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Éclats de plumes

   
    Lorsqu’il ouvrit les yeux, Kant laissa s’échapper un cri sourd, plaintif. Deux jours après le dramatique affrontement qui opposa sa nouvelle petite équipe au redoutable et malfaisant Balkani, son corps semblait avoir complètement récupéré de ses blessures. Seulement, son dos lui causait d’atroces souffrances : et pour cause ! Kant dormait par terre, formant un parfait triangle avec Alegsis et Grimmjack, tous deux allongés à ses côtés. Bien que ces trois garnements fussent de véritables maroufles, ils avaient tout de même jugé nécessaire de laisser le seul lit de la chambre à la délicate Hayase. Véritable esprit chevaleresque, absurdité courtoise ou galanterie mal placée ? La question se posait, peut-être, mais elle n’occupait pas les songes de Kant en cette nouvelle matinée.

    S’éclipsant discrètement de la scène où se tenait un concert de ronflements en son honneur, le jeune contrebandier descendit les escaliers menant à l’accueil. Craignant d’avoir à justifier la présence de ses trois acolytes dans une chambre prévue pour une seule et unique personne, il détala aussi vite que possible, esquivant au passage la rustre tenancière. Une fois dehors, il s’étira de tout son long, prit une profonde inspiration et se dirigea vers l’université. Se sachant recherché par la Marine, Kant avait pris soin de revêtir son ensemble aristocratique. Ainsi, seule sa démarche nonchalante d’huluberlu en gueule de bois le trahissait. Il parcourut les rues de Logue Town qui, de bon matin, s’agitaient déjà.

     S’il se rendait de nouveau à l’université, ce n’était pas pour y flâner. Malgré la défaite et ses nombreux déboires, l’affrontement contre Balkani avait semé de nombreuses questions dans l’esprit de Kant. Comment cet homme pouvait-il contrôler la pousse de ses ongles, de ses cheveux ? Grâce aux pouvoirs d’un fruit du démon ? Mais alors, qu’en était-il de son mystérieux rayon hilarant ? Après avoir été harcelé par ces questions durant toute la journée que dura sa convalescence, Kant se devait de résoudre ces énigmes. Sur le chemin menant à ses réponses, il prit soin de transpercer d’une flèche chaque oisillon jaune sur sa route. Bien que cela lui causait beaucoup de peine, suscitant au passage l’indignation des passants, il était désormais en mesure d’entrevoir le rôle joués par ces petits espions ailés.

    Fort heureusement, son habit de nobliau le camouflait à merveille : personne ne s’intéressa à sa personne, ni sur sa route, ni à l’université. Après quelques heures passées à la bibliothèque, Kant emprunta le chemin du retour. C'est alors que quelque chose attira son regard, quelque chose qu'il n'avait pas remarqué à l'aller : un triste avis de recherche, imprimé sur un papier de mauvaise qualité.

- AVIS DE RECHERCHE -

À tous les habitants de Logue Town,
La 14ème et la 87ème division de la Marine sont à la recherche active de quatre individus dont l'identité est encore inconnue. Ces individus sont soupçonnés d'avoir commis de graves méfaits et sont considérés comme dangereux pour la sécurité de l’île.

Description des individus recherchés :

LE LUTIN MAGIQUE : Ivre. Petit individu mesquin, il arbore un bonnet et une chemise en laine. !Agresse des personnes âgées!

LA MOMIE MALÉFIQUE : Embaumé. De grande taille, l’individu est affublé d’une cape. Dégage une aura morbide. !Mange des enfants!

LA SOCIOPATHE DÉPRAVÉE : Nue. Dangereuse. Plutôt mignonne. Taille moyenne, silhouette svelte. Se balade avec une peluche. !Sème la peste!

L’HOMME-HIPPOPOTAME : Laid. Grande gueule, deux gros chicots s’en échappent. L’individu revêt un chapeau et porte un gros balai. !Tue des chats!

Les suspects sont à considérer comme extrêmement dangereux. Si vous avez connaissance de leur existence ou de leur emplacement actuel, veuillez immédiatement en informer les autorités locales ou vous présenter à l’une des casernes de l’île pour fournir toute information utile. Une modeste récompense sera offerte à quiconque aidera à la capture et à la détention de ces individus. Que justice soit rendue !


Signé :  Tanguy Hasta ; Sous-préfet de Logue Town

Louchant des deux yeux sur l’avis de recherche, Kant sentit monter en lui une colère inextinguible. Soudain, il arracha le papier du panneau d’affichage, sous le regard ébahi des badauds.

« Comment ça ‘IVRE’ ? » s’exclama-t-il, avant de reprendre sa route d’un pas contrarié.

    Midi sonnait. En débarquant à l’auberge, Kant s’attendait à retrouver ses camarades attablés autour d’un copieux déjeuner : il n’en fut rien. Ça ronflait toujours dans la baraque. Toujours indigné à cause du qualificatif « ivre » qu’avaient employé les autorités pour le décrire, il se tint prêt à réveiller ses compères en poussant d’assourdissantes vociférations, afin qu’ils rendent tous ensemble une petite visite diplomatique à Monsieur le Sous-préfet. C’est alors qu’une idée pernicieuse lui vint à l’esprit : et s’il profitait de ce moment pour s’offrir un petit rendez-vous galant avec la charmante Hayase ? En l’absence des chasseurs de primes, Kant pourrait ainsi dévoiler tout son arsenal de séduction et, peut-être, convaincre sa nouvelle camarade de s’enfuir avec lui sur une île déserte pour y fonder un nid d’amour ? L’opportunité était trop belle pour ne pas être saisie à bras-le-corps.

En veillant à ne surtout pas réveiller les deux zigotos étendus par terre, Kant s'approcha silencieusement d'Hayase et effleura doucement son épaule d'un léger tapotement. Malgré l'heure tardive, l'agent gouvernemental semblait plongée dans un sommeil profond : en témoignait le filet de bave qui dégoulinait sur sa peluche, qu'elle serrait contre sa poitrine. Kant tapota sur son épaule avec un peu plus d’ardeur. Elle se retourna doucement, puis ouvrit les yeux.

« QUOI ?! » gronda-t-elle subitement, ce qui ne manqua pas de terrifier le pauvre Kant qui tomba à la renverse.

« Coucou… euh, bonjour Hayase, balbutia-t-il avant de lui tendre l’avis de recherche les concernant. Manifestement agacée, elle s’empara du feuillet et en fit la lecture. Je me disais que… on pourrait, tu vois, rien que tous les deux… on pourrait rendre visite à ce Monsieur Hasta. Parce que … enfin, dans toute cette histoire, c’est pas nous qui sommes… »

« QUOI ?! » tonna-t-elle de nouveau, interrompant le pauvre Kant apeuré.

Puis, se levant d’un bond, elle quitta la pièce et se précipita dans la salle de bain pour s’y enfermer. Kant ramassa l’avis de recherche et constata que les cris d’Hayase n’avaient pas perturbé le sommeil des deux chasseurs de primes. Avec grande satisfaction, il considéra que son plan était plutôt bien engagé.

Au terme d’une longue demi-heure à patienter assis dans le couloir, Kant entendit enfin la poignée de la salle de bain s’agiter. De là sortit Hayase, fraîche et radieuse, et dont la grâce écrasait davantage le cœur du contrebandier subjugué par tant de beauté.

« Très bien, allons-y ! » lança-t-elle sur un ton déterminé, balayant du revers de la main une mèche ses longs cheveux.  

« Euuh oui, pars devant ! J’arrive tout de suite ! » répondit Kant.

Poussant la porte de la chambre, Kant s’approcha tranquillement de Grimmjack étendu sur le sol et paisiblement étreint par les bras de Morphée. Puis, d’un geste vif et précis, il lui asséna un grand coup de pied dans le tibia.

« Oh, l’Échalotte, pardon, je ne t’avais pas vu ! dit Kant, avant de lui balancer l’avis de recherche au visage. Surtout, prenez tout votre temps, hein. On part devant. »

Sur ces mots, Kant s’empressa de descendre les escaliers et rejoignit son éventuelle future fiancée.
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Éclats de plumes
Voilà un début de journée qui commençait bien mal. Moi qui dormais à merveille, cherchant à me remettre tranquillement de mes blessures, j'avais été réveillée par un indésirable. Enfin, ce n'était pas lui le pire. Durant la nuit, j'avais dû chasser Alegsis qui n'avait rien trouvé de mieux que de se glisser dans mon lit. Cet idiot avait tenté en vain de profiter de cet instant de faiblesse pour se rapprocher de moi.

L'accueillant comme il se doit, je l'avais rossée sans ménagement après être sorti de mes rêves en sentant sa vilaine paluche sur ma hanche. Je n'en pouvais plus de lui. Mais par dessus tout, voilà que maintenant j'étais recherchée pour un crime soi-disant commis.

- " Dépravée... Je vais t'en faire voir si je suis une dépravée. " Soufflais-je entre mes dents de façon inaudible.

J'étais folle de rage. Me décrire de la sorte était un affront que je ne pouvais laisser passer. Marchant à vive allure, j'étais en route avec Kant à mes côtés pour régler ce petit problème. Malheureusement, alors que j'avais pris la tête, je ne savais pas du tout où fallait qu'on aille. La colère ayant pris le dessus, j'étais partie dans n'importe quelle direction en espérant le trouver.

- " Euh... Dis... Ça te dirait... Comment dire... " Tenta mon camarade de trouver le courage de formuler sa phrase en se grattant la joue d'un doigt. " On... on pourrait prendre un... déje... "

Ne finissant pas sa phrase, ce dernier se tut en voyant le regard en coin que je lui jetais. Face à la noirceur qui se dégageait de moi, Kant préféra baisser les yeux et continuer de me suivre en silence.

Le pire, c'est que j'aurai volontiers acceptée son offre. Pas pour jouir de sa présence, mais tout simplement parce que je mourrais de faim. Ayant fait une grasse matinée, je n'avais pas eu le loisir de remplir mon petit bidou. Je me serai bien laissée tenter, rien que par un bon verre de jus de fruit. Mais nous n'avions pas le temps. La priorité était de nous disculper.

- " Mais c'est où bon sang ?!! " M'emportais-je tandis que ça faisait déjà vingt bonnes minutes qu'on marchait sans savoir où on allait.

- " Là... " Me signala d'une petite voix mon comparse en pointant un bâtiment du doigt.

Battant plusieurs fois des cils, je regardais la bâtisse qu'on venait tous juste de dépasser. Comprenant que ce dernier n'aurait sûrement rien dit si je ne m'étais pas plaint, je sentais la colère monter encore plus en moi. Cependant, alors que j'allais encore m'emporter contre lui, je me ravisais en voyant sa petite mine déconfite.

En le voyant le regard un peu triste et la tête basse, je réalisais que j'avais peut-être été un peu trop dur avec lui. Laissant échapper un petit soupir, je m'approchais ensuite de lui avant de me pencher en avant pour capter son regard. Souriante, je penchais la tête sur le côté avant de m'adresser à lui.

- " On fini ce qu'on doit faire et après, on va manger ? " Lui demandais-je en haussant légèrement une épaule, me donnant l'air encore plus mignonne.

À ces mots, les yeux de Kant s'ouvrirent en grand suivi d'un large sourire qui s'afficha sur son visage. D'un simple hochement de tête énergique, il acceptait mon offre. Loin de se douter que ma proposition ne fût qu'un moyen de me faire pardonner en plus de me sustenter, il ne dissimula pas sa joie.

- " Bon... " M'exclamais-je en me redressant. " On a plus qu'à mettre la main sur ce maudit préfet et lui faire entendre raison. " Lui signifiais-je avant de chuchoter quelque chose à moi-même. " Et lui faire regretter de m'avoir dépeinte comme une psychopathe dépravée... "

- " Comment on va faire pour ne pas éveiller les soupçons ? " Me demanda, pour une fois, mon compagnon sans bégayer.

Pour seule réponse, je me collais à lui avant de me cramponner à son bras. Me voyant faire, celui-ci en devint tout rouge, ne semblant clairement pas comprendre ce qui se passait soudainement.

- " C'est simple mon amour. " Lui répondis-je en prenant une voix un peu plus mielleuse. " On va aller rapporter des informations sur ces vilains suspects, directement au préfet. "

Sans le laisser le temps d'assimiler la chose, je le tirais par le bras en direction du bâtiment administratif. Passant la porte qu'un garde nous ouvrit en nous saluant aimablement, nous nous dirigions ensuite vers l'accueil.

- " Bonjour madame. " Saluais-je gaiement la réceptionniste qui se trouvait assise à son bureau.

- " Oh, bonjour, messieurs dames. Que puis-je faire pour vous ? " Nous demanda-t-elle en me rendant mon sourire chaleureux.

- " Nous venons voir le préfet. Mon époux et moi-même, avons des informations à lui fournir concernant la recherche de vils criminels qui serait apparu en ville... "  Lui dis-je en faignant d'être peinée par ce fait.

- " Je vois.. Mais comme c'était précisé sur l'avis de recherche, il faut que vous voyiez ça directement avec un représentant des forces de l'ordre. " Nous précisa cette charmante femme avec la plus grande douceur.

- " Oh... Je suis confuse... Veuillez nous pardonner. " Lui dis-je en souriant de façon gênée. " Mon époux avait cru comprendre qu'il fallait voir ça avec Monsieur Hasta... N'est-ce pas chéri ? " Demandais-je à mon faux mari en le regardant avec amour.

Un petit silence régna soudainement tandis que la réceptionniste et moi-même attendions qu'il daigne répondre. Complètement rouge et affichant un léger air niait, Kant semblait avoir quitté complètement son corps. Soupirant discrètement, je lui marchais sur le pied pour le faire revenir à lui.

- " Hein ? Quoi ? Pardon ? " Ne réussit-il qu'à articuler, n'ayant visiblement pas du tout suivi la conversation.

Surprise, l'hôtesse haussa un sourcil en voyant la réaction du beau brun. Légèrement agacée, ce que je ne montrais pas, je repris rapidement la parole.

- " Excusez-le... " La suppliais-je en poussant un triste soupir avant de reprendre les yeux larmoyants. " Il est encore sous le choc de ce qui s'est passé... "

- " Comment ça ? " Me demanda-t-elle inquiète en regardant le pauvre Kant qui ne comprenait décidément plus rien. "

- " Il... il... " Faisant mine d'être émue par la situation, je commençais à verser quelques larmes. " Il a été menacé par l'un des hommes qui est recherché... Une espèce de monstruosité aussi cruelle qu'il pouvait être moche... J'ai... j'ai eu si peur... " Sanglotant, je me blottis contre Kant, posant ma tête sur son épaule. " Excusez-moi... "

Entrouvrant la bouche, notre interlocutrice ne sut que répondre. Devant cette scène digne d'un oscar, cette dernière en était également émue aux larmes. Comprenant que mon petit numéro fonctionnait, j'en rajoutais donc une couche.

- " C'est pour ça... " Regardant tendrement mon amoureux factice. " Nous sommes venues directement ici pour dénoncer cet acte horrible et qu'on puisse les retrouver le plus vite possible... " Fini-je par lui dire en reportant mon regardant embué de larmes sur elle.

À la fin de mon petit monologue, cette femme, qui semblait partager ma souffrance, nous regarda d'un air hésitant. Puis, tout d'un coup, se relevant de son bureau, elle nous fit signe de la suivre. Espérant que cette dernière nous menait jusqu'à l'homme qu'on voulait voir, nous la suivions sans un bruit.

Montant à l'étage, nous arrivions devant une porte où elle nous demande d'attendre tranquillement. Après avoir toqué deux fois, elle rentra avant de la refermer derrière elle. Plusieurs minutes s'écoulèrent durant lesquelles je n'avais pas lâché le bras de Kant. Puis, sortant de la pièce, elle nous invita à rentrer, prétextant que le préfet était prêt à nous recevoir.

Pénétrant à notre tour dans ce qui s'avérait être un vaste bureau lumineux, nous tombions face à un homme affublé d'un magnifique costume trois pièces avec cravate. Un homme assez élégant en soit, malgré une tête hideuse. Ce dernier, installé à son bureau, nous incita à venir nous installer sur les fauteuils lui faisant face. Sans attendre, nous nous asseyons.

Croisant les jambes l'une sur l'autre avant d'y poser mes mains dessus, je le regardais sans un mot, lui laissant le loisir de débuter la conversation.

- " Pour commencer, bonjour à vous. " Lâcha ce dernier comme s'il se débarrassait de cette simple formalité. " Dites-moi... " Posant les coudes sur son bureau avant de caler son menton sur ses mains jointes. " Vous dites avoir des informations sur les criminels que nous recherchons. Je vous écoute. "

Cet homme était bien étrange. À croire que notre simple présence le contrariait et qu'il avait hâte d'en avoir fini avec nous. Ne me laissant pour autant pas impressionnée, je lui offris mon plus beau sourire.

- " En effet... Mon époux que voilà a été... "

Brusquement, un bruit qui me coupa dans mon élan se fit entendre venant du couloir. Tous trois surpris, nous nous regardions avant de fixer la porte. Intriguée comme les deux autres, je me demandais bien ce qui pouvait se passer. En-tout-cas, il y avait un boucan d'enfer. On pouvait même entendre des voix inaudibles comme si quelqu'un se faisait crier dessus.

Du coin de l'œil, Kant et moi avions eu la même réaction de nous regarder. Semblant tout deux s'attendre au pire. C'est-à-dire....

- " Non je vous ai dit de ne pas entrer !! " S'écria la voix de la secrétaire au moment où la porte fut ouverte à la volée.

De la manière la plus subtile qu'on lui connaissait, le pire de tous... Cet idiot sans cervelle... Cette face de popotames avec un chapeau absurde avait défoncé la porte à coup de pied, suivit par Grimm qui le collait de prêt.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:57, édité 2 fois
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Hasta la vista

Le quatuor s'était caché dans une auberge le temps de panser leurs blessures. Grimmjack, lui, était plongé dans le monde merveilleux des rêves...


Un essaim de chauve-souris voltigeaient à mes côtés sur une joviale symphonie orchestrée par une bande de squelettes ricaneurs. Le monde me semblait si plaisant et je chantait et dansait avec grâce. Quand soudain ... Un être malsain tenta de me faire du mal ... Je le voyais au loin, se rapprocher doucement de moi, une flèche à la main ... Seul son bonnet rouge était visible dans l'obscurité de cette pleine lune. La symphonie s'arrêta et les squelettes tombèrent en morceaux. L'essaim de chiroptères s'enfuit sous les vils intentions de cet homme. Il sa rapprocha assez pour que je puisse le reconnaitre : c'était le vampire-zombi démoniaque ! Il ria aux éclats tandis que j'étais pétrifié de peur et, saisissant le bout de son arme, sauta pour m'assener un coup mortel à la carotide.

- GYAAAAAAAAAAAH !!!! J'ouvris les yeux en sursaut, mes bandelettes étaient trempées de sueur. TANK VEUT ME TUER !!

Il me fit quelques secondes pour comprendre que tout ça n'était qu'un cauchemar. Mon rythme cardiaque se tranquillisa et je jette un rapide coup d'oeil dans les pièce. Il n'y avait personne. Personne à part mon pachyderme de camarade qui ronflait au point d'en faire trembler les murs.
Une fiche de recherche gisait sur le sol non loin de moi. Je l'inspecta, et après avoir brièvement lu la dépêche, déglutissait de stupeur.

- Alegsis ! Réveille toi ! Vite ! C'est urgent !
- ZZZzzzZZZ ... Yayase ... zzzZZZzzz ... Pas les roubignoles ... ZZZzzzZZZ ... Ze t'aim...

Bon, apparement, mon associé, lui, était dans ses meilleurs songes. Je me gratta le crâne le temps de trouver une solution. La première option était de le laissé dormir et d'avoir enfin un petit temps de tranquillité juste à moi ! Mérité après les longues semaines que j'avais passé aux côtés de cet idiot ! La seconde, bien plus réaliste : il fallait retrouver Kant et Hayase. Et pour ça, je devais réveiller la tornade infernale qui sommeillait en Alegsis.

- Kant et Hayaze se sont enfuis ensemble.
- QUOI ?!!

Ca avait le mérite de l'avoir fait sauter du lit immédiatement. Alors qu'il me regardait avec ses yeux vides et écarquillés, je lui mis la fiche de recherche devant la tête.

- ...
- ...
- ...

Ah oui, il m'arrivait encore d'oublier qu'il ne savait pas lire.

- Le Sous-Prefet Hasta à déclaré une liste de criminels pendant notre sommeil. Je cite : Un laideron à la grande gueule; une dangereuse semeuse de peste; un lutin-démoniaque vil et particulièrement fourbe, prêt à tout pour enfoncer un couteau - ou une flèche - dans le dos de ses amis ; un homme élégant aux bandelettes soyeuses et raffinés. Cela ne te rappelle rien ?
- Hummm ... Alegsis fit mine de réfléchir. Les trois premiers, c'est bien nous. Mais le dernier, je ne vois pas.

Une claque tomba sur l'arrière du crâne vide de mon comparse. Evidemment que ces gars la c'étaient nous ! Surtout le dernier, cela ne pouvait être qu'une description précise et impartiale de ma personne !

- On doit aller voir ce Hasta et comprendre pourquoi il nous a déclarer criminels. Il est surement de mèches avec les Columbia ! Les autres ont du faire de même.
- Oui ! Voila, enfin t'as une bonne idée Grimmjack ! Comme ça je retrouverai Yayase et je pourrai tuer Kant ... Sauver Kant ! D'une mort certaine ! C'est sur qu'ils sont en dangers !

Et c'est comme ça qu'on fut lancé sur les traces de nos camarades.

...

- Je ... Je ... Je n'y crois pas ! C'est donc vous, les criminels recherchés !
- J'ai essayé de les arrêter Monsieur Hasta, mais ils ne m'ont pas écoutés ! Et .. Mais ?!

Des bandelettes enroulèrent la petite secrétaire et la fit taire avant de l'asseoir sagement sur son siège. Alegsis et moi étions furax. Les raisons de mon collègues étaient encore floues, mais les miennes étaient bien plus précises !

Ignorant Kant et Hayase, je me rapprocha rapidement de Tanguy Hasta qui s'écrasa de peur dans son siège. Mon aura l'oppressait et mon regard démoniaque l'apeurait au plus haut point. Dun coup sec, je tapa sur son bureau et fit tomber quelques portes-plumes et fioles d'encre.

- Comment ça je mange des enfants moi ?! Vous n'avez pas honte de propager tels infamies ?!!
- Vous ... Vous ne comprenez pas ! J'étais obligé !

Le bougre était terrorisé. Mais je n'en avais pas fini avec lui. Mes bandages prirent vie pour former des serpents qui s'enroulèrent autour de ses membres les écrasant petit à petit. Alors qu'il commençait à crier de douleur - et surtout de peur - je lança un regard a Alegsis qui ferma la porte la plus proche.
Le corps du sous-préfet décolla de son siège pour finir plaqué contre le mur. Je me rapprochais doucement de lui en le fixant droit dans les yeux.

Je pouvais lire la détresse de son âme en lui. Et lui, l'incarnation de la mort et de la terreur en moi.

- Vous étiez obligé ? Et qu'est ce qui m'obligerai à vous laisser en vie alors ?
- Vous ne comprenez rien ! On est tous sous sa gouverne ! Moi, le conseil communal, les hauts-placés, tous !

Mon visage se rapprocha encore un peu plus du sien. L'étau se resserrait.

- Il ... Il ... Il nous fait tous chanter ! On ne peut rien faire ! On doit seulement suivre ses ordres si on veut garder nos postes !
- Mais encore ... ? Suivais-je dans un grognement.
- Il ... Il a des informations sur moi ! En train de tromper ma femme, de détourner de l'argent ! Je vous en prie épargnez moi ! Je vous dirai tout ! Tout ce que je sais ! Qui il a dans la poche, qui trempe dans ses magouilles, même ou est sa planque ! Tout !

Je lâcha son corps sur le coups, libérant ainsi l'étrinte que j'avais sur lui. Tanguy Hasta tomba sur le sol dans un bruit sourd.

- Celui dont vous parlez, c'est Don Régio Columbia, c'est ça ?
- Gyaaaaaah ! A l'entente de son nom, le politique fut encore plus apeuré. O ... Oui, c'est ça ...
- Bien, je vous conseille monsieur le sous-préfet de tout nous dire. Et pas de mensonges, sinon ... Ça retombera sur vous. Lui dis-je avec un sourire démoniaque.

Techniques utilisées:
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Hors de locaux de la sous-préfecture, de là où avaient pu émaner quelques embarrassants avis de recherche les concernant, la fine équipe, chacun côte-à-côte, descendit les derniers escaliers afin de rejoindre la rue. Le mot d’ordre – énoncé avec insistance par une certaine agent gouvernementale – consista à présent à se faire discret. C’est au domaine des Columbia qu’ils trouveraient le foyer de la conjuration, celle qui, pour l’heure, faisait d’eux des criminels. Leur réputation, la petite troupe ne la laverait dès lors que dans le sang des responsables venus la ternir.

Après avoir pris grand soin de s’en remettre aux précautions d’usage, ils avaient laissé, à l’entrée des bureaux, un écriteau attestant que la sous-préfecture serait fermée pour la journée. Initiative opportune s’il en fut car, dans les locaux à présent, on n’y trouverait guère plus qu’un sous-préfet et sa secrétaire évanouis, bâillonnés, les bras et les jambes fermement liés.
Ils avaient beau marcher dans la même direction ces quatre zigotos, qu’on put cependant jurer qu’ils déambulaient sans trop savoir où ils allaient. D’entre ses dents, le plus grand de la bande, enrobé dans ses bandelettes, adressa quelques remarques assassines sans toutefois chercher à croiser le regard de son interlocuteur.

- Qu’est-ce que t’as eu besoin de l’assommer, franchement ?

- Bah quoi ? Se justifia Alegsis, sincère dans sa conviction d’être innocent. Je vois pas pourquoi t’aurais été le seul à avoir droit de le frapper.

Par jalousie plutôt que par principe, Alegsis, dans toute sa clairvoyance, avait en effet fracassé le manche de son pinceau de combat au beau milieu du crâne du sous-préfet. C’était sa manière à lui de marquer le coup ; de participer. Brillante intervention que la sienne alors que tous, à présent, quittaient la sous-préfecture avec une moitié de piste pour les mener aux Columbia.

- Moi si je le frappais, persistait Grimmjack, c’était pour le faire parler.

- Eh bah t’es franchement pas doué, se permit Alegsis avec un aplomb des plus extraordinaire, t’es vraiment trop nul comme interrogateur.

- Gros naze ! Compléta Kant non sans manquer d’adresser un coup de pied dans le tibia de Grimmjack.

- Arrêtez de vous faire remarquer bon sang. Ravala au mieux sa colère l’agent spécial Yorha. L’important, c’est qu’il ait eu le temps de nous donner le nom de leur domaine.

Il était impératif que pas un mot ne fut prononcé plus haut que l’autre afin que la Marine ne se mêla pas à leur entreprise. Les prétextes à la rancœur, notamment du fait des impérities de monsieur Jubtion, furent cependant légion ; justifiant par là quelques récriminations internes qu’on vomissait alors les dents serrées.

- Ouais, ça j’ai retenu : L’Aviron Violet !

- La Volera Via. Le corrigea Grimmjack. N’empêche que ça nous dit pas où ça se trouve.

Immense volière située en périphérie de Logue Town, la Volera Via, connue de tous pour peu qu’on habita l’île, abritait en son sein le Quartier Général de la famille Columbia. Là où personne, jamais, n’allait s’y risquer à moins d’y être convié.
Ne souhaitant céder en rien à son associé après leur dispute, Alegsis prit une initiative. Une qui fut aussi inspirée que celle ayant consisté à frapper le sous-préfet. Dans la joie et la bonhommie, il s’était en effet émancipé de son groupe pour aller en retrouver un autre. Un de ceux où chaque membre portait le même uniforme. Blanc et bleu celui-ci.

- Bonjour, bonjour ♪ ! S’afficha-t-il auprès de la Marine dans la plus parfaite exubérance ; car même en cavale, Alegsis demeurait excessivement sociable. Vous sauriez pas où je peux trouver le Violon Avarié ?

Qui de mieux, en effet, que des matelots en patrouille pour demander son chemin ?
Sans doute n’importe qui d’autre, considérant les circonstances.

Le petit contingent, mené par rien moins que le commodore Walt Masters afin de conduire la traque, tomba des nues tant la question parut leur parvenir d’une dimension lointaine.

- Le Violon Avarié ? S’interrogea un matelot en croyant à une mauvaise blague.

Une interrogation de courte durée toutefois alors que, découvrant le visage idiot qui se trouva sous le chapeau de l’olibrius, la Mouette caqueta sa surprise dans l'instant.

- Qu.. mais…, on trouvait toujours matière à se surprendre d’une pareille irruption, commodore ! C’est l’un des types qu’on recherche ! Je me souviens l’avoir vu quand ils se sont enfuis.

Le pinceau de près d’un mètre cinquante que tînt le suspect à la main ne contribua que mieux à corroborer la thèse ; l’imbécile leur était tombé tout cuit dans le bec. Jamais une traque auparavant ne fut aussi rondement menée. Alegsis, à bien y regarder, était plus doué pour exercer comme chasseur que comme gibier.

- Regardez là, plus loin derrière, s’activa le commodore encore surpris que les « criminels » firent si subitement irruption auprès d’eux, c’est le reste de la bande ! Je les veux vivant.

Walt Master ne tenait pas tant à l’intégrité physique de ses proies qu’au temps qu’il fut contraint de passer en paperasserie s’il venait à occire ne serait-ce qu’un seul d'entre eux. Cette réserve, d’ordre strictement administrative, contribua alors à réfréner la vingtaine d’hommes venue l’épauler dans sa mission.
Retardataire mais bon sprinteur, Alegsis, ne constatant que bien tard la bourde qu’il venait de commettre, rattrapa ses compagnons après que ceux-ci l’aient devancé dans la fuite.

- Mais bien sûr qu’il a été se montrer à la Marine, bien sûr ! Pourquoi je l’ai pas vu venir ?!

Ce fut évidemment un vœu pieux que d’attendre d’Alegsis qu’il fut discret dans la moindre de ses approches. Hayase, sans doute, s’en voulut d’avoir espéré qu’autre chose qu’une catastrophe puisse advenir de leur collaboration.

- Suivez les oiseaux ! Leur ordonna Kant après qu’il eut remarqué que bon nombre de volatiles semblaient effectivement converger vers un même point de rencontre.

- Ils sont trop haut, on n’y arrivera jamais. Désespéra Alegsis.

- La direction, Alegs ! Suis la direction vers laquelle vont les oiseaux.

À arpenter la foule tel qu’ils procédèrent, il ne se trouva pas derrière eux un seul matelot suffisamment hardi pour seulement tenter de les avoir en ligne de mire. Alegsis, qui avait opté pour une poursuite de ses camarades plutôt que des oiseaux, profita que tous s’embarquèrent dans un virage aigu pour y dessiner dans l’angle un vaste Colors Trap de son cru.

- Brush Crush : Coup de Blues !

Ses coups de pinceau, amples et précis, avaient laissé derrière lui un immense sigle bleuté dans toute la largeur de la ruelle qu’ils venaient de pénétrer. Son office accompli, cavalant une fois de plus après les siens, le chasseur de primes laissa derrière lui un redoutable piège dans lequel leurs poursuivants s’effondrèrent irrépressiblement.
À peine y eurent ils posé les semelles, au beau milieu de cette œuvre subite, que les troupiers s’y écroulèrent tantôt à genoux ou la tête baissée pour s’y arrêter, soudainement dépités.

- De toute façon, les matelots, dans la Marine, ils servent qu’à se faire castagner comme des figurants.

- Quand je pense qu’une nana en talons peut distancer un tyrannosaure et qu’on n’est pas foutu de les rattraper.

- Je ferais mieux de me faire amputer les jambes, au moins j’aurais une excuse pour être aussi lent.

- À quoi bon leur courir après de toute façon, ils vont nous rétamer.

- Continuez sans moi, je ferais que vous ralentir. Je suis un tel boulet !

- Je suis tellement anecdotique que j'ai la même couleur de dialogue que tous les autres matelots...

Les uns restaient hagard, le visage assombri et les muscles relâchés, d’autres encore, dans leur soudain élan de contrition, en vinrent à marteler le sol de leur poing, enragés qu’ils furent de se trouver aussi minable. C’était à croire que chacun fut victime d’une dépression instantanée. Le commodore ne s’y trompa pas cependant. Suffisamment érudit des choses du combat, à commencer par ce qui pouvait concerner les arts les plus saugrenus, il savait qu’il avait affaire au Colors Trap et esquiva la marque en bondissant sur ses hommes comme s’il se fut agi de marches-pied. Sans discontinuer dans sa cavalcade, il hurla à ses hommes valides restés derrière.

- Effacez le dessin au sol ou même ne serait-ce qu’une partie haaa haaa, les autres retourneront à leur état normal haaa haaa. Rejoignez-moi dès que tout le monde sera revenu à lui.

C’était cependant leur en demander beaucoup dès lors où, s’obstinant dans une course folle, le commodore détala si bien et si vite qu’il fut bientôt hors de leur portée. Ce qui, du reste, ne l’empêcha pas de se faire progressivement distancer par les fuyards. Déjà loin du centre-ville, Masters freina finalement des quatre fers lorsque la situation passa d’incongrue à préoccupante. La petit groupe de fugitifs venait, sans même l’ombre d’une hésitation, de pénétrer dans un domaine qui leur fut en principe interdit.
Soucieux de préserver le statu quo entre la 87e division et le crime organisé cela, afin qu’aucun dérapage malheureux ne survint par la suite, Walt resta droit et essoufflé devant le portail qu’avaient enfoncé les inconscients l'ayant devancé.

- Les Columbia ? Qu’est-ce qu’ils sont venus se fourrer dans ce guêpier au juste ?...

C’était à croire qu’il y avait davantage à découvrir à leur propos que les seules lignes de texte sur un avis de recherche scribouillé en toute hâte.

Éclats de plumes Voli-re
Volera Via, Quartier Général de la famille Columbia

Là où ils avaient fait une irruption remarquée, ces quatre enragés, avait des airs de forteresse champêtre. Les remparts, blancs et immaculés, étaient haut de bien sept mètres, recueillant en leur sein une volière haute comme un donjon impérieux au sommet duquel gravitaient une nuée agitée d’oiseaux de toutes sortes. Dans le domaine, on y trouva un jardin qui respirait bon l’herbe verte ainsi qu’une gigantesque remise d’où quelques vapeurs colorées et douteuses s’échappaient par les divers conduits d’aération.
Volera Via ; ils y étaient. Le doute alors, n’était simplement pas permis.

- Il faut qu’on trouve ce Don Regio au plus vite. Personne sait quand la Marine risque de rappliquer. Ils ignoraient alors tout du traité de non-agression informel qui lia la Marine locale aux Columbia. On arrivera à rien ensemble, il faut qu’on se sépare.

S’estimant pressé par le temps, Grimmjack avait ainsi formulé les directives qui s’imposaient dans l’instant. Il ne se priva pas toutefois de s'accorder quelques aménagements au milieu de leur quête de rédemption.

- Si vous trouvez Balkani, entama-t-il tandis que son aura morbide émana de tout autour de lui, laissez-le moi. J’ai un compte à régler avec lui.

Son injonction fut lourde de sens, d’autant qu’il la prononça d’une voix pesante.

- Parce qu’il t’a battu ? Rempila son partenaire avec une ingénuité telle qu’on la crut presque le fruit d’un nouveau né.

Grimmjack, pudique et surtout soucieux de garder sa contenance, se refusa à lui répondre. Mais on ne trompait pas la vigilance d’Alegsis en faisant le mort, ni même en trépassant. Quelques précédents sordides en attestaient.

- Hein, dis, Grimmjack, c’est parce qu’il t’a rétamé que tu veux qu’on te le laisse, c’est ça ? Le plus désolant dans cette remarque tînt au fait que son orateur ne l’énonça pas même à titre de provocation. Faut dire qu’il t’a bien laminé.

Il insistait alors sans que ne rien ne parut susceptible de lui faire fermer sa grande gueule. Cette grande gueule qu’il n’ouvrait que trop inconséquemment à chaque occasion qui lui passa à portée de verbe.

- C’est vrai que t’étais pas beau à voir à l’arrivée. Ah ça, il y est pas allé de main morte. Hein que c’est vrai ? Il ne se trouva dans l’assistance que Kant pour acquiescer très volontiers à ce qu’il entendait. Quand je t’ai vu après qu’il t’a rétamé, je me suis demandé « Pourquoi il y a une endive mal cuite enroulée dans du papier toilette et pleine de sauce tomate par terre ? » alors qu’en fait... c’était toi. Parce qu’il t’avait vraiment bien esquinté. Pourquoi tu te marres, Tank ?

Le dos tourné à son panégyriste, Grimmjack, après qu’il eut retenu ses larmes avec élégance et dignité, s’engagea sans un mot vers la remise tel que cela fut convenu entre eux. La candeur d’un imbécile, quand on la laissait vagabonder sans halte ni frontière, pouvait parfois lacérer plus douloureusement qu’un coup de poignard.

Hayase partit quant à elle parcourir les remparts afin de possiblement y trouver Don Regio et ses sbires. Le simple fait de s’éloigner de certains de ses compagnons la fit alors se sentir plus légère et plus libre que jamais. Restaient ainsi Kant et Alegsis, abandonnés à leur sort dans les jardins. Le petit archer, par acquis de conscience, chercha à récapituler le rôle qui fut alors assigné à chacun.

- C’est toi qui es censé inspecter la volière c’est ç….

La seule réponse à sa question insolente fut un violent coup de pinceau sur le bonnet. La langue tirée et coincée entre ses dents, les yeux extraits de leurs orbites par un seul fait de violence, Kant se frotta ensuite le crâne après qu’il eut essuyé l’assaut. On l’avait alors traité comme un vulgaire sous-préfet.

- Mais pourquoi t’a fait ç…

- Y’avait un oiseau sur ta tête. Le fixa Alegsis dont le visage paraissait terne et assombri ; comme si de noirs desseins lui avaient débordé de la caboche jusqu’à lui dégouliner sur le visage.

N’osant supputer de mauvaises intentions de la part de son meilleur ami, Kant fut soudain rassuré. Du moins, jusqu’à ce qu’un deuxième coup de pinceau lui écrasa la boîte crânienne.

- Bouge pas. Souffla le chasseur de primes d’une voix rauque qu’on ne lui connaissait pas. J’ai pas réussi à l’avoir.

Peut-être frappa-t-il encore douze fois avant que son ami, un brin secoué par ces multiples tentatives de sauvetage, ne se douta de quelque chose. Heureusement accoutumé aux aléas de l’ivresse, il n’eut même pas la vue trouble après avoir été si joliment amoché.

- T’es bien sûr que l’oiseau est si dangereux que ça ?

Par cette pirouette, Kant accusa de manière détournée son meilleur copain d’avoir peut-être exagéré quant à la manière dont il se montra secourable à son endroit. Peut-être, après tout, le problème qui se dessina présentement ne s’avéra pas de nature strictement aviaire.

- Je te laisserai jamais me prendre Hayase ! Avoua enfin Alegsis, après qu’il eut brandît cette fois son pinceau telle une masse qu’il eut vocation à faire s’écraser comme un châtiment divin.

L’esquive ne nécessita qu’un pas de côté.

- Enfin Jubtion, j’ai jamais voulu Hayase pour moi. Enfin si. Mais non. Tu comprends ?

Alegsis, cela se savait jusqu’à des galaxies situées aux derniers ban de l’univers, présentait quelques carences dès lors où il fut question pour lui de commettre une quelconque effort intellectuel de haute volée.

- Ounoni, répondit-il fort pertinemment après que ses pupilles commencèrent à diverger du fait de la confusion que lui suggéra la précédente réponse.

Leur amitié, plus étincelante qu’un astre, ne pouvait décemment souffrir de l’ombrage d’une silhouette si mal galbée que celle d'Hayase. Sachant son copain touché par sa proximité avec leur dame de cœur respective, Kant, plus habile de ses mots que ne l’était son camarade, sut trouver les justes paroles à lui adresser.

- On peut partager.

Revenu à la raison par la seule force d’un compromis malsain, Alegsis, alors qu’il retrouva presque aussitôt son petit air niais et ingénu qui le caractérisait si bien, pencha la tête en avant après qu’il eut croisé les bras. La proposition prêtait à réflexion, bien que l’exercice lui était cependant malaisé.

- T’as pas tort. Admit-il avec une fraîcheur qui défiait l’entendement. Y’en a assez pour nous deux. J’ai compté, y’a assez de trous.

Spoiler:

Les larmes aux yeux, alors que l’accord fut ainsi scellé du bout des lèvres, Kant et Alegsis, chacun la larme à l’œil, se tombèrent enfin dans les bras après que leur querelle fut passée. L’histoire retiendrait leur gentlemen agreement comme le Serment de Volera Via. Celui au terme duquel deux illustres crétins brodèrent sur une divagation délurée.
Il fallut, au témoin de cette scène grotesque, une bonne dizaine de raclements de gorge pudiques avant qu’il ne se décida à hausser le ton.

- Vous allez arrêter de faire les andouilles, oui ?!

Brutalement interrompus dans leurs papouilles, le duo, encore serré dans les bras l’un de l’autre, fronça de concert les sourcils après que tout deux eurent les yeux rivés en direction de l’importun. À l’école Kant-Jubtion, on ne plaisantait avec l’amitié. Aussi, l’hostilité fut à l’ordre du jour avant même qu’une quelconque introduction en bonne et due forme ne s'avéra de rigueur.

-  T’es qui toi ?! L’interpela dard-dard Alegsis après qu’il fut si soudainement privé de ses réjouissances. Je te préviens, hein, Hayase, on la partagera qu’à deux, donc tu rentres chez toi.

C’était là la résolution d’un homme de principe. Un homme si résolu d’ailleurs, qu’il retroussa ses manches, son pinceau de combat en main, afin de s’en aller rosser un inconnu qui eut pour seul tort de se trouver là.

- Brush Cru….

- Hips Hips ! Fut-il alors subitement pris de court. Tromblon à Houblon !

Leur assaillant, croisé plus tôt au détour des rues de Logue Town, se présenta par son pouvoir comme le célèbre commodore Walt Masters. Celui-ci, finalement plus curieux qu’il ne s'inquiéta de la paix sociale, s’était à son tour risqué à franchir le seuil réputé inviolable de la propriété des Columbia.
Sa récitation entamée, il lui sortit d’une bouche gonflée en cul de poule deux crachats qui heurtèrent Alegsis comme s’il fut percuté par des balles. Kant se rua sur son ami, celui-ci manifestement endolori par une attaque qu’il n’avait pas vue venir.

- Je sais pas trop ce qui se passe ici, confessa le commodore tandis qu’il balaya du regard l’ensemble du domaine, mais je sens que si je tire sur le fil que vous avez tous à la patte, au bout, il y aura une belle promotion pour moi.

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Walt Master, commodore de la 87e division de Marine localisée à Logue Town

Homme d’instinct plutôt que d’intellect, Masters se douta pertinemment qu’en se hasardant sur la Volera Via, il y trouverait bien davantage que quatre criminels à la petite semaine. En toile de fond se dessinait une affaire de trafic et de corruption ; de quoi justifier qu’il enfreignit le sacrosaint statu quo.

- Jubtion, Jubtion, dis quelque chose !

Percuté sans toutefois finir perforé par les glaviots, Alegsis, alors qu’il émergeait de là où il avait atterri sur le dos, ne put retenir un commentaire qui serait venu aux lèvres de tout homme dans ces circonstances.

- C’est moi ou ça sent la bière ?

Kant renifla d’où la fragrance lui avait effectivement chatouillé les narines pour en trouver la provenance sur la tunique d’Alegsis.

- C’est toi qui sens la bière.

Alors, le petit bonhomme au bonnet rose se dressa, galvanisé qu’il fut par une révélation soudaine. Ce qui leur faisait présentement office d’adversaire, à tout prendre, semblait avoir sécrété de la bière depuis son propre organisme. Tout, de là, laissa à penser que Walt Masters fut un Homme-Brasserie.

- Tu peux te lever, Jubtion ? Interrogea Kant sans que ses yeux ne dérivèrent à présent d’un iota de leur assaillait.

Pimpant et increvable, bien qu’il accusa tout de même d’une côté cassée et d’une épaule fêlée, le chasseur de primes bondit sur ses pieds, ses bras dressés au-dessus de la tête, son pinceau ainsi brandi bien haut. Jamais il ne semblait faiblir et ce, aussi longtemps qu’il s’acharnait à rester en vie.

- Je peux me lever, je peux sauter et je peux même chanter si tu veux.

Mais l’heure de la gaudriole s’était achevé. Car rendu plus sérieux qu’un Amiral de Marine un jour de Buster Call, Kant n’avait plus d’yeux que pour sa Nemesis nouvellement trouvée.

- Va à la volière comme te l’avait demandé l’endive ; moi je me charge de retenir celui-ci.

C’était à croire qu’il se faisait un devoir de stopper cet homme-ci plutôt que nul autre. On put même jurer, aux tics nerveux qui s’esquissaient par moments sur son visage et ses doigts crispés, que Kant n’avait jamais eu aussi hâte d’en découdre de sa vie. Et pourtant, la haine sembla curieusement étrangère à ses intentions belliqueuses.

- T’es sûr que t’arriveras à…

Alegsis n’eut pas même le temps de se montrer prévenant à l’endroit de son meilleur copain que celui-ci, tandis qu’il lui tournait les dos, lui annonça, auguste et fier.

- Crois-moi. Je suis né pour ce combat.

Jamais spécimen humain, dans l’histoire des Hommes, ne fut aussi sûr de lui et implacable. De quoi rassurer le chasseur de primes qui, ainsi libéré de ses inquiétudes, s’en alla retrouver l’immense donjon au sommet duquel les oiseaux n’en finissaient pas de caqueter. Eut-il aperçu une dernière fois le visage de son ami qu’il aurait alors pu constater à quel point celui-ci fut tordu par le désir d’ivresse. À faire face à un Homme-Brasserie comme il s’y engagea, il apparut que Kant avait comme un intéressement dans l’affaire.


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Dernière édition par Alegsis Jubtion le Mar 27 Juin 2023 - 13:52, édité 2 fois
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    Sous un ciel clair dans lequel voltigeaient gracieusement des oiseaux par centaines, la forteresse des Columbia se dressait fièrement au milieu d’un vaste jardin d’herbe fine, qui n’était pas sans rappeler à Kant les immenses plaines verdoyantes de son île natale. C’est dans ce cadre familier que le jeune Tanukien tourna le dos à ses amis, se préparant à affronter son destin. Dès qu’il eut humé l’arôme enivrant du houblon brassé, sa cirrhose à venir l’intima de se dresser sur la route du commodore de la 87ème division, Walt Master.

« Hips, hips … Je suppose que tu es le ‘lutin magique’ … lança le Marine. Il arborait un sourire narquois et semblait batailler pour soulever ses paupières. L’agresseur de vieilles dames, hips ! »

Kant grommela, furieux qu’on le compare à un lutin. Le portrait que brossait de lui l’avis de recherche était entièrement faux, car il n’était ni magique, ni un agresseur de personnes âgées, ni même ivre ! Et c’est sur ce dernier point qu'il paru essentiel à Kant d’insister.

« Je suis Kant ! dit-il fièrement. Le capitaine des gentils venus dérouiller les méchants en ces lieux ! J’suis pas un lutin, j’suis pas magique, j’fais rien aux mamies… Et je suis plus sobre qu’un macchabée dans son lit à clous ! »

Le Marine esquissa un sourire et, d’un geste léger, il leva le bras.

« Cela peut s’arranger, hic… Marée brassicole ! »

À ces mots, une vague de bière déferla du bout de ses doigts et s’abattit sur Kant, le submergeant de liquide mousseux. Reculant de quelques mètres sous la puissante pression du jet continu, le jeune archer demeura néanmoins dans la ligne de mire de la déferlante. Au bout de quelques secondes, Walt interrompit son attaque et de ses doigts ne coulaient plus que quelques gouttes de bière fraîche.

« »

« EX-CE-LLENT !!! hurla Kant, tout en reprenant son souffle. C’est loin d’être de la pisse d’âne, ça ! Par contre … »

Surpris, Walt Master demeura cependant silencieux, suspendu aux paroles de son adversaire.

« Par contre, *buurp* j’suis toujours sobre, hein ! »

« Marée viticole ! »

De la même manière, le commodore brandit son bras en direction de Kant et fit jaillir de ses doigts un puissant jet de vin rouge déferlant sur son adversaire. Noyé au cœur de cette marrée écarlate qui tâche, Kant ne prit toujours pas la peine de s’en extraire. Au terme de l’assaut, il reprit sa respiration tranquillement.

« *buuuuuuuurp* MA-GNI-FIQUE ! lança-t-il, enjoué. De la vraie tétée d’octobre ! Par contre, … »

Les traits du visage de Walt semblèrent marqués par une légère irritation. Cette fois, il ne laissa pas son adversaire terminer sa phrase par une énième provocation et l’interrompit.

« Marée spiritueuse ! »

Une fois encore, une déferlante d’alcool jaillit des doigts du commodore et s’abattit sur Kant. Cependant, et ceux dès la première gorgée, on le vit se dégager du flot liquide ininterrompu, le visage marqué par l’expression singulière d’un homme dont les boyaux venaient de prendre feu.

Éclats de plumes D6uf

« Non mais… ! s’exclama-t-il, toussotant. Tu veux m’tuer ou quoi, hips ? C’était quoi ça, c’est du jus à déboucher les chiottes, hips !? »

Walt ricana, visiblement satisfait.

« C’est de l’eau-de-vie… lança-t-il. Je suis hips ! J’ai mangé le fruit du démon de l’homme-brasserie, je peux générer TOUT type d’alcool… à volonté, hic ! »

« Mais nan ?! » répondit Kant.

« Si… »

« Mais nan !!!? »

Walt demeura silencieux.

« Eh bien… reprit Kant, passablement ivre. Ça m’fait non plus *buuurp* UNE, mais DEUX, raisons de te *buuuurp* … de te… enfin, non, ça s’annule en fait. Il s’interrompit quelque secondes pour réfléchir. Parce qu’à la base… j’avais vraiment prévu de te mettre la raclée pour avoir blessé mon meilleur copain, hic ! Mais là… J’ai juste envie de te dire : partons ! Partons nous saouler ensemble, gratuitement, et pour toujours ! Mais faudra quand même dire pardon à Jubtion, hein. Tu veux bien, hein, dis ?! »

« Arrête de rêvasser, ordure ! répondit Walt avec véhémence. Je n’ai pas seulement été maudit par ce fruit, j’ai aussi été maudit par l’alcool ! Ce poison me gâche l’existence. Pour continuer à boire sans partir à la dérive, seules comptent les missions que me confie la Marine. Vous mettre aux fers, vous, bande de criminels, sera une première étape vers ma promotion au poste de Contre-amiral ! »

Son ton avait changé, il ne semblait plus du tout ivre. En vérité, le fruit du brasseur permettait à Walt Master d’inhiber les effets de l’alcool et d’ainsi retrouver la sobriété quand les circonstances l’exigeaient. Les maintes provocations de Kant étaient venues à bout de ses nerfs, aussi jugea-t-il impératif de retrouver ses esprits afin de clore cet affrontement qui, jusque-là, prenait une tournure grotesque. Dégainant son sabre, le Marine s’élança à toute vitesse sur son adversaire. Ivre, mais prudent, Kant eut le temps de contrer l’attaque à l’aide ses ciseaux à bois. Depuis sa confrontation contre le Colonel Felix de la 412ème division de Tanuki, il n’avait jamais vu d’attaque si féroce et si fulgurante, où une bête d’apparence humaine fendait l’air avec célérité pour admonester la mort. Les choses sérieuses commençaient.


     Les deux hommes échangèrent quelques coups, mais les talents de bretteur de Walt surpassaient très largement celles de Kant, qui, subissant la sauvagerie de l’assaut, parvint finalement à se dégager en bondissant en arrière. Walt inspira profondément et, usant de sa technique ‘Tromblon à Houblon’, il envoya deux salves de bières sous pression pareilles à des balles de pistolet. Kant essuya le tir de plein fouet et s’effondra quelques mètres plus loin. L’intense douleur provoquée par l’impact lui ouvrit les yeux quant à la dangerosité de son adversaire. Sans même se relever, il saisit trois flèches dans son carquois et les décocha d’une seule traite. Confiant, le commodore demeura dans la trajectoire des projectiles qui fusaient sur lui. Il brandit alors son bras et exécuta plusieurs mouvements vifs et précis en dessinant des arcs de cercle.  

« Lames digestives ! »

De ses bras jaillirent soudain de grandes quantités d’alcool qui se condensèrent pour former de fines lames acérées grâce auxquelles il trancha les flèches avant qu’elles ne puissent l’atteindre. Kant fut subjugué. D’un bond, Walt s’élança à nouveau vers son adversaire et réitéra sa technique. Pour contrer l’attaque, Kant saisit ses ciseaux et tenta de bloquer la lame d’alcool, mais celle-ci traversa la planche de l’outil et l’atteignit à la poitrine. Kant poussa un cri de douleur, une longue estafilade ensanglantée marquait son torse.


     Chancelant comme l’homme ivre qu’il était, l’archer parvint à s’éloigner. Il posa sa main sur son torse endolori et fut pris de vertiges, tant à cause de la douleur vive qu’en raison des effluves d’éthanol dégagées par l’attaque qu’il venait d’essuyer. Une idée lui vint malgré tout. S’emparant à nouveau de trois flèches, il tira sur son adversaire. Comme attendu, ce dernier dessina à nouveau de grands arcs de cercles destinés à bloquer les projectiles ; Kant en profita alors pour saisir une quatrième flèche, puis gratta la pointe incendiaire contre la mince surface en silex de son arc. Ainsi allumée, il décocha sa flèche qui, suivant les trois précédentes, se heurta aux lames d’alcool qui pourfendaient l’air. Seulement, dès l’instant où les flammes enterrèrent en contact avec les lames de Walt, celles-ci s’embrasèrent. En un instant, les flammes se propagèrent jusque son bras, puis sur l’ensemble de son corps. L’alcool dont il usait pour exécuter sa technique était, comme Kant l’avait senti, de l’éthanol très pur et hautement inflammable. Le commodore poussa un cri de terreur, s’enflammant tout entier durant quelques secondes ; puis, dégageant un immense nuage de vapeur d’alcool, il s’éteignit seul en sécrétant des litres et des litres de bières, qui suintèrent des pores de sa peau.

Kant ne perdit pas une seconde. Il s’empara d’une nouvelle flèche, qu’il tira à quelques mètres devant lui en visant le sol. À l’impact, le projectile explosa en libérant un grand nuage de fumée épaisse et dense, plongeant les deux combattants dans la cécité la plus complète. Se déplaçant silencieusement, il entendit son adversaire vociférer et proférer de nombreux noms d’oiseaux à son encontre.  

« Argh… Où tu te caches, sale lâche ?! »

Kant ne répondit rien. Tout en furtivité, il se déplaça à travers l’épais nuage qui commençait déjà à se dissiper. Tout autour de lui, il disposa ses trois pièges à mâchoires après les avoir préalablement tendus. Puis, avec l’irrévérence qui le caractérisait, il s’adressa au commodore.

« Juste ici, gros vilain ! dit-il en plaçant ses mains de part et d’autre de sa bouche pour faire porter sa voix. *buuuurp * j'suis juste... »

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Avec une fulgurance incroyable, Walt asséna un coup de genou dans le menton de Kant, le projetant quelques mètres plus loin. Le commodore n'était plus d'humeur à s'amuser et avait deviné sans aucun mal la position de son adversaire uniquement grâce au son de sa voix. Sans quitter sa proie des yeux, il cracha sur elle une nouvelle salve de glaviots alcoolisés. Complètement sonné par la violence du coup précédent, Kant ne put esquiver. Ses côtes se fêlèrent sous l'impact des balles de bières. La fumée se dissipa totalement.

« Alors, tu ne ricanes plus ? lança le Marine, observant son adversaire étendu au sol. Inutile de perdre plus de temps, je vais ... » *CRAAAC*

Au lieu d'une fin de phrase somme toute très banale, le commodore laissa s'échapper un cri de douleur. Distrait par son impétueux sentiment de supériorité, il venait de marcher dans le piège à mâchoire situé à ses pieds. Les crocs métalliques se plantèrent profondément dans sa chair. Kant se releva difficilement, satisfait de sa manœuvre.

« Je, hips, ça va ? Lança-t-il sur un ton moqueur. Tu t'ennuies pas trop, sobre comme un pied d'chaise ? Hips ! »

Kant vacillait. Il savait, au fond, que s'il ne tomberait pas mort-saoul, une nouvelle attaque du commodore serait, elle, à même de l'envoyer dans l'au-delà. Si le jeune archer aimait tutoyer les anges, il n'avait pas encore envie d'aller passer l'éternité à leurs côtés.

Walt écarta les mâchoires dans laquelle sa jambe était prise, dévoilant ainsi des plaies desquelles giclèrent des trombes de sang. Le commodore dégaina son sabre et s'approcha de son adversaire, boitillant. Kant, quant à lui, sortit ses ciseaux et s'avança, titubant. L'affrontement touchait à sa fin.

Les deux hommes se ruèrent l'un sur l'autre. Leurs lames s'entrechoquèrent, s'en suivis un long échange au cours duquel Kant, l'espace d'un instant, prit le dessus. D'un geste teinté d'une imprévisibilité d'homme saoul, le jeune archer parvint à percer la défense du commodore. La lame marqua son ventre d’une horrible balafre, mais aucun autre coup n’eut pu découper le cuir du soldat aguerri. Il encaissa le coup, puis souleva son sabre au-dessus de la tête de Kant. Décidé à semer la mort, il abattit alors sur lui sa lame effilée. Trop tôt. Car Kant titubait tant qu’il s’inclina légèrement, évitant l’acier mortel qui vint se planter dans le sol. Après une épineuse seconde durant laquelle il hésita, il posa sa botte sur la pointe du sabre enfoui en terre. Puis, la furie lui prêtant un dernier sursaut d’endurance, et avant que le commodore ne puisse dégager son arme, Kant, pourtant si fébrile et vacillant, le taillada profondément de plusieurs coups de ciseaux avec la rage du désespoir.

Un giclée de sang jaillit du torse du Marine qui, au même instant, laissa s’échapper des litres d’alcool tout autour de lui, comme pour témoigner de l’agonie qui l’assaillait. Jamais il n’avait connu tel revers, jamais même il ne l’avait imaginé. Un frisson le parcouru. Se tenant debout malgré la douleur, s’arrachant à elle, il sortit son arme de terre et la brandit devant lui. Kant peinait à garder l’équilibre sur ses deux jambes. Ivre, mais sûr, il se tint prêt à porter le coup de grâce, quand son adversaire abaissa subitement son arme.

« Gâchée… dit le commodore. Par terre, pour les vers… gâchée, la seule liqueur digne de célébrer… cet affrontement. »

Sur ses mots, il s’effondra. Son corps baignait dans l’éthanol et dans le sang. Kant tomba à genoux, rangea ses ciseaux dans leur étui et demeura immobile un instant. Il souffla profondément.

« Ne sois pas si stupide… murmura-t-il à l’adresse de son adversaire inconscient. Commodore ? Commandant ? *buuuuurp* Contre-amiral ou chef des cons, qu’est-ce que ça change… ? On a tant à boire, tant à cuver ! Kant’u pourras te passer d’un uniforme pour distiller tes idées…  fais-moi signe. »

Ivre-mort, trempé de la tête aux pieds et gravement blessé, celui qui c'était présenté comme le 'capitaine des gentils' prit la direction de la Volera Via. Il espérait sincèrement que ses camarades n'étaient pas aussi amochés que lui.

Dans le silence, on l'entendit chanter.
   
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Éclats de plumes
Les effets néfastes de l'alcool étaient vraiment dévastateurs. Telle une querelle de deux soûlards dans un bar, ce combat entre Kant et cet Officier de la Marine avait été réglé de façon bien étrange.

La honte que je ressentais envers ces hommes était grande. Du haut de mon rempart, je n'avais raté aucune miette de cette pièce de théâtre que j'intitulerai, les deux poivrots. Rien de bien orignal en soit, mais c'est tout ce que ça m'inspirait.

- " Je ne comprendrais jamais le plaisir qu'ont les gens à se mettre dans un état aussi pitoyable. " Soufflais-je en regardant mon camarade s'enfoncer dans les entrailles Volera Via. " Tu en penses quoi, toi ? "

Du coin de l'œil, je regardais la personne à qui était adressée cette question. À quelques mètres de moi, celle-ci était partiellement cachée derrière un petit pylône. Tentant en vain de se camoufler, cette dernière n'avait pas l'air d'avoir conscience de sa propre masse. Me dépassant largement de plusieurs têtes et avec une carrure quatre fois plus imposante que la mienne. Un sacré morceau en somme.

Durant tout le combat, cet inconnu à l'allure robotique était resté ainsi sans bouger. Il ne se dégageait aucun signe d'agressivité de sa part.

- " Oh ! " M'exclamais-je assez fort, le faisant sursauter au passage. " C'est à toi que je parle. "

Me tournant cette fois-ci complètement vers le cyborg, je posais mon regard sur lui. Les mains sur les hanches, j'attendais qu'il daigne réagir. Mais il n'en fit rien. Croyant sans doute que je ne le voyais pas, je poussais un long soupir devant tant de désillusion.

- " Je te vois, tu sais... " Lui stipulais-je totalement désabusée par la situation.

Sursautant de nouveau, l'étrange machine dévoila enfin sa tête d'un des côtés de sa cachette. Affichant un sourire se voulant rassurant, j'observais le masque à gaz dont il était affublé. Il est clair que cette machine était équipée pour le combat. Pourtant, elle n'avait pas l'air de vouloir s'en prendre à moi. Ou alors elle cachait bien son jeu.

Restant sur mes gardes du fait que nous étions quand même sur le territoire des Columbia, je lui fis un petit geste de la main pour la saluer.

- " Je suppose que tu fais également parti de cette famille de mafieux. " Lui dis-je en commençant à m'approcher de lui avant de m'arrêter à un mètre de distance. " Tu n'as pas l'air bien méchant. " Lui avouais-je en penchant la tête sur le côté. " Si tu veux, on peut faire comme si on ne s'était jamais croisé. " Haussant les épaules à cette idée. " Comme ça, on n'est pas obligé de se battre. Qu'est-ce que tu en penses ? "

Comme prenant, le temps de réfléchir à ma proposition, le membre des Columbia garda le silence. Sans un bruit, toujours derrière son pilier, il me regardait avec attention. Seul le souffle du vent et de sa respiration dans son masque se faisaient entendre.

- " D'a... D'accord... " Me répondit soudainement mon interlocuteur.

Enfin... Plus exactement interlocutrice. Car la voix qui se dégagea de cette entité mécanique était bien celle d'une femme. Surprise, je restais bouche bée en entendant l'intonation de sa toute petite voix. Très fluette, elle n'était totalement pas en adéquation avec son apparence. Cela me déconcerta quelque peu et il me fallut quelques secondes à battre des cils pour me remettre de cette découverte.

- " Alors ça... Je ne m'y attendais pas du tout. " Lâchais-je d'un souffle inaudible en la regardant avec un sourire amusé aux lèvres. " Je peux savoir qui tu es ? " Lui demandais-je plus distinctement pour qu'elle puisse cette fois-ci m'entendre.

- " Mo... Mokka.. " Me répondit cette dernière après un petit moment d'hésitation. "

Elle avait un petit côté attendrissant qui ne me laissait pas de marbre. Voir une telle créature être aussi mal à l'aise et si timide à la fois. On avait du mal à croire qu'elle faisait partie de ces malfrats. Regardant le sol à ses pieds en triturant ses gros doigts en acier, elle avait tout l'air d'une petite fille très introvertie.

- " Et... et toi ? " Me demanda-t-elle sans que je ne m'y attende. " C'est... C'est quoi ton nom ? "

- " Lily. " Lui attestais-je avec engouement. " Dis-moi, Momo, tu aimerais voir un truc trop cool ?! " Lui proposais-je avant de prendre l'une de ses mains dans les miennes après avoir m'être rapprochée d'elle. " Tu seras la première à le voir ! "

À cette idée, le cœur de la chercheuse ne fit qu'un bond. Perdant soudainement sa timidité devant tant de mystère, elle me regardait avec intérêt. Pour une scientifique comme elle, être la première à découvrir quelque chose était une occasion à ne pas rater. Elle s'imaginait déjà plusieurs hypothèses plus farfelues les unes que les autres. Curieuse de nature, c'est avec entrain qu'elle hocha la tête plusieurs fois pour acquiescer.

Amusée par sa réaction enfantine, je lâchais sa main avant de reculer de quelques pas. Sans rien ajouté de plus, je me déchaussais, gardant mes basket dans une main avant de prendre une grande inspiration. Concentrée sur ce que je faisais, je ne lâchais pas du regard ma nouvelle " amie " tandis qu'un pelage brun se mit à recouvrir toute ma peau.

À la différence d'il y a quelques jours dans ce salon, je ne rapetissais pas cette fois-ci. À la place, je grandis très légèrement tandis que mon corps gardant une apparence humanoïde se transformer. De longues oreilles poussèrent sur tête. Mes jambes grossissent légèrement devenant celle d'un lapin et un pompon poussa au-dessus de mes fesses.

Sous les yeux de la chercheuse, j'étais devenue une parfaite hybride grâce à mon fruit du démon. Cette dernière subjuguée ne put se retenir de pousser un petit cri de surprise.

- " Woaaaah ! " S'exclama la scientifique en me regardant des pieds à la tête. " C'est la première fois que j'assiste à la transformation d'un Zoan. Ça ne fait pas mal ? Tu te sens comment ? Tu entends bien avec de si grandes oreilles ? Tu peux sauter jusqu'à combien de mètres avec tes jambes ? Ta fourrure à l'air toute douce, je peux toucher ? "

Se laissant complètement emportée par cette découverte, Mokka m'avait regardée sous toutes les coutures en me contournant. Elle avait même portée la main sur moi, touchant ma queue et d'autres parties de mon corps. En temps normal, j'aurai pu très mal le prendre et lui faire regretter son geste. D'autant plus si ça avait été un homme. Mais sa réaction me faisait rire.

- " Je ne sais pas du tout jusqu'où je peux sauter. " Lui avouais-je en haussant les épaules. " Tu veux qu'on le découvre ensemble ?! " Lui demandais-je avec énergie, les yeux brillants de mille étoiles.

Pour seule réponse, la cyborg joignit ses grosses mains mécaniques devant sa poitrine tout en acquiesçant. Reculant pour me laisser un peu de place, cette dernière me regardait comme une enfant qui attendait de pouvoir ouvrir ses cadeaux le jour de Noël.

M'accroupissant afin d'étirer mes nouvelles jambes, je me relevais ensuite, prête à bondir.

- " On y va ?! " Lui demandais-je comme s'il ne s'agissait que d'un simple jeu, tandis qu'elle validée d'un nouveau signe de tête.

Fléchissant les jambes, je donnais une puissante impulsion de mes orteils afin de m'envoler dans les airs. Grâce à cette nouvelle capacité, je parvins à plusieurs mètres de hauteur. Je n'avais aucune idée du nombre exact, mais je devais avoir facilement atteint les dix mètres d'altitude.

De son côté, la chercheuse me regardait en applaudissant. Cette dernière semblait s'amuser comme une folle. Malheureusement pour Mokka, elle allait vite déchanter. Ce petit cirque était sur le point de prendre fin.

Alors que l'attraction faisait son office, me ramenant vers la terre ferme, je levais ma jambe droite au-dessus de ma tête. Prenant cela pour une petite pirouette de ma part, la scientifique ne prêta pas attention à ce qui allait se dérouler par la suite.

Au moment où j'arrivais à quelques centimètres de la cyborg, j'abattis avec vélocité ma jambe d'un coup sec sur sa tête. Avec ma pleine puissance et la force d'apesanteur en prime, cette dernière reçue ce coup comme si une enclume était tombée du ciel droit sur son crâne. L'impact fut si violent qu'on pouvait entendre craquer ses os au contact de ma jambe.

Ce ne fut pas la seule chose qui céda à ce moment-là d'ailleurs. Dans un bruit sourd, le rempart sur lequel on se trouvait se fissura de toute part avant de finalement se briser et de s'écrouler. Me maintenant dans les airs à l'aide de mon Geppou, je frappais des jambes dans le vide tout en regardant mon œuvre.

Complètement détruit, les gravats du mur s'écrasèrent au sol avec fracas, emportant avec eux, le corps inerte de la pauvre Mokka. Impassible, je regardais le nuage de poussière qui m'empêchait de voir ce qui était advenu d'elle.

- " Désolée Momo, mais il ne fallait pas traîner avec des mafiosos. " Soufflais-je avec une petite pointe de tristesse en repensant à cette pauvre femme dont je m'étais jouée avant de l'abattre d'un seul coup.

Une longue minute s'écoula avant que je ne m'éloigne de ce lieu. Voyant qu'il n'y avait plus aucun signe de vie de cette dernière, j'avais décidée de continuer mon chemin. Malheureusement, c'était sans me douter que la chercheuse fût encore en état de se battre.

En réalité, ce n'étaient pas ses os que j'avais entendu craquer à l'impact de mon attaque. Mais son casque qui s'était brisé sous le choc. Bien que celle-ci était malgré tout dans un état assez critique, elle restait une nuisance qui faudrait sûrement se méfier par la suite. Mais pour l'heure, ne le sachant pas, je rejoignais mes camarades.


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Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:57, édité 3 fois
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Le baron du rire

Nos quatre héros ont dus se séparer. C'était une bonne idée qu'avait eu Grimmjack, comme ça ils retrouveraient plus facilement les Columbias dans ce gigantesque bâtiment ... A un détail prêt : l'homme aux bandelettes avait un TRES mauvais sens de l'orientation ...


- Humph ... Je suis pas déjà passé par ici ? Mais elle est ou cette remise ?!

Raaah, cela faisait des minutes que je tournais en rond ! Les corridors de cette bâtisse se ressemblaient tous ! J'avais beau essayé de trouvé un plan d'accès ou ne serait qu'une sortie de secours ... Mais rien n'y faisait ! J'étais complètement perdu ! Pas moyen d'atteindre cette fichue remise !

Je m'arreta net. Courir dans tous le sens ne servait à rien. Il fallait la jouer fines pour retrouver ces maffieux. Que faisaient les aventuriers perdus dans les labyrinthes ? Ma mère me contait souvent des récits de la sorte quand j'étais enfant ... Mais impossible de me remémorer ! Alors que je titillais mon esprit sans relâche, un éclair de génie me traversa le crâne ! Mais oui, c'était ça la solution !

- Avec ça, plus moyen que je me perde !

D'un coup de faux, je fis une entaille dans le mur. Ainsi, les couloirs répétitifs seraient désormais balisés ce qui facilitait mon avancée !
Reprenant alors ma course, balançant des coups de lame à la pelle, je progressais bien plus sereinement cette fois ci.
J'espérais trouver Balkani, j'avais une petite dent contre lui ... Mais si je tombais face au parrain, ce fameux Don Régio Columbia au visage flouté sur l'avis de recherche ... J'allais quand même tenter de mettre la main dessus !

Alors qu'instinctivement je grapillais la distance entre moi et mes adversaires, montant les étages un à un, j'arrivais enfin à ce qui semblait être le sommet de la tour.
Une immense nuée d'oiseaux volaient ici et la, et observer ce que cachait la pièce centrale était compliqué. Compliqué mais pas impossible, car en plissant les yeux je pus le voir.

- Le commodore Walters a lui aussi pénétré notre territoire ... Non, il n'est pas une menace, ton petit "protégé" Kant s'en est occupé. Par contre, je n'ai aucune nouvelle de Mokka ... Aux dernières nouvelles, elle était entrée en contacte avec la fille ... Quoi ?!

Un homme d'une cinquantaine d'années tout ce qu'il y avait de plus banal. Il parlait a son escargophone et la voix au bout de la ligne était trop lointaine pour que je puisse l'entendre. Bien que ce brave bonhomme m'était inconnu, sa voix, elle, m'était familière.
Vêtu d'un bob et d'une combinaison kaki, il se retourna, surpris de me voir. Je pus, le temps d'une fraction de seconde, distingué son visage avant que celui ci ne devienne automatiquement flou ... Ce qui me laissait perplexe quant à la véracité de la scène que je venais d'assister.

La seconde qui suivit, la nuée de moineaux devint particulièrement agressive et ce n'était non pas 100 oiseaux mais au moins 1000 ou 10 000 qui m'attaquèrent ! (Bon il fallait avouer que le chiffre était approximatif, je ne les avais pas vraiment compté bien sur ...)

- Aie ! Ouie ! Non pas les yeux ! Mais arrêtez petits moineaux ! Aie !

Foutus oisillons ! Ils étaient bien trop nombreux pour que je m'en sorte indemne ! Je tenta bien quelques coups de faux pour les chasser, mais rien n'y faisait, il n'en démordaient pas pour autant ! C'était dingue qu'avec un si petit bec leur morsure pouvait faire autant de mal !

Je n'avais pas d'autres choix que de fuir ! Me protégeant le visage du mieux que je pouvais, je me mis à courir ... Et quand je voulais tourner à droite, un blocus de moineaux me barrait la route ! Quand je voulais tourner à gauche ... Rebelotte ! Il n'y avait qu'une seule échappatoire ! Une espèce de monte-charge qui se voyait être ma seule option possible !

Bien qu'avec peine - parce qu'un grand dadet de deux mètres de hauteur comme moi dut se plier en quatre pour monter dedans - je grimpa dans le monte charge et ferma la grille. Celle-ci semblait assez résistante pour me protéger ne serait-ce qu'un temps de l'attaque des oisillons enragés.

- Ouuuf .... Oh ?

C'était sans compter ma poisse colossale ... Ou peut-être que j'avais négligé la capacité de montre-charge à supporter mon poids ... Car l'engin commençait à grincer d'une manière particulièrement bizarre, ce qui ne me rassurait pas du tout ...

- Non, non, non, non, non, no ....Gyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Et si. La machine se désaxait de ses gonds m'emportant avec elle dans une chute infernale. Une chute par ailleurs atrocement longue dont mon cri strident qui s'éloignait en était le témoin de ce vil supplice.

C'était dans un fracas et un nuage de poussière que je finissais ma longuuuue descente. Sortant de cet engin de malheur en rampant, je me demandais encore ce qu'il m'avait prit pour avoir une idée aussi débile ...
Le corps endolori par la chute -et surtout son atterrissage rocambolesque - je tenta tant bien que mal de disperser la poussière en balayant amplement mes bras.

- Keuf, keuf ... Au moins, je ne tomberai pas plus bas. Puis niveau malchance, je pense que j'ai atteint mon quota maximum ...
- Ha-he-hi-ho-hu !

Gloups. J'étais capable de reconnaitre ce rire sordide parmi mille autres. Alors que la poussière se dispersa progressivement, elle me fit apparaitre une vision horrifique.
Balkani était lui aussi présent dans ce sous-sol, avec de grandes toiles teintés d'éclats de peinture rouge un peu partout et une dizaine de cadavres au sol ... Ce qui me laissait sous-entendre que ce qu'il y avait sur les tableaux n'était pas de la peinture ...

- Bienvenue dans mon atelier ! C'est ici que je confectionne mes plus grandes oeuvres ! Je t'attendais avec impatience et je ne remercierai jamais assez tonton pour t'avoir ramené si vite ici ! Ha-hé-hi-ho-hu-hu-hu !

Les bras en l'air, un rire frénétique, il semblait comme en transcendance de m'avoir retrouvé ... Et bien que j'espérais tomber sur lui pour lui mettre une sacrée raclée et me venger, il fallait avouer qu'il commençait vraiment à me faire flipper ...

- Euhhh ... L'interrompais-je timidement. Vous m'attendiez ?
- Bien sûr jeune momie ! J'ai tenté à plusieurs reprises de reproduire notre oeuvre commune ... Disait-il en fixant les cadavres au sol ... Mais je n'ai encore jamais atteint la perfection escomptée ! Ha-he-hi-ho-hu ! N'aies pas peur, approches et regardes par toi même.

Alors si, j'étais terrifié. Mais bien trop curieux car j'avança tout de même de quelques pas pour voir ce qu'il avait a me montrer.
Balkani, toujours en riant, prit alors un escagoprojecteur et le pointa sur une toile blanche immense au fond de la pièce. En allumant le gastéropode, l'image fut retranscrite sur la dite toile.
Un frisson me traversa l'échine ... C'était ... C'était ...

- C'est ton sang ! Durant notre rencontre à l'hotel ! Ha-he-hi-ho-hu ! Regardes la profondeur de sa couleur, les variances de bordeaux et de vermillion qui le composent ... Et cette texture ! Elle est si magnifiqueeee ! Je n'avais encore jamais vu ça !

Ce type était passionnément fou. Tout devint plus claires à mes yeux. Alors qu'il chassa un cadavre inerte sur le sol, sa mine précédemment joviale à l'idée de me retrouver c'était changée en celle d'un homme empli de frustration.

- Mais voila... Dans la hâte, je n'ai pu finaliser mon oeuvre comme je le souhaitais ... Exclamait-il en pointant le cercle incomplet de la photographie. J'ai bien tenté de le refaire avec les cobayes de Mokka ... Mais ces types sont de piètres qualités ... Leur sang n'est pas aussi pure que le tiens ! Ha-he-hi-ho-hu-hu ! Je suis tout excité à l'idée de revivre ce moment magnifique ! Ha-he-hi-ho-hu-hu-hu-hu !

Gloups. Il faisait froid dans le dos ! Je reculais de quelques pas .. Tellement terrifié à l'idée de finir comme peinture pour psychopathe ...

- Approches Grimmjack, après tout c'est ce que tu souhaites non ?
- ...
- Devenir riche et célèbre ! Je ferai de toi une toile si réputée que le monde entier se l'arrachera ! Ton nom atteindra les plus hautes sphères de la gloire et de l'art que l'histoire ait connu !

Non merci ! Sans façon ! Ce type était complètement taré ! La seule chose que je voulais désormais était de fuir et de pleurer dans les jupes d'Hayase !
Alors qu'il avançait lentement vers moi en délirant totalement, je reculais encore de crainte. Jusqu'à ce qu'un des murs du sous-sol me bloque.... Gloups...

- Cela m'aurait tellement facilité la tâche si tu acceptais ma proposition ... Mais un véritable artiste comme moi ne peut abandonner tant qu'il n'a pas atteint la PER-FEC-TION. Ha-he-hi-ho-hu-hu ! Deviens ma toile, Grimmjack ! Smile Beam !

Le moment que je redoutais tant. Balkani passa à l'action. Il fit une sorte de sourire avec ses doigts et envoya un rayon qui traversa mon corps. Comme à l'hotel quelques jours auparavant, je me m'y à rire de manière incontrôlable ... Incontrôlable et épuisant !

- Ha-he-hi-ho-hu-hu ! Ris donc face à ton destin ! Laisses moi peindre ton sang à ma guise ! Naill Cross !

Ses ongles poussèrent et se transformèrent en lames aussi aiguisées qu'un rasoir. Prit de fou rire, je paraissais totalement à sa merci...
A un détail prêt... Kant. Lui qui avait côtoyé longtemps le lieutenant des maffieux avait eut le temps de m'expliquer pendant notre bref repos comment fonctionnait son fruit du démon. Les forces de celui-ci mais aussi ses faiblesses !
Et avec mon premier combat face à lui, j'avais accumulé l'expérience nécéssaire pour contrer efficacement son pouvoir !

- Nyahahaha ! J... Je sais ... Hihi ... Je sais comment vous vaincre ! Hahahahahaha !

La douleur. Cette notion primitive du cerveau connecté aux nerfs. Elle permettait à tout être vivant de se savoir en danger ... Et bien qu'elle faisait mal, elle servait aussi à nous protéger. C'est donc dans la douleur que je retrouverai mes sens ... Car c'était dans la douleur de son attaque que j'avais arrêté de rire cette nuit la à l'hotel !
J'enfonça le bout de ma faux dans la chair de mon bras. Assez profonde pour me provoquer une douloureuse vague des terminaisons nerveuses à mon cerveau mais trop peu pour réellement me gêner dans mes gestes.

- Scythe Red Moon !

Je fis tourner ma faux à grande vitesse une seconde avant le choc. Porté par l'énergie cinétique, le coup que j'assenais a Balkani était beaucoup plus puissant que ce qu'il avait pu voir jusqu'à présent. Tellement puissant qu'il trancha ses ongles et lui perfora la poitrine.

- N'avez vous jamais essayé de peindre avec votre propre sang ?

Je dégagea alors mon arme dans une gerbe d'hémoglobine, prêt à en finir une bonne fois pour toute avec ce dangereux psychopathe.

- Nooooon !!! Tout mais pas ça !! ... Pas mon sang !!

Le visage de Balkani s'était décomposé. Son regard de taré s'était transformé en celui d'un homme totalement désemparé. Il tenta de compresser sa plaie mais rien n'y faisait, son sang coulait toujours.

- Pas mon sang ! ... Il est trop horrible ! ... Jamais je ne pourrais peindre avec ça ! Arrêtes-le de couler, je t'en supplie !

Le maffieux s'était maintenant mis à genoux. Il était passé d'un extrême à l'autre et ne semblait plus vouloir me combattre. Seul la vue de son sang coulant le répugnait et toute chose était désormais futile à ses yeux. Il ne souhaitait qu'arrêter l'hémorragie et me suppliait pour que je l'aide.

Ce que je fis. D'un coup du bout de mon manche, je l'assommai, mettant enfin hors état de nuire ce fou furieux. Puis, d'un geste délicat, mes bandelettes le recouvrirent. C'était en partie pour stopper sa blessure certes, mais aussi pour l'entraver en cas de réveil.

- Bien, maintenant va falloir que je retrouve mon chemin pour attraper ce vieillard ...

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Les beaux oiseaux ne mouillent pas, dit-on. Mais ce spécimen-ci, ce drôle d’oiseau, qu’on eut juré tombé du nid tête la première à peine sorti de l’œuf, beau, il ne l’était pas tellement. Lui ne mouilla alors que du sang qui le trempait. Le sien. Un sang pourpre et abondant qui, pour l’heure, lui perlait comme une sève écarlate hors d’une écorce taillée. Les plaies, trop nombreuses pour qu’on s’embarrassa à les compter, l’avaient fait suinter rouge du dedans au dehors, maculant par endroits son visage et sa tunique. On l’eût cru mort pour peu qu’on se fut affairé à poser un regard sur lui, sur cet être grossier, rendu plus grotesque couché que debout tandis qu’il gisait sur le flanc, tordu et contorsionné sous l’effet d’une brutalité dont on n’osa deviner comment elle se fut agencée. Car pour qu’il eut si triste mine, Alegsis, celui-ci, s’était vraisemblablement engagé dans quelques drôles d’affaires.

« Va à la volière » lui avait-on dit. L’injonction, alors, lui fut adressée de la part même d’un ami. Le meilleur d’entre eux.
À la volière, alors, Alegsis s’en était allé ; à la volière, ainsi, il avait manqué d’y périr. Bosselé au point d’en être biscornu, un profane eut même été cru lui découvrir de nouvelles articulations. Quoi qu’il advint à la volière, le périple, en tout cas, se concrétisa comme suffisamment chahuté pour qu’un chasseur de prime confirmé solda l’aventure dans ses déboires. Un regard, quand bien même inattentif ou fugace, conduisait immanquablement à une seule conclusion loisible : il avait douillé, Alegsis ; et rudement.

Trouvé là, à l’entrée même du donjon, piteusement étendu, pareil à une carpette au pied d’un escalier aux marches saillantes et interminables, il fit alors forte impression. Car, enfin retournés de leurs errances, fourbus et meurtris de leurs trouvailles, ses trois compagnons avaient convergé ensemble jusqu’au pied de la volière. Et là, comme un sinistre préambule à la déconvenue qui les attendrait au sommet, ils avaient trouvé leur compère.
Quoi qu’il se trouva tout en amont de la tour, là haut, au milieu des pépiements et autres curieux ramages de la Volera Via, ce qu’on y dénichait était en mesure de réduire Alegsis à un tel état d’impuissance qu’il n’articula aucune ineptie.

Ses camarades, par prévenance, à moins que ce fut pour l’achever, se ruèrent ainsi sur lui ; sur ses restes. Les inéluctables questions qui se posaient en ces circonstances, dès lors, fusèrent à torrent. Elles eurent alors vite fait de saturer l’esprit embrumé d’un grand blessé. « Est-ce que tu vas bien ? », « Qu’est-ce qui s’est passé ? » et son lot de sempiternelles inquisitions intempestives lui tombèrent dessus, à ce bougre étendu, sans qu’il ne put répliquer.

- Je…. Je suis arrivé tout en haut…

L’auditoire, rendu enfin, silencieux par les derniers mots d’un condamné – en un seul mot s’il vous plaît – demeura soigneusement pendu à ses lèvres ensanglantées.

- Et… et il y a eu un cri…

L’histoire, ainsi qu’on leur la conta à tous les trois, cheminait laborieusement d’ici à ce que révélation leur fut faite des événements l’ayant conduit dans pareille posture.

- Ça m’a… ça m’a surpris, admit le mourant avant que le fin mot de l’affaire ne soit soufflé à chacune de leurs oreilles attentives, du coup… je suis tombé à la renverse et… j’ai dévalé… tous… les escaliers. Eurgh.

Les marches qui lui tapissèrent sa descente, celle-ci alors accomplie cul par-dessus tête – quoi qu’on distingua péniblement l’un de l’autre à l’arrivée – s’énuméraient à raison de plusieurs centaines. D’une quelconque confrontation avec Don Regio ou ses volatiles, il n’en fut alors aucunement question ; seules les marches avaient triomphé d’Alegsis en combat singulier.
Quelque part entre la gêne éprouvé par l’un et l’exaspération soupirée d’entre les lèvres d’une autre, Grimmjack, demeuré droit comme un piquet, employa jusqu’au moindre effort à sa disposition afin de ne surtout pas attirer l’attention. Il n’y avait eu, à sa connaissance, qu’un seul et unique crétin dans les environs pour pousser pareil cri que celui susmentionné ; un avec qui il partageait la même enveloppe charnelle. Son regard bifurquant désormais frénétiquement à droite puis à gauche, on put se persuader, à le constater aussi nerveux, que ses bandelettes avaient bien triplé de volume après qu’elles se furent si soudainement imbibées de sueur.

L’attention de ses contemporains, fort heureusement pour lui, fut maintenue rivée sur l’artiste-pitre. Après que son si navrant récit leur fut conté, on entreprit de le retaper afin que l’imbécile gravît à nouveau le tortueux sentier de la volière. Hayase fut alors à même de lui prodiguer quelques soins de son cru. Ainsi son camarade, bien qu’il se trouva brisé en toute part, jaillît d’un bond sur ses pieds, comme aussitôt guéri de tous les tourments qui lui avaient harassé la chair. Elle avait, pour aboutir à de si concluants résultats, usé du pouvoir de l’amo… elle l’avait forcé à esquiver après avoir cherché à lui talonner les bijoux de famille. Toute médecine était alors bonne à administrer dès lors où il fut question de soigner les débiles. Cela, quitte à ce que la méthode employée fraya de peu avec l’euthanasie.

- Allez ! Sautilla déjà Alegsis après qu’il réchappa de si peu à la castration. Suivez-moi. Je connais le chemin.

Remarquable mérite que le sien ; les escaliers en colimaçon, ainsi présentés à eux, se manifestaient en effet comme la seule et unique voie à emprunter autour du donjon s’ils souhaitèrent investir si âprement. La fine équipe, ainsi réunie de nouveau, s’embarqua au pas de course jusqu’à ce qu’au terme de leur irruption ascendante, une immense pièce circulaire leur fut ainsi révélée. Là, les fenêtres étaient absentes. Le sommet de l’édifice, exposé à la lumière du jour par une succession de piliers donnant sur l’air libre, indiqua que la faune aviaire était ici libre de s’y introduire à sa convenance. Similaire à un grand balcon, celui-ci alors recouvert d’une toiture haute et courbée comme une succession de dômes superposés, la volière, ainsi illuminée par un soleil couchant, ne trouva en son centre qu’un fauteuil sur lequel l’hôte de ces lieux resta campé. Bien qu’il leur tourna le dos, à ses invités indésirables, on put apercevoir qu’il se redressa dans son siège, n’ignorant rien de leur présence. Il fallait dire que ces quatre là avaient péché par leur manque de discrétion après s’être vociférés les uns sur les autres le temps qu’ils parvinrent au faîte de la tour.

Lorsqu’il daigna enfin quitter son épais fauteuil – celui-ci presque tapissé de fientes – Don Regio, dressé sur ses pattes, exhiba enfin sur son faciès une absence de sourire ostensible. Plissant ses petits yeux de vieille chouette derrière ses minces binocles, il maugréa un court et sec :

- Encore toi ?

La réplique fut alors adressée sans équivoque an grand couillon à bandelettes qui se trouva là. Celui-ci, mal à l’aise, glissa un vif et fugace index sur ses lèvres afin d’implorer en silence qu’on n’évoqua pas sa précédente intrusion dans les lieux. Grimmjack, par pudeur sans doute, ne souhaitait pas en effet qu’on mentionna qu’il fut l’émetteur même du cri ayant fait basculer Alegsis dans les escaliers.

- Quel oiseau de mauvaise augure tu fais là. Compléta finalement l’aîné des Columbia sans que mention fut faite du cri.

Du haut de son perchoir, le vénérable avait été au fait du moindre incident sur son domaine. Un petit oiseau, en chaque occasion, lui avait en effet rapporté la débâcle de ses subalternes. De cela, il en fut sincèrement chagriné ; outre pour ce qui tenait à ses seuls intérêts criminels.

- Je présume que mon neveu aussi a dû y laisser des plumes. Déplora-t-il la tête légèrement inclinée, son visage assombri. Il a beau avoir une tête de linotte, ça reste la famille.

Ses yeux à nouveau révélés de sous son bob, celui-ci venu lui faire ouvrage le temps qu’il rumina sa componction, c’est d’un regard sévère qu’il les considéra cette fois. Petit mais bien droit, les mains croisées dans le dos, il avait tant confiance en lui qu’il ne parut pas considérer le moindre d’entre eux comme ne serait-ce que un ébauche de menace.

- Eh bien, fit-il mine de s’impatienter impertinemment, vous comptez bâiller aux corneilles encore longtemps ? Qu’est-ce que vous attendez au juste pour m’attaquer ?

Les oiseaux, pléthoriques et calmes, perchés sans qu’un gazouillis ne leur sortit du bec, parsemaient les rambardes du balcon à raison de centaines d'entre eux, leurs petits yeux braqués sur les intrus. Ce n’est cependant pas dans la liesse ou la plus parfaite impétuosité que s’entamèrent les hostilités. Car de castagne, il n’en fut apparemment point question.

- On s’était dit… entama Alegsis, se frottant la nuque d’une main, hésitant quant aux inepties qu’il s’apprêta à proférer. On s’était dit que… vous pourriez-vous rendre ?

Tous les quatre, le temps d’une grimpette, avaient eu le temps de causer dans les escaliers. L’ascension, en effet, avait été rendue longue et ardue du seul fait que le monte-charge ne s’avéra plus en état de convoyer quoi que ce fut. Grimmjack en fut par ailleurs le plus outré, jurant bien fort que pareil scandale ne pouvait être que le fruit d’un criminel et de nul autre. Insistant tout particulièrement sur le fait que nul autre n’avait pu être responsable de cela, quitte à gaspiller son souffle dans leur montée trépidante.
Aussi la joyeuse troupe, à poursuivre sa course marche après marche, s’était entendue pour envisager une approche diplomatique.

- Parce qu’en fait ! Reprit Alegsis, soudain plus assuré dans ses âneries. Vu que vous êtes seul contre quatre et qu’on est un peu fatigués, on s’était dit que vous pourriez vous avouer vaincu et vous rendre. Je veux dire, il se tournait alors vers ses camarades afin d’adjoindre leur concours à son présent plaidoyer, toutes les marches qu’il a fallu monter avant de se battre, c’est de la triche un peu.

La requête était sérieuse ; du moins, s’était voulue comme telle.

- Après…, Alegs n’en finissait pas d’être exigeant, si vous aviez des menottes aussi, on dirait pas non, parce que… vous allez rire… on n’a même pas pensé à en prendre avec n…

Le premier assaut aviaire, que le sieur Regio commanda d’un mouvement d’index seulement, fondit  en piquet comme une épaisse lance de plumes et de becs venue s’abattre sur un seul homme. Un homme de paix qui, quoi que motivé par la flemme et ses blessures, avait au moins cherché à négocier. Qu’on lui rentra si violemment dans les plumes le propulsa à terre, la peau picorée jusqu’au sang de part en part.
À l’aune de l’Enfer vers lequel il fut si bien guidé, un brin éprouvé par l’offensive dont il avait si subitement fait les frais, Alegsis, toujours à terre, au milieu des éclats de plume et de la fiente séchée, ne trouva qu’à baver :

- C… c’est « oui » ou… ou c’est « non » ?

Qu’une deuxième salve de piafs lui tomba cette fois dessus pour l’écharper à coup de griffes et de bec, acheva de formuler une fin de non-recevoir.
Comme recouvert d’une masse ailée venue s’agiter sur lui dans le bruit, la fureur et les « cui cui » enragés, l’infortuné diplomate se trouva en une bien fâcheuse posture. Il trouva, en prompt renfort, Kant et Grimmjack qui, venus agiter les bras, consacrèrent leurs efforts à multiplier les « Houste ! » et autres « Zou ! », ultimes arcanes enseignées par leurs aïeux respectifs afin de faire fuir les bêtes sauvages.
La postérité, alors, eut-elle mise un scribe à leur disposition, que celui-ci aurait relevé avec quel enthousiasme Hayase n’avait pas cherché à venir en aide à un camarade tombé au front.

La nuée dispersée – pour mieux repartir à l’assaut – Alegsis se redressa pimpant, quoi que percé et griffé de toute part, son pinceau de combat fièrement brandi.

- C’est tout ce que t’as en réserve, espèce de… euh…

Il n’avait pas la répartie facile, Alegs. Mais il avait heureusement autour de lui des amis sur lesquels il pouvait compter.

- De vieux hibou, va ! Scanda Kant, le poing fermement dressé en direction de leur adversaire.

Si brillamment secondé par un esprit autrement plus délié que ne l’était le sien, le chasseur de primes, cette fois, partait pour en découdre. L’entreprise, cependant, fut des plus malaisé. D’un sifflement, à moins qu’il se fut agi d’un bête mouvement de la main, Don Regio commandait ses escadrons aviaires si habilement qu’aucun ne put l’approcher sans qu’un moineau ne chercha à lui picorer les yeux.
Ombrageux après qu’on l’eut si bien encouragé à redoubler dans ses efforts, le maître de la volière apparaissait alors comme aussi menaçant s’il était chétif.

- Si la volée que je viens de vous mettre ne vous suffit pas, il ne me reste qu’à être ravitaillé par les corbeaux.

À la nuée de mésanges et autres moineaux, ainsi, se greffa soudain le croassement sinistre d’une flopée aviaire virevoltant soudain dans les sommets de la volière comme autant de ténèbres venus prendre leur envol au milieu du champ de bataille.
Il avait évidemment fallu qu’Alegsis le provoque. La prochaine attaque, alors que tout ce qui fut susceptible de battre des ailes convergeait à présent en une redoutable kyrielle de piafs enragés, serait potentiellement fatale pour qui en ferait les frais. Rien qui, toutefois, ne pouvait se régler d’un coup de pinceau pour peu qu’on fut habile et peu scrupuleux.

- Brush Crush : L’épouvantail Bariolé !

C’était une nouvelle technique qui jaillissait alors du répertoire coloré d’Alegsis. Il avait, dans la prestesse de son art, barbouillé le manteau de Grimmjack en usant soudain de son pinceau de combat. Dans son dos, il lui avait ainsi étalé un Color Trap si rouge et si voyant que pas un regard n’y échappa.
Ne demeurant pas en reste après qu’il fut spectateur de cette prouesse artistique spontanée, le vieil homme rappela à lui la volière toute entière en vue d’une offensive qu’il savait finale. Le malheureux ignorait jusqu’à l’existence du Color Trap et de ses vertus insolites.

- Piaf Paf : Attaque Cui-Cuisante !

Paniqué pour sa part, car lui ne connaissait que trop bien les effets hypnotiques des coups de pinceau de son associé, Grimmjack, désigné comme épouvantail de circonstance, se contorsionna bêtement et désespérément pour effacer le sigle rouge qui trôna au beau milieu de son dos. Un dos qu’il présenta maladroitement à l’escadron piaillant désormais de concert dans un vacarme hallucinant.
Bon camarade, sans qu’un soupçon de remord ou de quelconque autre sentiment n’altéra sa bouille niaiseuse, Alegsis dit alors à son associé :

- Faudrait peut-être que tu commences à courir, non ? Tu sais… pour pas mourir.

Sa réplique, Alegs l’avait assénée innocemment ; presque à tous hasard, comme s’il n’avait pas condamné un ami à une souffrance indicible. En l’absence d’un quelconque autre recours et, tandis que la volaille fusait subitement en sa direction, Grimmjack détala à travers les escaliers presque aussi rapidement que lors de sa précédente chute de monte-charge. La nuée entière, jusqu’au dernier oisillon, le traqua aussitôt, manipulés qu’ils furent tous par le Color Trap venu canaliser leur hostilité. Toute la volière ainsi fourvoyée, Alegsis et Kant, s’étant chacun pressé au bord du balcon, adressèrent un aimable « coucou » de la main à leur camarade et « ami » qui, pour l’heure, ne fut guère qu’en mesure de fuir pour sa vie.

- Mais… réagit Hayase, aussi surprise qu’outrée de la manœuvre, et Grimmjack ?!

- Oh, lui ? Rétorqua négligemment Alegsis. Il s’en sortira. Je crois En tout cas, reprit-il très fier de sa manigance, le monsieur maintenant, il a plus aucun moyen de se battre, Jeri-hi-hi-hi.

Sa volaille alors éconduite en ces termes, c’est en effet sans une cartouche en poche que Don Régio devrait poursuivre la guerre qu’on lui mena si impitoyablement. Bien qu’on le trouva si seul et démuni face à trois adversaires, il ne parut cependant pas plus décontenancé qu’on put si attendre. C’était à croire qu’il possédait encore un atout dans sa manche.
D’entre les lèvres pincées du « vieux hibou », alors, s’échappa un piaillement plus crédible encore que s’il sortit d’un appeau. Pour autant, il ne se passa rien. Ce qui, naturellement, lui valut les quolibets de Kant et d’Alegsis. Hayase, elle, ne trouva là aucun prétexte aux rires, et encore moins à la fanfaronnade. Des oreilles, elle en avait deux, et des qui portaient loin. On était lapine ou on ne l’était pas. Aussi, plus tôt que les deux autres, elle avait entendu et craint ce qui approcha. Car quoi que ce fut, ce qui leur parvenait ne gazouillait pas. Un cri strident mit alors brutalement fin aux moqueries du duo ; Kant se réfugiant aussitôt derrière Hayase sans que la menace ne se profila cependant au regard de quiconque. Les battements d’ailes, au travers des ouvertures de la volière, laissait s’engouffrer des bourrasques entières balayant jusqu’au bob de Don Régio, celui-ci resté fermement campé sur ses positions, ses mains à nouveau croisées dans son dos.

Quelque chose venait de se poser sur le toit ; quelque chose de lourd.
Après qu’il ne se passa rien d’autre durant quelques secondes, on crut la menace inerte puis, de quatre rapides coups de bec à peine, le plafond, tout au-dessus deux fut pulvérisé. De là, désormais qu’ils eurent tous les trois la tête levée vers un ciel soudain mieux révélé, les assaillants de la Volera Via découvrirent avec effroi que Don Regio sifflait même aux oreilles des rapaces de Torino. Et c’en était un plus massif encore que ses congénères qui s’abattit sur la volière.

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Lui ne fait pas « Cui Cui »

Désinvolte pour sa part jusqu’à des latitudes inouïes, sa bêtise officiant comme un paravent dressé entre lui et sa peur, Alegsis, après qu’il eut soupiré, deux poings campés sur les hanches, ne trouva qu’à exprimer une bien mièvre contrariété nonobstant le danger venu faire irruption.

- Ah mais oui, mais à ce compte-là c’est de la triche. Ronchonnait-il tout en donnant un coup de pied vexé dans un des gravats venus leur tomber dessus.

La situation, pour critique qu’elle fut, lui commanda pourtant de se méfier qu’il ne passa pas au travers de l’estomac de la bête. Preuve était faite en tout cas que Don Regio, pour âgé et malingre qu’il était, ne fut cependant pas le dernier perdreau de l’année.



Technique utilisée:
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Éclats de plumes
C'est ce qu'on pouvait appeler un gros zoziaux ça. Avec des gros yeux, un énorme bec, mais surtout des serres plus grandes que des sabres. Ce n'était pas le genre de volatile qu'on avait envie de voir se poser tranquillement sur notre épaule. À moins de vouloir finir en bouillie pour souris.

Alegsis avait une fois de plus ouvert sa grande bouche trop rapidement. Nous n'étions dorénavant plus quatre contre un. Mais bien trois contre deux. Sans notre dernier compagnon pour nous aider à mener ce combat, je sentais que cela n'allait pas être de tout repos.

Surtout que comme l'autre idiot l'avait signalé plus tôt, les escaliers nous avaient épuisés. Même si je l'étais sûrement moins que les autres grâce à mon entraînement.

- " Allez ! Picore-les jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'eux ! " Ordonna le vieillard en accompagnant ses mots d'un geste de la main dans notre direction.

À ce commandement, l'énorme créature poussa un piaillement lugubre. Rien à voir avec les adorables gazouillis d'une petite bête à plumes. Battant plusieurs fois de ses larges ailes, il créa une bourrasque de vent contre laquelle nous dûmes nous abriter derrière les débris du toit.  

- " Aleg qu'est-ce que tu fabriques !! " M'écriais-je en voyant mon ami se précipiter hors de sa cachette pour essayer de récupérer son chapeau qui s'était envolé.

Profitant qu'une de ses proies soit à portée, le Torino allongea son cou pour s'attaquer à lui. L'animal bien qu'imposant, était rapide. En un instant, il piqua à l'aide de son bec pointu, le pauvre Chasseur de Primes. Par chance, ce dernier, qui se trouvait à portée de main de son couvre-chef, se baissa pile à ce moment-là.

Ratant de peu son attaque, la grosse volaille détruisit un pan de mur. En voyant le trou béant qu'il avait crée, je restais bouche bée en imaginant ce qui aurait pu advenir de cet idiot. On peut dire qu'il avait vraiment eu de la chance ce coup-ci.

Malheureusement, s'en n'était pas fini. Relevant rapidement la tête, le familier du parrain enchaîna aussitôt. Cependant, cette fois-ci, de nouveau le chapeau visé sur sa tête, Alegsis plongea au sol pour l'éviter.

- " Il faut qu'on fasse quelque chose ! " Déclarais-je au petit bonhomme qui était non loin de moi. " Attire-le avec une de tes flèches ! Je m'occupe du reste ! "

- " Quoi ?! " S'exclama ce dernier en ouvrant en grand les yeux. " Mais... Si je fais ça, il va s'en prendre à moi ! "

- " Fait ce que je te dis !! " Lui ordonnais-je sans ménagement. " Tu veux que Aleg se fasse tuer ou quoi ?! "

Le fusillant du regard pour la deuxième fois de la journée, je vis ce pauvre Kant baisser les yeux. Semblant hésiter face à mon plan, celui-ci la redressa ensuite avec une lueur de courage dans les yeux. Sans un mots, ce déplaçant entre les débris, ce dernier se cala à un endroit sûr avant d'armer son arc.

Pendant ce temps, l'oiseau ne fatigua pas, continuant d'attaquer le pauvre Chasseur avec son bec tranchant. De mon côté, je me tenais prête à intervenir. Jetant un rapide coup d'œil vers le vieil homme, je vis que ce dernier ne bougeait pas. Ce contentant d'observer la scène avec le sourire. Le parrain des Columbia ne semblait pas vouloir se lancer dans le combat, laissant sa créature s'occuper de tout.

C'était une chance inespérée qu'il ne fallait pas laisser filer. Cela réduisait en effet le nombre d'adversaires à combattre en même temps.

Apercevant Kant de l'autre côté de la pièce qui attendait mon signal, je pris une grande inspiration. Il était temps de contre-attaquer. D'un simple hochement de tête, je lui fis signe de lancer l'offensif. Avec la plus grande précision, le coureur de jupon décocha sa flèche qui alla se loger dans le flanc droit de la bête.

En recevant le carreau, l'animal poussa un cri de douleur avant de chercher du regard qui en était la source. Néanmoins, l'archer étant bien dissimulé derrière un tas de gravats, il ne put le repérer. Abandonnant sa proie qui en avait profité pour détaler, le volatile commença à fouiller les environs avec mécontentement.

Totalement absorbé, par ce qu'il faisait, je profitais pour moi aussi me mêler à cet affrontement. Usant de Geppou, je m'élançais dans les airs jusqu'à me trouver plusieurs mètres au-dessus de bestiaux. Mais alors que je m'apprenais à porter le même coup que j'avais infligé à Mokka, quelque chose me percuta de plein fouet. M'envoyant m'écraser lourdement sur un morceau du toit qui s'était écoulé juste avant.

- " Arg... C'é... C'était quoi ça ? " Me demandais-je en me relevant difficilement tout en portant une main à mes côtes endolories.

Levant les yeux au ciel, je cherchais à trouver ce qui avait bien pu me rentrer dedans. Rapidement, j'en aperçus la cause. Flottant dans les airs grâce à une grosse hélice dans le dos, la cyborg que je pensais avoir battu me toisait.

- " Tsss... Manquait plus que ça. " Soufflais-je entre mes dents tandis que je la regardais avec colère.

Comme surgissant du pays des morts, mon adversaire faisait son retour en grandes pompes. Je ne pouvais nier que de la revoir me surprenait. Moi qui avais pourtant cru entendre ses os se briser sous mon coup. Voilà qu'elle se dressait à nouveau devant moi.

- " N'empêche, tu fais peine à voir. " Lui balançais-je avec dédain et assez fort pour qu'elle puisse entendre. " Je me demande bien qui a pu te mettre dans un état aussi pitoyable. "

Cette petite pique bien placée, j'affichais un sourire sournois sur mon doux visage. Il faut dire qu'il fallait être aveugle pour ne pas s'apercevoir qu'elle tenait à peine debout. Le casque complètement détruit, sûrement ce que j'avais dû entendre se briser. Mais également tout son attirait. Peut-être qu'elle avait réussi à se relever de mon attaque surprise, mais elle n'en était pas sorti indemne. J'avais même du mal à comprendre comme elle arrivait encore à bouger le petit doigt. Surement dû au fait qu'elle n'avait plus rien d'humaine.

Quoi qu'il arrive, il était temps d'envoyer cette gêneuse au pays des rêves. Et une bonne fois pour toutes. Ne voyant pas en elle un danger potentiel, je pris le temps de dépoussiérer ma jolie robe avant de me recoiffer. Il est vrai, que j'en profitais aussi pour la narguer un petit peu. Ce qui ne sembla pas échapper à mon adversaire.

Alors que je passais une dernière fois une main dans mes cheveux, lissant au passage les poils de mes grandes oreilles de lapine, Mokka pointa ses doigts vers moi. Intriguée, m'attendant à ce qu'elle déverse sa rage sur moi, je la regardais avec amusement. Seulement, ce n'est pas des mots qui fusèrent vers moi.

De ses énormes doigts mécaniques sortirent de nombreuses balles. Sifflant dans les airs, les projectiles que ses canons fumants crachèrent, me prirent pour cible. Frappant le sol du talon en même pas un quart de second, je les évitais grâce à un Soru. M'éloignant de juste grâce à cette technique du Sixième Style, je me retrouvais dorénavant à l'abri derrière un poteau.

- " Va falloir apprendre à mieux viser si tu veux réussir à me toucher ma grosse ! " Lui hurlais-je afin que ma voix puisse l'atteindre à travers le bruit des balles qui s'écrasaient contre le pilier en bois. " A moins que ce soit à cause du coup que je t'ai portée ? " Lui demandais-je avant de glousser comme une adolescente en essayant d'imaginer la tête qu'elle pouvait faire devant cette nouvelle raillerie.

- " Tais... Tais... " Tenta de s'exprimer ma pauvre victime de façon toujours aussi timide. ".. TAIS-TOI !!! " S'emporta tout d'un coup celle-ci de sa petite voix cristalline tout en continuant de vider ses munitions sur moi.

Attendant tranquillement que celle-ci se retrouve à court de balle, je restais derrière ma couverture. Le bois de cette dernière se brisant au fur et à mesure que les balles entrent à son contact. Comprenant que cela devenait un petit jeu contre la montre, je sentis ma confiance s'effilocher légèrement. Il n'y avait plus qu'à espérer que le poteau ne cède pas avant qu'elle se retrouvant sans balles.

De leur côté, mes deux compagnons se démenaient comme ils pouvaient pour échapper aux assauts du volatile. Le Chasseur de Primes s'attaquait à ses pattes à coups de pinceaux avant de fuir la queue entre les jambes quand l'animal portait son attention sur lui. Par chance, dès que cela arrivait, Kant profitait de l'occasion pour décocher une nouvelle fois un carreau qui faisait mouche à chaque coup.

Ces deux-là s'en sortaient à merveille. Il n'y avait aucun souci à se faire. Pour moi, il en était tout autre. Mon adversaire ne se décidait pas à s'arrêter de cracher ses munitions sur ma cachette.

- " Fait chier... Il lui en reste combien comme ça encore ? " Lâchais-je dans un souffle inaudible en me recroquevillant sur moi-même afin de ne pas en prendre une par mégarde.

Brusquement, le craquement du bois cessa. Risquant un rapide coup d'œil en dehors de ma cachette, je vis les doigts fumant de la cyborg qui avaient enfin fini de me harceler. Profitant de l'occasion, je me déplaçais, alternant Soru et Geppou pour l'attendre le vite possible.

- " À mon tour de jouer ! " Lui écriais-je en apparaissant soudainement devant elle, telle un spectre vengeur.

Sursautant légèrement de peur et de surprise, cet être artificiel m'offrit une petite ouverture. Ne laissant pas passer cette aubaine, je saisis mes deux yo-yos. D'un geste vif des deux poignets, j'envoyais mes deux précieux jouets s'enrouler autour de sa taille.

Sans la laisser réagir, je l'attirais d'un coup sec dans ma direction. Heureusement pour moi, nous nous trouvions dans les airs. De ce fait, je ne trouvais aucune résistance malgré sa corpulence bien plus imposante que la mienne. Tandis qu'elle fusait dans mes bras, je donnais un dernier petit coup dans l'air tangible pour me hisser un peu plus haut.

- " Cette fois-ci... " Dis-je en posant mes deux pattes de lapin sur le sommet de son crâne. "... TE RELÈVE PAS !!! " Finis-je par hurler avant de pousser de toutes mes forces sur mes jambes pour l'envoyer s'écraser contre le sol.

Le câble de mes armes se dénouant de sa taille, plus rien ne pouvait la retenir dans sa chute. Pas même l'hélice qui tournait dans son dos. Tandis qu'elle tombait dans le vide, je lui fis un petit signe de la main en signe d'adieu.

- " Espèce de... "

Le reste de ses mots furent étouffés par bruit de l'impact qui emporta avec elle, une autre victime. Me laissant retomber doucement vers la volière, je réalisais l'exploit que j'avais fait après avoir battu plusieurs fois des cils. Sans avoir calculé mon coup, j'avais envoyée cette masse de deux mètres de haut percuter le Torino qui se trouvait pile sur sa trajectoire. D'une pierre deux coups, j'avais réussi à nous débarrasser de deux gêneurs.

- " Et voilà le travail. " Ne puis-je m'empêcher de dire avec fierté auprès des autres en faisant voler une mèche de cheveux d'un revers de la main.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:57, édité 2 fois
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    Les flèches de Kant avaient beau se nicher entre les plumes du volatile, elles semblaient à peine chatouiller le gigantesque rapace. Tandis qu’il épuisait ses dernières munitions, l’archer, déjà épuisé par son affrontement précédent, désespérait de finir ainsi becqueté. Toute son attention était dirigée vers la volaille de Torino, si bien qu’il en oublia jusqu’à la présence de Don Régio. Encochant son ultime flèche, Kant pria le ciel pour que son tir le sauve de son funeste destin. La réponse, tout autre, vint effectivement du ciel. S’écrasant sur le crâne du rapace avec une violence inouïe, le corps gisant de Mokka vint à bout de la menace ailée, sauvant au passage l’archer épuisé et son meilleur copain.


    Cette grâce céleste, fruit des talents combattifs d’Hayase, ne fit qu'accroître l'admiration sans limites que Kant lui vouait. Quelques minutes plus tôt, il avait été ébloui par ses bonds aériens, sa vitesse fulgurante et toutes ses cabrioles, qui n’étaient pas sans lui rappeler les aptitudes très particulières maîtrisées exclusivement par les agents du gouvernement. Enfin, se disait-il, une perle aussi douce qu’Hayase ne pouvait raisonnablement pas être de ceux-là, qu’il considérait comme les pires criminels qui soient. Non, non, se rassurait Kant, elle ne brillait ainsi que grâce aux incroyables talents que la nature lui avait offerts. Alors que le nuage de poussière soulevé par la chute de Mokka se dissipait lentement, la silhouette athlétique et les traits fins de son visage hybridé apparurent au sommet de la Volera Via. Émerveillé, Kant se laissa aller à rêver de romance, de roses et de chandelles.


    Soudain, une masse indistincte, d'une teinte grisâtre, surgit des décombres, arrachant Kant à ses délicieuses rêveries. Elle s’avançait vers lui d’un pas chancelant, réanimant les craintes qui l’habitaient quelques secondes plus tôt. D’un geste vif, emprunt toutefois de panique, il décocha sa dernière flèche sur l’apparition floue en hurlant de terreur.

« Aïe ! … dit la masse informe transpercée par le projectile. Et notre serment… ? »

« Jubtion !!! s’exclama Kant, reconnaissant la voix de son ami. C’est toi ?! Mais qu’est-ce qui t’arrive ?! »

Le chasseur de primes n’était en effet plus qu’une silhouette nébuleuse aux contours complètements flous. Bien qu’arborant une apparence fantomatique, la flèche nichée dans son épaule sanguinolente attestait bel et bien du fait qu’il était toujours constitué de chair et d’os. Embarrassé, Kant se racla la gorge et se hâta de présenter ses excuses. C’est dire s’il avait raison de se sentir mal à l’aise, car pour la deuxième fois en seulement quelques jours, il prenait pour cible l’un de ses compagnons. Soudain, des ricanements audibles interrompirent Kant dans son flot d'excuses.

« Eh bien ! En voilà un, de drôle d’oiseau ! Retournerais-tu à nouveau ta veste, Kant ? »

Imperturbable, ceux malgré la défaite de ses subordonnés, Don Régio se tenait droit, fier comme un paon, les mains croisées dans le dos.

« Malheureusement, nous n’avons pas besoin d’un blanc-bec de ton espèce, changeant comme une plume au vent dit-il posément. J’avais pourtant prévenu Balkani, mais il a préféré faire l’autruche : tes minces prouesses de contrebandiers l’ont… »

« Mais roooh, la ferme ! l’interrompit Kant, passablement irrité. Espèce de vieux grabataire qui pue ! ‘nya-nya-nya les zoizos’, c’est bon, on a compris ! »

À l’entendre, il semblait que Kant n’avait pas encore totalement décuvé de son affrontement contre le commodore. À le voir, c’était pire : d’un geste brusque, il retira la flèche enfoncée dans la chair de son meilleur ami. Ce dernier se fendit d’un triste et faible « Aïe… et le partage ? » pour lequel n’eut même pas de considération. C’est dire s’il était remonté.

« Déjà, y’a pas mieux contrebandier que moi, s’exclama-t-il en titubant vers Don Régio. Et ! Et *buurp* si j’avais su, j’ôré jamais accepté de travailler pour une bande de tarés-du-croupion comme vous ! Tueurs de gonzesses ! »

Négligeant la dangerosité du parrain de la famille Columbia, Kant s’avança imprudemment vers lui, persuadé qu'il pourrait aisément le maîtriser à présent que tous ses oiseaux étaient hors d'état de nuire. Courroucé par les insultes qu’il venait d’essuyer, Don Régio se décida à passer à l’action. D’un bond précipité, le vieil homme asséna un coup de pied frontal sur le torse lacéré du pauvre Kant, qui fut violemment éjecté dans le décor.

Surpris par la célérité de son assaillant, l’archer eut à peine le temps de riposter en décochant son unique flèche à la pointe émoussée. Don Régio esquiva aisément le projectile d’un simple pas de côté et prit soudain une forme singulière. Tout comme l’était Alegsis, le parrain de Columbia devint subitement flou. Sa silhouette était à peine perceptible, comme enveloppée dans un épais nuage. Au même instant, la nuée de corbeaux aux trousses de Grimmjack revint au sommet de la volière, accompagnée de quelques moineaux survivants. Les volatiles s’alignèrent de part et d’autre de leur maîtres et formèrent à leur tour une vague forme nébuleuse noirâtre teintée de jaune.  


    Terrifié par ce spectacle, Kant envisagea très sérieusement de recourir à sa technique « ragequit », qui semblait être la plus appropriée face à cette horrifiante situation. D'un regard furtif, il aperçut la masse informe d'Alegsis s'approcher sur sa droite, puis fut surpris par le regard étonnamment froid et accusateur d'Hayase, qui se trouvait sur sa gauche. C’est bien ce dernier qui le convainquit de ne pas prendre la fuite, car après tout, s’il mourait glorieusement lors de cet affrontement, peut-être songerait-elle à l’épouser à titre posthume ? Galvanisé par cette pensée aussi romantique qu’absurde, Kant fit face à la pluie de coups qu’abattit sur lui Don Régio. En plus de sa silhouette et de ses poings qu’il était impossible de distinguer clairement, les oiseaux flous du parrain fusaient sur le pauvre ivrogne au bord de l’évanouissement.  

Ce ne fut ni l'œil épris, ni celui de l'ivrogne, ni même celui de l'archer qui permit à Kant de contre-attaquer. Ce fut bel et bien l'œil de l'artiste. Dans cette immense forme brumeuse et en mouvement, Don Régio se fondait parmi ses volatiles et n’offrait aucune ouverture. Seul un détail le trahissait : le vert. Encaissant avec difficulté l’avalanche de coups, Kant saisit son dernier moment de lucidité et empoigna fermement la tâche verte qui se mouvait au cœur du nuage brumeux. Il tenait d’une main le parrain des Columbia par le col sa chemise verdâtre. Puis, d’un geste rapide, Kant s’empara de deux fioles à sa ceinture et les brisa au sol, libérant un épais nuage de poudre dorée qui les enveloppa instantanément.

Kant s’effondra au sol, totalement immobilisé. Seuls ses yeux écarquillés et son léger rictus témoignaient du fait qu’il était encore conscient. Quant à Don Régio, il réapparut nettement à la vue de tous, les pouvoirs de son fruit du démon s’étant estompés en raison de sa légère paralysie. Les quelques oiseaux du parrain tombèrent raides et inertes aux côtés de Kant. Grâce à l’art du Kanpo Kenpō, il venait d’offrir, l’espérait-il, les quelques secondes nécessaires à ses acolytes pour terminer le travail.
   
Technique utilisée:
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La fin d'un oiseau

Alegsis Jubtion. L'homme dont les éclairs de génie étaient aussi courant que sa présence d'esprit. Donc il y avait plus de chances de se faire frapper par la foudre que de voir en lui une once de bon sens. Ce saligaud avait transformé Grimmjack en appât humain ciblé par tout un amas d'oisillons plus féroces les uns que les autres.


Dans les fracas incessants d'un combat acharné qui se livrait au milieu des débris du toit de la Volere Via, une silhouette grimpa les escaliers. Cette silhouette, c'était moi.

- J'... J'ai survécu.

Mon manteau dans une main, mon chapeau dans l'autre, le torse bombé, le menton levé, la posture fière, les traces d'attaques d'oisillons enragés et de sang partout sur mes bandelettes, une bonne vingtaine de plûmes qui s'échappaient au gré de ma démarche ... Tout portait à croire que j'étais sorti d'un terrible et sanguinolent combat.

La réalité, c'était que j'avais glissé dans les escaliers un peu trop pentus et après avoir subit le courroux de cette nuée de volatiles, ils m'avaient laissés pour mort.

Mes camarades eux ne semblaient pas tellement préoccupés par mon état et par ce que je venais de traverser. Trop occuper à combattre un parrain cinquantenaire dans un sale état - voir quasiment paralysé -, j'étais totalement passé inaperçu à leurs yeux.
Kant gisait au milieu de la plateforme tel un drogué en overdose, Hayase combattait - malgré la fatigue - du mieux qu'elle pouvait Don Régio au corps à corps et cet abruti d'Alegsis s'approchait discrètement de notre ennemi commun avant de lui assener des coups de pinceaux et de fuir plus loin.

Contrarié, je racla ma gorge. Je repris d'une voix forte et charismatique.

- J'... J'ai survécu.
- Ah bah t'es enfin la toi ? T'as fini de jouer avec les z'oisillons ? Tu peux enfin venir nous aider ? Les moches j'vous jure ... C'est plus ce que c'était ...

Il était condescendant dans son ton et ne semblait même pas avoir un brin de pitié pour ce qu'il m'avait fait. J'y avais repensé pendant que je gravissais les marches de cet interminable escalier. Ce fumier d'Alegsis m'avait carrément jeter en pâture aux loups - ou aux becs - sans le moindre remord.

Laissant tomber mes affaires personnelles au sol, j'avançais d'un pas lent vers le combat.

- .... Alegsis ...

Excédé, je ne pouvais m'empêcher de me remémorer toutes les fourberies que ce crétin avait pu me faire. De notre rencontre sur Fuchsia et du début de mon calvaire. De ce coup de pinceau géant qu'il m'avait mit en traitre dans l'oignon, de l'incitation à me faire manger par un poisson-chat, à SES tentatives d'assassinat dans un marécage putride ...

- ... Jubtion ...

... A avoir voulu m'arnaquer en sortant du tribunal, aux deux semaines de supplice enfermé en geôle avec sa seule présence, à me traiter de moche constamment et a supporter toutes ces idioties depuis si longtemps ...

- ... Tu n'es qu'un ...

Maintenant ça. C'en était trop. J'étais excédé. Plus rien à foutre de ce combat, cet énergumène ne comprenait qu'en lui filant une grosse raclée.

- ... IDIOT.

Apeuré, Alegsis savait de quoi je pouvais être capable quand je me transformais sous la rage et en avait déjà fait les frais sur Âcre-Aire. Il prit son pinceau de combat mais cette fois-ci, ton Color Trap ne te sauvera pas.

- Mais ... Qu'est ce ... ?

Hayase, surprise de la forme que les bandelettes formaient petit à petit, prit un coup par le vieil homme. Qui, à son tour, se stoppa net devant l'interrogation de cette scène.

Mes bandages ébullitionnaient de rage, tout comme moi. Ils grouillaient dans tous les sens pour former d'immense tentacules. Bientôt, quatre d'entres elles relevaient mon corps ne touchant plus le sol.
Alors que les tentacules libres saisirent des débris au sol pour les envoyer à une vitesse fulgurante sur ma proie, d'autres bandelettes se mouvèrent tels des serpents pour assaillir ma cible.

Ce fut une répétition détonnante de gravats projetés et de tentatives d'accrochage qui s'en suivit. Le bonhomme évita tant bien que mal l'assaut insistant que j'ordonnais sous le joug de ma colère. Puis, quand un débris s'éclata non loin de son tympan, sa garde se brisa et un des serpents lui saisis sa jambe.

C'en était la fin de cette ignominie. Les autres reptiles faits de tissus lui bloquèrent chacun de ses membres et une série de grosses baffes de tentacules dans la gueule calmèrent ses ardeurs.
Une appendice prit alors le relai et lui saisit fermement sa jambe. Cet affreux jojo était devenu un pauvre punching-ball. Elle l'emporta et l'éclata contre les murs adjacents dans une bribe de sang et des craquements d'os.

Elle le lâcha de plusieurs mètres de hauteur laissant le corps inerte s'écraser au sol. Les tentacules se rassemblèrent au dessus de lui pour n'en former qu'une, du genre gigantesque, avant de s'abattre dans une violence inouïe sur un corps déjà meurtri libérant une onde de choc et élevant un nuage de poussière. Maintenant, c'était au tour de cet idiot de subir mon courroux.

Après toute cette évacuation de haine et de défoulement intensif, je descendis de mon perchoir et m'approcha lentement vers le corps quasi-inerte de ma proie. Le nuage de poussière se dissipa libérant ainsi  une vision beaucoup plus net des dégâts occasionnés.

- J... Je n'en reviens pas ... Comment ai-je pu me faire battre par des poussins à peine éclos ...

Quoi ? Mais il foutait quoi ici lui ? C'était pas a Don Régio que je voulais mettre une raclée mais bien a ce fichu Alegsis Jubtion !

Totalement désemparé, je balaya les alentours du regard pour retrouver mon idiot de comparse. Sa tête de benêt me faisait des pouces en l'air. Hayase, elle, était stupéfaite des actes de violence que je venais de commettre.

Je me retourna sur le corps de Régio... Il avait une marque de couleur rouge, en partie effacé par les fracas de l'affrontement, sur le torse. Bouche-bée, je resta la, figé, quelques instants, à tenter de comprendre ce qu'il venait de se passer.
Alegsis ... Il avait profité de ma fureur pour me forcer à abattre le parrain des Columbia ... C'était brillant comme idée ... Brillant et sinistre aussi ...

- B... Bien joué, Grimmjack !
- Ahahahahahahahahahahaha. Je ne pouvais m'empêcher de sortir ce rire nerveux. Bi... Bien sur ! C'est ce que je voulais faire depuis le début ! Cibler Alegsis n'était qu'un leurre pour mieux le duper ! Ahahahahahahahahahahahahah ...

Me grattant la tête, un rire faux, une mine gênée, je commençais à peine à comprendre que j'avais battu une bonne fois pour toute celui qui nous pourrissait la vie depuis quelques jours ...

Techniques utilisées:
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Les bruits de pas, nouveaux ceux-là, sans bien chercher à être furtifs ou même cadencés, s’annonçaient comme un lent prélude à l’entrée en scène d’un nouveau protagoniste. Un de trop peut-être, après que tous les quatre, perchés qu’ils furent sans échappatoire au faîte de la volière, accueillirent la visite avec circonspection. Quand, de cet escalier qui parcourait le donjon, parut enfin une tête – une qui fut d’ailleurs bien abîmée – on reconnut sans peine l’irruption en présence.

- Faites et gaffe vous autres, pouffa Kant les deux mains devant sa bouche, voilà la Marine, pfRrRfRfFRrRf.

Il n’avait alors pas encore décuvé de sa précédente biture martiale. Biture qui s’avéra rien moins que le fait de ce même énergumène qui leur parvenait à nouveau. En traqueur sans relâche, c’était cette fois un officier qui leur parvenait ; et pas des moindres. Le commodore Walt Masters, en dépit de ses ecchymoses et autres résidus de bataille lui étant restés sur le râble, avait cheminé d’un pas lourd pour se traîner jusqu’à la cime de la Volera Via. Quelques piaillements stridents – non sans compter les coups de becs destructeurs d’un piaf plus gros encore que les précédents – l’avaient en effet extirpé de ses songes endoloris. Il n’avait pas voulu le croire ; il n’avait d’ailleurs pas même osé le suspecter, mais maintenant qu’il se trouva là, qu’il y découvrit ce qu’il y avait à voir, le doute dès lors, ne lui était simplement plus permis.

- Balkani, Regio, toute la bande…, il les avait égrainés l’un après l’autre après les avoir chacun retrouvés inconscients, tous au tapis… Et dire que c’est moi qui les ai tous battus.

Sa dernière réplique, aussi curieuse qu’inattendue, accusait d’un sérieux soupçon de révisionnisme. Crédule par delà tout entendement concevable, Alegsis fut le premier à réagir à la nouvelle, usant alors de tout le discernement qui seyait si bien à un homme de sa condition.

- Sérieux ?!

Ce fut du bout des doigts à peine qu’Hayase sanctionna son idiotie en lui claquant le sommet du chef pour ne finalement lui enfoncer son chapeau sur la tête.

- Bien sûr que non c’était pas lui… t’étais là tout du long. Crétin. J’ai plutôt l’impression qu’il a dans l’idée de nous faire chanter.

Malheur à elle pour ne pas avoir soupçonné la présence de littéralistes dans ses environs les plus directs.

- Oh chouette *burp* un karaoké !

Tout excité lui aussi, emboîtant le pas claudicant et mal assuré de cet ivrogne venu lui faire figure de meilleur copain, Alegsis s’engouffra à son tour dans la lubie chansonnière puisqu'il fut apparemment question de les « faire chanter ».

- Attends, Tank, attends, j’en ai une, j’en ai une, sautillait-il ainsi les poings serrés, vaguement recroquevillé en trépignant d’excitation d’ici à ce que lui vint la chansonnette, ♪ La Galopiiiine… ♫

Ce fut alors à ce moment précis, sans qu’un millième de seconde supplémentaire ne s’écoula une fois sa dernière syllabe déclamée, qu’Alegsis perdit soudain connaissance. Il y avait eu, devant lui, par étapes successives, comme un mouvement vif, un regard de furie, puis une patte de lapin venue s’écraser puissamment entre ses deux yeux. Hayase, cette douce mélopée que son compère s’en allait lui gazouiller depuis le fin fond du gosier, elle ne la connaissait que trop bien pour se résoudre à l’écouter ne serait-ce qu’une fois de plus.

Après qu’elle eut sans doute prolongé sa convalescence d’une semaine en sollicitant si durement ses muscles et ses os fêlés afin d’adresser un coup de patoune aussi fulgurant, c’est une main finalement posée sur ses côtes qu’Hayase reporta à nouveau son attention sur le beau diable qui s’en était venu faire irruption. Kant avait eu apparemment trop bon cœur pour avoir la main leste à son endroit. D’autant que jamais pareil ivrogne ne se serait résolu à occire l’homme duquel coulait le houblon par chaque pore.

- Et si tu nous disais ce que tu voulais, « Commodore Masters »

Grimmjack, réservé quant à ce dont il était présentement le spectateur impuissant, laissa la conversation aller bon train sans trop comprendre l’enjeu en présence. Il s’acceptait ainsi comme le témoin d’une scène dont le propos sembla lui échapper.

- Tout ça, scanda sans se faire prier le commodore, votre petite fiesta chez les Columbia, il ouvrit alors les bras en grand avant de tourner lentement sur lui-même afin de mieux faire l’exhibition de la dévastation laissée aux alentours, y’a plus qu’à dire que c’était mon plan.

Masters énonçait ainsi son scénario de telle sorte qu’on fut presque persuadé qu’il crut sincèrement en la véracité de ses boniments. Les arguments qu’il avança, pour fictifs qu’ils s’avérèrent être, ne manquaient alors pas de crédibilité.

- Vous travailliez pour moi, je vous utilisais comme… il réfléchissait à mesure qu’il brodait le script, comme auxiliaires. Oui, parce que je ne faisais pas confiance à mes pairs. Voilà ! Ça, ça présente bien.

Il s’enorgueillissait un peu mieux, à chaque mot qui lui venait, de son scénario taillé sur mesure. N’eut-il pas eu les facultés octroyées par son fruit qu’on l’eut pensé ivre tant il déblatérait ses toquades avec assurance. Quel recours y avait-il, de toute manière, face à ce sauf-conduit pernicieux, si l’on souhaitait que son nom et sa réputation fut réhabilitée ? Car si le commodore pouvait aussi bien leur imposer ses conditions à ceux-ci, c’était avant tout du fait qu’il les tînt si opportunément par les couilles pour malfamés qu’ils se trouvaient être.

- Ouais, comme ça, les risques de fuite à cause de la corruption – la presse adore les histoires de corruption – étaient évitées en faisant appel à vous. Pas mal comme scénario, pas mal. Vous avez obéi à mes ordres à la lettre pour me servir de renfort, voilà pour vos mérites.

Mais même les écrivains les plus méthodiques souffraient parfois des retours éditoriaux. Cinglants ceux-ci.

- Et ton plan, négocia Hayase en lui chargeant la mule bien subitement, ça comprenait de nous faire assommer et séquestrer le sous-préfet sans compter tous les autres actes illégaux commis pour réussir à gagner la confiance des Columbia et les infiltrer. On est d’accord ?

Masters déchanta aussitôt, tétanisé puis comme effondré sur lui-même, le visage décomposé comme si la bibine dont il était fait lui avait coulé tout le long de la gueule.

- Vous avez pas fait ça ?…

Il ignorait alors qu’impossible n’était pas Jubtion. Un « Jerihihihi » fade, comme les derniers mots d’un mourant, résonnèrent en effet plus loin. Très exactement depuis la carcasse inerte d’Alegsis auprès duquel Kant s’en était allé administrer les premiers soins.
Le commodore, quelque peu contrarié par cet élément fâcheux qu’on avait inséré tardivement dans son script, fit alors les cent pas, ses mains crispées l’une contre l’autre dans son dos.

- On dira que… je…, il était encore sonné par la nouvelle, je prendrai sur moi la responsabilité. Assommer un sous-préfet… non mais franchement. De toute façon, avec les Columbia dans la besace, on me pardonnera tout. Mais un sous-préfet, quoi ! Par contre…, et de cette phrase malheureuse qui lui venait, Masters donna naissance à un litige inéluctable, je garde les primes.

- Quelles primes ? Se ressaisissait Alegsis, encore hagard. Il n’avait décemment pas tout compris à l’affaire dans laquelle il se laissa pourtant embarquer sans réserve aucune.

Le ton, naturellement, monta de sous les bandelettes de Grimmjack. Qu’on lui grappilla ses sous, et sous son nez qui plus est, ne fut décidément pas à son goût. Pour autant, c’était une geôle étroite qui l’attendait sans que Walt Masters ne le gracia sous les auréoles de son mensonge. Momie et Homme-Brasserie en étaient déjà à se coller le front l’un contre l’autre, qu’une voix insupportable les enjoignit chacun à la désescalade.

- De toute façon, quel chasseur de primes accepterait de travailler pour la Marine si y’a pas de berries à l’arrivée ? À ce bougre-ci, il suffisait apparemment de le frapper très fort à la tête pour que la lumière s’alluma à tous les étages. Dis, Tank, toi tu savais toi qu’ils avaient des primes ? On me dit jamais rien à moi.

Rappelés à la raison l’un et l’autre par le plus irraisonné des imbéciles qu’on trouva dans la volière ou même, en ce bas monde, Masters et Grimmjack s’éclaircirent la gorge après qu’il fut admis que le scénario bancal des chasseurs de primes débonnaires avait franchement trop de plomb dans l’aile pour qu’il décolla du nid. Aussi leur lâcherait-on leurs primes, à ces zigotos ; mais revendication fut dûment notifiée que tous, sans exception, insistèrent auprès des plumitifs du Marie-Joan Herald afin de rappeler à quel point jamais telle opération ne fut à même de s’accomplir si bellement sans qu’un illustre commodore de leur connaissance à tous y œuvra.

C’est sur ces termes, ainsi inscrits en lettres d’or sur le papier glacé de la conjuration présentement établie, qu’une entente fut scellée sur le sort des Columbia. Ne resta alors qu’à ratifier la farce à la garnison.
Quand les vaincus, tous fermement attachés et bâillonnés, furent traînés chacun au bout d’une corde, Kant, simulant une crampe de poignet et une fuite infection urinaire spontanée, profita que tous furent occupés à convoyer leurs adversaires respectifs pour s’absenter un instant en douce, n’ignorant rien de l’emplacement des butins de la famille.

Du pillage ? C’était avoir l’esprit mal tourné que de présenter les choses ainsi. Car sans qu’on lui trouva un usage défini à ce trésor, celui-ci ne serait ainsi plus qu’un gâchis dissimulé derrière une porte dérobé. La démarche tenait dès lors du recyclage le plus éthique qui fut. C’est ainsi en tout cas que le pillard justifiait son exaction après avoir gonflé poches et besaces en joyaux divers et rutilants.
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