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Évasion de moineaux


La ville ou tout commence

Suite à leur rencontre avec le Chevalier Blanc, recruteur de la Baroque Works, Alegsis et Grimmjack se voient engagés pour une mission. Celle-ci est de débusquer et capturer la Famille Columbia, qui serait implantée sur Logue Town depuis une décennie déjà et qui seraient de grosses pontes de la pègre sur East Blue. Rien qu'à l'intitulé, la mission semble pas si facile et particulièrement dangereuse ...


Tchouuuuuuuuuuuuu-Tchouuuuuuuuuuuuu .... Tadamdamdamdam ...

- T'as vu ça Alegsis ?! Il ont même des tramways à vapeur ! Comment c'est trop bien la vie sur Logue Town !

J'étais littéralement émerveillé. Des étoiles pleins les yeux. Comme un petit garçon dans un magasin de jouets. C'était la toute première fois que je foulais les pavés des boulevards de Logue Town et, pour un petit campagnard qui avait quitté sa terre natale en début d'année, c'était incroyable que j'en sois arrivé la.

Logue Town, la ville ou tout commence et ou tout se termine. C'était pour moi une occasion rêvée et un changement significatif dans ma vie. Ce qui allait commencer aujourd'hui était ma carrière des plus glorieuse en tant que chasseur de prime de la Baroque Works ! ... Ah oui, et celle d'Alegsis aussi bien sûr ...

En parlant d'Alegsis d'ailleurs ... Depuis qu'on avait posé le pied sur l'île, c'était moi son boulet. Je crois qu'il était agacé de me voir m'éclipser partout pour admirer ce joli lampadaire contenant une lampe à huile, ou cette bouche d'égout pour évacuer l'eau de pluie et même ce vendeur de beignets qui avait transformé sa calèche en cuisine itinérante ! Fascinant la vie mondaine !

- Jeri-hi-hi-hi-hi ! S'esclaffa mon associé en me pointant du doigt. T'es tellement moche que même les moineaux t'ont confondus avec des toilettes ! Jeri-hi-hi-hi !

Moche toi-même d'abord. Mais il avait raison ce débile, un moineau avait posé une fiante sur mon épaule. Alors que j'enlevais mon manteau et tenta de nettoyer la tâche sans l'élargir j'observa les alentours. Ils étaient partout en réalité ces fichus moineaux jaunes ! Nichés sur les cheminées, aux rebords des fenêtres, sur les lampadaires et dans les arbres ! C'était une vraie invasion ! Il fallait appeler la mairie qu'elle s'en occupe voyons !

Ma veste dans les bras, arborant une mine boudeuse, je dépassa mon collègue en déniant le regarder.

- Plutôt que de pouffer de rire comme un hippopotame rachitique en rut, allons voir les Coppers de l'organisation. Ils ont un tuyau à nous refiler.

C'était pour ainsi dire les seules instructions que Tagaki Sukazawa nous avait donné. Quelques types de la Baroque Works, des petits chasseurs de primes dont un au bonnet rouge, auraient une piste pour commencer notre enquête. Nous devions nous retrouver dans un bar précis au centre-ville a midi pétante et ... En regardant l'horloge géante en haut d'un bâtiment à étages ... Zut, nous étions en retard !

Une de mes bandelettes agrippa mon associé par le cou et nous entamions alors une course contre la montre ! Raaaaah ... Si on échouait dès ce stade de la mission, c'était qu'on était vraiment lamentable !

[...]

La porte de la taverne s'ouvrit brusquement, attirant le regard agacé de l'aubergiste. Nous rentrâmes dans le fond de commerce en sueur et complètement essoufflés. Alegsis se posa directement au bar pour commander tandis que je guettais les environs pour retrouver bonnet rouge.

- Kuf kuf ... Un verre de rhum sivou ..
- Deux jus de concombre, madame la tavernière ! Mon regard insistant persuada mon comparse.

Après tout, la dernière fois qu'on avait bu ensemble, c'était pour écrire notre plaidoirie ... Et on savait très bien comment ça avait fini ...
Une fois les boissons récupérées, je tira une nouvelle fois Alegsis au fond de la salle. J'avais repéré bonnet rouge qui était assit avec deux hommes et nous nous invitions à leur table.

- Vous devez être Grimmjack et Alegsis Jubtion, les deux envoyés de monsieur Sukazawa. Pas de doute, il m'a dit qu'un grand brûlé et un benêt se trimballant un pinceau géant allaient venir à ma rencontre ... Ça s'imagine pas.
- C'est toi qui a un bonnet, pas nous !
- Il a dit un benêt Aleg, pas un bonnet ... répondis-je en soupirant. Effectivement, c'est nous. Il paraitrait que vous avez un tuyau à nous donner.

L'homme au bonnet rouge but une gorgée dans sa pinte de bière avant de reprendre.

- Ouaip l'ami. Y'a des rumeurs qui circulent dans les parages sur les Columbia. Ils auraient engagés un p'tit gars prometteur pour faire passer la contre-bande. C'est un peu farfelu mais d'après les rumeurs ... Ce p'tit gars aurait la taille d'un lutin et des oreilles pointues. J'sais pas ce qu'ils s'imaginent les gars qui racontent ça, m'enfin je parle bien avec une momie en ce moment même donc bon.
- Et vous savez ou on peut les trouver, monsieur Bonnet Rouge ?
- En tant que contrebandier de la famille, il devrait se balader dans les docks. M'enfin, j'imagine.

Je me leva d'une traite, surprenant Alegsis et les autres. Serrant la poigne fermement de ce bonnet rouge, je pris mon associé par le col et, bien qu'il n'eut pas finie son verre de jus de concombre, le traina de force dans l'aventure.

- C'est parti Alegsis ! Notre nouvelle vie de grands chasseurs de prime commence ! Direction les docks ! .... Euh, c'est ou les docks déjà ?

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Qu’il fut ou non question de docks, l’affaire en cours fut avant tout une question de principe. Car il en avait une chiée de principes, ce bon monsieur Jubtion. Assez en tout pour qu’il s’émancipa de l’étreinte nouée à son col – méthode de transport nécessaire lorsqu’il fallait se le coltiner - afin de revenir sur ses pas. Sa liberté à peine recouvrée , il fit en effet un de ces volte-face dont on ne pouvait guère que présumer le pire. D’autant qu’il commit celui-ci en se dirigeant vers l’établissement d’un pas franchement résolu.

- On est venu pour un tuyau, je partirai pas sans.

Bien qu’avertis par Tagaki que, du duo qui leur parviendrait, l’un était stupide par-delà tout entendement, les « Coppers » réunis sur place se regardèrent en biais, un brin inquiet qu’on persista à émettre telle requête. Grimmjack, plus tôt, avait effectivement soutenu à son partenaire qu’ils étaient venus ici pour y chercher un tuyau. Or, du fait de quelques lacunes abyssales dans ce qui lui tenait lieu de vocabulaire, Alegsis ne fut pas au fait de l’expression en cours. La gêne, dès lors, fut palpable, excepté pour celui-là même qui en fut la source.

- C’est à dire que… euh…, leur précédent interlocuteur, détournant le regard, sa mâchoire quelque peu crispée, se gratta l’arrière du crâne alors qu’il employait son temps de travail à parfaire l’instruction d’un ignare manifeste, un tuyau… c’est un conseil, en fait.

Parcellaire, hélas, fut son enseignement. Car dans la caboche d’un imbécile de première bourre, un même mot ne pouvait en aucun cas s’assortir à deux concepts à la fois. Fronçant les arcades car il tenait à ce que le tuyau leur parvînt d’une part, et aussi parce qu’il ne bitait pas un broque à l’explication qui lui fut transmise, Alegs ne décéléra aucunement dans sa charge folle et insensée.

- Le seul conseil que je te donne, c’est de me donner le tuyau qu’a demandé mon copain.

Les énergumènes les plus stupides comptaient aussi dans ce que l’humanité avait de plus borné. Opiniâtre au point d’en être ouvertement déraisonnable, l’artiste-pitre, son pinceau martial désormais pointé en direction d’un innocent, n’en démordait alors pas d’une molaire. Ce « copain » toutefois, qui lui se serait bien passé d’un partenaire aussi embarrassant, suppléa le Copper dans l’enseignement prodigué.

- C’est une expression, Alegsis. « Demander un tuyau », c’est…, il cherchait un exemple jusqu’à ce que celui-ci lui glissa le long de la langue, c’est comme « donner un coup de main ». Tu comprends ?

C’était vain de lui demander cela alors que, le regard perdu d’Alegsis et sa bouche entrouverte, de concert, répondaient mieux en silence qu’une négation franche. Benêt, ce chasseur de primes-ci ne l’était pas à-demi ni aux trois-quarts ; ses prunelles rondes et vides de toute intelligence concrète en attestaient.
Trop de concepts mal associés entre eux lui retournaient à présent les rudiments d’encéphale qu’il avait dans le crâne. Le tuyau, le conseil, le coup de main et l’expression ; tout cela était décidément de trop pour un seul homme. Du moins, pour un homme pareil. Aussi, après qu’il resta hébété quelques interminables secondes, son esprit le dépêtra du dilemme qui eut prise sur lui. C’est donc tout naturellement qu’Alegsis formula enfin la seule conclusion qui s’imposait.

- Un coup de main…. Avait-il répété d'abord pour ne pas perdre le fil de ses pensées. Tu veux que je le tape pour qu’il aboule  le tuyau, c’est ça ?

Baroque Works comptait à présent pareil effectif dans ses rangs. Formidable recrue que celle-ci.

Il fallut dix minutes au moins avant que l’affaire connut une résolution heureuse. Hors du repaire de ce qui comptait à présent comme leur « clan », Alegsis et Grimmjack déambulaient à présent sur les pavés de Logue Town. Dans ses bras, enveloppé dans une couverture, comme s’il eut porté avec lui un nourrisson, Alegsis exhiba alors un tuyau. Un qui fut littéral cette fois.
Pour palier à une crise de nerfs qui leur sembla inévitable, les Coppers de Logue Town s’en étaient allés dévisser un morceau de canalisation afin de le lui remettre en tribut. D’autres, avant eux, n’avaient pas eu le luxe de pouvoir s’en tirer à si bon compte afin d’accéder à la paix de l’esprit. Le fait est qu’à moins de le tuer, les malheureux n’avaient eu guère d’autres choix à leur disposition afin de se débarrasser de leur nouveau camarade. Taper dans la plomberie était finalement peu cher payer pour se débarrasser de lui.

Devisant à présent sur les modalités de leur traque, Alegsis, toujours très sûr de lui bien que l’Histoire démontra par cent fois vers quelles catastrophe menaient ses certitudes, y alla de son expertise. Grimmjack avait eu un plan, c’était tant mieux pour eux, mais tant pis pour lui du fait qu’il s’était associé à si copieux boulet.

- Pas besoin de pister pour trouver quelqu’un, arguait Alegs sans accorder de place au doute quant à son assertion, faut être malin, comme moi. Les criminels quand destin…

- … clandestins.

- … les méchants, quoi, pour les débusquer, faut faire comme à l’école quand on trouve pas un élève, d’une école, il n’en avait jamais aperçu ne serait-ce que l’ombre d’un pupitre, on met le feu au bâtiment et il finira bien par sortir à un moment donné. Donc, reprit-il aussitôt comme si le fil de leur discussion était anodin malgré l’énormité avancée, les docks… les docks…, réfléchissait-il alors sa plomberie entre ses bras, dont une main était pourtant déjà bien encombrée de son long pinceau de combat, ça doit sûrement être dans le centre-ville.

Avant que Grimmjack n’ait eu le temps de réagir à l’inquiétant flot d’inepties dont il fut une fois de plus l’infortuné auditeur, Alegsis se stoppa net dans une démarche qui, compte tenu de sa direction, n’aurait pu que l’éloigner de là où ils voulurent se rendre. Ses yeux plissés, il sembla que la bête aperçut quelque chose digne de son intérêt. Il avait en effet repéré au loin, dans la foule ambiante, ce qui s’était présenté de dos comme une gente dame. Une qui lui parut familière. Aussi, ne souhaitant louper une retrouvaille pour rien au monde, Alegs agît conséquemment de la manière la plus rationnelle possible. C’est de là qu’il jeta son tuyau, lourd de dix kilos au moins, pour que celui-ci atterrît sur le crâne de la demoiselle qu’il crut reconnaître. L’idée lui était venue comme ça, sans même qu'on la lui souffla.
Quand il faussa compagnie à son binôme, ce dernier resté interdit de ce qu’il venait de voir, Alegsis, au moment de trouver sa chère amie, retourna sa carcasse évanouie et baveuse pour la contempler de visu.

- Ah non, c’était juste une vieille en fait, détermina-t-il, désinvolte, après qu’il eut si bien accompli sa bourde, fausse alerte.

Nonchalamment, il quitta le petit groupe de Loguetowniens s’étant affairés autour de la grand-mère afin de chercher à la soigner. Chacun s’interrogeait alors sur la provenance d’un tuyau qui avait paru tomber du ciel droit sur le crâne de la malheureuse. Alegsis, en effet, lobait admirablement.
Retourné à son partenaire comme si de rien n'était, celui-ci resté la bouche ouverte, encore ébahi par ce que lui avait à nouveau réservé le répertoire à âneries de son partenaire, Alegs, à nouveau, plissa les yeux alors qu’il parut à nouveau reconnaître quelqu’un au loin. Heureusement pour celle-ci, cet « ami » qui l’avait en ligne de mire fut à présent dépourvu d’ustensiles de plomberie pour lui passer le « bonjour ». Aussi prit-il Grimmjack par la main comme il arrivait à ce dernier de le traîner par le col cela, de sorte à ce qu’ils rappliquèrent ensemble jusqu’à elle. L’ayant approché de dos, et avec élan, Alegsis usa de ce « coup de main » dont on l'avait précédemment entretenu pour faire atterrir sa paume contre la frêle omoplate que lui présenta la jeune fille. Il avait alors cogné généreusement – bien qu’amicalement – faisant montre toutefois d’une force grandissante dont il ne savait pas toujours borner la puissance. Cette fois-ci au moins, la rencontre ne fut pas le fruit d’une confusion déplorable, car cette petite demoiselle, il la connaissait très bien.

- Si je m’attendais ! Yayase ! Dis, rempilait-il déjà sans même qu’on put prendre le temps de savourer les retrouvailles, toi qui es agent du Siphon du Paul, du tuyau, on avait ainsi bifurqué vers le siphon du fait qu’Alegsis n’avait jamais su comment se prononçait « Cipher Pol » , tu tombes rudement bien ; je cherchais justement quelqu’un pour faire notre trav… pour nous aider mon copain et moi à sauver la Justice et les petits lapins, tout ça, et chopper quelques primes en passant. Dis, il disait beaucoup cet homme-là, tu saurais pas où on peut trouver les Columbia ? J’ai la flemme de chercher.

Survolté et béat de la première majuscule jusqu'au point final, s’étant saisi du crachoir sans l’accorder à qui que ce fut en retour, Alegsis, comme à son habitude, avait alors babillé vite et fort. À aucun moment il n’avait tenu compte des conséquences de sa chaleureuse accolade alors que dame « Yayase » était apparemment restée sur le carreau. En l’absence de réponse fulgurante, Alegsis ne résista pas bien sûr à une occasion de dégoiser davantage d’âneries dès lors où on lui accorda le champ libre.

- Oh, lui, à côté de moi ? Elle ne lui avait rien demandé du fait qu’elle se redressait à peine du coup qu’il lui avait si gentiment asséné. C’est Grimmjack ! On chasse la prime ensemble. Se tournant alors vers cet acolyte de toujours, Alegsis lui tapa dans le dos à son tour ; la momie ayant toutefois l’échine assez résistante pour supporter cet élan amical, il est très laid, c’est vrai, mais c’est pas un mauvais gars.

Cela s’était voulu à la fois une présentation et un compliment. Car c’est le plus sincèrement du monde qu’Alegsis avait encore une fois déversé le fond de sa pensée. Celle-ci ayant alors la consistance d’une flaque du fait qu’il ne consolidait jamais son esprit avant de parler.

- En plus, vu qu’on est trois, on pourrait partager 50-50-50. Non ?

« Non », fit de la tête Grimmjack pour lui confirmer qu’il se fourvoyait encore. Le fait est qu’Hayase, à son corps défendant – et endolori – s’était retrouvée conviée à une chasse à la prime avant même d’avoir eu le temps de réaliser quoi que ce soit. Il n’était pas dit, en effet, que celle-ci serait aussi extatique qu’Alegsis maintenant que la jonction advînt à nouveau entre leurs parcours respectifs.  
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Évasion de moineaux
Algesis Jubtion, le fléau de ma vie, mais néanmoins ami. Cela faisait, je ne sais combien de temps que je ne l'avais pas vu et ce dernier avait déjà réussi à me rappeler pourquoi il n'était pas bon d'être en sa compagnie. Au moins, cela donnait le ton de cette mission pour laquelle je me retrouvais ici.

De mauvais poils et pas spécialement motivée par cette dernière, j'allais en plus de ça me coltiner cet énergumène. Il faut croire que la vie avait trouvé opportun de mettre un deuxième clown sur mon chemin.

- " Aleg... Quel plaisir de te revoir. " Soufflais-je entre mes dents, tout en me forçant de sourire. "

Encore sous le choc de son aimable salutation, la douleur résonnait encore au niveau de mes côtes et il me fallait serrer les dents pour me retenir de hurler. La main sur le flanc, je m'avançais docilement vers lui pour lui faire part également de mon affection.

À quelques centimètres de lui, je le regardais la tête penchée sur le côté. Continuant de lui sourire innocemment, je comptais bien lui rendre la monnaie de sa pièce. Il venait de me faire mal, extrêmement mal. Et même si cet ahuri ne pouvait se douter un seul instant de mes blessures, je sentais l'envie de me venger de lui. Ainsi était la relation que nous avions décidé de partager après tout.

Et puis, ce n'était qu'une marque d'affection comme une autre. Il en avait l'habitude depuis le temps.

Tandis que ce dernier m'observait avec son air de benêt, attendant que je lui apporte la réponse à sa question, la sentence tomba. Au moment où mes mains touchèrent ses épaules, donnant l'impression que j'allais lui faire une accolade, je frappais avec célérité. Le saluant à mon tour, mon genou vint lui broyer ce qui faisait de lui un homme.

Sous les yeux de son comparse qui semblait partager sa douleur comme si c'était lui qui venait de se prendre le coup, le débile chuta. Les mains sur l'entrejambe et le visage enlaidi davantage par la souffrance, les jambes de ce dernier avait cédé. Se retrouvant à genou devant moi, je n'en restais pour autant pas là. Il fallait lui passer le message.

De plus, je ne nierai pas, que cela me faisait du bien de déverser mes sentiments sur ce pauvre malheureux. Il était solide et j'en avais besoin depuis ce qu'il s'était passé à Absurde.

- " Je suis à toi dans un petit instant. " Stipulais-je à la petite momie en lui offrant un sourire chaleureux et sincère.

Profitant de son état végétatif, je poussais Aleg en arrière. Une fois sur le dos, je lui jetais un regard plein de sadisme. L'heure de se défouler avait sonné. Faisant totalement fi de ce qui nous entourait, je m'acharnais sur mon ami. Plus exactement, sur ses bijoux de famille. En plus de ces couinements de douleur, à chacun de mes coups, on pouvait entendre des plaintes venant des hommes assistant à la scène.

Tout comme Grimmjack, ces derniers semblaient par je ne sais quels moyens, ressentir sa douleur. Comme s'ils étaient tous connectés par ce truc immonde qui pend entre leurs jambes. C'était un phénomène bien étrange, mais je n'avais pas le temps pour m'en préoccuper.

Après je ne sais combien de coup, n'ayant pas tenu les comptes, j'arrêtais, à bout de souffle, penchée en avant avec les mains sur les genoux.

- " Woaaah ! Ça fait trop du bien !!! " M'exclamais-je avec engouement tout en m'essuyant le front avec mon avant-bras.

Un grand sourire de plénitude éclaira mon beau visage, pendant qu'Alegsis, lui, agonisait au sol, son âme semblant quitter son corps. Mais il n'y avait pas d'inquiétude à avoir pour le chasseur. Il en avait vu bien d'autres. N'y prêtant plus attention, je me redressais avant de défroisser la tenue que Rachelle m'avait donnée.

Ce petit défouloir m'avait redonné du baume au cœur et je me sentais plus légère à cet instant. Après avoir recoiffé mes cheveux, je reportais mon attention sur l'homme aux bandelettes que je reconnaissais parfaitement. Souriante, je regardais ce dernier, qui lui, observait son camarade en restant pétrifié.

- " Contente de te revoir Grimm ! " Lui dis-je avec joie avant de m'avancer rapidement vers lui.

Malheureusement, il eut une réaction à laquelle je ne m'étais pas attendu. En me voyant ainsi me précipiter vers lui pour le saluer, ce dernier poussa un petit hurlement aigue avant de prendre ses jambes à son cou.

- " Fuyeeeeeeeeeeez !! C'est la Briseuse de Noix !!!! " S'écria la jeune momie en courant comme un dératé, la peur au ventre.

Surprise, je le regardais s'enfuir avant de le poursuivre. Cependant, après quelques secondes, je fis demi-tour en me rendant compte que je venais d'oublier quelque chose d'important.

- " Qu'est-ce que tu es lourd.... " Me plaignis-je tandis que je traînais mon ami par une jambe tout en suivant Grimmjack.

Quelques minutes plus tard, après une longue course poursuite à travers les rues de la ville, on se posa enfin tranquillement dans un parc. Le pauvre Alegsis était dans un état pitoyable, ce dernier ayant été traîné sur plusieurs centaines de mètres. Quant à la momie, il me regardait, pas très rassuré, même après que je lui ai expliqué qui j'étais en évoquant notre rencontre sur Shimotsuki.

Pendant que l'idiot du village se remettait, ce qui nous laissait la paix en attendant, son compagnon m'expliqua ce qui les avait emmené sur cette île. C'était une sacrée aubaine qui venait de se pointer. J'avais pour mission d'arrêter l'organisation criminelle des Columbia et eux, voulaient les arrêter pour leur prime. Il était donc évident qu'on décide de coopérer.

Même si ça ne m'enchantait pas de faire équipe avec Aleg, car il était un vrai aimant à problème. J'étais assez contente de pouvoir compter sur le deuxième Chasseur de Primes. J'avais déjà eu le plaisir d'avoir à faire à lui et il m'avait même sauvé la vie. Alors avoir quelqu'un comme lui à mes côtés pour mener à bien cette mission était une chance que je ne comptais pas laisser filer.

- " Au fait, c'est quoi cette histoire de 50-50-50 ? " Lui demandais-je en repensant à ce que l'autre idiot avait dit tout à l'heure.

- " Oh, laisse tomber... " Répondit la bandelette en poussant un long soupir de lassitude. " Une longue, mais vraiment très longue histoire... "

Il n'en dit pas plus, comme si cette dernière ravivait de vieilles blessures qu'il voulait oublier au plus vite. Par respect et n'oubliant pas ce que je lui devais, je n'insistais pas plus. Peut-être qu'au détour d'un rocher, il aurait envie d'en discuter. D'ici là, il fallait rester concentré sur notre but.

Alegsis une fois remis sur pieds, on décida donc de partir tous les trois à la recherche de ces mafiosos. Nos débuts ne furent pas très fructueux. Nous n'avions aucune piste de ces derniers. Faisant partie du Cipher Pol, mes deux partenaires avaient trouvés tout naturel que je m'occupe de mener l'enquête. Enfin, naturel pour l'un, mais pour l'autre... Alegsis faisait ce qu'il savait faire de mieux. C'est-à-dire du Grand Alegsis.

Dès que je pensais avoir trouvé quelque chose, en interrogeant certaines personnes possédant potentiellement des informations qui pouvaient nous intéresser. Il les faisait fuir avec sa stupidité. À tour de rôle, avec Grimm, nous le remettions à sa place, à coup de caresses musclées. Cela faisait du bien d'avoir un tel soutien avec moi. Ma main s'en sentait moins douloureuse.

- " Ça ne doit pas être facile tous les jours de le supporter. " Compatissais-je tout en continuant nos recherches.

- " Ne m'en parle pas... Je crois que je ne m'habituerais jamais. " M'affirma la momie avant de secouer la tête, complètement dépité. " En plus à force de le frapper, je me demande si on n'aggrave pas les choses. "

- " Son cas est déjà désespéré. " Lui dis-je en haussant les épaules tout en regardant Alegsis marcher en tête, le torse bombé de fierté. " Et puis je crois qu'il aime ça. Il en redemande à chaque fois. " En ricanais-je, suivi par le Faucheur.

Soudain, alors qu'on se moquait gentiment de notre crétin préféré, ce dernier s'arrêta brusquement. Manquant de peu de lui rentrer dedans, je m'emportais contre lui avant de lui mettre une tape derrière la tête. Celle-ci sonnant creuse, il ne réagissait pas, continuant de fixer quelque chose au loin.

- " Qu'est-ce qui t'arrive encore, grand couillon ?! " Lui demandais-je après m'être mise dans son champ de vision pour le regarder droit dans les yeux.

Pour seule réponse, ce dernier m'attrapa la tête pour la tourner, avec la délicatesse qui le caractérise, dans la direction qui avait attiré son attention. Sentant mes cervicales légèrement craquées à cause de lui, je m'apprêtais à le frapper de nouveau quand j'aperçus enfin ce qu'il voulait me montrer.

À quelques mètres de nous, se trouvaient des hommes. Haussant un sourcil, je me demandais bien ce qui pouvait avoir alerté ainsi mon ami. Ces derniers ne semblaient avoir rien de spécial. Et pourtant, je pouvais voir à l'expression d'Alegsis que quelque chose cloché. Celui-ci restait planté là, la bouche grande ouverte. Généralement, cela signifiait plusieurs choses. Qu'il avait faim, envie d'aller aux toilettes, qu'il allait sortir une grosse connerie, ou que son instinct de popotames avait détecté quelque chose.

Voyant qu'il ne disait rien, continuant de me tenir la tête que je dégageais de ses mains, j'optais pour la dernière hypothèse.

- " Restez là, je vais voir. " M'adressais-je à eux, regardant surtout Grimm pour lui faire comprendre d'empêcher l'autre crétin de faire des bêtises.

Une fois assurée de ce fait, je m'éclipsais pour aller vérifier s'il s'agissait ou non de ceux que l'on cherchait. M'armant de mon plus beau sourire, je m'approchais de ces hommes qui semblaient en grande conversation. En effet, ceux-ci semblaient un peu louches. Comme s'ils étaient sur leur garde, ils regardaient de gauche à droite, comme s'ils avaient peur qu'on les surprenne. Bien, il était temps de jouer.

- " Bonjour messieurs !! " M'exclamais-je avec entrain, un grand sourire aux lèvres. "

Surpris et méfiants, les quatre hommes que j'avais accostée, se regardèrent les uns les autres avant de porter leur attention sur moi. Me dévisageant et me reluquant sous toutes les coutures, je ne les sentais pas très à l'aise. L'un d'eux, semblait même agacé par mon intervention.

- " Qu'est-ce que tu nous veux toi ? " Me demanda ce dernier d'un ton sec et le regard noir. " Tu ne vois pas que tu nous déranges ? "

- " Excusez-moi de vous déranger, mais je recherche des amis à moi, vous ne les auriez pas vues ? " Leur demandais-je sans perdre mon sourire, continuant de jouer mon rôle douce jeune femme inoffensive.

- " Non ! " Me répondit ce même homme, ne cherchant à faire aucun effort pour cacher son agacement. " Allez barre toi !  "

- " Oooh... Allez, soyez chics messieurs... " Les suppliais-je en joignant mes mains devant ma poitrine et en battant plusieurs fois des cils, tandis que mes joues s'empourprées légèrement. " Vous seriez adorable si vous vouliez bien me renseigner. "

Sur ces mots, je fis un clin d'œil au plus petit des quatre. Un assez joli garçon aux longs cheveux noirs et qui devait faire environ ma taille. Fait assez rare pour que je le remarque. En réalisant que ce clignement de paupière lui était destiné, ce dernier me sourit aimablement. Voyant qu'il avait l'air moins rustre que les autres, je décidais donc de porter toute mon attention sur lui.

- " Vous voulez bien m'aider ? " Lui demandais-je, en le regardant avec mes yeux pétillants d'étoiles. " Je vous en serai tellement reconnaissante... "

À cette annonce, je vis son visage s'éclairer d'une faible lueur d'espoir avant de jeter un furtif coup d'œil à mes courbes. Un homme restait un homme. Il suffisait de leur faire croire qu'on était prête à s'offrir à eux pour qu'ils commencent à en perdre la raison et à devenir des petits chiens obéissants. C'était pitoyable, mais je comptais bien profiter de ce fait pour leur soutirer toutes les informations que je voulais.

Seulement, l'un d'eux ne semblait pas l'entendre de cette oreille. Toujours aussi méprisant à mon égard, l'autre balourd s'interposa entre moi et ma précieuse source. M'attrapant violemment par le bras, il se mit à me hurler dessus.

- " Je t'ai dit de dégager ! T'as besoin que je t'y aide ou quoi ?! "

Le visage proche de miens, je sentis son haleine fétide venir me caresser les narines. Colérique et serrant mon bras plus que de raison, je comprenais que ce dernier n'avait pas très envie de jouer. Plus gênant qu'autre chose, je pouvais me débarrasser de lui sans le moindre problème. Même avec mes côtes en piteux états à cause de ce que m'avait fait subir le Clown, l'assommer serait facile.

Mais pourquoi se salir les mains quand on peut se servir des autres. Parmi les trois qui l'accompagnaient, s'en trouvait un à qui son attitude semblait déplaire. Le petit bonhomme regardait son compagnon les poings serrés comme s'il était prêt à prendre ma défense. Le réalisant, je jouais donc la carte de la fille apeurée en le regardant, les yeux légèrement humides.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024, 10:58, édité 3 fois
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    Qu’elle était douce cette retraite dans les jupes de sa mère, loin, très loin sur la Mer du Nord. Durant son long séjour sur l’île de Tanuki, Kant avait profité de la chaleur du foyer pour s’éloigner un peu du goulot et réfléchir à son avenir. Il avait pris conscience de l’étroitesse de son esprit, et en conséquence, il s’était décidé à agir avec mesure et maturité. Au lieu de la cirrhose promise et de l’impétueuse révolte qui l’habitaient, le jeune sculpteur prit la décision de cultiver son jardin, comme dirait l’autre. Ainsi, après d’émouvantes séparations, il dit une fois de plus au revoir à son île natale et s’en alla découvrir d’autres horizons. Contrairement à ses errements de jadis, Kant savait où il se rendait et ce qu’il comptait y faire. Il emprunta la compagnie la plus sûre et la plus onéreuse pour traverser « la Flaque », et ainsi se rendre dans la capitale d’East Blue, la ville où tout commence et tout se termine. La dernière fois qu’il avait posé le pied sur la Mer de l’Est, c’était à la suite d’un malencontreux accident. Il avait alors entendu parler du célèbre site universitaire de Logue Town et s’était juré qu’il y viendrait. Pour une fois, il tint parole.

    Une fois passé à la caisse pour régler ses frais d’inscriptions, Kant concentra toute son attention sur les cours de botanique. Finis l’usage du Kenpō Kanpo à des fins belliqueuses, le jeune étudiant voulait racheter son âme en consacrant ses talents de botaniste au soin d’autrui. Ses moyens pécuniaires ne lui permettaient plus de se loger dans de grands hôtels luxueux, aussi préféra-t-il la chaleur familière d’une petite auberge de quartier. Les deux premières semaines s’écoulèrent sans accroc et Kant se révéla très assidu et volontaire à chacun de ses cours. Tout était parfait dans le meilleur des mondes. Jusqu’au jour où il tomba amoureux.

    Amoureux, Kant l’était une semaine sur deux. Il n’était pas rare de le croiser en larmes dans un coin de rue, ramassant les petits morceaux de son cœur brisé après avoir été éconduit une énième fois. Mais cette fois-ci, sa dulcinée semblait tout autant intéressée à la chose que lui. Quelle aubaine ! Nouvelle île, nouvelle vie, nouvel idylle… C’est ce qu’il crut de prime abord. Car, de fait, la demoiselle s’était subitement intéressée à lui pour de mauvaises raisons. Elle chérissait ses pires manies, son passé trouble et surtout, ses talents de contrebandier. De fil en aiguille et en échange de promesses furibondes, elle convainc Kant de faire sortir de l’Université une multitude de produits chimiques en tout genre, plus onéreux les uns que les autres. Pauvre bête dressée répondant sans sourciller aux chants des sirènes, le jeune étudiant honnête et consciencieux redevint rapidement… Kant.

    De manœuvres en manœuvres, Kant parvint à vider une grande partie des stocks détenus par l’Université sans attirer l’attention sur lui. À chaque fois qu’il soutirait une fourniture, un échantillon ou un produit, il le remplaçait discrètement par un faux. Aussi, mis à part l’échec des expériences menées par les chimistes des différents laboratoires du site universitaire, rien ne pouvait prêter à penser qu’une telle escroquerie se déroulait à l’insu de tous. C’est par le biais de sa dulcinée et grâce à ses diverses prouesses qu’un jour funeste, Kant fut présenté à Balkani dit « Big Smile », de la famille Columbia.

    La proposition des Columbia fut ô combien alléchante, car il s’agissait pour Kant de diversifier son activité en employant ses talents de contrebandier au port de Logue Town, contre une rémunération conséquente. Dans un premier temps, il accepta pour faire plaisir à son amoureuse. Ses premières missions n’étaient pas très périlleuses et il devina que l’on cherchait à tester ses capacités. Quelques jours filèrent ainsi, jusqu’à celui tragique où Kant perdit toute trace de sa dulcinée. Elle s’était tout simplement envolée. Qu’elles furent longues, ces heures durant lesquelles Kant parcouru la ville à sa recherche, fouillant les moindres recoins de chaque ruelle, espérant vainement trouver un signe. Rien, pas même une note d’adieux.

     D’ordinaire, Kant aurait mis bien du temps pour passer à autre chose, pour oublier et papillonner à nouveau. Mais curieusement, ce ne fut pas le cas. Il passa quelques soirées aux côtés de Balkani et ses lamentations finissaient toujours par se transformer en grands éclats de rires. Au petit matin, sa peine de cœur conjuguée à la gueule de bois l’assaillait de nouveau, mais la présence de Big Smile était toujours à l’origine de bonnes grosses poilades. Aussi, pour définitivement tourner la page, Kant s’employa à fréquenter Balkani de plus en plus, tout en satisfaisant les attentes de la famille Columbia. Et plus le temps passait, plus les risques qu’il prenait étaient considérables.

    Malgré la confiance qu’il avait conquise au cours de ses nombreuses opérations, Kant n’eut pas le privilège de rencontrer la tête pensante de l’organisation. Aussi, il commença doucement à entretenir quelques doutes… puis à se ressaisir. Les Columbia, et Balkani le premier, considéraient Kant comme un joyeux trublion, un talentueux contrebandier avec une courte vue. Ils se trompaient. Sans éveiller aucun soupçon, Kant enquêta discrètement sur la nature profonde de l’organisation qu’il servait. Il saisit rapidement qu’il n’offrait pas ses services à de simples roublards méconnus, mais qu’il était, bien au contraire, de mèche avec de dangereux criminels recherchés. Aussi, il fut saisi d’effroi en comprenant que s’il souhaitait échapper à cette situation, il ne pouvait pas tout simplement déposer une lettre de démission sans risquer d’être la cible de cruelles représailles.

    Le glas de la fin vint pourtant sonner aux oreilles de Kant, dès lors qu’il apprit une sombre vérité incompatible avec sa nature même. Bien qu’il n’ait pas eut encore affaire à ce type de transaction, le jeune révolutionnaire dans l’âme découvrit avec dégoût que les Columbia versaient aussi dans le trafic d’être humains. Ce fut la goutte de vin de trop. Le temps était venu de s’échapper, mais encore fallait-il pouvoir le faire. Au terme d’une longue nuit de réflexion, il prit la décision de continuer à servir comme si de rien n’était afin de gagner le temps nécessaire à l’élaboration d’un plan d’évasion.

    Le lendemain, Kant fut chargé de réceptionner des marchandises illégales en provenance de Cocoyashi. Accompagné de trois larbins, il se rendit donc au port, puis à l’endroit précis des quais où étaient censés arriver le navire et sa cargaison. Maintes et maintes fois, Kant s’était plein d’avoir à travailler avec des amateurs, grossiers et maladroits, mais le poids de la cargaison attendue exigeait qu’ils soient au moins quatre pour la transporter. Une fois au point de rendez-vous, il examina les environs : comme prévu, les autorités n’étaient pas sur le qui-vive à cette heure et à cet endroit. Pourtant, cela n’empêchait pas les larbins de s’agiter, et l’anxiété qu’ils ne parvenaient pas à dissimuler ne faisait qu’exhiber leurs mauvaises intentions. Las, Kant maudit le jour où il prit la décision de quitter Tanuki. Jusqu’à ce qu’elle arrive.

    De quel incroyable miracle de l’Univers une beauté si sublime a-t-elle pu émerger ? se demanda Kant en apercevant les traits fins et la taille gracile d’Hayase Yorha. Lorsqu’elle s’adressa à lui, l’âme de Kant fondit littéralement. Elle parlait, mais il ne l’entendait pas tant il était émerveillé par le mouvement de ses délicates lèvres rosées. Pour l’achever, elle plongea son regard pétillant dans celui de Kant et il crut y percevoir l’essence même de la beauté du monde. Puis, il posa ses yeux sur son bras ; puis sur la main qui tenait son bras ; puis, finalement, sur l’abruti qui osait la toucher. D’un bond, Kant se jeta sur le larbin et lui asséna un coup de tête si violent qu’il s’effondra instantanément au sol. Surpris, les deux autres laquais eurent un mouvement de recul, mais la rage de Kant était telle qu’il l’interpréta comme une menace. D’une manière presque inconsciente, il bondit à nouveau la tête la première et percuta le menton d’un des deux hommes, qui s’effondra. Terrorisé par cette agressivité animale sortie de nulle part, le troisième larbin pris ses jambes à son cou. Puis, comme s’il ne s’était rien passé, Kant se retourna vers Hayase et lui sourit timidement. Alarmés par la situation, Alegsis et Grimmjack débarquèrent en trombe. De nouveau, Kant prit des airs d’animal féroce, grogna, puis s’immobilisa, pantois.

« Jubtion ! »

« Tank ! »

« L’échalote ! »

« Tank ! »

« Merveilleuse princesse qui illumine le soleil de mon cœur de toutes les couleurs ! »

« Pardon ? »

« Jubtion !!! »

D’un bond, moins hostile cette fois, Kant s’élança sur Alegsis et le couvrit de baisers baveux. La joie et l’allégresse l’envahirent instantanément à la vue du visage hippopotamesque de son meilleur copain. Il ne prêtait plus attention à rien, pas même au fait qu’Alegsis se débattait pour le décoller de son visage.

« Jubtion ! cria-t-il, larmoyant. Comment je suis trop CONTENT de te voir ! » Puis, revenant peu à peu à lui à la vue des deux larbins étendus par terre, Kant enchaîna : « Olalala, vite, vite, partons d’ici ! »

Se décidant enfin à quitter le visage de son meilleur ami, Kant le pris par la main et se mit à courir. Décontenancés par cet enchaînement d’incongruités, Hayase et Grimmjack décidèrent tout de même de les suivre. Soudain, Kant fit halte.

« Attendez, attendez ! dit-il. La situation est super dangereuse ! L’échalote, reste ici quelques secondes pour surveiller que personne ne nous suit ! T’es le plus grand, tu devrais voir de plus loin ! Puis, se retournant vers Alegsis et Hayase, il poursuivit. Vous deux, attendez-nous au fond de cette ruelle, là ! »

L’affolement de Kant et son air bouleversé convainquirent ses trois comparses de suivre ses recommandations. Tandis que ces derniers s’éloignaient, Kant trottina jusqu’à l’étal d’un fleuriste qu’il avait aperçu non loin. Furtivement, il s’empara d’un bouquet qu’il planqua dans son dos.

« Monsieur ! Monsieur, cria-t-il au vendeur qui lui tournait le dos. Là-bas ! Le grand type louche avec des bandelettes ! Il vient de vous voler un bouquet ! Vite ! »

Très remonté, le brave marchand s’élança vers Grimmjack qui faisait le guet quelques mètres plus loin. Puis, très nonchalamment, Kant rejoignit Alegsis et Hayase, à qui il offrit, sans mot dire, le bouquet qu’il venait de dérober. Sa beauté l’impressionnait tellement qu’il n’osait pas lui adresser le moindre mot. Feignant d’ignorer la jalousie imprimée sur le visage de son meilleur copain, Kant le pris par la main de nouveau et se dirigea vers la première taverne sur son chemin afin de fêter leurs retrouvailles. Ils entrèrent alors dans l’établissement, suivis d’un petit oiseau jaune qui fut vite chassé par le tenancier. Bientôt, Grimmjack, -qui semblait quelque peu remonté-, les rejoignit.

« Jubtion, faut que tu m’aides ! dit Kant, après avoir demandé une dizaine de chopes au tavernier. J’ai fait une grosse, grosse, grosse bêtise, et j’ai peur de me faire zigouiller ! »

Sans plus tenir compte de Grimmjack -qu’il ignorait sciemment-, ni d’Hayase -qu’il évitait de regarder de peur de faire un arrêt cardiaque-, Kant s’employa à raconter ses mésaventures à son meilleur ami. Pour échapper aux représailles des Columbia, il n’avait aucun plan outre celui de se terrer quelque part en espérant quitter l’île au plus vite. L’idée même de s’opposer à eux ne lui avait jamais traversé l’esprit, même avec le renfort d’Alegsis. De toutes les manières, mis à part l’adresse tenue secrète à laquelle se rejoignaient les criminels pour recevoir leurs ordres, Kant ne possédait aucun autre renseignement lui permettant d’envisager une telle folie.
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Plan d'assaut

Aujourd'hui, c'était un peu la fête. Un festival des retrouvailles. Grimmjack avait retrouvé Hayase qui avaient combattus ensemble sur Shimotsuki mais aussi ... Tank, le meilleur pote d'Alegsis ... Cette espèce de nain aux oreilles pointues qui le répugnait tant.


Agacé - car je n'avais pas encore digéré l'entourloupe de Tank à mon égard - je rejoignis les autres dans la taverne. Bien que j'eu essayé de lui en empêcher, Alegsis commanda un verre de rhum pour fêter les retrouvailles de son meilleur copain alcoolique. Moi, j'étais fidèle à mon jus détoxe de concombre ! Choix qui part ailleurs plut à Hayase qui prit pareil.

C'est ainsi que le fraichement castré, la briseuse de noix et moi même écoutions les péripéties du lutin farceur.

- ... Et c'est comme ça que je me suis retrouvé dans la mouise ...
- Hum .... Dis nous Tank, tu pourrais nous conduire à cet endroit ou tu recevais les ordres ? Il semblerait qu'au moins Balkani s'y trouve.
- ...
- ...
- Dis nous Tankounet, tu pourrais nous conduire à cet endroit ou tu recevais les ordres ?
- Bien sûr ! Vous allez vraiment les affronter ?!

Grrrrrrr ... Je serra des dents et, accessoirement des poings. Ce saligaud m'avait totalement ignoré ! Je me jura alors - mine de rien face aux autres - de me venger ! C'est alors que vint cette idée ingénue qui traversa mon esprit ... Je sortis les fiches de recherches des trois dirigeant de la famille et les posa sur la table au milieu de tous.

Sur la première était indiqué le nom de Mokka, allias la "Golem". Un genre de femme-robot qui faisait des expériences pour la famille. La valeur de sa tête se mesurait à 25.000.000 B. Tank ne semblait pas encore l'avoir rencontré, ni ou était son laboratoire.
Sur la seconde était inscrit le nom de Balkani Columbia, allias "Big Smile". C'était l'opérateur principal et le visage publique de la famille. La bonne nouvelle la dedans, c'était que notre cher lutin savait ou il se planquait pour donner les directives. La mauvaise, c'était que sa réputation était ... Particulièrement glauque, d'après lui. Recherché pour 50.000.000B.
Et enfin la plus importante, sur la dernière était écrit le nom de Don Régio Columbia, le chef et parrain de la famille criminelle. Seul bémol, peut de monde semblait le connaitre réellement et le visage sur l'affiche était étrangement flou. Dont la prime s'élevait a 75.000.000B, un sacré magot le tout cumulé.

A part ces quelques informations la, on n'en savait rien de plus. Ils avaient bien tentés de kidnapper la fille du Contre-Amiral Léon Akbar en charge de l'île mais celui-ci, avec les forces du BAN avait réussit à la sauver. Depuis, la marine perdait toutes les traces de la famille, surtout quand elles semblaient rattacher a Don Régio...

Et c'est la qu'intervenait mon plan.

- Bien, on a tous un point commun aujourd'hui : vaincre les Columbia ! Et toi Tank, tu vas nous y aider ! Le meilleur moyen serait de faire l'appât pour nous ...
- La pâte ? Tu t'es mis à la cuisine Tank ?!
- Mais non imbécile, ça veut dire qu'il va nous servir de leurre. En gros, c'est lui qui prendra les risques pour débusquer les criminels.
- Quoi ?! Mais c'est trop dangereux !!! Laissez mon Tankounet et prenez Yayase pour faire la pu.. La pâte !

Le poing d'Hayase s'écrasa violemment sur la face d'Alegsis qui venait à peine de terminé sa phrase. Quand on avait a faire a un spécimen comme lui, la violence était bien souvent la seule solution ... Et puis il l'avait bien cherché. Je lâcha un regard complice à mon amie comme pour valider son geste.

Alors que les deux, assieds l'un à côté de l'autre, commencèrent à se chamailler, Tank intervint pour exprimer son opinion.

- De toute façon, je ne veux pas ! C'est bien trop dangereux ! Et j'y gagne quoi, moi ? A part risquer ma vie ...

Ces paroles mirent un froid dans l'assemblée. Sauf pour Alegsis, qui avait trop chaud suite à sa dispute et qui ouvra la fenêtre la plus proche.
De mon coté, je me grattais le menton en tentant de réfléchir du mieux que je pouvais ... Hum ... Tank était notre seule piste et notre seul lien qui pouvait nous approcher des Columbia. Alors s'il n'était pas de la partie, il mettrait en péril notre mission ...

Une pensée traversa mon esprit. Un frisson d'angoisse longea mon échine. Je me rappelais des dires - quelques jours plus tôt - de Tagaki Sukazawa. Si nous échouions dans notre mission, le recruteur de la Baroque Works nous avait promis de nous remettre en taule ... Enfermé, de nouveau... Avec Alegsis ... Pendant de longs jours ... A l'écouter .... Gloups.

- Je te comprend Kant ... C'est vrai que ça sera très dangereux et que tu seras en première ligne ... Mais si jamais tu acceptais de le faire, saches que tu auras ma reconnaissance éternelle ... Disait-elle en posant sensuellement sa main sur celle du lutin. En plus j'ai un petit faible pour les hommes courageux hihi ...
- Ahah oui, euh ... C'est que, euh ... répondit Kant d'un air gêné. C'est que, euh ... Bah ... Si ça peut t'aider, euh ... Alors, euh ... Pourquoi pas ...

Touché dans le mille. Le petit coeur du contrebandier venait d'être foudroyé par la persuasion de notre agent du Cipher Pol adorée.
Hayase ... Tu ne le savais peut-être pas mais tu étais ma sauveuse. Tu venais de m'empêcher de revivre l'enfer sur terre. Et ça, ça valait grandement la fois ou je t'avais sauvé sur Shimotsuki. On était quitte maintenant, aucun doute à avoir la dessus.

- Foutu moineau ! Il essaye de voler mes chips ! s'esclaffa Alegsis qui ne semblait pas avoir vu la scène entre Kant et Hayase, trop occuper de défendre son pain contre ce ridicule oisillon jaune. Oisillon qui était venu s'incruster autour de la table après que le chasseur ait ouvert la fenêtre.
- Bien ! Maintenant allons débusquer du méchant-vilain ! Au passage on sauvera tes petites fesses Tank Nya-ha-ha ... Ah oui, on est tous fauché ici sauf toi, alors en arrivant tout à l'heure j'ai dis au tenancier que c'était toi qui réglerait la note ...

Alegsis et moi avions clairement les poches trouées. Pour Hayase, je n'en savais rien. J'espérais simplement qu'elle aperçoive mon clin d'oeil malicieux et qu'elle joue le jeu.

Et toc ! Retour à l'envoyeur.

En ce qui concernait notre tactique de chasse, disons que les grandes lignes étaient fixées. Il restait quelques broutilles et petits détails à régler, mais en gros, nous allions nous mettre en action a la tombée de la nuit ! Au moment ou Tank récupérait généralement ses directives et donc, ou Balkani sera présent !


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Quand Kant – « French » de son prénom – soutînt initialement au bar dans quel bourbier il s'était enlisé, c’est évidemment avec la plus franche désinvolture que son plus fidèle ami lui porta secours.

- Mais t’inquiètes pas, va, Alegsis, spontané et jovial, était en effet toujours de bon conseil dans les périodes de crises. Car quelle que catastrophe dont on l’entretenait, il en avait au moins commis une plus déplorable dans le passé, fais comme moi. Si t’as un problème, tu laisses Haya… Yayase, il s’était alors ressaisi après avoir presque omis de biscorner son nom, preuve s’il en fallait qu’il le faisait exprès, tu la laisses se débrouiller avec ton problème, et tout se résout toujours par magie. Après elle crie toujours un peu, mais suffit juste de regarder devant soi en attendant qu’il n’y ait plus de bruit. Sur cet aveu lâché fraîchement dans l’outrecuidance la plus involontaire, il interpella le barman qui les toisa d’un regard hostile. Pour moi, ce sera un rhum blanc s’il vous pla…

On s’était alors soudain saisi de lui à la gorge, joignant ainsi les deux mains à l’ouvrage. À en juger par la taille des petits doigts qui lui écrasaient la trachée et la douceur des paumes venues lui serrer le cou, Alegs, perspicace, devina qu’Hayase avait comme des remontrances à lui adresser.

- JE LE SAVAIS QUE TU FAISAIS EXPRÈS DE ME METTRE DANS LA PANADE ! JE LE SAVAIS !

Au strangulé, on lui servit son verre sans trop y regarder à deux fois quant à l’effusion affective venue l’empêcher de respirer. Nonchalant bien qu’à l’article de la mort, rendu rouge par la pression nouée autour de son cou, le chasseur de primes s’était emparé de son godet, l’avait levé et, de cette même main avec laquelle il tenait son pinceau de combat, pointa sa voisine du pouce.

- KkKKkKrRR..Cc’est Elle.. GgNnNnnR… YayaseeEEeeEh…KRrrR

Il décédait ainsi avec grâce, poussant en plus le vice jusqu’à essayer de se rincer le gosier tandis qu’on lui serra si fort le cou.

Après que Grimmjack, s’étant alors imposé comme le chef d’expédition ainsi que la tête pensante de ce corps malade aux quatre membres tordus, lui sauva la vie et exposa son plan, chacun accepta les ordres sans coup férir. Kant avait été subjugué par le charme de la Galopine, Alegsis n’avait naturellement rien écouté à filouter avec son meilleur ami et Hayase, quant à elle, eut la naïveté de croire travailler avec un professionnel. Un professionnel qui, bien qu’engagé dans une carrière de chasseur de primes, n’avait alors jamais seulement reniflé l’ombre d’un berry au terme d’une seule de ses péripéties. C’était donc cette fine équipe qui, le dernier verre de Kant à peine écumé, quitta le rade pour s’en aller éponger Logue Town de ses purulences criminogènes.

Trouvé là en queue de peloton, resté en retrait le temps de refaire ses lacets d’abord puis, de remarquer que ses chaussures n’avaient finalement pas de lacets, Alegsis se redressa, disposé à compléter le quartet qu'il avait abandonné si bêtement. Toutefois, stoppé net dans son élan, on l’apostropha de par derrière.

- Dites donc. Vous faites un bien drôle d’oiseau, vous.

Il y avait toujours de ces vieux, à la ville, pour flemmarder sur un banc, cherchant parfois à attirer l’attention par tout moyen afin qu’on leur adressa la parole. Celui-ci, le crâne enfilé sous un bob venu lui faire ombrage sur toute la partie supérieure du visage, avait appréhendé l’imbécile par une mise en bouche un tantinet familière.
Alegsis s’était alors arrêté afin de se tourner vers lui et lui adresser un regard perdu, quelque part partagé entre l’hébétude et la circonspection manifeste.

- Je parlais des oiseaux que vous avez sur la tête.

D’un piaf venu postérieurement lui chiper ses chips, il s’était depuis trouvé trois autres moineaux sur le bord du chapeau d’Alegsis pour en faire un perchoir de fortune. Bien que le phénomène était incongru – en tout cas inhabituel – il sembla que l’Épavien ne trouva pas prétexte à s’en formaliser, celui-ci se complaisant ainsi dans une indolence qui lui était propre.

- Oh. Ça. Ouais. Quand j’étais petit, on disait souvent que j’avais un cervelle de moineau. Ça devait sûrement vouloir dire que j'étais doué pour m’entendre avec les oiseaux. Pensa-t-il ainsi justifier rationnellement qu’il était devenu pour l’heure un homme-volière

Resté plus interdit en ce qui le concerne, avec une goutte de sueur qui sembla même lui couler le long de son couvre-chef, le barbon, sur son banc, hasarda une réponse.

- …. Sûr… sûrement, oui. Puis, comme si l’évocation des piafs n’avait finalement été qu’un prétexte à entamer une conversation autrement moins impersonnelle qu’il y paraissait, son instigateur reprit le crachoir, soudain rendu plus intrusif. Je me suis laissé dire que votre meilleur copain s’était entiché de votre bonne amie.

Bien que le banc sur lequel il fut affalé se trouva à bien deux-cents mètres de l’établissement que les quatre loustics avaient quittés, ce bonhomme-ci sembla bien au courant de ce qui avait pu s'y dire.

- Mais comment vous sav…

- Disons qu’un petit oiseau me l’a dit, cuhi-cuhi-cuhi.

La tête toujours légèrement penchée en avant, ses bras étalés le long du dossier de ce banc dont il était le maître incontesté, ce petit vieux, d’un début de soixantaine à peine, avait alors exposé un rire bien singulier. Cela, en plus d’une propension à écouter les conversations qui ne le regardaient pas.
De sous la visière de son bob, il avait discrètement analysé le spécimen d’abruti qu’il avait sous les yeux. Sa gestuelle, sa tenue, ce pinceau géant qu’il avait dans la main et surtout, ce regard vide logé sur une tête aussi niaiseuse, lui apportèrent alors quelques faisceaux d’indices concluants pour déterminer ce qu’était foncièrement son interlocuteur.
Il ne fallait cependant pas être grand clerc ou analyste émérite pour, en un coup d’œil seulement, remarquer qu’Alegsis était parfaitement abruti.

- Vous savez… je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, le petit vieux jura cela bien qu’il sembla pourtant s’adonner à cet exercice sans vergogne aucune, mais il y a une réelle connexion entre cette jeune fille et vous.

- Je veux, ouais ! Répliqua jobard un chasseur de primes qui, décidément, ne doutait de rien. C’est quasiment ma femme. Ajouta-t-il le plus sérieusement du monde en le clamant bien haut.

De cette réplique qui lui parvint, son aîné en fut décontenancé ; presque terrassé. À l’entendre assurer pareille ineptie alors qu’Hayase l’avait martyrisé par trois fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés, le grison s’en voulut d’avoir si mal jaugé la crétinerie pure dont il se faisait le présent interlocuteur.

- Je… justement, jeune béjaune. se rattrapa-t-il alors, à la fois gêné et rendu nerveux d’avoir été si facilement dérouté. Cela, tout en brandissant un index encore tremblant tant il se contenait pour ne pas baffer Alegs d’être aussi coquard. Il semblerait que ce « meilleur ami », il avait alors soigné son articulation afin de mieux souligner à quel point il fut dubitatif quant à leur amitié, ait des vues sur elle et… qu’elle n’y soit pas insensible.

Cet innocent petit vieux semblait bien au courant des choses du monde ; du leur en tout cas, pour ne les avoir entendu que par inadvertance. Alegsis n’eut cependant d’oreille que pour ce que sous-entendait l’énergumène.

- Mais enfin… ils me feraient jamais ça. Cherchait-il à se rassurer sans parvenir à se convaincre de ses propres dires.

L’homme du banc retînt un sourire, mais bien mal.

- Vous l’avez entendue comme moi, il ne précisa cependant pas comment il avait pu avoir vent de leur conversation d’aussi loin, elle aime les hommes courageux et ce brave Kant semble avoir trouvé grâce à ses yeux.

Il connaissait jusqu’au nom dudit meilleur ami et ce, bien que chacun s’était pourtant obstiné à l’appeler « Tank » depuis qu’ils s’étaient trouvés à Logue Town.

- Je pense… et cet avis n’engage que moi, assurait-il tandis qu’il cherchait clairement à imposer ses vues, que si vous ne voulez pas être le dindon de la farce, il va vous falloir faire preuve de courage.

Les moineaux, résolument immobiles sur le rebord du chapeau du chasseur de primes, étaient restés bien sage le temps que la discussion s’orchestra. Alegsis, sous les volatiles, la bouche entrouverte alors qu’il commençait à peine à lire entre les lignes, restait pendu aux lèvres de ce mystérieux bonhomme à présent affairé jeter du pain aux oiseaux.

- C… comment que je peux faire, ô vieillard qui sait les choses ?

Pour le moins influençable, sans qu’il ne fut besoin d’être un mentaliste de génie pour trouver ses accès dans sa cervelle moite et amorphe, Alegs, de peur qu’il ne perdit en ce jour un amour et un ami, tomba ainsi sous l’emprise du premier vieux venu. À la mode de Wano, il s’était, à même la rue pavée de cette chaussée qu’ils arpentaient, installé à genoux les fesses contre les talons, le dos droit et ses mains posées sur ses cuisses, son pinceau étalé devant lui. Il avait trouvé son maître et il fallait croire que le premier pue-la-pisse venu faisait amplement l’affaire.

- La meilleure manière de faire une démonstration de courage, jeune béjaune, c’est de se battre. Les enjeux de la discussion, de là, gagnèrent subitement quelques strates en terme d'incidence. Il faudra vaincre cet ami en combat singulier. Et je suis pas un vieillard espèce de petit con.

Les yeux rendus écarquillés, sa bouche plus grande ouverte encore, Alegsis fut présenté à un argument qui, s’il ne fut pas en mesure de contredire, l’indisposait pour le moins. C’était de Kant dont on l'entretenait après tout. À ses yeux, il n’était pas un ami, il était l’ami ; le seul et véritable.

- Enfin maître, il était vraiment très influençable, je peux pas… c’est… c’est de Tank dont on parle… c’est mon ami de toujours, de tout le temps. On s’entend sur tout, c’est le beurre de mes tartines, la toile de ma gouache, le...

- Hayase vous récompensera de son corps.

On put alors jurer que la masse musculaire d’Alegsis, subitement, doubla de volume musculaire et que ses pupilles diminuèrent pour ne plus laisser dans leur giron que deux petits points cruels dans le blanc de ses yeux. Le chasseur d'hommes fit ainsi craquer ses phalanges et s’exclama calmement, bien que d’une voix qui parut appartenir à un autre :

- L’amitié ? C’est pour les faibles.

Les moineaux, sur son chapeau, s’agitèrent après avoir été comme chatouillés par la soudaine aura meurtrière qui émana de l’artiste-pitre. Il y tenait à son copain, Alegsis… mais la chair, quand on savait la solliciter judicieusement, savait prendre le pas sur l’esprit. D’autant que d’esprit, ce benêt n’en avait pas des masses dans la caboche.
Fermement décidé à clôturer violemment une amitié qu’on aurait cru pourtant à l’épreuve d’un Buster Call, Alegsis se redressa lentement, rendu auguste et menaçant par une résolution dont on pouvait dire qu’elle était romantique afin de ne pas soutenir qu’elle était libidineuse.

Sentant que sa créature lui échappait, l’innocent vieillard, bégayant alors qu’il sous-estima à quel point son emprise était totale sur cet esprit faible, tenta une fois de plus de rattraper le coup.

- A...attendez. Vous ne pouvez pas l’attaquer comme ça.

C’était pourtant ce qu’Alegsis s’apprêtait à faire après s’être emparé de son pinceau de combat, les manches déjà retroussées. Alors, avec un petit air ingénu, presque mignon s’il n’avait pas eu une bouille aussi grotesque, le naïf tourna la tête derrière lui, très franchement nigaud.

- Ah non ?

- Non, surtout pas. Insista l’homme au bob en agitant les mains devant lui pour appuyer la négation. Sinon, ce sera perçu comme une agression gratuite et elle pourrait vous en vouloir. Elle lui en voulait de tout de toute manière. Le mieux, c’est d’attendre une occasion. Imaginez par exemple… son index sur le menton, le barbon fit ainsi semblant de réfléchir une seconde, disons… que par le plus grand des hasards, votre ami ait appartenu à une organisation criminelle, mais l’ait trahie pour vous rejoindre. À tout hasard, hein ! C’était une sacrée hypothèse que la sienne. Disons que vous vous retrouvez aux prises avec les membres de cette même organisation. Vous pourrez par exemple vous en prendre à Kant à ce moment précis en disant qu’il allait vous trahir ; ce qui ferait de vous un sauveur et un héros.

Il avait mis dans le mille cet homme-là, mais il ne l’avait certainement pas fait par chance. Alegs acquiesça, remercia le vieillard et, une main au sommet de ce chapeau où quatre moineaux persistaient à s’y loger, son pinceau de combat dans l'autre pogne, détala pour retrouver ses alliés.

Resté quant à lui sur son banc, ce sage des temps modernes cessa de nourrir les oiseaux pour extraire un escargophone de sa veste. Sa voix, alors, apparut plus calme ; plus pernicieuse aussi.

- Balkani ? C’est moi. Il poursuivit alors sans même attendre de son interlocuteur qu’il lui répondit. Je confirme, le petit groupe qui a accosté récemment en a après nous. Sûrement encore des chiures de Baroque Works, ils n’apprendront décidément jamais. Ils viennent pour te voler dans les plumes de ce que m’ont dit mes moineaux. Sois prêt à les recevoir et à t’amuser ; j’ai réussi à semer la zizanie dans leur camp cuhi-cuhi-cuhi-cuhi-cuhi !

Du combiné, avant que l’appel trouva son conclusion, il n'en émana qu’une réplique.

- Reçu, tonton ! On va encore bien se marrer Ha-hé-hi-ho-hu-hu-hu-hu ! *gacha*

Son escargophone à nouveau rangé de là où il l'avait sorti, le jeune vieillard leva la tête de sous son bob afin que son visage retrouva les reflets du soleil, ceux-ci venus faire rayonner les carreaux de ses lunettes. Un sourire en coin, il sembla lui aussi jubiler par avance avance du piège réservé à leurs poursuivants.

- Ces idiots mettent décidément beaucoup de bonne volonté à venir se faire pigeonner.

Évasion de moineaux 20jb
Don Régio
Parrain de la famille Columbia

Lorsqu’Alegsis retrouva ses compagnons – ceux-ci n’ayant alors pas été foncièrement mécontents de le laisser sur le carreau durant cinq et reposantes minutes – il découvrit qu’il n’avait manqué à personne. Pas à Grimmjack déjà, mais Grimmjack était un « naze », aussi la chose n'eut rien détonnant. Kant en revanche, le temps que son ami s’était absenté, avait employé chaque seconde à vouloir se faire remarquer d’Hayase, multipliant les gaucheries diverses de sorte à ce qu’elle n’eut d’yeux que pour lui.
Afin d’affirmer et surtout, de confirmer l’amour – pourtant inexistant – qu’il pensa que l’agente gouvernementale lui vouait, Alegsis chercha à lui tenir la main. Entreprise fort hasardeuse qui se conclût logiquement par une généreuse baffe dans la trogne.

- Arrête tes âneries, Alegs, t’es pénible !

Tandis qu’il se frotta la joue sous les discrets quolibets de son associé à bandelettes, le chasseur de primes, un visage à la fois peiné et outré, se monta soudain le bourrichon sur cette seule réaction dont il avait essuyé le juste et légitime revers. Il crut qu’Hayase avait cédé aux avances de son meilleur ami et ce, bien que chacun de ses prétendants exaspéra la jeune fille.
Bien que la méprise fut grossière, l’opinion d’Alegsis fut cependant fondée en considération de cette dernière : au nom de l’amour et de la saine gaudriole, il le savait à présent : il lui faudrait tuer Kant à la première occasion donnée.
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    La nuit recouvrait doucement Logue Town et pourtant, quelques oisillons s’obstinaient à suivre le groupe d’aventuriers malhabiles ; voilà qui aurait du mettre la puce à l’oreille de Kant ; s’il avait été sobre. L’anxiété et la peur que suscitait chez lui la cruauté de la famille Columbia l’avaient poussé à enquiller une dizaine de chopes, alors même que la situation exigeait plus que jamais sérieux et discernement. L’ivresse lui bandait les yeux et la décision la plus sage aurait été de se soustraire aux plans hasardeux de Grimmjack. Seulement, elle était là aussi. L’agent du gouvernement ne s’en était peut-être pas encore totalement rendu compte, mais elle n’avait qu’à claquer des doigts pour soumettre Kant à sa volonté. Ainsi, après qu’elle l’eût demandé, il prit la décision de guider la petite troupe jusqu’à la base où se rassemblaient les subordonnés de la famille.

    Sur le chemin menant jusqu’à l’hôtel où les Columbia résidaient, la cohésion du groupe de protagonistes laissait à désirer : Alegsis traînassait, Hayase se lassait des tentatives de dragues timides de Kant qui ne s’arrêtait de lui faire les yeux doux que pour emmerder Grimmjack. Au terme d’une marche éreintante et décousue, ils parvinrent enfin devant une imposante bâtisse, d’où jaillissaient des lumières s’échappant des fenêtres.

« Bon, bon ! Écoutez *buuurp*, écoutez-moi tous ! dit Kant en chuchotant fortement. On va passer, enfin, je vais passer par la porte de derrière. Vous, vous m’suivez. Je vais vous présenter à Balkani en tant qu’associés, nouvelles recrues, ou… enfin, je vais vous présenter quoi. Une attaque de front, ça s’rait la mort assurée. »

À l’instar de Kant, Alegsis et Grimmjack considéraient que ce plan était assez élaboré pour fonctionner. Seule Hayase semblait dubitative. Soufflant un grand coup pour se galvaniser, Kant ouvrit la porte située à l’arrière du bâtiment et s’engagea dans un long couloir sombre, suivi par ses trois comparses. Arrivé devant la seconde porte donnant sur la pièce principale, il s’arrêtat, et fit signe à ses amis de patienter.

« Vous entrerez… *buuuurp* vous entrerez quand j’vous aurai annoncé, hein. »

Empoignant son courage, Kant ouvrit la porte. Il entrait dans cette grande salle pour la dixième fois, mais comme d’habitude, il appréhendait l’instant où les yeux se tourneraient vers lui. Depuis qu’il connaissait les crimes dont s'enorgueillissaient la famille Columbia, le jeune contrebandier savait qu’il risquait sa vie à fricoter avec de tel malfaiteurs. Après de fugaces œillades lancées aux quatre coins de la pièce, son regard fut inévitablement attiré par son supérieur direct, le redoutable sous-chef de la famille, Balkani, dit « Big Smile ».

Évasion de moineaux Tjxm
Balkani « Big Smile » Columbia
Sotto Capo

« Ha-hé-hi-ho, voilà mon très cher Kant ! dit Balkani sans descendre de son tabouret. Nous t’attendions ! »

Kant esquissa un sourire gêné et s’avança d’un pas fébrile. Les mots de Balkani l’interrogèrent quelque peu, étant donné qu’il était seul dans la pièce. N’y prêtant pas plus attention, il répondit.

« Bon… bonsoir Balkani ! Je n’ai pas de très bonnes nouvelles concernant… »

« Concernant la marchandise venue de Cocoyashi ! l’interrompit il Sotto capo en ricanant. Ce n’est pas grave, approche. Quel dommage que tu n’aies pas pu rencontrer Mokka, elle t’es si redevable d’avoir dévalisé l’université pour son compte ! Grâce à ton travail, elle a pu mener bon nombre d’expériences, plus drôles les unes que les autres ! Ha-hé-hi-ho-hu-hu-hu-hu ! »

« Ah oui ? répondit Kant. Eh bien, il me tarde de faire sa connaissance… Hum, je voudrais te demander, enfin, te présenter, trois nouvelles recrues très prometteuses… Je… »

« Trois ? Intéressant, Kant. Approche, approche, j’ai quelque chose d’hilarant à te montrer ! L’Art, tu l’apprécies, pas vrai ? »

Balkani se voulait avenant et chaleureux, il n’avait pas quitté son large sourire une seule seconde. Kant s’approcha lentement et prit le papier plié en deux que son supérieur lui tendait. Il le déplia avec précaution, et fut saisi d’effroi.

L'œuvre de Balkani:

« C’est un souvenir ! Un souvenir de celle qui t’a -si tendrement- accueillit parmi nous ! Hu-hu-hu-hu-hu ! »

Pris de répulsion devant cette œuvre macabre, Kant lâcha aussitôt le bout de papier. Il porta son regard sur Balkani et perçut au travers de ses airs affables la véritable cruauté qui l’habitait. S’il avait longtemps refusé de le reconnaître, Kant fut ébranlé par ces aveux sordides : sa bien-aimée avait bel et bien été assassinée par la famille Columbia. Soudain, l’ivresse et l’appréhension laissèrent place à la colère.

« Eh bien, dit Balkani, observant les traits sombres qui se dessinaient le visage du jeune contrebandier. N’es-tu pas heureux de revoir son si jolie sourire ? Ha-hé-hi-ho-hu-hu-hu-hu ! »

Kant ne répondit pas. D’un bond, il s’éloigna de Balkani, plongea sa main dans son carquois et s’empara d’une flèche. Une tempête d’émotions l’envahissait et il n’avait plus la détermination suffisante pour penser à un quelconque plan, ou même pour prendre en compte ses camarades laissés derrière. Seule comptait la pointe de flèche qu’il désirait ardemment glisser au travers de la gorge de « Big Smile » pour étouffer ses éclats de rires.

« Ha-hé-hi-ho ! C’est qu’il montre les crocs ! s’esclaffa Balkani. D’un geste nonchalant, il fit un signe de la main vers de l’entrée de la pièce. Tu ne devrais pas t’emballer de la sorte, mon très cher Kant, il en cuirait à tes amis ! »

À ces mots, Kant dirigea son regard vers l’entrée sans pour autant baisser son arme. Alegsis et Grimmjack s’avancèrent prudemment, les mains en l’air, tandis que des canons étaient braqués sur leurs tempes. Les deux bougres se retrouvaient encerclés et menacés par une dizaine de sous-fifres. Kant grommela, impuissant, avant de tendre à nouveau la corde de son arc. Soudain, il ressentit une légère pression sur sa cheville. Les cheveux de Balkani s’étaient subrepticement glissés jusqu’à ses pieds et le tenaillaient. L’étreinte se resserra brusquement, et Kant fut soulevé dans les airs puis projeté violemment contre le décor.

« Voilà une belle brochette de cobayes pour Mokka ! Hu-hu-hu-hu ! »

Se débarrassant des débris sous lesquels il croulait, Kant se redressa péniblement. Hésitant, il demeura figé pendant de longues secondes, incapable de riposter, car il était certain d’une chose : il ne pouvait se résoudre à laisser mourir Alegsis.
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Évasion de moineaux
Heureusement que parmi nous, l'une de nous avait la chance de jouir d'une cervelle non-défaillante. Après que Kant nous ait dit de l'attendre bien gentiment, j'avais décidée de m'éclipser discrètement. Mon intuition féminine en alerte, je n'avais aucune confiance en les capacités du petit bonhomme. En plus d'être le meilleur ami d'Alegsis, ce qui jouait déjà en sa défaveur, il était maintenant imbibé d'alcool.

Il était évident que rien que par ce fait, cela nous mène à notre perte. Et il faut croire que je ne m'étais pas trompée. À peine quelques minutes, après qu'il ait franchi cette porte, voilà que les problèmes avaient commencé. Tandis que j'étais dissimulée dans l'ombre, j'avais vu les deux chasseurs de primes se faire embarquer. Je me retrouvais donc seule, à devoir gérer cette situation.

Seulement, cela ne s'avérait pas si simple. Je manquais cruellement d'informations. Je n'avais aucune idée du nombre qu'il pouvait être et surtout de la puissance de frappe qu'ils pouvaient avoir. L'idée même de foncer dans le tas était clairement à bannir. Il me fallait faire preuve de stratégie.

Déjà, je pouvais retirer de l'équation ce bon vieux crétin. Depuis notre départ de l'auberge, il n'avait cessé de faire du boudin. Son attitude avait été vraiment des plus étranges. Sa façon de se rapprocher de moi déjà...

- " Ce n'est pas le moment de penser à ça... " Me dis-je dans un souffle en sentant un frisson de dégoût me parcourir l'échine en repensant à ses étranges gestes de tendresse à mon égard.

Avant de penser à une tactique pour les sortir de là, je m'approchais discrètement de la porte pour tenter d'entendre ce qui pouvait s'y passer. L'oreille collée contre la porte, je perçus des bruits de lutte. Ne pouvant pas voir ce qu'y passait, je ne pus que m'imaginer mes camarades se faire passer à tabac par ces maudits mafieux. Il fallait que j'intervienne vite si je ne voulais pas qu'ils meurent.

N'ayant pas trop le temps d'y réfléchir plus, j'optais finalement pour une solution qui ne m'enchantait guère. Portant ma main sur la poignée de la porte, je l'entrouvris légèrement, en essayant de le faire le plus silencieusement possible. Une fois fait, je fermais les yeux avant de prendre une grande inspiration.

Petit à petit, un pelage brun recouvrit l'entièreté de mon corps tandis que ce dernier rapetissait. Rapidement, je me retrouvais de nouveau dans la peau d'une petite lapine. Laissant mes vêtements et mes yo-yos derrière moi, sachant pertinemment ce que ça impliquerait, je pénétrais dans le salon par petits bonds successifs.

En rentrant, j'aperçus mes compagnons en train de passer un mauvais quart d'heure. Braqués par des armes à feu, les deux Chasseurs assistés sans rien pouvoir faire à la dérouillée de Kant. Surement à cause de la prise d'otage des deux autres, le jeune homme se laissait faire sans riposter. Avachi au sol, les bras devant son visage pour le protéger, il se faisait roué de coups par celui qui semblait être leur leader.

- " Ha-hé-hi-ho-hu-hu-hu-hu ! Allez Kant ! Défends-toi !!! " S'exclama son bourreau tout en continuant de le frapper sans s'arrêter, cherchant clairement à le faire souffrir plus que de raison.

Profitant que toute l'attention était tournée vers ce pauvre malheureux, je me glissais tranquillement derrière un canapé. D'un rapide coup d'œil de derrière ma cachette, je pus enfin me faire une idée du nombre de nos ennemis. Il était environ une dizaine en comptant le fou furieux. Une belle brochette de mafioso qu'il fallait réussir à se débarrasser. Mais seule et sous cette forme, c'était peine perdue.

Une petite idée me vint rapidement à l'esprit. Sous cette forme, je ne pouvais certes pas me battre, mais ils ne pouvaient pour autant pas me détecter si facilement. Autant profiter de cet avantage pour leur jouer une petite farce. Ne perdant pas un instant de plus, je mis mon plan en action. Apercevant un petit meuble collé au canapé et sur lequel trônait un cendrier, je décidais de foncer dessus.

De toutes mes forces, je donnais un grand coup de patte dans ce dernier. Vacillant, légèrement, celui-ci ne chuta bien évidemment pas. Sous cette apparence, je n'avais clairement pas la force de le faire tomber, mais ce n'était pas le but de la manœuvre après tout.

Dans un bruit de verre, le cendrier se brisa au sol, déversant son contenu et attirant soudainement l'attention sur lui. Détalant comme une lapine, c'est le cas de le dire, je partis me trouver une autre cachette.

- " Qu'est-ce que... " L'un des hommes de main, complètement confus, se dirigea vers les débris de verre.

Surpris par ce phénomène assez étrange, plus personne ne bougea. Même celui à la coupe de punk avait cessé de marteler de coup le beau brun. Les yeux plissés, il regardait le cendrier sans comprendre ce qui venait de se passer.

De mon côté, n'en restant pas là, je continuais mon petit numéro. Faisant tomber des objets divers sur mon chemin tout en faisant en sorte de ne pas me faire voir. Une confusion la plus totale régna dans la pièce. Certains mêmes commencèrent à craindre qu'il s'agisse d'un fantôme.

- " Arrêtez de dire des conneries ! Les fantômes ça n'existe pas ! " S'emporta le leader en fusillant ses hommes du regard avant de porter son attention sur Kant qui gisait au sol, mal en point. " Tu avais bien dit que tu avais trois personnes à me présenter, n'est-ce pas ? " Lui cracha ce dernier avec mépris tout en continuant d'afficher son éternel sourire. " Ha-hé-hi-ho-hu ! Mon petit doigt me dit qu'il s'agit sûrement de cette personne qui essaie de nous effrayer ! "

À ces mots, ses hommes regagnèrent leur calme, réalisant que quelqu'un était en train de jouer avec leur nerf. Certains fous de rage, commencèrent à chercher une trace de l'intrus. Comprenant que ça sentait mauvais pour mon pompon, je réfléchissais rapidement en remuant ma petite truffe rose.

Cachée sous un meuble que la lumière éclairait très faiblement, je continuais à les observer avant de finalement me décider à sortir de ma cachette. Furtivement, m'aidant des rideaux et autres meubles sur mon chemin, j'approchais du leader.

Planté derrière lui, je vis Kant me regardait les yeux grands ouverts de surprise. Il faut dire que voir une petite lapine se promener dans un salon n'était pas une chose courante. En réalité, ça ne m'arrangeait pas trop qu'il soit encore conscient. Mais alors pas du tout. Je sentais déjà la honte m'envahir à l'idée de ce que j'allais faire. J'aurais tellement voulu me trouver ailleurs à ce moment-là.

Prenant mon courage à deux pattes, je repris doucement ma forme humaine, offrant une vue sûrement inoubliable à Kant qui me voyait nue pour la première et je le souhaite de tout cœur, dernière fois. Dissimulée derrière le leader qui me tournait le dos, j'étais rouge comme une tomate, mais impossible de faire maintenant marche arrière.

Tapotant délicatement son épaule de mes doigts manucurés, celui-ci sursauta légèrement avant de commencer à se retourner. À peine celui-ci posa son regard sur moi, il fut accueilli par un puissant coup de pied retourné dans l'estomac. Surpris par l'attaque, celui-ci n'eut pas le temps de se protéger, prenant le coup de plein fouet. Se tordant de douleur, l'impact l'envoya valser par la suite droit sur les hommes qui tenait en joue les deux Chasseur de Primes qui en furent également victime.

Après ce coup mémorable qui avait eu pour effet de libérer mes deux camarades, je jetais un dernier regard à Kant. Ce dernier était tout aussi rouge que moi. À la différence, que ce n'était pas de la gêne que je lisais dans son regard... Mais quelque chose qui me dégoûterait à jamais.

- " Si tu en parles à qui que ce soit... je te tue. " Lui assurais-je dans un souffle inaudible que lui seul pouvait entendre.

Priant que d'autres personnes n'aient posés leurs yeux libidineux sur moi, je repris vivement ma forme de lapine avant de m'éclipser de nouveau.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024, 10:58, édité 2 fois
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Grand Sourire

Après s'être (enfin) mis d'accord tous ensemble, la belle brochette de joyeux lurons nouvellement formée se mit en route pour casser du méchant maffieux. Kant en était le guide, car c'était lui qui savait ou se trouvait une des pontes de la famille. Sauf que - comme à leur habitude - le plan ne se déroula pas comme prévu ...


Les investigations, c'était pas trop notre point fort à Alegsis et moi. C'était pour ça qu'on avait laissé Hayase le faire. Les attaques surprises, c'était pas non plus notre spécialité. C'était pour ça qu'on avait laissé Kant le faire ... Et au final, je commençais à me dire qu'il fallait peut-être arrêter de déléguer ces tâches ... Car jusqu'ici, rien ne se déroulait vraiment comme prévu.

Quand une dizaine d'armes braquèrent nos tempes et qu'on comprit qu'on était tombé dans un piège, on ne pouvait que capituler. Kant se fit dérouiller devant nous, spectateurs ébahis, impuissants face à la scène. Alegsis était larmoyant ... Voir son meilleur copain se faire castagner de la sorte, c'était pas la meilleure scène possible à voir ... De mon côté, j'avoue que j'étais plus mitigé. Quand je repensais au coup du fleuriste de tout à l'heure, c'était un peu jouissif de voir ce saligaud se faire battre. Même si ça avait l'air de faire sacrément mal. Ouïe. Pauvre Tankounet.

C'est la qu'un coup de pouce du destin se montra enfin favorable à notre sort. Un coup de pouce, ou de pattes. Haya - qui avait précédemment disparue - avait d'une manière ou d'une autre réussie à faire valdinguer Balkani dans le tas (ou en tout cas, c'est ce que je m'imaginais). Comme un obus dans un jeu de quilles, tous tombèrent sous la violence du choc. Parmis les touchés se trouvaient les sbires qui étaient surement visés par l'attaque mais aussi Alegsis et moi ... Comme un dommage collatéral, quoi ...

- Alegsis, va aider le lutin ! Mummy Octopoulp !

Ce qui était sur, c'était que cette patte divine venait de débloquer notre situation. Tandis qu'Alegsis accourut vers son petit copain - sans mauvais jeu de mot - pour lui porter secours, je profita de cette fenêtre d'action afin de lancer la contre-attaque !

Mes bandages bougèrent sous mon manteau pour former huit tentacules à la base de mon dos. Cinq d'entre elles saisirent les sbires qui retrouvaient gentiment leur esprit avant de les propulser sur leurs camarades pour les mettre véritablement hors état de nuire.

Alors que je m'apprêtais à rejoindre Kant a mon tour, une étrange mèche de cheveux me saisit la jambe en stoppant ma course. C'était Balkani qui, avec son étrange pouvoir, avait profité de la cohue générale pour entraver mes deux camarades précédemment et s'attaquait maintenant à moi.

Alegsis se débattait du mieux qu'il pouvait tandis que Kant ... Faisait du grand Kant. En réalité, j'avais plus l'impression qu'il décuvait et, du mieux qu'il pouvait, il essayait de ne pas se noyer dans son vomi malgré l'urgence de la situation ... Se faire passer à tabac et les chocs répétés avaient surement remués son bidon un peu trop longtemps ...  
Je tenta bien d'envoyer mes tentacules de bandelettes pour nous sortir de la mais un nombre similaire de mèches les stoppèrent, entamant ainsi une lutte de force et d'usure et par la même occasion, une brève pause.

- Ha-hé-hi-ho-hu-hu-hu ! Je sens qu'on va bien s'éclater tous ensemble ! Je me demande quelle teinte prendra votre sang quand je peindrai des jolis sourires sur les murs !

Alors qu'il avait clairement l'avantage et qu'il se préparait à nous renvoyer l'ascenseur, une voix - inconnue pour moi - sortie d'un escargophone présent dans un coin du plafond.

- Balkani, un coucou semble vouloir parasiter notre nid. Occupes toi de ces trois la, je me charge du reste.
- Bien reçu tonton, avec plaisir ! Ha-he-hi-ho-hu-hu !

J'étais encore en prise avec le punk quand un bruit sourd s'agita dans les murs ... Ou plutôt les canalisations. C'était comme ci un millier d'oiseaux piaillait en masse... Un millier ? Non, juste une centaine... Et quand ils déferlèrent par la ventilation pour envahir la pièce, c'était déjà bien assez angoissant !

C'était pas gagné mais la ça venait vraiment compliqué ! La centaine de moineaux jaunes tournait à l'unissons jusqu'à ce qu'ils s'agitent et attaquent ensemble une cible commune : un lapin débusqué qui tenta de s'enfuir de sa cachette !

J'avoue que je n'y comprenais plus rien, c'était trop d'informations pour moi. La seule évidence à mes yeux, c'était Balkani qui - par je ne sais quel exploit - fit pousser ses ongles tels des lames tranchantes et fonça vers nous pour nous exécuter une bonne fois pour toute !

Gloups, je n'avais vraiment pas envie de finir en peinture murale !

Technique utilisée:
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t25574-grimmjack-le-chasseur-solitaire
S’il avait pleuré Alegsis, tandis que Kant fut sujet à la bastonnade, ce n’était que parce qu’il regretta de ne pas avoir porté lui-même les coups. S’il s’était ensuite porté à son secours, ce ne fut qu’avec l’intention de l’enterrer plus tard. L’amitié, la belle et la vraie, Alegsis l’avait soldée à la première fourberie venue lui chuchoter de bien vilains mensonges à l’oreille.
Que Grimmjack, derrière eux, s’occupa d’amortir les coups de griffe, ne put ainsi que mieux disposer Alegsis à agir à sa guise. Dans un premier temps, afin de légitimer l’acte crapuleux qu’il s’en allait commettre, supposément pour les beaux yeux d’une agente gouvernementale, le chasseur de primes fit étalage de talents de comédiens qu’on ne lui soupçonna pas.

- Oh ! Ah ! Ça a-lors ! Kant ? Que me dis-tu là, faux frère, à voix suffisamment basse pour que seul moi puis-je t’entendre ? Le bougre, pas même remis de la tannée qu’on lui avait administrée si vertement, n’était, pour l'heure, aucunement en mesure de converser avec qui que ce fut. Tu dis que tu nous tra-his ? Et en plus tu rajoutes « Gnark Gnak Gnark » ! Sapristi de bon sang de mammouth ! C’était donc un piégeuh que tu nous as tendueuh. Sacripan. Et dire que je te prenais pour mon ami.

Si personne ne les lui avait jamais soupçonnés, ses talents d’acteur, c’était encore car il s’en trouvait manifestement dépourvu. Son histoire bancale, du reste, ne tenait qu’à demi. Que Kant les ait traînés dans un piège – bien que Grimmjack et lui ne purent s’en prendre qu’à eux-même pour s'être laissés capturer – fut une hypothèse qu’on put considérer, à maints égards, comme possiblement séduisante. Cela, si l’on oblitérait la rossée que Kant avait accueilli jusqu’à ne plus être qu’une bosse suintante d’hémoglobine.
Toujours est-il que c’est en ces termes douteux qu’Alegsis avait piteusement excusé son comportement à venir. Piteusement d’abord, puis vainement ensuite. Car entre la bataille que Grimmjack mena contre leur hôte et le piaillement strident et incessant d’une nuée de volatiles ayant fait irruption de toute part, il ne se trouva finalement pas grand monde pour se faire auditeur de pareils simagrées.

- C’est le cœur mouillé et les yeux lourds ou l’inverse, je sais plus que je me vois contraint de t’administrer ton juste chat qui ment. Châtiment ? Bref ! Tu vas douiller, andouille.

Ses yeux à présent si grands ouverts qu'on put apercevoir les veines dont ils étaient gorgés, les naseaux frétillants et un sourire pour le moins vicié qu’on lui trouva étalé d’une oreille à l’autre, Alegsis joua for mal le registre du déchirement. Sans qu’il fut besoin de plisser des yeux, on put clairement déceler la jubilation que fut la sienne à l’idée de faire tomber son pinceau sur le crâne d’un ami meurtri. Non pas qu’il le haïssait, mais là fut selon son « maître » le seul sauf-conduit qui le mènerait au cœur – entre autre – de la belle Hayase. Derrière lui, Grimmjack avait beau l’exhorter de venir l’aider, lui qui avait déjà fort affaire avec un adversaire diablement manucuré, qu’Alegs, sourd à ses suppliques, demeura cramponné à ses lubies.
Mais alors qu’il leva son pinceau telle une masse vengeresse, celle-ci brandie glorieusement au-dessus de lui, il se trouva, dans la nuée de piafs environnante, quelques spécimens imprudents pour s’emberlificoter dans la brosse. C’en était alors fini de son effet dramatique.
Moins prestigieux soudain, plus à l’aise dans le registre du pitre, le chasseur de primes agita au-dessus de lui son pinceau comme une ménagère aurait secoué son balai afin de déloger un oisillon intempestif. À agir ainsi, Alegsis se complaisait dans un rôle de composition où le ridicule y avait la part belle.

Habile et élusive fut cependant la volée. Il eut beau frapper au-dessus de lui avec son pinceau de combat, cet animal-ci, qu’il n’esquinta guère que le vide. Les moineaux, frénétiques et agressifs, n’avaient d’yeux et de bec que pour un lapin qui traîna là sans qu’on sache pourquoi.
Parfois trop malin pour son bien, maintenant qu’il fut obstiné par la plèbe aviaire et délaissa le massacre de son meilleur ami, Alegsis s’empara du lapin par les oreilles en le sachant le fruit de leurs convoitises.

- C’est ça que vous voulez, piafs à la manque ?! Et bah prenez-le…. en pleine tronche.


Son sens de l’astuce mêlait ainsi la violence sourde à l’idiotie caractérisée.

- Brush Crush, inaugurait-il alors cette technique puisée à l’instant de son cru si ce n’est d’ailleurs, Le Coup du Lapin !

Et quel coup. S’affairant alors à faire tournoyer le pauvre animal dont il fit usage ainsi qu’il se serait agit d’un nunchaku, Alegsis massacra les oiseaux qui, rivés sur leur proie, se jetèrent dessus en masse pour finalement s’écraser contre la vélocité du mouvement. Les cadavres de moineaux jonchèrent bien vite le sol, les os aussitôt rompus par le choc. Pour autant, les assauts ne discontinuèrent pas. Avec un acharnement que personne n’aurait supputé chez de pareilles créatures, les oiseaux firent montre d’une bravoure sans pareille. Du moins, jusqu’à ce que leurs pertes se comptèrent en dizaines. Alors, un sifflement lointain sembla chuinter depuis le dehors, battant le rappel d’un essaim de plumes et d’os s’échappant aussi bien par les fenêtres, les conduits d’aération ou la cheminée.

- Voilà une bonne chose de faite. Bon, où j’en étais, moi…. Ah oui ! Me venger de l’autre pour… enfin je veux dire…, il regarda à droite et à gauche après cet aveu gauchement perpétré, ne trouvant alors que son associé aux prises avec un adversaire redoutable, pour rendre la Justice.

- Mais, bon sang ! Viens m’aider Alegs… argh… tu vois bien que je trime !

Il le vit effectivement, mais prit le parti de l’ignorer afin d’abandonner son partenaire à ses petites affaires mesquines. Alegsis, en effet, avait ses priorités. Se faire bien voir d’Hayase en était une. Ce n’est qu’alors qu’il réalisa qu’elle n’était pas dans la place et que, de ce fait, faire sa démonstration de courage en achevant un ami blessé n’aurait pu l’impressionner. Il sembla toutefois l’entendre si près. Était-ce un songe ou, comme il en avait l’impression, Alegs l’entendait-elle susurrer son nom ? Sans le pépiement des échappés de la volière, le son lui parut plus net, bien qu’entrecoupé par les discourtois cris de douleur de Grimmjack. Elle était proche, toute proche. Puis, quand il tourna la tête dans la direction de cette voix qu’il ne connaissait que trop bien, l’artiste-pitre déchanta au point de blêmir. À la main, tandis que son arme de fortune, le pelage encore ensanglanté de l’avoir si bien utilisée, Alegsis trouva la provenance des chuchotements d’entre les babines du lapin.

- Alegsis… semblait alors grogner l’animal, à présent empêtré dans le supplice et la hargne.

Le visage décomposé d’abord, puis contracté par la surprise, son regard éberlué et terrifié, le principal concerné par cette remontrance formulée en un mot, pesa tout le poids de sa boulette.

- Oulolo… gémissait-il à présent conscient du menu impair qu’il venait de commettre. Alors la galopine serait devenue gaie lapine ?!

Il s’extasiait d’un peu cet homme-ci, à commencer d’un rien. Grimmjack, pendant ce temps, prenait sur lui seul des coups qui furent en principe adressés à eux quatre. Kant, quant à lui, recouvrait péniblement de la semonce, parvenant enfin à se dresser sur ses courtes pattes le temps qu’Alegsis fut occupé à chasser les moineaux.
Ce dernier, découvrant sur le tard, et en des circonstances bien fâcheuse, que sa chère amie avait gobé un Zoan sans l’en avertir, essuya ainsi la morsure d’incisives tranchantes venues lui écharper sa main. Il lâcha ainsi les oreilles de sa camarade, elle aussi quelque peu meurtrie par ses errements. Balkani, bien que privé de l’appui des piafs son oncle, menait toujours la danse d’un pas assuré. Daignant enfin accorder une bribe d’attention à son acolyte, Alegsis, tout en riant à moitié, s’exclama comme si sa remarque fut judicieuse.

- Mon pauvre Grimmjack, avec ce que t’encaisses, t’auras au moins de bonnes raisons de porter autant de bandages Jeri-hi-hi. T’es sûr que t’as pas besoin d’aide ?

Il rirait peut-être moins quand, à son tour, lui aussi serait le sujet des intentions des mèches folles de leur hôte et ravisseur. Ce qui, vraisemblablement, ne saurait tarder considérant l’épuisement de leur protecteur à bandelettes. Mais Alegsis, pour l’heure, comptait œuvrer au plus pressé.
Désormais qu’il se sut sous les yeux de la « gaie lapine », l’olibrius retroussa ses manches, fit tournoyer son pinceau de combat entre ses doigts et reporta à nouveau son attention sur Kant.

- Regarde comme je suis courageux Hayase ! Annonça-t-il à l’intention de l’agente gouvernementale tandis que, de la pointe de son arme, il dessina un Colors Trap jaune contre la poitrine de Kant. Brush Crush : Le Rire Jaune !

De quoi ainsi faire s’esclaffer son ami qui, en proie à une soudaine jovialité hypnotique, fut ainsi temporairement anesthésié de la douleur de ses blessures. À son corps défendant, bien qu’il chercha à se montrer hostile à l’endroit de ce qui fut son meilleur ami, Alegsis l’avait aidé malgré lui à surmonter ses souffrances. C’était à croire qu’entre eux, l’amitié était si forte qu’Alegsis se montra inconsciemment secourable même en ayant œuvré afin de nuire à son copain. Et si ç'avait été ça, le pouvoir de l'amitié.


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Qu'un déluge de malheurs me tombe dessus,
Que s'éteignent mes rêves, mes espoirs, ma vue,
Que ces hommes me cognent, me rossent, me tuent,
Tous ces déboires me semblent bien superflus,
Maintenant que j'ai vu les courbes de son ***
   
Ainsi furent les premiers mots qui traversèrent l’esprit de Kant après qu’il eût été vaillamment secouru par Hayase. La suite fut trouble, confuse, parsemée de plumes et de vertiges, mais la présence d’Alegsis rassurait le pauvre Kant meurtri. Les coups que lui avait infligés Balkani étaient d’une telle férocité qu’il se pensait hors d’état de combattre, jusqu’à ce qu’une fois de plus, son meilleur ami vienne à sa rescousse. Peinturluré d’une étrange inscription de couleur jaune, Kant sentit jaillir en lui une euphorie telle qu’elle chassa toute trace de douleur et de fatigue.

« AHAHAHAHA ! s’esclaffa Kant, JUBTION ! Je l’ai toujours dit : tu es magique ! »

Galvanisé par son hilarité, le jeune contrebandier se sentit de nouveau de taille à affronter l’assassin de celle qui fut un temps sa bien-aimée. Mais d’abord, il devait s’acquitter de sa dette envers l’agent gouvernementale qui venait de lui sauver la vie. Sans qu’il n’en saisisse la raison, Kant constata qu’Hayase semblait passablement amochée. D’un coup d’un seul et dans le but de l’extraire du danger qui la guettait, il prit dans ses mains l’adorable lagomorphe et entreprit de le lancer -avec précaution- près de l’entrée. Il n’avait pas oublié qu’elle s’était dénudée pour lui venir en aide, aussi espérait-il s’attirer ses faveurs en l’aidant à retrouver sa pudeur. Riant à s’en péter les cordes vocales, Kant la jeta du mieux qu’il put, c’est-à-dire approximativement. Après un vol en cloche, la lapine atterrit avec fracas sur le visage de Balkani, qui s’apprêtait à cisailler le pauvre Grimmjack éreinté.

« Ohohoh, Dé-AHAHA-solé AHAHAHA ! » dit Kant, rigolant malgré lui.

D’où il se trouvait, il ne pouvait pas voir ce qu’il était advenu de sa sainte sauveuse, mais son action avait eu pour mérite d’interrompre Balkani et -d’involontairement- sauver Grimmjack.

« Ha-hé-hi-ho-hu-hu-hu ! On rigole, on rigole… soupira il Sotto capo en se relevant. Mais… Vous commencez à me taper sur les nerfs ! »

Il arborait toujours son sourire rayonnant, mais son regard changea et se fit plus menaçant. Ses perpétuels éclats de rires conjugués à ceux de Kant commençaient à teinter la scène d’une absurdité grotesque.

    Déterminé à mettre un terme au combat, le jeune contrebandier s’empara d’une flèche et profita que son adversaire ait toujours les yeux rivés sur le chasseur de primes aux bandelettes pour tendre son arc et viser avec précision. Certain d’atteindre Balkani entre les deux yeux, Kant fit chanter son arc. La flèche siffla dans l’air et se planta profondément dans la chair… de Grimmjack. À cet instant précis, on put aisément discerner l’embarras dans les yeux de l’archer, qui, malgré tout, continuait à rire. Blessé au bras, Grimmjack devint alors une cible facile. Certes, la grande échalote n’occupait pas une place de choix dans le petit cœur de Kant, mais ce dernier ne souhaitait sincèrement pas être à l’origine de ses funérailles. S’emparant d’une nouvelle flèche avec précipitation, Kant arma son arc une seconde fois et fit délicatement glisser ses doigts jusqu’à l’encoche. À cet instant, il s’aperçut qu’il s’était encore fourvoyé. Au lieu d’une flèche à pointe, c’est une flèche explosive qui traversa la pièce jusqu’à se planter dans le plafond, et ce juste au-dessus de Balkani. Le projectile explosa à l’impact, pulvérisant un large pan du plafond et l’ecargophone qui y était logé. Les poutres de bois crépitèrent et commencèrent à s’embraser.

« AHAHAHA ! Oups. »
*

    Quelques minutes plus tard, assis sur un banc sous le clair de lune, un vieil homme tentait désespérément de faire fonctionner son escargophone muet comme une tombe.

« Balkani ! Tu me reçois ? ... ... … Balkani ! Dépêche-toi d’en finir, un contingent de soldats vient de passer devant moi ! Ils se dirigent vers vous ! »


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Évasion de moineaux
Il n'y en avait vraiment pas un pour rattraper l'autre. Alegsis qui m'utilisait comme une arme pour se débarrasser des oiseaux. Kant qui me lance au visage de ce maudit punk dont je l'ai sauvée. Et maintenant, voilà qu'il s'amuse à détruire le plafond de cette bâtisse.  

Avec des gens pareils, aucune raison d'avoir des ennemis. D'ailleurs, ils le démontraient parfaitement eux-mêmes. Je ne sais pour quelle raison, l'idiot du village s'en était pris à son ami. C'était à ne plus rien y comprendre. Eux qui semblaient comme deux frères, voilà que l'un cherchait querelle à l'autre.

Heureusement qu'il y avait la bandelette avec nous. Je me sentais un peu moins seule. Enfin, ce n'était pas du tout le moment de penser à tout cela. À cause du crétin numéro deux, une pluie de gravats nous tombait dessus. On pouvait dire qu'avec ce qu'il avait envoyé sur le plafond, Kant avait réussi à faire de sacré dégâts. Déjà que le combat était assez ardu avec des incapables pareils, nous risquions d'être ensevelis sous un tas de pierres.

Ne voulant pas finir en civet, je détalais le plus vite possible vers la porte du salon. Faisant complètement fi de tout ce qui se passait autour, je parvins à l'atteindre sans trop de difficulté, malgré les blessures dont je souffrais. Ce crétin d'Alegsis avait réussi à raviver la douleur de mes côtes, qui se remettaient tout juste.

- " On commence à peine cette mission, qu'ils me tapent déjà tous sur les nerfs ! " M'emportais-je tandis que j'enfilais rapidement mes vêtements après avoir repris ma forme humaine. " Tous les amis de Alegsis sont aussi idiots que lui ou quoi ? "

Sans prendre le temps de les ajuster convenablement et de chausser de mes baskets, que je gardais à la main, je sortis en trombe dans la rue. Oui, je fuyais en effet les lieux. Avec ce qu'avait fait l'ami du chasseur, je craignais que le bâtiment ne vienne à s'effondrer. Il était donc hors de question que je meurs stupidement sous les décombres. Peu importe si je devais les abandonner à leur sort.

- " Ils sauront se débrouiller... " Finis-je par dire en m'éloignant de quelques pas de la maison. " Après tout, Aleg est comme un cafard. On a beau chercher à le tuer, il résiste toujours. " Soupirais-je en pensant à toutes mes tentatives ratées pour le faire définitivement taire malgré notre amitié. " Et puis les autres sont costauds. "

Tandis que je fixais la maison avec une légère pointe d'inquiétude, j'entendis de nombreux pas s'approcher non loin.

- " Vous là !! Les mains bien en évidences !! " M'ordonna la voix bourrue d'un homme.

Surprise, je me retournais pour voir qui pouvait bien être le malotru qui s'adressait ainsi à moi. Me faisant face, plusieurs hommes et femmes portant l'uniforme de la Marine me tenait en joue. Et à leur tête, un homme qui pouvait rafler la palme d'or de la laideur à Aleg.

Les cheveux gras, des furoncles sur le visage, des yeux de porcs. Oui, nous avions en effet là un beau spécimen d'erreur de la nature. À son apparence, on avait du mal à croire qu'il s'agissait d'un Officier. Il avait tout l'air d'un sans-abri qui n'avait pas pris de douche depuis des mois. J'avais même l'impression que l'odeur qui se dégageait de lui, était visible à l'œil nul. Comme un nuage vert qui entourait son corps.

En-tout-cas, les soldats qui l'accompagnaient, retenait visiblement leur souffle en sa compagnie. Certains avaient même le teint verdâtre. Pas toujours simple la vie de simple troufion de base. J'avais presque de la pitié pour eux. J'ai bien dit presque.

- " Vous tombez bien ! Vous allez pouvoir servir à quelque chose ! " Leur stipulais-je tout en gardant bien mes distances avec eux.

Premièrement, je voyais bien qu'ils semblaient tendu et qu'au moindre geste suspect, une balle pouvait très vite m'être destiné. Deuxièmement, je refusais d'approcher, ne serait-ce d'un centimètre de plus de cette chose qui les commandait.

- " Je suis l'agent.... "

- " Je me fous bien de qui tu peux être !! " Me coupa sèchement cet être malodorant dont l'haleine pouvait tuer une pauvre mouche qui passerait par-là. " On a été averti qu'une bande d'ordures foutait la merde dans notre ville !! "

- " C'est pour ça qu'on t'a envoyé... " Soufflais-je à demi-mot entre mes dents.

- " Il s'agirait de trois blaireaux et une minette avec de longues couettes sur la tête ! " Continua ce dernier sans avoir fait attention à ce que je venais de dire.

À son regard plein de mépris, je compris rapidement qu'il m'identifiait comme étant cette femme dont on lui avait fait part. Et que les trois autres individus ne devaient être que mes camarades. Je n'avais aucune idée de ce que signifiait tout cela. Mais au vu de l'attitude de ses hommes qui continuaient à me braquer de leur arme, il était évident que la situation était mal engagée.

Par je ne sais quel procédé, voilà que j'étais reléguée au rôle de bandit. Malheureusement, je n'avais pas le temps de me demander ce qui avait bien pu se passer. D'un simple geste de la main, la poubelle vivante ordonna à plusieurs de ses hommes de venir m'interpeller.

N'ayant pas spécialement envie d'aggraver mon cas, sans oublier mon état de santé, je me précipitais vers le bâtiment duquel je venais de m'enfuir. Sous une pluie de balles qui sifflèrent à mes oreilles, je passais la porte avant de la refermer d'un coup sec derrière moi.

- " Fait chier... C'est quoi encore cette histoire ? " M'interrogeais-je tout en m'éloignant de l'entrée. " Comment ça se fait qu'on est maintenant recherché par le Gouv ? "

Je n'y comprenais décidément plus rien. Pour commencer, on tombait dans le piège grotesque de ces maudits mafieux et maintenant, voilà que nous étions devenus les ennemis de la Marine. Étrangement, ça me rappelait ce qui s'était passé sur Kikai No Shima.

- " Sont tous devenu pourri dans la Marine ou quoi ? " Lâchais-je avec dégoût en pensant à ces traites que j'avais combattues lors de cette dernière mission.

Il était hors de question que je laisse cela impuni. La vérité sera révélée et je laverai cet affront dont j'étais... Non, dont nous, étions victimes. Mais pour l'heure, il fallait qu'on arrive à sortir d'ici vivant. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait se passer du côté des garçons.

M'avançant vers la porte, je la poussais sans attendre pour voir le plafond complètement écroulé. Kant dans un piteux état gisait au sol. Grimm faisait toujours face à leader des Columbia. Quant à Aleg.... Bah... Il faisait du Aleg quoi.

- " On a un petit problème les garçons !! " Les avertissais-je tout en faisant fi des pitreries que faisait encore cet idiot ainsi que de l'ennemi encore présent.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024, 10:58, édité 2 fois
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Le pouvoir hilarant

Ses partenaires - notamment Alegsis - avaient tous pleins de qualités ... Mais l'entraide entre comparse, apparement, n'était pas leur priorité. Alors que Grimmjack faisait front à Balkani en solo, Alegsis et Kant avaient trouvé la bonne idée de ne pas le soutenir. Le chasseur s'était occupé des oiseaux tandis que le lutin avait préféré tout faire exploser.


- Keuf, keuf, keuf ... Fichu Tank, Il trouve toujours le moyen de me mettre des batons dans les roues ...

Je soulevais les gravats du plafond avec peine. En me relevant, j'arracha la flèche qui s'était planté dans mon bras droit et restera mes bandages pour stopper l'hémorragie. Mon regard se tourna vers le lutin plein de haine. Il était encore dans les débris et, le sceau apposé par Alegsis en partie effacé, s'était enfin arrêter de ricaner.

En parlant d'Alegsis d'ailleurs, ou était-il ? J'avais bien vu une lapine volée en l'air et j'avais compris que c'était ma cher Hayase. Mais ou se trouvait mon idiot de partenaire ?! En fouillant un peu, je vis le bout de son chapeau. En tirant fortement dessus de mon bras encore valide. Sa tête dépassa des gravats et je lui mis une claque pour le réveiller.

- Keuf, keuf keuf ... Que c'est il passé ? Oh ! Arnold ! C'est toi ? Je te pensais bouffer par un poisson. Une nouvelle claque lui remit les idées en place. Ah, non, c'est juste toi Grimmjack... Toujours aussi moche d'ailleurs ... Reprit-il, arborant une mine déçue.
- Bien, ton meilleur copain n'a pas fait dans la dentelle, mais il semblerait que Balkani soit hors état de nui...
- Ho-ha-hi-ho-hu-hu ! Vraiment ?

Surpris par la voix qui venait de mon dos, je me retourna immédiatement. Balkani s'en était tiré sans gros dégâts et se dressait face à moi. Gloups. Avec ma blessure au bras et les multitudes de contusions dues au fracas, j'étais pas sur de tenir longtemps contre lui.

- HA-HE-HI-HO-HU-HU-HU ! Ca ne se voit pas, mais la c'est un rire nerveux ! Il est grand temps d'en finir !

Gloups. Je déglutissais de peur. Ses cheveux incontrôlables bloquait mon maniement de bandelettes. Et ses ongles étaient aussi tranchants que ma faux. J'avais beau me creuser les méninges, mon léger cervelet ne trouvait pas de bonne alternative.
De toute façon, ce fichtre maffioso ne me laissa pas de répit et bondit sur moi. S'échangea alors une multitudes de coups de lames dans un tintement d'acier sous les yeux ébahis d'Alegsis, dont seule la tête était extirpée des débris.
Comme je me l'imaginais, avec ce petit souvenir de Kant, je ne faisais pas le poids. Et bien que j'y mettais tout mon âme, Balkani prit rapidement le dessus dans notre duel.

- On a un petit problème les garçons !!
- On en a un gros ! Il a même une crête de coq et une manucure tranchante !
- Euh non ... Je ne parlais pas de celui-la ...

Balkani profita de ma déconcentration pour parer ma défense et m'assener un violent coup de pied qui m'envoya valser contre un mur de la pièce. Seul contre nous quatre, il avait tout de même l'avantage ... Après, il fallait bien avouer que notre quatuor était pas encore totalement au point ...

- Ha-he-hi-ho-hu-hu ! Il semblerait que je doive me dépêcher ! Montrez moi donc vos plus beaux sourires ! Smile Beam !

Formant avec ses doigts une sorte de sourire, il lança une sorte de multitudes de rayons et ceux, partout dans la pièce. Quand un d'eux me toucha, je ne pouvais plus me contrôler et j'éclata de rire.

- Nyahahahaha ! Hi-hi ... Qu'est ... Ho-ho-ho-ho ... Qu'est ce qui m'arrive ?! Ha-ha-ha-ha

Je vérifia tant bien que mal mon corps par réflexe - et parce que j'avais un peu trop côtoyer le Color Trap d'Alegsis - mais n'y trouva aucun sceau. Littéralement plié en deux, je sentais mon énergie se consumer dans mes cordes vocales. Mes cotes me faisait souffrir et je riais tellement que j'en avais du mal à respirer. C'était donc ça, mourir de rire ?!

- Ha-ha-ha-ha ! Je ne sais pas mais ... Hi-hi-hi-hi ...Mais il y a un tas de marines en bas qui veulent notre peau ... Hé-hé-hé ... C'est ... Ha-ha-ha-ha-ha ... C'est le comble pour quelqu'un comme moi hi-hi-hi-hi ...
- Ha-he-hi-ho-hu-hu-hu ! Le temps presse dites donc ! Par qui je vais commencer, voyons .... Ha-he-hi-ho-hu-hu ! Ce sera toi, l'artiste-peintre ! Je n'aime pas trop la concurrence ! Nail Cross !

Balkani avait jeté son dévolu sur Alegsis qui se dépatouillait comme il pouvait pour sortir des gravats. Raaah ! Zut ! Alors que le criminel reprit sa fatale manucure, il bondit sur notre pauvre camarade en détresse !
Hayase était bien trop loin pour le sauver à temps et Kant, bien qu'a côté, semblait très mal en point... Raaaaah ! Je ne pouvais laisser passer ça !

Mon corps, dans un dernier élan d'énergie, porté par un rire incontrôlé, s'interposa entre l'attaque de Balkani et un Alegsis à peine sorti de son entrave. Ses ongles tranchèrent mon buste et une giclée de sang - en forme de smile - ouvra le mur.
Arg ! Je déglutissais du sang tandis que je tentais du mieux que je pouvais de serrer les profondes plaies sur mon torse avec mes bandages...

- Continuez ! Ils sont à l'étage ! Vite !
- Ha-he-hi-ho-hu-hu ! Vous avez bien de la chance, je dois y aller, les affaires m'appellent !

Le maffieux se servit d'une ses mèches commee liane et grimpa par le trou que Kant avait créé pour s'enfuir. Un entendait une multitude de pas qui s'approchaient dangereusement de nous. Enfin moi, je peinais à rester encore conscient ...


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Perdus dans un tumulte incessant, balayés qu’ils furent comme autant de feuilles au beau milieu d’une tempête, l’équipe de choc, en claudiquant, tomba de Charybde en Scylla. Balkani se trouva désormais hors de l’équation, qu’une nouvelle menace chassa aussitôt la précédente. Son départ eut au moins pour mérite d’altérer le pouvoir de son fruit à mesure qu’il s’éloigna de ses cibles.

C’était en principe le propre des victimes que d’accueillir la Marine à bras ouverts. Mais à leur ouvrir leurs bras, à ceux-là qui arrivaient, cela n’aurait pu conduire qu’à exposer sa poitrine afin qu’ils puissent ainsi mieux tirer en plein cœur. Hayase eut beau le contester à grands cris, marrie qu’elle fut d’être associée à la méprise, mais la Marine sembla les tenir pour responsables de crimes qu’ils n’avaient pas commis.

Ainsi que la furie guida leur pas, leurs bruits de bottes comme prélude à la percussion d’éventuels coups de feu qui suivraient, on les entendit, ces matelots, faire irruption dans une cavalcade cadencée, envahissant les lieux tels un essaim de mauvaises nouvelles. Quels recours leur resta-t-il, à ces quatre bougres, rendus à l’impuissance tels qu’ils l’avaient été par les exploits d’un homme seul ? Quand bien même furent-ils victimes d’une fâcheuse méprise, celle-ci, à en juger l’excès de zèle propre à l’engeance marinière, put se solder par quelques inopportuns coups de feu. Quelqu'un avait berné la Marine et, quelque part dans les méandres de cette manipulation, un œil avisé put y apercevoir la main habile des Columbia.

Grimmjack, décidément trop consciencieux pour son bien – quoi qu’il ne fut pas si « sciencieux » que ça – avait manqué de sacrifier sa vie pour épargner celle d’un partenaire ô combien encombrant. Il avait un cœur, Grimmjack. Un qui avait manqué de peu qu’on le transperça.
Fraîchement extrait de sous les décombres en ce qui le concerne, insolemment indemne tandis que ses alliés accusaient dans leur chair jusqu’au moindre sévice, Alegsis s’épousseta avec une nonchalance telle qu’il frôla la provocation délibérée.

- Alegsis ! S'alarma à raison la jeune fille. Prends tes copains sous le bras, il faut absolument qu’on détale par les toits !

Pareille à une mère courage qui avait à charge une progéniture ingrate, Hayase fut bien la seule à s’inquiéter de la tournure des événements. Elle eut beau barricader les portes, c’est avec l’insistance d’un troupeau de buffles que la Marine grimpait les marches quatre par quatre afin d’enfoncer la porte ; ce dernier rempart qui les sépara de leurs proies. Des proies dont tout laissait à penser qu’elles se laisseraient cueillir sans coup férir, Kant étant affalé inconscient, Grimmjack grièvement blessé et Hayase fracassée jusqu’aux os. Ne restait qu’Alegsis qui, alors qu’il bâilla après s’être sorti de sous les débris au milieu desquels il ne jura pas, se présenta frais comme un gardon.
Il était leur dernier espoir.

La situation, dès lors, n’aurait pas pu se présenter sous des auspices plus défavorables.

- T’as vu ? Adressa-t-il à sa seule camarade encore en état de tenir debout. Moi je suis pas tombé inconscient comme ce nul de Kant. Le désigna-t-il alors du bout de son balai.

On ne sut trop si ce fut par absolue désinvolture ou par une crasse ingratitude, mais l’artiste-pitre, au milieu de ses vantardises puériles, n’eut pas même un seul bon mot à adresser à son acolyte ; celui-là même qui s’était pourtant sacrifié pour le sauver. Par déférence toutefois, après l’avoir toisé de sa bouille grotesque un instant, le dernier chasseur de primes en lice se saisît d’une nappe qu’il trouva dans les décombres, afin d’en recouvrir le visage de son associé.

- Voilà, c’est plus digne. Eh puis comme ça, les gens auront pas à voir comme tu es laid. Sa prévenance était touchante, quoi qu’ignoblement malavisée.

Sur cette sollicitude, le « dernier espoir » entama quelques lents moulinets de poignet, son pinceau de combat ondulant alors en prologue à une furieuse bastonnade. Ses sourcils froncés avec ce petit air ridicule qui lui seyait si bien au teint, il comptait à présent en découdre.

- Je vengerai ta mort, cher compagnon.

Derrière lui, tandis qu’il avança près de la porte entravés par les reliquats tombés du toit, il lui sembla que son ami, depuis le Royaume des Morts, lui adressa un ultime message.

- Je suis pas mort… abrutiiiii… et ce fut sur cette réplique, énoncée avec ses dernières forces, que Grimmjack laissa à son tour sa conscience sur le carreau.

Lunaire fut la réaction d’Alegsis. Prévisible, aussi. Car à chaque situation donnée, on pouvait deviner ses agissements en envisageant la pire attitude qu’il pût adopter. Celle-là était alors généralement celle qui survenait dans l’instant.

- Alegsis, insista Hayase après lui avoir adressée une généreuse claque de sanction dont le contrecoup lui fit mal jusqu'aux côtes, aïe on n’a pas le temps pour tes bêtises, mais alors vraiment pas ! Tu vas pas aller affronter la Marine. Réfléchis.

C’était alors lui demander l’impossible.

- Mais enfin…, s’indigna en chouinant l’imbécile cela, tandis qu’il se frotta la joue avec une petite moue attristé qu’elle le frappa, ils ont tué mon ami. Faut que je le venge.

Plus insistants dans leurs coups de boutoir, les Marines, dans un escalier heureusement trop étroit, durent se relayer afin d’enfoncer la porte qui fut si bien obstruée par les résidus de toi qu'on trouva au travers. Hayase, les yeux exorbités, réalisa enfin ce qu’elle avait supputé depuis le début sans trop oser le déclarer à voix haute jusqu’à présent.

- … T’as rien suivi en fait ? Elle lui demanda cela si calmement qu’elle en devînt terrifiante. C’est Balkani qui l’a atta… Bon sang ! Ça s’est littéralement passé sous tes yeux ! Comment t’as pu ne pas faire attention à ça ?!

Ses reproches adressés si vivement, il lui fallut reprendre son souffle aussitôt. Entre ses côtes cassées et le poids de l’idiotie de son seul espoir de s'enfuir, les forces vinrent à lui manquer assez tôt. Resté hagard quant à lui avec cette tête béate qu’on ne pouvait qu’avoir envie de frapper rien qu’à poser les yeux dessus, Alegsis, sans gêne, fit étalage sans un bruit de sa totale incompréhension de ce qui s’était ainsi passé jusqu’à présent.
Après que s’écoula un léger temps d’introspection mutique, toujours autant à l’ouest, il répliqua enfin.

- Je…. Je vais aller leur taper dessus de toute façon.

Dans l’équation Jubtion, les calculs étaient réputés remarquablement simples. Tout ce qui, dans un environnement proche ou distant, fut susceptible de lui chercher querelle, était nécessairement un « méchant ».
C’est à ce genre d’individus douteux que le Gouvernement Mondial accordait dispendieusement les licences de chasseur de primes. Ce qui, en soi, ne pouvait que rajouter de l’eau au moulin de la Révolution.

Qu’aurait-elle pu faire de toute manière, cette agente du Cipher Pol, maintenant qu’elle se trouva embarquée dans un navire qui coula si bien à pic ? S’embarquer sur un canot de sauvetage et filer. La fuite, après tout, demeurait une stratégie recevable à défaut de toute alternative viable.
Elle œuvra tout d’abord à compresser la plaie de Grimmjack afin que l’hémorragie prit fin, hasardant un dernier regard derrière elle. La porte avait cédé, ne restait à la Marine qu’à déplacer la large poutre qui lui barra le passage. Devant eux, Alegsis les attendait, faisant tourner entre ses mains son pinceau de combat sans cesse plus vivement. Son arme, ainsi, tourbillonna à son flanc droit puis au gauche, passant devant et au-dessus de lui. Peut-être était-ce pour intimider l’adversaire, à moins que ce ne fut pour s’échauffer les poignets, mais il s’acquitta de l’acrobatie avec une rigueur et une dextérité telle qu'on put lui trouver une certaine prestance. Du moins, jusqu’à ce que le manche de son pinceau, à force de virevolter si vite, lui heurta par mégarde le menton. Ébranlé par un coup adressé avec autant de vélocité à pareil endroit, Alegsis s’effondra subitement sur le sol, assommé comme on n’aurait su l’être davantage.

- Oh c’est pas possible. Réagit Hayase, s’étouffant presque devant la scène pour ce qu’elle avait d’imbécile et d'inattendue.

Impossible n’était pas Jubtion. La prouesse, bien que l'agente gouvernementale en fut la témoin dépitée, était effectivement advenue sous son regard atterré. Eut-elle voulu nier les faits présentés sous ses rétines qu’elle n’aurait décemment pu le faire. Et pourtant, elle aurait tant désiré que la débandade, alors orchestrée aussi minablement pour ce jour donné, ne fut le fruit que d’un regrettable malentendu.
La poutre effondrée devant la porte, sous peu, révélerait la nuée de Mouettes qui se trouva derrière.

Elle avait alors agi vite et bien, comme si une force s’était emparée d’elle. La jeune fille aurait en effet pu fuir seule. Elle aurait fuir seule, mais se figura sans doute que trois compagnons de cavale purent potentiellement lui être d’un quelconque secours à terme. Se saisissant ainsi du col de chacun d’entre eux pour les réunir dans une seule main ; poussant même le vice jusqu’à s’encombrer du pinceau de combat d’Alegsis dans l’autre mimine, elle prit alors la direction d’un ciel azuré révélé par un toit des plus absent. Son Geppou fut approximatif tant elle se trouva lestée par les mornes carcasses de ses compagnons d’infortune, mais ainsi que Balkani l’avait fait précédemment, elle s’extirpa du toit afin qu’on ne les poursuivit pas, faussant compagnie au contingent venu les cueillir.

Sur cette évasion spectaculaire, ils étaient alors devenus des fugitifs. Leur périple à Logue Town, alors qu'ils s'engagèrent initialement dans l'aventure en conquérants, prit des allures de cauchemar.
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