme plat. Le Jack qui rend son tablier d’second pour la soirée et qui s’enfile sa conso en bon diable. Et ça souffle. Le vieux avec sa bouteille tromblon. Les pégus du coin qui sont ni d’un bord ni de l’autre. Et ça rentre dans ses casemates après un signe de tête entendu. Les gros pas nets du balcon à l’étage. « L’fruit est bouffé, l’fruit est bouffé, ça sert à rien d’se foutre dessus ce soir. A demain bonhomme. »

Et pendant qu’une dégénérée pas trop belle********* mais bien gaulée et bien matée de toute par la clique de couilles locales, la soirée s’passe. Tranquille autour des tables garnies pour pas un rond par Hope qui nous permet d’éponger sans compter et sans risquer l’émeute quand on paiera pas, un service contre un autre mon bon Rakham. Tiens, tu t’appelles Rakham ? J’en connaissais un dans ma jeunesse qu’avait un peu l’même nom. Un sagouin d’South. Fini au boulet d’seize dans l’poitrail. M’a r’filé son sabre avant d’canner, c’était un bon type. A propos d’bon type, y aurait pas un borgne qui s’srait pointé… Hein ? En taule ? Pendu demain ? Non mais att

¤¤¤¤¤

L’gars m’a pas attendu, dans l’brouhaha des soirées qui s’cuvent mal l’est allé s’faire cuire un œuf ailleurs avant qu’jpuisse lui expliquer qu’ça allait pas s’passer comme prévu si vraiment on parlait bien du même borgne. Pis après j’ai oublié, et nous v’là l’matin. L’matin où qui fait trop jour, comme un lend’main où t’as soif encore mais pas la même. La soif du poivrot qui veut sa dose pour décuver. La soif que les lèvres collent encore de l’excès d’rhum alors que les persiennes éclatent sous les rayons solaires dans la piaule où t’es rangé à douze avec l’équipage au complet. La piaule. L’étable, ouais.

L’matin où Walt s’fait pendre. Héhé. R’mise droit, r’mise du tricorne, décrassage de barbe à l’abreuvoir et nous r’vlà au complet, droits dans nos bottes et presque dans notre trajectoire. On arrive à la fête juste au bon moment. J’avise la silhouette du bosco avant d’distinguer sa gueule, et j’avise la gueule de Rimbau avant d’distinguer c’qu’y bave. Rien qu’un rire de dément en fait. Rimbau ?

Tchac, le Walt qui s’jette dans l’vide me coupe la chique avant qu’j’réalise les r’trouvailles. Et la corde lui coupe le cou avant qu’les pleureuses du premier rang puissent faire « aaaah » d’un air dégoûté mais en matant quand même. Et vas-y que jfais ton intéressant, et vas-y que j’me détache le crâne, et j’me r’lève sans tête et blah et blah et blah. J’avise le Rakham pas loin du gibet et j’le r’joins en fendant la foule comme un mec classe que tout l’monde connaît. Faut dire qu’le beuglement du Layr qu’arrive pas à s’arrêter en m’mirant droit attise les curiosités. Héhé, c’brave Layr, l’a changé qu’en bien on dirait. Comme moi. ‘dra voir la Marisa. Vu la paie qu’ça fait y a moins qu’elle elle se soit gâtée. Le temps fait pas d’cadeau aux colombes. L’tavernier me r’garde sans comprendre. J’lui montre l’pas encore mort qui s’marre de moins en moins à m’sure que l’rire fou lui passe.

T’m’aurais laissé t’prév’nir hier, t’aurais pas l’air aussi con. Lui, y a moyen d’le récup dans la douceur ?

C’est là qu’un mec revêche********** avec un pin’s fait son apparition. Et l’tableau s’complète. Boo-yah.



Spoiler:


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Cruz, arrête deux secondes de jongler avec les bouteilles et invite la populace à boire un verre en l'honneur de la belle justice de cette île. Et au fait t'as pas une boîte ? Faut que j'emballe ça.

Rakham monte en premier les escaliers de son saloon pour se rendre au bureau du premier étage. Tahar lui emboîte le pas. Ce sera leur second entretien. Le premier se faisait sous déguisement de fête mais le tenancier avait compté trois minutes par table pour ne faire aucun favoritisme. Assez pour recadrer le visage d'un wanted, insuffisant pour discuter des deux gibiers de potences qui avaient tous les deux échappé à la mort. Le besoin d'allonger la période de causerie était devenue évidente après l'intervention du shérif qui demandait à l'officieux maire pourquoi il soulevait le corps gesticulant du borgne après avoir demandé à l'un de ses tireurs d'interrompre la strangulation du second condamné. "Dans la vie, il y a deux types de personnes, les banales qu'on butte normalement..."avait-il déclaré avant de relâcher l'acéphale dans l'abreuvoir à chevaux pour découvrir qu'il flottait comme du béton armé "...et ceux avec lesquels on s'adapte. On est sur Grandline bordel, apprenez à adapter la sentence selon le client. Entre les géants, les mecs qui respirant par les épaules, les artificiels et les maudits, y a plus beaucoup de monde pour craindre la corde. " Puis il y a eu un "que comptez-vous faire de cette tête ?" et un "Aux yeux de la loi, ce mec a été jugé, sa faute pardonnée. Mais de vous à moi, quand je vois débarquer des étrangers par équipages entiers, qu'ils me rappellent leurs sosies en noir et blanc dans les mondiaux et qu'ils risquent de se mettre sur la gueule chez moi, je veille à ne pas être le premier à tuer. Car que ce soient vous ou moi shérif, on est tous concernés par le grabuge que l'étrangère a pu éviter hier en causant aux estomacs des hommes. Capitaine Tahgel, j'espère avoir été assez doux pour votre style et si plus personne ne veut me voir sauver des vies, je vous propose de retourner à vos occupations. Shérif ?" Lloyd lui avait laissé une heure et l'exigence d'un rapport précis au bout de cette heure. Il avait récupéré Layr qui s'était toujours refusé à lui filtrer des infos et Rakham avait laissé le corps immergé sous surveillance tandis qu'il emportait la tête.

La voilà bien en place dans sa boîte. Rakham désigne son siège à Tahar et s'installe sur sa chaise habituelle dont le tiroir de droite fournit un couteau nécessaire à la percée de trous pour permettre au borgne de respirer. L'armoire sous le tiroir fait apparaître une bouteille de whisky, sans pot d'eau glacée cette fois comme Jack avait pu avoir lors de sa demande. Deux verres se remplissent et le Gris poursuit la conversation.

J'étais sur les blues il y a quelques semaines. J'y tenais un bar. Ca vous vous en foutez, mais peut-être vous foutrez vous un peu moins de l'introduction d'un article du mondial qui a été distribué quand j'étais là-bas. "Tahar Tahgel, son nom fait injure au monde". Ca vous fait quoi quand vous lisez l'idée du siècle d'un gratte papier qui pense avoir eu la primeur de la banalité ? Moi, ça me confortait dans l'idée qu'il fallait vraiment que j'en éventre à vue, entre les Racaille le Gris et les tu braques ou tu Rak, j'ai eu mon contingent de pseudos ridicules. Vous devez certainement avoir les vôtres aussi qui traînent, surtout ces derniers temps.

Le Gris vide son verre et le remplit.

C'est là qu'on se rappelle qu'on est à jeun. Si vous avez faim, mon cuistot peut vous concocter un truc pour vous caler. Il n'est sûrement pas aussi habile que votre membre aux poêles dans la main, mais vous pourrez y voir le beau geste avant tout. J'ai beaucoup de questions à votre égard et j'aimerais que vous soyez dans les meilleures dispositions quand je vous demanderai pourquoi c'est avec vous que je dois traiter plutôt que les autres trous du cul qui jouent la compétition des briseurs de couilles dans la horde sauvage de nouvelles gueules qu'on sert malgré le fait qu'ils défoncent nos murs et renversent nos plats.
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